• XXII - Citeko : Bon, ça ne prend pas exactement la tournure que c’était censé prendre

    Un jour de repos, un jour de sommeil. Citseko ne bougea pas de la chambre de la journée. Le jeune homme ne fit qu'une excursion rapide à la cafétéria pour prendre un casse-croûte et remonta rapidement. Meb ne revint que quelques minutes avant la fermeture des chambres. Comme à son habitude, il raconta tout ce qu'il avait fait de sa journée, sans se soucier que cela intéresse Citseko ou non. Celui-ci aimait bien l'écouter parler avec son ton guilleret. Il savait que Meb racontait tout, en particulier à ses parents. Il ne doutait pas un instant qu'il leur ai raconté la confession de Citseko lors de leur dernier jour d'école. Le rejet qu'il avait essuyé. Le garçon se demandait encore si ce n'était pas cela qui avait donné le coup de pouce final, pour décider les parents de Meb, à en faire un héritier d'argent. Après tout, qui serait plus motivé de le protéger que quelqu'un qui l'aimait ?

    En fait, Citseko aimait plus le son de sa voix qu'il n'éprouvait d’intérêt à ce qu'il racontait. Il se moquait bien de savoir lequel de ses amis avait tenté de parler à une seconde année, lequel avait eu son Enfermement avec exclusivement des héritières d'argent et d'autres anecdotes du même genre. Même sous la douche, il continua de lui parler, criant pour se faire entendre. Citseko finit par s'endormir avant qu'il ne sorte de la salle de bain.

    Quand il rouvrit les yeux, l'adolescent vit qu'il était onze heures du soir. Et flûte, j'ai plus sommeil maintenant. Meb lisait dans son lit et demanda en l'entendant bouger :

    -T'es réveillé ?

    -Oui.

    Citseko se leva, prit une douche et retourna se glisser sous les couvertures avec un livre. Au final, il se força à dormir à minuit en espérant ne pas être fatigué le lendemain. Le retour en cours fut plaisant comparé à une journée d'Enfermement. Avant que l'heure ne sonne la pause, leur enseignant annonça :

    -Les activités vont débuter en fin de semaine. Les surveillants vont vous distribuer la liste.

    Pour une fois, des cris de joie remplirent la salle. Citseko saisit la feuille qu'on lui tendait et regarda la liste.

    -Vous pouvez participer à autant d'activités que vous voulez, mais les places sont limitées et elles vous prendront du temps. En revanche, vous êtes tous obligés de participer à au moins l'une d'entre elle.

    Les activités étaient présentées comme des passe-temps en dehors des cours, mais en voyant la liste proposant différents entraînements de combats à main nue, pratique d'arme à feu et d'arme blanche variés, ce n'était qu'un moyen de permettre d'augmenter leur niveau au combat. Meb lui envoya un coup dans le bras, au comble de l'excitation :

    -On fait du tir à l'arc.

    Citseko n'aimait pas ça. Il aurait préféré pratiquer le maniement du couteau auquel il avait quelques difficultés. Cependant, il acquiesça à la proposition de Meb. Je serai dans deux activités, c'est tout. Elles avaient lieu après les cours ou les jours de repos et durait une heure à une heure et demie. Deux activités, il pourrait gérer.

    -Hey, je pense à un truc.

    Citseko releva la tête avec un air interrogateur.

    -Tu peux demander à Falibi dans quel activité ils vont, que je puisse faire connaissance.

    L'héritier d'argent ne répondit pas de suite. C'était une chose de parler quand on était enfermé à quatre dans une pièce, c'en était une autre quand on était revenu à la normale. On n'est pas ami quand même. Ça va être bizarre que je lui parle comme ça. Il tenta d'éviter la corvée en disant :

    -On vient de recevoir la liste, ils n’ont sûrement pas encore choisi.

    La sonnerie se fit entendre et les élèves commencèrent à ranger leurs affaires. Apercevant ses amis à la porte, Meb poussa Citseko :

    -Vas-y, allez.

    Le garçon rechigna :

    -Maintenant ?

    Meb leva les yeux au ciel :

    -Évidemment, ce sera fait. Allez.

    Citseko prit ses affaires et se dirigea à pas lents vers la table de Falibi et Hiloy. Il jeta un regard en arrière en espérant que Meb se soit empressé de rejoindre ses amis, mais il restait à attendre de voir si Citseko accomplirait sa mission. Ne pouvant plus reculer, l’héritier d’argent se tint à hauteur du dernier bureau sans rien dire. Le duo, occupait à discuter, ne le remarqua pas de suite. Hiloy sursauta en manquant lui rentrer dedans quand iel se retourna pour sortir. Citseko se trouvant obligé de dire quelque chose, lança à Falibi :

    -Salut.

    La jeune fille sourit :

    -Hey, Citseko. Je te présente Hiloy. Hiloy, Citseko.

    Lorsque ce dernier avait entendu qu'ils seraient dans la classe de lae Cinquième, il ne savait pas trop à quoi s'attendre, mais il s'était imaginé quelqu'un d'intimidant. Or, ce n'était pas le mot qui lui venait quand il voyait Hiloy. Avec son éternel sourire, l’adolescent ne trouvait rien d'étonnant à ce qu'iel fut ami.e avec Falibi. Il se sentit de suite plus détendu par l'attitude du duo. Citseko s’inclina devant Hiloy, mais continua de s'adresser à Falibi seulement :

    -Tu sais quelle activité tu vas faire ?

    La jeune fille secoua la tête en échangeant un regard avec son ami.e :

    -Non, on a pas choisi. Pourquoi ?

    Citseko répliqua simplement :

    -Pour savoir... comme ça.

    Si ça, ça n'attire pas les soupçons. Seulement, Falibi repartit :

    -Tu sais ce que tu vas faire toi ?

    Il n'hésita pas à répondre :

    -Pour l'instant, je pense à tir à l'arc et combat au couteau.

    Falibi ouvrit de grands yeux :

    -Deux, déjà ?

    Citseko haussa les épaules :

    -C'est Meb qui a choisi tir à l'arc.

    Hiloy s'informa :

    -Les héritiers d'argent doivent prendre l'activité de leur héritier d'or ?

    Citseko fut surpris de la question et jeta un regard à Falibi comme si elle allait répondre à sa place, mais il finit par le faire :

    -Non, pas vraiment.

    Hiloy sourit :

    -Tu as choisi de le suivre ?

    Citseko eut un demi-sourire :

    -C'est ça.

    Falibi réfléchissait à une toute autre question :

    -C'est vrai que tir à l'arc, ça pourrait être cool. T'en dis quoi Hiloy ?

    Cellui-ci fit la moue :

    -Je ne sais pas trop. Faut que je regarde la liste tranquille.

    Falibi hocha la tête :

    -OK. Tu sais ce que les autres ont pris ?

    La question s'adressant à lui, Citseko demanda :

    -Les autres ?

    Elle sourit :

    -Oui, Matior et Theaon Ce serait sympa qu'on soit tous dans le même club. Venez, on va leur demander.

    Elle leur tournait déjà le dos, tandis qu'Hiloy et Citseko échangeaient un regard, pris de court. Bon, ça ne prend pas exactement la tournure que c’était censé prendre, mais du moment que j'apprends quelle activité fera Hiloy, Meb sera content. Falibi s'approcha du groupe d'Elférad en lançant gaiement :

    -Salut, les garçons !

    Matior fut visiblement réjoui de la voir :

    -Hey ! Falibi !

    Il sourit également aux deux personnes derrière elle :

    -Hiloy ! Citseko !

    Elférad, assis en tailleur sur son bureau, observa les nouveaux arrivants avec curiosité :

    -Qu'est-ce qu'il se passe ?

    Falibi l'apaisa en disant :

    -Rien de grave. On se demandait si vous aviez choisi vos clubs.

    Matior ouvrit la bouche pour parler, mais Neghttris le fit taire d'un regard, alors qu'Elférad demandait :

    -Pourquoi ?

    La jeune fille se prit à rire :

    -Ne soyez pas si méfiants. On ne va pas vous tuer au beau milieu d'une activité, ce serait suspect.

    Citseko grimaça. Ce n'était pas avec ce genre de commentaire qu'elle allait se rendre amicale. Cependant, Falibi poursuivait déjà :

    -Je ne m'adresse qu'à Matior dans ce cas. Après tout, on a déjà passé deux nuits ensemble.

    Elle lui fit un clin d’œil auquel il répondit de la même façon. Cependant, l'héritier d'argent jeta un regard à Elférad pour s'assurer qu'il pouvait répondre cette fois.

    -Je ne sais pas encore, en fait.

    Falibi pointa Citseko du pouce :

    -Il veut...

    Cette fois, c'est Hiloy qui l'arrêta en lui attrapant le bras. Lae Cinquième commençait à comprendre que la moindre information, même la plus anodine, pouvait sembler essentielle pour certains. Comme Falibi se tournait vers ellui avec surprise, Hiloy lui murmura :

    -Il n'a peut-être pas envie que tu dises à tout le monde ce qu'il va faire.

    Ils se tournèrent vers Citseko qui fut intérieurement reconnaissant à Hiloy de l'avoir interrompu. On évitait en général de dire dans quelles activités on s'inscrivait afin que des ennemis potentiels n'en profitent pas pour s'inscrire avec vous. Je ne sais pas ce que Meb aurait fait si le groupe d'Elférad avait appris ça. Il aurait probablement était furieux.

    -Je ne préfère pas que ça se sache, non.

    Falibi articula des excuses silencieuses avant de revenir au groupe :

    -Quand on saura, on vous le dira. Ce serait chouette qu'on soit dans le même club, non, Matior ?

    L'adolescent répartit avec amusement :

    -Je suppose que tu vas demander à Theaon aussi.

    Falibi prit son visage entre ses mains, rougit et se détourna avec gêne :

    -Matior, voyons.

    Son attitude provoqua l'amusement. Falibi ne tarda pas à ajouter :

    -Mais oui, je vais le lui demander de ce pas.

    La salle avait été désertée par les élèves et seul un surveillant était resté pour garder un œil sur eux. Falibi se dirigea vers la sortie et Hiloy allait la suivre quand Elférad lança :

    -Hey.

    Citseko et lae Cinquième se retournèrent, ne sachant auxquels des deux il s'adressait. C'est vers Hiloy qu'il se tourna :

    -Merci pour Lyert.

    L'incompréhension se lut sur son visage et il précisa :

    -Pendant l'Enfermement.

    Hiloy vit de quoi il parlait et sourit :

    -De rien.

    Iel quitta la pièce pour rejoindre Falibi qui l'attendait à la porte. Citseko décida d'aller retrouver Meb pour l'informer du déroulement de la discussion. Matior l'arrêta en lançant :

    -Tu veux pas jouer avec nous ?

    Citseko observa le groupe qui semblait prêt à l'accueillir et hésita. Il savait que Meb serait avec ses amis et qu'après avoir écouté ce qu'il avait à dire, il devrait se contenter de rester là, à attendre qu'on veuille lui prêter attention. L'adolescent préférerait jouer aux cartes, mais il savait aussi où était sa place :

    -Non, merci. Meb doit m'attendre.

    Lyert ouvrit la bouche pour la première fois :

    -T'es sûr ?

    Il hocha la tête.

    -Tu sais où nous trouver.

    Citseko eut un demi-sourire, mais resta quelques secondes derrière la porte en entendant Matior lancer :

    -On est parti, six cartes chacun et, non, Elférad, ce n'est pas parce que tu es fils de chef que tu auras droit à une avance.

    Elférad répartit :

    -Comment ça ? Avec la pression que je subis en ce moment, après tous ces biscuits qu'on a partagé, après...

    -File-lui une avance Matior, soupira Neghttris

    L'interpellé gronda :

    -Pourquoi moi ?

    Lyert qui rangeait ses cartes répondit :

    -Parce que c'est toi qui as mis ça sur le tapis.

    Elférad eut un large sourire :

    -Tu te rends bien sûr compte que si tu n'avais rien dit, il ne me serait même pas venu à l'esprit de demander une avance.

    Matior prit un air désespéré :

    -T'es sérieux ?

    Citseko s'éloigna. Sûr et certain que ça n'a rien à voir avec Meb et moi. Il eut un pincement au cœur, mais ne se laissa pas déprimer. Il fallait se contenter de ce que l'on avait après tout.

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