• XVII - Xutik : Bravo, maintenant, tu trouves ça flippant

    La nuit était froide. L’héritier enfila un gros pull sur sa chemise et prit son manteau. Il dévala les marches, franchit la porte du dortoir, croisant les élèves qui se pressaient de rentrer. Le décompte avait commencé et cela lui fit bizarre de ne pas se hâter pour rejoindre sa chambre. Plus l'heure de la fermeture des portes approchaient, plus son cœur battait vite. Quand Xutik entendit les portes se verrouiller dans un parfait ensemble, il commença à se calmer. L'adolescent avait le sentiment d'avoir enfreint la loi et cela lui apporta un sentiment de joie enfantine. Il se rendit près du bâtiment du réfectoire, faisant des allés et retour pour se réchauffer. L'héritier ne s'inquiétait pas tellement de passer la nuit dehors. En fait, l'hôpital mettait des lits à disposition pour les élèves qui se seraient laissés surprendre par le décompte.

    L’adolescent regarda l'heure sur sa montre. La vache, j'en ai encore pour plus de trois heure. Il soupira en se demandant ce qu'il pourrait faire en attendant. Frigorifié, Xutik décida d'aller marcher. C'était la première fois qu'il explorait l'école de nuit et cela était assez grisant. Il n'entendait que ses pas sur le gravier, pas de cri, de rires, de bousculade ou de discussions. Rien que le vide et le silence. Bravo, maintenant, tu trouves ça flippant. Le garçon se força à faire le tour de l'école, mais quand il revint à son point de départ, il lui restait encore pas mal de temps à attendre.

    Xutik allait se décider à attendre dans l’hôpital quand un fracas soudain lui fit lever la tête. Il eut à peine le temps de voir l'origine du bruit qu'une fille s'écrasait à quelques mètres de lui. L’adolescent resta interdit à fixer le corps, incapable de réfléchir. Elle bouge pas, elle bouge pas. Il devait faire quelque chose, mais son corps semblait avoir cessé de fonctionner. Au bout d'un temps qui lui parut interminable, il réussit à approcher. Au fond, l’héritier d’or espérait encore la voir se relever, même si une voix au fond de lui ne cesser de lui répéter qu'elle était morte.

    Un pas après l'autre, il nota différents détails. La ligne jaune des secondes années, les boucles grises qui lui tombaient sur le visage, la jambe tordu, le sang sous son crâne, les morceaux de verres autour. Le naturel reprenant le dessus, il chercha à apercevoir son blason. Un trident. Connais pas. Je ne la connais pas. Une vague de soulagement l'envahit, presque aussitôt remplacé par le remord.

    L’héritier d’or sentit avant même de la voir, la présence derrière lui. Pas bon, ça. Il s'écarta brusquement pour éviter un coup éventuel et bien lui en prit. Son adversaire, emporté par l'élan, n'eut pas le temps de se retourner. Xutik lui agrippa le bras, non sans noter la présence d'un poignard dans sa main. Aussitôt, l'adversaire changea l'arme de main et chercha à planter l'adolescent qui dut lâcher prise pour s'écarter à nouveau. La lutte dura encore quelques secondes avant que Xutik ne réussisse à lui faucher les jambes et à le mettre au sol. Il allait se jeter sur lui pour l'immobiliser, mais un nouveau coup de couteau l'empêcha d'avancer. Son adversaire en profita pour lui saisir la jambe, lui faisant perdre l'équilibre. Une fois tous les deux au sol, Xutik tenta de se dégager de l'emprise de l'inconnu qui grimpait sur lui. Celui-ci leva son arme qui traversa le bras que Xutik avait levé pour se protéger. Il hurla, dégageant son bras d'un coup violent. Il saisit son adversaire au col pour le maintenir alors qu'il lui envoyait son front dans le nez. Il entendit l'os craquer et l'inconnu s'écarta, la main sur le visage. Xutik ne perdit pas de temps. Il retira vivement le couteau resté dans son bras pour faire face à son opposant. Seulement, celui-ci s’élançait déjà, un nouveau couteau en main. Merde, il les trouve où ? Il bloqua son attaque en le repoussant avec sa jambe. Plutôt que de se reculer, l'inconnu tenta de forcer, ignorant le pied qui appuyait sur son épaule. Xutik essaya de saisir le bras armé pour l'immobiliser, mais l'autre fut plus rapide et lui planta sa lame dans la cuisse. Criant à nouveau, l'adolescent attrapa le poignet de son opposant, l'empêchant de retirer son arme et tenta de lui portait un coup avec le couteau qu'il avait récupéré.

    Il n'eut pas à tenter quoique ce soit d'autre car son adversaire s'effondra soudain. Xutik entendait respirer fort et mit quelques temps avant de réaliser que c'était lui. Hiloy s'accroupit près de lui :

    -Ça va ?

    Il pouvait entendre la panique percer dans sa voix alors qu'elle se tournait vers le corps défenestré :

    -Est-ce qu'elle est morte ?

    Xutik ne put que hocher la tête sans réussir à décrocher son regard de son agresseur. Il finit par se ressaisir suffisamment pour retirer le couteau dans sa jambe et se relever. Hiloy s'empressa de le soutenir alors qu'il tanguait sur place prit de vertige.

    -Je t'emmène à l’hôpital. Je leur dirai pour la fille.

    Xutik l'arrêta :

    -Attends, je dois voir qui c'est.

    Il retourna le corps du garçon pour apercevoir son visage. Hiloy s'enquit :

    -Tu le connais ?

    Xutik l'observa avec attention :

    -Non et il ne porte pas son blason.

    Il n'y avait pas que cela. Il portait son uniforme et pourtant, nulle trace de broderie sur ses épaules. La Cinquième supposa :

    -Ce doit être un premier année, il n'a pas de brassard.

    Le jeune homme réfuta en disant :

    -Non, il ne voulait pas que l'on sache qui il est. Il ne porte aucune marque qui pourrait permettre de l'identifier. C'est un espion.

    Surprise, Hiloy demanda :

    -Pourquoi un espion voudrait te tuer ?

    Ignorant la question, Xutik se tourna vers la fille et se pencha pour prendre son blason.

    -Qu'est-ce que tu fais ?

    L'ignorant toujours, il commença à se diriger vers l'hôpital avant de s'arrêter. Il réfléchit quelques instants, puis revint en arrière. Il s'empara d'un des couteaux et s'approcha de l'espion. Lae Cinquième l'arrêta :

    -Tu fais quoi ?

    Sans lever les yeux sur elle, il répondit d'une voix où ne transperçait aucun sentiment :

    -Je le tue.

    Hiloy lui fit barrage :

    -Tu ne peux pas l'achever alors qu'il est inconscient.

    Xutik daigna la regarder pour répliquer :

    -Justement, si.

    Elle se montra intraitable :

    -Tu vas à l’hôpital, je préviens les gens et on va l'arrêter. D'accord ?

    Maintenant que les choses c'étaient calmées, Xutik commençait à avoir mal. Sa jambe et son bras le lançaient. Il avait du mal à tenir debout. Pourtant, il n'était pas encore tout à fait convaincu. Hiloy ajouta :

    -En plus, maintenant que tu connais son visage, il ne pourra pas t’échapper. Tu pourras lui lancer un duel.

    Xutik acquiesça. Elle n'avait pas tort. Un espion démasqué ne pourrait pas survivre longtemps. Je n'aurais qu'à dire à tout le monde à quoi il ressemble et il est foutu. Il repartit vers l’hôpital, suivi de la Cinquième prête à le soutenir en cas de problème.

    Les infirmiers s'occupèrent de lui, sitôt qu'il mit un pied dans le hall. De toute évidence, à cette période de l'année, ils n'avaient pas encore grand chose à faire. Quand les soins furent donnés et que Hiloy revint après avoir mené un petit groupe d'infirmiers vers les lieux de l'attaque, il resta assis sur le lit qu'on lui avait assigné, le regard dans le vide. L’adolescente vint s’asseoir à côté de lui.

    Ils restèrent tous les deux silencieux un moment. Xutik fit tourner le blason de la fille entre ses doigts, puis leva les yeux sur Hiloy.

    -Pourquoi tu lui as pris ?

    Sa voix était normale, pourtant , des larmes coulaient sur ses joues. Plutôt que de lui répondre, Xutik demanda :

    -Pourquoi tu pleures ?

    -Quoi ?

    Xutik pointa ses joues du doigt et Hiloy ne réalisa qu'elle pleurait qu'une fois qu'elle vit l'eau sur ses mains :

    -Ah, merde.

    La Cinquième renifla en s'essuyant les joues. Xutik la regarda faire en demandant :

    -C'est à cause de la fille ? T'avais jamais vu de mort avant ?

    Hiloy hocha la tête avant de demander :

    -Toi si ?

    Il confirma :

    -Deux, trois fois.

    Elle ouvrit des yeux exorbités :

    -Autant ?

    Xutik fixa le mur :

    -Oui, ma mère, un garçon de mon école qui s'est fait empoisonné à la cantine et une fille lors d'un duel.

    Hiloy ne trouva rien à dire et préféra demander à nouveau :

    -Pourquoi tu l'as pris ?

    Xutik baissa les yeux sur le blason :

    -Pour le rendre à quelqu'un d'important pour elle.

    Il croisa son regard :

    -Tu débarques vraiment, hein ?

    Elle admit que oui et il continua :

    -Les blasons, ça peu paraître banal pour certains d'entre nous, mais ça reste de l'or et de l'argent pur. Certains héritiers en manque d'argent n'hésiteront pas à s'emparer des blasons des morts pour les revendre. Alors, dès que tu trouves un corps, premier réflexe, tu prends le blason. Tu pourras le rendre à la famille ou si elle a un copain, une copine, un ami en particulier. Quelqu'un d'important quoi.

    Hiloy enregistra l'information après l'avoir écouté avec intérêt. Elle essuya de nouveau les larmes qui recommençaient à couler sans qu'elle ne puisse les contrôler et demanda :

    -Tu sais à qui le rendre celui-là ? Tu la connaissais ?

    Il secoua la tête :

    -Non, je vais le donner au directeur.

    Il se rappela soudain :

    -L'espion, vous l’avez eu ?

    Hiloy acquiesça :

    -Il était encore inconscient. Ils l'ont emmené pour l'enfermer je ne sais où. Tu sais ce qui va lui arriver maintenant ?

    Xutik laissa échapper un rire mauvais :

    -S'ils l'ont eu, alors il va être expulsé. Sa famille va être envoyé en zone de départ.

    -Et son clan ?

    Le jeune homme continua de faire tourner le blason entre ses doigts :

    -Il est rarement tenu responsable des actes d'un espion. Souvent, il ignore même son existence.

    Hiloy demanda encore :

    -Mais s'il t'a attaqué, c'est que quelqu'un l'a envoyé, n'est-ce pas ? Les espions n'agissent pas sans mission... Ça au moins, je le sais.

    Xutik se figea une seconde et lui fit soudain face :

    -Pourquoi tu m'as donné rendez-vous, là, si tard ?

    La Cinquième parut sincèrement surprise lorsqu'elle dit :

    -Pardon ?

    Il sortit la note qu'il avait gardé dans sa poche. Hiloy la lut, de plus en plus perplexe :

    -Je n'ai pas écrit ça.

    Elle lui rendit la note qu'il reprit sans la quitter des yeux :

    -Alors, comment ça se fait que tu sois venue ?

    Hiloy répliqua calmement au ton de plus en plus agressif de Xutik :

    -Je peux voir le réfectoire de ma fenêtre. J'ai vu que tu te faisais attaquer et je suis venue.

    L'adolescent chercha une faille, mais il ne vit rien chez elle qui pourrait laisser penser qu'elle puisse mentir. La fatigue l'accabla d'un coup.

    -Je crois que je vais dormir.

    Hiloy se leva :

    -D'accord, tu veux que je prévienne Gec... Gec-nij ?

    Elle le regarda de côté comme si cela pouvait l'encourager à la corriger et Xutik trouva la force de sourire en disant :

    -Gec-Nüj. Si tu veux bien.

    Il se coucha, trop fatigué pour réfléchir à quoi que ce soit d'autre. Hiloy s'éclipsa discrètement.

     

    Dans les jours qui suivirent, Xutik fut convoqué devant le directeur pour qu'il puisse raconter ce qui lui était arrivé. Quand ce fut son tour de poser des questions, il reçut les réponses auxquelles il s'attendait. Non, la fille n'était pas liée à son clan de quelque manière que ce soit. Non, on n'avait pas fait parler l'espion car cela risquait de provoquer sa mort. Ce que l'on savait des espions tenaient beaucoup des « on dit ». Hors, on disait que les seuls à connaître l'identité des espions étaient les autres espions. Donc, si l'un était poussé à parler, les autres le sauraient et pour se protéger, ils n'hésiteraient pas à se débarrasser du mouchard. La plupart du temps, si le directeur avait son mot à dire, il renvoyé l'espion sans interrogatoire, cela lui évitait de gérer un nouveau cadavre.

    En d'autres mots, Xutik était reparti sans rien avoir appris de plus. La nouvelle du premier mort avait vite fait le tour de l'école. Gec-Nüj était venu le voir dès le lendemain, sitôt que Hiloy l'avait informé et c'était mis à enquêter. Cependant, cela faisait près d'une semaine maintenant et il n'avait rien trouvé. Xutik avait pris le temps de réfléchir à qui pourrait lui en vouloir.

    Il avait pensé à Elférad, mais celui-ci ne se serait certainement pas encombré d'un espion. S'il avait voulu le tuer, il serait venu le trouver directement. Lyert n'aurait sûrement pas agit sans le consentement de son héritier d'or. Ora ? Il écarta l'idée. Son comportement envers lui lors de l'Enfermement lui faisait dire que comme Elférad, en cas de problème, elle les réglerait elle-même. Bélera, par contre, aurait pu le faire. Cela veux dire que son héritière d'or veut ma mort ? Il revit Laxo telle qu'il la connaissait à l'école. Ils ne s'étaient jamais parlés, sauf par nécessité et il n'imaginait pas que les petites discussions de l'Enfermement puissent suffire à mettre le feu au poudre.

    -Xutik ?

    L’adolescent quitta son livre des yeux en se rendant compte qu'il n'avait rien enregistré de ce qu'il venait de lire et attendit que Gec-Nüj continue de parler :

    -Tu as parlé à tes parents ?

    Xutik hocha la tête :

    -Évidemment, je leur ai écrit. Je n'ai pas de réponse pour l'instant. Par contre....

    Il sortit une rose de son sac que Gec-Nüj considéra sans comprendre :

    -C'est quoi ?

    Son ami ricana :

    -Une rose. Ça me paraît évident.

    L'héritier d’argent se moqua à son tour :

    -Ah bon ? Mais pour quoi faire ?

    Xutik sourit d'un oreille à l'autre :

    -Je vais l'offrir à Hiloy. Je ne sais pas encore quand, mais j'y réfléchis.

    Gec-Nüj tomba des nues :

    -T'es sérieux ? Tu ne crois pas qu'on a autre chose à penser, là ?

    Le jeune homme se pencha en avant pour dire sur le ton de la confidence :

    -C'est le moment ou jamais au contraire. Maintenant qu'elle est amoureuse, je vais pas lui briser le cœur en l'ignorant.

    Son ami jeta un regard dans la cafétéria. Peu d'élèves étaient présents et il ne voyait pas la nécessité de parler si bas, mais les événements récents avaient certainement attiré l'attention sur eux. Aussi, il répondit sur le même ton :

    -D'où tu tires cette idée encore ?

    Xutik retrouvait sa bonne humeur :

    -Qu'elle m'aime ? Ça me paraît évident. Elle est venue me sauver. Si elle ne m'aimait pas, elle n'aurait pas bougé.

    Son interlocuteur resta bouche-bée :

    -Je ne crois pas que ce soit vraiment une preuve.

    Xutik effaça l'objection d'un geste de la main :

    -T'y connais rien.

    Il réfléchit quelques secondes avant de frapper dans ses mains :

    -C'est ça !

    Gec-Nüj se retint de faire remarquer qu'à crier comme ça, il allait attirer l'attention et se contenta d'attendre qu'il continue.

    -Je sais qui a voulu me tuer.

    Parlant bas de nouveau, Xutik dit à un Gec-Nüj à l’intérêt ravivé :

    -Un rival.

    Son ami ne relia pas de suite les deux idées et demanda :

    -Un rival de quoi ?

    Xutik leva les yeux au ciel en se demandant comment il pouvait être aussi lent :

    -Réfléchis. Quelqu'un a des vues sur Hiloy et a vu qu'elle me donnait la préférence, du coup, il a voulu m'éliminer.

    A nouveau, Gec-Nüj se trouva sans voix. Il réfléchit quelque secondes avant de demander :

    -Mais la fille ? Pourquoi avoir tué la fille ?

    Xutik prit à son tour, le temps de la réflexion et finit par répondre :

    -Dommage collatéral ? Peut-être qu'il ou elle est taré.

    Son ami secoua la tête :

    -Je ne pense pas.

    Xutik s'impatienta :

    -Quoi alors ?

    -J'en sais rien, mais on devrait peut-être prendre le temps de réfléchir calmement au lieu de partir dans des suppositions abracadabrantes. N'oublie pas qu'il n'avait pas de masque. Un espion qui part en mission sans masque, c'est n'importe quoi.

    C'était un point qui avait fini par ressortir lorsque Xutik avait raconté les événements à Gec-Nüj. Et même si cela ne l'avait pas marqué au début, l'hériter d'or avait réalisé que c'était hautement anormal. Cependant, si son ami semblait continuer à cojiter sur cette information, Xutik était prêt à se concentrer sur une nouvelle version. Il se vexa :

    -Moi ? Je pars dans des suppositions abracadabrantes ?

    Gec-Nüj tenta de le calmer :

    -Je dis simplement qu'on devrait continuer à y réfléchir avant d'agir n'importe comment.

    -Moi ? J'agis n'importe comment ?

    Son ami prit le temps de respirer pour garder son calme. S'ils commençaient à s'énerver tous les deux, cela ne résoudrait rien. Les humeurs de Xutik étaient plus instables ces derniers temps et pour cause. Aussi, il garda le silence, laissant Xutik ruminer dans son coin jusqu'à ce qu'il se calme.

    C'est à cet instant, qu'un garçon s'approcha de leur table. Ses yeux avaient les teintes verte, violette et bleue d'une aurore boréale. D'un air blasé, il demanda à Xutik :

    -T'es canon, tu veux m'épouser ?

    Il y eu un blanc. Xutik et Gec-Nüj échangèrent un regard avant d'éclater de rire. Le second se reprit suffisamment pour demander :

    -Merde, Citseko, qu'est-ce que tu fous ?

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