• -Non !

    Noré tenta d’apercevoir Algol tandis qu’il s'agrippait à son pied et son pantalon. Un regard vers le bas et elle vit les créatures agglutinaient sous eux, l'une d'elle ayant saisit les jambes du Vemepyre. Celui-ci subissait déjà les effets de la lumière du jour et Noré se souvint à quelle vitesse elle pouvait le faire mourir de soif. Mais son attention fut reportée sur la corde, car avec les créatures qui tiraient en-dessous, le nœud commençait à se resserrer. Elle chercha à le relâcher un peu, mais c'était impossible temps que les sorcières tiraient de leur côté et elle allait le leur crier quand Xilanos la devança:

    -Arrêtez de tirer, là-haut !

    Noré commençait à sentir la corde lui rentrer dans la chair et elle cria de plus belle :

    -Arrêtez maintenant !

    D’un coup, la corde ne bougea plus. La jeune fille poussa un soupir de soulagement et tenta de nouveau de la relâcher. Tout en jetant des coups d'œil frénétiques vers Algol qui essayait de se débarrasser des créatures, elle chercha son poignard. Ne le trouvant pas à sa ceinture, la jeune fille chercha frénétiquement dans sa mémoire où elle avait pu le mettre. Puis, elle se revit le donner à Algol et  chercha à voir si le Vemepyre le possédait encore. Celui-ci s'accrochait de ses deux mains à la jambe de la jeune fille et il était évident qu'il ne l'avait plus.

    -Noré ! Attention !

    Noré leva d'abord la tête, comme pour vérifier que c'était bien Xilanos qui avait parlé, puis chercha du regard ce contre quoi il l'avertissait. Elle ne tarda pas à la voir, la créature qui avait grimpé au mur du puits. Elle tendait le bras dans le vide, cherchant à tâtons où ils pouvaient se trouver. Noré se pencha autant qu'elle put du côté opposé, se balançant sur la corde. Mais le poids d'Algol l'empêcha de s'éloigner suffisamment et la créature finit par lui toucher la jambe. Elle poussa son cri et, prenant appui sur le mur, se jeta sur Noré. Celle-ci balaya l'air de son bras en criant de frayeur. Elle toucha la créature, l’envoyant se percuter contre la paroi dans un fracas d'os brisé. Le corps désarticulé chuta au fond du puits et ses congénères finirent par se jeter dessus. Algol fut lâché et réussi à rattraper la corde, mais d'autre escaladé déjà le puits, une main dans le vide pour les trouver. Tous trois se mirent à hurler :

    -Faites-nous monter ! Vite ! Vite !

    La corde repartit de plus belle et ils se retrouvèrent à la surface, rampant sur le sol pour s'éloigner du puits. Les deux sorcières se tenaient à quelques mètres d'eux, se maintenant au-dessus du sol, leurs yeux violets les scrutant avec curiosité. Algol, les lèvres gercées, la peau craquelée, rabattit vivement sa capuche sur sa tête et remonta le foulard qui pendait à son cou sur son visage. Xilanos et Noré s'évertuaient à retirer la corde, alors que le Vemepyre criait aux sorcières :

    -Restez pas planté là ! Elles arrivent !

    Les créatures jaillirent, griffant et mordant l'air, les cherchant à l'aveuglette. Xilanos saisit Noré et cria à Algol :

    -Debout ! Allez !

    Le vent se leva soudain, la corde se délia d'elle-même et se mit à fouetter l'air, tranchant les créatures. Les marais résonnèrent de hurlement suraigu, alors que les morceaux étaient engloutis dans le puits par les êtres qui l'habitaient. Les trois compagnons coururent à travers les roseaux, ralenti par l'eau qui leur arrivait à la taille, vers les sorcières. Celles-ci étaient concentrées sur le massacre des créatures et ne leur prêtèrent pas attention. Lorsqu'ils furent à leur hauteur, Noré leur lança :

    -Hé ! Descendez !

    D'un bond Xilanos saisit la robe de l'une d'elle, attirant son attention. La sorcière s'approcha, mais ne pénétra pas dans l'eau. Xilanos saisit Noré à la taille et la souleva pour qu'elle puisse atteindre le cou de la jeune femme. Elle réussit à se hisser, alors que la deuxième descendait. Les créatures emplissaient l'air de leur hurlement strident, cette fois plus rageur que douloureux. Algol crut nécessaire de préciser :

    -Elles sont sorties du puits !

    Perchée sur la sorcière, Noré entrapercevait l'éclat blanc de leurs écailles à travers les roseaux, tandis qu'elles guettaient dans l'eau le moindre signe de leur présence.

    -Vas-y, Algol ! Appuis-toi !

    Xilanos croisa les doigts, Algol posa le pied sur ses mains jointes et se redressa pour attraper la sorcière. Lorsqu'il fut bien accroché, les deux femmes se penchèrent en avant, saisir chacune un bras de l'Aurien et reprirent leur envol avec une grande lenteur. Xilanos remonta ses jambes à temps, alors que les créatures se jetaient là où ils s'étaient trouvés quelques secondes plus tôt. Ils s'envolèrent enfin et Noré regarda s'éloigner les créatures blanchâtres avec un incroyable soulagement.

    Cependant, son inquiétude s'orienta aussitôt vers Xilanos. Les sorcières ne pourraient certainement pas les porter tous les trois bien longtemps. Même si elle voyait bien que les femmes formaient un vent autour du garçon pour les aider à le porter. Ils traversèrent le ciel noir plus lentement qu'ils ne l'avaient fait à l'allée. Puis, les sorcières échangèrent un regard et comme si cela avait suffi, elles décidèrent d'un commun accord de descendre. Ils atterrirent sur une terre de pierre blanche et pendant un instant, ils restèrent tous silencieux à regarder autour d'eux. Tendus, attendant l'arrivée d'éventuel assaillants. Le sol n'était qu'un amas de cailloux blancs qui s'étendait à perte de vue. Les deux sorcières s'assirent pour reprendre leur souffle. Noré s'inquiéta :

    -Est-ce que vous arriverez à nous ramener tous ?

    Algol, qui s'était éloigné pour observer les environs, revint vers elles :

    -Vous n'aurez qu'à me laisser en route.

    Noré lui fit face :

    -Non, il faut que tu viennes avec nous.

    -Non, il faut que je rentre chez moi.

    -Mais comment je peux te faire comprendre que tu seras plus en sécurité chez les sorcières ?

    -Tu ne le peux pas, fous-moi la paix. 

    Xilanos s'approcha :

    -Je peux te parler.

    Algol fixa l'Aurien avant de hocher la tête d'un air résigné. Ils s'éloignèrent tous deux de quelques pas, suffisamment pour que Noré ne put entendre ce qu'ils se disaient. Elle les observa intensément essayant de deviner comment la discussion allait progresser. Algol fixait le sol, les bras croisés. Face à lui, Xilanos, les mains sur les hanches, parlait calmement. Le Vemepyre hocha la tête régulièrement montrant qu'il prêtait attention à ce qui était dit. Puis, il ricana, releva son regard et observa Xilanos en plissant les yeux. Il dit quelque chose, en gardant un sourire sardonique aux lèvres. L'Aurien leva les bras au ciel dans un signe d'agacement et recommença à parler, légèrement penchait en avant, appuyant ses paroles avec des gestes. Algol serra les dents, son corps se tendit de colère et ses yeux fusillèrent l'Aurien. Il hurla soudain :

    -Dac lxixi iwv dax !

    (mon frère est mort !)

    Noré n'entendit pas la suite, mais il la pointa du doigt d'un geste furieux. Xilanos lui jeta un regard, croisa les bras et revint sur Algol. Il parla plus calmement,. Le Vemepyre secoua la tête de manière négative en tournant le dos à son interlocuteur, s'éloigna de quelques pas, avant de revenir. Une des sorcières se leva et s'approcha de Noré pour lui dire :

    -Nous sommes prêtes à repartir.

    -Oui, attendez.

    Algol avait repris la parole et Xilanos répondit, puis pendant quelques secondes, aucun des deux n'ouvrit la bouche. Algol réfléchissait, il finit par dire quelque chose et l'Aurien répondit en hochant la tête de manière affirmative. Il sembla réfléchir à nouveau avant de répondre. A la grimace qu'il faisait en parlant, Noré devina que cela lui coûtait de donner cette réponse. Xilanos approuva et ils revinrent vers elle. Algol s'éloigna pour parler avec une des sorcières et Xilanos dit à Noré :

    -C'est bon, il vient.

    Elle le fixa avec soulagement :

    -Comment tu as fais ?

    -Je lui ai rappelé que les chevaliers savaient où trouver son peuple et qu'ils n'étaient visiblement plus disposés à rester en paix, vu qu'il l'ont envoyé aux marais. Donc, quoiqu'il veuille de toute façon, tous les Vemepyres sont en danger et ce qu'il a de mieux à faire c'est de venir chercher une solution avec nous. Bien sûr, je ne pense pas que cette excuse fonctionne longtemps, mais espérons que cela soit suffisant.

    Algol leur lança avec humeur :

    -Alors, on y va !

    Ils répondirent en chœur :

    -Oui, oui.

    -Miw jiyxiw zu'efw di lacv njeix bayx zyi hi teicci iv n'iwv iyr zye vxoeci.

    (des heures qu'ils me font chié pour que je vienne et c'est eux qui traîne)

    Une des sorcières dit :

    -On va porter les garçons et Noré au milieu.

    La jeune fille répliqua d'une voix blanche :

    -Quelle chance.

    Xilanos sourit :

    -Tu verras, ce n'est pas si terrible.

    Les garçons s'agrippèrent au cou des sorcières et celles-ci prirent Noré par les bras. Au moment où elles reprenaient leur vol, l'adolescente sentit un vent s'engouffrer sous elle et la porter. Quant ils commencèrent à prendre de la hauteur, elle se concentra sur l'horizon, plutôt que sur ses jambes qui pendaient dans le vide.

    -J'ai quelques questions tout de même. Comment avez-vous fabriqué ces cordes ?

    Elle remercia Algol de lui donner de quoi détourner son attention et elle prêta un grand intérêt à la réponse de la sorcière :

    -Ce serais trop compliqué à expliquer.

    -Vous en avez toujours sur vous ?

    -Oui, nous les utilisons comme ceinture.

    Il tourna la tête pour tenter d'apercevoir la taille de la jeune femme et Noré fit de même, mais ne vit qu'une bande de tissu pour toute ceinture. Sans doute était-elle en dessous. Algol poursuivit :

    -Une corde si longue, cela devrait se voir.

    -Elle peut se raccourcir.

    -Vraiment ? On ne pourrait pas faire demi-tour et récupérer celle que nous avons abandonné dans les marais ? Vous me la donnez et je l'emmène chez moi. Je pense que mon peuple serait intéressé de voir cela.

    -J'ai récupéré la corde.

    -Quand ça ?

    -Au moment de décoller, je l'ai rappelé.

    -Comme on le fait avec un animal ?

    -En quelque sorte.

    Noré chercha le moment où elle avait pu ramasser la corde, mais tout c'était déroulé si vite qu'elle n'y parvint pas. Algol était resté sans voix. Visiblement, le savoir-faire des sorcières étaient pour lui d'un grand intérêt. Peut-être cela le persuaderait-il de rester chez elles le temps suffisant pour qu'ils trouvent une solution. Après encore quelques pauses, ils traversèrent la brume et atteignirent la falaise des sorcières de l'autre côté. Ils atterrirent et Noré fut bien contente de sentir le sol sous ses pieds. Elle tangua légèrement, à cause de ses jambes flageolantes.

    -Ah bah, quand même.

    Titian, Soria et Lyan ne devaient pas être loin, puisqu'ils furent là aussitôt après qu'ils soient arrivés. Le pirate aperçut Algol et bailla en disant :

    -Vous avez réussi à le ramener.

    Puis se tournant vers Soria :

    -Je te paierai quand j'aurais de l'argent.

    Lyan alla serrer Noré dans ses bras en souriant :

    -Ils ont parié que tu ne le ramènerais pas.

    La jeune fille rit en se demandant depuis combien de temps elle était parti. Leur errance dans les tunnels n'avaient pas dut durer plus de quelques heures, peut-être même moins d'une heure. Soria lui donna aussi une étreinte et le pirate se contenta d'observer la scène de loin. Algol trancha net les retrouvailles en lançant froidement :

    -Excusez-moi, mais je ne suis là que pour trouver un moyen de sortir mon peuple du merdier dans lequel vous l'avez foutu.

    Lyan vint le saluer :

    -Je suis Lyan Zilla, du septième anneaux du ciel. Le père de Noré.

    -Je ne me vanterais pas de ce genre de chose si j'étais vous.

    -Je vois.

    Algol se détourna et lança à la ronde :

    -Est-ce qu'on peut me dire ce que l'on compte faire ?

    Titian s'avança d'un pas nonchalant, l'air particulièrement fier de lui :

    -On a trouvé un plan infaillible.

    Noré se redressa :

    -Vraiment ?

    Xilanos, plus méfiant, demanda avec circonspection :

    -Un plan qui réglerait tous nos problèmes sans aucunes pertes humaines et en un minimum de temps ?

    Gardant son air triomphant, Titian répartit :

    -Non, mais ce que tu penses, je m'en fous.

    Soria calma les deux garçons d'un geste des bras et dit :

    -Venez tous, nous devons en parler.

    Les sorcières s'éloignèrent vers la forêt :

    -Nous allons retrouver Vino.

    -Très bien. Les autres, si vous voulez bien me suivre.

    Alors qu'ils se mettaient en marche vers le campement, Lyan fit part au groupe sur un ton de confidence :

    -Les sorcières sont étranges dernièrement.

    Titian haussa les épaules :

    -Pas plus que d'ordinaire. Du moment qu'elles se tiennent loin de moi, tout va bien.

    -Tu n'as pas remarqué que Vino passe beaucoup de temps dans la forêt ?

    -Tu es là depuis un jour ou deux et tu prétends pouvoir définir en quoi le comportement d'une sorcière est louche ?

    -Quand je suis arrivé, elle passait son temps à tourner autour des inventions.

    -Elles font des cages pour les Tiarks.

    Ils se tournèrent vers Noré qui précisa :

    -C'est ce que j'ai déduis de ce que j'ai vu lorsque je suis allé demander à Vino si je pouvais partir.

    Elle voyait encore clairement les grandes grilles étendues sur le sol et ne vit pas ce que cela pouvait être d'autre. Lyan n'en démordit pas :

    -Si c'est le cas, pourquoi se cacher dans la forêt ?

    Elles ont peut-être plus de place là où elles sont.

    Lyan ne rajouta rien, bien qu'il fut évident qu'il n'était toujours pas convaincu. Noré était plutôt de l'avis de Titian. Ils ne connaissaient pas suffisamment les sorcières pour savoir ce qui tenait vraiment de leur habitude ou pas. A cet instant, ils arrivèrent au campement. Lyan proposa :

    -Séparons-nous pour réunir tout le monde.

    Ils s'exécutèrent bien que Noré mourrait d'envie de reporter à plus tard. Toutes ces émotions l'avaient épuisé et elle rêvait juste de se glisser dans un lit et se laisser sombrer. L'adolescente traîna entre les baraques, avertissant ceux qu'elle croisait de se réunir vers le chemin. Quand elle ne vit plus personne qui ne fut pas au courant, elle rejoignit les autres. En voyant le groupe qui s'amassait autour de lui, Algol ricana :

    -C'est que vous en avez mis du monde dans la merde.

    Titian s'étira en se grattant la tête :

    -Oh, tais-toi donc, on a compris que tu n'étais pas content.

    Lyan signala à tout le monde en souriant :

    -Ce charmant jeune homme est Algol, roi des Vemepyre.

    Il y eut des salutations marmonnées, d'autre plus chaleureuses mais il était clair que tous attendaient la suite. Noré observa le groupe en essayant de voir s'il ne manquait personne. Elle fut heureuse d'apercevoir Azaque, Cil, Qizorc et Korrane et les salua d'un geste de la main. Ils lui rendirent son salut et veillèrent à rester à l'écart du groupe. La jeune fille imaginait facilement comment des Tiarks pouvaient se sentir mal-à-l'aise ainsi entouraient. En revoyant leur cheveux et yeux gris, elle trouva une certaine ressemblance avec les Vemepyre et se demanda si les deux races n'étaient pas apparentés d'une certaine manière. Le chef Korrane portait un foulard noir sur ses yeux aveugles et gardait une main sur l'épaule de Qizorc qui devait lui servir de guide. Le capitaine Pakt rejoignit Noré et les autres au centre du cercle formait par les participants.

    -Bon, nous avons longuement discuté et maintenant que nous sommes tous là...

    Il jeta un regard à Noré pour chercher confirmation et celle-ci hocha la tête. Elle avait beau réfléchir, personne d'autre ne lui venait à l'esprit. Alors Pakt reprit :

    -Nous allons exposer le plan. Un plan qui permettra à chacun de rentrer chez lui.

    Il observa les réactions et voyant que tous était suspendu à ses lèvres, il poursuivit :

    -Cela demandera d'énorme sacrifice de votre part, mais sachez que nous avons envisagé toutes les solutions, c'est la seule qui soit, disons... définitive.

    Nanz lança :

    -De quoi il s'agit ?

    -D'une guerre, une guerre à laquelle on demande à vos peuples de participer.

    Un lourd silence s'abattit sur l'assemblée. Noré ferma les yeux, découragée. Finalement, ils devraient passer par là. Darion se leva, sa fille dans les bras :

    -Attendez, nous ne sommes pas tous des guerriers. Je n'ai absolument aucune expérience des armes.

    Cela déclencha une réaction chez les autres qui se mirent à tous parler en même temps. Lyan apaisa le groupe en lançant d'une voix forte :

    -Il n'y a qu'en renversant l'empereur que nous pourrons retrouver la paix et empêcher une guerre qui coûterait la vie à d'innombrable personne. C'est la seule solution que nous avons trouvé, mais nous avons aussi décidé de vous laisser le temps d'y réfléchir. Nous avons conscience que cela n'est pas une décision facile. Malheureusement, nous ne pouvons vous laisser guère plus que quelques jours, après quoi, il nous faudra agir coûte que coûte.

    Ils attendirent un peu, attendant la suite, mais comme Pakt ne semblait pas décidé à reprendre la parole, le groupe se dispersa lentement dans un brouhaha discret. Xilanos traduit la pensée de Noré :

    -C'est tout ? C'est ça le plan ?

    Lyan grimaça : 

    -Non bien sûr. Mais nous préférons savoir qui viendra en premier lieu. Inutile d'exposer un plan si personne ne veut nous suivre.

    -Alors je vais m'assurer qu'au moins un peuple le fasse.

    Et Xilanos alla retrouver Eliana et les Auriens, tandis qu'Algol s'éloignait, sans doute pour réfléchir seul. Denelann fit signe à sa soeur de les rejoindre et Soria embrassa Titian avant de s'éloigner. Noré se tourna vers son père :

    -Et si aucun ne veut venir ?

    Il passa la main dans ses cheveux courts avec un sourire gêné :

    -Je suppose que l'on ne devra compter que sur les sorcières.

    -Les sorcières ? Elles vont nous aider ?

    -Eh bien, nous avons eu une grande discussion avec Vino et nous avons pu la convaincre, mais elle a hâte que toute cette histoire ce finisse.

    Titian bailla et se gratta la tête :

    -Comme nous tous.

    -Je croyais que tu te méfiais de Vino ?

    Lyan sourit à sa fille :

    -C'est bien pourquoi j'espère que l'on aura pas à compter que sur les sorcières.

    Noré soupira :

    -Je crois que je vais aller manger quelque chose et dormir.

    -Oui, tu as l'air fatiguée. Quant tu te seras reposée, il faudra que tu nous racontes comment tu as convaincu cet Algol.

    La jeune fille s'éloigna en baillant, s'approcha des réserves posées sur un large tissu à même le sol. C'était un tas composite de tous les régimes alimentaires qui composaient les membres du campement. À mi-distance, elle hésita entre manger et dormir ou dormir et manger. L'adolescente se décida finalement pour la seconde option et se glissa dans une des baraques sans même se préoccuper de savoir si c'était la sienne. Elle se glissa sous les couvertures et s'endormit d'un sommeil de plomb.

    Le soleil se levait à peine lorsqu'elle se réveilla, mais des éclats de voix l'empêchèrent de se rendormir. Noré sortit de la cabane pour voir ce qu'il se passait et aperçut, un peu à l'écart du campement, les jumeaux qui se faisaient face et Korrane derrière Teruret. Le Tiark portait encore des traces du pelage fluorescent du loup qu'il avait été durant la nuit. La jeune fille ne pensa même pas à se demander s'il avait ou non était enfermé pendant cette période, car elle se préoccupa aussitôt du fait que Meratir semblait furieux. Surprise, Noré demanda :

    -Que se passe-t-il ?

    Le chevalier se tourna vers elle, mais se contenta de jeter un regard à son frère sans rien dire.

    -C'est quoi ce bordel ?

    C'était Titian qui avait sans doute était réveillé par la dispute, il était suivi de Soria qui se frottait les yeux d'un air ensommeillé. Noré attendit une réponse, mais tout ce qu'elle reçut fut un poignard lançait par Teruret.


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