• Titian courut jusqu'au lac. Son idée était simple, utiliser la porte de la créature pour sortir. Il fixa les eaux essayant de deviner la présence du monstre et se demandant si quelqu'un l'avait déjà vu. A moins que son père ne l'ait finalement pêché, ce dont il doutait sincèrement. La créature était toujours là, sauf si elle n'existait pas. Le pirate se secoua. Il devait trouver comment ouvrir les portes avant l'arrivée des pirates. Il avait déjà une petite idée d'où pouvait se trouver le mécanisme, vu les heures qu'il avait passé à y réfléchir étant petit. Aucunes tours n'étaient assez près pour qu'on y ait installé le mécanisme d'ouverture, à moins qu'ils ne l'aient fait passer sous terre, ce qui aurait été saugrenue. Titian était intimement persuadé que le mécanisme devait se trouver près de la muraille. Il entra dans le petit bois qui longeait les murs et chercha un indice. Grâce à la pleine lune qui commençait à briller, il s'aperçut presque immédiatement, qu'une petite alcôve avait été creusé dans la pierre. Elle était difficile à apercevoir si on ne la cherchait pas. Il s'en approcha et fut au comble du bonheur en voyant ce qui s'y trouver :

    -Un levier, voilà, c'est quand même pas compliqué.

    Le pirate tenta de le baisser, mais le fer rouillé lui résista. Il le saisit à deux mains et tira de toutes ses forces. Le levier bougea d'abord doucement, puis tomba d'un coup et le garçon manqua de perdre l'équilibre. Un bruit sourd se fit entendre, suivit d'un horrible grincement. Titian courut jusqu'au lac pour voir les portes gigantesques pivoter dans une lenteur effroyable. Il jeta un regard impatient vers la tour et vit les pirates qui commençaient à entrer dans l'enceinte. Alors, le jeune homme se mit à l'eau, repoussant la peur qui le tenaillait à l'idée de nager près du monstre. Il ne pouvait se cacher que cette peur était née depuis son aventure au cœur de la fumée bleue. Il avança vers les portes et réussit à glisser un bras à l'extérieur. Il dut forcer pour passer la tête, puis le corps et enfin, ses jambes passèrent sans problème. Il nagea quelques mètres avant de se demander s'il serait capable d'atteindre le navire à la nage. Puis, se dit que même s'il y arrivait, il serait trop fatigué pour grimper et pour ce qui était de se battre n'en parlons pas. Le pirate longea la muraille, retrouvant pied dès qu'il quitta le ravin creusé devant les portes. Il courut, ralentissant en arrivant au coin, là où les pirates avaient abandonné les barques. Titian vérifia qu'il n'y avait pas de garde, en mit une à l'eau, monta et se mit à ramer vers le navire.

    Le jeune homme rama aussi vite qu'il put, tout en se répétant que ce serait vraiment aimable au capitaine de ne pas lui tirer dessus. Cette fois, la clarté déversée par la lune le désavantageait. A sa grande surprise, il atteignit le navire sans encombre et trouva même une échelle de corde à portée de main. Sans doute que les pirates n'avaient pas prit le temps de la remonter, mais Titian ne pouvait s'empêcher de penser que c'était trop beau pour être vrai. Il se gratta la tête, haussa les épaules et commença à grimper. Une fois, sur le pont le pirate se trouva face au capitaine qui souriait de toutes ses dents :

    -Enfin, l'inévitable affrontement.

     

    Noré chercha quoi dire. Elle savait qu'elle devait faire en sorte de détourner l'attention de l'empereur, pendant que Lyan tentait d'atteindre le pupitre. Elle montra les carrés qui volaient toujours dans l'air, montrant les personnes qu'elle avait rencontré :

    -Je croyais que vous vouliez tout le monde.

    -Les choses ont changées, vois-tu, quelqu'un a troublé mes plans. J'ai décidé que l'ancienne tradition n'était pas si importante, après tout, tout se déroulait très bien lorsque le lien mourrait seule.

    Il se tourna vers l'estrade et Lyan stoppa net sa lente progression. Daron ne sembla pas s'en être rendu compte et Noré dut se retenir de se retourner pour voir si les gardes, eux, avaient noté quelque chose. Comme ils ne semblaient pas réagir, elle supposa qu'il n'en était rien, mais l'adolescente posa sur Lyan un regard lourd d'angoisse. Il la rassura d'un léger geste de la tête. L'empereur avait atteint le pupitre et montra un objet posait devant.

    -Voici l'épée, si tu veux bien te donner la peine.

    Il était trop proche de l'estrade pour que Lyan put reprendre sa progression, alors Noré s'avança des immenses fenêtres du mur opposé.

    -Je sais de source sûr que je n'arriverais pas à soulever cette épée.

    Comme elle l'avait espéré, Daron la suivit :

    -Vraiment ?

    -Oui, il faut sélectionner un visage et le donner à l'épée, sinon, elle ne bougera pas.

    Il ricana :

    -C'est vrai. Mais, les choses étant bien faites, si tu souhaites mourir, alors l'arme t'obéira. 

    -Et comment comptez-vous faire cela ?

    -J'ai de bonnes raisons de croire que nombre de ceux qui sont dans ces carrés se trouvent dans ce bâtiment. Il se pourrait que je dise à mes hommes de cesser les combats, alors vous auriez beaucoup plus de chance de les retrouver vivants.

    Lyan montait sur l'estrade, l'air de rien. Il fit même un petit salut aux gardes. Les deux hommes devaient se dire qu'il ne constituait aucun danger, après tout, seul l'empereur connaissait le fonctionnement du pupitre. Noré chercha encore à gagner du temps et dévia du sujet :

    -Vous savez, je crois que l'ancienne tradition vous tiens toujours à cœur, sinon, pourquoi envoyer le roi Vemepyre dans les marais.

    -Ah oui, ça. La colère est mauvaise conseillère, tu sais. J'étais particulièrement furieux que mes chevaliers soient sans cesse devancés dans la recherche de tes amis. Alors quand j'ai su que le Vemepyre n'avait pas encore été trouvé, j'ai saisi ma chance. J'ai ordonné à une de mes garnisons postée en Terres Sanglantes d'entrer en contact avec lui et de le faire disparaître de manière discrète. 

    -Pourquoi ne pas l'avoir ramené ici ?

    -Le roi Vemepyre invitait au siège ? Il n'y aurait pas cru. Le faire prisonnier, non, cela m'aurait été peu utile.

    Lyan était devant le pupitre à présent et commença la manipulation. Les carrés se déplacèrent, attirant l'attention de Daron qui se retourna :

    -Qu'est-ce-que...

    En découvrant ce que faisait Lyan, il fulmina de rage et se jeta sur l'estrade. Les gardes, d'abord stupéfait par ce changement de situation, n'avaient pas bougé, maintenant ils accouraient pour prêter main forte à leur empereur. Trop tard cependant, à peine l'empereur avait-il tourné le dos, Noré se précipitait sur l'épée. Elle referma la main sur la garde, alors que Lyan repoussait Daron d'un coup de coude dans le nez, puis il hurla aux gardes :

    -N'approchez pas ! Ou c'est vos têtes que l'épée retiendra !

    Pour appuyer sa menace, il mit en évidence deux petits carrés aux bords rouges, apparus dès que Noré avait posé les yeux sur eux. Ils s'arrêtèrent aussitôt, inquiets et hésitants. L'empereur se relevait et leur ordonna :

    -Ne l'écoutez pas, allez !

    L'un des chevaliers s'avança et en quelques gestes, Lyan fit disparaître l'image. Noré vit l'épée briller dans sa main et le visage du chevalier passait sur la lame. Aussitôt, son bras se leva et dans un élan lui fit faire face à l'homme qui reculait déjà. Lyan leur dit :

    -Sortez, si vous voulez vivre.

    Ils tournèrent les talons aussitôt et se jetèrent dehors. A peine avaient-ils franchis la porte, que Noré sentit l'épée s'alourdir et finalement, elle dut la remettre au sol. Fixant les portes fermées, la jeune fille se dit que si tous les chevaliers de l'empereur étaient aussi braves, ils avaient de forte chance de rentrer victorieux. Mais que se passerait-il si l'empereur sortait aussi ? Elle observa Daron qui se tenait toujours à côté de son père. Il n'avait pas l'air de penser à fuir, en fait, il ne fit même pas semblant de vouloir reprendre le contrôle du pupitre. Au lieu de cela, il sortit un mouchoir de sa poche pour essuyer son nez qui saignait en disant :

    -La colère, tu as vu ? Ce qu'un soupçon de colère peut apporter comme comportement stupide ?

    Il revint au centre de la pièce et fit face à la jeune fille que l'épée dont elle ne pouvait se défaire, maintenait accroupi.

    -Et à présent, je suppose que c'est mon tour.

    Noré jeta un regard suspect vers son père et Lyan, lui-même, semblait perplexe quand au comportement de l'empereur. Daron ouvrit alors le long manteau qu'il portait et souleva sa chemise pour découvrir sa poitrine. Une petite boîte y était accrochée, comme fondu dans la chair. Il expliqua avec un grand calme et une grande joie :

    -Ceci, mes amis, est ce qui me gardera en vie. La raison pour laquelle vous ne pourrez me tuer.

    Lyan prit la parole :

    -Que voulez-vous dire ?

    -Je veux dire que si mon cœur s'arrête de battre, la machine le saura et alors, toute la tour explosera.

    Ils le fixèrent, n'osant pas comprendre ce qu'il suggérait.

    -Vous saisissez ? Si je meurs, tous ceux qui sont dans cette tour, vos alliés et amis, mourront. Sans compter que vous aussi, vous avez peu de chance d'en réchapper.

    Il riait aux éclats quand Noré sentit l'épée se soulever soudain. Elle fixa l'arme qui se dirigeait seule et chercha à comprendre ce qu'il pouvait bien se passer, lorsqu'elle vit que le visage de l'empereur passait dans la lame. Celui-ci la vit avancer vers lui et eut un mouvement de recul :

    -Qu'est-ce que vous faites ? Vous n'avez pas entendu ? Lyan, qu'avez-vous fais ?

    Noré jeta un regard à son père dont le visage marquait la détermination. L'empereur devait mourir, peu importe que cela coûte la vie à leurs alliés. Cependant, l'adolescente ne partageait pas cet avis. La mort de l'empereur n'était pas censé entraîner la mort presque certaine de tout le monde. Surtout que c'était elle qui la provoquerait. La jeune fille s'y refusa et pesa de tout son poids en arrière, tentant de retenir l'épée qui avançait droit sur la poitrine de Daron. Trop forte pour elle, Noré se retrouva déséquilibrée, tentant de tenir sur un pied.

    -Lyan ! Arrête-ça !

    Mais soudain, l'épée s'élança, traversant l'empereur. Noré ne le vit pas mourir car Lyan surgit devant elle pour la prendre dans ses bras. Néanmoins, elle crut entendre un déclic et une seconde avant l'explosion, elle pensa qu'elle venait de découvrir le secret de Vino.

     

    Titian se réfugia à l'arrière du pont, la lutte commençait à durer et ses épaules déjà douloureuses après avoir ramé lui rendait la bataille difficile. Il se retourna, para un coup donnait en traître par le capitaine qui se précipitait pour le frapper dans le dos. Il para à nouveau et tenta une attaque, que l'ennemi esquiva. Le pirate aux cheveux océans en profita pour le narguer :

    -Tu fatigues, on dirait.

    Titian resserra son emprise sur l'épée et se remit en garde. Il avait chaud, était en sueur et respirait trop fort. Le jeune homme devait réfléchir et assez vite, déjà le capitaine attaquait de nouveau. Il esquiva, para et s'échappa encore. Le capitaine lui bondit littéralement dessus et le fit tomber. Il leva son arme, mais le garçon roula et évita le coup. Un coup de botte en plein visage l'empêcha de se relever, sonné, il entendit un hurlement et eu du mal à croire qu'il venait de lui. Titian avait mal, mais ne chercha pas à savoir où, il fallait qu'il se relève, qu'il s'éloigne. Il recula jusqu'à sentir le bastingage dans son dos et là, se rendit compte qu'il n'avait plus son épée. Il s'aperçut alors que sa main était en sang.

    -Le grand final.

    Le pirate se concentra sur le capitaine et lorsqu'il attaqua de nouveau, il s'écarta au dernier moment. L'épée se ficha dans le bois et Titian ne perdit pas une seconde, il lui envoya un coup de genoux dans le ventre, un coup de poing au visage. Le capitaine parut surpris et recula sans pour autant perdre l'équilibre. Il frotta l'endroit où il avait été touché au visage et posa sur le jeune hommes, des yeux exorbités de fureur. Dans un hurlement de rage, il se jeta sur lui, mais Titian réussit à lui attraper les poignets, évitant une rafale de coup de poing. Cependant, le capitaine lui envoya un coup de pied dans le genoux, le faisant tomber et lui en lança un autre dans le torse. Plié en deux, sans souffle, Titian chercha une échappatoire, mais le pirate le saisit aux épaules, le plaqua au sol et serra ses mains autour de son cou. Titian, déjà à cours de souffle, suffoqua rapidement, se débattant avec des gestes désordonnés. Le capitaine se mit à rire en le voyant s'affaiblir et lorsque la lune et les étoiles disparurent, Titian crut bien qu'il était fini.

    Le pirate aux cheveux océans cessa de rire et relâcha sa prise. Titian s'empressa de se dégager et s'éloigna, cherchant avidement de l'air. Il ressassa sans cesse qu'il devait se lever et reprendre son épée au plus vite. Le jeune homme se releva, en effet, mais ne bougea pas, subjugué par le spectacle qui se déroulait sous ses yeux. Une mâchoire gigantesque s'élevait dans le ciel, cachant la lune. Des dents blanches, pointus énormes la bordait et le navire pirate se trouvait au beau milieu. Le bateau tourna soudain, emportait dans un gigantesque tourbillon.

    Titian et le capitaine se retrouvèrent projetés. Le jeune homme s'agrippa au bastingage tandis que le navire s'enfonçait dans les profondeurs, tournant sans cesse. Il sentit son corps se soulever, bien qu'il fut toujours accroché. La proue fusait droit devant, le capitaine s'y agrippait, riant comme un dément. Titian lâcha doucement une main et manqua s'envoler. Il s'accrocha un peu plus haut sur le bastingage et commença à remonter. L'énorme monstre continuait de s'élever dans le ciel, avalant toute l'eau qui était dans sa gueule et Titian savait qu'il devait remonter avant que les mâchoires ne se referment. Sa main le faisait souffrir, mais il avait presque atteint la barre quand les eaux se refermèrent soudain.

    Il fut projeté, se fracassant contre la coque. Ballottait en tous sens, le jeune homme s'efforça de rester calme. Il devait se dégager du courant provoqué par le navire qui sombrait, atteindre la surface. Il allait se noyer quand un son sourd et puissant provint des entrailles du monstre, en même temps qu'un brusque courant le propulsait vers le haut.

    L'eau autour de lui se teint de rouge. Des bouts de chair et d'écaille se mirent à tourbillonner alentour. Ecoeuré, Titian nagea de toute ses forces pour parcourir les derniers mètres qui le séparaient de la surface. Ses poumons et son crâne était au bord de l'explosion quand il retrouva enfin l'air. Son corps était douloureux, mais le pirate ne s'attarda pas car les mâchoires commençaient à se refermer. Il nagea de toutes ses forces vers les horribles dents et laissa échapper un juron quand il arriva trop tard. L'animal replongeait et, progressivement, refermait la mâchoire.

    Cependant, Titian ne se découragea pas. Il se hissa utilisant les anfractuosité du palais et des dents. Il glissa, manqua retomber à l'eau, mais repartit de plus belle. Il n'avait plus mal, il n'avait plus peur, tout ce concentrait sur l'idée de réussir à se glisser à l'extérieur. Il monta plus vite, essoufflé et parvint à atteindre un écart, au moment même où les dents se refermaient. Il se faufila dedans et voulut se laisser tomber, mais sa cheville resta coincée dans l'interstice devenu trop petit. Une seconde il paniqua à l'idée de perdre son pied. Le jeune homme se redressa, s'agrippa comme il put, fit glisser son pied, l'entendit craquer sous le poids de la dent, hurla quand sa cheville se brisa et, dans un dernier mouvement de désespoir, réussi à se dégager.

    Titian vit le ciel s'éloigner de lui alors qu'il chutait et pendant un court instant, il se sentit soulagé, libéré. Lorsqu'il retomba à l'eau, il lui fallut reprendre ses esprits pour ne pas être entraîné par l'animal qui replongeait. Le pirate tenta de s'éloigner, mais déjà, il était entraîné sous l'eau. A nouveau, il se retrouva à nager dans le sang et les bouts de viscère. Le jeune homme ne prit pas le temps de se demander comment le monstre avait pu se blesser de la sorte. Ses yeux étaient douloureux à force d'être ouvert, alors qu'il s'efforçait de ne pas perdre la surface du regard. Le corps massif de la créature à quelques centimètres de lui l'attirait inexorablement dans les profondeurs et il aurait voulu hurler de rage.

    Soudain, Titian reçut un choc puissant dans l'estomac qui lui arracha un cri et se sentit entraîné à une vitesse prodigieuse loin de la créature, loin du sang. Une fois dans l'eau clair, le jeuen homme fut relâché et sortit la tête de l'eau pour respirer à grandes goulées, crachant l'eau avalée. Au loin, la mare de sang s'étendait et le monstre disparaissait sous les flots. Titian retourna sous l'eau et s'obligea à ouvrir les yeux pour savoir ce qui était en train de se passer. Les rayons de lune traversaient l'océan pour éclairer la masse sombre du gigantesque poisson qui transparaissait à travers un nuage rouge de sang. Il sembla à Titian qu'il apercevait d'autres choses autour. Il remonta et replongea, se concentrant sur les formes qui s'agglutinaient sur l'animal. Il en vit d'autres arrivés à grande vitesse et c'est ce qui lui permit de reconnaître les sirènes. Le pirate devina alors facilement ce qu'il se passait. Elles dévoraient le monstre vivant pour atteindre le capitaine aux cheveux océans enfermé dans son ventre. Le jeune homme revint à la surface et remercia mentalement la sirène qui l'avait emporté jusqu'ici.

    Le pirate était en droit de supposer qu'il avait rempli sa part et choisit de s'éloigner. Il nagea avec lenteur, toutes les douleurs de son corps se réveillant d'un coup et fut soulagé de voir que la sirène l'avait bien rapproché de la muraille. Titian choisit de passer par la porte qui avait libéré le monstre. Quant il eut pied, il tenta de se relever, mais la douleur de sa cheville lui paralysa la jambe et il choisit de continuer à nager. Le jeune homme reperdit pied en tombant dans le ravin, passa les portes et aperçut la tour avec un mélange de soulagement et d'angoisse. Il se demanda ce qu'il devait faire car il doutait d'avoir encore de la force pour repartir à l'attaque. Pourtant, l'idée de rester sagement assis lui été bien plus insupportable. Cependant, Titian ne pouvait entrer car, même si les voleurs le laissaient passer, les Tiark lui fonceraient dessus. Il se maudit de ne pas avoir pensé à prendre la flûte de Noré, puis il chercha à se rappeler si l'adolescente l'avait sur elle. Les souvenirs semblaient vouloir le fuir tandis qu'il se hissait péniblement sur le sol. Il n'avait pas encore sortit ses jambes lorsqu'il fut rejeté par un souffle effroyable.

    Sans comprendre, Titian se retrouva de nouveau à l'eau et s'enfonça. Il observa la surface en se demandant comment il s'était retrouvé là et brusquement, des gravas de pierre et de bois se mirent à pleuvoir près de lui. Le pirate s'éloigna de la surface en essayant d'éviter les projectiles. Une pique de bois lui érafla la cuisse, une pierre manqua de peu de lui atterrir sur le crâne. Puis, peu à peu, cela s'arrêta et le jeune homme revint vers la surface encore déboussolé. Il regarda autour de lui, les débris qui jonchaient le sol, la tour éventrée qui se dressait toujours dans le ciel et força son cerveau paralysait à traiter ces informations. Titian regagna le sol, sortit, se redressa, ne se rendit pas compte de la douleur que lui infligeait sa cheville lorsqu'il s'appuya dessus. Sous le choc, il ne réalisait toujours pas ce qui s'était passé et ne cessait de se demander pourquoi la tour avait changé. Il boita à travers les morceaux de colonnes, les pierres, des restes de poutre. Lentement, son cerveau se remit en marche et Titian se rendit compte que la tour avait explosé, mais pourquoi l'avaient-ils fait exploser ? Ce n'était pas dans le plan. Ce n'était pas eux. Ils n'avaient rien fait et tout le danger qu'impliquait cette affirmation le frappa en plein coeur. Il accéléra, courant presque malgré sa cheville, poussait par des pensées encore plus effroyables. Ils étaient à l'intérieur, tous, son père, sa soeur, Soria. Ils étaient à l'intérieur.


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