Citseko Fraam

Rang : Argent

Héritier de la famille Fraam au service du clan Evarla

Citseko pointa du pouce, une table derrière lui où un groupe de secondes années était hilare. Il n'en fallut pas plus pour que le duo comprenne. Gec-Nüj reprit assez de sérieux pour demander :

-On est sensé te donner une réponse spéciale  ?

Citseko haussa les épaules :

-Non, je continue jusqu'à ce qu'ils en aient marre.

Gec-Nüj grimaça :

-Merde, désolé pour toi.

-Merci.

L'un des secondes années s'impatienta :

-Ne l'oublie pas. Pas de jaloux.

Citseko fit la moue en demandant à Gec-Nüj :

-T'es canon. Tu veux pas m'épouser ?

L'interpellé eu un sourire compatissant :

-T'es mignon, mais non. Pas mon genre.

Citseko se tourna vers les secondes années qui lui désignèrent une autre table. Il soupira profondément en s’éloignant vers son prochain objectif, des élèves qu'il ne connaissait pas. L’héritier d’argent fit la même demande à chacune des personnes présentes, puis dût passer à la table suivante. Il fallut encore trois tables avant que le groupe ne se lasse et se lève pour partir. Citseko rejoignit sa propre table où quatre héritiers d'or l'attendait. Meb souriait, visiblement très amusé de la situation :

-Alors ? Tu vas devoir te marier combien de fois ?

Citseko s'assit en répondant :

-J'ai pas vraiment de succès.

Meb rit :

-Ils sont juste timides, va.

Dsouphan, un garçon grand et large d'épaule de la classe Lion, revint à la conversation interrompue par les secondes années :

-Alors, c'était comment vos Enfermements ?

Citseko se pencha en avant, tout ouïe. Il n'avait pas encore eu d'Enfermement et s'inquiétait de ce qui s'y passerait. Meb et Gondémàr y avaient déjà eu droit, eux. Le premier se contenta de dire :

-Bah, il ne s'est rien passé d'exceptionnel. On n’a pas beaucoup parlé.

Gondémàr ouvrit de grands yeux :

-C'est vrai ?

Meb fut aussi surpris de sa réaction :

-Pas toi ?

L'autre se mit à rire :

-Non, pas vraiment. Les surveillants ont dû intervenir.

Dsouphan n'en croyait pas ses oreilles :

-A ce point-là.

Gondémàr acquiesça, amusé de leur étonnement :

-Bah oui, pourquoi crois-tu que Romal soit revenu avec un coquard ?

Chalien intervint pour la première fois :

-C'est les surveillants qui lui on fait ça ?

Gondémàr secoua la tête :

-Bien sûr que non, c'est un autre gars de notre classe. Romal s'était moqué de son clan.

Dsouphan demanda :

-C'était qui ?

Son camarade se tourna vers lui :

-Fablimer, tu sais, le gars au cheveux vert et blanc.

-La vache. Il a pas l'air violent pourtant.

Citseko les écouta parler sans oser ouvrir la bouche. Il avait tendance à se trouver stupide dès qu'il prononçait un mot en leur présence.

Meb et les trois autres garçons étaient amis depuis près de trois ans. Citseko ne les considérait pas comme tel, simplement à cause de la couleur de ses broderies.

Citseko avait toujours suivi Meb comme son ombre. C'était son rôle de prendre soin de lui. Du moins, c'est ainsi qu'il avait toujours vu la chose et on avait pas eu besoin de le lui dire. Il le suivait depuis le jour où le chef de clan lui avait expliqué la différence entre une famille et une grande famille. Depuis le jour où il avait compris ce qu'était un chef. Prends soin de lui et il te protégera. C'était donnant-donnant. Il avait donc commencé à agir de la sorte, non pas qu'il est déjà eu besoin de protection. Meb avait d'abord était surpris de voir ce garçon le suivre partout, obéissant à tous ses ordres, mais il n'avait rien fait pour le priver de la tâche qu'il s'était assigné. Les parents de l'héritier d'or avaient encourageait cette initiative. Cela pouvait donner à leur fils un garde du corps fidèle.

Car, il ne fallait pas s'y tromper, les héritiers d'argent étaient avant tout des boucliers humains en cas de danger. Citseko avait entendu beaucoup de chose. Les héritiers d'argent ont la chance de pouvoir se distinguer. Ils pourront quitter leur clan, créer le leur, faire de leurs enfants des héritiers d'or. On ne s'attardait jamais sur ce qu'ils auraient à faire pour cela.

Entrer à l'école des héritiers n'était que le début. Il fallait y survivre, mais y survivre en gardant son héritier d'or en vie. S'il venait à mourir, la grande famille n'avait aucune raison de laisser l'héritier d'argent garder ses privilèges.

Lorsqu'ils avaient commencé à aller à l'école commune, Meb s'était évidemment rapproché d'enfants de grande famille. Il avait changé d'amis au fil des ans dût à sa propre évolution ou aux circonstances, la seule variable qui resta constante fut la présence de Citseko derrière lui. On ne s'étonna donc pas de le voir recevoir l'uniforme aux broderies d'argent.

Citseko observa les garçons autour de la table. Les amis de Meb n'étaient pas dans la même classe pour la seule raison que ses parents n'avaient pas dû verser assez d'argent. Au moins, on est dans une classe neutre. Et puis, Citseko n'aimait pas vraiment ces trois camarades là. Il se sentait remisé à plus bas que terre chaque fois que Gondémàr lui adressait la parole. Dsouphan avait tendance à le voir comme un serviteur particulier et à éviter de le regarder. En même temps, il n'a pas tout à fait tort. Quand au dernier, Chalien, il n'ouvrait la bouche que pour parler de ses amoureuses. Bien sûr, Citseko ne se serait jamais permis de faire le moindre commentaire sur ces garçons à Meb. Après tout, s'il les aimait bien, il n'y avait rien d'autre à dire.

L’adolescent sortit de ses pensées en voyant qu'ils se levaient pour partir. Attrapant ses affaires, il les suivit, restant un bon pas en arrière. Chalien avait fini par craquer et commença à raconter pour la énième fois, ce que ses amoureuses et lui avait fait l'été dernier. Cela provoqua rire et agacement dans son auditoire. Meb ralentit imperceptiblement pour se retrouver à hauteur de Citseko. Il lui envoya un coup de coude :

-T'en fais pas va.

Citseko s'étonna :

-Pourquoi ?

-Pour l'Enfermement. Il va rien se passer. Avoue que notre classe est relativement calme. Eux, ils ont une classe de tarés. C'est pas étonnant qu'ils se foutent sur la gueule.

Citseko sentit un poids le quitter au fur et à mesure que Meb parlait. Il a raison. Celui-ci continua :

-En plus, t'es pas du genre à foutre la merde, alors il n'y a pas de raison pour que tu t'en prennes une.

Citseko eu un léger demi-sourire.

Meb ajouta :

-Et si on te cogne, tu as ma permission pour l'envoyer à l'hôpital, même une obligation. Qu'on commence pas à dire que notre clan envoit des faibles.

Citseko rit doucement. Un rire bref, à peine audible. Quand les parents de Meb avait décidé qu'il deviendrait l'héritier d'argent de leur fils, ils avaient fait en sorte qu'il apprenne le maniement des armes et les arts martiaux avec Meb. Contrairement à d'autre, Citseko avait donc pratiquement les mêmes capacités de combat que ceux qui portaient l'or.

-Autre chose.

Citseko revint à Meb :

-Oui ?

-Si la Cinquième se retrouve avec toi, montre ton meilleur côté.

L'adolescent hocha la tête en précisant :

-Iel, de ce que j’ai entendu.

Meb acquiesça :

-C'est vrai. Sois particulièrement gentil, apparemment, iel aime bien les héritiers d'argent.

Citseko savait à quoi il faisait allusion. Lorsque Lyert avait raconté ce qui était arrivé lors de son Enfermement, son groupe se trouvait au milieu du couloir. Meb ne s'était pas gêné pour écouter et tout rapporter à ses amis. La Cinquième qui prenait la défense d'un héritier d'argent face à un héritier d'or, si cela était anodin pour certain, l'information était essentiel pour d'autre. Meb voulait s'attirer les bonnes grâces de Hiloy, mais ne savait pas tellement comment s'y prendre. Un Enferment avec son héritier d'argent serait l'occasion idéale.

-Je ferais de mon mieux.

Meb rayonnait :

-Je sais.

Citseko se sentit rougir. A ce moment, les trois garçons appelèrent Meb qui les rejoignit et l'adolescent le regarda repartir avec regret.