• L'assassin

    Et puis, arriva Harry Potter...

     

    CHAPITRE 1 : Drôle d'accueil

    La nuit est étoilée. La lune ronde est haute dans le ciel. Il est minuit, l'heure des sorciers.

    Derrière sa mère Frank regarde les maisons des sans pouvoirs, si petites vu de là. Le balai de sa mère est vieux, mais peu encore voler très haut. Il s'agrippe un peu plus à sa mère, tourne la tête pour apercevoir son père qui traîne derrière avec tous ses bagages. Puis, il regarde devant lui. Une forêt immense et touffue s'étend à présent, sous ses pieds et, au centre de celle-ci, un château moyen-âgeux se dresse fièrement.

    Frank frissonne en apercevant son collège et se demande, sans trop savoir pourquoi, si parmi tous les sorciers qui font leur rentrée, l'un d'eux a oublié de lancer un sort d'invisibilité avant de décoller. Sa mère entame la descente, Frank tremble. Bientôt, il touche le sol. En regardant autour de lui, ce qu'il craignait se confirme. De tous les premières années présents, il est le plus petit. Il n'arrive qu'à la hauteur de leurs épaules. Ses parents déchargent ses bagages et le serre dans leur bras, mais avant de repartirent, ils lui dirent :

    -Surtout, fais attention, hein, choisis bien tes amis surtout et tu nous écris. N'oublie pas, hein, si tu as un problème.

    Frank se demande pourquoi ils lui ont dit de faire attention, mais, déjà, une grande femme squelettique leur dit d'entrer leurs valises.

    Dans le grand hall, il y a une porte sur le mur de droite et une sur celui de gauche. En face, il y a deux escaliers face à face, l'un part à gauche et l'autre à droite :

    -Je me nomme Hapu et je suis l'assistante du directeur. La porte à votre gauche mène au réfectoire. Les horaires sont affichés dessus. Celle à votre droite mène à toute les salles de classe et la cour. Quand aux escaliers, celui de gauche mène au dortoir des garçons et celui de droite à celui des filles. Il vous est interdit de sortir de vos chambres la nuit. Il vous est également interdit d'entrée dans le hangar aux créatures en l'absence d'un professeur. Bien, maintenant, vous pouvez aller ranger vos affaires. Demain, vous êtes libres. Vous pourrez vous familiariser avec les lieux. Je vous souhaite ne bonne fin de nuit et à demain.

    Elle s'éloigne à grands pas avant de disparaître par la porte du réfectoire. Frank reste un moment sans bouger. Il en profite pour écouter les conversations de certains élèves qui gagnent leur dortoir. Un grand garçon blond chuchote :

    -T'a vu ? On aurait dit qu'elle tremblait.

    Un autre dit :

    -Tu parles d'un accueil.

    Frank prend finalement sa valise et se dirige vers les escaliers, songeur. Le choc lui coupe le souffle. Il lâche sa valise et lève les yeux. 

     

    CHAPITRE 2 : Première amie

     La fille avait les cheveux blonds attachés dans le dos. Elle laissait deux mèches libres de chaque côtés se son visage, celles-ci étaient légèrement bouclés. Ses yeux bleus dévisageaient Frank avec curiosité, puis, sans rien dire, elle passa devant lui et rejoignit son escalier. Frank  la suivit des yeux un moment avant de rejoindre son propre escalier. Son prénom était marqué sur la porte de sa chambre, il y entra. Un lit en baldaquin était face à la porte, sur le mur de gauche, une fenêtre contre celui de droite une énorme malle. Juste contre le lit, un bureau et une table de nuit. Frank rangea ses affaires dans la malle et ressortit pour connaître l'heure du petit-déjeuner. Dans le hall, il retrouva la fille qu'il avait bousculé. En le voyant arriver, celle-ci lui sourit et s'avança. Frank, mort de peur, se mit aussitôt à lui débiter des excuses interminables. La fille l'observa un moment, les sourcils froncés, avant de lui demander :

    -C'est bon, t'as fini ?

    Frank se tut aussitôt. La fille sourit de nouveau :

    -Je m'excuse, aussi, pour tout à l'heure. J'ai pas fait gaffe, désolé... Tu t'appelles comment ?

    -Frank Wolf, fils de François Wolf et de Louisi Wolf.

    C'était ainsi que les sorciers devaient se présenter, Frank ne savait toujours pas pourquoi, ainsi fut-il choqué lorsque la fille répondit :

    -Moi, je suis Isabelle Perrins.

    Frank la regarda d'un air étonné qui la fit rire :

    -Me regarde pas comme ça.

    -Pourquoi tu n'as pas présenté tes parents ?

    -Tu le sauras bien assez tôt.

    Frank sourit. Il l'aimait bien cette Isabelle Perrins dont il connaîtra bientôt la raison pour laquelle elle n'avait pas présenté ses parents. Ils discutèrent un moment, puis après avoir pris les horaires du réfectoire, remontèrent chacun dans leur chambre.

    Frank était heureux. Il avait enfin une amie. Il se coucha et s'endormit aussitôt. 

    Le lendemain, il se leva de bonne heure, impatient de retrouver Isabelle. Il la trouva parmi les nombreux élèves qui se pressé dans le hall. Il s'approcha d'Isabelle pour lui demander :

    -Qu'est-ce qui ce passe ?

    -Je sais pas, ils ont pas encore ouvert le réfectoire.

    Une minute plus tard, il était ouvert. Les élèves entrèrent comme des loups affamés. De longues tables blanches étaient alignées. Une porte à gauche menait au réfectoire professeur;

    -On se met là-bas ? Demanda Isabelle.

    Frank acquiesça et ils s'installèrent au fond à droite. 

     

    Chapitre 3 : Les demi-sorciers

    Lorsque tous les élèves furent assis, des plats descendirent lentement du plafond pour se poser sur les tables. Frank et Isabelle prirent un bol et commencèrent à se servir en lait, quand un homme grand, mince, à barbe blanche entra. Il se plaça au fond de la salle et parla d'une voix forte pour que tous puissent l'entendre :

    -Bonjour chers élèves, je suis votre directeur.

    Pendant qu'il parlait les professeurs entrèrent et placèrent à ses côtés. Le directeur continua :

    -Veuillez nous excuser du retard, mais nous étions en réunion. Elle avait pour sujet deux nouvelles de la plus haute importance. Deux nouvelles qui pourraient changer bien des choses dans notre collège. Il s'agit, tout d'abord, des enfants nés de sans pouvoir.

    A cette annonce, les élèves poussèrent des cris d'exclamation, certain éclatèrent de rire. Ce genre de personne, les sorciers enfants de sans pouvoir, tous le savaient, étaient des idiots qui avaient, il y a longtemps, dit-on, tenté de gouverner le monde des sorciers et des sans pouvoir. Ils s'étaient unis pour montrer qu'ils valaient mieux que n'importe quel sorcier. Ceux-ci leur donnèrent une belle raclée et ces demi-sorciers ignoraient tout de la magie. Certain ignorait même qu'ils avaient des pouvoirs. 

    Le directeur rappela les élèves au silence en levant les mains :

    -Oui, nous savons tous que c'est un bon sujet de plaisanterie, que tous, nous les jugeons comme des personnes idiotes, égoïstes et sans scrupule. Mais aujourd'hui nous avons, vos professeurs, les mages et moi-même, avec l'accord de vos parents, jugés qu'il était temps de leur donner une seconde chance. C'est pourquoi, cette année sera une année d'essaie pour les demi-sorciers souhaitant refaire parti du monde de la magie. Nous avons pour cela, accueillit parmi nous UN demi-sorcier. Lève-toi s'il te plait.

    Les élèves se regardèrent les uns les autres. Soupçonneux, méfiant. Frank observa toute la salle pour voir celui qui se lèverait. Aussi, faillit-il tombé de sa son siège lorsqu'Isabelle se mit debout. Tous les regards se braquèrent sur elle plein de dégoût, de colère. Isabelle gênait baissa la tête vers Frank et lui sourit légèrement d'un air suppliant. Celui-ci, d'abords surpris, lui rendit son sourire. Demi-sorcier ou pas, c'était son amie maintenant. Rassurée, elle se rassit sur le signe du directeur. Les élèves plaçaient à côté et en face d'elle se déplacèrent. Frank et la jeune fille furent bientôt les seuls au bout de la table. Isabelle lui murmura :

    -Merci.

    Frank voulut répondre, mais le directeur reprit la parole pour annoncer l'autre nouvelle.

     

    Chapitre 4 : Ravenblack

    -Maintenant, une nouvelle des plus sérieuse. Elle a un rapport avec le Ravenblack.

    A ces mots, des élèves poussèrent des cris de terreur , certain tombèrent  de leur chaise. Il y eut même une fille qui s'évanouit. Le Ravenblack comme l'appelait les sorciers, était un homme aux pouvoirs puissants qu'il utilisa pour décimer des milliards de sorcier et sans pouvoir. Torturant les hommes sous les regards horrifiés de leur famille. Massacrant les enfants sous les yeux terrifiés de leur parents. Pour imposer son pouvoir, il était prêt à tout, mais un jour, il disparut sans laisser de trace. Les sorciers ne parlaient jamais de cette époque. Frank tremblait de tous ses membres. Voilà pourquoi ses parents lui avaient dit de faire attention. Ils devaient être au courant de la nouvelle qu'ils allaient annoncer et comme il s'agissait du Ravenblack, ce n'était certainement pas une bonne. 

    Le directeur réclama à nouveau le silence, puis il continua d'un air grave :

    -Bien que nous nous y soyons tous opposés, le grand commandement a insisté. Arrivera, aujourd'hui, parmi vous, le fils du Ravenblack...

    Des cris déchirèrent l'air, mais le directeur imposa le silence :

    -Je vous prie de me laisser finir. Donc, il arrive aujourd'hui. Sitôt arrivé, il se fondra parmi vous. Cependant, vous le reconnaîtrez à un bandana qu'il portera à son front. Au moindre problème, vous venez directement me voir.

    Un élève se troisième se leva et prit la parole :

    -Pourquoi le commandeur permet-il que ce gosse vienne dans un collège ?

    -Il pense qu'il a autant le droit que vous d'apprendre parmi des enfants de son âge.  Maintenant, nous vous souhaitons un bon appétit, bonne journée.

    Frank murmura pour lui-même :

    -Bonne journée, tu parles.

    Il se tourna vers Isabelle et demanda :

    -Tu crois qu'il est comment ?

    Isabelle lui répondit, souriante :

    -Je sais pas.

    Il tourna la tête un moment, puis demanda :

    -Tes parents sont au courant pour toi ?

    -Oui, mais t'inquiète, des dispositions ont été prise pour qu'ils n'en parlent à personne.

    -Et... sur les sorciers, qu'est-ce que tu sais ?

    -Là aussi, les dispositions ont sont prises. Tel que tu me vois, j'ai tout le savoir faire et les connaissances d'une sorcière de sixième.

    Frank sourit. Au fond, elle n'était pas très différente d'une sorcière, mis à part les parents, bien sûr.

    Après avoir mangé, ils firent un tour du côté des salles de classe pour les repérer. Puis, ils allèrent dans la cour. Celle-ci était assez grande, entourée de hauts murs en pierre, avec une porte qui donnait sur l'étang.

     

    Chapitre 5 : Alexandre

    Ils s'assirent sur la fontaine à sec situait au centre de la cour. Celle-ci était entouré de pelouse. Frank questionna Isabelle sur les sans pouvoirs, mais alors qu'elle tentait tant bien que mal de lui expliquer ce qu'était un film, elle s'arrêta. Frank ne s'en apercevant pas, continua :

    -Donc, un film, c'est des gens qui rentre dans une petite bande pour raconter une histoire, mais comment ils en sortent ?

    Il l'observa et, inquiet de n'avoir aucune réaction, demanda :

    -Isabelle ? ça va ?

    Celle-ci, les yeux grands ouvert, fixait un point derrière Frank, qui se retourna. Ce qu'il vit  lui glaça le sang. En regardant entre les quelques élèves qui avait pris place dans la cour, il avait pu apercevoir dans un coin de celle-ci, un jeune garçon de son âge, les yeux au ras du sol, aux cheveux bruns. Appuyé contre un mur, les bras et les jambes croisés. Tout était noir chez lui, ses chaussures, ses vêtements, mais ce qui était l'objet de leur fixation était le bandana noir qui enserrait le front :

    -Frank ?

    La voix d'Isabelle le rappela. Il détourna la tête :

    -C'est qui lui ?

    Frank suivit la direction qu'elle lui indiquait. Elle désignait un garçon blond, au teint pâle, plutôt grand, il était suivis par quatre autre garçons plutôt costaud :

    -Oh, lui... c'est Alexandre, son père fait parti du grand conseil, alors évidemment, il est méga riche.

    -Son père est Mage ? Moi qui croyait que c'était des vieux gâteaux. Les garçons qui le suivent, qui c'est ?

    -Ces garde du corps. Son père à peur qu'on veuille du mal à son petit bijou.

    -On lui veut du mal ?

    -Oh oui, fais-moi confiance, ce gars-là, c'est une ordure.

    -Ouais, comme tout enfant pourri gâté qui se respecte. 

    -Ouais.

    Frank voulut, de nouveau, observer le garçon au bandana, mais son sang se glaça. Le garçon en question le fixait droit dans les yeux, comme s'il eu senti le regard de Frank. Ses yeux sans trop savoir pourquoi, le terrifiait, il n'arrivait pas à s'en détacher. Il sentit la peur l'envahir. Isabelle le vit devenir pâle et tremblant. Elle regarda le garçon au bandana. Il semblait mettre la pression sur Frank. Ses yeux n'étaient pas normaux. C'est comme s'il avait deux trous noir à la place des pupilles. Isabelle compris qu'il fallait partir. Elle prit Frank par le col de sa chemise et le tira d'un coup brusque :

    -Hein... Qu'est-ce qu'il y a ? demanda celui-ci.

    Elle dit, dans le lâcher :

    -Viens, on s'en va.

     

    Chapitre 6 : Leçon de vol

    Le soir, au dîner, on leur distribua leurs emplois du temps. Tout le monde ayant remarqué le fils du Ravenblack, il s'était retrouvé seul en bout de table. Plus loin, Frank et Isabelle et encore plus loin, le reste des élèves. Tous avaient été inquiet de la présence du garçon au bandana, mais, à présent, ils s'inquiétaient de savoir si leur emploi du temps était sympa ou pas. Tous les sixième ne formant qu'une classe, Frank et Isabelle se retrouvèrent le même emploi du temps. Frank regarda discrètement le garçon. L'épisode de la fontaine lui revint en mémoire et le simple fait de le savoir avec lui dans tous les cours, le fit frissonner. A ce moment, le garçon tourna la tête et le fixa dans les yeux, mais ceux-ci n’avaient plus rien de terrifiant. Ils étaient noir sans aucune expressions. Frank baissa la tête pour faire mine de s'intéresser à son emploi du temps.

    Le lendemain, ils commençaient par un cour de vol, celui-ci se déroulait dans les alentours du château. Le but de ce cour étant d'enseigner aux élèves le vol. On leur distribua à chacun un balai. Les enfants s'alignèrent et attendirent le professeur. Alexandre en profita :

    -Mais regardez qui est là. C'est Frank, le gnome. Les garçons qui l'entouraient ricanèrent, mais Isabelle répliqua :

    -Mais regardez qui est là. C'est Cindy et ses caniches.

    Frank sourit, tête baissée, ce qui n'empêcha pas Alexandre de le remarquer :

    -Qu'est-ce qui te fait rire, toi ?

    Frank leva des yeux apeurés et avant qu'Isabelle ne put réagir, Alexandre enfourcha son balai, prit Frank sous son bras et décolla. Celui-ci se mit à crier :

    -Lâche-moi, fais-moi descendre !

    Mais, le sourire aux lèvres, Alexandre monta encore et encore jusqu'à déplacer le toit du château. Là, il commença à lâcher Frank.

     

    Chapitre 7 : Le Crashplayer

    Alors qu'elle s'apprêtait à enfourcher son balai, Isabelle fut bousculé par le garçon au bandana. Celui-ci décolla et en quelques instants se trouva face à Alexandre, qui sourit en disant :

    -Mon père m'a payé des cours privés de vol, ce qui fut que... je suis le meilleur. Et sache que, contrairement aux autres, je n'ai pas peur de toi.

    Sans répondre, le garçon fonça droit sur Alexandre, celui-ci, paralysait par la peur ne put bouger. Quand à Frank, il se mit la tête entre les bras en prévision du choc. Qui ne vint pas, il se sentit chuter, rattraper et, avant même qu'il ne comprenne ce qui lui arrivé, il se retrouva assis derrière le garçon. Sans le vouloir, Frank baissa la tête vers le sol. Les gens étaient minuscules. Prit de vertige, il se redressa et s'agrippa aux habits du garçon. C'est alors, et seulement alors, qu'il s'aperçut que le garçon avait attrapé Alexandre par le col et qu'il le laissait pendouillé dans le vide. Celui-ci n'arrêtait pas de hurler. Le garçon descendit en piqué, fit du rase-motte, afin de laisser traîner Alexandre au sol un moment, avant de le lâcher. Il s'arrêta net, ce qui fit chuter Frank, qui s'aperçut de la présence du professeur. Le garçon descendit de son balai et se tint devant le professeur, tête baissait. Celui-ci s'exclama alors :

    -Bravo. C'était splendide. Où avez-vous appris à faire ça ?

    Le garçon ne répondit pas.

    -Une chose est sûr, c'est que vous êtes doué. Je pensais à quelque chose, mais, bien sûr, vous avez le droit de refuser... eh bien... voyez-vous, une de nos équipes, car vous savez que nous avons deux équipes de Crashplayer, donc l'une d'elle à perdu un joueur... voudriez-vous le remplacer ?

    Des exclamations de surprise parcoururent les élèves, le Crashplayer était le jeu le plus réputé chez les sorciers. Le but, comme son nom l'indique, est de faire tomber les joueurs de l'équipe adverse. Jeu particulièrement violent car tous les coups sont permis et il est rare de sortir indemne d'une partie. A l'école, seul les élèves de première sont autorisés à jouer. Pour cela, il faut être consentant et avoir passé un examen médical des plus minutieux. Tous les joueurs ont la permission de quitter l'équipe quand cela leur chante. C'est pour cela que l'équipe manquait de joueur.

    Les élèves regardaient le professeur avec étonnement. Il était insensé de demander ça à un élève de sixième qui ne pouvait en aucun cas surpasser ses adversaires. Cependant, la surprise laissa la place à un soulagement, après tout, ce n'était que le file de Ravenblack. Ce ne serait pas une grosse pierre.

    Le garçon leva la tête et fixa son regard dans celui de son professeur. Après quelques instants de silence.. Il hocha la tête, d'un signe affirmatif. Il jouerait au Crashplayer.

     

    Chapitre 8 : Le prénom du garçon

    -Tu veux rire ?

    Frank regarda Isabelle désespérément, elle venait de proposer qu'ils fassent "connaissance" avec le garçon.

    -Mais, écoute, il t'a sauva la vie, non ?

    -Bah, heu...

    -On l'observe un moment, d'accord ? Et s'il se montre violent ou méchant on laisse tomber, ça marche ?

    Frank hésita et se résigna. Lorsque la sonnerie raisonna, ils quittèrent la fontaine pour se rendre au cours de mélange.

    Les tables s'étendaient sur toute la largeurs de la pièce. Les élèves s'assirent sur les bancs, en face de chacun d'eux, des petits chaudrons. Au fond de la pièce, un grand tableau et une armoire, les tables se coupaient en deux au centre de la pièce par une allée qui menait de la porte au tableau.

    Frank et Isabelle s'assirent à l'avant-dernier rang en bout de table. Frank se trouvant ainsi au bout de l'allée. Ils regardèrent l'emplacement du garçon, qui s'était assis contre le mur au dernier rang. 

    Lorsque le professeur entra, le silence se fit dans la salle. Il avança à grands pas vers le tableau. C'était un homme d'âge mûre, aux yeux d'acier et aux cheveux longs et grisonnant. Il se tourna vers les élèves et annonça d'une voix sévère et forte :

    -Je suis votre professeur de mélange. Je me nomme Torkus et sachez que je ne ferais pas de cadeaux. Je serais inflexible. Maintenant, veuillez noter les fournitures.

    Isabelle se pencha vers Frank et lui murmura :

    -Bonjour, nous aussi, on est content de faire votre connaissance.

    Il fit l'appel, après avoir donné la liste des achats, Isabelle et Frank guettèrent les mains qui se levaient, pour pouvoir connaître le nom le prénom du garçon.

    -Isabelle Perrins, appela le professeur.

    Isabelle leva la main et fixa son regard sur le garçon, c'était la fin de la liste et il n'avait pas bougé.

    -Frank Wolf.

    Le garçon leva la main à son tour et joignit son regard à celui d'Isabelle. Curieusement, le professeur arrêta l'appel. Il leva la tête et après une hésitation, il annonça :

    -Karos R.

    Le garçon leva le bras. Le professeur avait pris soin de ne pas dire Ravenblack car même après sa disparition, prononcer ce nom signifie apporter le malheur sur soi et ses proches.

    -Bien, commençons.

    Isabelle et Frank prirent une feuille et un stylo.

    -Notez les questions écrites au tableau et répondez-y, ce sera noté, vous avez la fin de l'heure.

    Les lettres blanches apparurent sur le rectangle noir, les questions étaient faciles pour ceux qui avait feuilleté leur livre, ce qui n'était pas le cas de la moitié de la classe. En sortant du cour, Isabelle annonça que, déjà, avec celui-là, ils risquaient pas de s'ennuyer.

    Pour le cour suivant, ils se rendirent deux portes plus loin, Isabelle regarda pas-dessus son épaule pour apercevoir Karos. Il restait derrière et semblait inspecter les autres enfants. Quand ils entrèrent, une personne recroquevillée sur elle-même les entendaient. C'était en fait un vieillard courbé, aux cheveux longs, gras et totalement blanc.

    Il parla d'une voix éraillée :

    -Bonjour, mes petits, je suis Mr Quintibus.

     

    Chapitre 9 : Cours de créature

     

    -Génial, après le psychopathe, le retraité.

    Frank ne put s'empêcher de sourire. Le vieil homme continua :

    -Je vais vous enseigner les créatures. Pour cela, je vais vous emmener au hangar par lequel on peut accéder par la porte derrière moi, allons-y.

    -Eh bah, faut pas se presser.

    En effet, le professeur, après avoir mis cinq minutes à s'exprimer, avançait à petits pas vers la porte.

    Isabelle mourrait d'envie de le pousser un grand coup, à défaut d'agir, elle dit :

    -Mais, portez-le les garçons, on est pas arrivé sinon.

    Frank sourit à nouveau. Lorsque, enfin, ils pénétrèrent dans le hangar, ils furent accueillie par un concert de hennissement et de rugissement, de sabots frappant le sol et d'ailes soulevant la poussière qui couvrait le sol. Les élèves ouvrirent des yeux émerveillés. Tout y était, des licornes aux griffons, des gnomes aux trolls.

    Le vieillard s'avança à pas lent au milieu de l'allée centrale. Le soleil entrait à flot par le plafond invisible, aussi invisible était les cages qui contenaient les animaux.

    -Bien, je vais vous montrer les licornes.

    Une élève leva la main.

    -Oui ? Veuillez-vous présenter, s'il vous plait, demanda le professeur.

    -Je m'appelle Lys Desbois. Je voulais m'assurer que vous ne vous étiez pas trompé, mais, n'est-ce pas en cinquième que l'on voit les licornes ? Du moins, c'est ce que l'on m'a dit.

    Le professeur sembla réfléchir et dit :

    -Ah oui, j'avais oublié que vous étiez des sixième. Bon, venez.

    Isabelle se frappa le front :

    -C'est pas vrai.

    Le professeur continua vers le fond de la pièce. Isabelle allait le suivre, mais Frank la retint par le bas de son T-shirt.

    -Quoi ?

    -Regarde. Isabelle suivit la direction indiquait par le doigt de Frank. Karos était debout devant les licornes et celles-ci semblaient vouloir la rejoindre, mais en tournant la tête, les deux enfants s'aperçurent que toutes les créatures étaient attirés par le garçon.

    Mais, semblant sentir leur regard, le garçon tourna la tête. Frank et Isabelle se détournèrent à temps et rejoignirent les autres. Discrètement, ils regardèrent par dessus leurs épaules, il les avait rejoint et les animaux se comportaient normalement.

    Ils passèrent le cours à essayer de comprendre ce que le professeur disait, celui-ci parlé plus pour lui que pour les élèves.

    Plantés devant la cage aux gnomes, copiant ce qu'ils pouvaient, chacun d'eus possédait une pochette, des feuilles et un crayon. Ils devaient se placer où ils le pouvaient. De préférence, loin des griffons.

    Isabelle et Frank ne cessaient de lancer des regards à Karos, s'attendant à un nouveau phénomène étrange, mais rien ne se produisit. A la fin du cours, les enfants se précipitèrent vers la cantine, Karos toujours derrière.

     

    Chapitre 10 : Les déclinaisons

    Le midi, les deux amis furent à nouveau isolé. La table se rallongeait suivant le nombre d'élève, mais cela n'empêcha pas Frank de pensait qu'il était trop près de Karos à son goût.

    Vint ensuite le cours de Prudence en présence des sans pouvoirs.  La salle était remplie d'objets des sans pouvoirs. Le professeur, Madame Jorgue, était une femme immense et d'une minceur effrayante. Elle parlait d'une voix douce, savait expliquer les choses de façon passionnante.

    Le cours se déroula sanas incident et Isabelle participa de façon foudroyante. Pour le cours de gobelin, ils découvrirent un petit homme chauve du nom de Angas, qui passa le cours à parler en gobelin. En sortant, les élèves n'ayant rien compris décidèrent d'ignorer ce qu'il leur avait dit. Quand au cours de sort, une femme aux cheveux longs, noir et raides, à la peau blanche et aux yeux verts, leur expliqua que le nombre de devoir ne tiendrait qu'à eux. Si, dès le premier contrôle, tout le monde avait au moins treize, alors elle n'en ferait pas d'autre. Enfin, une bonne nouvelle. Cette idée leur convenait parfaitement. Cette femme se nommait Lyus. A la sortie des cours, Frank et Isabelle se rendirent à la fontaine. Isabelle demanda brusquement :

    -Pourquoi tous les noms des profs finissent par -us ?

    -Je sais pas. Tout ce qu'on put m'expliquer mes parents, c'est que dans chaque travail les deux dernières lettres du nom sont donné. Par exemples, les profs doivent changer leur noms de façon à ce qu'il se finisse pas -us.

    -Et ça sert... ?

    -Bah, comme ça quand un adulte se présente, à la terminaison de son nom tu dois savoir où il travaille.

    -Pratique, mais quand on ne connait pas les terminaisons, comme moi, ça ne sert pas à grand chose.

    -Oh, t'inquiète, c'est simple. Les plus importants sont les mages en -is, les directeurs en -os, les commandeurs en -as.

    -Je croyais qu'il n'y avait qu'un commandeur.

    -C'est le cas, mes les commandeurs passé et à venir, on la même terminaison.

    -OK.

    -Bon, on se met au travail ?

    -S'il le faut.

    En souriant, Frank sortit une feuille, un crayon et refit la liste du matériel. Bientôt imité pas Isabelle. Quand ils eurent fini, ils décidèrent d'aller dîner. Lorsqu'ils entrèrent, certains élèves se détournèrent de leur conversation pour jeter des regards moqueurs vers Isabelle. Les deux amis n'y firent pas attention et s'assirent en bout de table.

    Quelques instants plus tard, ce n'est pas quelques élèves, mais tout le réfectoire qui se détourna de son assiette ou de sa conversation. Isabelle et Frank levèrent les yeux. Karos venait d'entrer. Il s'assit vers les deux enfants. Deux minutes plus tard, les discutions reprenaient, mais elles étaient murmuré et les regards glissaient vers Karos un peu trop couvert pour que cela paraisse normal. Le garçon n'y fit pas attention.

    Bientôt, Frank et Isabelle se quittaient au pied des escaliers, après s'être dit bonne nuit.

    En montant, il croisa Karos qui pénétra dans la chambre juste à côté de la sienne. Mais avant d'ouvrir la porte, il lui jeta un regard étrange. Frank se sentit en confiance. Karos détourna les yeux et entra.

     

    Chapitre 11 : Cour de sorts

    Le lendemain, le professeur Lyus leur demanda de faire la liste des sorts de leur connaissance et comment on pouvait les lancer.

    A peine avait-elle fini de parler, que tous les élèves commencèrent à faire une liste interminable. Le professeur passa dans les rangs et s'arrêta au niveau d'Isabelle. La jeune fille connaissait les sorts de base par cœur. La femme sourit et murmura un "très bien". Isabelle leva la tête, c'était bien la première fois qu'un sorcier lui faisait un compliment. Frank lui donna un coup de coude et lui désigna Karos. Le garçon avait déjà rempli deux feuilles doubles.

    Le professeur se pencha sur son épaule et sourit avant de retourner à son bureau où elle dit :

    -Bien, je vois que vous connaissez les sorts de base. Maintenant, Karos, j'aimerais que tu prennes tes feuilles et que tu viennes au tableau.

    Les élèves se tournèrent vers le jeune garçon. Celui-ci, en entendant son nom, leva les yeux, puis se redressa, posa son crayon et se leva. Il déposa les feuilles sur le bureau et s'apprêtait à retourner à sa place, mais le professeur le retint :

    -Attends, reste là un moment.

    Karos s'arrêta et la jeune femme se mit à parcourir les feuilles  et se décida :

    -Très bien. J'aimerais que tu me notes ces trois-là au tableau.

    Il regarda, prit une craie et commença à noter : Pium, Loas, Tryis.

    -Merci, fit le professeur, j'aimerais garder tes feuilles si tu veux bien ?

    Le garçon la regarda bizarrement puis acquiesça et fit demi-tour.

    -Attention !

    Au cri de Frank, Karos stoppa net. Alexandre remit sa jambe sous la table en vitesse, mais le garçon remarqua son mouvement.

    Alexandre se tourna vers Frank et le menaça du regard. Il avait peut-être raté son croche-pied aujourd'hui, mais le prochain ne serait sans doute pas destiné à la même personnes.

    Cependant, il sentit bientôt un poids sur lui. Tournant la tête, il s'aperçut que Karos le fixait intensément. Alexandre soutint son regard. Au bout de dix secondes, il s'inclina.

    La voix de Lyus se fit entendre alors :

    -Karos, retourne à ta place, s'il te plait. Quand à toi, Alexandre, tu viendras me voir à la fin de l'heure.

    Karos rejoignit sa place, mais avant de s'asseoir, il inclina la tête profondément, vers Frank, en signe de remerciement. Frank sourit et le garçon s'assit. Frank ne savait ps vraiment pourquoi il avait sourit. Cela lui avait paru normal ? Il sortit de ses pensées en entendant Isabelle pouffer. Il demanda :

    -Qu'est-ce qu'il y a ?

    Un sourire aux lèvres, elle dit :

    -J'ai l'impression que tu commences à l'apprécier.

    -Bien sûr que non, c'est juste que... voilà, quoi, tu m'énerves.

    -Oui, j'ai tout compris.

    Le professeur reprit son cours à ce moment :

    -Bon, cette année, nous verrons en priorité les deux sorts : Pium et Loas, puis nous verrons ceux que vous choisirez, ensuite...

    Des acclamations la coupèrent, mais elle imposa le calme.

    -Pour le sort de Tryis, nous verrons les bases seulement et... ha, c'est la sonnerie ? Bien, je vous en parlerais cette après-midi. Vous pouvez sortir, au revoir.

     

    Chapitre 12 : Karos se démarque

    Au cours suivant, ils se rendirent à l'orée de la forêt. Là, ils trouvèrent le professeur Virus. Un homme aux cheveux verts, aux yeux verts, aux habits verts. La seule chose qui n'était pas verte, c'était sa peau.

    -Bonjour, comme vous le savez déjà, je vais vous enseigner les plantes. J'espère qu'en cour d'année nous pourrons faire une excursion en forêt. Qu'est-ce que vous en dite ?

    Il y eu quelques frissons dans l'assistance.

    -Mais, pour le moment, nous allons utiliser des fleurs de différente façon pour que nous puissions découvrir leur vertu.

    Ensuite, il distribua des feuilles sur lesquelles étaient représentées différente sorte de fleurs qu'ils durent cueillir avant la fin du cour. C'est Karos qui les trouva toute en premier. Le cours de Prudence en présence de sans pouvoir se déroula normalement, sauf peut-être au début. Le professeur demanda :

    -Est-ce que l'un de vous, mis à part mademoiselle Perrins, bien sûr, pourrez me citer les moyens de transport utilisé par les sans pouvoirs ? Transports que nous n'utilisons pas, bien sûr.

    Aucune main ne se leva, le professeur posa son regard sur chacune des tables. Il s'arrêta lorsqu'il arriva sur chacune des tables. Il s’arrêta lorsqu'il arriva vers la table, tout au fond de la salle. Il hésita puis se résigna :

    -Oui... Karos ?

    Les élèves se retournèrent. Karos était le seul à lever la main. A son nom, il prononça d'une voix haute et claire :

    -Ils se déplacent en voiture, en car, en bus, en avion, en train, en métro, en vélo...

    Il débita ainsi une centaine de moyen de transport du skateboard à la fusée, en passant par la montgolfière.

    -Euh... c'est très bien, Karos. Mais nous allons retenir ceux qu'ils utilisent le plus souvent. C'est à dire, ceux que tu as cité en premier, merci.

    Les élèves copièrent la leçon juste avant la sonnerie. Lorsqu'elle retentit, tous s'élancèrent dehors. Isabelle et Frank se rendirent à la bibliothèque. 

    -Bien, récapitulons, commença Isabelle, il n'a fait de mal à personne. Il participe en cours et il est, a peu près, aimable. Tu vois, on a rien à craindre. 

    -Mais, si ça se trouve, c'est une façade. C'est pour gagner notre confiance et après, il fera exploser le collège.

    Isabelle haussa les sourcils :

    -Exploser, tu dis ?

    -Bon, j'exagère peut-être un peu. Mais il pourrait très bien entrer dans nos chambres et nous poignarder dans notre sommeil.

     -Je vois que tu es légèrement parano.

    -Oh, ça va. Moi, je vois surtout que si on se dépêche pas on aura plus de bouquin de classe. Et si on a pas de bouquin, mes parents devront m'en acheter. Et s'ils m'en achètent, ils seront ruinés et on finira dans la rue.

    Isabelle rit et ils se précipitèrent sur les livres. Pour leur premier cours de transformation, ils eurent le programme de l'année. Qu'ils commencèrent lors de la deuxième heure. En Histoire des sans pouvoir, Isabelle se surpassa. En vérité, elle n'était pas la seule à participer. Karos passa l'heure le bras levé, mais le professeur feignit de ne pas le voir. Détail que les deux amis notèrent. Pour le cours de sort, Lyus expliqua la signification des sorts : Pium et Loas.

     

    L'entraînement

    Frank se réveilla de bonne humeur. C'était un samedi et il faisait beau. Il s'habilla gaiement et descendit rejoindre Isabelle au réfectoire.

    -Tu sais ce qu'il y a aujourd'hui ?

    La jeune fille le regarda, surprise :

    -Non, quoi ? 

    -C'est le jour de l'entraînement au Crashplayer.

    -Ah... et alors ?

    -Tu veux pas aller les regarder ? Maintenant que Karos fait parti de l'équipe. Ça peut être intéressant, non ?

    -Attends... Toi, tu me demandes à moi, si je veux voir Karos ? Tu veux vraiment le voir ? Tu n'as pas peur ?

    -Non, plus maintenant.

    -Oh... bon, bah... on est parti.

    -Tu sais où il est ?

    -On va trouver.

    Ils se levèrent et sortirent dans la cour. Frank s'apprêtait à partir vers le stade, mais Isabelle le retint par l'épaule :

    -Eh... Qu'est-ce qu'il y a ?

    -Chut, écoute.

    Frank tendit l'oreille et entendit un air de flûte. Se consultant du regard, ils se dirigèrent vers la musique. Au bord du lac, leur tournant le dos, Karos jouait ne semblant pas les apercevoir. Cependant, il s'arrêta lorsqu'ils furent à moins d'un mètre de lui. Isabelle tenta, alors, de lancer la discussion :

    -Salut, je suis Isa...

    -Je sais qui vous êtes, la coupa le garçon.

    D'abord surpris, Frank tenta à son tour :

    -Heu... Tu joues bien.

    Karos haussa les épaules :

    -Qu'est-ce que vous voulez ?

    Frank donna un coup de coude à Isabelle. La jeune fille sursauta et improvisa rapidement en demandant :

    -Euh... on voulait savoir si on pouvait allé voir l'entraînement ?

    -Vous connaissez la réponse la réponse. 

    Nouveau coup de coude, nouvelle improvisation :

    -Euh... Ouais, c'est vrai, mais on se demandait si...

    Karos se leva :

    -Je dois y aller.

    Sans laisser le temps à Isabelle de finir sa phrase. Il se dirigea vers le stade . Les deux amis se consultèrent du regard et se décidèrent à le suivre. Le stade était en fait, une immense pelouse entourait de gradin. 

    L'équipe attendait le nouveau venu. Les trois garçons qui faisaient face à Karos et aux deux amis, étaient robustes. L'un d'eux s'avança. C'était un garçon de première, comme les deux autres. Il avait les cheveux châtains clair, légèrement bouclé et des yeux bleus qui exprimait une intarissable gaieté. Bien qu'à ce moment, ils avaient plutôt l'air effrayé.

    -Salut, je m'appelle Henri et voici Julien et Antoine. 

    Il désigna tour à tour les deux garçons restés en retrait. L'un était roux aux cheveux longs, le regard dur et la mâchoire carrée. L'autre avait également les cheveux longs, mais brun et le visage plus doux. Henri reprit :

    -Bon, bah... on commence ?

    L'entraînement fut très tendu au début. Mais, bien vite, Henri oublia sa frayeur et reprit son cran qui faisait de lui un bon capitaine. 

     

    Chapitre 14 : Un bel après-midi

    Ils se quittaient sur des rapports amicaux. C'était surement à ça qu'était dût le sourire qui illuminé le visage de Karos.

    Il accepta la compagnie d'Isabelle et Frank. Tous trois allèrent emprunter des livres à la bibliothèque et s'installèrent au bord du lac. Isabelle avait prit un livre sur l'histoire des sorciers, Frank, sur les créatures, quand à Karos, il prit un livre de sort de terminal. Frank ne voyait pas en quoi cela pouvait lui servir, vu que son corps était trop jeune pour supporter de tels sorts.

    Une heure s'écoula, puis Karos se leva. Frank et Isabelle le regardèrent. Il tenait le livre fermé à la main, déjà finit.

    -Je vais en chercher un autre. Je reviens.

    Frank demanda lorsqu'il fut parti :

    -TU crois qu'il va revenir ?

    -Tu sais, si on veut le connaitre, il faut commencer par lui faire confiance.

    -Je vais essayer.

    Quelques instants plus tard, Karos revint avec un livre d'enseignant. Frank regarda Isabelle, étonné. Celle-ci lui sourit.

    L'après-midi s'écoula ainsi. Karos faisant des allé-retours quasiment toutes les heures. Les deux  amis purent remarquer qu'il lisait des livres de tous les niveaux. Ils allèrent dîner ensemble, se réunissant au bout de la table pour discuter des livres qu'ils avaient lu. Puis, ils souhaitèrent la bonne nuit à Isabelle au bas des escaliers. Les garçons montèrent en silence. Frank s'arrêta devant sa porte, se tourna vers Karos et lui dit :

    -Bonne nuit.

    Karos fut d'abord surpris, puis il sourit et répondit :

    -Bonne nuit.

    Ils entrèrent chacun dans leurs chambres. Frank s'affala sur son lit et repensa à cette journée. Finalement, Karos n'avait rien de terrifiant. Le dimanches s'annonçait aussi beau que la veille. Les trois enfants prirent leur petit-déjeuner ensemble et se dirigeait vers le lac lorsque Alexandre les rattrapa. Il leur lança :

    -Regardez-moi ça. Une bâtarde, un gnome et... un assassin.

    Isabelle et Frank s'arrêtèrent, mais Karos continua son chemin. Les deux amis se regardèrent et rattrapèrent le garçon. Alexandre, encourageait par ses amis et le reste des élèves de la classe qui ricanaient, poursuivi :

    -Dis dons, l'assassin, ta mère était si désespérée pour coucher avec ton père ou bien c'est qu'il l'a bien payé ?

    Les élèves éclatèrent de rire. Karos stoppa net. Frank et Isabelle le regardèrent. C'est alors que quelque chose changea en lui. Il émanait de lui quelque chose de glacial et de terrifiant. Nos deux amis reculèrent instinctivement. Karos se tourna vers Alexandre. Le vent se leva brusquement, frappant les élèves si fort qu'ils chancelèrent. Alexandre s'arrêta de sourire en voyant Karos lui fonçait dessus en hurlant. Le choc le fit tomber et Karos en profita pour l'immobiliser. Il mit un genou sur sa poitrine et plaça ses mains autour de son cou. Alexandre grimaça sous la douleur et le manque d'air.

     

    Chapitre 15 : Pas de seconde chance

    Le visage d'Alexandre devint bleu. Tout été immobile autour d'eux. Karos enserrait fermement le cou du garçon qui n'avait plus la force de se débattre.

    Isabelle ne pouvait s’empêcher de penser qu'elle devait agir, que Karos allait le tuer, mais ses jambes restaient ancrées au sol. Terrorisée, elle ferma les yeux et demanda mentalement aux autres pourquoi ils ne se bougeaient pas ? Pourquoi ils ne faisaient rien ? Puis, brusquement, elle se ressaisit, courut vers Karos et le poussa violemment sur le côté. Le garçon lâcha prise. Alexandre se releva en chancelant, soutenu par ses amis. Il lança :

    -Je le dirais au directeur et tu seras viré.

    Puis, il s'éloigna suivi de la classe. Karos se releva, regarda Isabelle qui laissa paraître un sourire gêné. Puis, Karos se tourna vers Frank. Il s'approcha, mais Frank recula. Le garçon le regarda tristement, ferma les yeux, puis releva la tête et lui sourit en s'éloignant. Isabelle se tourna vers Frank, furieuse :

    -On peut savoir ce qui t'a pris ?

    -C'est plutôt à lui que tu devrais demander ça. Je t'avais dis qu'il était dangereux.

    -Il n'est pas dangereux. Il n'aime pas qu'on insulte sa mère, c'est tout.

    -Il a failli le tuer.

    -Réfléchis, Frank, tu crois que le commandeur lui aurait permis de venir s'il pensait qu'il tuerait quelqu'un ?

    -Si ça se trouve, il gagne notre confiance et, cette nuit, il nous tuera tous dans notre sommeil.

    -Oui, c'est ça et pourquoi il ne lâcherait pas une bombe tant que tu y es ?

    -Bah... je sais pas ce que c'est qu'une bombe, alors.

    Isabelle inspira pour retrouver son calme et dit :

    -Ecoute, si tu me disais pourquoi vous avez peur de lui ?

    -C'est le fils de R ! Ce type a massacré des milliards de personne !

    -Et alors ? Ce n'est pas Karos qui les a massacré.

    -Non, mais il peut très bien faire comme son père. Tu as bien vu. Il tient de lui.

    -Il a eu une mère que je sache. Et puis, si tous les sorciers réagissent comme toi, que veux-tu qu'il devienne ?

    Frank sembla réfléchir. Isabelle reprit :

    -Je crois qu'on devrait lui donner une autre chance.

    Le garçon la regarda et dit :

    -On sera toujours ami quoique tu fasses, mais si tu veux retenter l'expérience avec Karos, se sera sans moi.

    Frank s'éloigna dans a direction opposée à celle qu'avait pris Karos. Isabelle le regarda partir et décida de se lancer à la recherche de Karos. Elle alla d'abord à la bibliothèque, puis dans les salles de classe, au réfectoire. Mais elle ne le trouva nulle part. La jeune fille demanda aux élèves, mais aucun ne fit attention à elle. La nouvelle de la presque mort d'Alexandre s'était étendue comme une traînée de poudre. Le soir, au dîner, Karos n'avait pas réapparu. Isabelle s'assit en face de Frank et lui demanda s'il avait vu Karos. Le garçon répondit par la négative. Isabelle commença  à croire qu'il avait disparu.

     

    Chapitre 16 : Prisonnier

    Le lundi, Karos n'avait toujours pas réapparu. Frank et Isabelle se rendirent en cours d'histoire. Frank se sentit, étrangement inquiet pour Karos. Le professeur d'histoire fit l'appel. Lorsqu'il eu finit, il demanda :

    -Où est Karos ?

    Isabelle se leva :

    -Il a disparu, monsieur.

    Le professeur se mit à rire :

    -Disparu ? Eh bien, voilà l'excuse la plus grotesque que je n'ai jamais entendu. Dites-moi, mademoiselle Perrins et vous, Wolf, à ce qu'on m'a dit, vous êtes des amis de Karos, n'est-ce pas ?

    -Eh bien...

    Le professeur la coupa :

    -Dans ce cas, allez me chercher ce gros fainéant tout de suite.

    Les deux amis sortirent. Frank demanda :

    -On fait quoi ? Tu l'as cherché partout. Il est introuvable.

    Isabelle réfléchit et dit en souriant :

    -Non, pas tout à fait.

    -Je crains le pire quand tu souris comme ça.

    -Allez, viens.

    Ils s'arrêtèrent devant la porte de la chambre de Karos. Frank murmura :

    -J'avais raison.

    Isabelle ouvrit la porte et appela le garçon par l’entrebâillement. Ne recevant aucune réponse, elle entra. Suivi de près pas Frank qui ne cessait de répéter que ce n'était pas une bonne idée.

    L'intérieur de la chambre était plus noir que la nuit. Le lit, les murs, rien n'y échappaient. Frank s'accrocha au T-shirt d'Isabelle :

    -Regarde, dite-elle en désignant un gros livre posait sur le bureau. 

    Elle s'avança et dit :

    -Je me demande ce que c'est.

    -A première vu, je dirais, un livre.

    -Je sais, mais qu'est-ce qu'il y a à l'intérieur ?

    Isabelle tendit la main; mais Frank la tira en arrière.

    -Viens, on s'en va. Tu vois bien qu'il n'est pas là.

    La jeune fille soupira et se dirigea vers la porte. Elle demanda en riant :

    -Dis-moi, si tu as si peur de cette pièce, pourquoi as-tu fermé la porte ? Tu n'as pas peur qu'un gros méchant vienne et nous enferme ici ?

    -Mais... je n'ai pas fermé la porte, répondit Frank tremblant.

    -C'est ça, alors explique moi pourquoi elle...

    Isabelle s'arrêta. Son regard se posa tour à tour sur Frank et sur la porte fermée. Puis, elle se précipita sur celle-ci et appuya sur la poignet, en faisant balancer son poids sur la porte. Ses efforts furent vain. La porte resta scellée. Ils avaient été enfermé sans même qu'ils s'en rendre compte. Frank rejoignit Isabelle qui s'était assise contre le mur et demanda :

    -Tu crois que c'est Karos ?

    -Je sais pas. Cela peut très bien être un des acolytes d'Alexandre.

    -Qu'est-ce qu'on fait ?

    -On fouille, voir si on trouve une clé.

     

    Chapitre 17 : Souvenirs troublants

    Frank s'avança vers un coffre énorme, à côté du lit. Il l'ouvrit dans peine :

    -Isabelle, viens voir.

    Elle s'agenouilla à côté de lui. Le coffre contenait de nombreux objets :

    -Regarde ça, dit Frank en lui montrant un chevalier blanc en plastique. 

    Isabelle le prit dans sa main. C'est alors que tout tourna autour d'eux. La pièce se fondit pour laisser place à une immense clairière. Illuminée de soleil, celle-ci avait un rocher en son centre et, sur ce rocher, deux enfants jouaient. Frank murmura :

    -C'est pas vrai. Il y a deux Karos.

    Les enfants se ressemblaient, en effet, comme deux gouttes d'eau.. Isabelle rétorqua :

    -Mais non... C'est des jumeaux.

    -Regarde ce qu'ils ont dans leurs mains.

    L'un des enfants avait un chevalier noir, tandis que l'autre avait un chevalier blanc. La clairière raisonnait de leur rire. Frank leur donna quatre ans à vue d'oeil. A ce moment, un centaure sortit des buissons. Il les appela et les enfants accoururent. La créature les pris sur son dos et disparu.

    Nos deux amis se retrouvèrent à nouveau dans la chambre. Isabelle lâcha le jouet et demanda :

    -C'était quoi ?

    -Je crois que c'était le sort de Souva.

    -C'est à dire ?

    -On lance le sort à des objets. Si on les touche ensuite, on peut revivre le souvenir attaché à l'objet.

    -Oh...

    Isabelle se leva et s'approcha du livre. Frank anxieux se plaça à côté d'elle sans rien dire. Ils inspirèrent un grand coup et l'ouvrir. C'était un album photo. La première représentait une femme avec deux bébés dans les bras et un garçon de leur âge à ses côtés. Frank demanda :

    -Tu crois que le garçon, c'est Karos ?

    -Non, regarde ses yeux.

    Frank se pencha. Le garçon avait les yeux bleus. Les deux amis se regardèrent et touchèrent la photo ensemble.

    Ils se retrouvèrent dans le salon d'une maison. Au centre, une femme se tordait, pleurait, hurlait. Un rayon lumineux lui traversait le corps. C'était la femme de la photo. Le garçon descendit l'escalier en courant. Les bébés dans les bras. Il se précipita vers la sortie et bouscula un homme qui se tenait devant. Puis, les deux amis se retrouvèrent dans la forêt. Il faisait nuit. Le garçon s'accroupit près d'un buisson et y cacha les bébés. Puis, il fit demi-tour. Quelques instants plus tard, un centaure arriva et prit les enfants, tandis qu'au loin, un cri déchirait la nuit. Un nouveau tourbillon.

    Un enfant court en pleurant. Brusquement, un loup énorme surgit des fourrées et lui saute à la gorge. L'enfant hurle, supplie tandis que le loup le dévore vif. Un rire résonne dans la forêt.

    Ce fut le retour à la chambre. Frank et Isabelle n'avaient pu bouger de terreur. Leurs têtes résonnaient encore de cette série de hurlement et de douleur. Leur cœur leur faisait mal comme s'il eut voulu sortir de leur poitrine. Les corps tremblant, les yeux exorbités, ils essayaient de reprendre leur respiration. Ils se regardèrent et firent demi-tour. De nouveau, ils s'arrêtèrent net. Karos les regardaient avec un sourire triste.

     

    Chapitre 18 : Injustices

    Ils longeaient le couloir qui menait à la salle de classe. Frank rattrapa Karos qui marchait devant. Il le regarda et hésita avant de dire :

    -Heu...Karos.

    Aucune réaction. Le garçon regardait droit devant lui. La mine sombre. Frank supposa qu'il l'avait entendu et continua :

    -Je m'excuse pour ma réaction d'hier.

    Karos tourna la tête d'un air surpris. Puis, il sourit. Frank fut rassuré.

    Lorsqu'ils entrèrent dans la salle de classe, tous les regards se tournèrent vers eux. Frank et Isabelle allèrent s'asseoir, tandis que Karos allait voir le professeur. Celui-ci lui donna quatre heures de colle pour avoir tenté de sécher les cours. Décision sans appel, bien que Frank et Isabelle tentèrent de le faire revenir à la raison, en disant que quatre heures, c'était un peu excessif. Surtout qu'il ne séchait pas. 

    Ils allèrent au cours de Mélange. Résultats du contrôle et, bien entendu, ce fut désastreux. Sauf pour Lyr, bien sûr. Cependant, le professeur ne rendit pas la copie de Karos. A la place, il retourna à son bureau, se racla la gorge et annonça fortement :

    -Eh bien, je vois que certain ont, au moins, quelques connaissances. Cependant, je m'aperçois que vous, Karos, vous êtres d'une nullité étonnante. Alors, quand j'apprends que vous vous considérez assez intelligent pour sécher les cours et que vous vous croyez tout permis, au point de tenter de tuer un élève, je tiens autant à vous dire que vous n'irez nulle part dans la vie. Mis à part dans le bureau du directeur. D'ailleurs, il vous attend à la fin de l'heure.

    Alexandre et ses amis ricanèrent. Frank et Isabelle se tournèrent vers Karos, s'attendant à une révolte. Mais celui-ci ne bougea pas. Il regardait le professeur comme si celui-ci ne s'adressait pas à lui. Le professeur s’offusqua et dit :

    -Compte rendu de votre égoïsme et de votre idiotie, je préfère ne plus voir cette feuille.

    Il jeta le papier à la poubelle après l'avoir froissé. Karos resta impassible. Semblant déçu, le professeur reprit le cours. 

    A la sortie, Frank et Isabelle rattrapèrent Karos, qui se dirigeait déjà vers le bureau du directeur. Isabelle lança :

    -Mais, pourquoi t'as rien dis ?

    Karos haussa les épaules. Frank reprit :

    -Il est cinglé ce prof. Il savait même plus ce qu'il racontait.

    Karos montra un demi-sourire et dit :

    -Il savait très bien ce qu'il disait. J'ai connu pire et je n'ai pas envie de me faire renvoyer. C'est pour ça que je n'ai pas réagi.

    Frank demanda :

    -Tu fais quoi d'habitude ?

    -Je fais peur.

    Il s'éloigna en souriant. Isabelle retint Frank :

    -Qu'est-ce qu'il y a ?

    -J'ai un doute brusquement.

    -Un doute ? Sur quoi ?

    -Viens.

    Elle l'entraîna dans la salle de classe. Isabelle alla droit vers la poubelle, plongea la main et en retira la feuille de Karos.

    -Qu'est-ce que tu fais ? Demanda Frank.

    Isabelle déplia le papier et la montra à Frank . Le garçon resta sidéré. En rouge, la note : 20/20.

     

    Chapitre 19 : Entretien avec le directeur

    -Il faut allé lui dire, s'exclama Frank.

    Isabelle acquiesça et ils se lancèrent dans le couloir. Ils stoppèrent devant la porte du directeur. Des voix s'élevaient du bureau. Sans se consulter, ils collèrent tous deux, l'oreille contre la porte. Le directeur hurlait :

    -C'est impossible ! Pour qui tu te prends, idiot ! Crétin ! Ce n'est pas parce que le Commandeur t'as permis d'entrer dans ce collège que tu dois te croire tout permis ! Continue comme ça et je te renverrais croupir dans ta prison, vermine ! Je rêve, mais qu'est-ce que je dois faire pour que tu me foutes la paix ?

    La voix calme et posé de Karos se fit entendre. Un murmure après ces hurlements :

    -Je veux que l'on me considère comme un enfant comme les autres.

    Hurlements du professeur :

    -Comme les autres ? T'es pas foutu d'avoir un au premier contrôle ! Et tu peux me dire quel élève normal tuerait un de ces camarades ? Tu ne vaux rien ! Tu ne mérites pas le peu d'attention qu'on te porte.

    -Je veux juste qu'on me respecte. Qu'on m'accepte comme je suis.

    -Mais tu ne vaux rien. Quand tu seras grand, quel avenir tu t'imagines ? Aucun employeur voudra de toi ! Et ça à cause de ton nom qui, cela dit, te vas comme un gant. On t'a enfermé quand tu étais petit, on t'enfermera quand tu seras grand. C'est tout ce qui t'attends.

    -Pourquoi, vous tous, pourquoi me haïssez-vous à ce point ?

    -Pourquoi ? Mais parce que tu as tué des gens !

    -Ce n'est pas la vérité.

    -Ooh... et que sais-tu de la vérité ?

    -C'est le meilleur argument.

    -De quoi ?

    -La vérité est le meilleur argument. Je n'ai jamais tué que des créatures dangereuses.

    -Je ne suis pas idiot ! Mais... qu'appelles-tu "créatures dangereuses" ?

    -Les sangliers à cornes, les Trolls, les...

    -C'est ça, c'est ça. Tu tiens absolument que j'ajoute menteur à la liste ?

    -Mon nom n'est qu'un mot. Les lettres ne portent, jusqu'aux dernières nouvelles, aucune malédiction. Sinon, je doute que vous auriez osé gueuler vos phrases stupides.

    Karos venait d'hausser le ton et il continua :

    -Je ne voix pas pourquoi les autres sont appelés par leur nom et pas moi.

    -Serais-tu stupide à ce point ?

    -Me tutoyer et m'appeler par mon prénom, ce n'est pas vraiment ce que j’appellerais du respect ! Si vous voulez que je vous respecte, commencez par me montrer l'exemple !

    -Tu ne mérites aucun respect !

    -J'ai un nom, ce n'est pas pour rien !

    -Non, en effet ! Ton nom nous est utile pour mieux te haïr !

    -J'ai le droit de vivre, m...!

    -Non ! Tu n'aurais jamais dû naître ! Maintenant, fous le camp !

    Isabelle et Frank se reculèrent. Karos ouvrit et ferma la porte avec violence. Il les regarda un moment, puis se dirigea vers la cour. Les deux amis le suivirent. Il émanait de lui une telle colère qu'ils préférèrent ne rien dire.

     

    Chapitre 20 : La colère de Karos

    Ils ne prononcèrent pas un mot durant le repas et l'heure d'avant. En entrant dans la salle de langue, le professeur regarda sa classe avant de lancer un sourire étrange à Karos. Il se mit à son bureau et dit :

    -Eh bien, j'apprend que certain d'entre vous, ont des difficultés.

    Il lança un regard vers Karos :

    -Je vais donc faire des cours simples. Bien que certain n'en ai pas besoin.

    Il inclina la tête vers Alexandre. Celui-ci se redressa sur sa chaise d'un air suffisant. Isabelle ricana :

    -Regarde-moi cet asperge.

    Frank sourit. Le professeur reprit :

    -J'ai appris que toi, Karos, vous vous en étiez prit à un de nos meilleurs élèves.

    Se disant, il s'avança vers Karos :

    -Que tu avais tenu tête au directeur et que tu étais le plus médiocre élève qu'on ait jamais vu.

    Les poings fermés sur la table, Karos tremblait légèrement. Le professeur continua :

    -Tu es décidément, aussi pitoyable que ton père. Tu seras le prochain meurtrier...

    Il n'eut pas le temps de finir. Karos s'était levé en renversant sa chaise. Il dit, en essayant de contrôler sa colère :

    -Je vous signale que j'ai eu une mère dons que je ne suis pas mon père et que j'ai un nom.

    -Tu es minable, Karos, tu...

    De nouveau, il s'arrêta. De fureur, Karos s'était mis à hurler :

    -Ravenblack ! Ravenblack ! Ravenblack !

    Les fenêtres s'ouvrirent à la volée, tandis que Karos continuait à hurler. Sous le choc, les vitres se brisèrent. Instinctivement, les enfants se réfugièrent sous les tables en hurlant. Un vent violent s'engouffra dans la salle, faisant voler les feuilles. Isabelle observa Karos de sous la table. Son visage avait changé. Il n'était plus déformé par la colère, mais plutôt par la surprise. Puis, tout s'arrêta en une seconde. Isabelle écarquilla les yeux. Karos était assis et elle était sûr de ne pas l'avoir vu s'asseoir. Les élèves sortirent lentement de sous les tables. Le professeur tremblait de tous ses membres. Bouche bée et le regard terrifié, il se tourna vers le tableau et reprit son cours d'une voix tremblante. Isabelle chuchota ce qu'elle avait ou plutôt ce qu'elle n'avait pas vu à Frank. Le visage blême, celui-ci la regarda, surpris, mais il ne dit rien et reporta son attention sur le cours.

    A la fin, Karos alla à la bibliothèque, suivit de près par Isabelle et Frank, bien décidait à ne pas laisser sa peur prendre le dessus. 

    -Comment t'as fais ça ? demanda Isabelle en frappant du poing sur la table, montrant qu'elle était bien décidé à obtenir des réponses.

    Karos sortit de son livre et demanda :

    -Fait quoi ?

    -Oh, ne fait pas l'innocent.

    Il dit d'un ton qui ne permettait aucune contradiction :

    -Ce n'était pas moi.

    Isabelle reprit de plus belle :

    -Comment tu expliques que ça ait commencé quand tu t'es énervé ? Et comment t'as pu t'asseoir sans que je ne le vois ?

    Karos retourna dans son livre. Frank dit timidement :

    -Tu sais, les amis ça doit tout ce dire.

    Le garçon dit, fixant son regard noir dans les yeux de Frank :

    -Vous ne devez, ni l'un, ni l'autre, être mes amis, jamais.

    Il se leva et quitta la bibliothèque.

     

    Chapitre 21 : La feuille

    Frank et Isabelle avaient ouvert leurs livres et essayaient de se concentrer. Mais lorsqu'Isabelle s'aperçut qu'elle venait d'écrire deux fois la même phrase, elle jeta son cahier et dit :

    -Non, vraiment, c'est pas croyable. Cela n'a aucun sens.

    Frank leva la tête. Elle continua :

    -Pourquoi il a pas dit : vous ne serez jamais mes amis ou je ne veux pas de vous comme amis. Au lieu de : vous ne devez pas être mes amis.

    Ils n'avaient plus parlé de Karos depuis la veille et Frank se montra soulagé qu'elle pose enfin la question qui le turlupiné. Frank dit :

    -On devrait peut-être lui demander des précisions.

    -Ah oui et comment ? Je doute qu'il veuille nous voir. Il faudrait un prétexte convaincant pour lui parler.

    Frank réfléchit une seconde et répondit :

    -On a cas lui parler de son contrôle.

    Isabelle sourit et ils se levèrent d'un même mouvement. Ils se dirigèrent vers le lac et écoutèrent un moment le morceau de flûte qu'ils commençaient à connaitre. Karos reprenait le morceau. Les deux amis s'avancèrent vers lui. Comme d'habitude, il jouait face au lac. En les entendant, il s'arrêta :

    -Que voulez-vous ?

    Isabelle s'assit à sa droite, tandis que Frank prenait place à sa gauche. Karos rangea sa flûte dans sa ceinture.

    -Regarde, dit Isabelle en lui fourrant la feuille sous le nez.

    Karos la regarda et dit calmement :

    -Et alors ?

    Frank, surpris, précisa :

    -C'est ta feuille. Torkus l'avait jeté en disant que t'avais tout faux, alors que t'as tout bon.

    Karos le regarda surpris à son tour et dit :

    -Et alors ? Je le savais.

    -Et tu n'as rien dit ?

    -Pourquoi faire ? Il aurait dit que je mentais et que je n'avais pas de preuve.

    Isabelle reprit part à la conversation :

    -Mais, au moins, les autres auraient eu un doute.

    -Non. Ils n'auraient rien eu du tout. Ils sont trop content de penser que je suis bête comme mes pieds.

    -Mais, pourquoi tu l'as pas dit au directeur ?

    -Ecoute, je suis le fils de Ravenblack. Les gens qui n'ont pu se venger de mon père se défoule sur moi. Et quand je dit les gens, je désigne tous les sorciers sans exception, et...

    -Mais ils n'ont pas le droit de faire ça.

    -Bien sûr que si. Je suis seul. Personne ne me considère comme un enfant.

    -C'est pour cela que tu es allé en prison ? 

    Karos se tourna vers Frank qui se mit à rougir. Karos sourit :

    -Oui. Ils m'ont puni pour les meurtres de mon père.

    -Mais, ce n'est pas toi qui a tué tous ces gens.

    Karos regarda Isabelle :

    -Tu crois que ça les dérange ? Il fallait bien qu'ils se vengent sur quelqu'un.

    -Mais, ils n'ont pas le droit d'envoyer des enfants en prison.

    -C'est pour cela qu'ils ne me considèrent pas comme un enfant.

    Brusquement, il se leva et s'élança vers le collège. Frank et Isabelle se regardèrent surpris.

     

    Chapitre 22 : Un après-midi raccourci

    Frank décida finalement de se lever. Il courut vers le collège, suivit par Isabelle. Mais elle l'arrêta brusquement, en le tirant par son pull. Frank faillit tomber en arrière :

    -Qu'est-ce qu'il y a ?

    -Regarde par là.

    Frank regarda la direction que la jeune fille venait de lui indiquer d'un signe de tête. La cime des arbres était inondé de la teinte orangée du soleil couchant. Le garçon haussa les sourcils.

    -Bah, quoi ?

    Isabelle poussa un soupir :

    -Il est quelle heure ?

    Frank fut surpris, mais regarda sa montre et dit :

    -Deux heures de l'après-midi, pourquoi ? 

    -Oh, quel magnifique couché de soleil. Dis-moi, l'apocalypse, c'est pour quand ?

    Frank la regarda surpris, puis se tourna vers les arbres et observa sa montre plusieurs fois de suite. Quand il fut certain que sa montre n'était pas en panne, il demanda :

    -Tu crois qu'il s'est passé quoi ?

    -Je sais pas moi. C'est pas la première fois que ça arrive. D'abord, Karos s'assoit sans que je le vois et maintenant, le soleil se couche à deux heures de l'après-midi.

    -Tu crois que Karos y est pour quelque chose ?

    -Je sais pas. Pour le moment, on ferait mieux d'aller dans la grande salle pour dîner.

    En entrant, ils aperçurent que les lampes étaient allumées. Ils s'assirent à leurs places en écoutant les conversations. La plupart des élèves parlèrent de ce dysfonctionnement temporelle. Mais les professeurs n'abordèrent pas le sujet bien qu'ils chuchotèrent, se penchant les uns vers les autres pour ne pas être entendu des élèves. Les deux amis regardèrent le stables autour d'eux, mais ils ne trouvèrent Karos nulle part. Il arriva au cour du repas. Lorsqu'il s'assit à côté de Frank, celui-ci remarqua qu'il était pâle et la sueur. Il ne dit rien et prit sa fourchette d'une main tremblante. Frank et Isabelle le regardèrent sans broncher. Lorsqu'il s'en aperçut, il arrêta son geste :

    -Qu'est-ce qu'il y a ?

    -T'as l'air fiévreux, dit Isabelle.

    -C'est rien.

    Frank dit d'un air moqueur :

    -Ça se voit.

    Karos ne l'écouta pas. Il prit une bouchée de viande, se leva et quitta la table en disant :

    -Je vais me coucher.

    -Bah..., fit Isabelle avant d'interroger Frank du regard qui, pour seule réponses, haussa les épaules. 

    Isabelle allait reprendre son repas, mais elle laissa tomber sa fourchette, pour se frotter la jambe à l'endroit où Frank venait de lui donner un coup de pied.

    -Quoi ? dit-elle avec mauvaise humeur.

    Frank, blême, se contenta de montrer quelque chose sur la table. La jeune fille fronça les sourcils pour apercevoir sur le bois sombre, ce que lui indiquait son ami. Elle se recula dans un sursaut. Une flaque de sang inondait la table, à l'endroit où, quelques minutes plus tôt, Karos avait posé son bras. Frank demanda :

    -Tu crois que Karos y est pour quelque chose ?

    -Je sais pas. Pour le moment, on va se coucher et demain, bibli.

     

    Chapitre 23 : Où trouver les réponses ?

    Après leurs cours, Isabelle et Frank allèrent sans la bibliothèque. Toute la matinée, ils feuilletèrent des livres en espérant trouver une explication à ce qui c'était produit la veille.

    -Il n'y a rien. Ça devient désespérant, dit Isabelle en s'affalant sur une chaise derrière la pile importante de livre qui se dressait sur la table.

    -Peut-être que c'est pas là qu'il faut chercher.

    Isabelle se redressa pour apercevoir la touffe de cheveux roux de Frank :

    -Qu'est-ce que tu veux dire ?

    -Que la réponse n'est pas dans les livres. Mais qu'on ferait peut-être mieux...

    -De la demander à quelqu'un, finit Isabelle.

    Ils se sourirent avant de se précipiter vers la sortie.

    Cet après-midi là, les professeurs étaient en réunion afin de savoir comment ils allaient s'organiser pour rattraper les cours qui avait sauté la veille. Frank s'arrêta au milieu d'un couloir et se mit sur la pointe des pieds pour regarder par la fenêtre.

    -Il est pas à l'étang, dit-il.

    -Alors, il est peut-être dans sa chambre, conclut Isabelle.

    Ils montèrent donc, les escaliers du dortoir des garçons. Puis, ils longèrent le couloir et Frank frappa à la porte de Karos.

    -Qui est-ce ?

    -C'est nous. Isabelle et Frank.

    La porte s'ouvrit lentement. Karos apparut et, d'un signe de la main, les fit entrer. Isabelle attaqua :

    -Bon, tu nous explique ?

    -Expliquer quoi ?

    Frank, qui jetait des regards inquiets dans la chambre, répondit :

    -Ce qui s'est passé hier... c'est quoi ça ?

    Ses yeux s'était posé sur un objet rectangulaire d'où sortait un fil. Karos répondit en se dirigeant vers son lit :

    -C'est un walkman.

    Isabelle, brusquement intéressée, demanda :

    -T'écoute quoi ?

    -Des trucs.

    -Je peux écouter ?

    Karos acquiesça. Isabelle s'assit sur le lit et mit les écouteurs dans ses oreilles. Frank avait reporté son attention sur un autre objet :

    -Et ça ? C'est quoi ?

    -Une game-boy.

    -Comment ça se fait que tu es des objets de sans-pouvoir ? 

    -J'ai vécu chez eux quelques années.

    -C'est vrai ? Je peux essayer ?

    Karos prit le jouet, expliqua son fonctionnement et retourna à sa lecture. Lorsque Isabelle eut fini d'écouter la cassette, elle dit :

    -J'aime bien. Karos... j'aimerais que tu nous racontes ce qu'il se passe.

    Frank éteignit le jeu aussitôt. Karos les observa tour à tour :

    -D'accord. Mais promettez de n'en parler à personne.

     

    Chapitre 24 : La vie de Karos

    Tous s'assirent en tailleur sur le lit. Karos commença :

    -Pour mieux comprendre, je vais vous raconter ma vie.

    -Ça promet d'être long, lâcha Isabelle.

    Karos sourit :

    -Avant que mon père ne devienne Ravenblack, il se maria à une jeune fille dont j'ignore le nom et les traits. Ils eurent un fils qu'ils nommèrent Jérôme. Puis, mon père changea et commença l'époque de terreur qui lui forgea son nom. Sa femme eut alors, des jumeaux. L'un, fut nommé Drys et l'autre Karis. Au fil du temps, Jérôme s'aperçut que ses deux frères, alors âgé d'un an, se compléter si bien, qu'ils formaient à eux deux la plus grande puissance magique que l'on est connu. Il en parla avec sa mère et, ensemble, décidèrent de garder le secret. Mais Ravenblack entendait tout. Il fut pris de frayeur à l'idée de se faire doubler par ses fils. Alors, un soir, il tortura sa femme jusqu'à la mort.  Jérôme en profita pour sauver la vie des jumeaux. Il courut dans la forêt et appela le centaure Prira, qui avait été un ami du père de Jérôme. Il était resté loyal à sa femme après son changement. Le garçon cacha ses frères dans un buisson, puis, il fit demi-tour pour retarder Ravenblack et laisser le temps à Prira de prendre les enfants. Le centaure arriva quelques temps après le départ de Jérôme. Il prit les jumeaux et les conduisit au cœur de la forêt. Pour Jérôme, le combat fut de courte durée. Ravenblack a bien rit en voyant son fils de douze ans lui faire face, mais Jérôme réussit à le blesser à la joue. De ce coup, Ravenblack en gardera la cicatrice. Il tua son fils sans se poser de question et il disparut. Plus personne ne le revit depuis. Les jumeaux grandirent dans la forêt, élevaient par Prira. Le centaure s'aperçut que Karis était légèrement plus puissant que Drys. Il le surveilla donc, plus que son frère. Ils grandirent paisiblement avec les deux jouets qui leurs restaient. Un chevalier blanc et noir qui avaient appartenu à Jérôme. Lorsqu'ils eurent cinq ans, une nouvelle les bouleversèrent. Elle bouleversa leur vie également. Un jour, un groupe de sorcier alla trouver Prira pour lui demander de leur confier le fils de Ravenblack. Ils ignoraient que c'étaient des jumeaux. Prira refusa, mais Karis écoutait et profita du sommeil de son frère pour se porter volontaire, ainsi, il n'eut pas à dire adieu à Drys. Il fut jugé et enfermé. Des hommes lui marquèrent, au fer rouge, une tête de mort sur le front. Puis, Karis fut torturé sans répit. Mais, de savoir son frère en sûreté, l'encourageait à résister au désespoir. Cependant, un soir, il rêva de la mort de son frère, et, au matin, il sut que ce n'était pas qu'un rêve. Il ne sentait plus le cœur de Drys battre dans sa poitrine à l'unisson vers le sien, mais la chaleur qui l'envahissait lui fit comprendre que Drys lui avait conféré sa puissance. Ainsi, Karis devint surpuissant. Mais, il se garda bien de le montrer. Le commandeur décida un jour, de le mêler aux autres prisonniers. En voyant la marque sur son front, les autres savaient à qui ils avaient à faire. Aussi, ils faisaient tout pour se faire apprécier de Karis. Cela devint un jeu. Ce jeu se nomma d'abord : "Obéissons au petit directeur", son nom parle de lui-même. Tous appréciaient la présence de ce gamin de neuf ans qui souriait en toute circonstance. Le jeu devint bientôt : "Obéissons à Karos".

    -La déclinaison des directeurs, laissa échapper Frank. Karos acquiesça.

    -Le nom m'est resté.

    -C'est quoi cette nouvelle qui a bouleversé vos vies ?

    -Ravenblack est en vie.

     

    Chapitre 25 : La lettre

    Isabelle sentit comme un poignard lui traversant le ventre.

    -Tu as des preuves ?

    -C'est lui qui a lancé ce loup sur Drys. Mais attends encore un peu s'il te plaît. Je n'ai pas fini. Donc, les prisonniers se prirent de sympathie pour le garçon. Et, dans son dos, ils dressèrent un plan d'évasion, afin de le sortir de la prison. Plan qui réussit à merveille. Je pus donc m'enfuir et j'allais vivre chez les sans-pouvoirs. C'est à cette époque-là, que mon père se mit à m'envoyer des démons. Il m'avait écris une lettre dans laquelle il m’expliquait ce qu'il comptait faire. En gros, ça disais que désormais, il ensorcellerait des démons pour les envoyer me combattre. Si j'étais vainqueur, le démon disparaissait. Si j'étais vaincu, le démon serait alors libre de tuer qui il veut. Il écrivit aussi que, si un jour je devais conclure un pacte d'amitié avec des gens aux cœurs purs, ceux-ci devraient m'aider dans mes combats. Vous êtes tous deux des cœurs purs. Je ne peux pas prendre le risque de vous faire tuer en scellant un pacte d'amitié.

    -Comment expliques-tu la dislocation temporelle ? demanda Isabelle.

    -Lorsque je sens un démon, je récite une formule afin de vous figer. Ainsi, les démons ne s'en prennent pas à vous.

    -Et tu figes tout le château comme ça ? demanda Frank admiratif.

    Karos acquiesça en souriant. 

    Isabelle reprit :

    -Bah, voilà qui explique ta blessure au bras. Au fait, comment il va ?

    -C'est presque guéri.

    Frank demanda, impatient :

    -Bon, alors, chez les Sans-pouvoir... T'as fait comment pour vivre ?

    -J'ai joué de la flûte.

    -Le même morceau que tu joues au lac ?

    -Pas seulement. J'en connais d'autre.

    Ce fut au tour d'Isabelle de demander :

    -D'où il vient ce morceau ?

    -C'est Prira qui nous le jouait. Il disait que ça apaise les âmes. 

    Frank eut soudain l'air apeuré et demanda :

    -Et... ton père ? Tu sais où il est ?

    -Non.

    Il y eut un lourd silence. Au bout de quelques minutes, Karos regarda sa montre et dit :

    -Faut que j'aille à l'entraînement.

    -On vient, annoncèrent Isabelle et Frank d'une même voix.

    Le long du trajet, les deux enfants prirent le temps de classer les nouvelles informations. L'entraînement se passa sans problème. L'équipe avait appris à le connaitre et commençaient à l'apprécier. Puis, tous ensemble, ils allèrent dîner, riant et plaisantant. Ils gagnèrent chacun leur place. Isabelle resta silencieuse un moment. Les yeux rivaient sur son assiette.

    -Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Karos.

    Isabelle leva la tête :

    -Est-ce que ton père pourrait s'attaquer à nous, directement ?

    Karos répondit, sûr de lui :

    -Non, en tout cas pas pour le moment.

    -Bon...

    Isabelle sembla réfléchir et sourit avant de se mettre à manger. Le dîner terminé, chacun regagna sa chambre. Frank s'allongea sur son lit et sourit en pensant :

    -C'est bientôt Noël.

     

    Chapitre 26 : Alexandre en profite

    Ils étaient à présent, vendredi. Le dimanche aurait lieu le premier match de Crashplayer. Karos n'avait pas beaucoup de temps libre entre ses entraînements, ses cours, les heures de colle qu'il avait reçu, injustement, pour avoir tousser en classe ou n'avoir pas su répondre à une question. Mais, il y avait aussi ses rendez-vous chez le directeur qui menaçait de le renvoyer si Alexandre avant encore à se plaindre de lui. Une semaine s'était déroulée depuis le jour où Karos leur avait tout raconté. Frank et Isabelle avaient gardé le secret sans grande peine et cela souda leur équipe.

    -Regardez, c'est le clan des rejetés.

    Frank sursauta en entendant la voix d'Alexandre dans son dos. Les trois amis avaient profité du beau temps et d'avoir fini à onze heure pour s'entraîner près du lac. Frank , en particulier avait du mal à lancer Pium, le sort pour ranger les choses, et Loas, le sort pour les figer. Isabelle et Frank se retournèrent, tandis que Karos faisait fasse à Alexandre. Celui-ci commença d'une voix forte afin que toute la classe, qui était devenu son clan, puisse l'entendre :

    -Tu sais ce qu'a dit le directeur ? Tu n'as plus le droit de me toucher, ni de me toucher, ni de me parler. Et c'est valable pour les deux chiens galeux qui te suivent.

    Karos ne répondit pas. En effet, la veille, tous trois avaient été convoqué pour entendre ces mots que le garçon venait de prononcer. Alexandre sourit :

    -Mais, moi... j'ai le droit de te toucher.

    Aussitôt, il leva le poing. Karos tourna la tête sous le choc, puis, refit face à Alexandre. Du sang coula de son nez. Le jeune garçon lui empoigna l'épaule et lui lança son poing dans le ventre. Karos mit une main sur son estomac, resta, quelques secondes, courbé et fit face à nouveau. Aucun expression n'avait passé sur son visage. Ni grimace de douleur, ni signe de suffocation. 

    -Regardez-moi ça. Le petit gnome qui pleure comme un bébé.

    Isabelle tourna la tête vers Frank. Celui-ci était si dégoûté par cette scène qu'il n'avait pu empêcher ses larmes coulaient. La jeune fille le rejoignit et passa ses bras autour de son cou pour le consoler. Pendant que tous riaient, devant ce spectacle, Alexandre reprit. Il le frappa à nouveau au visage. Karos ne broncha pas et du sang coula de sa lèvre inférieur. Frank sentit les mains d'Isabelle se crisper sur son T-shirt. Un des garçons de la troupe s'avança alors, un grand bout de bous dans la main. Alexandre eut une mine réjouie en empoignant sa nouvelle arme. Il frappa Karos de toutes ses forces. Isabelle et Frank entendirent le bras de leur ami se briser sous le choc. Isabelle murmura :

    -Il faut faire quelque chose.

    Frank acquiesça d'un signe de tête. Il avait à peine détourné les yeux de la scène qu'il s'écria :

    -Là-bas, regarde. Angus et Jorgus.

    Les deux amis se précipitèrent vers les deux professeurs et leurs expliquèrent la situation. Puis, ils leur montrèrent l'endroit où Karos se faisait tabasser. Angus répondit :

    -Je ne vois rien et vous, madame Jorgus ?

    Les deux adultes se sourire et firent demi-tour.

     

    Chapitre 27 : Un sauvetage inattendu

    Isabelle resta interdite. De Angus, cela ne l'étonnait pas, mais de Jorgus, ça lui avait fait un choc. Elle se tourna vers Frank en l'entendant sangloter. Les larmes avaient doublé et son corps était secoué de petits spasmes. Isabelle le prit dans ses bras. 

    -Viens, petit Frank. Il faut qu'on y retourne.

    -Pourquoi ils font ça... c'est pas juste.

    Isabelle essuya ses larmes et le poussa lentement devant elle. Ils rejoignirent le groupe de sixième et se placèrent à nouveau derrière lui.

    Karos avait à présent, un bleu sur la joue et un trait fin et rouge de son oreille jusqu'à son nez. Les deux amis remarquèrent qu'il surélevé légèrement sa jambe droite pour qu'elle ne touche pas le sol. Du sang s'égouttait du bout de ses doigts. En les voyant de retour, Alexandre s'arrêta et dit, souriant :

    -Ce doit être frustrant de ne pas pouvoir défendre ce pauvre petit. Quel dommage que vous n'ayez pas le droit de me toucher.

    -Eux ne peuvent pas mais nous on peut.

    Alexandre fit volte-face, surpris. Il eut juste le temps de voir un poing se diriger vers son visage, avant de tomber à terre, assommé.

    Henri eut un sourire satisfait, tandis qu'Antoine et Julien menaçaient les sixièmes, de les démolir s'ils racontaient ce qu'ils venaient de voir. Henri se tourna vers les trois amis :

    -Eh bin, dans quel état il t'a mis.

    Karos eut un faible sourire avant de s'écrouler en avant. Antoine le rattrapa de justesse. Il le prit dans ses bras et l'emmena à l’infirmerie.

    -Merci, Henri.

    Le grand garçon se tourna vers les deux enfants. Frank avait séché ses larmes et Isabelle retrouva le sourire :

    -Allez, on les accompagne.

    Karos quitta l'infirmerie en début d'après-midi. Bien que Julien, Henri, Antoine, Isabelle et Frank lui eurent interdit. Mais l'infirmerie refusait de garder Karos plus longtemps. Les cinq amis n'avaient pas dit leur dernier mot, aussi, enfermèrent-ils Karos dans sa chambre pour qu'il s'y repose.

    Vint le samedi, le ciel était légèrement gris. La journée commença par un rendez-vous chez le directeur. Isabelle et Frank attendirent devant la porte, l'oreille tendu. Le directeur hurla :

    -Tu n'en as pas marre de sécher les cours ?! Si ça t'ennuis tant, je peux te renvoyer.

    -On m'a enfermé dans ma chambre.

    -C'est ça, et par qui ?

    -A votre avis ?

    -Si vous parlez du jeune Alexandre, vous savez ce qui vous attend.

    -Je n'accuse personne.

    -Ah non ? Et pourquoi me parlez-vous d'Alexandre alors ?!

    -Je n'ai rien dit. C'est vous qui l'avez cité.

    -Comment ?! Vous m'accusez aussi, maintenant ?!

    Un bruit claqua :

    -Sortez d'ici ! Et surveillez vos arrières, à présent, je serais sans pitié !

    -Vous ne savez même pas ce que ça veut dire.

    -Sortez !

    Karos obéit calmement. Frank remarqua qu'il avait une joue écarlate. Il demanda :

    -Il t'a encore giflé ?

    Karos sourit et ils s'éloignèrent.

     

    Chapitre 28 : Premier démon

    Ils se rendirent près du lac pour lire. Karos leva brusquement la tête.

    -Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda Isabelle.

    Karos se leva, joignit ses mains et souda ses pouces de façon à former un cercle. Puis, il murmura les yeux fermés et tête baissée :

    -En ce jour, en cette heure

    Un démon sévit en ces lieux

    Pour pouvoir sauver tous ces cœurs

    Laisse-moi accomplir la volonté de Dieu

    Fige-les en cette instant

    Pour que de ce monstre, je sois le vainqueur

    Donne-moi tout mon temps

    Pour que je puisse lui arracher le cœur.

    -Jolie rime, ne put s'empêcher de dire Isabelle.

    Karos la regarda, apeuré :

    -Quoi ? J'ai dit quelque chose qu'il fallait pas ?

    -Pourquoi tu n'es pas figé ?

    -Parce qu'on est censé l'être ?

    Karos sursauta en entendant la voix timide de Frank. Puis, il s'exclama :

    -Oh, le c...., le s...., l'e....

    Il prit les deux autres par un bras et les entraîna vers le collège, en continuant proliférer des noms d'oiseaux. Il les traîna ainsi jusqu'à sa chambre. Isabelle se dégagea et demanda :

    -Bon, tu nous expliques ?

    -Je crois que mon père vous compte comme des amis. Je crois qu'il considère que nous avons fais le pacte.

    -Mais, c'est pas le cas... c'est de la triche, non ?

    -En effet. Il a profité que vous soyez proche de moi pour vous impliquez dans la chasse aux démons.

    Frank était devenu franchement blanc. Il demanda d'une voix tremblante :

    -On fait quoi, alors ?

    -Il faut que je vous aime. Vos baguettes ne vous serons pas d'une grande utilité vu que vous ne connaissez que deux sorts.

    Il ouvrit une grande armoire. Isabelle et Frank restèrent bouche-bée devant l'exposition d'arme qui s'offrait à leurs yeux. Rien y manquait, ça allait du couteau à la mitraillette. 

    Isabelle se demanda s'il avait déjà eu besoin de l'utiliser. Karos prit une dague qu'il tendit à Frank, qui la prit sans conviction. Il tendit ensuite, un fleuret à Isabelle et prit lui-même, une épée. Isabelle demanda :

    -On prend que ça.

    -Oui, ce démon ne craint pas les balles.

    -Comment tu le sais ?

    -Je le sens.

    -Ah...

    Frank et Isabelle se jetèrent un regard pas convaincu, mais suivirent quand même, Karos à l'extérieur. Ils descendirent dans le parce devant le lac. Les deux amis restèrent figés sur place. 

    Une énorme créature se dressait devant eux. Sa tête n'avait ni nez, ni oreilles. A la place de la bouche, un trou béant tapissait de crocs acérés. Dessus, d'immenses antennes fines, se balançaient au grès du vent. Un corps couvert d'épines, sauf les ailes couvertes de plume. Ses jambes étaient deux piquets plantés dans le sol et sa queue n'étaient autre qu'un serpent. Tout ce qu'Isabelle réussit à dire fut :

    -Bah, avec des antennes pareilles, il a pas de problème de radio.

     

    Chapitre 29 : Premier combat

    Karos se mit à reculer. Frank et Isabelle se rapprochèrent de lui et suivirent son mouvement. Lorsqu'ils sentirent le mur dans leur dos, Frank dit d'une voix chevrotante :

    -Heu... Karos ?

    Le garçon tourna son regard vers lui et sembla comprendre la situation. Il prit son épée à deux mains et la tendit devant lui. Il baissa la tête, les yeux fermés et marmonna des paroles incompréhensible. Isabelle regarda le démon. Il avançait en dandinant, lentement. Karos leva alors son épée au-dessus de sa tête, puis il se mit de profil et la plaça à côté de son visage, au niveau des yeux. Ils n'entendaient que les pas du démon qui arrachait la terre.

    Karos ramena doucement son épée devant lui. Une rafale de feu embrasa l'épée et jaillit sur le démon. Plus rapide que l'éclair, le démon s'envola. Il monta haut, bien au-dessus des nuages. Frank crispa ses doigts sur la garde de sa dague. Si le monstre fonçait sur lui, il ne devrait pas hésité à frapper. Comme s'il avait lu dans ses pensées, la créature réapparu bientôt, les piquets en avant, fonçant sur le jeune garçon. Frank entendit Isabelle crier et vit, du coin de l’œil, Karos faire un geste dans sa direction. Mais le montre était déjà sur lui.

    Frank sentit ses jambes se mettre en mouvement. Il se mit à courir, mais son bras resta tendu à l'horizontale. Il sentit le choc traverser la lame et atteindre son bras qui devint douloureux. La douleur atteint ses jambes et il chuta. Regardant derrière lui, il s'aperçut qu'il n'avait fait qu'une faible égratignure aux jambes du monstre. La créature se tourna vers lui, mais elle se mit à hurler. Isabelle avait profité de ce moment d’inattention pour planter sa lame dans le corps du monstre. Le serpent se mit en mouvement et fonça sur la jeune fille qui se sentait tiré en arrière. Karos la plaça derrière lui et s'élança sur le reptile. Il sauta haut, avant de retomber, épée en avant, le décapitant sur le cou.

    Cette fois-ci, la créature ouvrit sa bouche béante vers le garçon. Aussitôt le gouffre se mit à aspirer jusqu'au moindre brin d'herbe.

    Karos planta aussitôt son épée profondément, dans le sol. Il rattrapa Isabelle par le poignet et doubla ses efforts pour empêcher sa main de glisser le long de la garde. Frank observa la scène un moment, paralysé. Il sentait bien que c'était à lui d'agir. Mais où devait-il frapper ? Quel endroit, une fois blessé, l'handicaperait le plus ?

    Il s'approcha doucement des pattes et se servit de la marque qu'il avait fait pour grimper. Il s'aperçut que la peau semblait plus fine lorsque la patte se rattachait au corps. D'un grand mouvement de bras, il réussit à la détacher et son poids la fit basculer sous le monstre. Frank se remit debout d'un pas chancelant et se mit à courir pour éviter de se faire écraser par le monstre. 

    La créature hurla à nouveau. Karos et Isabelle se jetèrent sur elle pour lui couper une aile. Afin de l'empêcher de voler. La tâche fut moins rude qu'Isabelle ne se l'imaginait. En effet, le démon n'avait pas les os solide. Ainsi immobilisé, le monstre vit la lame étincelante lui traverser le cou avant qu'il ne puisse ouvrir l abouche. Karos retira son épée et retourna dans le château, suivit par les deux amis encore tremblants.

     

    Chapitre 30 : Plus de Crashplayer

    Ils rangèrent leurs armes dans l'armoire. Karos dit :

    -Bon, il faut qu'on retourne à notre place.

    Isabelle et Frank n'ayant pas encore retrouvé l'usage de la parole, acquiescèrent en silence. A peine se furent-ils assis que tout redémarra. Ils reprirent le cour de leur journée avec quelques heures de décalage. Le corps du démon avait disparu. La peur était enfin passée.

    Les trois amis se rendirent dans la bibliothèque où ils furent rejoint pas Antoine, Julien et Henri.

    -Vous avez vu ? C'est bizarre toutes ces heures qui s'envolent."

    Isabelle, Frank et Karos répondirent d'une même voix :

    -Non, pas tant que ça.

    Les trois garçons se regardèrent et éclatèrent de rire. C'est à ce moment qu'Alexandre choisit de venir. Souriant, il annonça :

    -Eh, vous deux, Henri et Karos, vous êtes convoqué chez le directeur.

    Antoine demanda :

    -Tu veux que je le démonte ?

    -Non. Tu viens Karos ?

    La troupe prit le chemin du bureau. Les deux garçons entrèrent et aussitôt la voix s'éleva :

    -Vous savez que bientôt commencera le match de Crashplayer ?

    -Oui.

    -Eh bien, je suis heureux de vous informer que Karos est renvoyé de l'équipe.

    Il y eut un instant de silence, puis ils entendirent la voix de Henri qui crié :

    -Vous pouvez pas faire ça ! Karos est notre meilleur joueur. Vous auriez dû assister à l'entraînement. Il est d'une rapidité surprenante et d'une force insoupçonnable. Il faut qu'il reste.

    -Je me contre-fiche !Sortez maintenant.

    -Mais...

    La voix posée de Karos se fit alors entendre :

    -Laisse ! Ce n'est pas grave. On s'en va.

    La porte s'ouvrit. Henri sortit en premier, l'air déconfit. Karos sortit ensuite, un sourire forcé sur les lèvres.

    -Bon, et si on mangeait ?

    -Cela ne te fais rien ?

    Karos tourna la tête vers Henri et demanda :

    -Qu'est-ce qui me fait rien ?

    -Il vient de te virer de l'équipe et t'es là à faire comme si de rien était.

    Henri avait haussé le ton, mais Karos répondit :

    -Comment voudrais-tu que je réagisse ?

    -Je sais pas... t'aurais pu crier, protester... T'es toujours là, à faire comme si tout était normal.

    -Pourquoi ? Ce n'est pas le cas ?

    -Mais tu es aveugle ou quoi ? Ils sont tous là à te traiter comme si t'étais un monstre. Réagis, m...

    -Tu sais, ce qui te parait normal ne l'est pas forcément pour moi.

    -Qu'est-ce que tu veux dire ?

    -Tout ce que tu critiques, leur attitude envers moi et tout, pour moi, c'est normal, c'est ma vie.

    -Tu ne devrais pas te laisser faire.

    -Mais... je suis fatiguée de me battre.

    Karos s'éloigna, le regard vide.

     

    Chapitre 31 : Rendez-vous sous la lune

    Le soir était tombé. Frank était si épuisé qu'à peine allongé, il s'endormit à poings fermés, mais Isabelle était agitée. Elle se leva finalement et alla à la fenêtre. La pleine lune semblait lui désigner la silhouette, assise, près du lac.

    La jeune fille s'habilla et sortit dans le parc. L'air de flûte berçait les arbres. Il s'arrêta et se levant, se tourna vers Isabelle. Elle demanda :

    -Ton âme à tant besoin d'être apaisée ?

    -Je ne joue pas que pour moi.

    -Je m'en doutais.

    Elle se mit à côté de lui et observa le lac. Son sourire disparut :

    -Comment tu fais ?

    -Je fais quoi ?

    -Pour vivre comme ça ? Tous ces gens qui te haïssent, qui te punissent sans raison. Comment peux-tu le supporter ? Moi, je crois que je serais devenu folle.

    -Je ne leur en veux pas.

    -Comment peux-tu ne pas leur en vouloir ?

    -Je les comprends. Je crois que si j'étais à leur place, je serais comme eux. Alors, j'ai appris à pardonner.

    -Pourquoi ?

    -Parce que celui qui n'apprend pas à pardonner, n'apprendra jamais à aimer.

    Isabelle se tut un moment, avant de demander :

    -Est-ce que... ça t'arrive de pleurer ?

    -Pleurer ? Je n'en ai pas le droit.

    -Qui t'as dis ça ?

    -Je ne sais plus. Mais, je me souviens que l'on m'a interdit de pleurer devant quelqu'un.

    -Si tu ne peux pas pleurer devant quelqu'un, alors qui te consoles ?

    Karos sourit :

    -Justement. C'est pour ça que je m'efforce de ne pas pleurer.

    Isabelle se sentit soudain malheureuse. Malheureuse pour ce garçon, malheureuse de ne rien pouvoir faire pour l'aider. Elle sentit des larmes lui venir aux yeux. La jeune fille dit d'une voix qu'elle aurait voulu plus assuré :

    -Alors, tu vas grandir en les laissant faire ?

    -Tu me vois quel avenir ? Mon nom m'empêchera d'avoir un travail, de me marier.

    -Les Sans-pouvoir t'accepterons, eux.

    -Oui, mais tant que mon père sera en vie, ma famille, si j'en ai une, sera en danger.

    Isabelle se tourna vers lui et s'aperçut qu'une grande tristesse était apparu sur son visage.

    -Tu sais, si tu pleures maintenant, personne ne te verras.

    -Non, pas devant toi, ni devant personne d'autre. 

    -Mais tout le monde à besoin de quelqu'un pour se consoler. Ça n'a rien d'anormal.

    -J'ai bien peur de ne pas être comme tout le monde.

    Elle le fixa un moment, tandis qu'il ne quittait pas le lac des yeux, elle comprit :

    -Tu as honte, c'est ça ?

    -Moi ? Bien sûr que non.

    -Bien sûr que si. Tu as peur que l'on te trouve faible, mais comprends bien que si une personne à le droit de pleurer, c'est bien toi.

    Karos baissa les yeux. Isabelle se mit face à lui, passa une main sur sa nuque et le rapprocha doucement. Jusqu'à ce qu'elle sentit son menton sur son épaule et dit :

    -Comme ça, je ne te verrais pas, mais je serais là pour te consoler.

    Elle sourit en sentant son T-shirt se mouiller sous les larmes de Karos.

     

    Chapitre 32 : Le commandeur

    La nouvelle avait frappé tous les élèves. Le commandeur allait venir au collège. Les discussions allaient bon train, car personne n'avait vu le commandeur depuis qu'il gouvernait. Tous les portraits y passaient, bien qu'on les eu avertit qu'aucun élève ne pourrait le voir.

    Frank éteignit la game-boy :

    -Je me demande quel caractère il a.

    Tous les trois étaient assis sur le lit. Isabelle enleva ses écouteurs et dit :

    -Il doit être sympa. Sinon, il n'aurait jamais permis que Karos et moi entrions au collège.

    -Dis, Karos, tu l'as déjà rencontré, toi, le commandeur ? Quand t'étais en prison ?

    Karos leva les yeux de son livre :

    -Non, jamais. Mais les prisonniers disaient que depuis qu'il était au pouvoir, il y avait de moins en moins de condamner.

    -Ah oui, j'avais entendu mes parents en parler. Il parait qu'il est très compétent.

    Frank se tut, le regard triste.

    -Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Isabelle.

    -On fêtera mon anniversaire pendant les vacances.

    -Et alors ?

    -Papa a beaucoup de travail. Il ne pourra pas le fêter avec nous.

    -C'est quand ton anniversaire ?

    -Deux jours avant Noël.

    Karos se redressa et demanda :

    -Deux jours avant quoi ?

    Les deux amis se tournèrent vers lui :

    -Tu ne connais pas Noël ?

    Karos parut gêner, Frank expliqua :

    -C'est une fête où tu reçois des cadeaux, en gros...

    -On reçoit des quoi ?

    Isabelle s'apprêtait à lui expliquer mais on frappa à la porte.

    -Qui est-ce ?

    -C'est moi, Henri. Mademoiselle Lyus veut te voir.

    Les trois amis s'entre-regardèrent, puis, se levèrent et quittèrent la chambre.

    Henri les guida jusqu'au bureau de Lyus. En les voyant entrer, celle-ci sourit. Frank et Isabelle avaient bien remarqué qu'elle était la seule à considérer Karos comme un enfant normal. Elle les fit asseoir et dit :

    -Vous savez que le commandeur est arrivé ?

    Les trois enfants se jetèrent des regards avant de répondre en chœur :

    -Non, nous l'ignorions.

    -Eh bien, vous êtes au courant maintenant. Je tenais à vous dire que la raison de sa présence était Karos. Il tient à savoir si tu t'es bien intégré. Je préfère vous mettre au courant, bien que cela me sois interdit, alors je compte sur vous pour garder le secret de cette discussion.

    -Merci, Mademoiselle.

    Les enfants s'apprêtaient à prendre congé, mais Lyus leur dit :

    -Si vous voulez tenter d'apercevoir le visage du commandeur, sachez qu'il est deux portes plus loin.

    Elle sourit en leur adressant un clin d'oeil. Karos lui sourit. Lorsqu'ils sortirent, ils se rendirent devant la porte indiquée par Lyus. Karos dit :

    -Frank, t'es le plus petit. Essai de l'apercevoir, tu nous raconteras après, OK ?

    -OK.

    Karos et Isabelle se rendirent dans la bibliothèque. Frank les rejoignit, le visage blême. Les deux amis lui jetèrent un regard interrogateur :

    -Il... Il... une cicatrise sur la joue.

     

    Chapitre 33 : Un rendez-vous spécial

    -C'est pas parce qu'il a une cicatrice sur la joue que c'est forcément ton père.

    Dans la grande salle,tout le monde parlait bruyamment. Isabelle chuchotait ses inquiétude, en essayant de se persuader elle-même. Les deux garçons mangeaient en silence, ne sachant quoi lui répondre. Finalement, Karos se leva et se dirigea vers la sortie. Les deux amis le suivirent et le retrouvèrent, plantait devant les escaliers. Il se tourna vers eux :

    -On va dans ma chambre.

    Ils acquiescèrent. Isabelle monta, mais Frank s'arrêta près de Karos et lui demanda :

    -Dis, ça te fait pas de mal, tout ce qu'on dit sur ton père ?

    -Non, pourquoi ?

    -Bah, c'est quand même ton père.

    -Oh, tu sais, n'importe quel homme peut être père. Il leur est beaucoup plus difficile d'être papa.

    -Tu me dis ça pour mon père ?

    Karos sourit et monta. Une fois dans la chambre, les trois amis s'assirent sur le lit.

    -Qu'est-ce qu'on fait ?

    Frank ne parlait pas avec une grande conviction. Karos sembla réfléchir et dit :

    -Ben, si c'est mon père, il demandera surement à nous voir tous les trois, alors.

    On frappa à la porte à nouveau.

    -C'est Henri, le commandeur veut voir tous les trois.

    Karos ouvrit la porte :

    -Pourquoi ?

    -Je sais pas, mais c'est bizarre.

    En silence, ils suivirent, de nouveau, Henri. Il s'arrêta devant une porte simple en bois.

    -C'est là-dedans.

    Les trois amis entrèrent. C'était une grande pièce rectangulaire, éclairait par des torches. Un grand homme se tenait à l'autre bout de la salle le dois tourné :

    -Ah, vous voilà. Je vous attendais avec impatience.

    Il se retourna et ils purent apercevoir son visage. Les cheveux longs et brun, les yeux noirs. Isabelle fut frappé de sa ressemblance avec Karos. Le garçon, les yeux plein de colère, lui demanda :

    -Comment as-tu pu accéder au pouvoir ?

    -Oh, tu sais, avec quelques illusions, on peut tout avoir. Je me suis beaucoup amusé à me faire passer pour quelqu'un qui été tout mon inverse.

    -Pourquoi as-tu mêlé Frank et Isabelle à cette histoire ?

    -Tu ne devines pas ? J'avais espéré te voir souffrir encore de la perte de deux amis. Toi, qui ne connaissait pas ça, cela aurait été dommage. N'est-ce pas ?

    -Pourquoi es-tu venu ?

    -Je trouve que tu poses beaucoup de question. Mais, je vais te répondre. Vois-tu, j'ai passé ces dernières années à t'envoyer des démons, que tu as éliminé sans trop d'effort. Le dernier avait pour but de massacrer ces deux nouveaux, mais il a été détruit. Donc, comme j'ai souffert de tant d'incompétence, j'ai décidé de me déplacer en personne.

    -Ouah, quel déshonneur.

    L'homme éclata de rire.

    -Je vois que tu ne perds pas le nord.

    -Tu es venu pour les tuer, aussi ?

    -Non, seulement, je vais les tuer, mais je vais également prendre ta vie.

    -Bah, viens, je t'attends.

    Sur un geste de Karos, les deux amis reculèrent. L'homme enleva sa cape et fit apparaître une baguette. Karos empoigna la sienne et ils se jetèrent l'un sur l'autre.

     

    Chapitre 34 : Combat final

    Frank et Isabelle s'étaient retrouvés blottis contre un mur. Cela faisait plusieurs minutes que le combat avait commencé et, déjà, Karos avait une épaule déboîtée, le T-shirt déchiré et de nombreuses marques ensanglantées sur tout le corps. Il soufflait fort et se tenait sur des jambes tremblantes. 

    Ravenblack ne semblait pas mieux, bien qu'il fit de son mieux pour se tenir droit. Il trouva la force de sourire et de dire :

    -Eh bien, tu te débrouilles mieux que tes frères.

    Karos demanda, haletant :

    -Pourquoi tu fais ça ?

    -Pourquoi ? Pour gouverner, bien sûr.

    -Le monde entier ?

    -Ça me plairait bien. Pas à toi ? Tu pourrais t'allier à moi et ensemble, nous les écraserons. Qu'en dis-tu ?

    -T'as vu trop de film. C'est vachement cliché ce que tu me sors.

    -Je vais te faire passer l'envie de rire.

    Il secoua sa baguette en hurlant un mot. Un jet de couleur jaune éclata. Karos sauta et courut pour éviter les boules de feu qui s'étaient formés. La plupart éclatèrent les murs. Isabelle ne quittait pas Karos des yeux, aussi, fut-elle surprise en se sentant tiré vers le sol. Quelques instants plus tard, le boulet de flamme explosa au-dessus d'elle. Elle se tourna vers Frank :

    -Merci.

    -Je t'en prie.

    Ils se redressèrent. Karos était à nouveau face à son père qui semblait différent. Isabelle chuchota :

    -Il est bizarre, non ?

    -Il a invoqué un bouclier.

    -Ah, ha. Je vois que le rouquin n'est pas si bête que ça.

    Les deux amis blêmirent en entendant Ravenblack s'adresser à eux. Il continua :

    -En effet. J'ai un bouclier, mais il est spécial. Contrairement à un bouclier classique, celui-ci me protège de toute part.

    -Sauf quand tu attaques.

    L'homme se tourna vers Karos.

    -En effet, mais je n'ai pas l'intention de t'attaquer. Du moins, pas tout de suite.

    -Ce doit être frustrant, non ?

    Ravenblack se retourna vers les deux enfants. Isabelle continua :

    -Se faire battre pas son plus jeune fils.

    -Mais il ne m'a pas battu.

    Frank comprit soudain où elle voulait en venir. Il ajouta :

    -Bah, en venir à se cacher derrière un bouclier, c'est comme si vous aviez perdu.

    Isabelle poursuivit :

    -C'est sûr. Et dire que ça se prétend être le plus grand sorcier de tous les temps.

    -Minable.

    Isabelle acquiesça. L'homme devint brusquement furieux.

    -Ça suffit ! Ferme-là !

    Il leva sa baguette. Karos en profita. Il s'élança sur son père et le jeta à terre. Une lumière blanche, éblouissante se répandit alors. Lorsqu'elle disparut, les deux corps gisaient au sol. Les deux amis se précipitèrent vers Karos. Celui-ci les regarda et sourit avant de fermer les yeux. Frank prit son pouls et dit, les larmes aux yeux :

    -Il est mort.

     

    Chapitre 35 : Le sauveur

    Il ouvrit les yeux avec difficulté. Tout était flou, mais il reconnu les visages d'Henri, Antoine et de Julien.

    -Salut, Frank.

    Le garçon cligna des yeux et demanda d'une voix rauque :

    -C'était un cauchemars ?

    Henri baissa les yeux. Antoine répondit à sa place :

    -Hélas, non. Comme il ne vous avez pas vu, Henri est entré en défonçant la porte. Il vous a trouvé allongé à côté de Karos, mort et un autre homme, mort aussi. Il a appelé les profs qui vous ont emmenés à l’infirmerie et voilà.

    Frank sembla réfléchir un moment/

    -Où est Karos ?

    -Ils l'ont mis dans a chambre et Isabelle est déjà à côté de lui.

    -Où ils vont l'enterrer ?

    -Je ne crois pas qu'ils en aient l'intention.

    Frank le regarda, surpris. Julien acheva :

    -Ils veulent le jeter dans les terres de Shork.

    Le jeune garçon se redressa brusquement :

    -Ils peuvent pas faire ça !

    Avant même d'entendre la réponse, il se leva, s'habilla et sortit de la pièce en courant. Lorsqu'il entra dans la chambre de Karos, celui-ci était allongé sur son lit, tandis qu'Isabelle était assise à la fenêtre.

    -Ça va ?

    Elle sursauta et tourna la tête vers Frank, les yeux rouges de larmes. La voix brisée, elle demanda :

    -C'est quoi les terres de Shork ?

    -Eh ben, tu sais, lors du règne de terreur du Ravenblack, ses partisans n'étaient pas jugés digne d'être enterré furent jetés dans ces terres. C'est un lieux principalement habitait par des dragons. Les corps étaient donc dévorés et aujourd'hui se faire dévorer par un dragon dans ces terres, c'est la plus grande honte pour les sorciers.

    -Mais, c'est pas juste. Il les sauvé.

    -Je sais.

    Sa voix s'étouffa et il se mit à pleurer. Le soir, la grande salle était bruyante et lumineuse. Tous parlait de la véritable fin de Ravenblack, mais personne ne citait Karos. Les deux amis s'assirent. Après quelques minutes le directeur se leva, fit le silence et dit, d'un ton joyeux :

    -Aujourd’hui est un grand jour, car R est mort.

    Les élèves l'acclamèrent. Il fit revenir le silence :

    -Qu'à jamais soit célébré le jour où nous avons vaincu le plus grand sorcier maléfique de tous les temps. Grâce à vos professeurs et à moi-même, qui avons su démasquer à temps le R, le monde peut désormais dormir sur ses deux oreilles.

    Les élèves acclamèrent à nouveau, tandis que les professeurs se bombaient le torse, l'air suffisant. Mais s'en était trop pour Isabelle. Elle se leva brusquement et frappa des poings sur la table. Tous la regardèrent. Le directeur demanda :

    -Qui y a-t-il ?

    Isabelle voulait crier, fracasser, injurier. Frank vit ses épaules trembler de rage. Elle garda la tête baissée pour cacher ses larmes. Puis, la releva, se redressa, leva son verre et défiant le directeur du regard, déclara haut et fort :

    -A Karos, l'enfant qui a su pardonner.

    Frank se leva à son tour et dit :

    -A Karos, notre véritable sauveur.

    Puis, se fut Antoine, Henri et Julien qui se levèrent. Ils furent suivi par le professeur Lyus qui sourit à Isabelle, les larmes aux yeux, sous les regards désapprobateur de ses collègues.

    -A Karos, l'enfant mort avant d'avoir vécu.

    Tous burent et se rassirent.

     

    Chapitre 36 : Organisation

     

    N'arrivant pas à dormir, Frank et Isabelle allèrent au lac, éclairaient par la lune :

    -Excusez-moi.

    Les deux amis sursautèrent et firent volte-face. Un centaure se tenait devant eux, centaure qu'ils reconnurent comme étant Prira :

    -Vous étiez les ami de Karis ?

    Frank bégaya :

    -Euh... oui ? Pourquoi ?

    -Je n'ai pas entendu la flûte.

    Prira se tut. Isabelle demanda, hésitante :

    -Et alors ?

    -Si la flûte ne chante pas, c'est qu'il est mort.

    Les deux enfants baissèrent la tête. Prira continua :

    -Où est son corps ?

    -Pourquoi ?

    -Il doit être enterré près de ses frères et de sa mère, dans la forêt.

    -Il est dans sa chambre.

    -J'aimerez que vous l'apportiez demain. Dans la foret.

    -Mais, on va se faire remarquer, on pourra pas le sortir.

    Prira sembla attristé. Isabelle soupira et dit :

    -On va essayer.

    Le centaure sourit le regard triste et retourna dans la forêt. Le lendemain, dans la bibliothèque, Frank et Isabelle se creusaient la tête pour trouver un plan. Frank finit par dire :

    -On y arrivera pas.

    -Tu vas quand même pas les laisser le jeter aux dragons. Il n'a rien fait de mal de toute sa vie.

    -Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Simplement, on y arrivera pas tout seul.

    -Nous pouvons peut-être vous aidez ?

    Les deux amis firent volte-face. Henri, Julien, Antoine et le professeur Lyus leur faisaient face. Henri dit :

    -On se doutait bien que vous les laisseriez pas faire et puis, niveau discrétion, c'est pas encore ça.

    Julien demanda :

    -Vous vouez l'emmener où ?

    Isabelle répondit :

    -On veut l'enterrer chez lui, dans la forêt.

    Frank continua :

    -Le problème, c'est qu'on ne sait pas comment le transporter et quitter le collège discrètement.

    Isabelle prit le relais :

    -En plus, on doit l'emmener aujourd'hui.

    Antoine dit :

    -A nous trois, on peut le porter, mais comment le camoufler et comment entrer dans sa chambre, là... C'est une autre affaire.

    C'est alors que Lyus entra en scène :

    -Moi, je connais des sorts pour rendre les choses invisibles et je peux vous faire sortir de l’établissement, sans peine. En plus, ils me permettront d'entrer dans sa chambre.

    Henri dit :

    C'est d'accord. Le professeur entrera dans la chambre. Rendra Karos invisible et mettra des coussins sous les draps. Nous, nous l'attendrons dans le couloir. Pour porter le corps discrètement, le professeur marchera devant, les mains dans le dos pour tenir la tête. Julien et Antoine sur les côtés, pour les bras. Frank et Isabelle tiendront les jambes et moi, je soutiendrais les pieds. On aura qu'à prétexter un entrainement de Crashplayer où Frank, Isabelle et Mademoiselle Lyus auront voulu assister en mémoire de Karos. C'est compris ?

    Tous acquiescèrent. Antoine trouva le moyen de dire :

    -On dirait des conseils d'avant match.

     

    Chapitre 37 : Chanson

    L'enlèvement se passa au cour de l'après-midi, sans encombre. Prira les avait attendu à l'ombre des arbres. A présent, ils étaient dans la clairière des souvenirs de Karos. Le corps de celui-ci était étendu sur un matelas de branchages et de feuilles. Derrière lui, un trou et trois autres tombes.

    Prira, Julien, Frank, Isabelle, Henri, Antoine et Lyus étaient les seuls présents. Le centaure se dirigea vers Isabelle et lui dit :

    -Il faut que tu dises quelque chose en tant qu'amie.

    Isabelle baissa la tête vers Frank. Le garçon lui sourit. Elle s'avança donc :

    -Je ne sais pas quoi dire.

    Frank lui souffla :

    -Chante.

    La jeune fille comprit le sous-entendu et la chanson préférée de Karos lui revint en mémoire. Elle inspira et chanta.Tandis qu'elle chantait, de nombreux souvenirs traversèrent les esprits des personnes présentes. Un sourire, des rires, un regard plein de tristesse et d'effroi, de haine, parfois, capable de glacer les gens sur place. Un enfant discret, fort et faible à la fois, intelligent et ignorant. Un enfant méprisé, un enfant abandonné et pourtant, pourtant, ce sourire. Le sourire d'un enfant heureux. il fut mit en terre et Prira y déposa un chevalier blanc.

    Ils rentrèrent silencieusement, se dirent bonne nuit et retournèrent chacun dans leur chambre. Frank s'écroula sur son lit et pleura. Il n'arrivait pas à comprendre que l'on puisse ignorer à ce point la mort d'un enfant. Isabelle ouvrit la fenêtre et sourit en voyant le lac, repensant au soir au bord de l'eau. Les deux enfants se couchèrent et s'endormirent en souriant, car, dans le vent, un air de flûte flotté. Un air que les âmes tourmentées pouvaient entendre, mais que seuls deux cœurs purent comprendre.

     

    FIN

     

    « XX - CitsekoConte : La belle-mère du Diable »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :