• Ylios observa les alentours avec un regard désespéré :

    -On va par où maintenant ?

    Un silence lui répondit, chacun cherchant un indice, un signe qui pourrait leur indiquer la direction des nomades. Seih ferma les yeux pour se concentrer sur son ouïe. Le lion tenta bien de respirer pour capter des odeurs qu’il n’aurait pas remarqué. Seulement, les cendres le bloquèrent complètement. Grimaçant, écœuré, il s’approcha de Tremon :

    -Tu n’as pas une idée ?

    -Il y a quelqu’un là-haut.

    -Pas vraiment ce que j’attendais, mais soit.

    Imitant son ami, Ylios leva les yeux sur le ciel :

    -Je ne vois rien.

    -Il y a un oiseau.

    -Je me doute que c’est pas un lièvre que l’on cherche là-haut.

    Il sourit assez fier de sa réplique, mais Tremon l’ignora.

    -Tu l’entends ?

    Ylios se tourna vers Seih qui les rejoignait avec le reste du groupe :

    -L’oiseau ?

    La jeune fille hocha la tête :

    -Il nous suit depuis qu’on est sur l’île.

    Miral s’inquiéta :

    -Cela pourrait être les grenouilles ?

    Ylios le dévisagea d’un air moqueur :

    -Une grenouille avec des ailes ?

    -Mais non, crétin. Peut-être qu’il y avait un oiseau dans le tas. On n’a pas dû faire assez attention.

    Gialema posa une question désagréable pour les adolescents :

    -Vous croyez qu’il va nous attaqué ? Que c’est un éclaireur de la garde ?

    Tremon rappela :

    -Les grenouilles nous ont dit que l’île était cachée. Comment il l’aurait trouvé ?

    Seih fit remarquer :

    -S’il nous suit depuis l’attaque chez les nomades, il a pu simplement être avec nous quand on a été emmené sur l’île.

    Ylios demanda alors :

    -Mais vous l’aviez remarqué avant ?

    Tremon et Seih secouèrent la tête, mais le garçon ajouta :

    -En même temps, j’ai pas fais attention à ce moment-là. Avant la forêt, j’étais préoccupé… à cause de ce qui s’est passé chez les nomades.

    Seih appuya sa déclaration d’un hochement de tête. Miral baissa la voix :

    -On fait quoi ? On fait comme si de rien n’était ?

    Tremon acquiesça :

    -Il n’a rien fait jusque là. Je ne pense pas qu’il nous attaquera si on est tous ensemble. Il n’a rien fait jusque là.

    Ylios réagit à son tour :

    -OK, mais on fait comment pour retrouver les nomades sinon.

    Des regards s’échangèrent, mais personne ne sut que répondre. Ce fut finalement, Gialema qui proposa :

    -Je ne pense pas qu’on est d’autre choix que de marcher tout droit.

    Miral haussa les épaules :

    -Ouais, mais par où ?

    Ylios proposa :

    -Seih pourrait s’envoler… jeter un œil.

    La jeune fille ricana :

    -Bien sûr. Et une fois seule là-haut, je me fais bouffer par le piaf.

    -Si c’est un moineau, je pense que tu pourra t’en sortir.

    Miral soutint Ylios :

    -C’est peut-être pour ça qu’il n’attaque pas.

    Tremon les coupa dans leur élan :

    -C’est un gros oiseau.

    Le silence retomba jusqu’à ce que Ylios déclare :

    -Bon, on ne va pas rester là. On va par là.

    Il prit une direction au hasard. Miral tapa soudain dans ses mains, faisant sursauter les trois adolescents qui l’entouraient encore et s’exclama :

    -C’est beau la naissance d’un roi !

    Puis, il courut rejoindre son ami, soulevant de petits nuages de cendre à chaque pas. Ylios ignorait complètement comment ils pourraient rejoindre les nomades. Même s’il faisait son possible pour ne pas s’inquiéter, il ne pouvait ignorer l’urgence de la situation. Qu’était-il en train d’arriver exactement à Tremon ?

    - Tu crois que c’est grave ?

    Ylios ne fit pas de suite attention à Miral et celui-ci, dû répéter sa question pour le faire réagir :

    -Qu’est-ce qui est grave ?

    -Ce qui arrive à Tremon ?

    -Je crois qu’à partir du moment qu’il a des trous de mémoire, on peut s’inquiéter.

    Miral eut un petit rire nerveux.

    Finalement, après avoir marché des heures, le ventre tordu par la faim, la gorge desséchée par la soif, ils leur parus évident qu’ils ne pourraient pas continuer comme ça.

    Ylios s’arrêta, les mains sur les hanches :

    -Bon, les gars. Il va falloir revoir le plan.

    Ils se rassemblèrent, bien qu’aucun d’eux n’aient aucune idée de ce qu’ils pourraient faire. Gialema se contenta de dire :

    -Si on continu comme ça, on va juste se perdre de plus en plus.

    Miral râla :

    -Elle a pas de fin cette forêt de toute façon.

    Seih ajouta :

    -En plus, si cela se trouve, on ne fait que s’éloigner des nomades.

    Tremon finit par avouer :

    -Écoutez, j’ai peut-être un plan. Mais je ne pense pas que vous serez d’accord.

    Ylios eut un rire :

    -T’as attendu que l’on soit au fond du gouffre pour nous dire ça.

    -Au moins, maintenant, vous êtes plus en disposition pour écouter des idées farfelues.

    Seih croisa les bras :

    -Vas-y. Envoie.

    Tremon pointa un doigt discret vers le ciel :

    -L’autre est toujours. Je me suis dis qu’on pourrait le capturer.

    Miral fit une grimace d’incompréhension :

    -On va le bouffer ?

    Tremon se demanda s’il était complètement idiot ou si ce n’était dû qu’à la faim. Ylios le fit revenir à son idée :

    -Pourquoi et comment tu veux faire ça ?

    Tremon expliqua :

    -Seih ne peut pas voler au risque de se faire attaquer. Pourtant, c’est notre seul moyen de voir ou l’on est. Le mieux, c’est de se débarrasser de lui.

    Miral s’exclama si fort que le groupe retint un sursaut agacé :

    -On va le tuer ?!!

    Tremon fronça les sourcils :

    -Ça ne va pas non ?

    Seih enchaînait déjà :

    -On pourrait l’interroger aussi.

    Ylios hocha la tête :

    -C’est vrai. Ça vaut le coup d’essayer, je pense.

    Miral demanda alors :

    -OK, mais comment.

    Tremon se tourna vers Seih :

    -Il nous faut un appât.

    Seih fronça le nez :

    -Moi ? Tu crois ?

    -Si tu le cherches, il va forcément réagir.

    Ylios ajouta avec un sourire :

    -Et tu aimes chercher les gens.

    Seih fit une mine confirmant l’affirmation. Miral demanda :

    -C’est quoi la suite du plan ?

    Tremon poursuivit :

    -Il faudrait que tu arrives à l’attirer vers nous. Ylios pourrait lui sauter dessus alors.

    Seih fit remarquer :

    -En plus, si Gialema efface sa présence, elle pourra le prendre par surprise.

    La souris hocha la tête. Tremon conclut alors :

    -D’abord, il faudrait voir si on arrive à l’attirer.

    Miral intervint soudainement :

    -J’ai une question. S’il ne réagit pas quand elle s’envole, est-ce qu’on cherche quand même la merde ?

    Il y eut un silence avant que Seih ne tranche :

    -Je déciderais sur le moment. Tenez-vous près au cas où. Essayez de vous planquer.

    Miral lâcha, implacable :

    -T’as vu le décor récemment ? On se planque où ?

    Le cygne lui fit un sourire mauvais :

    -Démerdez-vous.

    Puis, elle s’envola. Ylios attrapa le bras de Tremon pour essayer de se dissimuler. Il lui murmura :

    -Tu ne crois pas que l’oiseau sait ce qu’on va faire ? Qu’il nous a entendu ?

    Tremon secoua la tête :

    -J’en sais rien. Il ne bouge pas. Il reste loin.

     

    Seih sentait son cœur battre la chamade. Elle s’éleva au-dessus des restes des arbres calcinés attendant une attaque fulgurante. Rien n’arriva et le cygne n’entendit aucun battements d’ailes. Incapable de repérer le potentiel attaquant, Seih resta aux aguets tout en observant les environs. L’étendue brûlée s’étendait sur une longue distance. Cependant, sur la gauche, la jeune fille crut reconnaître la montagne qu’ils avaient grimpé avant que Miral ne se fasse emporter par le piège. Y en a pour un bon moment… cette fois, un battement d’ailes lui parvint et, sans perdre de temps, le cygne revint vers le sol. Un instant, très inquiète, elle remarqua que le volatile ne semblait pas chercher à l’atteindre. En s’approchant, elle repéra l’endroit d’où elle était partie et atterrit en cherchant ses amis du regard. Seih reprit forme humaine tout en faisant volte-face. Sur les restes d’un arbre, un jeune vautour s’était posé. Il ne remarqua pas le python qui montait le long du tronc. Quand Miral arriva à proximité, il s’étendit la gueule ouverte surprenant le volatile. Ses crocs se refermèrent sur l’aile, provoquant la chute du potentiel ennemi. Le lion bondit, enfermant le vautour dans ses pattes. Sans attendre, le rapace reprit forme humaine.

    Plaqué au sol, le jeune garçon leva les bras devant le museau menaçant du lion. Miral avait retrouvé sa forme, s’époussetant en grimaçant. Tremon et Gialema rejoignirent les autres et tous cernèrent le garçon. Seih fut la première à l’interroger :

    -T’es qui, toi ?

    Le vautour posa ses yeux jaunes sur la jeune fille. Entre-temps, Ylios, redevenu humain, put affirmer :

    -C’est un nomade. Il a l’odeur de leur chef.

    Le garçon confirma :

    -Je suis son fils.

    Tremon demanda aussitôt :

    -Vous travaillez avec la garde ? Tu leur sert d’éclaireur ?

    -Je peux me relever ?

    Tremon, Ylios, Miral et Seih lâchèrent en chœur :

    -Non !

    Le vautour garda les mains levés :

    -Non et non.

    Ylios s’empressa de demander à son tour :

    -Qu’est-ce que vous avez fait à Tremon ?


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