• Le navire filait, du moins, ils le supposaient. Les fenêtres refusaient de s'ouvrir et le bateau avait changé de forme. Il s'était aminci et allongé. Mais une chaleur étouffante avait fini par s'installer et la faim rendait tous les occupants peu bavard. Ils restaient assis sans bouger, les ventres gargouillant. Noré n'en pouvait plus. La soif lui asséchait la bouche et elle se sentait somnolente. Puis soudain, Titian se mit à râler :

    -Il y en a marre maintenant, il me faut de l'air.

    Il se mit à claquer des doigts avec frénésie jusqu'à ce que Lyan finisse par lui dire :

    -Les parois doivent être trop proche.

    -Je m'en fous. On va mourir par suffocation si ça ne s'ouvre pas.

    Le pirate continua à claquer des doigts et Xilanos finit par s'exaspérer :

    -Tu ne peux pas souffrir en silence comme tout le monde ?

    -Non, je suis tellement mieux que tout le monde.

    Il claqua des doigts et, soudain, toutes les fenêtres s'ouvrirent. Des exclamations de joie résonnèrent dans tout le navire alors qu'ils se levaient pour passer la tête dans les ouvertures. Titian fixa ses doigts avec admiration :

    -Je suis un dieu.

    Xilanos lui répliqua en se levant :

    -Le manque d'air te fait délirer, c'est tout.

    Noré se pencha par une des fenêtres pour respirer à grandes goulées et se retrouva dans l'obscurité :

    -Où sommes-nous ?

    L'Aurien la rejoignit :

    -Je ne sais pas, mais il y a du vent.

    Une légère brise leur rafraîchissait le visage qui devait bien venir de quelque part et Eliana s'exclama :

    -Là, il y a une ouverture.

    Noré fouilla l'obscurité et finit par apercevoir un tunnel que la lumière du jour traversait. De chez eux, comme des autres navires, on poussa des exclamations de joie et de soulagement. Les passerelles tombèrent et les représentants de chaque peuple tenta de garder l'ordre pendant que chacun se précipitait vers la sortie. Noré attendit son tour, malgré son impatience. Les machines volées des voleurs luisaient de leur éclat bleutée et les fées voletaient pour les guider vers la sortie. Le sol était glissant et escarpé mais une fois dans le tunnel des marches, creusées dans la pierre, permettaient de rejoindre la surface. Ils se retrouvèrent dans un vallon avec un fin cours d'eau courant au milieu. La jeune fille resta un petit moment à profiter du soleil et du vent qui soufflait avant d'être ramené au danger de la situation par Pakt :

    -La ville se trouve par-delà cette colline.

    Titian s'étira et bailla en suivant la direction du regard, puis il fit retomber ses bras :

    -Allons voir ça.

    Lyan le rattrapa :

    -Oui, mais discrètement. Si des gens de la ville nous aperçoivent, ils risquent de donner l'alarme.

    Noré prit le partie de les suivre. Ils grimpèrent la colline tous les quatre et se couchèrent sur le sol une fois à son sommet. En contrebas, la ville s'étendait au bord de la mer, la flamme gigantesque de la tour centrale se dressant dans le ciel. De là où ils étaient, ils pouvaient distinguer les trois plus petites tours qui l'entouraient et les couloirs suspendus qui les reliés. Elle put même deviner les vitraux représentant un ciel bleu, de nuit et d'orage. La muraille de pierre bleu qui entourait le tout paraissait toujours impénétrable.

    -C'est bizarre.

    Elle observa Pakt :

    -Quoi donc ?

    -Il n'y a rien, je veux dire personne qui ne marche dans la rue, aucunes voix, rien du tout.

    Titian hocha la tête :

    -Oui, c'est bizarre.

    Il se leva et dévala la colline, droit sur les portes de la ville. Lyan s'inquiéta :

    -Où vas-tu ?

    Sans s'arrêter, ni se retourner, il cria pour répondre :

    -Tu te souviens de la tête de Vino quand tu lui as demandé des détails sur la diversion ?

    -Oui.

    -Et si elle n'avait pas fait qu'évacuer les fonctionnaires du siège, si elle avait fait évacuer toute la ville ?

    -Quoi ?

    Pakt et Noré se levèrent et rejoignirent Titian. Lyan finit par suivre. Ils entrèrent dans la ville sans croiser âme qui vive, pas plus en se promenant dans les rues. En revanche, ils trouvèrent des maisons aux portes grandes ouvertes, des affaires abandonnées sur les pavés. Lyan regarda autour de lui et finit par lâcher :

    -Le départ a dût être précipité. Je ne suis pas sûr de vouloir savoir ce que les sorcières ont fait finalement.

    Pakt optimisa :

    -L'important, c'est que l'on va pouvoir traverser la ville et atteindre le siège sans risque.

    Alors, il y eut un son, le son de quelqu'un croquant dans une pomme. Ils se retournèrent tous pour découvrir Titian, pillant une échoppe de fruit. Devant leur regard réprobateurs, il se gratta la tête en reprenant une bouchée :

    -Bah quoi ? Il faut bien que l'on mange.

    Lyan s'offusqua :

    -C'est du vol.

    -Vraiment ? Tu vas me sortir ça maintenant, à quelques mètres à peine d'un tas de gens affamés ?

    Pakt posa une main sur l'épaule de son ami :

    -Il a raison. On ne peut pas partir comme cela ou on sera sûr de perdre avant de commencer.

    Lyan ne fut pas difficile à convaincre au grand soulagement de Noré et ils revinrent vers les autres, les bras chargés de tout ce qu'ils avaient pu trouver. Ils les déposèrent au sol et Titian annonça :

    -La ville est vide, donc on peut faire d'autre trajet, par petit groupe et sans trop approcher de la muraille.

    Des chevaliers et des Saldrian se portèrent volontaires et ils revinrent avec du pain, du fromage et du lait. Un autre groupe parti et rajouta encore aux provisions présentes. Lorsqu'ils furent certain que tous auraient de quoi manger à leur faim, ils se mirent à table. Les sorcières apportèrent des parts aux Vemepyre restaient enfermés dans le navire. Noré se dit que c'était le moment ou jamais de voir ce qu'elle mijotait. Alors qu'elle se levait pour les suivre, l'adolescente croisa le regard de Titian qui se mit à les suivre. Tous deux se glissèrent dans l'entrée du tunnel, veillant à ne pas glisser, la descente se révélant plus ardue que la montée. Cependant, ils s'approchaient encore quand la seule passerelle abaissée se releva. Titian pesta et Noré demanda :

    -Tu crois qu'elles vont ressortir ?

    -M'étonnerais. Viens, on rentre.

    Alors qu'ils faisaient demi-tour, elle lui dit :

    -Comment tu as su que leur secret avait un rapport avec les Tiark ?

    -Je ne le savais pas, mais vu comment tu les regardais, je me suis dit que tu savais quelque chose. Puis, quand j'ai vu que tu t'apprêtais à les suivre, j'ai fais de même.

    -On en parle à Lyan ?

    -Je pense que ça vaut mieux.

    De retour près des autres, ils firent signe à leur père de les rejoindre. Noré commença :

    -Ce que les sorcières cache a un rapport avec les Tiark.

    -Comment le sais-tu ?

    -Quand je lui ai parlé, Vino m'a répondu que cela n'avait rien à voir avec nous mais elle regardait le navire des Tiark.

    Il y eut un silence durant lequel le père et le fils se regardèrent.

    -Qu'est-ce qu'il y a ?

    Lyan répondit :

    -Eh bien, cela me paraît un peu trop voyant. Je veux dire qu'elle a veillé à ne rien laisser voir pendant un moment, puis elle se relâcherait maintenant ?

    Titian demanda :

    -Tu penses que ce qu'elle cache n'a rien à voir avec les Tiark ? Qu'elle nous a mit sur une fausse piste ?

    -Je pense qu'il y a autre chose et que ce n'est pas jolie.

    Noré s'inquiéta :

    -Tu penses qu'elle pourrait se tourner contre nous ?

    -Je n'en ai pas la moindre idée et c'est ce qui m'exaspère le plus.

    Qu'allaient-ils devenir si les sorcières décidaient de les trahir à la fin ? Noré sentit sa gorge se nouer d'angoisse. Lyan lui caressa la joue :

    -Allons, ça va aller.

    -Que fait-on ?

    -Maintenant que nous avons mangé, nous allons dormir jusqu'au crépuscule. Nous attaquerons, juste avant la transformation des Tiark.

    Denelann qui s'était avancé demanda :

    -Qui nous réveillera ?

    -Nous veillerons si vous voulez.

    Ils firent face à la sorcière qui s'était glissée derrière eux sans qu'ils s'en rendent compte. Lyan acquiesça d'un simple :

    -Très bien.

    Après son départ, Titian posa la question qui les taraudée tous :

    -Vous croyez qu'elle a entendu ?

    Lyan répondit avec une pointe d'agacement :

    -Allez savoir.

    Il rejoignit le groupe pour leur dire de se reposer, alors que Titian et Noré s'allongeaient sur place. Elle fixa le ciel bleu, sentit l'odeur de l'herbe, la douceur de l'air. Pas un jour pour partir en guerre, pensa-t-elle avec amertume. La jeune fille ferma les yeux et attendit un sommeil qui semblait décidé à la fuir.

    Lorsqu'on la secoua pour la réveiller, l'angoisse se refit une place. L'adolescente se leva, dévorant du regard tous ceux qui l'entouraient. Les discussions se faisaient à voix basse et en peu de mot. Combien d'entre eux allaient mourir ? Les armes furent ramassées, les Vemepyres sortirent et les Tiark furent surveillés de prêt. Noré, au bord de la panique, rejoignit Soria et Titian. Ils se parlaient, serrés l'un contre l'autre et la jeune fille vit la Saldrian rire. Elle s'apprêtait à faire demi-tour, se sentant de trop, mais Soria l'aperçut et lui tendit la main. Elle la prit avec gratitude et ils restèrent silencieux tous les trois, songeant à tout ce qu'ils avaient traversé pour arriver là. Peu à peu, les groupes s'organisèrent et Lyan gravit la colline pour se mettre en hauteur :

    -La nuit approche et les voleurs sont allés chercher leurs basilics. En attendant, nous allons nous approcher du siège et dès qu'ils attaqueront, nous entrerons.

    Puis, sans un mot, les visages effrayés, ils se mirent en marche et elle entendit Xilanos l'appeler. En se retournant, la jeune fille le vit percer la foule pour tenter de la rejoindre. Lorsqu'il fut assez proche, elle lui tendit une main qu'il saisit et sourit :

    -Bon, c'est parti alors.

    -C'est parti.

    Dans sa main gauche, Noré serrait toujours celle de Soria, elle-même accrochée au bras de Titian. Ils gravirent la colline tous les quatre sans une parole d'adieu, sans discours, parce qu'ils n'y avaient rien à dire entre eux qui n'ai déjà été dis. La jeune fille regarda le dos de son père qui marchait devant et se rendit compte qu'elle n'avait pas vraiment parlé avec lui. Retrouver son père n'avait jamais été une nécessité pour elle, mais à présent, l'adolescente ne pouvait nier que cela la rendait fière de le voir marcher en tête. Lorsqu'ils atteignirent le sommet, le temps sembla s'arrêter. Sous eux, la ville était toujours silencieuse et plongeait dans l'obscurité. Puis, Lyan laissa soudain échapper avec désespoir :

    -Oh non.

    Noré se demanda ce qu'il avait et chercha une réponse auprès de Titian, mais lui aussi semblait chercher de quoi il s'agissait. Alors, elle chercha à suivre le regard de son père et finit par fouiller l'horizon. Une forme se découpait sur l'océan et la jeune fille plissa les yeux pour tenter de mieux la distinguer. Comme la silhouette s'approchait, elle put voir les voiles rouges et les squelettes accrochés au mât, le long de la coque. Le capitaine aux cheveux-océans était arrivé en renfort. Soria demanda :

    -Qu'est-ce que l'on fait ?

    Lyan avait l'air soucieux, puis Titian finit par dire :

    -Les pirates vont accoster en barque autour de la muraille et ils finiront par entrer, à ce moment là, ils tomberont sur les basilics. Il faut que vous entriez avant eux.

    Noré lui lança un regard angoissée :

    -Pourquoi vous ?

    -J'ai une promesse à tenir et si on veut que cette histoire se finisse bel et bien, il faut que quelqu'un s'occupe de ce pirate.

    -Mais tu risques de tomber sur ces hommes avant.

    -Non, je vais rentrer dans l'enceinte avec vous et, de là, trouver un moyen de sortir.

    -Tu es sûr de cela ?

    -On n'a pas tellement le temps d'y réfléchir.

    Pakt les pressa :

    -Il est temps d'y aller.

    Ils se remirent en marche, ombres armées et silencieuses. Ils avançaient rapidement, traversant les rues, les yeux fixés aux tours qui surplombaient la ville. Près de la muraille, les regards dévièrent vers la mer et les barques qui approchaient, mais ils ne ralentirent pas. Les portes de l'enceinte étaient ouvertes et ils entrèrent avec une grande facilité. Une fois dans l'enceinte, ils restèrent devant la tour centrale. La porte ne permettait qu'à trois personnes de passer et Noré se souvint qu'ils attendaient les voleurs. Bientôt le sol se mit à trembler, puis des hurlements jaillirent à l'intérieur. Pakt lança :

    -On y va !

    Le temps se mit en branle. Les chevaliers passèrent d'abord, étant désignés pour les étages les plus hauts, puis les Saldrian et les Rhosay, ensuite Aurien et Alianis, les Vemepyre et enfin les Tiark. Lyan saisit Noré par l'épaule pour qu'elle le suive. Du coin de l'œil, l'adolescente eut le temps de voir Titian courir vers le lac. Puis, elle se concentra sur sa course. Il fallait passer les étages des Tiark avant qu'ils ne se transforment. Au rez de chaussée, le massacre avait commencé. Les basilics aveugles étaient guidés par les voleurs, descendus de leur monture, se battant avec des épées. Ils gravirent les premiers étages et Noré se souvint à quel point cette tour était haute. A un palier, elle aperçut les Tiark alignés qui lui tournait le dos et les chevaliers fonçant vers eux. En continuant son ascension, la jeune fille entendit le rire d'Azaque résonner dans les couloirs. Ils continuèrent à passer d'autres paliers, d'autres portes, peuplés de cri, montant sans s'arrêter. Essoufflée, Noré se concentra sur ses pieds. Lyan passait devant, Pakt et quelques chevaliers les accompagnaient dégageant du chemin ceux qui tentaient d'atteindre les étages inférieures.

    Puis, ils arrivèrent au bout et elle reconnut l'immense couloir bleu bordé de colonne et les lustres gigantesques pendus au plafond. Ils l'éclairaient largement dans toute sa longueur. Pakt dit alors à Lyan :

    -C'est là que l'on se sépare.

    Elle s'inquiéta :

    -Mais s'il y a d'autres ennemis ici ?

    -Oh non, il aura pris soin de libérer l'étage pour toi.

    Les chevaliers repartirent rapidement rejoindre leur groupe. Lyan fit face au couloir :

    -On ne va pas traîner. Tu devrais laisser tes armes.

    Elle laissa à regret ses poignards. Il lui sourit et posa la main sur sa tête d'un geste affectueux :

    -Respire à fond.

    Noré tenta de lui rendre son sourire sans grand succès et ils commencèrent à avancer, l'un près de l'autre. Alors, elle se surprit à imaginer sa mère enfiler le même couloir, puis Pakt, Lyan et un tout jeune Titian. Combien d'autres étaient allés trouver la mort dans cet endroit ? Ils s'arrêtèrent devant la porte massive qui menait à la salle du sacrifice. la jeune fille prit une profonde inspiration et poussa le battant. Ils firent quelques pas dans l'immense salle vide avec son estrade sur leur droite et le pupitre dessus. Deux chevaliers refermèrent la porte derrière eux, puis l'un d'eux s'avança et les fouilla avant de rejoindre son camarade. Ils se placèrent devant la porte pour bloquer toute fuite. L'empereur descendit de l'estrade en souriant :

    -La voilà enfin, l'invitée tant attendu.

     

    Meratir avait quitté son groupe pour partir à la recherche de son frère. Vu la situation, il préférait le trouver avant les autres, bien qu'il ignora complètement où le chercher. La tour était immense et il n'y avait mit les pieds que très rarement. Le chevalier se plaqua dans le recoin d'une porte en entendant les pas lourds d'une troupe qui venait en renfort. Alors qu'ils passaient, il guetta le visage de son frère sans l'apercevoir. Le jeune homme reprit sa marche gardant les yeux sur les gardes qui s'éloignaient. Il passa plusieurs bureaux qui avait été vidé dans la précipitation et, après plusieurs tournant, il commença à désespérer. Meratir passa une grande salle qui avait sans doute servit de salle de réunion, réfléchissant à comment atteindre l'étage inférieur.

    Soudain, il entendit quelque chose derrière lui, quelque chose d'énorme qui courait droit sur lui. Le chevalier fit volte face en dégainant son épée, mais resta inerte devant le loup qui lui bondit dessus. Il eut le réflexe de pivoter avant de se faire égorger et se mit aussitôt en garde. L'animal au pelage gris fluorescent lui fit face en grondant. Il attaqua de nouveau, donnant un coup de patte. Meratir réussit à la blesser et le loup recula de quelques pas. Puis le jeune homme commença à lui tourner autour, les yeux dans les siens et Meratir s'efforça de ne pas trembler. Il n'avait jamais combattu ce genre d'adversaire et faisait de son mieux pour garder son calme. Le loup fit un bond sur la droite et le chevalier se prépara à répliquer, mais l'animal feinta et revint sur la gauche. Il se jeta sur lui, surprenant le jeune homme qui trébucha permettant au loup de lui attraper le bras. Meratir hurla en sentant les crocs traverser l'armure. Changeant son épée de main, il infligea un coup maladroit à l'animal. Rata son coup et son ennemi lui déchira le bras d'un coup de patte, faisant voler l'épée. Le chevalier cria de douleur et tenta de trouver une autre arme avant qu'il ne lui arrache l'autre bras. Une voix résonna dans la salle :

    -Korrane ! Stop !

    Le peu de conscience humaine qui restait à l'animal sembla réagir car il lâcha Meratir pour voir qui approché. Le chevalier ne resta pas à attendre, il se jeta sur son épée et la saisit malgré la douleur que lui infligeait ses bras blessés.

    -Meratir ! Ça va ?

    L'interpellé leva les yeux et aperçut son frère qui venait vers lui. Il se mit sur ses pieds pour se rendre compte que ses jambes tremblaient, mais il tint bon. Meratir fit quelques pas vers Teruret et lui lança :

    -Il faut que l'on parle ! Tu dois réaliser que cela ne te mènera à rien.

    Teruret ouvrit la bouche pour lui répondre, mais soudain, l'horreur se peignit sur son visage et il se mit brusquement à courir en hurlant :

    -Korrane ! Korrane ! Non !

    Meratir, encore étourdi par la douleur, le regarda courir vers lui, puis il eut peur à son tour et fit volte-face, à temps pour sentir l'haleine fétide du loup sur son visage. Teruret sortit son poignard et bondit sur l'animal. Il le frappa avec rage et frénésie, même lorsque le loup se mit à bondir et rouler pour se débarrasser de lui. Le jeune homme continua à s'agripper à la fourrure, frappant sans cesse. Aveugler par la colère, il ne se rendit pas compte tout de suite que l'animal ne bougeait plus. Il le fixa sans pouvoir réfléchir, Teruret était couvert de sang et dût couper le pelage du loup pour dégager sa main agrippée. Il réussit à se relever et chercha son frère du regard dans ce monde qui c'était mis à tourner.

    -Meratir ?

    Sa voix était faible et il ne chercha pas à réitérer son appel, car il savait déjà qu'il n'aurait plus jamais de réponse.


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