• XXIX - Hiloy : Perdu

    Une fois sorti.e de l'hôpital, Hiloy se concentra sur les cours. La fille morte continuait de la hanter, mais ne trouvant pas l'occasion d'aller à la recherche des autres héritiers des Cinq, iel se contenta de ses devoirs.

    -Tu viens ?

    Hiloy leva les yeux de sa feuille pour observer Falibi, les coudes sur son bureau, le visage posé au creux de ses mains.

    -On a pas mal de devoirs à rendre.

    Falibi fit la moue :

    -Mais on bosse ensemble dans notre salle. Viens.

    Les jours qui étaient passés les avaient vu traîner dans la salle commune des premières années presque tous les soirs. Lae Cinquième n'avait rien contre, mais il fallait avouer qu'un devoir qui pouvait être fait en dix minutes avait tendance à en prendre trente. Cependant, Hiloy ne résista pas longtemps. Ça fait un moment que t'es pas allé.e voir les autres. Si tu veux diminuer le nombre d'ennemis potentiels, va t'amuser. C'est pas ta faute si c'est le seul moyen.

    -Tu as tes livres ?

    Falibi se mit à sautiller :

    -Évidemment. Allez, allez.

    Hiloy prit cahiers et crayons et suivit son amie. En entendant la musique dans le couloir souterrain, l'adolescent.e demanda :

    -On va dans la salle de notre classe, hein ? C'est plus calme.

    Falibi hocha la tête :

    -Si tu veux.

    Ils attrapèrent Rafirin au passage et allèrent se réfugier dans leur salle. Ils se concentrèrent sur les devoirs urgents, mais les discussions se firent plus fluides au fur et à mesure que la concentration s'évaporait. Mis à part le trio, Vish et Ze étaient les seules à occuper la salle. Hiloy écouta un moment l'héritière d'or déblatérer toute seule, tandis que son esclave restait inerte, les yeux dans le vague.

    -Est-ce qu'elle est muette ?

    Hiloy avait murmuré la question à ses amis pour ne pas attirer l'attention des deux filles. Falibi jeta un regard à Ze :

    -Je ne pense pas. C'est juste que Ça n'a pas le droit de parler sans permission.

    Lae Cinquième grimaça. Iel n'aimait pas tellement qu'ils parlent de Ze en disant « Ça », mais iel ne se sentait pas le droit de les reprendre. Des éclats de voix en approchent les fit sourire. Falibi se tourna vers la porte :

    -Les mignons arrivent.

    Ce fut, en effet, Elférad et son groupe qui déboulèrent dans la salle, aussi bruyant que d'habitude. Laxo et Bélera les suivaient de près. La première demandait :

    -Mais on pourrait le faire, non ?

    Gzadien s'affala dans un fauteuil :

    -On pourrait, mais ça peut être vachement long.

    Neghttris le soutint :

    -Il a raison ou alors, il faut qu'on fixe une limite.

    Falibi ne put s'empêcher de se mêler de la discussion :

    -Vous parlez de quoi ?

    Pendant que Neghttris et Laxo continuaient de parler, Lyert prit le temps de répondre à la jeune fille :

    -On veut faire une partie de cache-cache dans le dortoir.

    -Cool. On peut jouer ?

    Elférad entoura les épaules de Gzadien de ses bras :

    -Si vous avez des idées pour les règles...

    Rafirin proposa :

    -Les chambres sont interdites.

    Matior approuva :

    -C'est sûr. Si on peut pas entrer, c'est de la triche.

    Gzadien ajouta :

    -Interdiction de sortir du bâtiment.

    Bélera leva timidement la main :

    -Si cela prend trop de temps, on dit que le début du compte à rebours des chambres sonne la fin de la partie.

    Matior eut un ricanement :

    -C'est sûr. Je tiens pas à dormir à l'hôpital.

    Vish se leva avec un large sourire :

    -Je peux jouer aussi ?

    Il y eut un acquiescement général. Voyant que l'esclave ne réagissait pas, Hiloy éleva la voix pour lui demander :

    -Tu veux jouer aussi ?

    Ze l'ignora. Lae Cinquième se rendit compte du silence qui l'entourait et promena son regard sur l'assistance. Tous lae regardaient avec de grands yeux. Neghttris finit par dire :

    -Hiloy, qu'est-ce que tu fous ?

    Ils éclatèrent de rire comme si iel venait de dire la chose la plus drôle du monde. Hiloy ne partagea pas l'hilarité générale et se contenta d'observer l'esclave immobile, avec tristesse.

    -Vous êtes prêts ? Rien à ajouter ?

    Ils s'entre-regardèrent sans rien trouver à dire, alors Elférad continua :

    -Qui compte ?

    Lyert lança :

    -Celui qui propose compte.

    Tous approuvèrent et Elférad ne put lutter :

    -OK. Je m'y colle.

    Gzadien lui pointa le coin de la pièce :

    -Va là-bas.

    Il obéit docilement :

    -Je compte jusqu'à combien.

    Neghttris lança :

    -Cent.

    Elférad râla :

    -Cent ? C'est hyper long.

    Lyert répliqua :

    -Ouais, mais le temps qu'on arrive à l'autre bout du bâtiment.

    Le petit groupe se dirigeait déjà vers la porte à reculons. Hiloy se mit en mouvement également. Elférad commença à compter à toute vitesse provoquant la panique générale. Neghttris prit le temps de lancer avant de se précipiter dehors :

    -T'as pas le droit de compter comme ça.

    Elférad fit une pause pour répliquer :

    -On ne l'a pas précisé.

    Il reprit son décompte. Hiloy courut dans le couloir en réfléchissant à un endroit sûr. Au bout du couloir, iel aperçut un placard. Sois ouvert. Les autres remontaient déjà dans les étages supérieurs. Lae Cinquième ouvrit la porte pour découvrir un espace où les gens chargés du ménage rangeaient leur matériel. Iel cherchait un moyen de se dissimuler quand la porte s'ouvrit de nouveau. Gzadien s'arrêta en l'apercevant :

    -Flûte alors.

    Il allait repartir, quand iel lui fit signe d'entrer :

    -Viens, y a de la place pour deux.

    Gzadien ne se fit pas prier :

    -Tu crois ? Cool.

    Ils farfouillèrent un moment avant de trouver des places qui leur convenaient. Hiloy trouva un rangement dans le mur et poussa les produits ménagers pour s'y glisser. Recroquevillé.e pour tenir dans l'espace restreint, iel eut des difficultés à refermer la petite porte. Iel la garda entrebâillée de peur de rester enfermé.e.

    Lorsqu'Elférad entra pour inspecter le placard, Hiloy retint sa respiration en espérant qu'il ne trouverait pas Gzadien. Iel n'avait pas pris le temps de voir où il se cachait. Finalement, l'adolescent ressortit après une fouille rapide. En entendant la porte se refermer, iel quitta sa planque pour soulager son dos douloureux. Lae Cinquième vit Gzadien descendre du haut d'une étagère et murmura avec émerveillement :

    -Comment t'as fait pour te caler là-haut ?

    Il se contenta de prendre un air mystérieux et se dirigea vers la porte avec précaution.

    -On a le droit de bouger ?

    Gzadien répondit avec un sourire :

    -On ne l'a pas précisé.

    Hiloy lui rendit son sourire sans trop savoir quoi faire. L'adolescent jeta un regard rapide dans le couloir pour voir si la voie était libre, puis se tourna vers lae Cinquième :

    -Tu viens ?

    Iel se décida à le suivre. Toujours avec prudence, ils montèrent les marches menant au hall du dortoir. Ils restèrent un instant à la porte, hésitant à se lancer dans ce vaste espace découvert.

    -Tu crois qu'il est allé où ?

    Gzadien pointa les escaliers du menton :

    -Je ne serais pas étonné s'il était monté dans les étages.

    Ils observèrent un temps les allées et venues des autres premières années qui menaient leur vie sans se douter de ce qu'ils pouvaient trafiquer.

    -On court jusqu'au bas de l'escalier à trois. T'es prête ?

    Iel acquiesça :

    -Prêt.

    -Un... deux... trois.

    Ils s'élancèrent et atteignirent leur objectif sans difficulté. Les passants leur jetèrent des regards curieux et amusés.

    -Bon, on reste sur nos gardes. On vérifie le premier étage d'abord.

    Hiloy hocha la tête. Ils gravirent les marches et s'arrêtèrent au premier palier. Dans le couloir où se trouvaient les chambres, ils aperçurent le dos d'Elférad qui se dirigeait vers la salle de bain. Lae Cinquième fit remarquer :

    -Le problème c'est que si on continue à le suivre, on n’a pas beaucoup de chance de se planquer à temps.

    Gzadien approuva :

    -T'as raison. Il faut qu'on trouve une planque dans le coin.

    Il se retourna brusquement, bousculant deux filles qui venaient d'atteindre le palier. Surprise, l'une d'elle poussa un cri et Hiloy se tourna aussitôt vers Elférad en espérant que cela n'attirerait pas son attention. Perdu.

    -Gzadien, il va se retourner.

    L’héritier d’or s'était arrêté, comme hésitant à porter de l’intérêt au cri qu'il venait d'entendre. Cependant, la fille commença à invectiver Gzadien qui avait manqué de lui faire dévaler les marches. L'adolescent se confondait en excuse et cette fois, Hiloy vit qu'Elférad commençait à se tourner. Iel poussa Gzadien et les deux filles sans ménagement quelques marches plus bas.

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