• XXVIII - Hiloy : Il n'y a pas de témoin

    Hiloy se sentait bien. Avant même d'ouvrir les yeux, iel réalisa qu'iel se trouvait dans un lit, probablement à l'hôpital. L’adolescent.e prit le temps de profiter un peu du calme qui l'entourait avant de soulever les paupières. Les jumeaux étaient penchés sur ellui, de part et d'autre du lit. Tefpiro eut un sourire mauvais :

    -Je t'avais dit qu'iel était en train de se réveiller. Tu peux parler ?

    Hiloy ouvrit la bouche pour essayer et croassa :

    -Je crois.

    Son sourire s’élargit :

    -C'est suffisant. J'ai une question urgente. T'en as vraiment rien à foutre de ce que je te dis ?

    Iel répondit :

    -C'est lui qui a proposé.

    Avant que son frère ne puisse répliquer, Oru lui envoya un coup dans le bras. Il grogna avec mauvaise humeur :

    -Aïeuh, je sais.

    Il expliqua à Hiloy :

    -Onfionne est un garçon qui ne vit que pour les duels. Il aime avoir l'occasion de taper des gens. C'est un jeune homme très en colère que veux-tu. Donc, la prochaine fois qu'il te propose un duel, tu refuses.

    Oru pinça les lèvres et son frère interpréta :

    -C'est vrai que vu qu'il t'a battu, il y a peu de chance pour qu'il te le redemande.

    Hiloy articula :

    -Il n'y a pas de témoin.

    Le garçon l'observa :

    -Comment ça ?

    Iel eut un demi-sourire. Lae Cinquième ne ressentait aucune douleur, mais son corps semblait peser deux tonnes :

    -Rien ne prouve que j'ai perdu, puisqu'il n'y avait aucun témoin.

    Tefpiro se tourna vers sa sœur :

    -Iel est sérieuse là ?

    Revenant à lae Cinquième, il dit :

    -La flaque de sang dans laquelle on t'a trouvé en est la preuve.

    Une flaque, il exagère.

    -Rien ne prouve que c'est mon sang.

    Il répliqua du tac au tac :

    -Le fait qu'il soit le seul à avoir quitter les lieux sur ces deux jambes en est une.

    Hiloy secoua doucement la tête :

    -Non, je ne crois pas que l'on puisse dire que j'ai perdu avec si peu de preuve.

    Oru semblait très amusée, alors que son frère était très énervé. Il abandonna en faisant un signe de la main :

    -Laisse tomber. Tu nous cherchais ?

    Iel réfléchit quelques secondes avant que cela ne lui revienne :

    -Ah oui. Je voulais vous demander si vous saviez quelque chose concernant la seconde année qui est morte.

    Tefpiro leva les mains en s’écartant du lit :

    -Ah non, non. Là, c'est pas possible.

    Hiloy tenta de se redresser pour l'avoir de nouveau dans son champ de vision :

    -Qu'est-ce qui est pas possible ?

    L'adolescent lae pointa du doigt :

    -Toi. T'as pas suffisamment à faire qu'il faut que tu te mêles des affaires des autres.

    Lae Cinquième se défendit :

    -Je ne trouve pas normal qu'une fille meurt et que personne ne cherche à savoir pourquoi. Qui ne vous dit pas que celui qui l'a tué ne va pas en tuer un autre.

    Oru battit un rythme sur la table de chevet. Hiloy écouta avec attention bien qu'iel ne saisissait rien. Il y avait des temps courts ou longs entre chaque battements, ça, iel commençait à s'en rendre compte, mais ils ne s'associaient en rien au morse classique.. Lae Cinquième aurait aimé comprendre comment marchait ce code. Tefpiro parlait déjà :

    -Excuse-moi de te couper, Oru, mais ça ne sert à rien.

    Hiloy intervint avant qu'il ne change de sujet :

    -Qu'est-ce qu'elle a dit ?

    Tefpiro rechigna à répondre, alors sa sœur se remit à tapoter la table de manière frénétique. Il finit par céder :

    -C'est bon, c'est bon. Elle disait que la fille n'était pas dans notre classe. Chaque héritier des Cinq est dans une classe différente. Donc, si tu interroges les autres, il y a une chance pour que l'un d'eux la connaisse.

    Hiloy fut surpris.e :

    -Si c'était le cas, vous ne l'aideriez pas à chercher qui l'a tué ?

    Tefpiro eut un petit rire :

    -Ça va pas non. S'il veut chercher, il cherche tout seul.

    Oru aida Hiloy à s’asseoir :

    -Mais, on est une union. On n’est pas censé s'entre-aider ?

    L'adolescent rit de nouveau :

    -Non, on est censé se foutre la paix. Si l'un des autres a des problèmes, je peux te dire qu'il préférera se démerder que de venir nous demander quoique ce soit.

    Oru lui tapota l'épaule et se pointa du doigt. Hiloy fit signe qu'iel ne comprenait pas. Tefpiro croisa les bras :

    -Compte pas sur moi pour traduire ça.

    Sa sœur sourit en dressant le majeur dans sa direction. Il ne broncha pas. Hiloy reprit la parole :

    -Je pourrais partir quand ?

    -Demain. Ils ont activé les soins rapides pour toi. Apparemment, un héritier des Cinq à l’hôpital, ça fait mauvais genre.

    Hiloy avait en effet senti les picotements sous la peau, là où les machines injectées s'activaient à réparer. C'était une procédure coûteuse que les médecins n'utilisaient qu'en dernier recours. Ou pour quelqu'un d'important. Iel prêta attention aux picotements rêveusement.

    Falibi eut un mouvement de recul en entrant dans la chambre en apercevant les jumeaux. Mais n'étant pas du genre à se laisser prendre au dépourvu, elle retrouva vite son sourire et salua :

    -Bonjour.

    Rafirin la retint par son T-shirt pour l'empêcher d'aller plus avant. Il observait les jumeaux avec inquiétude :

    -On devrait peut-être repasser.

    Hiloy allait protester, mais Oru se leva d'un bond et fit signe à son frère de la suivre. Celui-ci se rebiffa :

    -On n'a pas fini de parler. C'est qui ceux-là ?

    Oru se mit derrière lui pour le pousser dehors, distribuant des sourires à la ronde alors que Tefpiro continuait :

    -Iel continue de faire n'importe quoi. Tu crois que ce sont des amis ? Iel écoute vraiment rien.

    Oru referma la porte derrière eux. Falibi vint s’asseoir près du lit :

    -Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Il paraît qu'un des Cinq t'a battu en duel.

    Hiloy leva le doigt :

    -Alors, non. Il n'y a pas eu de témoin, donc rien ne prouve que j'ai perdu.

    Falibi sembla réfléchir sérieusement à la tournure de la phrase avant de dire simplement :

    -D'accord.

    Rafirin fut plus inquiet :

    -Ça veux dire que tu vas réessayer ?

    Hiloy pinça les lèvres :

    -En fait, s’il me redemande, oui. Si j'arrive à le battre, mon clan ira directement deux niveaux plus haut quand même.

    Falibi ouvrit de grands yeux :

    -Eh ben, je ne pensais pas que tu voulais t'élever.

    Hiloy soupira :

    -Mon père.

    Rafirin demanda soudain :

    -C'était ton père l'héritier du Cinquième quand il était ici ?

    Falibi se tourna vers lui, choquée :

    -Rafirin.

    -Quoi ?

    Elle murmura presque :

    -Ça ne se demande pas.

    Hiloy sourit :

    -Non, c'est pas grave. Ma mère était l'héritière d'or. Mon père était l'héritier d'argent d'un autre clan. Il ne m'a jamais dit le nom.

    Falibi joignit les mains en battant des paupières :

    -Oh, ils sont tombés amoureux et il s'est élevé.

    Pas sûre pour la première partie, mais pas de doute pour la deuxième. Hiloy avait toujours considéré que son père avait épousé sa mère pour changer de rang. De la même façon qu'il lae poussait à s'occuper des autres héritiers des Cinq, s'élever était tout ce qui comptait pour lui. Iel garda bien sûr ses réflexions pour ellui et se contenta de sourire. Rafirin s'assit au pied du lit :

    -En tout cas, le bruit court que tu as perdu. Désolé.

    Hiloy se rallongea :

    -Tant pis. Le plus important, maintenant, c'est que je sais quelle activité faire.

    Falibi montra aussitôt son intérêt :

    -C'est quoi ?

    Lae Cinquième s'étira. Il n'y avait pas à dire, les machines faisaient des merveilles :

    -Je n'ai pas assez utilisé mes jambes durant le combat. Je crois avoir vu qu'il y avait une activité combat, non ?

    Falibi hocha la tête :

    -Oui, combat à main nue, je crois. Mais, je pense que tu pourras demander spécifiquement à bosser les jambes.

    Rafirin ajouta :

    -Si vous voulez faire ça, il faut qu'on le dise maintenant parce que c'est le genre de club qui est vite rempli.

    Falibi fouilla son sac :

    -Je crois que j'ai la feuille ici. Voilà.

    Elle la sortit et la montra à Hiloy :

    -Il y a autre chose que tu veux faire ? Comme ça on s'inscrit de suite.

    Hiloy fronça les sourcils :

    -Vous pouvez m'inscrire ?

    Son amie secoua la tête :

    -Non, on peut envoyer les gars qui s'en occupent prendre ta signature.

    Je me disais aussi. Iel jeta un coup d’œil à la liste. Au milieu des clubs liés aux armes et aux combats, il y en avait qui proposaient des activités plus sereines comme la cuisine, le théâtre, la musique, le dessin... l'adolescent.e se demanda si certains choisissaient ce genre de club en premier choix.

    -J'aimerais bien tenter le club de musique.

    Ah bah, voilà. Iel sourit à Falibi en se rendant compte qu'iel n'était pas vraiment étonné.e. Rafirin fit la grimace :

    -Musique ?

    Falibi s'empressa d'argumenter :

    -Oui, ça nous ferait du bien. Un truc tranquille, quoi.

    Hiloy réfléchit :

    -Ça fait beaucoup, deux clubs ? Avec les devoirs et tout ?

    Falibi secoua la tête :

    -Ça ira. On est d'accord ? Musique et combat ?

    Rafirin soupira mais acquiesça. Hiloy l'imita. Falibi se leva aussitôt :

    -Génial. On repassera te voir avec les gars du club. Viens, Rafirin.

    Le garçon la suivit en traînant les pieds :

    -Repose-toi bien, Hiloy.

    -Merci !

    Iel se blottit sous les couvertures et ferma les yeux, pour les rouvrir une heure plus tard. Hiloy resta sagement au lit, à observer sa chambre et réfléchir. Alors qu'iel commençait à s'ennuyer ferme, Falibi et Rafirin revinrent avec un quatuor comprenant deux garçons et deux filles. Son amie lui présenta :

    -C'est eux qui s'occupent des clubs.

    L'un des garçons lui demanda :

    -Tu as choisi ton club ?

    Hiloy se redressa en hochant la tête et pointant Falibi et Rafirin du doigt :

    -Les même qu'eux.

    Le garçon souleva les feuilles de son bloc-note, alors qu'une des filles faisaient de même :

    -Combat à mains nues et musique, c'est ça ?

    Nouveau hochement de tête. Le garçon trouva la feuille qu'il cherchait et lui présenta en tendant un stylo. Hiloy vit qu'elle était déjà à moitié remplie et inscrivit son nom en dernière ligne. Quand iel eut fini, la fille s'avança pour lui présenter une autre liste qui contenait quatre nom. Celle-là, c'est pour la musique, je suppose. Iel apposa sa signature et rendit le stylo au garçon. Falibi les remercia et ils quittèrent la chambre. Hiloy demanda une fois la porte refermée :

    -Ce n'est pas risqué ? Si quelqu'un vole les listes, ils sauront qui est où.

    Rafirin répondit :

    -Il n'y a qu'eux quatre qui sont en charge des listes. On sait qui ils sont. Si on leur vole ou si une information fuite, ça leur retombe dessus. Ils n'ont pas intérêt à ce que ce genre de chose arrive.

    Hiloy fronça les sourcils :

    -Je ne sais pas qui ils sont moi.

    Falibi mit les mains sur les hanches :

    -Tu n'es pas allé.e voir le panneau d'information de l'accueil. Leurs noms et leurs clans sont inscrits dessus.

    Hiloy claqua des doigts :

    -C'était donc ça.

    Une infirmière passa pour les informer que les visites étaient terminées et Hiloy dû voir partir ses amis avec regret. La prochaine fois, je demande un bouquin.

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