• Où est le rêve, où est la réalité

    J'ai presque vomi...

    Ignorer

    Angélique a quatorze ans. Elle est de ces enfants qui n'oublieront pas. Rêver est pour elle, une évasion, car depuis sa plus jeune enfance, elle a dû se débrouiller seule. Ses parents l'ignorent et son grand frère est pour eux le plus bel enfant du monde.

    Des fois, elle invente des créatures et leurs donne des noms.

    Un soir, Angélique invente une créature aux pattes de chèvre, au torse d'homme, avec des ailes d'insecte et une tête de lézard. Elle le nomme Mêommoulez. Mê comme la chèvre, om comme l'homme, mou comme la mouche et lez comme lézard.

    La jeune fille le range dans son classeur avec les autres et sent une odeur de poulet venir de la cuisine, elle descend du grenier (c'est le lieu qu'elle a aménagé en chambre), en bas, Angélique voit qu'ils ont déjà commencé. Elle sort des couverts et s'installe en face de sa mère. Il ne reste dans le plat qu'un tout petit morceau de viande. Angélique le mange en deux bouchées et range ses couverts. Elle souhaite la bonne nuit et, ne recevant aucune réponse, monte se coucher.

    Le grenier a un plafond bas et des murs en pierres froides. La jeune fille s'est fabriquée un lit de vieilles nappes mitées. Elle dort à même le plancher, s'allonge sur le dos et fixe le plafond. Ses personnages font une ronde devant ses yeux et elle s'endort, oubliant la faim, la soif, le froid.

     

    Le passage

    Le lendemain, quand Angélique se réveilla, une chaleur étouffante régnait dans le grenier. Elle sut que la journée serait belle et chaude. La jeune fille descendit dans la cuisine et remarqua que ses parents et son frère avaient fini le pain, le lait, les céréales, le beurre et la confiture. Cherchant des yeux quelque chose à se mettre sous la dent, elle alla jusqu'à soulever le couvercle de la poubelle, mais, elle ne trouva rien. Angélique se dit qu'elle pourrait, avec de la chance, trouver des mûres dans la forêt. Avec cet espoir en tête, elle sortit et se dirigea vers les bois qui se trouvait à deux kilomètres de là.

    Une fois à l'intérieur, elle chercha de quoi manger. C'est alors que l'adolescente arriva à un arbre immense et imposant entouré de lierre. Curieuse, elle s'en approcha et au moment où elle le toucha, le lierre s'écarta, laissant place à un trou béant. Toujours curieuse, Angélique s'y pencha pour voir le fond, mais, alors qu'elle se redressait quelqu'un ou quelque chose la poussa et elle se mit à tomber. La surprise lui avait arraché un cri et elle tombait toujours dans le noir, ne sachant quand sa chute allait cesser.

    Angélique atterrit lourdement sur un buisson. Se redressant tant bien que mal, elle se dépêtra des branches épineuses et s'écroula sur un tapis de mousse. La jeune fille se mit debout et regarda vers le haut. Elle ne vit que le ciel bleu et joyeux.

    Par où était-elle arrivée et où était-elle ?

     

    Merveilleuse rencontre

    Angélique regardait autour d'elle, quand elle vit une petite lumière, puis une autre et encore une autre. Bientôt, elle fut encerclée par ces lumières et l'une d'elle s'avança. La jeune fille put s'apercevoir que ce n'était pas des lucioles comme elle l'avait cru tout d'abord, mais des fées, aux corps fluets, aux pieds légers et aux ailes transparentes. Ses yeux s'agrandirent émerveillés. Celle qui s'avançait vers elle avait une lumière plus vive que les autres.

    -Ce doit être leur chef, pensa Angélique.

    La fée était à présent près de son visage et parla d'une petite voix, mais qui se découvrit grave et triste.

    -Bonjour, Angélique, je pense que tu te poses des tas de question, mais nous y répondrons, une fois chez nous, si tu veux bien.

    Angélique les suivit dans des sentiers, apparemment, peu fréquentés. La jeune fille dût ensuite traverser un champ de ronce, puis arriva enfin, devant un arbre encore plus imposant que le précédent. Dessus, elle aperçut des tonnes de champignons qui devaient servir de maison pour les fées. 

    On l'installa au pied de l'arbre, on lui apporta des fruits et de l'eau. Quand Angélique eut mangé et bu, la fée qui était bien la reine lui dit :

    -Nous t'avons amené ici, car nous savons que tu connais des tas de chose sur les créatures imaginaires.

    Angélique écoutait attentivement, impatiente d'entendre la suite.

    -Ces temps ne sont pas joyeux, vois-tu, une menace rode.

    -Où suis-je et pourquoi me parlez-vous de cette menace ? demanda Angélique.

    -Tu es dans le monde de la féerie et tu dois nous sauver.

     

    La mission d'Angélique

    Angélique était resté bouche-bée, les yeux écarquillés par cette nouvelle. Lorsqu'elle retrouva l'usage de la parole, elle demanda :

    -Pourquoi moi ?

    -Parce que tu sais comment vaincre un troll et les autres créatures maléfiques. Il faut que tu sauves le cœur de la forêt.

    -Qu'est-ce que c'est que ça ?

    -Nous ignorons ce qu'est le cœur de la forêt, mais nous savons que s'il est détruit, notre monde disparaîtra.

    -Ah oui et comment je pourrais le sauver ?

    -Tu dois empêcher les brigands de détruire le cœur.

    -Mais bien sûr. Et je fais ça comment ?

    La reine ne sembla pas prêter attention au ton ironique d'Angélique :

    -Il y a un garçon parmi eux. Il a ton âge. Il sait tout et même plus. Il connaît chaque recoins de la forêt, chaque sentier, chaque buisson et rivière. Il est rapide, silencieux, si silencieux qu'aucune créature de notre monde ne peut le stopper. Mais, aujourd'hui, il faut à tout prix l'arrêter car il s'approche du cœur à grande vitesse.

    -Pourquoi les hommes veulent-ils tuer la forêt ?

    -Elle est vaste et dangereuse. Les hommes s'y perdent et y meurent. Ils en ont peur. Voilà, pourquoi.

    -Mais pourquoi ne les aidez-vous pas ? Vous pourriez les guider, je ne sais pas moi...

    -Nous avons essayé, mais ils nous croient sortis des enfers et ils nous fuient.

    Angélique réfléchit. L'idée d'une pareille aventure la tentait bien, cela la changerait de sa vie monotone.

    -Bon d'accord, je veux bien vous aider, mais pourquoi me parliez-vous du garçon ?

    -Deviens son amie, il faut qu'il te fasse confiance qu'il ne se méfie pas de toi. Ainsi, quand vous aurez trouvé le cœur, tu l’assommeras et nous nous occuperons de lui, une fois que nous t'aurons ramené chez toi.

    Angélique se leva et fit quelques pas se disant qu'elles allaient peut-être tuer ce garçon. Mais, pensa-t-elle, les fées ne tuent pas les hommes pour ça. Elles allaient sûrement le punir et c'est tout. Finalement, elle dit :

    -C'est d'accord. Je le ferais.

     

    Le malentendu

    ça faisait une heure qu'il la suivait. En fait, depuis qu'elle avait quitté le repère des fées. Il n'avait pu entendre ce qu'elles disaient, mais il avait deviné qu'elle avait un rapport avec la mission qu'il s'était donné.

    Lorsqu'elle s'arrêta à une rivière pour boire, il surgit derrière elle et demanda :

    -Hé, toi ! Dans quel camp es-tu ?

    Elle sursauta et se retourna précipitamment. Il découvrit une fille de son âge, aux cheveux couleur des blés, aux yeux bleus, comme une mer calme et douce. Sa peau était ni trop claire, ni trop mate. Son visage fin faisait ressortir ses dents blanches comme le lait.

    En entendant la question, Angélique, surprise, s'était retournée pour voir le garçon dont les fées avaient parlé. Elle n'en doutait pas.

    Il était légèrement plus grand qu'elle, ses cheveux blonds viraient au châtain. Il était couvert de poussière et de terre, ce qui faisait ressortir ses yeux bleus nuit.

    La jeune fille remarqua qu'il l'examinait de haut en bas, d'un air surpris. Elle baissa les yeux et comprit que son T-shirt blanc, son pantalon beige et large, ainsi que ses baskets noires ne devaient pas être à la mode par ici.

    A son tour, elle l'examina. Il portait de longues bottes noires, faites dans la peau d'un animal. Son pantalon marron était déchiré aux genoux et son haut était blanc à manches courtes, attaché par un nœud. Sa taille était serrée par une ficelle qui tenait en même temps une longue épée qu'il portait dans son dos.

    Le garçon demanda de nouveau :

    -Dans quel camps es-tu ?

    Angélique répondit pour ne pas attirer les soupçons :

    -Dans celui des humains, bien sûr.

    -Tu es donc mon ennemie.

    -Quoi ?!

    Il tira son épée qui étincela au soleil. Angélique ne comprenait plus rien. Les fées lui avaient dit qu'il était leur ennemi. Il était donc, dans le camps des hommes. Alors pourquoi était-elle son ennemie ?

    Elle ne pouvait parler, s'efforçant de réfléchir. Le garçon était à présent en face d'elle. Il leva son épée et lança un coup fatal.

     

    De nombreuses explications

    Il arrêta son épée au moment où elle allait trancher le corps de la fille. Il demanda :

    -Si tu es dans le camps des hommes, pourquoi es-tu allée chez les fées ?

    Angélique se força à rester calme et dit :

    -On devait conclure un marché.

    -Tu mens.

    Il releva son épée. Elle put voir que ses yeux semblaient la pénétrer comme s'il pouvait deviner le fond de ses pensées. Elle dit rapidement, sans trop réfléchir à ce qu'elle faisait :

    -Je viens d'un autre monde.

    Le garçon s'arrêta. Baissant son épée, il la questionna :

    -D'où viens-tu ? Que fais-tu ici et que t'on demandé les fées ?

    -Je viens du XXIe siècle et les fées m'ont emmené ici pour sauver la forêt. Pour cela, il faut que je fasse ami ami avec toi.

    -Pourquoi avec moi ?

    -Parce que tu es le plus dangereux. Tu t'approches du cœur à grands pas.

    -Mais, je ne compte pas le détruire.

    Angélique le fixa avec étonnement :

    -Pourtant, les fées m'ont dit...

    -Les fées ne savent pas grand chose. Je suis de leur côté, mais elles l'ignorent. Quand bien même je leur dirais, elles ne me croiraient pas. Il est vrai que je cherche le cœur, mais pour le protéger.

    Angélique avait écouté attentivement cette révélation. Elle sourit et dit :

    -Je t'aiderai. Je m'appelle Angélique.

    -Tes parents ont bien choisi. Moi, c'est Draco.

    Il se détourna et reprit la marche. Angélique se murmura pour elle-même :

    -Bien choisi, y a des fois où je me demande si c'est pas moi qui me le suis donné.

    -Alors, tu viens ? cria Draco.

    -J'arrive.

    Elle le rejoignit et ensemble, ils pénétrèrent dans une forêt de fougères.

     

    La vieille chaumière

    Ils parlèrent beaucoup. Draco, curieux d'en savoir plus sur cet autre monde, demanda d'où venaient ses vêtements, comment étaient faites ses chaussures etc...

    Ils marchaient, donc, tout en parlant. Tout à coup, ils stoppèrent net. Ils n'étaient pas sortis de la forêt, mais devant eux, une terre desséchée et déboisée s'étendait à perte de vu. Draco murmura :

    -J'ai jamais vu ça.

    -Où est-on ?

    -Je n'en sais rien.

    Ils s'avancèrent prudemment, puis avec détermination, ils y pénétrèrent. La poussière s'élevait à leur passage et le ciel rouge semblait vouloir les écraser.

    Cela faisait des heures qu'ils marchaient côté à côte, en silence, quand, en face d'eux, apparut une chaumière délabrée.

    Les fenêtres n'avaient pas de vitre, la porte en bois pendait sur ses gonds et il manquait du chaume au toit. Les adolescents se regardèrent et firent une grimace. Draco avança de quelques pas vers la maison, en fit le tour, et après s'être assuré qu'il n'y avait personne, il fit signe à Angélique de le rejoindre.

    Ils entrèrent par les fenêtres. L'intérieur était sombre, mais ils distinguèrent les contours d'une table, quelques sièges et une cheminée.

    -Cet endroit me flanque la trouille, murmura Angélique.

    -Te fanques la touille ? essaya de répéter Draco, intéressé par ce nouveau langage.

    -Me flanque la trouille, répéta Angélique en appuyant sur le "l", le "r". C'est ce qu'on dit chez moi quand on a peur.

    -Ha bon.

    Angélique s'approcha d'un coin et remarqua des couvertures par terre. Derrière elle, la jeune fille entendait Draco murmurer :

    -Fanque, non, flanque la touille. Ah non, trrrouille.

    Elle ne put s'empêcher de sourire.

     

    Une étrange amie

    -On peut se reposer ici un moment, dit Angélique.

    Draco sortit de ses leçons de vocabulaire et dit :

    -Oui, mais vaudrait mieux ne pas traîner. L'endroit n'a pas l'air si abandonné que ça.

    -Ouais, t'as raison, dit Angélique, jetant un regard inquiet sur les couvertures.

    -Ouais ? dit Draco, hésitant comme un élève proposant à son professeur, une réponse dont il n'est pas sûr.

    -Ouais, dit de nouveau Angélique.

    Ils s'assirent sur les couvertures. La jeune fille s'allongea et entendit Draco qui de nouveau se remémorait les mots qu'il venait d'apprendre.

    -Flanque la trrouille, ououais, fllanque la trouille, ououais.

    Elle ne put s'empêcher de rire doucement. Il la regarda et s'allongea à côté d'elle. Et, sans même s'en apercevoir, ils s'endormirent.

    Quand il se réveilla, Draco sentit une délicieuse odeur de pain frais. Se redressant, il vit une jeune femme, aux cheveux blonds, vêtue d'une longue robe bleu ciel, s'affairer devant la cheminée. Sans quitter la femme des yeux, il chercha Angélique à tâtons. Ne trouvant rien à côté de lui, il regarda dans toute la pièce. Enfin, il la trouva en train de manger. Il se leva et s'assit à côté d'elle.

    -Qui c'est ? murmura-t-il, ne quittant pas la femme des yeux.

    -C'est un ange, elle vit ici et s'appelle Doux Nuage.

    -Elle vit ici ? fit Draco surpris.

    -Oui, c'est ici que je vis, dit une voix claire et douce.

    La femme se retourna et Draco vit son visage. Ses lèvres roses étaient entourées d'une peau blanche et ses yeux bleus brillaient tels des émeraudes.

    -Bonjour, mon jeune ami, je te prépare de la soupe.

     

    Les larmes dans le noir

    -Euh, si vous voulez, bafouilla Draco.

    Se tournant vers Angélique, il demanda :

    -T'as confiance en elle ?

    -Non, pourquoi ? répondit-elle simplement.

    -Et tu manges quand même, dit Draco stupéfait.

    -Tu vas comprendre.

    Comme elle disait ces mots, la femme posa un bol devant Draco. Celui-ci inspecta la soupe qui avait la couleur de l'herbe sous le soleil d'été et elle était aussi parfumée que les fleurs en printemps.

    Draco entendit son ventre crier famine et ne put s'empêcher de goûter à la soupe qui lui parut délicieuse. Quand ils eurent vider leurs bols, non s'en s'être resservi plusieurs fois, Doux Nuage les invita à s'asseoir près de la cheminée. Elle leur raconta des histoires et leur fit des gâteaux. Ensuite, elle leur demanda d'où ils venaient et ce qu'ils faisaient par ici.

    -Mes parents se moquaient de moi, enfin, disons qu'ils ne faisaient pas attention à moi, j'en ai eu assez, alors je suis partie, dit Angélique, s'efforçant d'utiliser des mots qu'ils comprendraient.

    -Bah moi, heu, pareil, dit bêtement Draco.

    Le soir était venu sans qu'ils s'en aperçoivent. Doux Nuage les fit dormir dans les couvertures et sortit. Angélique attendit d'entendre la porte claquer avant de demander :

    -T'as menti, hein ?

    -Mmm, mmm, fit Draco sur un ton affirmatif.

    Il lui tournait le dos, de sorte qu'Angélique ne pouvait voir son visage.

    -Pourquoi ? osa-t-elle demander.

    -Faut dormir, il est tard.

    Angélique l'observa dans l'obscurité et le laissa pleurer dans le noir, car elle savait quel bien les pleurs donnent quand la souffrance vous envahit.

     

    La cage

    Lorsqu'elle se réveilla, le lendemain, sa tête se cogna à une barre de fer. Angélique se frotta la tête et regarda autour d'elle. Ils étaient en cage. Du pain et une cruche avaient été placé près de la porte de la cage.

    La jeune fille se tourna vers Draco. Celui-ci était en sueur, ses sourcils étaient froncé et ses lèvres remuées, ne laissant, cependant, aucun son sortir de sa bouche. En regardant mieux, elle put lire sur ses lèvres, toujours le même mot : Maman.

    Angélique s'agenouilla et attrapa la cruche. Celle-ci ne pouvant passer à travers les barreaux, elle y trempa sa main et fit tomber quelques gouttes sur la tête de Draco.

    Les images s'effacèrent et tout devint noir. Un froid oppressant l'entourait. Draco sentit la peur le quitter et ouvrit lentement les yeux. Des barres de fer lui faisaient face. Il sentit des gouttes sur sa joue. Le garçon se tourna légèrement et vit Angélique que le matin baignait de sa clarté. Draco se surpris à remarquer qu'elle était plutôt jolie. Elle se tourna vers lui et sourit. Draco lui rendit son sourire et se redressa. Ils étaient enfermés.

    -Tiens.

    Angélique lui tendait un morceau de pain qu'il prit. L'adolescent le fourra dans sa bouche et mâcha en réfléchissant. La jeune fille l'observa, assis en tailleur, les coudes appuyés sur ses genoux, le front posé dans les paumes de ses mains, il semblait méditer. Elle avait décidé de ne pas lui poser de question sur son passé.

    La porte s'ouvrit et Doux Nuage entra. Draco et Angélique levèrent la tête. Son tendre visage était chaleureux, mais dans ses yeux brillaient une lueur de démence. 

     

    Le monde de Draco

    Doux Nuage s'approcha de la cheminée et alluma le feu. Draco s'agenouilla et dit :

    -C'est eux qui vous payent, n'est-ce-pas ?

    -Oui, en effet, c'est une chance que vous soyez passé par chez moi, me voilà riche à présent. 

    -Ils viendront quand ?

    -Oh, bientôt.

    Draco alla s'asseoir au fond de la cage. Angélique s'assit à côté de lui et lui demanda :

    -C'est qui "ils" ?

    -Les brigands. Ils savent ce que je cherche à faire. Ils payent n'importe qui pour m'avoir, et... ça marche.

    Elle l'observa. Tête baissée, il semblait s'en vouloir.

    -Comment ont-ils su ce que tu voulais faire ?

    Draco la regarda, puis, les yeux dans le vague, fixant un point en face de lui, il dit :

    -Ici, tous les hommes naissent brigands. Il y a en fait, deux camps. Les créatures et les hommes. On vivait en paix jusqu'au jour où des créatures ont commencé à disparaître. Elles nous accusaient d'être la cause des disparitions. On a mis du temps à comprendre que c'était grâce à nos rêves qu'elles existaient. Sans rêves, elles disparaissaient. Maintenant, les adultes ne croient plus à leur existence et les enfants, sous leur influence, eux aussi, oublient.  Au fur et mesure des années, les hommes ne purent plus supporter que de telles créatures puissent exister. Ils apprirent qu'il y avait un cœur qui battait pour toutes ces créatures. Le cœur détruit, les créatures disparaîtraient, mais, ce qu'ils ignorent, c'est qu'en tuant le cœur, ils détruisent les rêves et sans rêves, on est mort.

     

    L'idée de Draco

    -D'accord, mais qu'est-ce que ça a voir avec toi ?

    -Etant un Homme, je suis né brigand, mais contrairement aux autres, j'ai compris le rôle véritable du cœur. J'ai eu beau essayer de leur expliquer, ils ne m'écoutaient pas, je n'étais qu'un enfant qui n'y comprenait rien. Mais, je continuais à essayer de leur faire comprendre. Ils en ont eu assez, alors, ils m'ont puni. Depuis, j'ai décidé de le protéger. 

    -Comment t'ont-ils puni ?

    -Tu le sauras bien assez tôt ?

    Angélique n'insista pas. Regardant la pièce, elle remarqua l'épée de Draco dans un coin. Elle se tourna vers celui-ci. Lui aussi avait remarqué son épée. Brusquement,il se mit à parler d'une voix forte, qui la fit sursauter.

    -Excusez-moi, ma demoiselle ? appela-t-il.

    Doux Nuage se retourna. 

    -Vous savez que vous pourriez agrandir vos pouvoirs ?

    Angélique glissa à Draco :

    -Depuis quand les anges sont-ils avides de pouvoir ?

    -Depuis toujours, faut vraiment que tu ne sois pas d'ici pour ne pas savoir ça.

    L'ange s'était rapproché de la cage et tendait l'oreille :

    -Parle, je t'écoute.

    -Si tu nous sors de là, je te dirais comment faire.

    L'ange partit d'un rire claire :

    -Tu crois que je serais assez sotte pour vous laisser sortir ?

    -On doit répondre franchement ?

    Draco se tourna vers Angélique qui se mordait la lèvre. Décidément, fallait toujours qu'elle dise n'importe quoi.

    -Je vous donne ma parole qu'on ne s'enfuira pas, dit Draco en faisant une croix sur le cœur de sa main droite.

    -C'est bon, sortez.

    La porte s'ouvrit et Angélique demanda doucement à Draco :

    -C'est quoi ton idée ?

    -Hum, ben, je suis ouvert à toute proposition.

     

    Jeune fille vierge

    -Alors, je vous écoute ?

    -Pour augmenter vos pouvoirs, il faut, heu...

    -.. Que vous mangiez une jeune fille vierge, lâcha Angélique.

    Draco la regarda avec des yeux ronds :

    -T'es vierge au moins ?

    Angélique se tourna vers lui, offensée.

    -C'était juste une question, s'empressa d'ajouter Draco, se grondant d'avoir posé une question aussi stupide.

    -Ha, c'est donc ça, fit l'ange, il me faut donc trouver une jeune fille vierge. Mais où pourrais-je la trouver ?

    Draco et Angélique se regardèrent, puis, levant légèrement la main comme pour demander la parole, ils dirent :

    -Heu, ma demoiselle, il y a... ma demoiselle ?

    Mais l'ange ne les écoutait pas, faisant le tour de la pièce, elle se marmonnait des choses indéchiffrables. Ils continuèrent leur tentative, mais sans succès. Soudain, Draco se mit à hurler :

    -Dis donc, tu pourrais écouter quand on te parle, espèce de...!!!!

    Angélique plaqua sa main sur la bouche du garçon avant qu'il ne puisse finir. L'ange se retourna et Angélique, se forçant à sourire dit :

    -Ce qu'il veut dire, c'est que je suis une jeune fille vierge, voilà.

    -Mais, bien sûr, viens vers mon chaudron, je vais te préparer une bonne soupe.

    Angélique lâcha Draco. Son sourire disparut et elle déglutit bruyamment. Il la regarda. Même avec son regard terrifié et ses traits soucieux, il la trouvait jolie. Il lui glissa à l'oreille :

    -N'ai pas peur, quand tu seras devant le chaudron, je pourrais prendre mon épée.

    Elle avança lentement vers le chaudron où l'eau bouillait déjà.

     

    La fuite

    Angélique fixait l'eau bouillante devant elle, la chaleur du foyer la faisait suer :

    -Mais qu'est-ce qu'il fait ? Se demanda-t-elle en voyant l'ange mettre des herbes dans le chaudron.

    Puis, brusquement, il y eut un sifflement suivit par le bruit de quelque chose tombant à terre. Elle se retourna et vit la tête de l'ange regardant, hébétée, ses jambes se promener dans la pièce.

    Angélique tourna les yeux vers Draco et le regarda, stupéfaite. Un instant, elle avait cru voir un homme, un adulte au regard sévère.

    -Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il.

    Angélique sortit de sa torpeur et bredouilla :

    -Rien, rien.

    Draco avait repris son apparence habituelle :

    -Bon, on y va ?

    Il la poussa vers la porte tandis que les deux parties de l'ange se compléter. Ils coururent jusqu'à la forêt qui avait surgit de nulle part, une fois à l'intérieur, ils s'arrêtèrent, essoufflés.

    -Les fées m'ont dit que tu connaissais chaque recoin de la forêt, comment ça se fait que tu ne connaisse pas cette endroit ? demanda Angélique en reprenant son souffle.

    -Les anges ont de grands pouvoirs, elle a pu demander à un dragon de raser la région pour me perturber.

    -Et ça a marché.

    -Oh, ça va, hein !

    Draco observa les alentours :

    -On est forcé de faire un long détour.

    -Au fait, comment tu sais où se trouve le cœur ?

    -Quand j'étais petit ma mère me disait que la seule façon de se réconforter d'une peine profonde était de se tourner vers un endroit une personne qu'on aime.

    -Et alors ?

    -Si cet endroit ou cette personne est loin, on doit se l'imaginer jusqu'à se sentir près de lui. On peut, alors, voir l'endroit où il se trouve et ce qu'il ressent.

    -C'est comme de la magie.

    -Non, cette magie-là est à la portée de tout le monde, il suffit d'aimer très fort l'endroit ou la personne.

    -Et toi, tu sais faire ça ?

    -Oui, mais il faut avoir une certaine force mentale, bon, on y va ?

    -En route... conclut Angélique dans un soupir.

     

    Nouvel itinéraire

    Depuis des jours qu'elle voyageait avec lui, Angélique avait appris à le connaître et le trouvait assez complexe.

    Il pouvait se montrer drôle et aussitôt redevenir sérieux, gentil et en une seconde se montre dur. Il lui semblait des fois enfant et des fois adulte, comme si un combat intérieur se déroulait chaque jour entre l'enfant qu'il fut et l'adulte qu'il serait. 

    Mais, Angélique ne le voyait pas comme ça. Chaque jour, elle en était de plus en plus certaine, il se pouvait que sous son apparence d'enfant, il était déjà homme. Dans ce cas, ce combat intérieur se déroulait entre l'enfant qu'il aurait aimé être, peut-être n'avait-il pas eu le temps de l'être, et entre l'adulte qui était venu trop tôt et qui, elle s'en apercevait, gagnait chaque combat.

    Mais que lui était-il arrivait pour qu'il fut forçait de grandir si vite ?

    Elle devinait des choses, trop de choses, il le savait. Il savait qu'il n'était pas très agréable avec elle et pourtant, elle se montrait gentille et compréhensive... Non, elle ne pouvait pas comprendre, cependant... Derrière son sourire qui semblait figé sur ses lèvres se cachait un sentiment étrange, mélange de peur, de colère, de tristesse, mais aussi un sentiment dont il ne connaissait pas le nom, seul ses yeux pouvaient la trahir.

    Angélique se décida à rompre le silence :

    -Par où va-t-on passer ?

    -Eh bien, il nous faudra passer par la forêt des enfants maudits, puis traverser le champs de fleurs, viendra ensuite la mer de brume. Enfin, à condition que nous sortions vivant de cette mer, il va nous falloir passer la forteresse des brigands.

    -Eh bin, ça va être gai.

    -J'oubliais. A l'heure qu'il est, l'ange a sûrement donnait l'alerte et ta description. Ce qui fait que nous allons devoir redoubler de prudence.

    -Tu es sûr qu'il ne faudrait pas tripler cette prudence ?

    Elle vit un sourire illuminer le visage de Draco et en profita car ses sourires étaient rares.

    -Ça pourrait être amusant, dit-il.

     

    La forêt

    Ils marchaient depuis deux jours. La tension était montée et, chaque soir, ils veillaient chacun leur tour. Enfin, la forêt se montra. Les feuilles étaient vertes et fraîches, les troncs d'un marron clair, étaient couvert de rosée. Le soleil passait à travers leurs fins branchages, donnant de la clarté à la forêt. Le chant des oiseaux donnait une mélodie à ce tableau.

    -Eh ben, elle a l'air terrifiante ta forêt, dit Angélique, alors qu'elle humait l'air parfumé.

    -Il ne faut pas se fier aux apparences, lui répondit simplement Draco.

    -Pourquoi elle s'appelle comme ça c'te forêt ?

    -Je ne comprend pas. Que veut dire c'te forêt ?

    -Ça veut dire "cette", c'est un diminutif.

    -Ah.

    Puis, il se répéta pour lui-même :

    -C'te forêt, flanque la trouille, ouais.

    -Alors ?

    -Eh bien, on raconte que les gnomes des forêts, qui sont célèbres pour leurs voracité, manquèrent de nourriture. Ils se rendirent au village voisin pour demander aux habitants s'ils voudraient bien leurs donner des enfants...

    -Pour en faire de la chair à pâté ? Je le vois d'ici : "Excusez-nous, pourrions-nous vous emprunter cinq garçons, dix filles et trois nourrissons ? Vous les mettrez sur ma note.

    -Je n'ai pas tout compris, mais je pense que c'est à peu près ça. Bref, les gnomes revinrent pendant la nuit et massacrèrent les enfants. Depuis ses enfants errent dans la forêt, se nourrissant de chair humaine.

    -Mouais, c'est le genre de conte qu'on raconte le soir aux petits enfants. Les pauvres, ils sont insomniaques ?

    -Ne te moque pas du malheur des autres.

    Angélique le regarda s'éloigner vers la forêt. C'est avec l'adulte qu'elle avait parlé, il était facile de les différencier et elle  savait qu'il disait vrai.

     

    La fillette

    Angélique allait gaiement tandis que Draco se méfiait du moindre bruit. Puis, la lune apparut à travers les arbres, les éclairant de sa lumière argentée. Ils marchaient lentement, côté à côte, deux ombres silencieuses sous une grande ombre. 

    Angélique s'arrêta de fatigue. Draco avança de quelques pas, puis se retourna vers elle et la jeune fille lui demanda :

    -C'est quand qu'ils sortent ? J'en ai marre, moi.

    A peine avait-elle fini de parler qu'une main sortit du buisson derrière elle et lui agrippa les cheveux. L'adolescente poussa un cri en essayant de s'arracher à cette étreinte. Elle vit un éclat de lumière sous la lune et sentit qu'on l'a lâché. Angélique s'éloigna précipitamment du buisson. Draco lui dit :

    -Excuse-moi. J'ai pas eu trop le choix, mais je tiens à te dire que tu as une main dans les cheveux.

    Angélique tâtonna sa chevelure et sentit, en effet, quelque chose de moite qu'elle s'empressa d'enlever et de jeter au loin.

    Ils entendirent le son mate de l’atterrissage suivit d'un craquement, puis d'un deuxième et d'un troisième, quelque chose marchait dans leur direction. Ils scrutèrent l'obscurité, Angélique se serrait contre Draco. Les adolescents virent apparaître, au clair de lune, un nombre incalculable d'enfants, ou du moins ce qu'il en restait.

    Les yeux révulsés, la chair en putréfaction, grouillante de vers, ils s'avançaient dans des plaintes sinistres. Ils étaient à moins lorsque Angélique aperçut une petite fille qui n'était pas comme les autres, appuyait contre un arbre, elle pleurait. Angélique se dirigea vers elle et, curieusement, les enfants s'écartèrent devant elle.

    La jeune fille entendit Draco hurler :

    -Mais, qu'est-ce que tu fais ? Tu es folle ?!

    Les autres enfants continuèrent d'avancer vers lui, se léchant ce qui avait dû être des lèvres, avec ce qui leur restait de langues, puis, ils se jetèrent dessus. Lorsqu'Angélique se pencha sur la fillette, celle-ci leva les yeux, elle n'était pas un zombie. 

    -Pourquoi pleures-tu ? demanda Angélique essayant de ne pas faire trembler sa voix.

    -Je veux un champignon, dit la fillette.

     

    La fin de la malédiction

    Angélique fut choquée par cette demande, mais en entendant les bruits de bataille derrière elle, l'adolescente se mit à farfouiller sous les feuilles.

    -Dis, tu saurais pas ou je peux trouver un champignon ?! cria-t-elle à Draco.

    Celui-ci, occupait à trancher quelques membres, lui répondit, en criant pour couvrir le bruit :

    -Tu crois que c'est le moment ?! Ces gosses essaient de me bouffer !

    -Si tu me réponds,  peut-être que tu ne seras pas transformer en Kebab.

    -En quoi ? demanda-t-il en esquivant des coups de dent.

    -Peu importe, dis-moi seulement où trouver des champignons !

    -J'en ai vu tout à l'heure ! Près d'un buisson de ronce !

    Angélique trouva le buisson sans grand problème et ne tarda pas à trouver des champignons. Elle en prit un et couru le donner à la petite fille. Celle-ci lui sourit en prenant le champignon qu'elle lui tendait.

    Aussitôt, tout s'arrêta, les enfants s'éloignèrent de Draco qui, emportait dans son élan, donna un coup dans le vide.

    -Merci, grâce à vous, la malédiction est levée, dit la fillette.

    C'est alors que les chaires se recomposèrent, les membres se rattachèrent, les yeux reprirent leurs places. Bientôt, là ou quelques minutes avant se trouvaient des morts se retrouvèrent des enfants souriant, riant, sautant, dansant et chantant, leurs malheurs avaient pris fin. Après avoir embrassé et remercié chaleureusement Draco et Angélique, ils rentrèrent chez eux, où ils furent reçus sous les acclamations, les larmes et la joie.

    Dans la forêt, les deux amis allaient reprendre leur route, quand Draco demanda :

    -Au fait, c'est quoi un kebab ?

    -Laisse tomber, lui répondit Angélique en s'éloignant dans un soupir.

    -Laisse tomber ? Mais... je ne tiens rien ? lança Draco décontenancé, avant de la suivre.

     

    Le champ

    -Bah, allez, dis, quoi ?

    -Non, non et non.

    -Allez ?

    -Non, mais, dis dons, est-ce que je t'en pose des questions ?

    Angélique avait beau insisté, il refusait de lui parler de sa famille. Brusquement, il l'a prit par le bras et l'arrêta.

    -Qu'est-ce qu'il y a ?

    -On y est.

    Devant eux s'étalait un champs remplit de fleurs d'un jaune éclatant.

    -Bon, alors, tu écoutes bien. Marche en ligne droite assez rapidement, ne cours pas, hein ? C'est très important.

    -OK.

    Elle prit une profonde inspiration et se lança. Côte à côte, ils avancèrent toujours tout droit allant vivement. Ils étaient à mi-chemin, lorsque Angélique sentit la chaleur la submerger, insoutenable, l'étouffant presque.

    -Toujours tout droit, ne pas ralentir.

    Sa respiration se fit lente, la sueur coulait sur son front, ses yeux se fermaient, ses jambes étaient de plombs. Bientôt, elle n'arriva plus à les soulever, sa tête tournait. Angélique chercha Draco des yeux, mais elle ne le trouva pas. Exténuée, la jeune fille s'écroula, essayant de se débattre lorsqu'elle sentit des espèces de cordes fines qui l'emprisonnait dans un étau.

    L'adolescente voulait crier, mais aucun son ne sortit de sa bouche, les cordes se resserrèrent. Elle ne pouvait plus respirer, la chaleur l'écrasait. Des flots de couleurs dansaient devant ses yeux, puis tout devint noir. Soudain, elle entendit Draco lui crier :

    -Ne te débat pas.

    Angélique arrêta aussitôt de bouger, le soleil était légèrement descendu. Elle avait dû s'évanouir. Son attention revint à Draco. Il lui semblait qu'elle l'entendait parler tout bas à quelque chose, lorsqu'elle voulut tourner la tête pour voir de quoi il s'agissait, une corde lui enserra le cou.

    La journée s'écoula sans qu'elle ne puisse bouger, boire ou dormir car la situation lui avait donné des insomnies. Les étoiles étaient apparues, lorsqu'elle entendit d'innombrables petits cris.

     

    Les Pillywiggins

    Les cordelettes se retirèrent et Draco apparut, penché sur elle :

    -Tu peux te relever maintenant.

    -Oh...Cool.

    Se redressant, elle aperçut un groupement de créature minuscule, pourvu d'ailes, tous très jeunes. Ils étaient vêtus de mousseline légère, pétale de fleurs avec des justaucorps très ajustés de velverette ou en peau de lézard ou de couleuvre. En guise de bonnets, ils portaient des glands, des corolles et des clochetons de fleur :

    -Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Angélique émerveillée.

    -Des Pillywiggins.

    Tandis qu'ils suivaient les créatures, Angélique le questionna :

    -Dis, pourquoi ils nous ont attaqué et avec quoi ils m'ont ligoté et pourquoi et où est-ce qu'ils nous emmènent et comment ça se fait qu'ils ont des ailes et au fait, c'est quoi ces Pilly truc ?

    -Pillywiggins. Ils sont les derniers maillons de la descendance Elfique. Ils mesurent un centimètre, mais ils ont le pouvoir de rapetisser encore, où de grandir, de changer de taille et d'aspect. Tu remarqueras que certain ont, non seulement des ailes, mais aussi des antennes et diverses autres parties qui leurs ont étaient donnés par leurs mariages avec les libellules et les papillons. S'ils nous ont attaqué c'est parce qu'ils ne supportent que l'on abîme la flore. N'oubli pas qu'ici, homme est égal à brigand et comme les hommes détruisent la nature, ils nous ont attaqué et ligoté avec des fleurs. Si tu as ressenti un malaise, c'est normal, ils ont installé une barrière infranchissable, sauf si on va tout droit en marchant vite. Tu as dû faire un écart sans que tu t'en rendes compte. Maintenant, ils nous emmènent chez eux et si tu le permets, je vais reprendre mon souffle. Merci.

    -Je crois que j'ai compris, répondit-elle en ouvrant de grands yeux.

     

    Le jardin

    -Est-ce que l'on est en danger ? demanda Angélique.

    -Non, ils sont pacifiques, mais ils sont capable de faire mourir les hommes qui détruisent la flore sans raison ou pour des intérêts douteux.

    -Qu'est-ce qu'on va faire, alors ?

    -Il nous suffira de planter une fleur ou un arbre pour être pardonné.

    -Qu'est-ce qu'ils font, à part faire peur à tout le monde ?

    -Dansent, butinent, volettent, s'aiment, gambadent et protège la petite faune et flore qu'ils fortifient, ce genre de chose.

    Ils passèrent entre deux murs en ruine enfoui sous le lierre et les ronces et se retrouvèrent dans un jardin splendide, où se côtoyaient des millions de fleurs, des coquelicots, des marguerites, des boutons d'or et des centaines d'autre dont Angélique ignorait le nom.

    Au milieu, coulait une cascade d'argent. Et partout, on voyait voleter ces étranges créatures.

     

    Drôle de dîner

    Ils furent assis sur un tapis de mousse. Ils venaient de planter un arbre chacun : Un poirier pour Angélique et un pommier pour Draco. Après cela, les Pillywiggins les avaient convié à une table, où ils disposèrent différents plats :

    -Qu'est-ce que c'est ? demanda Angélique.

    -Il y a du pollen, du suc et de la quintessence de fleurs, de la rosée adamantine et de la beauté d'Eden.

    -J'ai rien compris, mais je n'ai pas très faim... ça va les vexer ?

    -Non, elles ne seront pas offensées. Cependant, tu peux leur demander autre chose, comme des fruits ?

    -OK, ça marche.

    Elle demanda donc quelques fruits et en quelques instants, la table déborda de poires, de pommes, de fraises et de raisins. Angélique commençait à manger lorsque Draco se pencha vers elle et lui souffla :

    -Au fait, que veux dire OK et pourquoi à tu dis ça marche puisque rien ne marchait ?

    -OK veut dire : d'accord, et ça marche, dans ce contexte, veut dire à peu près la même chose. T'as compris ?

    -Ouais, j'ai compris.

    Ils dormirent une nuit dans ce jardin. Le lendemain, à l'aube, les Pillywiggins leurs expliquèrent comment éviter le champ. A peine furent-ils parti qu'Angélique s'écria :

    -C'est malin de nous envoyer à perpette, alors qu'ils n'avaient qu'à retirer la barrière.

    -Ils ne pouvaient pas. Les brigands risquaient d'en profiter.

    -Ah, d'accord.

    Angélique se tourna vers Draco et le regarda avec insistance. Lorsqu'il s'en rendit compte, il demanda :

    -Qu'y a-t-il ?

    -Ben, vas-y, demande. Je sais que tu en meurs d'envie.

    Draco la dévisagea, elle le connaissait bien, maintenant, et il se sentait de plus en plus bizarre en sa présence. En rougissant pour la première fois de sa vie, il demanda :

    -Que veut dire perpette ?

    Angélique éclata de rire.

     

    Le marais

    Ils étaient arrivés à un marais. Des touffes d'herbes apparaissaient ci et là, des bulles sortaient de l'eau vaseuse, une brume persistait telle un fantôme emportant avec elle une odeur de moisissure. Angélique tendis le bras, sa main disparu totalement :

    -C'est ça leur détour ? On y voit pas à deux mètres.

    -Une légende raconte qu'un monstre vit ici et que ce brouillard qui ne part jamais, n'est autre que son haleine.

    -Ouah, la taille du bestiau, la vache !

    Draco regarda autour de lui, mais elle dit :

    -Cherche pas la vache, c'est une expression, ça exprime la surprise par exemple.

    -Ah, d'accord. Bon, assez traîné. On y va. Surtout, ne marche pas dans l'eau et ne me quitte pas des yeux.

    -OK.

    Chacun de leur pas provoquaient un bruit de succion. La boue entrait dans ses chaussures, la brume était glaciale, Angélique frigorifiée suivait Draco à la trace. Lorsqu’elle sentit quelque chose enserrait sa jambe et la tirer brusquement en arrière. Elle s'étala au sol, sa tête le heurta violemment. Le sang gicle de sa bouche. Elle hurla :

    -Draco !!!

    Mais, il n'était plus là. Il n'y avait que de la brume. Sa voix se fit stridente à mesure qu'elle se sentait tiré vers l'eau. Le goût du sang envahit sa bouche, sa terreur grandissait. La pression sur sa jambe était devenu brûlure, elle la sentait consumer sa chaire. Angélique hurla de nouveau, essayant de se raccrochait à n'importe quoi. L'eau lui atteignait le torse et la brûlure se répandit sur tout le long de ses jambes, qu'elle sentait s'engourdir.

    Puis la chose redoubla de force. Angélique eut le temps de pousser un dernier cri avant d'être englouti. Il ne restât bientôt plus qu'une flaque vaseuse.

     

    Un monstre dans les profondeurs

    Il retourna sur ses pas. Cela faisait une heure qu'il allait et venait sans trouver de trace d'Angélique. Draco avait appris à ne jamais se laisser envahir par la panique et de rester lucide quoiqu'il arrive. Ainsi, il put découvrir des traces d'ongles dans la boue et, un peu plus loin, des traces de sang. Suivant du regard les rayures laissaient par les ongles, il se trouva mené au bord de l'eau. Sans hésiter, il plongea, l'épée en main.

    Le ciel est gris, lourd et menaçant. Des gens... ils crient... du sang... un enfant pleure... la maison... il faut que j'entre... qu'est-ce... AAAAAAAAAAAH !!

    Angélique se réveilla en hurlant. Elle regarda autour d'elle. Il n'y avait que de l'eau et de la boue, pourtant, elle respirait normalement. La jeune fille essaya de nager vers la surface, mais resta sur place. Angélique sentit alors, quelque chose derrière elle. Se retournant brusquement, l'adolescente ne vit rien.

    Il faisait sombre. Pourtant il y avait quelque chose tapit dans l'ombre, elle le savait. Se tournant et se retournant, Angélique essayait d'apercevoir cette chose lorsqu'elle sortit de sa cachette, la gueule grande ouverte, ses dents acérés, luisantes. Ses mâchoires se refermèrent sur Angélique, qui, paralysée par la peur, n'avait pu bouger.

    Son épée le gênait pour nager, sa vue était brouillée à cause d'une chose au fond qui soulevait des tonnes de boue. Plus il avançait, plus l'eau devenait respirable.

    En bas, la chose s'était soudainement calmé et, à présent, ce n'était plus la couleur marron-gris de la boue, qui gênait sa vue, mais la couleur pourpre du sang. 

    Il était à une bonne profondeur. Draco décida donc de s'arrêtait, il prit sa respiration et se concentra en fermant les yeux, raidissant tous ses muscles.

    Un mouvement, du courant derrière lui. Lentement, il recula un peu sa main. Il sentit une peau écailleuse de plusieurs mètres. Son cerveau se mit en marche à une vitesse folle. Dans sa tête défilait des milliers de monstres, il chercha celui qui se rapproché le plus de ce qu'il savait de celui-là. Quand il en fut sûr, il se retourna.

     

    Pinocchio

    Une lueur rouge brilla. Ses yeux. Draco mit son épée en avant. La gueule du monstre s'ouvrit sur des rangées de dents et il fonça sur le garçon à une grande vitesse.

    Pinocchio ! ça y est, Angélique avait retrouvé le titre de l'histoire  qui se prêtée à sa situation. Elle était à l'intérieur du monstre :

    -C'est pas vrai ce que ça pue.

    Assise contre une côté, elle réfléchissait à l'histoire pour savoir comment sortir. C'est à ce moment qu'une immense vague entra, s'agrippant à la parois, elle attendit que le courant se calme. En se retournant, elle trouva Draco allongeait sur le sol.

    Il s'était laissé avaler pour la sortir de là. Angélique se pencha sur lui pour demander :

    -Alors, c'est quoi ton plan ?

    -Quel plan ?

    -Le plan que t'as prévu pour nous sortir de là... tu... tu as bien un plan ?

    -Euh... non. Je n'y ai pas pensé. Pourquoi ? J'aurais dû ?

    Angélique se redressa en poussant un soupir d’exaspération et cria :

    -Evidemment que tu aurais dû ! On est coincé ici tous les deux maintenant !

    Puis, reprenant son calme :

    -Pinocchio, lui, il a fait un feu. Mais, il n'y a rien pour faire du feu.

    -Qui est ce Pinocchio ?

    -Un pantin de bois. Tout le monde le connait chez moi.

    -Oh... tu pourras le le présenter ?

    -C'est ça, c'est ça. En attendant, trouvons un moyen de sortir d'ici.

    -D'accord.

    Draco empoigna son épée et la planta dans la chaire du monstre.

     

    L'eau magique

    Le monstre hurla et des vagues gigantesques inondèrent les deux enfants. Angélique agrippa à Draco, tandis que celui-ci serré de toute ses forces la garde de son épée, en essayant de planter celle-ci le plus profondément possible. Le sang jaillit à gros bouillon qui se mélangea avec l'eau. 

    Ils avaient peine à respirer. L'eau et le sang leurs remplissaient les poumons, les aveuglés. Draco tira son épée sur le côté afin de faire une faille assez grande pour passer.

    -On y va ! cria-t-il au-dessus des tumultes de l'eau.

    Il pénétra dans la chaire avec un écœurant bruit de succion. Elle le suivit. Ils sortirent de l'autre côté couvert de sang, des morceaux de chaire et de peau accrochées à eux. Angélique se rendit compte qu'elle pouvait respirer, mais au moment où elle voulu poser des questions, Draco lui fit signe de remonter. Donc, ils pouvaient respirer, mais pas parler.

    Lorsqu'ils furent proches de la surface, il n'y eut plus d'air, mais ils durent retenir leur respiration que sur une courte distance. Une fois sortit de l'eau, Angélique demanda :

    -Dis donc, comment ça se fait qu'on peut respirer sous l'eau ?

    -Tu ne peux pas chez toi ? En fait, tu dois savoir que l'air se dissout dans l'eau. Seulement passé une certaine profondeur, il se reforme, c'est tout simple.

    -Mouais. Oh, et tant que j'y pense. Quand j'étais la-dessous, j'ai vu de drôle de truc.

    -C'est possible. On raconte que l'eau de ce marais est magique, qu'elle a notamment le pouvoir des souvenirs.

    -Et c'est quoi, ça ?

    -Disons que deux personnes sont dans l'eau, eh bien, il y en a un qui vivra un souvenir de l'autre. Mais il peut très bien revivre un de ses souvenirs.

    -Et comment le choix est fait entre ces deux personnes ?

    -Le hasard, bien sûr... qu'as-tu vu ?

    -Moi ? Heu... un souvenir d'enfance.

    -Ah... Bon, on y va.

     

    Les Dames Cygnes

    Angélique lui avait menti, s'en était-il rendu compte ? Ces gens sont tous morts. Cet enfant, était-ce là les souvenirs de Draco. Mais cette maison, pourquoi avait-elle voulu y entrer, qu'avait-elle vu ? Elle ne s'en souvenait plus.

    -Eh oh, ça va ?

    -Hein, quoi... oh, oui, ça va bien.

    Draco s'était approché sans qu'elle s'en aperçoive :

    -Quel souvenir as-tu vu dans l'eau ?

    -Pourquoi ça t'intéresse ?

    -Tu ne m'as pas dit si c'était un  de tes souvenirs.

    -Mais si.

    -Mais non, tu as dit que c'était un souvenir d'enfance. Tu n'as pas dit que c'était un de tes souvenirs.

    -Bah, c'est un de mes souvenirs d'enfance, voilà.

    -Mmmh, fit Draco d'un air soupçonneux et il s'apprêtait à reprendre quand Angélique le coupa :

    -Ecoute... on dirait un oiseau.

    -Une Rousseline, l'alouette des marais et regarde là-bas, des papillons blancs des marécages. On dirait qu'ils nous montrent le chemin, vient !

    En effet, de petits points blancs parfaitement alignés semblaient indiquer la direction à suivre.

    -Les Dames Cygnes ne doivent pas être loin.

    -Les Dames Cygnes ?

    -Oui, ce sont  des créatures douces, sages et patientes. Ceux qui les ont vu les ont décrit d'une beauté divine. La chevelure phalénique trempée de nuit ou de soleil. La peau aussi blanche et parfumée que le lys. Leurs yeux immenses sont remplis du remous du ciel.

    -Rien que ça et elles vivent où ?

    -Dans un palais retenu dans les nuages par quatre chaîne d'or.

    -Cool.

    Ils avançaient plus vite et plus surement à présent. Angélique décida de garder ses questions pour plus tard.

     

    Un froid dans le duo

    Après les marécages, ils avaient pénétré dans la forêt et s'étaient endormis, après s'être lavé dans une source. Le lendemain, ils reprirent la route. Finalement, Angélique brisa le silence :

    -Au fait, tu ne m'as toujours pas dit comment ils t'avaient puni ?

    -Mais toi, tu ne m'as toujours pas dit la vérité à propos du souvenir.

    -Bon, d'accord. C'était en fait... c'était, heu...

    -Qu'est-ce que c'était ? Je t'écoute.

    -Euh, je ne sais plus. Je ne m'en souviens plus.

    En effet, plus elle voulait se souvenir plus celui-ci s'éloigner.

    -Bon, c'est tout ce que je voulais savoir.

    -Quoi ? Tu ne voulais pas savoir de quoi il s'agissait ?

    -Non, je voulais savoir quand tu l'aurais oublié. Les souvenirs de l'eau ne sont pas éternels.

    -Sympa, fit Angélique sur un ton de mécontentement.

    -Et inutile de me poser la question, je ne te répondrais pas, reprit-elle aussitôt.

    -Oh, s'il te plaît. Ça veut dire quoi ?

    -C'est quelque chose que tu n'es pas, lui lança-t-elle les yeux enragés.

    -Mais pourquoi es-tu en colère ?

    -Parce que ma grand-mère a oublié son short, voilà pourquoi !

    Elle partit d'un pas furieux :

    -Euh... je n'ai pas trop compris. Est-ce un code ?

    -Non, un poème !! Cria-t-elle et, se retournant, lui tira la langue.

    Il n'y comprenait rien. Autant de mots incompréhensibles qu'elle accrochait les uns aux autres. Décidément, elle était très bizarre. Il remarqua que c'était la première fois qu'il la voyait en colère et en plus, il ignorait pourquoi.

    La colère la faisait trembler. Angélique ne savait pas vraiment pourquoi, mais elle en avait eu besoin. Il fallait qu'elle crie. La jeune fille avait eu du mal à se retenir de frapper, de cogner. Ça l'a soulagé de ses peurs et lui évitait les larmes.

    Draco se décida à la rattraper, espérant une réconciliation, mais elle garda le silence et ils continuèrent leur route ainsi.

     

    Une lueur blanche

    Le soir était tombé et aucun d'eux n'avaient ouvert la bouche. Draco avait l'air calme, sévère. Angélique avait du mal à définir les sentiments du garçon, tant il savait rester indifférent. Elle ne parlait pas de peur qu'il soit en colère.

    Draco regardait de temps en temps Angélique du coin de l’œil. Elle ne souriait plus et c'est ce qui lui faisait peur C'était sa première amie et il craignait de la perdre. Draco sentait la peur en lui, un sentiment qu'il n'avait sentit qu'une fois dans sa vie, il y avait neuf ans. Il avait cinq ans quand ça c'est produit. Neuf ans qu'il recherchait le cœur sans désespérer. Mis à part ce sentiment, il y en avait un autre qui grandissait en lui, lentement, doucement. Ce sentiment qui faisait bondir son cœur lorsqu'Angélique lui souriait, il n'en connaissait pas le nom.

    Il en était là de ses réflexions, lorsqu'elle lui empoigna le bras, il réprima un frisson au contact de sa main glacée. Angélique pointa le doigt vers une lueur blanche et demanda :

    -Qu'est-ce que c'est ?

    Draco ouvrit de grands yeux émerveillaient :

    -Une Dame Blanche.

    -Quoi ?! Vite, il faut partir ! s'exclama Angélique.

    Elle faisait demi-tour, mais il l'empoigna à son tour et dit :

    -Ne t'inquiètes pas. Les Dames Blanches ne passent pas tout leur temps à faire du mal. Certaine fois, elles nourrissent les promeneurs égarés, les préviennent des dangers et les guident sur le bon chemin.

    -Et comment on sait si elle est gentille ou pas ?

    -En attendant ici. De toute façon, tu n'as rien à craindre. Elle ne s'en prenne qu'aux hommes.

    Ils étaient aussi soulagés l'un que l'autre d'avoir brisé la glace. Cependant, la Dame Blanche s'avançait toujours.

     

    Dame Blanche

    Angélique se serra contre Draco. La Dame Blanche était toute proche à présent. Les enfants pouvaient apercevoir une fine silhouette. Celle-ci s'arrêta à un mère environ et les observa. Les mains d'Angélique tremblaient. Finalement, la Dame fit signe de la suivre, ce qu'ils firent... lentement. Angélique demanda :

    -On s'était perdu ?

    -C'est possible. Je n'ai pas fait attention à la route.

    Angélique fut surprise de cette réponse étant donné qu'il avait passé son temps à regarder un peu partout comme s'il prenait des marques. Elle conclut donc qu'il pouvait semblait présent sans l'être vraiment.

    Bientôt, ils s'arrêtèrent devant un lac et la Dame disparut. Angélique demanda :

    -Qu'est-ce qu'on fait ici ?

    -On va voir la fée Viviane.

    Et il plongea, entraînant Angélique avec lui.

     

    La fée Viviane

    L'eau glacée lui traversait les os. Angélique regardait autour d'elle, bien qu'il n'y ait rien à voir. L'eau était opaque, sombre et sale. L’adolescente avait l'impression de nager dans de la boue fluide. Ils leur arrivaient de voir des bouts de fer rouillé, des tissus et des morceaux de papier venaient se coller à leur vêtement et à leur visage. Cette eau écœurait Angélique qui cramponnait la main de Draco pour ne pas le perdre.

    Ils étaient à une bonne profondeur. Ils respiraient donc sans problème et bientôt, ils furent éblouis par une lueur blanche. Angélique écarquilla les yeux et put distinguer un château de cristal. Ils se dirigèrent dessus et pénétrèrent dans un hall gigantesque. Devant eux se trouvait un escalier menant à une porte immense, tandis qu'à leur droite et à leur gauche, il y avait deux portes simples. Tout était d'un blanc éclatant.

    Une sirène vint et les conduisit par la porte de droite. C'est seulement qu'Angélique demanda :

    -Qu'est-ce qu'on fiche ici ?

    -Pardon ?

    -Qu'est-ce qu'on fait ici ?

    -La Dame du Lac va nous recevoir. Elle veut nous aider dans notre enquête.

    -La Dame du Lac ? Celle du roi Arthur ?

    -Evidemment.

    Angélique était sidérée, il ignorait sûrement qui était Jeanne d'Arc, mais il connaissait le roi Arthur. Elle était impatiente de rencontrer Viviane.

     

    Angélique est motivée

    La sirène poussa la porte et les fit entrer. Ils étaient dans la chambre de la fée. Celle-ci était allongée sur un lit, le teint verdâtre et les yeux gonflés. Elle leur fit signe d'avancer et parla d'une voix rocailleuse et grave :

    -Te voilà enfin, petit garçon.

    -Qu'avez-vous ? demanda Angélique plus qu'étonnée, car ce n'était pas vraiment l'image qu'elle avait de la célèbre fée.

    -La pollution de mon eau me ronge.

    -Il faut vous soigner. 

    -Seule Morgane vengeresse possède des baumes pour toutes les blessures.

    -Eh bien, il faut que quelqu'un aille lui en demander.

    -Ce n'est pas si simple, intervint Draco, Morgane est une mauvaise fée et ne voudra certainement pas nous en donner.

    Angélique réalisa alors :

    -La fée Morgane ? La fille d'Uther Pendragon et demi-sœur du roi Arthur ?

    -Tu la connais ?

    -Sûr, tout le monde les connaît là d'où je viens. Arthur, les chevaliers etc..., mais j'irais chercher ce baume quand même, na.

    -Je t'accompagne, mais je te préviens le Val sans retour est un lieu redouté. 

    -Génial. Au fait, pourquoi sommes-nous ici ?

    -J'ai des renseignements sur le cœur, dit Viviane.

    -Alors, ce sera un échange, le baume contre les renseignements. On y va, alors ?

    Angélique sortit de la pièce à grands pas. Draco attendit qu'elle soit sorti pour dire :

    -Il faut l'excuser, elle n'est pas d'ici.

    Et il la suivit. Ils sortirent de l'eau et se dirigèrent vers le Val sans retour.

     

    Viviane et Morgane

    -Alors, c'est quoi ce Val sans retour ? avait attaqué Angélique à peine sortit de l'eau.

    -Le Val sans retour est un lieu créé par Morgane pour les hommes infidèles. Ceux-ci, s'ils s'y aventurent, y restent prisonniers.

    -Pourquoi fait-elle ça ?

    -Avant elle vivait au château d'Arthur, mais un jour, elle rencontra Guyomar, le cousin de Guenièvre, la femme d'Arthur, elle en tomba amoureuse et purent se voir en secret. Jusqu'au jour où Guenièvre les surpris et les sépara. Morgane a gardé une haine profonde contre celle-ci et quitta le château. Cependant, elle retomba amoureuse d'un chevalier, mais le cœur de cet homme était déjà pris. Elle le surprit avec une autre femme, dans un val et, folle de rage, elle édifia une barrière invisible entourant le val. Le chevalier resta enfermé tandis que la femme dut emprisonnée dans la glace jusqu'à la taille et le feu tout le reste du corps. Morgane fit construire des maisons et une chapelle et du haut de sa tour de ferré, elle gouverne les lieux. La fée sage et rêveuse devint Morgane vengeresse.

    -Et pour ce qui est de Viviane ? Elle n’avait pas emprisonné Arthur pendant un moment ?

    -Si, mais par amour. Elle voulait lui épargner la trahison de Guenièvre et de Lancelot.

    -C'est pas elle qui avait élevé Lancelot ?

    -En effet, elle l'avait enlevé à sa mère selon la coutume des fées et élevé pour être chevalier fée, mais c'est une autre histoire.

    -Et son château comment elle l'a eu ? Et avait-elle des parents ?

    -Le château de cristal a été construit en une nuit par Merlin. Pour ce qui est de ses parents, on l'a dit fille de la lune et de l'eau. Elle est la dame du lac. Certains prétendent même que c'est une nymphe.

    -Merci pour tes précisions, faut dire que tu t'y connais.

    -De rien. Au fait, que signifie "sympa" et "génial" ?

     

    Le Val sans retour

    Ils mirent une demi-journée pour arriver au Val sans retour. Le voyage s'était passé sans incident et cela avait reposé Angélique. Ils passèrent des collines verdoyantes et descendirent vers les maisons qu'ils apercevaient en bas. Avant d'y pénétrer, Angélique demanda :

    -C'est sous quelles conditions qu'on peut sortir de ce trou ?

    -Il n'y a pas de trou.

    -Trou est un mot qu'on utilise chez moi pour parler d'un village paumé, c'est-à-dire loin de tout.

    -Donc trou et paumé ont le même sens ?

    -Ouais, si tu veux. Et si tu répondais à ma question ?

    -Eh bien, seul les hommes fidèles peuvent ressortir, quand aux filles, elles n'ont rien à craindre... je crois. 

    -Tu crois. Eh ben, je te signale que si c'est pas bon, je passe le reste de ma vie ici. A ce prix-là, faudrait peut-être en être sûr.

    Sans l'écouter, Draco entra. Elle marmonna quelque chose d'incompréhensible et le suivit.

    Les rues étaient vides et sombres. Il n'y avait aucun bruit et cela leur glaçait le sang, sans vraiment savoir pourquoi. Draco s'arrêta. Angélique suivit son regard et aperçut une immense tour ferrée et glaciale. La jeune fille dit tout bas, comme par peur que Morgane entende :

    -Tu parles d'un loft.

    Draco ne fit pas attention et se dirigea fermement vers l'édifice. Ils se trouvèrent bientôt devant une haute porte, bordait de clous et s'arrêtèrent à nouveau :

    -Qu'est-ce qu'on risque en entrant ? demanda Angélique.

    -La mort, pourquoi ? dit Draco le visage sombre.

    -Et moi qui croyait que ça pouvait pas être pire.

    Les portes s'ouvrirent et ils entrèrent.

     

    Morgane vengeresse

    Au fur et à mesure qu'ils avançaient des torches s'allumaient sur leur passage. Lorsqu'ils étaient entrés, ils s'étaient trouvés face à un couloir qu'ils suivaient depuis maintenant pas mal de temps.

    Les murs étaient noirs, en pierre, des gouttes d'eau courraient sur toute leurs surface. Le sol était inondé. Angélique avait de l'eau dans ses chaussures, mais Draco avait dû fabriquer ses bottes en prévoyant ce genre d'incident.

    Un vent venant de nulle part, les faisait frissonner en poussant des cris de fantôme, au loin, le son d'une goutte d'eau qui semblait tomber éternellement sur le sol froid.

    Le couloir étroit les serrait l'un contre l'autre et cela remit en mémoire, à Angélique, leur dispute, si on pouvait appeler ça ainsi. Elle se demanda de nouveau pourquoi elle s'était énervé et, avec le recul, remarqua que la peur n'était pas sa seule raison. Peut-être aurait-elle souhaité que Draco s'intéresse plus à elle. Non, ça ne lui ressemblait pas de penser à ce genre de truc. Angélique tourna légèrement la tête et observa Draco.

    Celui-ci semblait nerveux et s'apprêtait à dégainer son épée à tous moments, elle avait appris à reconnaître ce genre de chose à la façon dont il serrait les poings. Ils débouchèrent dans une pièce immense et se retrouvèrent face à un siège en bois sculpté en forme de pomme.

    -Bah, niveau trône, j'ai vu mieux.

    Draco la regarda d'un air interrogateur.

    -Je te jure. A la télé.

    Il se détourna sans poser de question et observa de nouveau la pièce. Des fenêtres gigantesques, situées derrière le trône, illuminaient la pièce. Il y avait deux portes à droite et à gauche de celui-ci.

    Elle surgit de celle de droite et avança droit sur eux, s'arrêtant en face de Draco. Grande et belle, elle le fixait d'un air amusé :

    -Je sais pourquoi vous êtes ici, dit-elle d'une voix profonde, mais si vous voulez sauver Viviane, vous devrez répondre à mon énigme.

    Draco ouvrit la bouche pour répondre, mais Angélique le coupa :

    -Ça roule.

    Morgane sourit et s'éloigna.

     

    L'énigme

    Angélique rejoignit Draco et lui souffla :

    -Reste zen, on va la trouver la réponse.

    Draco lui répondit, passablement énervé :

    -Tu n'es pas d'ici, alors, dorénavant, laisse-moi prendre les décisions. De plus, sache que personne n'a su répondre à l'énigme de Morgane.

    Elle ne répondit pas. Ils suivaient Morgane dans un couloir plus éclairé grâce aux fenêtres qui bordées les murs. Elles les mena devant neuf portes, portant chacune un numéro et dit :

    -Derrière chaque porte, il y a soit un tigre, soit le vide ou un baume. Votre but étant de trouver le baume, vous avez une chance sur neuf. Sur chaque porte, il y a une fiche. Sachez que celles qui sont sur la porte d'une cellule qui contient un tigre mentent, que celles qui sont sur la porte d'une cellule vide ne dit rien et que seul celle sur la porte du baume dit vrai. Voici : Cellule 1 : Le baume est dans une cellule dont le numéro est impair. Cellule 2 : Cette cellule est vide. Cellule 3 : L'affiche 5 est vraie ou l'affiche 7 est fausse. Cellule 4 : L'affiche 1 est fausse. Cellule 5 : L'affiche 2 ou l'affiche 4 est vraie. Cellule 6 : L'affiche 3 est fausse. Cellule 7 : Le baume n'est pas dans la cellule 1. Cellule 8 : Cette cellule contient un tigre et la cellule 9 est vide. Cellule 9 : Cette cellule contient un tigre et l'affiche 6 est fausse. Vous avez un jour et une nuit pour réfléchir. 

    Elle s'éloignait lorsqu'Angélique lui demanda :

    -Vous pourriez au moins, nous donner un indice.

    -Je vais être généreuse car vous êtes des enfants. Sachez seulement que la cellule 8 est occupée, répondit Morgane avant de disparaître.

    Draco se tourna vers Angélique et demanda :

    -Pourquoi voulais-tu savoir cela ? Nous n'avons aucune chance de trouver le baume.

    -J'ai fait que de conneries depuis qu'on est allé chez Viviane, alors je veux essayer de me racheter. Maintenant que je sais que la cellule 8 n'est pas vide, j'ai un point de départ.

    Angélique réfléchit et demanda à Draco :

    -T'aurais pas quelque chose pour écrire ?

    Draco se baissa et sortit un poignard de sa botte. Elle le prit et commença à graver des signes dans la pierre.

     

    Un sommeil mal tombait

    Draco ouvrit les yeux, il s'était endormi lorsqu'Angélique avait commencé à écrire sur le troisième mur A présent, le sol était couvert de solutions barrées, les unes après les autres. Il se leva et chercha Angélique du regard. Il l'a trouvé endormi dans le couloir. La jeune fille tenait encore le poignard usé et sa main était rouge d'avoir gravé toute la nuit. Draco observa la dernière gravure sur le sol. C'était un 7 entouré. Il la secoua doucement pour la réveiller, elle ouvrit des yeux gonflés et lui sourit. Draco demanda :

    -Alors, as-tu trouvé ?

    Elle répondit d'une voix éraillée par la fatigue :

    -No problemo.

    Draco fronça les sourcils et s'apprêtait à demander des explications lorsque Morgane fit irruption dans le couloir :

    -Auriez-vous trouvé la solution ?

    Angélique s'appuya sur un coude et regarda Morgane, elle voyait flou. Ses yeux pleuraient tout seul sous la fatigue et sa tête se ballottait sur ses épaules. Draco se plaça dans son dos pour la soutenir. La jeune fille ouvrit la bouche et, c'une voix faible, tournant la tête de temps à autre pour regarder ses écrits, récita :

    -Le baume ne peut pas être dans la huitième cellule, car, s'il y était, l'affiche dirait la vérité, or elle affirme que la cellule contient un tigre. Donc, la cellule 8 ne cache pas le baume et comme elle n'est pas vide, elle contient un tigre et son affiche ment. On en déduit que la cellule 9 est occupée par un tigre, car si c'était un baume, l'affiche dirait vrai et, comme elle affirme qu'il y a un tigre derrière la porte, il y aurait une contradiction. Mais, alors, l'affiche 6 dit la vérité, sinon la 9 dirait la vérité, ce qui est faux. Comme l'affiche 6 dit la vérité, la 3 ment et cela entraîne que la 5 ment et que la 7 est sincère. Comme la 5 ment, il est de même des 2 et 4 et du fait que la 4 ment, la 1 dit vrai.

    Brusquement, Angélique s'écroula sous le poids de la fatigue dans les bras de Draco.

     

    Est-ce la bonne réponse ?

    -Eh bien, j'attends !

    Morgane s'impatientait. Les tentatives de Draco pour réveiller Angélique s'étaient montrées vaines. A présent, il essayait de réfléchir, en regardant les notes de la jeune fille, il notait lui-même, à côté de celles-ci, les affiches qui disaient vrai ou faux, en essayant de ce souvenir de ce qu'avait dit Angélique.

    Pendant de longues minutes, il se concentra afin de se remémorer les paroles d'Angélique et, finalement, cela donna : 1 - vrai, 2 - faux, 3 - faux, 4 - faux, 5 - faux, 6 - vrai, 7 - vrai, 8 - faux, 9 - faux. Il se tourna vers Morgane :

    -J'ai trouvé la solution.

    -Eh bien, il était temps, répondis celle-ci.

    -Le baume ne peut-être que dans la première, la sixième ou la septième cellule, puisque leurs affiches disent vrai. Comme l'affiche 7 est sincère, le baume n'est pas dans la cellule 6 et il n'est pas non plus dans la cellule 1 puisque 7 dit vrai. Par conséquent, le baume est dans la cellule 7.

    Morgane se dirigea, suivit de Draco, vers la cellule 7. Elle se tourna vers lui et le fixa d'un regard étrange avant d'ouvrir la porte. Il s'avança, il n'y voyait rien. Il fit un pas et sortit son épée, si ce n'était pas la bonne cellule, il y avait certainement un tigre ici. Il sursauta en entendant la porte se refermer dans un bruit sourd, suivit par un rugissement. Draco se mit en posture de combat et regarda de tous les côtés. Il n'y voyait décidément rien.

    Un nouveau rugissement, Draco se tourna. Celui-ci venait du mur à sa droite. Il s'avança avec précaution. Bientôt, il se retrouva contre le mur, il y appliqua l'oreille et entendit un grondement dans la cellule d'à côté.

    Draco s'autorisa un soupir de soulagement. Il rangea son épée et une main sur le mur se mit à chercher le baume. Il le trouva posé dans un coin. Morgane les libéra. C'est donc avec Angélique sur son dos et le baume sous le bras qu'il prit la direction du lac.

     

    Influence

    Angélique ouvrit les yeux. Tout était flou. Elle les referma et les ouvrit de nouveau. Draco était assis à côté de son lit, lorsqu'il la vit ouvrir les yeux, il lui sourit. L’adolescente lui rendit son sourire et demanda :

    -J'ai dormi combien de temps ?

    -Une journée seulement.

    -Oh, et qu'as-tu fais pendant cette journée ?

    -J'ai donné le baume à Viviane. Elle était à peine guérit que l'eau est redevenu telle qu'elle était.

    -Ah, elle doit être nickel chrome alors.

    Draco resta un moment sans bouger et demanda :

    -Pardon ?

    -Rien, laisse tomber.

    Il s'apprêtait à dire quelque chose, mais Angélique lui coupa la parole :

    -Oui, je sais que tu ne tiens rien.

    Il sourit et voulu reprendre la parole, mais elle reprit sur un ton joyeux :

    -C'est dingue, je rêve. C'est la deuxième fois que tu me souris en moins de cinq minutes. Tu t'es levé de quel pied ce matin ?

    -Euh... je sais pas. J'ai pas fait attention.

    Angélique le regarda d'un œil amusé :

    -Et c'est aussi la première fois que tu oublies le "ne" et tu n'as pas dit "je n'ai pas", y a pas à dire je t'influence.

    Draco était un peu perdu. Le regard qu'elle lui lançait le troublé. La porte s'ouvrit alors, et une sirène les invita à venir manger. 

    Lorsque Viviane apparut, elle était habillée d'une parure naturelle et sauvage de la Nymphe Fée des fontaines, faite de voiles, de lentilles d'eau et de fleurs aquatiques. Robe de cour des dames de Camelot. Hennins antennules, jupes étoilés et interminables traînes tenues par des cortèges de petits pages ailés. Elle sourit et les invita à s'asseoir.

    Angélique remarqua qu'elle avait retrouvé sa beauté.

     

    Nouvelle mission

    Après le repas, Draco avait décidé de partir tout de suite, ils avaient donc fait leurs adieux à Viviane. Cependant, au moment où ils s'apprêtaient à franchir la porte, celle-ci rappela Angélique qui échangea un regard avec Draco avant de la rejoindre.

    Une fois toutes les deux seuls, Viviane dit :

    -Draco m'a raconté vos aventures et j'aimerais savoir si tu te souviens de ce souvenir que tu as vu dans l'eau ?

    -Non, je sais juste que ce n'était pas un des miens et que j'étais terrifié.

    -C'est, comme tu as dû le deviner, un souvenir de Draco et je pense qu'il est grand temps que tu en saches plus sur lui. Si tu es d'accord, je te ferais plonger dans ses souvenirs.

    -Dans... dans ces souvenirs ? A lui ? bredouilla Angélique.

    -Oui, j'ai reçu d'un gnome une poudre qui permet de pénétrer les souvenirs des gens. 

    -Mais... ce son ses souvenirs, je n'ai pas le droit de faire ça. Ses souvenirs sont à lui. 

    -Ne t'inquiète pas, il m'a donné son accord.

    -Comment ça se fait ?

    -Il espère que tu lui apporteras des précisions, des détails qu'il a oublié.

    -Oublié ? Comme quoi ?

    -Le visage de sa mère, son sourire, sa voix, son rire, ses yeux. Il veut savoir si sa mère l'aimait ou le haïssait. Il veut savoir le prénom qu'elle lui avait donné. 

    -Il ne se souvient pas de sa mère ? Mais Draco, c'est pas son prénom ? Et pourquoi sa mère ne l'aimerait pas ?

    -Draco est le prénom que des hommes lui ont donné et sans le viol de sa mère, il ne serait pas là aujourd'hui. Il y a donc de forte chance pour qu'elle l'ai haït.

    -Mais, pourquoi il se souvient pas de son enfance ?

    -Ça, c'est à toi de le découvrir. 

    Angélique réfléchit une seconde et répondit :

    -Je suis partante.

     

    Les enfants

    C'était simple, il fallait qu'Angélique s'allonge et pense très fort à Draco, tandis que Viviane lui mettait un peu de poudre, jaune et scintillante, sur le front. Elle avait été prévenu qu'une fois dans le souvenir, elle ne serait vue ou entendu de personne, que personne ne pourrait la toucher comme un fantôme.

    En quelques instants, elle fut plongée dans le souvenir.

    Elle se retrouva dans un village entourait de forêt, l'allée principale où elle se trouvait été jonchée de petits cailloux, de part et d'autre de celle allée, des maisons de pierre. Tout au bout, il y en avait une plus petite.

    Angélique entendit des cris venir de là. Elle se dirigea donc vers la maison, en fit le tour et aperçut des enfants qui semblaient frapper quelque chose. La jeune fille s'approcha, elle était à moins d'un mètre d'eux et pu voir une main tendu qui semblait demander pitié. Elle resta sidéré, les gamins le frappaient, lui lançaient des pierres, l'injuriaient, l'insulte qui revenaient le plus souvent était "bâtard".

    Angélique se jeta sur eux pour les séparer, mais ses mains passaient à travers leurs corps. Elle se souvint qu'elle ne pouvait rien faire. La jeune fille recula et chercha désespérément quelqu'un qui pourrait mettre un terme à cette bagarre.

    Brusquement, une femme sortit de la maison, Angélique l'observa, elle était brune aux cheveux bouclés et aux yeux bleu nuit. Sa peau était blanche, elle était fine et svelte. Plus que marcher, elle semblait danser, légère et gracieuse comme si elle avait peur de briser le moindre brin d'herbe. Elle était habillé d'une robe marron déchirée et marchait pieds nus.

    Elle s'élança en criant  sur les enfants :

    -Lâchez-le ! Foutez le camp !

    Elle les arracha un à un, jusqu'à ce qu'il décampe tous. Angélique put apercevoir le petit garçon blond, aux vêtements déchiraient et tachaient de sang, d'environ trois ans. Cela lui fit drôle de le voir si petit, si fragile. Recroquevillé, les jambes remontaient jusque sous le menton, les bras entourant sa tête, Draco tremblait légèrement.

     

    La mère de Draco

    Il était pieds nus lui aussi, lorsque tous les enfants eurent disparus, la femme se jeta sur Draco et le serra très fort dans ses bras. Angélique sourit, elle lui trouvait un air de Blanche-Neige. Draco se blottit contre elle et se mit à pleurer, pleurer comme tous les enfants. Angélique se demanda alors, à quel moment il avait changé. Mais pour l'instant, elle devait en savoir plus sur cette femme, elle s'accroupit donc à côté d'eux et entendit la femme murmurait :

    -N'est plus peur, mon Angelot, c'est fini maman est là.

    Elle le serra encore plus et lui posa un baiser dans le coup. Angélique aussi était heureuse, elle connaissait à présent le vrai prénom de Draco, sa mère et les sentiments qu'elle éprouvait pour lui.

    Brusquement, un tumulte s'éleva dans l'air, des hommes et des femmes s'approchèrent. Sûrement les parents des autres, pensa Angélique à leur approche la mère de Draco se leva.

    Alors, ils commencèrent eux aussi à l'insulter, un homme s'avança et lui fit face, faisant taire les autres.

    -Toi et ton fils, vous n'êtes pas les bienvenus ici, vous ne l'avez jamais été, alors, fichez le camp !

    -On est chez nous ici, on a le droit autant que vous d'avoir une maison !

    -Non, pas les putains ni leur bâtard de fils !

    -Vous ne valez guère mieux, je préfère que mon fils soit un bâtard plutôt qu'une brute sans cervelle comme vos morveux !

    Angélique n'arriva pas à suivre ce qui suivit, elle entendit juste la gifle, puis vit la mère d'Angelot par terre. Celui-ci se précipita sur la jambe de l'homme et planta ses dents dans la cuisse, l'homme hurla et le repoussa d'un violent coup de pied, puis les gens s'éloignèrent.

    La mère d'Angelot était resté étendue sur le sol, la face cachée par ses bras, elle pleurait. Angelot s'approcha et la serra très fort dans ses bras en murmurant :

    -N'ai plus peur, ma maman, c'est fini Angelot est là.

    Il la serra encore plus et lui donna un baiser dans le coup.  Elle se tourna et se mit à rire. Angélique remarquait que sa voix était douce comme un chant d'oiseaux, mais brisé par le malheur, qu'elle riait mais qu'elle n'était pas heureuse. 

     

    La mort d'Angelot

    Il faisait nuit. Angélique venait de passer dans un autre souvenir. Le village et la forêt était en feu. Les morts jonchaient le sol à la place des cailloux.

    La jeune fille cherchait Angelot des yeux. Elle le trouva. Il avait l'air plus grand, il devait avoir cinq ans à présent. Il courrait. Angélique l'observa. Ses traits défiguraient par la peur. Les larmes coulaient à torrent sur ses joues, il courrait vers la maison au bout. Elle le suivit. C'était la première fois qu'elle le voyait ainsi et se souvenir était, elle n'en doutait pas, celui des eaux. Aussitôt, tout lui revint. Elle avait été Angelot, elle avait ressenti sa peur. L'adolescente le vit entrer dans la maison et le suivit.

    Le garçon était debout, tremblant plus de peur mais de rage. Angélique leva la tête. Sa mère était pendue là, le corps couvert de plaie et éventrait. Ils l'avaient probablement torturé. Le sang s'était rependu dans toute la pièce. 

    Angélique se mit face à Angelot. Ce qu'elle vit la surpris. Il y avait des étoiles dans la nuit de ses yeux. Il sortit, suivi de près par la jeune fille. Les brigands n'étaient pas encore parti. Il les rejoignit et hurla :

    -Pourquoi vous avez fait ça ?!

    -On t'avait prévenu, bâtard. C'est ta punition.

    Angélique connut alors la punition infligée à Draco pour avoir défendu une idée. Celui-ci se jeta au cou du brigand. La jeune fille resta écœurée, horrifiée par ce qu'elle vit. Angelot lacéra le visage de l'homme avec ses ongles, avant de planter ses dents dans sa gorge et la lui arracha à moitié. Il fallut une minute à l'homme pour mourir. Le garçon, les mains et la bouche pleines de chair et de sang, se précipita sur les autres. Un caillou en main.

    Il était vif et rapide. Ils n'arrivaient pas à l'attraper. Angelot brisa les jambes du premier, fit éclater le crâne du second et planta son caillou dans le ventre du troisième, mais il fut finalement attrapé par les deux hommes restants et emmené. Lorsqu'il tourna la tête, Angélique vit qu'au lieu d'étoiles, ses yeux étaient à présent, tout emplis d'un dragon de flamme rugissant.

    La jeune fille avait observé la scène en silence, pleurant doucement. C'était fini. Elle le savait, c'est dans la maison au bout qu'Angelot était mort et c'est en tuant cet homme que Draco est né.

     

    Le réveil

    Angélique se réveilla, tremblante, en larme. Elle était de retour chez Viviane. Draco se tenait devant la porte et la regardait. 

    Elle se redressa et regarda Viviane qui avait l'air inquiet. La jeune fille ne fit pas attention, elle se leva et observa Draco. Il n'avait rien à voir avec le petit garçon fragile. C'était à présent un adulte dans le corps d'un enfant. Elle le fixa dans les yeux. Elle y vit les étoiles d'Angelot, mais les flammes du dragon de Draco les emprisonnaient.

    Ainsi, Angelot n'était pas mort, mais prisonnier. Angélique décida de le libérer, de donner une seconde enfance au garçon, une vraie cette fois.

    Elle sourit et se plaça en face de lui, à moins d'un mètre et lui dit :

    -Elle t'aimait plus que tout et, en plus, c'était la plus belle.

    Draco sourit et retint ses larmes pour demander :

    -Et son prénom est le même que le mien.

    Elle sourit et le serra dans ses bras. Draco frissonna. Personne ne l’avait serré dans ses bras depuis son enfance. Elle lui murmura :

    -Elle c'était Angélique et toi, tu t'appelles Angelot.

    La jeune fille lui posa un baiser dans le coup et s'écarta un peu. De nouveau, elle regarda ses yeux et sourit. Des étoiles, très peu, s'était échappées de la barrière de feu. Draco, lui, avait eu comme des éclairs, des bribes de souvenir. Cette étreinte, ces baiser, un rire, une voix, si loin. Une larme se mit à couler, juste une, jamais plus.

    Viviane prévint Angélique que la poudre mettrait du temps à partir et que, pendant ce temps, elle pourrait encore tomber dans les souvenirs. Ils la remercièrent et reprirent leur route.

    Une fois assez éloignée, Angélique demanda :

    -Au fait, c'était quoi ces renseignements ?

    Draco sourit, heureux de la retrouver inchangée.

    -Elle m'a dit que'il n'était pas d'ici, mais qu'il battait pour l'arbre. 

    -Il ?

    -Le cœur.

    -Et c'est tout ? Tu parles d'un renseignement.

    Ils s'arrêtèrent dans une clairière pour la nuit.

     

    Torture

    Allongée sur le côté, Angélique hésitait à penser à Draco. Elle voulait en savoir plus sur son passé. Finalement, elle ferma les yeux et se retrouva dans une salle aux murs rouges. A sa droite, un escalier montait, à sa gauche, une cheminée où un feu brûlait. Elle ne bougeait pas, tétanisée par ce qu'il y avait en face d'elle. Il était plus grand, d'environ dix ans, couvert de plaies et de sang, enchaîné au mur. Draco gardait la tête courbée et le reste de son corps en avant. Des hommes entrèrent. La jeune fille reconnut les deux qui avaient capturé le garçon. L'un d'eux prit la parole :

    -Y a pas à dire, t'es solide. Mais tu vas finir par crever.

    Il partit d'un rire tonitruant, suivi par ses congénères. Draco redressa la tête et fixa l'homme dans les yeux, lui sourit et lui cracha à la figure, pas de la salive, mais du sang.

    L'homme, furieux, s'essuya et alla prendre un fer qu'il fit chauffer. Une fois qu'il fut rouge, il l'appliqua sur une plaie encore ouverte. Angélique détourna les yeux, mais elle n'entendit aucun cri, aucun pleurs, aucune plainte. Draco ne sentait plus la douleur.

    Tout comme la première fois, elle supplia de partir et se retrouva sur l'herbe verte et parfumée. Elle se tourna vers Draco. Celui-ci, sur le dos, un bras sous la tête, fixait le ciel étoilé. Angélique resta un moment à l'observer, se demandant à quoi il pensait, puis elle s'endormit.

    Draco ne pouvait s'enlever cette étreinte de la tête, cela lui avait rappelé celle de sa mère, mais ce n'était pas pareil. Il s'était senti bizarre lorsqu'Angélique l'avait pris dans ses bras, il s'était senti heureux pour la première fois depuis sa naissance. Vraiment et totalement heureux, ce que jusque là, il n'avait jamais été. Il aurait voulu qu'elle le tienne pour toujours. Cette réflexion lui rappela le sentiment étrange qui le rendait si faible quand elle s'approchait. Il fallait qu'il sache ce qu'il avait. Se tournant vers Angélique, il la regarda. La jeune fille était éclairée par la lune. Il se détourna en sentant son cœur s'emballer et décida de dormir. 

     

     Le démon

    -Non, mais c'est quoi cet endroit ?

    Ils avaient pénétré, dès leur réveil dans une forêt dense où s'entremêlaient lianes et ronces, fougères et orties.

    -T'inquiètes pas, on y est.

    -Il n'y a pas à dire, j'ai de l'influence.

    Angélique pressa le pas et réussit à rejoindre Draco qui était à quelques mètres devant. Une fois à ses côtés, elle put entrapercevoir la mer à travers les arbres. Cinq minutes plus tard, ils étaient au bord de l'eau.

    -Cool et on fait comment pour traverser ?

    La mer s'étendait immense et sans limite. Draco se dirigea près d'un taillis et en sortit une barque. Celle-ci était attachée à une corde qui joignait les deux bords de mer.

    -Génial, ton Titanic, on embarque ? s'exclama Angélique examinant la barque, l'air soupçonneux.

    -Ouais, elle est ici pour faire traverser les gens, mais depuis quelques temps, personne n'arrive de l'autre côté.

    Ils observèrent l'horizon un moment, anxieux. Angélique monta, puis Draco poussa l'embarcation avant de monter à son tour. La brume s'installa brusquement, le garçon et la jeune fille étaient l'un contre l'autre au milieu de la barque. Draco murmura comme s'il avait peur que quelqu'un d'autre qu'Angélique puisse l'entendre :

    -Méfie-toi. Lange-Wapper peut-être n'importe où.

    Angélique demanda alors en parlant normalement :

    -C'est quoi Lange truc ?

    -Chut, moins fort. C'est un démon qui semait la terreur avec d'autres démons. Ils dévoraient les troupeaux, pillaient les fermes, tuaient ou enlevaient les jeunes filles. Un jour,il y eut une procession dans le but de les exorciser. Un doyen portant une croix en or, suivi par des moines et des capucins priant, déposèrent des chapelets de conjuration aux quatre points cardinaux du bosquet maudit, lieu de refuge des démons. Le doyen récita les commandements et après chacun d'eux, il aspergea le bosquet d'eau bénite. Au crépuscule, tous les démons étaient partis en fumée, sauf Lange-Wapper qui survécu. Peu de temps après, les brigands le repoussèrent vers la mer. Lange-Wapper déteste les hommes et craint les chapelles. Il se nourrit d'algues et de chair fraîche, se métamorphose sans cesse en bébé, en jeune fille, en chien pataud ou en confiseur. Cependant, il adore les enfants et aime jouer avec en se métamorphosant en enfant.

    Draco se tut, laissant à Angélique le temps de repenser à ce qu'elle venait d'apprendre.

     

    La renaissance d'Angelot

    Angélique réfléchit longuement avant de demander :

    -Les hommes, il les dévorent ?

    -Ouais.

    -Mais pas les enfants.

    -Ouais, on a sans doute rien à craindre, mais on sait jamais.

    Rien à craindre, pensa Angélique. Angelot et elle n'avaient rien à craindre, mais Draco ? Soudain, celui-ci fut tiré hors de la barque :

    -Draco ! hurla Angélique en essayant de l'attraper.

    Draco réussit à s'agripper au bord de la barque manquant de la faire chavirait :

    -Angélique ! Aide-moi !

    Elle lui prit les poignets et s'apprêtait à tirer, lorsque la créature sortit de la brume. Elle était haute d'environ dix mètre, le corps recouvert d'écailles, avec un visage de poisson, les yeux globuleux, de longues jambes palmées qui semblaient le maintenir sur l'eau. Il cramponnait Draco par une jambe, sa laideur glaçait le sang.

    Angélique bouche bée, n'arrivait pas à bouger. Draco l'appela de nouveau lorsque Langue-Wapper tira pour le faire lâcher. La barque fut secouée violemment, la jeune fille tomba en arrière et se redressa avec peine, puis une idée lui vint :

    -Draco, libère Angelot ! cria-t-elle.

    -Quoi ? répondit celui-ci, s'agrippant du mieux qu'il pouvait.

    -Angelot, il faut que tu viennes ou Draco et toi allez vous faire bouffer !

    -Mais, qu'est-ce que tu racontes ?

    Angélique fut surprise. Draco ne semblait pas connaître l'existence d'Angelot, du moins, ne le sentait pas sommeiller en lui.

    Les yeux de l'adolescente se posèrent alors sur l'épée que Draco portait toujours dans son dos. Elle se précipita sur lui pour lui glisser à l'oreille en empoignant la garde :

    -Angelot, magne-toi ou je vais me mettre en colère.

    Angélique tira l'épée, surprise par son poids, elle la prit à deux mains pour pouvoir la soulever. Elle évalua la distance entre le démon et elle, mais fut découragée. C'était trop long pour sauter. La jeune fille regarda autour d'elle et son regard tomba sur Draco, puis sur la main du démon, puis sur son bras. 

    Le garçon réfléchissait à ce que lui avait dit Angélique et sentit brusquement une douleur à l'intérieur, un malaise l'envahit. Il entendit l'adolescente lui demander pardon et sentit un poids sur son dos pendant deux secondes, mais quand même.

    Angélique avait couru pour ne pas rester longtemps que Draco, à présent, elle était à cheval sur le bras du démon, leva les bras au-dessus de sa tête et planta, d'un geste brusque, l'épée dans la chair du monstre qui hurla.

     

    La moitié

    Angélique était secouée dans tous les sens. Langue-Wapper sous la douleur avait lâché Draco, qui avait pu remonter dans la barque. Le démon balançait son bras en tout sens dans l'espoir de faire tomber l'épée, toujours fichait dans celui-ci avec Angélique agrippait à la garde.

    Le sang coulait à gros bouillon sur le membre et Angélique en était couverte, épuisée, elle essayait de remonter sur le bras. Lors d'une secousse, elle avait atterri à côté de celui-ci. Cependant, avec un brusque mouvement de rage, la créature réussit à éjecter la jeune fille qui vola sur quelques mètres avant de tomber à l'eau.

    Elle nagea pour rejoindre la surface. Une fois à l'air libre, elle sentit une douleur foudroyante sur son crâne et tout devint noir.

    Draco prit son épée de la main droite et entoura la taille d'Angélique de son bras gauche, après avoir rangeait son arme, il regagna la surface. Il monta sur la barque et hissa la jeune fille à l'intérieur. 

    Tout était flou dans sa tête, lorsqu'Angélique sentit un léger souffle chaud sur son visage. Elle fronça les sourcils avant d'ouvrir les yeux. Draco était penché sur elle et soufflait doucement sur son visage pour la réveiller. Il sourit en la voyant ouvrir les yeux et dit :

    -C'est comme ça que maman me réveillait.

    Angélique le fixa dans les yeux et sourit, la moitié des étoiles étaient sortis de leur prison de flamme. Elle demanda :

    -Comment t'a fait pour Langue-Wapper ?

    -Bah, je ne sais pas. Quand l'épée s'est envolée, il m'a regardé un moment et il est parti. 

    -Angelot s'est réveillé à temps.

    -Pardon ?

    -Rien.

    Angélique se redressa et pu, ainsi, remarquer qu'ils avaient atteint l'autre rive. Elle sentit une douleur au front. Posant une main à l'endroit douloureux et quand elle la retira, celle-ci était couverte de sang :

    -Qu'est-ce qui m'est arrivé ?

    -Tu as reçu mon épée sur la tête. Tu as été assommé.

    -Ouille.

    Elle se releva et dut se maintenir à l'épaule de Draco, prise de tournis :

    -Bon, où est-ce qu'on va ?

    -Pardon ?

    Angélique se mit à rire et Draco, gênait, en la voyant, se sentit totalement heureux et sourit en se sentant rougir.

     

    Trop mimi

    Ils marchaient depuis une heure dans une forêt aux arbres décharnés, sans feuilles, pas un souffle de vent, le sol n'était que de la terre froide et rouge sang. Le ciel était couvert de nuages gris, sombres et menaçants.

    -Cette terre est maudite. On entre dans le territoire des brigands. Soyons discrets, avait dit Draco avant de pénétrer dans la forêt.

    Cela faisait une heure. Une heure silencieuse ou Angélique n'avait cessé de penser au dernier souvenir qu'elle avait volé à Draco. Ni tenant plus, elle murmura :

    -Draco.

    Il répondit sur le même ton :

    -Quoi ?

    -Hier soir... j'ai... je suis retourné dans tes souvenirs.

    Elle le regarda du coin de l’œil s'attendant à une quelconque réaction, mais il demanda, simplement :

    -Lequel ?

    -Euh... tu te faisais torturer.

    -Je vois.

    Angélique se tourna vers lui éberlué :

    -Quoi, c'est tout ? Je viens de te dire que je suis retourné dans tes souvenirs sans ta permission et c'est tout ce que ça te fait.

    La jeune fille avait haussé le ton et cela inquiéta Draco. Il s'arrêta et la regarda. Angélique aussi s'était arrêtée et le regardait, fort étonné. Il avait beaucoup changé. Il y a quelque temps encore, dans une situation pareille, il aurait été furieux. Là, il semblait plutôt inquiet et même un peu triste.

    -ça va pas ? demanda-t-elle.

    Draco répondit sur un ton qu'il n'avait jamais eu avant comme un enfant demande un jouet à sa mère d'un air suppliant :

    -Ne te met pas en colère. Je veux pas que tu sois en colère. Je préfère quand tu souris.

    Angélique le dévisagea et sourit, décidément il l'a faisait craquer. Il était trop mignon, mais ce qui l'étonna encore plus, c'est qu'il ne s'était pas inquiétait pour les brigands, mais pour elle :

    -Je suis pas en colère. Comment je peux être en colère contre toi. T'es tellement mimi, dit-elle gaiement avant de se remettre en marche.

    Draco fronça les sourcils et réfléchit, avant de se murmurait :

    -Mimi ? Qu'est-ce que c'est que ça ?

    Puis, il haussa les épaules et rejoignit Angélique.

     

    Enlèvement

    Le soir, ils s'allongèrent contre un arbre, puis Angélique brisa le silence :

    -Draco... je voulais savoir, pourquoi t'y est pas allé toi-même, dans tes souvenirs ?

    Il sembla réfléchir avant de répondre :

    -Pourquoi les fées t'ont-elles emmené ici ?

    -Pour tout te dire, j'en sais rien. D'après elles, mes connaissances auraient été utiles, mais jusqu'à présent, je ne me sens pas très utile.

    -C'était une excuse. Ce n'est pas pour ça que tu es ici. C'est à cause de ta confiance en la Fäerie, cela te donne une force que personne ne peut égaler.

    -Cool et c'est quoi le rapport avec tes souvenirs ?

    -Eh bien, mit à part les gnomes et les nymphes, tu es la seule à être assez forte pour utiliser la poudre des souvenirs, moi, ça m'aurait tué ou rendu fou.

    -Pourquoi les fées ne m'ont pas dit la vrai raison ?

    -A cause de la nature des Hommes, il suffit de leur dire qu'ils sont forts et ils font n'importe quoi pour le montrer. Tu es forte Angélique, pas invincible. Ne l'oublie pas.

    -Non, je ne l'oublierais pas. Merci, Draco.

    Angélique se retourna et s'endormit aussitôt. De nouveau, Draco la regarda. Elle s'était lavée dans l'eau de mer avant de prendre la route. Les grains de sel faisaient des paillettes dans ses cheveux. Il ferma les yeux et s'endormit gardant cette image en tête.

    Le lendemain, Draco se réveilla en sursaut, poussait par un mauvais pressentiment qui se vérifia. Il eut beau chercher partout, sa crainte ne faisait que se justifier. Angélique avait disparu. Draco retourna à l'endroit où ils avaient dormi et inspecta le sol. L'adolescent trouva des empreintes d'hommes et vu les traces, Angélique ne s'était pas laissé emmenée sans mot dire. En s'éloignant, il remarqua des empreintes plus enfoncées que les autre. C'était celles de l'homme qui portait la jeune fille. Draco s'arrêta soudain. Il avait senti une odeur qu'il ne connaissait que trop bien pour l'avoir si longtemps côtoyée. Cette odeur était celle du sang. L'adolescent se redressa et suivi l'odeur. Il aperçut bientôt des gouttes de sang. Il y en avait d'autre plus loin, et encore. Elles se suivaient indiquant le chemin à Draco.

     

    Draco sauve Angélique

    Draco atteignit la forteresse des brigands à la tombée de la nuit. Angélique se dressait immense, en pierre, toute carrée, laide. Les gouttes s'arrêtaient devant son immense porte en bois, simple, mais solide.

    Le garçon n'était pas sorti des bois qui l'entouraient, il avisa les murs, puis les sentinelles derrière les créneaux. Il n'y avait qu'un seul homme de son côté. Cela lui faciliterait la tâche. 

    Lorsque le garde eut le dos tourné, il se précipita au pied du mur et resta un moment immobile. Puis, il se mit à escalader. L'habitude l'aidait à trouver des prises et il grimpait assez rapidement,mais le mur était immense. Bientôt, il fut en sueur. Ses ongles étaient cassés, ses doigts et ses genoux, à force de frotter contre la pierre, étaient égratignés. Du sang sortait de ses écorchures pour se mêler à la terre dont il était couvert. De plus, son épée semblait vouloir le faire tomber en arrière. Mais, Draco ne se découragea pas. Il ne se décourageait jamais. Lorsqu'il fut à deux mètres du bord et qu'il put voir l'homme, il sortit un poignard de sa botte et avec vitesse et précision le lança sur le soldat. Le visage de celui-ci se figea dans une expression de surprise lorsque le poignard lui transperça la tempe. Il s'écroula et Draco, après avoir récupéré son poignard, le jeta par-dessus les créneaux, puis il pénétra dans le bâtiment.

    Il avait froid. Il marchait lentement, l'épée en avant, faisant attention au moindre bruit. Brusquement, un coup, puis un cri déchirèrent le silence. Draco s'élança vers ceux-ci. Il tourna à gauche, puis monta des marches, continua tout droit avant de tourner à droite Il se retrouva devant une porte.Il appliqua son oreille contre la porte. Un homme s'apprêtait à sortir. Draco se colla contre le mur derrière la porte et lorsque l'homme ouvrit, Draco se jeta sur la porte, l'ouvrit en grand et la ferma violemment.

    Le garçon mit toute sa colère dans ses gestes. Si bien que le brigand eu le crâne explosait et qu'il s'écroula sur le sol. Draco avait été légèrement éclaboussé par le sang. Il pénétra dans la pièce et scruta l'obscurité. Dans le fond se trouvait une forme allongée qu'il connaissait assez bien pour la reconnaître de loin.

    Inconsciente, couverte d'entailles, Angélique restait immobile. 

     

    Les brigands suivent ?

    La rivière coulait joyeusement. Draco plongea un morceau de tissu dans l'eau. Le sang qui s'en échappa donna une légère teinte au liquide. Puis, il l'appliqua sur une des blessures d'Angélique. Il avait répété ce geste d'innombrable fois, depuis qu'il l'avait sorti de la forteresse. Draco avait dû la porter car elle demeurait inconsciente. Il tamponnait la plaie lorsqu'il entendit un léger grognement. Il leva les yeux, alors qu'Angélique ouvrait les siens. 

    -ça va ? demanda-t-il d'une voix inquiète.

    Ce à quoi elle répondit d'une voix faible et ironique :

    -ça a l'air d'aller ?

    Il sourit et l'aida à se redresser.

    -Où est-ce qu'on est ?

    -On est sorti du territoire brigand, demain nous devrions atteindre le cœur.

    -Cool, mais, alors, pourquoi t'es inquiet ?

    En effet, Draco ne cessait de scruter les alentours :

    -Quand je suis allé te chercher, je n'ai rencontré que deux hommes qui n'étaient, d'ailleurs, pas très solide. Bref, je suis sorti par la grande porte et je n'ai pas eu à combattre une seule fois.

    -Sûr que c'est pas normal.

    -Mmmmh, d'après moi, ils t'ont enlevé en sachant que je viendrais te chercher, une fois au'on aurait repris la route. Ils n'auraient plus qu'à nous suivre.

    -Ah, et on va la reprendre la route ?

    -Oui, mais on sera plus vigilant.

    -D'ac o d'ac.

    Ils dormirent sur place, sauf Draco qui veilla toute la nuit.

    A l'aube, ils reprirent la route en se retournant de temps en temps, mais les brigands semblaient extrêmement prudents. A midi, Angélique et Draco aperçurent au loin les premiers arbres de la forêt qui servait de refuge au cœur. En route, Angélique demanda :

    -Tu sais Draco, à propos de ma force, je ne crois pas que ce soit vrai ce que tu m'as dit. Sinon, j'aurais pu me débarrasser de ces brigands, non ?

    -Ta force n'est pas physique, Angélique.

    -Alors, c'est quoi ?

    -Ton imagination. Ici, l'imagination est la plus grande des forces.

     

    L'enfant

    Draco se concentra pendant une minute, puis désigna une direction qu'ils empruntèrent. Depuis qu'ils avaient pénétré dans la forêt, c'était ainsi. La lumière entrait à flot entre les branches d'arbre et le sol était jonché de feuille. Angélique qui suivait Draco à la trace, sourit en pensant que c'était la première forêt vraiment agréable.

    Elle sortit de ses pensées en voyant le garçon s'arrêter :

    -Qu'est-ce qu'il y a ?

    -On y est.

    Angélique regarda la direction qu'indiquait Draco. Devant elle, un arbre immense et contre lui, un enfant des plus étranges. Il avait la peau bleu et les cheveux jaunes, avec un pantalon court blanc. Les oreilles pointues et les bras un peu long. Il fredonnait un air en pleurant.

    Draco et Angélique s'avancèrent, puis ils s'accroupirent auprès de l'enfant. Le garçon ouvrit la bouche, mais l'enfant le coupa :

    -Je connais ta question, mais, contrairement, à ce que tu espérais, je ne suis pas le cœur.

    Angélique prit alors la parole :

    -Pourtant, Viviane nous a dit qu'il n'était pas d'ici, mais qu'il battait pour l'arbre !

    -Je ne suis, en effet, pas d'ici, mais mon cœur ne fait que protéger l'arbre. Il ne bat pas pour lui.

    Les nerfs de Draco finir par céder et il se mit brusquement en colère :

    -Mais alors, il est où le cœur ?!

    -Je suis le gardien de l'arbre. Si l'arbre est abattu, le cœur mourra.

    -Mais, je m'en fiche, moi !

    -Draco, la ferme ! cria Angélique.

    Draco se calma d'un coup. Elle observa l'enfant. Il était resté impassible. La jeune fille lui demanda alors, calmement :

    -Dis-moi, si ton cœur ne bat pas pour l'arbre, c'est que tu n'es pas le cœur de la forêt, c'est ça ?

    -Oui.

    -Alors, dis-moi, où est le cœur de la forêt ?

    L'enfant sourit et se larmes qui n'avaient pas cessé de couler, s'évaporèrent :

    -Mon cœur ne bat pas pour cet arbre, mais... le tien, si.

     

    Imagine

    Angélique tournait en rond en réfléchissant, puis elle s'arrêta, se tourna vers l'enfant et dit, en criant presque :

    -Non, c'est pas possible. Je ne peux pas être le cœur de la forêt, ça se saurait.

    Ce à quoi l'enfant répondit :

    -Pourtant, Draco s'était donné la mission de protéger le cœur. Mission qu'il a d'ailleurs accompli.

    Angélique se tourna vers Draco et cette fois, elle cria :

    -Ah, parce que tu le savais ?!

    Draco bégaya :

    -Non, je te jure. J'en savais rien.

    Angélique s'apprêtait à dire quelque chose mais un grondement la stoppa. Le sol trembla. Le ciel devint noir et des éclairs le parsemait de teinte blanche.

    Draco tira son épée et dit calmement :

    -Ils arrivent.

    L'enfant regarda Angélique d'un air suppliant :

    -Vite, imagine.

    La jeune fille ne comprit pas ce qu'il venait de dire. Terrifiée, elle regardait les brigands qui venaient vers eux. Des millions et des millions armaient jusqu'au dent. Draco s'avança de quelque pas et cria, pour se faire entendre par-dessus le tumulte des brigands :

    -C'est ta force, Angélique !

    Elle eut alors une idée. Fermant les yeux, elle pria pour que son idée soit la bonne. Il ne se passa rien. Angélique rouvrit les yeux en entendant les clameurs des brigands. L'enfant était posté devant elle, les mains croisés devant lui, récitant une incantation. Cela fit apparaître un bouclier autour d'elle et lui. Angélique chercha Draco. Il était en plein combat. De sa main droite, il maniait l'épée, de la gauche, son poignard.

    Elle referma les yeux. Il fallait que ça marche.

     

    Retour

    Brusquement, le Mêommoulez apparut dans sa tête. Angélique sourit, lui ordonna de combattre et ouvrit les yeux. Sa créature était là et combattait aux côtés de Draco dont une flèche avait traversé l'épaule et il portait de profondes entailles sur tout le corps.

    Angélique referma les yeux et de toutes ses forces pensa à toutes les créatures qu'elle avait inventé ou vu dans les livres. Chaque créature apparut et se battit vaillamment, mais elles étaient faibles. La jeune fille réfléchit. Elle avait beau faire apparaître des centaures en armure ou des trolls couverts de pique, rien n'y fit.

    Elle réalisa brusquement que ces créatures n'étaient pas d'ici. Elle se concentra de nouveau, mais cette fois, la jeune fille se remémora la reine des fées. Alors, il en arriva tout un bataillon, tous vinrent. Les Pillywiggins, les Dames Cygne, les Dames Blanches, même Viviane et Morgane avec le Langue-Wapper. Angélique s'arrêta, épuisée. Ouvrant les yeux, elle vit que la situation était à leur avantage. L'enfant se tourna vers elle et dit :

    -Ton souvenir restera dans ma mémoire.

    Il commença à faire de grands gestes. Angélique ne comprit pas. Elle cherchait Draco. Celui-ci couvert de sang, se battait avec rage. Cela la fit sourire. Draco sentit une douleur au cœur. Il sentait que celui-ci voulait sortir de sa poitrine, se retourna et comprit. Angélique lui sourit et il lui rendit son sourire.

    Elle sentit qu'on l'enveloppait dans un voile et tout devint noir.

    La faim lui tordait les boyaux, le froid lui traversait les os. Angélique ouvrit les yeux. Le plancher était dur. Elle se redressa brusquement et se cogna la tête au plafond. Se tendant la tête d'une main, elle pria pour que cela ne soit pas réel. La jeune fille ferma les yeux plusieurs fois, mais rien ne changea.

    Elle était dans son grenier. Se levant, elle s'habilla et dévala les marches en courant. La jeune fille devait voir quelque chose. Dans la cuisine, elle aperçut son frère, mais elle ne s'arrêta pas. Elle courut jusqu’à la forêt, jusqu'à l'endroit ou elle avait vu l'arbre.

    Mais il n'y avait qu'une clairière vide et verte, alors Angélique s'assit et pleura. Comme elle aurait aimé que cela ne fut pas un rêve.

     

    Épilogue

    Angélique respira profondément pour se calmer et se mit à penser à Draco. Elle pensa qu'il n'avait jamais été réel et laissa couler de nouvelles larmes. Puis, elle sourit car le dernier regard qu'il lui avait lancé lui avait montré qu'elle avait réussi. Son œil droit était empli du dragon de flamme, mais son œil gauche était plein d'étoiles qui formaient également un dragon. Elle se murmura pour elle-même :

    -Draco, la constellation du dragon.

    Angélique posa sa tête sur ses genoux et repensa à ce que lui avait appris Draco. Si on pense très fort à quelqu'un qu'on aime vraiment, alors on peut voir l'endroit où il se trouve et sentir ce qu'il ressent. Elle pensa alors, de toutes ses forces à Draco et, soudain, une porte s'ouvrant sur une lumière éblouissante apparut. La jeune fille sursauta et se protégea de la lumière avec ses bras, elle entendit alors une voix, disant :

    -Si la forêt peut vivre loin de son cœur, moi je ne le peux.

    Des mains sortirent de l'encadrement de la porte. Angélique éclata de rire avec des larmes de joie, avant de se jeter dans ses bras. La porte se referma et disparut.

     

    Frédéric finit de manger et décida de monter au grenier. Il montait chaque matin. Il ouvrit la porte et s'approcha de la couverture qu'il caressa du bout des doigts. C'est là que ses parents avaient prévu d'emménager la chambre. C'est là qu'elle devrait être, dans un lit douillet. C'est pour cela qu'il avait mis une couverture. Il avait quatre ans lorsqu'il avait appris que sa mère était enceinte. C'était une fille et ils l'avaient appelé Angélique. C’était l'époque la plus merveilleuse de sa vie. Il adorait sa petite sœur. Alors, lorsqu'elle tomba malade et qu'elle mourut à deux mois, Frédéric avait refusé d'y croire et avait continué à la faire grandir dans son esprit.

    Il ferma les yeux. Elle aurait quatorze an. Les cheveux blonds, les yeux bleus et garçon manqué. Il les rouvrit et tomba sur une feuille blanche, mais en bas était écrit un drôle de mot : Mêommoulez. Cela lui rappela quelque chose.

    Brusquement, il se souvint d'un jeu qu'il adorait étant petit. Du haut de ses dix-sept ans, il avait oublié ses bonheurs simples que lui procurait l'invention d'une créature. Il trouva un crayon et d'autres feuilles, réfléchit deux secondes et se mit à dessiner. Retrouvant son âme d'enfant et se souvenant des dessins qu'il faisait pour sa sœur, se mit à les faire comme dans ses souvenirs.

    A la fenêtre, une fée qui l'observait, sourit et s'envola vers la forêt.

     

    FIN

     

     

    « Et quand tu penses que l'on t'a tout fait...CHAPITRE 14 »

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