• -Ils me détestent.

    Soria se tourna vers Titian à son entrée dans la maison. Elle posa sur lui un regard tendre en repensant à la première qu'elle l'avait entendu prononcer ces paroles.

    Elle s'était réveillée une nuit, paniquée en entendant les bébés pleurer. Sa crainte était un peu passé en voyant que Titian avait quitté le lit. Elle était passé dans la chambre contigu à la leur et avait trouvé le pirate, vêtu d'un simple pantalon, un enfant dans chaque bras. Ils hurlaient et pleuraient, malgré les efforts de leur père pour les calmer. Alors, il avait vu Soria et, le visage fatigué, il lui avait dis cette même phrase avec tristesse et désespoir. Le même ton qu'il avait utilisé aujourd'hui. Elle reporta son attention sur les bracelets d'entraînement qu'elle confectionné pour sa fille et dit :

    -Pour la énième fois, ils ne te détestent pas, ce sont des enfants.

    -Alors, pourquoi ils font ça ?

    -Les enfants s'amusent, c'est dans leur nature.

    Il bailla et se gratta la tête, pas très convaincu. Finalement, il haussa les épaules et sortit. Soria le regarda s'éloigné par la fenêtre et se tourna vers le cube de métal qui trônait sur la table comme une étrange décoration. Titian avait tenu à garder le navire des sorcières et elle savait bien qu'un jour où l'autre, il le remettrait en mer. Leur falaise formait un cercle dans laquelle la mer avait creusé un passage. Au pied de la falaise sur laquelle ils avaient bâti leur maison, une plage s'était formé que l'on pouvait atteindre par un chemin qui traversait la forêt. De cette plage et par l'entrée creusée on pouvait apercevoir l'océan et cela était une tentation quotidienne pour Titian. Il s'était fabriqué une barque avec laquelle il s'aventurait dans l'espace restreint par les falaise. Cependant, Soria avait conscience qu'un jour ce ne serait plus suffisant, qu'un jour il repartirait. Son regard s'attardait de plus en plus sur le cube de métal, bien que la Saldrian se demanda si il s'en rendait compte. Elle s'assit à la table et fit tourner le cube entre ses mains. Elle n'avait pas l'intention de le retenir, car elle était certaine que, où qu'il aille, il reviendrait toujours vers elle.

     

    Titoyo avait fui vers la forêt, Tilianne s'était rapproché du chemin que Titian emprunter pour entrer dans les terres. Il observa les deux enfants qui s'étaient séparés pour augmenter leur chance de fuir leur père, bien que lui était intimement persuadé que le seul but était de le rendre fou. Plutôt que de courir après l'un ou l'autre, il hurla à s'en arracher la gorge :

    -Revenez ici tout de suite !

    Ils poussèrent des cris de frayeur suraigu et s'éloignèrent encore en éclatant de rire. Titian croisa les bras :

    -Un autre que moi dirait qu'il a des problèmes d'autorité.

    Il vérifia tout de même qu'ils ne s'éloignaient pas trop et aperçut sa fille qui semblait observer quelque chose sur le chemin. Elle était immobile, puis il la vit faire un pas en arrière et un homme apparut dans son champ de vision. Titian s'inquiéta :

    -Tilianne, reviens ici.

    Cette fois, elle obéit sur le champ et courut vers lui. Titoyo qui avait comprit que quelque chose cloché les rejoignit. Tilianne s'agrippa à sa taille:

    -Qui c'est Titian ?

    -Je ne sais pas, mais je vais allé voir.

    -Tu veux mon épée ?

    Il baissa les yeux sur son fils qui le fixait avec le plus grand sérieux en lui tendant deux bouts de bois ficelé.

    -Je te remercie, mais j'ai mon poignard.

    Il approcha en boitillant de l'homme qui était resté à l'entrée du chemin. Tandis qu'il approchait, il en profita pour le dévisager. Il avait les cheveux noir embroussaillés. Son œil droit était noir également, mais le gauche était bleu. Autour du cou, il avait trois colliers. Un serre cou avec un pendentif en forme de lune. Une chaîne un peu plus longue en portait un en forme d'étoile. Le dernier, encore plus long, avait un soleil. Il portait une étrange veste noire à laquelle on avait cousu des morceau de tissu tombants, rectangulaires et longs, un peu partout qui semblaient bien inutiles. Elle couvrait la moitié de ses mains pleines d'anneaux diverses, parfois deux au même doigt. Sous sa veste un haut gris, entrait dans son pantalon d'un noir délavé et mangé aux mites. Il portait une ceinture dont semblait partir, devant et derrière, comme un pagne, deux pans de tissus gris. A ses pieds, d'étranges chaussures faites dans un tissu dont Titian ignorait le nom. En revanche, la plume de harpie qu'il avait derrière l'oreille droite lui rappelait vaguement quelque chose. Il s'arrêta à bonne distance et lui demanda :

    -Que faites-vous ici ?

    -J'ai un message de Noré.

    Le pirate allait s'approcher quand il aperçut un lion noir aux yeux sanglants surgir derrière le jeune homme. Finalement, un poignard ne serait peut-être pas suffisant.

    -Je ne suis pas étonné que tu ne te souviennes pas de moi. On sait à peine vu à l'époque.

    Il le fixa avec méfiance :

    -De quoi vous parlez ?

    -Voici le message.

    Il lui tendit une feuille manuscrite que Titian saisit du bout des doigts comme si il craignait qu'elle ne fut empoisonnée. Il n'avait pas revu Noré depuis ce jour dans la forêt, alors c'est avec un sentiment étrange qu'il commença à lire. Il fut de plus en plus perplexe au fur et à mesure qu'il progressait dans sa lecture. L'étrange garçon continua de parler :

    -Ce qu'elle raconte va se dérouler cette nuit, j'ai vérifié.

    -Je ne comprend pas.

    -C'est normal. Bon, il faut que j'y aille. Noré est en route et il faut que je lui dise où vous trouver.

    -Vous vous rendez bien sûr compte que je ne comprend, mais alors, strictement rien à ce que vous dites.

    -Je sais. Elle devrait arriver demain.

    Il se décida à quitter le message des yeux pour voir si le jeune homme n'était pas en train de se moquer de lui. Seulement, lorsqu'il releva la tête, il avait disparu. De lui ou du lion, il ne trouva aucune trace. Alors il revint vers sa maison et vit que les enfants étaient allé chercher leur mère. En arrivant à leur hauteur, il lâcha :

    -Merci pour la confiance.

    -Il s'inquiétait pour toi, voyons.

    -Je suis un pirate, je n'ai pas besoin qu'une femme, aussi charmante soit-elle, vienne à mon secours.

    Titoyo prit une voix grave pour imiter :

    -Je suis un pirate. Je suis grand, fort et pas beau.

    Titian lui envoya une baffe sur le crâne. En réponse, le garçon hurla, éclata de rire et s'enfuit dans la forêt suivit de près par sa soeur.

    -Il est dérangé, sérieusement.

    Ils fixèrent, pensifs, l'endroit de la forêt où leurs enfants avaient disparu, puis Titian tendit le message à Soria :

    -Il m'a donné ça.

    La jeune femme le prit en fronçant les sourcils :

    -Qu'est-ce que c'est ?

    -Un message de Noré, soi-disant. Elle dit qu'une nuit nous serons attaqués et que si on n'y prend pas garde, on mourra tous.

    -Elle ne dis pas quand.

    -Non, mais l'homme m'a dit que c'était cette nuit.

    Soria leva un regard inquiet sur lui :

    -Tu y crois ?

    Il haussa les épaules et se gratta la tête :

    -Pas tellement, on n'est même pas sûr que cela soit de Noré.

    Soria réfléchit un instant avant de dire :

    -Tu as raison. C'est trop bizarre.

    Elle replia le message et annonça sur un ton enjoué :

    -Le dîner est prêt, va chercher les enfants.

    Titian trépigna :

    -Non, je veux pas, ils m'embêtent.

    -Mais oui, ils t'aiment très fort eux aussi.

    Comme elle s'éloignait, il lança :

    -On devrait peut-être les laisser dans la forêt, qu'est-ce que tu en dis? Un entraînement intensif à la survie, il faut bien commencé quelque part.

    -Va les chercher !

    Il bougonna en tapant dans un caillou et entra dans la forêt. Il traversa des broussailles avant de tomber sur un petit chemin. S'il prenait à droite, il finirait par descendre et arrivé à la plage. A gauche, la clairière où ils avaient enterrés son père et les jumeaux. Essayant de deviner de quel côté les enfants avaient pu s'enfuir, il finit par prendre à gauche et au bout de quelques minutes de marche, il arriva à la clairière. Elle était en forme de cercle et couverte d'herbe verte et de fleurs éparses, au centre, deux pierres tombales se dresser. Titoyo avait pris d'assaut le rocher couvert de mousse qui jaillissait à l'orée de la forêt.

    -Je suis le capitaine de ce navire. Obéis-moi.

    Il pointa son épée de bois sur sa sœur qui se tenait au sol, dubitative. Puis elle répliqua :

    -Non, car je suis une sirène, ce qui veut dire que je te dévore.

    Faisant claquer ses mâchoires, elle entreprit d'escalader le rocher, mais son frère la repoussa par un très convainquant :

    -Tu n'as pas le droit. Je suis sur un navire et les sirènes ne montent pas sur les navires.

    Elle l'ignora et continua à grimper, alors Titoyo lui envoya un coup d'épée sur la tête. Plus vive, Tilianne se saisit de l'arme et tira :

    -Je vais t'emporter dans les profondeurs de l'océan.

    -Non, tu n'as pas le droit. C'est mon épée.

    Pour se défendre, il lui envoya un coup de pied en plein visage et, promptement, sa soeur abandonna l'épée de bois pour saisir la botte de son frère. La conséquence prévisible fut qu'ils chutèrent du rocher tous les deux. Titian sursauta de frayeur en les voyant disparaître de sa vue et se précipita derrière le rocher. Ils étaient restés tous deux allongés comme ils étaient tombés et Titoyo expliquait calmement :

    -Tu n'avais pas le droit de prendre mon épée. La lame ça coupe.

    -C'est vrai, mais je ne crois pas que les sirènes aient mal comme nous.

    Titian poussa son fils du pied :

    -Debout, c'est l'heure de manger.

    Ils le fixèrent sans faire mine de se lever.

    -Pourquoi c'est toujours moi que tu frappes ?

    -Je ne t'ai pas frappé, je t'ai poussé et même si je te frappais, ce serait parce que l'on frappe toujours les garçons d'abord.

    Tilianne se sentit soudain concerné par la discussion :

    -Alors, c'est quand que l'on frappe les filles.

    -Quand on en a assez de frapper les garçons.

    Ils éclatèrent de rire et Titoyo lui dit :

    -Tu racontes n'importe quoi.

    -Si tu le sais pourquoi tu me poses des questions ?

    -Parce que c'est drôle.

    Titian ricana :

    -Une chose que je peux vous dire avec certitude, c'est que les sirènes ont mal tout comme nous.

    -Comment tu le sais ?

    -C'est un secret. Allez, debout, j'ai faim.

    Il tendit ses mains, chacun en saisit une et il les souleva d'un coup. Il posa une main sur chacun d'eux pour être sûr qu'ils ne tentent pas de s'échapper et en passant devant les tombes, il dit :

    -Vous n'avez rien oublié ?

    Les enfants clamèrent en chœur :

    -Au-revoir grand-père, au-revoir les frères.

    Ils rentrèrent chez eux avant qu'il ne fasse noir, mangèrent et lorsque les enfants furent au lit, Titian resta un instant silencieux, assis à la table. Soria vint s'asseoir sur ses genoux et croisa ses longues jambes :

    -A quoi rêves-tu ?

    -L'homme a dis que Noré pourrait arriver demain.

    -Je croyais que l'on avait décidé de ne pas croire cet homme.

    -Oui, mais si Noré vient...

    Il hésitait à continuer, mais Soria surpris son regard vers le cube de métal sur la table alors elle poursuivi :

    -On pourrait lui proposer de rester. On lui construirait une maison sur la falaise qui nous surplombe.

    Il eut un faible sourire :

    -J'aimerais partir.

    Il s'empressa d'ajouter :

    -Pas pour toujours, bien sûr, mais retourner sur l'eau ça me plairait bien.

    -Je sais.

    -Comment tu peux le savoir, je ne t'ai jamais rien dit.

    -Oui, mais malgré tout tes efforts, tu n'es pas très mystérieux.

    Elle lui ébouriffa les cheveux comme elle le faisait parfois à son fils, Tilianne ayant les cheveux trop long, l'entreprise était plus difficile.

    -Tu n'es pas fâché ?

    -Non, mais si Noré ne vient pas ?

    -Alors, je reste. Mais si elle vient, cela veut dire que nous n'avons plus beaucoup de temps ensemble, on devrait en profiter.

    -Voilà, une proposition bien vicieuse, jeune homme.

    Ils commençaient à s'embrasser quand une petite voix fluette se fit entendre :

    -Il n'est pas si jeune.

    Agacé, Titian demanda :

    -Ma fille, que fais-tu là ?

    -On a entendu que tu voulais partir.

    -Comment ça entendu ?

    Soria eut un sourire discret :

    -On écoute au porte ?

    -C'est Titoyo qui a eu l'idée.

    Un petit bateau de bois que Titian avait sculpté pour son fils lui atterrit sur la tête :

    -Traîtresse.

    Titian lança d'une voix autoritaire :

    -Sors de ta cachette, lâche.

    Pour la peine, Soria ouvrit les bras :

    -Allez, tous sur les genoux de papa.

    Ils se précipitèrent, malgré les protestations du pirate et la chaise faillit se renverser. Avant qu'un drame n'arrive, Soria les arrêta et se leva :

    -Pourquoi vous ne dormez pas ?

    Tilianne demanda à son père :

    -Pourquoi tu t'en vas ?

    -Pour voyager.

    -On peut voyager avec toi ?

    -Non, c'est dangereux.

    -Pourquoi ?

    Titoyo bondit sur la table en brandissant son épée :

    -Parce que c'est un pirate !

    Tilianne rit en voyant son frère et se mit à sautiller :

    -Tu vas pirater ?

    -Il va voler de l'or et tuer des gens.

    Titian coupa net la plaisanterie de son fils :

    -Je ne vais tué personne.

    Tilianne monta sur ses genoux :

    -Tu reviendras quand tu seras riche ?

    Soria tapa sur la table comme si quelque chose venait de lui revenir en mémoire :

    -Tu dois promettre de revenir une fois par an.

    Titian assura :

    -Je reviendrais bien plus souvent. Avant que ces deux là t'es rendu folle de préférence.

    La discussion se poursuivie tard dans la nuit avant que Soria ne remette les enfants au lit. Alors qu'il la regardait faire par la porte ouverte, un bruit de verre brisée lui parvint de leur chambre. Il se leva avec un mauvais pressentiment, prit le poignard à son mollet et ouvrit la porte avec précaution. Une flèche était planté dans le lit, là où aurait pu se trouver Soria.

    -On est attaqué ! Soria sort !

    Il se précipita vers le lit, fourragea dessous jusqu'à trouver son épée et son pistolet. Il se releva et rejoignit Soria dehors. Elle tenait les brigands à l'écart grâce à ses bracelets.

    -Où sont les enfants ?

    Titoyo apparut près d'elle et Soria lui lança avec une voix étranglé par l'angoisse :

    -Elle s'est enfui dans la forêt, des hommes sont après elle.

    Titian partit à toute jambe, courut à perdre haleine, traversa les broussailles comme une flèche en appelant sa fille.

    -Papa !

    La voix le guida et il partit sur la gauche. Entre les arbres, il finit par voir se dessiner la forme massive des hommes, alors il prit son pistolet, visa, tira en pleine course. Il effleura l'épaule d'un des hommes, mais ce fut suffisant pour détourner son attention de sa fille. Il jeta son arme, prit appui sur ses talons et se propulsa sur eux, poignard en main. Il atterrit près d'un des hommes et lui trancha la gorge avant qu'il n'est pu faire un geste, puis il fit volte face et envoya le poignard sur la poitrine d'un autre. Il prit son épée et un des hommes qui lui fonçait dessus vint s'empaler sans qu'il eut à faire le moindre effort. Les deux autres choisirent la fuite.

    -Tilianne, tu n'as rien ?

    La fillette tremblait, des mèches de ses longs cheveux noirs collaient à ses joues striaient de larmes et elle dit en reniflant :

    -J'ai eu un peu peur, mais pas trop.

    -Allez, viens vite.

    Il saisit Tilianne sous son bras et reparti vers leur maison. En chemin, il entendit Soria appelait et lui répondit. Ils finirent par se retrouver et après s'être assuré que tout le monde allait bien, il demanda :

    -Les ennemis ?

    -Ils ont finis par s'enfuir.

    Ils rentrèrent chez eux, évitant les corps devant leur porte et allèrent se coucher dans le même lit, de crainte qu'ils ne reviennent. Titian tenta de détendre l'atmosphère en disant :

    -Finalement, il semblerais que Noré viendra demain.

    Soria rit doucement en serrant fortement ses enfants contre elle. Même si aucun d'eux ne dormit vraiment, ils se réveillèrent tôt et le couple interdit aux enfants de sortir, temps que les cadavres traîneraient dehors.

    Ce n'est qu'en fin de journée que les enfants purent sortir accompagné de Titian car Soria souhaitait rester seule. Le pirate se demander si elle ne regrettait pas de lui avoir dis qu'il pouvait partir. Il regarda les enfants courir jusque dans les bois et se rendit compte qu'il hésitait encore à reprendre la mer. Il devrait sans doute resté quelques années de plus et en y repensant ce n'était pas parce qu'ils avaient effectivement été attaqué que Noré allait apparaître d'un instant à l'autre.

    -Brigand ! Brigand !

    Son sang se glaça en entendant les cris de ses enfants qui revenaient vers lui en courant. Il prit son poignard et alla à leur rencontre.

    -Où sont-ils ?

    -Il n'y en a qu'un.

    Titian trouva cela étrange :

    -Un seul ? Vous êtes sûr ?

    -Oui, le voilà.

    Ils pointèrent du doigt un jeune homme qui sortait du bois. Il avait des cheveux longs, noir comme ses yeux, grand, le regard sérieux, la mâchoire bien dessiné, les muscles souples se distinguaient sous sa peau et portait arc et flèches.

    -Petit chef ?

    Xilanos haussa un sourcil :

    -Surnom un peu dépassé tu ne crois pas ?

    -Qu'est-ce que tu fiches ici ?

    -Noré a voulu venir, elle s'est arrêté sur les tombes.

    De ce fait, une jeune femme ne tarda pas à apparaître derrière lui. Elle n'avait plus rien à voir avec la fille maussade qu'il avait vu en forêt. Elle avait laissé pousser ses cheveux dont les pointes bouclés. Ses yeux avaient retrouvé leur brillant et sa peau était clair. Pour seul salut, Titian lui dit :

    -Tu as vieilli.

    -Parce que toi tu resteras éternellement jeune ?

    -Bien évidemment. Tu as quel âge? Vingt-six ans ?

    Elle leva les yeux au ciel :

    -Comment je pourrais avoir ton âge ?

    -Parce que je resterais éternellement jeune.

    -J'ai vingt et un ans.

    Il renifla de dédain :

    -C'est ce que l'on dit.

    Xilanos répliqua à Noré :

    -Je t'avais dit qu'il aurait complètement perdu la tête.

    Titian pointa ses enfants du doigt :

    -C'est de leur faute.

    Le visage de Noré s'éclaira :

    -Bonjour, vous savez qui je suis ?

    Ils firent non de la tête et elle poursuivie d'une voie gâteuse :

    -Je suis la soeur de votre père, donc votre tante.

    Tilianne pointa le doigt vers Xilanos :

    -Et lui ?

    Titian devança Noré :

    -Rien, un néant ambulant.

    Noré reprit d'un ton tranchant :

    -Votre oncle.

    Puis elle ajouta avec un sourire sardonique pour Titian :

    -Et bientôt, des cousins, des jumeaux.

    Titian tapa dans ses mains en annonçant fortement :

    -Sur ce, je m'en vais me pendre.

    Il s'éloigna et sa soeur lui demanda :

    -Où est Soria ?

    -A l'intérieur.

    Elle se tourna vers Xilanos :

    -Je vais la voir.

    -D'accord.

    Alors qu'elle partait vers la maison, elle entendit Titoyo dire :

    -Titian dit que les arcs c'est pour les filles.

    Xilanos ricana.

    Noré entra et trouva Soria assise à la table, fixant un bol dont s'échapper un pique de liquide violet. La jeune femme l'aperçut et se leva pour courir l'embrasser :

    -Cela fait si longtemps. Comment vas-tu ?

    -Bien et toi ?

    Elle pointa le menton vers le bol :

    -Une fille, tu l'a dis à Titian ?

    Soria soupira :

    -Non, pas encore. Il voudrais repartir et je ne voudrais pas qu'il se sente obligé de rester à cause d'un nouvel enfant.

    -Il va te laisser ?

    -Ne prend pas cet air offusqué, tu sais qu'il n'est pas fais pour être chasseur ou fermier ou je ne sais quoi d'autre.

    Noré dut admettre qu'elle le voyait mal ainsi, néanmoins, elle fut amusée de l'imaginer en fermier. Soria retourna s'asseoir et l'invita à faire de même.

    -Tu vas le lui dire tout de même.

    -Bien sûr, tu imagines si il tombe sur l'enfant quand il revient? Cela lui ferait une sacrée surprise. Je pense réussir à le convaincre de partir si tu... disons, reste dans le coin.

    Noré sourit et dit sur un ton mondain :

    -Ma chère Soria, étant donné que nous ne pouvons plus vivre chez les Auriens, maintenant que Xilanos a finit de former le chef, je pense que nous serons contents d'avoir un endroit où rester.

    Soria rit et dit :

    -On a prévu de vous faire un maison sur la falaise qui surplombe notre maison.

    -Vous avez prévu ?

    -Oui, un homme est venu nous dire que tu venais. D'ailleurs, il nous a transmis un étrange message.

    -Mon message sur l'attaque.

    -Oui, comment tu as su que cela arriverai ?

    -Une intuition.

    -Tu n'as pas trouvé mieux ?

    -Tu ne croirais pas la vérité.

    -Très bien, je n'insiste pas, mais c'est très bizarre.

    Noré lui prit les mains et la rassura en disant :

    -Cet homme est un ami, c'est lui qui m'a dit où vous trouver.

    Elles restèrent sans rien dire, puis Noré demanda :

    -Tu savais que Titian se croyait éternel ?

    Elles rirent toutes les deux, alors que le concerné entrait en faisant voler la porte :

    -Il a enlevé nos enfants.

    Soria se redressa :

    -Qui ?

    -Le petit chef, je l'ai vu. Ils lui tenaient la main et ils l'ont emmené vers la plage.

    Noré fit remarquer :

    -Si cela c'est passé comme tu le dis, alors ce sont tes enfants qui ont enlevés Xilanos.

    Titian s'étira en grognant :

    -Est-ce que c'est si important ? Il est tout seul avec eux, c'est mauvais signe.

    Les deux jeunes femmes échangèrent un regard et se levèrent. Soria saisit le cube de métal, le lança à Titian et lui dit :

    -Tu vas être papa, encore.

    Titian blêmit et ouvrit la bouche, mais elle le coupa :

    -Tout va bien, Noré et Xilanos vont restés avec moi, alors fout le camp.

    -C'est qu'elle me mettrait dehors ma parole.

    Noré rit et prit de l'avance en leur criant:

    -Je vous laisse discuter.

    Elle trouva un petit chemin à travers les broussailles qui conduisit à un autre. Là, elle hésita. Des voix ténus lui parvinrent sur sa droite et elle opta pour cette option. Elle suivit le chemin qui se mit à descendre et à tourner vers la droite. Peu à peu, les arbres et la végétation disparurent, pour laisser la place à une plage de petite taille qui donné sur une mer encerclé de falaise. Au loin, face à la plage, une ouverture avait été percé qui menait sur l'océan. Titoyo et Tilianne expliquaient les exploits accomplis sur la barque qui se trouvait là à un Xilanos qui écoutait avec une grande patience.

    -Tout se passe bien ?

    Ils lui répondirent tous les trois par l'affirmative avant que les enfants ne reprennent leur récit. Ils racontaient pour la énième fois, mais de façon différente, comment leur père les avait mis à l'eau, prétextant de leur apprendre à nager, lorsque Soria et Titian les rejoignirent. Le pirate brandit le cube en disant avec fierté :

    -Regardez un peu ça.

    Il le lança de toutes ses forces à l'eau et quelques secondes plus tard, un véritable navire pirate tout en métal jaillit. Xilanos laissa échapper :

    -Je rêve.

    Noré fut curieuse :

    -Comment tu as fais pour que les sorcières te fasse ce navire ?

    -J'ai été particulièrement insupportable.

    Nouveau soupir de Xilanos :

    -Pauvres femmes.

    Noré était émerveillée :

    -Il faut que je vois ça de plus prêt.

    Elle monta dans la barque et Titian la rejoignit avant qu'elle n'est le temps de s'emparer des rames.

    -C'est mon navire.

    Ils partirent tous les deux en direction du bateaux, tandis que Titoyo et Tilianne se mettaient à harceler Soria à propos des sorcières. A un endroit l'immense coque était creusé pour faire place à une échelle. Ils grimpèrent pour arriver sur le pont et Noré regarda autour d'elle jusqu'à en avoir le tournis :

    -Une cabine, la barre, les voiles, c'est un vrai navire.

    Titian précisa avec fierté :

    -Qui fonctionne avec un levier. 

    -Evidemment, mais pourquoi une barre alors ?

    -Pour faire semblant.

    Elle rit et s'approcha du bastingage pour voir l'océan à travers l'ouverture.

    -Il passe par cette entrée ?

    -Comment on est arrivé à ton avis ?

    Il la rejoignit pour demander:

    -Comment vous êtes arrivés vous ?

    -La pierre des Auriens marche toujours même pour un ancien chef.

    -Hou, quelle chance.

    Elle changea de sujet soudain :

    -Tu sais ce qu'il s'est passé ? Après que Pakt soit retourné au siège ?

    -Eh bien, je sais que les résistants ont réussi à gérer la situation avec son aide. Leur dirigeant a été nommé empereur, un certain Mr Mou.

    -Oh, tu plaisantes ?

    -Non, il a supprimé les Terres Sanglantes et certains des peuples ont pu revenir en Métane. Cela c'est fais progressivement et autant dire que peu de gens ont sauté de joie, mais ça a marché. Il a révélé à tous le vrai sens du lien, ce qui a été un grand scandale. Après, je ne sais pas trop ce que Pakt a raconté pour la tour, mais visiblement, il a prétendu que c'était dut à l'ours géant à deux têtes qui avaient attaqué la ville.

    Noré fronça les sourcils :

    -De quoi tu parles ?

    -Les sorcières ont vu grand pour un détournement d'attention.

    -Elles sont cinglées.

    Il reprit sur un ton enjoué :

    -Bref, les choses s'arrangent, le nouvel empereur a passé un accord avec la Sinia, donc pas de guerre. Il est glorifié dans toute la Métane.

    Noré soupira :

    -Je vois, à lui la reconnaissance et la gloire.

    Titian conclu en se grattant la tête :

    -Et à nous les cicatrices et les cauchemars.

     

    FIN


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