• Pour un vendredi

    La pire de toute. Vous êtes prévenu...

     

    La jeune femme hésita encore une minute devant la porte. Les notes de piano résonnaient dans toute la maison dans un rythme déchaîné. Finalement, elle se décida. Hésitante, elle se pencha dans l'entrebâillement de la porte, espérant apercevoir quelqu'un.

    -Excusez-moi, je cherche...

    Elle ne finit pas. Le piano avait stoppé net et des pas se dirigeaient vers elle. Se redressant, elle s'arrangea en se regardant dans la vitre et un garçon d'environ quinze ans. La jeune femme fut frappée par l'étrangeté que présentait le garçon. Son œil gauche d'un doux vert foncé l'encourageait à entrer, mais le droit d'un gris acier la tenait à distance. Ne sachant que faire, elle prit l'initiative de rester sur le palier. Gênée, elle tendit la main.

    -Bonjour... je suis Madame Villebois. Je cherche un détective...

    La femme s'arrêta net. Elle venait de remarquer le bout des doigts ensanglantés de l'enfant.

    -Ah... heu...

    Ne pouvant plus articuler un mot, rétracta son bras et se mit à danser d'un pied sur l'autre. Le silence du garçon la mettait mal à l'aise. L'enfant l'observa un moment et lui fit signe de le suivre. Ils traversèrent la cuisine pour gagner la salle à manger. La jeune femme remarqua le piano dans un coin de salon qui se trouvait dans son champs de vision. Le garçon tira une chaise, puis retourna à la cuisine. La jeune femme s'assit un moment, puis gardant un œil sur la porte de la cuisine, elle grimpa les trois marches qui menaient au salon.

    La vaste pièce était lumineuse, en décoration sur les murs katanas, shurikens, arc et flèches. Un kimono noir reposait sur un canapé. La femme s'approcha du piano. Elle mit précipitamment une main sur la bouche pour étouffer son cri. Le clavier était couvert de sang. Elle se retourna, sursauta. Le garçon était là, qui la regardait de ses yeux étranges. Il avait des pansements aux doigts. D'un geste du bras, il lui fit comprendre qu'elle devait regagner sa place. Ce qu'elle fit rapidement. Il lui tendit un bol de thé et s'assit en face d'elle. Droit, la tête haute, il semblait attendre quelque chose. A nouveau mal à l'aise, la jeune femme chercha à s'excuser.

    -Je sais que je n'avais pas à aller à votre salon, mais il faut comprendre que ma sœur à disparu et je m'attendais à trouver un détective, enfin... un adulte.

    Elle profita du silence qui s'ensuivi pour mieux observer le garçon. Des sourcils fins et noirs, un nez aquilin, de longs cils. Des cheveux mi-longs de jais complètement ébouriffés. Mince, , il lui semblait fragile. Elle remarqua au coin de ses lèvres comme un sourire caché, attendant le bon moment pour apparaître. Cela réconforta la jeune femme, mais elle n'en continua pas moins son étude. Un pull noir sans manches à col roulé découvrait ses bras. A sa main droite, il portait un bijou. Des pierres, de tailles inégales, formaient un bracelet. Deux branches en partaient pour se rejoindre au majeur pour former une bague.

    L'enfant se leva brusquement, prit une veste en jean noir et se dirigea vers la porte. Surprise la femme le suivi. Le garçon stoppa net sur le seuil, prit un carnet dans sa poche et un crayon. Madame Villebois tenta de regarder ce qu'il inscrivait, par dessus son épaule, lorsqu'il se retourna et lui tendit un bout de papier qu'elle déplia. Elle scruta un instant le mot en fronçant les sourcils, puis dit :

    -Heu... bien, je vous dirais tout cela sur la route.

    Le garçon hocha sèchement la tête et se mit en route. Dans la voiture, Madame Villebois développa le déroulement de cette disparition :

    -Voyez-vous, notre famille a, disons, une religion bien a elle. Tout est réglé et nous grandissons tous sans le moindre écart de conduite. Bref, hier, donc, vendredi, je téléphonais à ma sœur pour savoir si elle était libre aujourd'hui, histoire de passer du temps entre fille. Je ne lui ait pas proposé hier, parce que nous avons interdiction de sortir le vendredi, c'est l'une des règles. Je vous raconte pas les problèmes que l'on a eu avec les établissements scolaires. Donc, elle me répond qu'elle est d'accord et ce matin, à l'heure du rendez-vous, personne. Je vais chez nos parents, parce qu'ils la loge encore. Elle n'a que dix-neuf ans. Et là non plus personne. J'attends au cas où, j'appelle son portable, pas de réponse. Alors, j'appelle la police et comme une rumeur parlé d'un détective très compétent dans la maison près du bois. Je suis venue pour être sûr d'avoir utiliser tous les moyens et je ne vois pas pourquoi je vous raconte ça. Vous n'êtes certainement pas le détective... si ?

    Le garçon ne bougea pas. Silencieux, il fixait la route droit devant lui. Il ne semblait même pas l'avoir écouté. La jeune femme poussa un soupir avec un air dépité. 

    Une heure plus tard, ils atteignaient la maison de type victorienne que les Villebois habitaient. Un couple sortit. C'étaient des personnes bien tenu, d'âge mur. Madame Villebois sortit et s'élançant vers le couple s'écria :

    -Maman ! Papa ! Vous allez bien ? Toujours aucunes nouvelles ?

    D'un air ravagé l'homme secoua la tête, tandis que sa femme s'essuyait les yeux. La jeune femme se tourna vers l'adolescent :

    -Je vous présente... heu...

    Il ne bougea pas, debout, les mains dans les poches, il observait le couple affligé. La femme se pinça les lèvres avant de reprendre :

    -Le détective.

    L'homme eu comme un sursaut et tendit le bras :

    -Ravir de faire votre connaissance. J'espère que vous pourrez nous aider. Je suis Arnaud Villebois.

    L'enfant baissa les yeux vers le bras. Arnaud portait un petit foulard bleu au poignet. Le garçon tourna ses yeux vers la femme. Monsieur de Villebois légèrement gêné lui présenta :

    -Heu... Ma femme Catherine Villebois.

    Catherine hocha la tête d'un air soupçonneux. L'enfant s'avança alors vers elle et avec une délicatesse qui contrastait avec son attitude jusqu'à présent hautaine et distante, il prit la main de la femme et releva la manche doucement. Il y avait un foulard rouge.

    -C'est une autre de nos règles. Les filles portent un foulard rouge au poignet droit et les garçons, un bleu au même poignet.

    Le garçon s'écarta de Catherine Villebois et après avoir griffonnait rapidement sur un bout de papier, il le tendit, à la jeune femme. Elle sourit légèrement en lisant le mot et répondit :

    -Je m'appelle Julie.

    -Excusez-moi.

    Les quatre se tournèrent vers l'homme en imperméable qui leur avait  adressé la parole.

    -Monsieur et Madame Villebois ? Je suis le commissaire Heaney. J'ai une très mauvaise nouvelle à vous annoncer...

     

    La forêt regorgeait de policiers s'activant à diverses tâches. L'adolescent fixait le corps de la jeune fille étendue au milieu des feuilles mortes, les bras en croix. Julie à ses côtés, livide, en pleurs, ne pouvait détacher ses yeux de sa sœur. Les policiers avaient laissé passer le jeune homme comme s'il le connaissait et Julie avait refusé de rester derrière.

    -Où allez-vous ?

    La voix brisée, elle observait à présent cet étrange garçon qui avançait silencieusement, à pas délicats ver le corps. Comme il semblait irréel. Cependant, la jeune femme le suivit et nota chacun de ses gestes. Le garçon se pencha sur le visage de la fille morte et plongea ses yeux dans les siens, deux grands yeux verts qui ne voyaient plus rien. Il se redressa et observa les bras, le corps.

    -EH... NE TOUCHEZ A RIEN !

    Julie se tourna vers le policier et le rassura d'un geste. Le garçon enfila des gants sortis de sa poche. Avec des gestes adroits et précis, il prit chacune des mains et en observa les moindres détails, sous l'ongle de celle de droite, il trouva un bout de fil rouge. Il marqua quelque chose sur son carnet, en déchira la feuille, déposa dessus le fil et tendit le tout à Julie. La jeune femme lu tant bien que mal à travers ses yeux brouillés de larmes, les instructions. Puis, elle se leva, se dirigea vers un policier, lui montra le bout de fil qu'il mit dans un sachet. Après lui avoir dit où il avait été trouvé, elle retourna près du garçon. Celui-ci, un peu éloigné du corps était penché sur une feuille verte étrangement froissé qu'il mit dans sa poche.

    -Qu'est-ce que c'est ? S'enquit Julie.

    Le garçon ne répondit pas et quitta la scène, la jeune femme sur ses talons. Mais au lieu de prendre le chemin qui menait vers la maison, il en prit un autre plus long.

    -Qu'est-ce que vous faites ? Où allez-vous ?

    Tout en marchant, il nota à nouveau quelque chose sur son carnet qu'il montra à Julie. Celle-ci, perplexe, lui demanda :

    -Quoi la feuille ?

    A ce moment, le garçon stoppa net près d'un arbuste aux feuilles d'un superbe vert. Il sortit la feuille froissé, la déplia tant qu'il put et compara. Julie compris alors :

    -Ah, je vois, les feuilles là-bas étaient toutes morts, alors l'assassin a dû l'apporter, mais comment savoir que c'est le bon arbuste ?

    Le garçon ne la quitta pas des yeux et d'un large geste, il prit une branche de l’arbuste situé derrière lui et la ramena à son niveau. Une des feuilles avait visiblement été arrachée.

    -Comment avez-vous su que c'était cette branche ?

    L'adolescent s'éloigna un peu plus sur le chemin, puis s'arrêta. Il se dirigea alors d'un pas rapide vers Julie, mais quand il arriva au niveau des premières branches de l’arbuste, il en attrapa une feuille et la garda dans sa main tout en continuant d'avancer. Le bois vert suivit un moment le mouvement, mais au bout d'un instant, la feuille fut arrachée et la branche revint à sa place. Alors, le garçon tendit son carnet à Julie. Elle s'écria interloqué :

    -Tu n'as pas vu ce genre d’arbuste sur le chemin de la maison ?

    L'enfant l'observa et montra du doigt le long du chemin. Julie comprit le geste :

    -Cela veut dire que l'assassin venait de ce côté.

    Tout deux continuèrent leur chemin. Bientôt, ils entendirent des cris, des rires et de la musique. Une fois au bout du chemin ils débouchèrent à l'entrée d'une fête foraine. 

    Sur le chemin du retour, Julie restait silencieuse. Sa sœur avait dû rencontrer son assassin à la fête foraine et il l'avait ensuite entraîné dans les bois. Ils arrivèrent à la maison. Un homme d'une trentaine d'années s'avança à leur rencontre.

    -Julie, je suis désolée de ce qui t'arrive. C'est horrible.

    Il avait les yeux rougis par les larmes, presque autant que Julie.

    -Oh, Frédéric. Quand es-tu arrivé ? Tante Agathe et oncle Jérôme sont là ?

    -Oui, on est venu dès qu'on a su.

    -Oh, je te présente le détective. Heu... détective, voici mon cousin Frédéric.

    -Enchanté.

    L'adolescent regarda la main tendue vers lui, orné du même foulard bleu qu'Arnaud Villebois. Frédéric lança un regard interrogateur à sa cousine qui lui fit signe de ne pas s'inquiéter. Tous trois regagnèrent la maison. On fit les présentations, puis le commissaire Heaney arriva.

    Un silence pesant s'installa. Monsieur Villebois demanda :

    -Alors, commissaire, que c'est-il passé ? Vous avez une piste ?

    -Eh bien, il semblerait que votre fille est été étranglé vers deux heures dans la journée d'hier.

    Julie se leva dans un sursaut :

    -Hier ? Mais c'était vendredi ! Que faisait-elle dehors un vendredi ?

    C'est sa mère qui lui répondit :

    -Elle était devenu intenable ces derniers temps. Elle sortait en douce par la fenêtre de sa chambre. Je suis sûr qu'elle voyait un garçon. Ton père et moi, nous nous sommes aperçus de son absence très tôt et nous avions prévu de lui passer un savon pour qu'elle ne désobéisse plus à nos règles, mais elle n'ai jamais rentré...

    Elle éclata en sanglots, la tête enfouie dans ses mains. Sa sœur Agathe l'étreignit doucement. Le commissaire prit congé en promettant de faire tout ce qui était en son pouvoir pour retrouver l'assassin.

    -Je vais faire à manger.

    Julie se dirigea tel un fantôme vers la cuisine. Elle se laissa tomber sur une chaise fixant la table d'un air vide, puis se mit à pleurer à son tour, la tête au creux de ses bras. Elle sentit une main se poser sur son bras, une main chaude, réconfortante. Elle leva la tête et observa intensément le visage du jeune garçon, toujours sans expression et ses yeux si étonnamment différent la rassurèrent. A présent, elle ne doutait plus que ce gamin retrouverait l'assassin de sa sœur et elle était bien décidé à l'aider. 

    Toute la nuit, elle resta éveillée, triturant un mouchoir nerveusement. Au matin, elle ne s'était pas détourné d'un éventualité qui ne lui plaisait guère. Le garçon était déjà dehors et fixait le bois sans bouger. Julie s'assit dans l'herbe à côté de lui et dit :

    -Vous savez, je n'arrive pas à me faire à l'idée qu'une fille de ma famille puisse être l'assassin.

    Elle l'observa du coin de l’œil pour tenter de voir une quelconque réaction à son hypothèse. Calmement, le jeune garçon prit son carnet, écrivit et le tendit à Julie. Elle soupira après la lecture:

    -Oui, ce fil rouge le laisse croire. Mais cela n'empêche, il peut venir de n'importe où. Tenez, si ça se trouve, c'est le garçon qu'elle voyait en cachette qui portait un foulard rouge et qui l'a tué.

    Le garçon se tourna vers elle, acquiesça et tendit qu'il écrivait à nouveau, Frédéric apparut dans l’entrebâillement de la porte et annonça :

    -Annie arrive. Il parait qu'elle n'a appris la nouvelle que ce matin.

    -Oh... merci.

    -Bon, je vous laisse.

    Il se retourna non sans lancer un regard soupçonneux par-dessus son épaule. Une fois qu'il fut rentré, le garçon jeta un regard interrogateur à Julie. Elle lui répondit en prenant le mot qu'il lui tendait :

    -Annie est ma cousine, la petite sœur de Frédéric.

    La jeune femme jeta un rapide coup d’œil au bout de papier et répondit :

    -Si vous voulez trouver le garçon le mieux, c'est d'aller au lycée aujourd'hui. Au moins, on peut être sûr de le trouver.

    La garçon acquiesça. 

    Durant le trajet, Julie resta silencieuse, le cœur serrait et impatiente de connaitre l’identité du mystérieux garçon. Arrivé devant les gilles, ils purent voir que les élèves étaient en récréation. Le garçon se tourna vers Julie qui compris ce qu'il lui demandait de faire. Aussi, dès qu'elle sortit de la voiture, elle se dirigea tout droit vers un groupe de jeunes filles. De la voiture, le garçon put voir que celles-ci la dirigeait vers un groupe de garçon. Puis, Julie revint avec un adolescent roux, l'air inquiet. Il s'assit à l'arrière de la voiture :

    -Qu'est-ce qu'il se passe ?

    Le jeune garçon lui tendit directement un papier. L'adolescent le regarda curieusement, puis, il se tourna vers Julie, finalement, il inspira avant de répondre :

    -C'est vrais, je sortais avec Zoé.

    Julie s'empressa de demander :

    -Et vendredi ?

    -On est allé à la fête foraine. Elle m'a dit qu'elle avait dû sortir en douce et qu'il fallait que je parle de cette sortie à personne. Bref, on a fait quelques manèges, mais à un moment, alors qu'on longeait le bois, on a aperçu un homme à travers les buissons. Mais, j'ai pas bien vu, mais Zoé semble l'avoir reconnu parce qu'elle s'est arrêtée et la regardée. Elle m'a dit de continuer, qu'elle devait aller le voir et elle a ajouté que je devais pas m'inquiéter si je la voyais pas pendant quelques temps car elle serait puni. Je lui est alors demandé si c'était parce qu'elle était avec moi, Zoé a dit que non, que c'était parce qu'on était vendredi. Et je l'ai plus revue.

    -Merci, tu peux y aller.

    L'adolescent scruta la jeune femme et le garçon d'un regard interrogateur, mais voyant qu'il ne réagissait pas, il se décida à sortir. Julie resta un moment à fixer droit devant elle, perdu dans ses pensées. Puis dans un soupir, elle dit :

    -Ils étaient deux ?

    Le garçon acquiesça.

    Le trajet de retour fut  silencieux. Quand elle se gara devant chez elle, Julie n'arrivait toujours pas à avoir les idées claires. La jeune femme s'apprêtait à rentrer, lorsqu'elle s'aperçut que le garçon appuyait contre la voiture, griffonnait sur un papier. Elle s'approcha  et il lui tendit. Son cœur s'arrêta une seconde lorsqu'elle l'eut lut, puis anxieuse. Julie répondit d'une voix brisée :

    -Oui, les punitions sont choisis par les parents et exécuté par la famille.

    Le garçon lui tendit un autre papier. La jeune femme déjà anxieuse, resta perplexe devant la question qu'il lui avait écrite :

    -Euh... oui, si la faute est grave alors les frères et sœurs participent à la punition... Pourquoi ?

    Le garçon s'avança vers la maison, sans répondre. Julie le rejoignit. Ils marchèrent silencieusement. Brusquement, le garçon fit un bond en arrière. La jeune femme tenta de voir ce qui l'avait surpris, puis elle comprit et ne put s'empêcher de rire :

    -C'est Annie. Elle a toujours été extravagante. 

    En effet, sa cousine arborait une tenue jaune et orange vifs qui se désaccordé de son foulard rouge terne. Tous deux s'avancèrent. Julie lança :

    -Bonjour, Annie.

    -Oh, bonjour, Julie.

    Elle semblait bouleversée. Ils passèrent le restant de la journée en famille à parler de choses et d'autres, chacun prenant soin de ne pas faire allusion à la disparue. Dans la soirée, Julie rejoignit le garçon. Assis sur la pelouse, le visage vers le ciel, il semblait réfléchir. Elle avait bien remarqué qu'il n'avait pas lâcher Annie des yeux de toute la soirée. Elle s'assit à côté de lui. Il lui tendit alors, un papier. Julie le lut et ne put cacher sa surprise :

    -Allez à la gare demain ? Pourquoi ?

    Il lui tendit un autre papier.

    -Tu veux éclaircir certaines choses... du genre ?

    Le garçon ne répondit pas et se perdit dans la contemplation des étoiles.

    Le lendemain, Julie le conduisit à la gare ne sachant toujours pas où il voulait en venir. Lorsqu'ils sortirent de la voiture, elle lui lança :

    -Tu pourrais me mettre au courant ?!

    Le garçon lui donna un papier qu'elle lut aussitôt :

    -En effet. Annie doit prendre le train pour venir et alors ?

    L'enfant s'avança, chercha une personne des yeux et quand il l'eut trouvé, il alla lui parlait. Julie reconnu un contrôleur. Elle les observa de loin, le garçon venait de donner un papier à l'homme. Leur discussion dura quelques minutes, après quoi, il revint vers elle.

    -Alors ?

    A nouveau, le garçon resta muet, mais lui écrivit de l'emmener au commissariat.

    -Tu remarques que tu me caches de plus en plus de chose ? Ne put s'empêcher d'annoncer Julie.

    Il l'ignora de nouveau. Arriver devant la bâtisse, le garçon se jeta littéralement hors de la voiture pour se précipiter vers le commissaire qui s'apprêté à monter en voiture. Julie l'avait vu écrire tout au long du trajet et à peine fut-il plantait devant l'homme en imperméable qu'il lui tendit une feuille. Cependant, la jeune femme refusa de rester à l'écart plus longtemps et talonna, de son mieux, l'adolescent. Bien qu'elle ne put lire le papier, elle tenta d'en déduire le contenu en dévisageant le commissaire.

    -Non ! Vous plaisanter ?!

    Bien sûr, tout dans l'attitude du garçon montrait qu'il ne plaisantait pas. L'homme regarda alors Julie avec des yeux qu'elle n'apprécia guère. Le commissaire rompit le silence pour dire :

    -Je crois que ça vaut le coup de vérifier. J'appellerais chez les Villebois.

    Le garçon acquiesça et retourna à la voiture. Julie aimait de moins en moins la tournure que prenait les choses. Le trajet fut de nouveau silencieux. La jeune femme ne cessait de tourner et retourner toute sorte d'idée dans sa tête. Elle suivit le garçon comme un fantôme, lorsqu'il sortit de la voiture. Ils étaient rentrés et toute la famille réunie dans le salon préparait les funérailles. L'enfant alla s'asseoir et ne bougea plus. Julie fit de même, mais ne put s'empêcher d'accrocher son regard au visage inexpressif du garçon. Les heures défilèrent. Intriguait par l'attitude du jeune homme, la famille, comme hypnotisait, s'installa sur les autres fauteuils. Frédéric et Annie entouraient Julie, tandis que les parents occupaient le canapé. Brusquement, l'adolescent se leva et automatiquement, tous se redressèrent. Il s'avança vers Julie et lui écarta les mains. Elle avait triturait un mouchoir tout au long de l'attendre. Le garçon ouvrit celles de Frédéric. Il avait fait de même. Puis, le détective se tourna vers Annie. Elle tenait également un mouchoir. Le jeune homme prit alors, Julie par la main et ils sortirent.

    -Qu'est-ce qu'il y a ?

    Pour toute réponse, il sortit la feuille froissée, lui prit le mouchoir et lui présenta les deux à côté l'un de l'autre. Julie eu du mal à articuler, craignant de comprendre :

    -Tu veux dire que l'assassin à le même tic de stress que moi ? Ce qui veut dire que...

    Elle ne put finir. Le téléphone sonna à cet instant. L'adolescent se précipita dessus et décrocha. La pièce devint silencieuse. Julie s'assit à l'écart, le cœur battant. Lorsque, enfin il raccrocha, tous les regards se posèrent sur lui. Le garçon leur fit face, leva sa main droite et la secoua d'un coup sec ce qui fit s'entrechoquer les différentes pierres. Le son que cela produisit était étonnamment clair et résonnant. Alors, l'enfant changea, Julie vit une lueur s'allumer dans ses yeux et il sourit :

    -Sonne les clochettes de la défaite.

    Sa voix était calme et douce, presque un murmure. Tous arrêtèrent de respirer de peur de ne pas entendre ce qui allé suivre, bien que certains restèrent sur la phrase singulière qu'il venait de prononcer. Le garçon les regarde les uns après les autres, puis, il s'avança, de sorte à se trouver au centre de la pièce et commença à parler en tournant sur lui-même :

    -Eléments : Femme étranglée dans la forêt, feuille encore verte chiffonnée, chemin qui mène à la fête foraine, des punitions familiales, une interdiction transgressée, un jeune garçon, des rendez-vous, une gare, un tic nerveux, un secret de famille et un fil rouge. Des réactions ?

    Personne ne réagit. Le garçon n'avait pas cessé de tourner, arrêtant à chaque fois son regard sur chacun d'eux pendant quelques secondes. Il n'y avait aucun jugement dans ses yeux. Julie hésita un instant avant de demander :

    -Heu... De quel secret de famille vous parlez ?

    Le garçon l'observa un moment et lui sourit tristement en mettant son doigt sur ses lèvres. Puis, il se remit à tourner.

    -Développement : La fille a rendez-vous avec le garçon. Ils vont à la fête foraine, il l'entraîne dans la forêt, l'étrangle. Faux, élément non concordant : Fil rouge, pas de raison valable. La fille et le garçon sont à la fête foraine, elle rencontre un inconnu, il l'entraîne dans la forêt, l'étrangle. Faux, éléments non concordants : Fil rouge, on ne suit pas inconnu lorsque l'on est un temps soit peu sensé. Des réactions ?

    Il laissa s'écouler quelques minutes avant de reprendre. Le garçon avait à peine ouvert la bouche que le commissaire et quelques agents entrèrent en trombe. Ils s'excusèrent d'un geste. L'adolescent fit un signe de tête.

    -Concordance des éléments : La fille ignore l'interdiction de sortie et rejoint son ami à la fête foraine. Là, elle y aperçoit un homme qu'elle connait et abandonne le garçon pour le rejoindre. Déduction : L'homme serait logiquement un de ses proches, les dernières paroles de Zoé le prouve. Ajoutons un file rouge qui peut provenir du foulard que toutes portent au poignée. Des réactions ?

    Julie aperçut des regards de perplexité. Ils commençaient à saisir. Le garçon scruta chacun des visages avant de reprendre :

    -Suspect : Les parents, Arnaud et Catherine Villebois.

    Julie entendit sa mère poussait un cri de surprise. L'enfant stoppa pour la regarder, après un temps, il lui sourit et reprit :

    -Développements : Ils s’aperçoivent que leur fille a, à nouveau, désobéit. La punition doit être radicale cette fois-ci. Ils savent qu'elle ira à la fête foraine. Arnaud va la chercher, pendant que Catherine les attend dans la forêt. Son mari revient avec leur fille et pendant qu'elle empêche Zoé de se débattre, en lui maintenant les poignées, Arnaud l'étrangle. Dans leur fuite, ils laissent un fil rouge. Faux, éléments non concordants : La présence de la feuille sur les lieux du crime. Arnaud et Catherine n'ayant pas de tic nerveux. La position du corps, il était en croix. Si Catherine seule l'avait maintenu, elle aurait relevé les bras au-dessus de la tête. Des réactions ? 

    Nouveau silence.

    -Concordance des éléments : Catherine ne peut avoir retenue Zoé, du moins, pas seul. Mais la punition étant pratiqué par les parents proches nous sommes face à une contradiction. Déduction : Il y avait plus de deux assassins et à nouveau on peut penser à élargir le champs des possibilités. Des réactions ?

    Julie vit son père se levait d'un bond, rouge de rage :

    -Vous racontez n'importe quoi! Vous ne savez même plus ce que vous dites ! Vous aviez dit que cela ne pouvais pas être un inconnu !

    Un agent mit sa main sur son épaules, l'incitant à s'asseoir. Le garçon fixa l'homme, l'air malheureux et dit d'une petite voix :

    -Mais, j'ai pas fini.

    Quand il fut assuré que l'homme fut calmé, il reprit :

    -Eléments gênants : La feuille, impossible présence d'inconnu. Concentrons-nous sur eux : Les paroles de Zoé prouve que l'homme était un homme de sa famille. La feuille montre que l'homme a un tic nerveux.

    Arnaud Villebois ouvrit la bouche, mais se ravisa suite au regard glacial que lui jeta l'enfant :

    -Seul l'homme peut avoir prit cette feuille car elle était sur le chemin de la fête, chemin que seul l'homme a emprunter car sinon, le compagnon de Zoé aurait aussi vu une femme. Suspect : Frédéric, Annie, Julie seules possesseurs de ce tic comme le montre ces mouchoirs.

    Ce fut à Annie de sursauter. Son frère la calma en posant une main sur son bras.

    -Développements : Ils sont envoyés par leurs parents accomplir la punition. Pendant que les deux filles attendent dans la clairière, Frédéric va chercher Zoé. Faux, éléments non concordants : Seul la famille proche inflige des punitions. Des réactions ?

    C'est Annie qui réagit cette fois-ci :

    -C'est pas possible. J'étais pas là ! Ils peuvent vous le dire !

    Le garçon se tourna vers elle, resta immobile, sourit et reprit :

    -Vérification :A la gare, le chef de celle-ci affirme avoir vu une femme jeune, habillait de façon, disons... visible, descendre du train de vendredi du meurtre. Questions : Pourquoi Annie est-elle revenue ce jour-là ? Le jour de la punition ? Pourquoi ? Alors qu'elle n'est pas concerné... A moins que..?

    Julie sentit son cœur s'accélérer. Le garçon fit durer l'instant, puis, il reprit de nouveau :

    -Doute : Zoé n'est pas la fille de Catherine et Arnaud. Vérification : Au commissariat, j'ai demandé des recherches approfondies sur la famille. Des réactions ?

    Julie était resté sans voix, refusant de croire ce qu'elle venait d'entendre. Elle n'en était toujours pas revenu lorsque sa mère en larme avoua :

    -Annie et Zoé étaient des fausses jumelles, mais ma sœur et son mari  n'avait plus d'argent pour élever eux nouveaux enfants...

    La jeune fille vit son oncle se lever d'un bond :

    -ça suffit ! Tais-toi ! Si ça se trouve, ils n'ont rien !

    -Oh, mais tais-toi donc toi-même ! Tu as tué notre petite Zoé !

    -Catherine !

    Cette fois-ci, c'était Arnaud qui était intervenu. Julie vit sa mère éclatait en sanglot et d'une petite voix, elle dit :

    -Alors qu'est-ce qu'il s'est vraiment passé ?

    Le garçon se tourna vers elle et, sans la quitter des yeux, il annonça :

    -Développement : Leur situation financière étant en crise, Jérôme et Agathe font adopter leur fille, Zoé, par Catherine et Arnaud. Le reste coule de source. N'étant la véritable famille proche, les Villebois n'ont aucun rôle  dans cette histoire. Ce vendredi, les parents adoptifs s'aperçoivent de la nouvelle disparition de Zoé. Ne pouvant agir par eux-même, ils téléphonent aux vrais parents. Ceux-ci se retrouvent quelque part avec leur deux enfants et se mettent d'accord pour la punition. Ils retrouvent, sans grand peine, Zoé et pendant que Jérôme, Agathe et Annie attendent la clairière. Frédéric se met bien en vue à l'orée de la forêt. Lorsqu'il revient avec Zoé, il la fait tomber, lui maintient les jambes, pendant que Agathe et Annie tiennent chacune un bras et que Jérôme l'étrangle. Preuves : Témoignage du garçon, du chef de gare, des documents trouvaient par le commissaire et les petits indices que j'ai cité auparavant. Des réactions ?

    Annie se leva d'un bond et se mit à hurler comme une hystérique :

    -C'est eux qui on voulut ! Moi, j'ai rien fait ! C'est eux !

    Frédéric se leva à son tour :

    -Sombre crétine ! Tu vas la fermer, oui ?!

    -Oh, la ferme toi et ton tic...

    Julie les entendit encore hurler, tandis que les policiers les emmenaient avec leur parents. Elle resta un moment immobile, assise sur son fauteuil, le regard vide. Elle releva la tête lorsqu'elle entendit les clochettes. Le garçon  était assis en tailleur devant elle, la main droite levée. La flamme s'était éteinte. Il était redevenu le garçon stoïque et distant de leur rencontre. Julie lui sourit, se leva et lui tendit la main :

    -Bien, il est temps de rentrer maintenant.

    Le garçon se leva à son tour, sans prendre la main tendu et sortit.

    Comme d'habitude le trajet fut silencieux, le garçon avait refusé tout paiement. Ils arrivèrent devant la maison. a peine furent-ils sortis de la voiture qu'une femme se jeta hors de la maison. Brune de peau, les cheveux noirs, longs, coiffés en tresse. Elle portait des baskets, un jean et un débardeur noir. Dès que Julie la vit elle ne douta pas du lien de parenté qui l'unissait au garçon. La femme se jeta sur lui, l'attrapa, le fit voler dans les airs avant de le reposer, cela au milieu d'un rire d'enfant. Le garçon se laissa faire sans broncher.

    -Alors ? Comment tu vas ?

    Le timbre de voix était le même que celui du garçon, mais plus fort et plus chaleureux. L'enfant ne répondit pas, lui tourna le dos et rentra dans la maison. La femme lui lança en faisant de grands saluts de la main :

    -Moi aussi, je t'aime.

    Puis, elle se tourna vers Julie, toujours souriante :

    -Vous :

    Julie sursauta et se sentit obligé de dire :

    -Oh ! Je suis désolé ! Vous avez du vous inquiéter. Je n'avais pas pensé que...

    -Merci !

    La femme se jeta sur Julie et la serra dans ses bras. Puis, elle la lâcha et dit :

    -Kodoku n'est pas très sociable. J'ai toujours peur de le laisser seul comme ça, mais il faut bien que je travaille !

    -Heu... Vous êtes ?

    -Oups, désolé. Je m'appelle Ayame, détective privé.

    Lorsqu'elle lui tendit sa main gauche, Julie remarqua le même bijou que celui du garçon. La jeune femme ajouta avec un clin d’œil :

    -Ayame veut dire Iris.

    -Oh, mais le garçon n'est pas détective ?

    -Si... Quand il veut. Heureusement que vous êtes passé, sinon il aurait passé ses journées sur son piano. En tant que grande sœur, je me dois de veiller à ce qu'il prenne l'air.

    Elle ponctua cette dernière phrase d'un salut militaire qui fit sourire Julie :

    -Bon, je dois y aller.

    -OK, et n'oubliez pas, si vous avez un problème, nous sommes là.

    Ayame avait déjà fait demi-tour lorsque Julie lui cria :

    -Au fait, et Kodoku, ça veut dire quoi ?

    La jeune femme lui répondit sans se retourner :

    -Solitude !

    Et elle rentra chez elle en sautillant. Julie remonta dans sa voiture et resta un instant à observer la maison. Puis, elle démarra et entendit alors, une cascade de note déferlait. La jeune fille sourit et partit.

     

    FIN

     

     

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