Léonie avait à peine posé le pied au sol qu'un hurlement se fit entendre dans la forêt qui l'entourait.

-On pourrait peut-être faire demi-tour. Ou venir plus tard.

Elle jeta un regard en coin à Dililou :

-On peut faire ça ?

Le petit porteur eut un petit sourire crispé :

-J'aimerais bien.

La fillette grimaça :

-On va par où alors ?

Dililou pointa une direction et Léonie tapa dans ses mains pour se donner du courage :

-Allons-y.

Le garçon se secoua :

-Tu as raison. Pus vite on aura trouvé le morceau qui manque, plus vite on pourra repartir.

Léonie hocha la tête, inspira profondément et se mit en marche. Ils marchèrent un bon moment au milieu des bois avant que la fillette ne demande :

-C'est normal si on entend plus rien ?

Le lutin avoua :

-Je ne prendrais pas ça comme une mauvaise nouvelle. Je préfère ça aux hurlements.

La fillette marchait avec précaution, en observant les alentours :

-Tu n'as pas une idée de ce que ça pouvait être ? Ça nous aiderait de savoir ce qui nous attends pour une fois.

-C'est vrai, mais non.

-Pense très fort. Tu sais où on est ?

Le petit porteur fit la moue en observant les arbres :

-Je dirais Amérique.

La fillette sourit :

-Ah, c'est pas mal. Et il y a quoi qui crie comme ça en Amérique ?

Elle se figea en entendant un bruissement derrière elle :

-C'est normal ça ?

Le garçon, tout crispé, répondit :

-Un animal, peut-être ? Un petit, tout petit animal.

-Un mignon ?

-Oui, tout petit et tout mignon.

Le bruissement se rapprocha, des branches craquèrent et un souffle rauque se fit entendre. Dililou proposa :

-Même si c'est un petit animal, on devrait peut-être courir.

Léonie approuva en grommelant :

-Il n'y a toujours que moi qui court quand même.

Elle hésita sur la direction à prendre et opta pour celle qui l'éloignait du bruit, mais aussi de l'escalier. La fillette dévala une pente, sauta par-dessus un petit ruisseau et se cacha derrière un buisson pour reprendre son souffle.

-Tu crois qu'on l'a semé ?

Léonie répliqua entre deux respirations :

-Je ne sais pas. Je ne sais pas ce que c'était. Si ça se trouve, ça court très vite.

Le petit porteur sauta au sol :

-Je vais jeter un coup d’œil pour savoir s'il est dans le coin.

La fillette attendit quelques minutes, recroquevillée derrière son buisson, avant que son ami ne revienne :

-Je crois que la voie est libre.

Elle se redressa :

-On va par où maintenant ?

Le bruissement se fit de nouveau entendre. Ils échangèrent un regard, Dililou sauta sur son épaule et elle se remit à courir. Lorsqu'elle dû s'arrêter de nouveau pour reprendre son souffle, Léonie dit ;

-Tu peux donner la direction ? Que je courre au moins dans le bon sens ?

Le petit porteur grimaça encore :

-Alors... j'ai regardé pendant que l'on courrait et j'ai une mauvaise nouvelle.

-Je ne suis pas vraiment étonnée.

Dililou rit jaune :

-D’après la couronne, le morceau nous suis.

Léonie fronça les sourcils :

-Comment il nous suit ?

-Je crois qu'il est sur... la chose qui nous suit.

La fillette battit des paupières :

-C'est vraiment pas une bonne nouvelle, ça.

Il secoua la tête.

-On fait quoi alors ?

Le petit porteur haussa les épaules et elle proposa :

-Tu pourrais peut-être allé lui parler. Lui demander de nous donner le morceau. Après tout, ça a marché la dernière fois.

Il la corrigea :

-En fait, elle s'est portée volontaire toute seule. Je ne suis pas sûr que ce soit le cas de celle-là.

Le souffle rauque se fit entendre.

-Tu devrais quand même essayer. Ça a l'air gros.

-Raisons pour laquelle je devrais rester caché.

Ils se terrèrent derrière un tronc d'arbre quand la créature fut trop proche. Dililou proposa :

-Tu pourrais attirer son attention pendant que je récupère le morceau.

La fillette refusa catégoriquement :

-Je pense que c'est toi qui devrait y aller. Tu es tout petit, il ne t'attrapera pas aussi facilement.

Le petit porteur chercha un contre argument, mais n'en trouva pas :

-Bon, je cours très vite et ensuite ?

Léonie pinça les lèvres en réfléchissant :

-Peut-être qu'il finira par se fatiguer.

Dililou ne parut pas convaincu.

-Tu n'as pas un pouvoir qui pourrait aider ?

Le garçon soupira :

-Pas vraiment.

La créature était maintenant juste à côté et Dililou finit par dire :

-Bon, j'y vais.

Il bondit hors de la cachette en criant de tous se poumons. Léonie entendit la chose gronder avant de se jeter à la poursuite du garçon. Elle lui fit penser à un homme couvert de fourrure. Le morceau de couronne y était accroché. Dililou tourna en rond un bond moment avec la créature à ses trousses. Léonie pouvait le voir faire de l'endroit où elle se trouvait et elle se demanda si la créature n'était pas un peu bête.

Lorsque celle-ci passa sous des branches basses, la fourrure s'accrocha faisant tomber le morceau au sol. Léonie courut le ramasser puis appela :

-Dililou ! Je l'ai !

Sans attendre, elle se mit à courir et, bientôt, elle entendit le petit porteur lancer :

-L'escalier est dans l'autre sens !

Léonie fit demi-tour en espérant que la créature ne s'occuperait pas d'elle. La voix de Dililou continuait de lui parvenir, la dirigeant vers sa destination. Elle fut bien contente d'atteindre les escaliers. Quand elle se trouva en sécurité, elle se retourna pour apercevoir Dililou qui arrivait. Il sauta sur la première marche, alors que la créature se trouvait bloqué en bas. La fillette fronça le nez en voyant la créature de si près :

-C'est quoi ça ?

Dililou reprenait son souffle en répondant :

-Un Sasquatch.

-C'est pas mignon du tout.

Dililou ne put qu'acquiescer. Ils montèrent rapidement jusqu'à la plate-forme.

-Regarde ça.

Léonie se tourna pour voir ce qu'il montrait. La couronne était presque complète.

-Il ne manque qu'un seul morceau.

La fillette tapa des mains :

-On le trouve et je vais me coucher, chouette !