• Elférad Juéllit

    Rang : Or

    Héritier de la grande famille Juéllit

     

    Elférad n'était pas fan du cache-cache. C'était le moins que l'on puisse dire. Il se dirigeait vers la salle de bain du première étage sans trop de conviction. En même temps, mis à part les salles de bain et les toilettes, où ils auraient pu aller ? Un cri derrière lui, lui fit lever les yeux au ciel. Qu'est-ce qu'elle a à gueuler celle-là ? Il s'arrêta au milieu du couloir en se disant soudain qu'ils pouvaient avoir triché. Peut-être pas tous, mais Matior avait toujours été un peu fâché avec les règles. S'il s'est planqué dans sa chambre, je le tue. L'adolescent hésitait maintenant. Était-ce vraiment nécessaire de vérifier cet étage ? Après tout, d'instinct, ils seraient probablement aller à leur propre étage, non ?

    L'héritier d'or perçut une voix qui lui fit tendre l'oreille. C'est Gzadien, ça. Il écouta un instant, sans saisir les paroles prononcées. Ça peut pas être lui, t'es complètement obsédé mon pauvre garçon. Pourtant, il continua à écouter avant de se conforter dans son idée. Mais si, c'est Gzadien. Il se retourna vers les escaliers et ne vit personne. Perplexe, Elférad revint sur ses pas pour rejoindre le palier de l'étage. Dans les marches menant au rez-de-chaussée, deux filles agitées, râlaient :

    -Non, mais j'y crois pas. Pour qui ils se prennent ?

    -T'as vu comment elle nous a poussé ? On aurait pu tomber.

    Elférad les coupa :

    -Excusez-moi, il s'est passé quoi ?

    L'une d'elle lui répondit avec colère :

    -Deux abrutis plantés au milieu des marches. Ils ont failli nous faire tout dévaler.

    Deux ?

    -Il y avait un garçon aux cheveux oranges ? Yeux bridés, pupilles d'argent ?

    L'adolescente hocha la tête :

    -Ouais et une fille aux cheveux bleus.

    Ce ne pouvait être qu'Hiloy. D'où ils sortent ? Ils me suivaient ?

    -Ils sont partis par où ?

    Elles montrèrent le rez-de-chaussée et il dévala les marches sans les laisser ajouter quoique ce soit. Elférad aperçut la porte menant au sous-sol, entrouverte. Je l'avais fermée ? Il y retourna, s'arrêtant en haut des marches, réfléchissant à l'endroit où ils auraient pu se cacher avant de descendre. L'adolescent était passé dans la salle commune sans s'arrêter. Se disant que personne ne tenterait de se cacher au milieu des autres héritiers présents qui risquaient de révéler leur planque. Il y avait le placard au fond du couloir où il ne s'était pas attardé non plus. D'une part, parce qu'il avait la flemme, d'autre part parce qu'il avait entendu les pas précipités de ses amis dans les marches. L'héritier d'or s'était donc dit que, de toute façon, ils étaient tous en haut. Mais du coup, là, ils seraient redescendus ? Il essaya de calculer mentalement le temps qu'il lui avait fallu pour descendre les marches et aller jusque là. Je les aurais vu. Il se retourna et vit l'espace sous les escaliers menant au premier étage. Elférad les imagina facilement se planquer là, alors qu'il revenait au rez-de-chaussée, puis, profitant de sa fascination pour le sous-sol, ils avaient dû remonter. Ça me soûle.

    Il décida de remonter. Le jeune homme vérifia la salle de bain et les toilettes des garçons au premier étage et prit le temps de la réflexion sur la façon de procéder du côté des filles. Il ne pouvait décemment pas entrer tranquillement dans leur salle de bain. Elférad arrêta une fille qui venait de sortir de sa chambre :

    -Excuse-moi.

    -Oui ?

    Il fit son sourire le plus aimable, passant sa main dans ses cheveux châtains d'un air gêné :

    -J'étais censé retrouvé des amies ici, il y a dix minutes et je me demandais si elles n'étaient pas en train de traîner dans la salle de bain ou aux toilettes. Est-ce que je peux te demander d'aller voir ?

    La fille hocha la tête :

    -Elles s'appellent comment ?

    -Laxo, Bélera et Falibi.

    Elle tourna les talons. Elférad supposait que la présence de garçon chez les filles auraient provoqué une certaine agitation qui les aurait fait repérer. Pour ce qui était des filles, il comptait sur le fait qu'appeler par une inconnue, elles se sentiraient obligées de répondre. Cependant, la fille revint sans nouvelle. Il répondit simplement :

    -On a dû se louper. Merci.

    Il procéda de la même manière pour le deuxième et troisième étage, sans succès. Il commençait à croire qu'ils s'étaient tous volatilisés quand un détail lui revint. Neghttris leur avait parlé, il y avait deux soirs de cela, de l'étage à l'abandon. Ils en étaient arrivés à discuter de cela car Matior avait trouvé une porte au troisième étage qui dénotait avec les autres. Qu'est-ce qu'il était allé foutre au troisième étage, ça.... Elférad fit calmement le tour de l'étage pour trouver au fond du couloir des garçons, une vieille porte en bois. Ah oui, ça dénote. Le crochetage de serrure faisait parti d'un apprentissage de base pour beaucoup d'héritier. Il savait au moins que si c'était ouvert, ils étaient montés. Ses amis n'auraient sûrement pas résisté à l'envie de découvrir un étage à l'abandon et il n'aurait pas été étonné qu'ils aient entraîné les autres avec eux.

    Elférad tourna la poignée sans problème. L'adolescent sourit et grimpât les marches de bois étroites et grinçantes. Il n'y avait pas de lumière sous les toits. Neghttris leur avait expliqué que cet étage était à l'origine le dortoir des héritiers d'argent. A l'origine, il était hors de question qu'ils partagent les chambres des héritiers d'or, alors ils avaient été entassés dans les combles pendant des années.

    Le couloir faisait le tour du bâtiment et les portes des chambres se trouvaient à intervalle régulier sur les murs de droite et de gauche. La seule lumière à disposition venait de la fenêtre au fond du long couloir. Le jour se couchait et il ne bénéficierait pas de ce brin de lumière encore longtemps. Avant de se lancer dans la recherche, il se rendit au fond du couloir, ouvrit une chambre, se glissa à l'intérieur et tendit l'oreille. Elférad entendit le grincement des marches quelques instants après. Il perçut l'approche des pas et quand il les jugea assez près, l'héritier d'or bondit dans le couloir en hurlant de toute ses forces.

    Gzadien et Hiloy firent un bond qui fit éclater de rire l'adolescent. Son petit-ami serra les dents :

    -Putain, qu'il est con celui-là.

    Hiloy partagea l'hilarité d'Elférad un moment avant de se ressaisir :

    -On fait quoi, du coup ? On attend que t'ais trouvé tout le monde ?

    Elférad secoua la tête :

    -Non, vous m'aidez à chercher, ça ira plus vite. Gzadien, tu fais ce couloir. Hiloy, celui de l'autre côté. Moi, je vais dans celui-là.

    Il montra la dernière porte au bout du couloir. Hiloy trépignait :

    -Ça fait peur, c'est trop bien.

    Iel s'éloigna tout sourire. Son excitation n'était pas partagée par Gzadien :

    -Donc, moi, je dois rester là.

    Elférad précisa :

    -Tu fouilles les chambres.

    Gzadien rejeta la tête en arrière :

    -Aaaaaah, OK.

    Il entra dans une chambre au hasard et Elférad se dirigea vers le coin qu'il s'était attribué. Il passa la porte menant au dortoir adjacent. Ici, il avait des fenêtres ridiculement petites sur sa gauche qui lui éclairaient le couloir. C'est mieux que rien. L'héritier d'or commença à fouiller les chambres. Les meubles inutilisables avaient été abandonnés sur place. Des sommiers de lits superposés, de vieilles armoires à moitié démontées et d’autres détritus. L'odeur de moisissure et de renfermée lui fit froncer le nez, mais il se força à fouiller. Soulevant, écartant tous les obstacles potentiels, puis passa à la seconde chambre. Moins encombrée, Elférad l'embrassa d'un regard avant de lever la tête. Il se demandait s'il n'était pas possible de grimper sur les poutres pour s'y cacher. A cet instant, la porte de l'armoire derrière lui s'ouvrit brusquement et le garçon eut le temps de voir une silhouette se glisser dans le couloir avant de s'élancer à ses trousses. A gauche.

    -Gzadien ! Il y en a un qui vient vers toi !

    Il vit la silhouette hésiter à son cri, mais Elférad l'empêchait de revenir. Alors, elle tenta le tout pour le tout et passa dans l'autre couloir. Presque aussitôt, il entendit crier. Lorsque le jeune homme passa la porte, il trouva Bélera dans les bras de Gzadien. La jeune fille se laissait porter en souriant :

    -On change de camp quand on est trouvé ?

    Elférad confirma :

    -Exact. On l'a décidé comme ça. Donc si tu sais où se trouve les autres, n'hésite pas.

    Gzadien la relâcha :

    -Et vite, le décompte ne va pas tarder.

    Elférad jeta un regard à sa montre dans les restes de lumière qui passaient par la fenêtre :

    -Ah ouais, au boulot. Tu peux prendre le dernier côté du bâtiment, Bélera, Hiloy fait déjà celui de derrière.

    La jeune fille hocha la tête :

    -OK.

    Ils retournèrent à leur place. Elférad était à sa quatrième chambre quand il entendit un cri qui finit en éclat de rire. Il se demanda un moment si c'était Lyert ou Matior. l'adolescent fouilla une nouvelle pièce et aperçut une silhouette qui s’approchait de lui dans le couloir :

    -C'est qui ?

    -Falibi. Gzadien m'a dit de venir t'aider.

    Elférad sourit :

    -Tant mieux. Tu sais qui il reste ?

    La jeune fille compta sur ses doigts :

    -Eh ben, Bélera m'a trouvé et on a trouvé Lyert. Du coup, on s'est dit que l'on allait faire des équipes de deux, tant qu'à faire. J'ai retrouvé Hiloy, mais elle était déjà avec Laxo. Donc, j'ai rejoint Gzadien qui venait de trouver Rafirin. Alors, me voilà.

    Elle prit un ton dramatique :

    -Dis-moi que tu as besoin de moi. Je n'ai plus de but dans l'existence, sinon.

    Elférad prit un air solennel :

    -Falibi, j'ai besoin de toi.

    Elle rit :

    -Génial ! Tu en es où ?

    Il pointa une nouvelle chambre :

    -Reste à la porte au cas où quelqu'un essaie de s'enfuir.

    L'héritière d'argent acquiesça. Il chercha rapidement la petite pièce avant de se tourner vers elle :

    -Tu vois une planque particulière ?

    -Non, je ne pense pas.

    Ils ressortaient quand la voix des haut-parleurs leur parvint, étouffée, du troisième étage. Ils se figèrent pour tenter d'entendre et Falibi demanda :

    -C'est le décompte, non ?

    Elférad hésita encore, à l'écoute, mais il finit par percevoir l'énonciation régulière des chiffres :

    -Oui, on bouge.

    Il cria :

    -Le décompte ! Tout le monde descend !

    Il entendit une porte s'ouvrir plus loin et Vish apparut, Ze derrière elle. Elférad leur fit signe de les suivre :

    -On y va. Il y en a d'autre là-bas ?

    Vish les rejoignit :

    -Non, je ne pense pas.

    Ils se rendirent à l'escalier où ils retrouvèrent les autres. Avant de descendre, Neghttris glissa à Elférad :

    -J'ai gagné.

    Son ami ricana :

    -Par manque de temps ? Je n'appelle pas ça une victoire.

    Falibi retrouva Hiloy et ils allaient descendre quand Hiloy se rendit compte qu'Elférad ne bougeait pas :

    -Tu ne viens pas ?

    -J'attends que tout le monde soit descendu.

    Neghttris passa un bras autour de ses épaules :

    -N'est-ce pas que c'est un bon petit papa, ça.

    Elférad fit mine de lui envoyer un coup de poing dans l'estomac. Son ami s'écarta en riant.

    -Dégage.

    -Oui, chef.

    L'héritier d'argent dévala les marches à la suite des autres. Les héritiers restants les imitèrent tout en riant et discutant. Elférad s'assura que personne ne restait derrière et vérifia auprès de Gzadien qui se tenait près de lui :

    -T'as vu tout le monde descendre, on est d'accord ?

    L'adolescent prit un air soupçonneux :

    -A moins qu'un esprit ait pris la forme de l'un d'eux qui est actuellement enfermé dans une des chambres, à se faire torturer.

    Elférad l'observa avec le plus grand sérieux, tandis qu'il ouvrait grand les yeux et la bouche dans une mimique d'horreur. Elférad eut un mince sourire avant de secouer la tête :

    -N'importe quoi.

    Il lui prit la main et le traîna dans les escaliers alors que Gzadien continuait :

    -Non, mais c'est vrai. Si ça se trouve Neghttris n'était pas Neghttris. Tu as parlé à un esprit sans même le savoir. Ce serait l'esprit d'un héritier d'argent revenu hanter son dortoir.

    Les couloirs se vidaient, les portes claquaient. Elférad et Gzadien regagnèrent leur chambre sans prendre le temps de saluer qui que ce soit. La porte se ferma à clé quelques secondes à peine après leur retour.

    -On a eu chaud. Prem's à la douche !

    Gzadien se précipita dans la salle de bain. Elférad haussa un sourcil en le voyant faire :

    -Tu sais qu'on peut aussi la prendre ensemble. T'as vu la taille de cette douche ?

    La salle de bain chez lui devait faire la moitié de celle-là. Il se demandait parfois à quoi ressemblait la salle de bain des héritiers des Cinq. Gzadien passa la tête dans l'embrasure de la porte :

    -Bah, qu'est-ce que tu fais ?

    Elférad releva la tête :

    -Quoi ?

    -T'as dit que tu venais. Je t'attends.

    L'adolescent se prit à rire :

    -Je pensais pas que tu me prendrais au sérieux.

    Gzadien prit un air sévère :

    -C'est celui qui le dit qui le fait, je te signale. C'est pas ma faute si tu ne fais pas attention à ce que tu dis.

    Elférad leva les yeux au ciel :

    -Je viens.

    Gzadien sourit et disparut dans la salle de bain où l'héritier d'or le rejoignit quelques instants plus tard.


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