• XX - Citseko : Au cas où l'un d'eux ait encore faim

    Citseko leva légèrement la tête de son livre. Toi qui voulais discuter, c'est gagné. Tu ne vas plus pouvoir bosser.

    -Mon tour de quoi ?

    Matior le poussa d'un coup d'épaule :

    -Roh, suis un peu.

    Falibi passa un bras autour du cou de Citseko dans un geste protecteur :

    -Mais laisse-le donc. Il est perdu dans ses rêves.

    Theaon se pencha en avant en demandant :

    -Tu rêves de quoi ?

    Citseko se sentit soudain oppressé. Il écarta doucement Falibi avant de répondre :

    -A rien en particulier. De quoi vous parliez ?

    Matior rappela le sujet :

    -De comment on s'est retrouvé héritier d'argent... ou avec un héritier d'argent.

    Citseko les observa avec attention :

    -Et comment ça vous est arrivé ?

    Il ne tenait pas à parler s'il ne bénéficiait pas d'informations compensatoire. Chacun répéta ses raison, puis Matior revint à la charge :

    -Alors ? Comment tu t'es retrouvé avec Meb ?

    Il dit simplement :

    -Je l'ai aimé.

    Theaon eut l'air perplexe :

    -Tu ne l'aimes plus ?

    Citseko frissonna au souvenir du dernier jour d'école de l'an passé. Comme il restait silencieux, Falibi supposa :

    -Pas réciproque ?

    Le jeune homme fit mine de reprendre son travail, mais Falibi lui envoya une tape dans le dos en disant :

    -Tu devrais faire comme moi.

    Il releva la tête, alors que Matior, curieux, demandait :

    -Qu'est-ce que tu fais ?

    Elle répondit en prenant un air mystérieux :

    -Je me suis lancé dans une quête.

    Comme elle avait baissé la voix, Matior et Theaon se penchèrent en avant pour mieux entendre :

    -Quoi comme quête ?

    Falibi fit durer le suspens un petit moment, puis, sentant que l'attention de Citseko lui échappé, elle révéla :

    -Je suis à la quête de la femme de ma vie.

    Il y eut un silence. Matior était perplexe :

    -Ça existe ce genre de quête ?

    Falibi haussa les épaules :

    -J'en sais rien, moi. Je le fait, c'est tout.

    Elle sourit à Citseko en lui disant avec entrain :

    -Tu devrais faire pareil ! On peut le faire ensemble si tu veux.

    Citseko retint une grimace, alors que Theaon demandait :

    -Tu as des critères ou bien ?

    Falibi ouvrit les bras :

    -Aucun. Je tente le tout pour le tout.

    Matior eut l'air amusé :

    -Et tu crois que ça va marcher ?

    A la surprise général, Theaon leva une main timide :

    -Ben, en fait, ça m'intéresse moi.

    Falibi irradia de bonheur :

    -C'est vrai ?

    Theaon hocha la tête :

    -Si tu veux tenter le coup...

    Matior secoua la tête :

    -Ah bah d'accord. En deux mots, elle réussit à avoir une héritière d'argent et moi, en plusieurs années, vous pouvez me dire ce que j'ai eu ?

    Citseko répartit doucement :

    -On ne se connaissait pas tellement avant, donc, heu...

    Il répondit de lui-même :

    -Rien du tout. Ça ne vous choque pas ?

    Falibi répliqua :

    -Mais, est-ce que tu as fait passer une annonce ?

    Ils l'observèrent tous avec perplexité. Comprenant que la réponse était négative, elle ajouta :

    -Tu vois. On ne peut pas dire que tu mettes toutes les chances de ton côté.

    L'adolescent revint en arrière :

    -Qui irait mettre une annonce ? Tu parles d'un truc du genre : Recherche femme désespérément, c'est ça ?

    Falibi argumenta :

    -Tahiya l'a fait, elle.

    -Tahiya ? La cousine de...

    Il fit tourner son index au niveau de sa tempe ce qui lui attira le regard désapprobateur de Falibi :

    -Il n'est pas taré, juste un peu différent.

    Matior l'apaisa en disant :

    -D'accord, d'accord. Donc, elle a fait une annonce ?

    -Tout à fait. On l'a vu avec Hiloy qui filait des prospectus dans la cour. Elle cherche un mari, tu peux tenter ta chance.

    L'adolescent se rebiffa :

    -Ça va pas non ? C'est trop bizarre.

    Theaon intervint :

    -Excuse-moi, mais je peux te poser une question un peu bizarre ?

    Falibi lui offrit un sourire radieux :

    -Bien sûr, à propos de quoi ?

    Theaon était visiblement gênée d'aborder le sujet et mis un instant avant de se lancer :

    -Elle est comment, Hiloy ?

    Même Citseko tendit l'oreille pour connaître la réponse. Falibi ne cacha pas sa joie d'avoir un auditoire si intéressé et prêt à boire chacune de ses paroles. Elle retarda le moment de la révélation en demandant :

    -Vous voulez vraiment savoir ?

    Matior leva les yeux au ciel :

    -Accouche.

    Falibi ne se pressa pas, bien au contraire. Elle attendit un peu avant de demander :

    -A votre avis ?

    Matior s'impatienta :

    -C'est toi qui traîne avec, c'est à toi de nous dire.

    La jeune fille finit par répondre :

    -Elle est... normale.

    Sa réponse provoqua un nouveau moment de silence, avant que Matior ne réagisse :

    -Comment ça normale ? Tu veux dire quoi par normale ?

    Falibi haussa les épaules :

    -Juste ça. Elle n'est pas hautaine, pas méchante... enfin, pas que je sache. Après, elle fait peut-être semblant, mais je n'ai pas l'impression.

    -Ça collerait.

    Ils se tournèrent vers Citseko et c'est Theaon qui le poussa à continuer en demandant :

    -Qu'est-ce qui colle ?

    L'adolescent pointa Matior de la tête en disant :

    -Bah, avec ce qu'on a entendu dire sur ce qui est arrivé à Lyert.

    Theaon tapa dans ses mains en demandant avec avidité :

    -Oh, mais c'est vrai ! C'est vrai ce qu'on dit ? Elle aurait menacé un héritier d'or ?

    Matior se recula en levant les bras :

    -Calmons-nous. Ce n'est pas ce qu'à dit Lyert.

    Falibi ajouta :

    -Oui, et puis, il faut voir l'héritier d'or aussi.

    Theaon semblait ravie de la tournure de la discussion et pris des airs de conspiratrice pour demander :

    -C'était qui ?

    Matior soupira :

    -A ton avis ? Elférad m'a dit que son deuxième Enfermement ne l'avait pas arrangé.

    Theaon réfléchit un instant avant que son visage ne s'illumine :

    -Ce con de Xutik ?

    Matior claqua des doigts :

    -Bravo.

    L'adolescente continua :

    -Ora m'en a parlé. Il est chiant, c'est fou.

    Falibi ajouta :

    -Mais il n'y a pas que ça. Vous vous étiez rendu compte qu'il courait après Hiloy ?

    Theaon ouvrit des yeux ronds :

    -Tu plaisantes ? Il espère quoi ?

    Matior éclata de rire :

    -A ton avis ?

    Falibi rit aussi en répondant :

    -Une invitation pour le thé, c'est évident.

    La remarque augmenta l'hilarité du petit groupe sauf Citseko qui continuait d’essayer de travailler. Matior le remarqua et ne put s'empêcher de l’interpeller :

    -Citseko, comment tu le trouves toi ?

    Le garçon ne leva pas la tête pour répondre :

    -Je sais pas, je le connais pas.

    Theaon effaça son argument d'un geste de la main :

    -Avec tout ce qu'ont dit ceux qui ont fait les Enfermements avec lui, je ne pense pas que tu ais besoin de le connaître.

    Citseko posa son regard aux trois teintes sur elle :

    -Mais je n'ai pas eu sa version.

    Matior ne comprenait pas plus que les autres :

    -Quelle version ?

    -La version de Xutik. On m'a rapporté celle de Lyert, mais je n'ai pas sa version. Comment on peut juger si on n'a pas les deux côtés de l'histoire ?

    Sa réflexion provoqua un silence qui fut brisé par Theaon :

    -Je suis plutôt d'accord, mais là, Ora m'a dit des choses qui ressemblait vraiment à ce que Lyert a raconté.

    Matior la soutint :

    -Pareil pour Elférad. A partir de là, tu peux te dire qu'il y a un fond de vrai.

    Citseko admit que cela pouvait être suffisant, mais il n'aimait pas juger sans connaître. Falibi changea à nouveau de sujet :

    -Il est temps de se mettre au travail.

    Elle sortit ses affaires, bientôt imitée par Theaon et Matior, qui, au lieu de revenir à leurs places, collèrent une table à celle de Citseko et Falibi. Ils travaillèrent en silence, au grand soulagement du garçon qui fut le premier à terminer.

    Comme il commençait à avoir faim, l’héritier d’argent se dirigea vers le placard :

    -Vous voulez manger quelque chose ?

    Matior leva un bras en l'air :

    -Youhou !

    Je suppose que c'est un oui. Il prit des petites briques de boissons et un paquet de biscuit, laissant les sandwich pour plus tard. L’adolescent présenta le paquet de biscuit ouvert à chacune des personnes présente, puis planta la paille de chaque brique avant de leur tendre, comme il avait l'habitude de le faire avec Meb et ses amis. Ils le remercièrent au passage des gâteaux, mais Falibi ouvrit de grands yeux quand il lui présenta la brique toute prête. Un sourire illumina son visage, une fois la surprise passée :

    -Merci.

    Matior dit avec ironie :

    -Woah, avec la paille et tout. Quel homme.

    Theaon le remercia sans prêter attention au garçon. Citseko tendit celle de Matior :

    -Tu la veux du coup ? Ou pas ?

    L'adolescent tendit le bras :

    -S'il te plaît.

    Le comportement de Matior l'amusait. Il ne peut pas s'empêcher de tout commenter, c'est fou ça. Avec son demi-sourire, il lui donna sa boisson et retourna au placard. L'adolescent sirota sa propre brique de jus de fruit tout en faisant l'inventaire de ce qu'ils avaient. Ce n'est pas qu'il ne faisait pas confiance à Matior, mais il préférait toujours juger les choses de ses propres yeux.

    Il tomba d'accord avec ce qu'avait prévu l'adolescent. Ils seraient libérés dans la soirée du lendemain ou tôt le jour suivant. Ils n'avaient pas de quoi manger le deuxième matin. Je devrais sans doute laisser des réserves. Il décida qu'il ne mangerait que la moitié de son sandwich au cas où. Il se tourna vers les autres. Au cas où l'un d'eux ait encore faim.

    Citseko fut surpris et déçu de voir qu'ils avaient déjà fini leur boisson et passa à la table ramasser les briques vides pour les jeter. Falibi et Theaon avaient terminé leur devoirs et discutaient à voix basse en bout de table.

    -Fini !

    Matior referma livre et cahier avant de s'étirer. Theaon se mit à rire :

    -Tu ne devrais pas être si bruyant pour faire remarquer que tu es le dernier à finir.

    Matior l'ignora et lança à la ronde :

    -Qui veut jouer aux cartes ?

    Les filles refusèrent l'invitation, alors il se tourna vers Citseko :

    -Une partie ?

    L'adolescent secoua la tête :

    -Je ne sais pas jouer.

    Matior rit :

    -On n'a même pas décidé à quoi on allait jouer.

    Citseko haussa les épaules :

    -J'ai jamais joué aux cartes.

    Matior resta bouche-bée quelques secondes avant de se lever :

    -Va t’asseoir, là.

    Citseko obéit, pendant que Matior allait fouiller son sac et revenait avec un jeu de carte.

    -Alors, on va commencer basique.

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