• Cinquième battement

    Reste loin d’eux, OK, facile. Enfin, dès que j’arriverais à me souvenir de leurs têtes. Le seul que Nouphilo avait en mémoire était le garçon qu’il avait frappé en deuxième. Celui qui était allé chez le secrétaire général. Bah, ils doivent se déplacer en troupeau, si je le vois, je verrais les autres.

    -Nouphilo ?

    Il sursauta en apercevant la fille qui s’était approchée de sa table. Personne ne s’approchait de sa table. Il dût paraître perplexe, car elle continua d’une petite voix :

    -Le prof vient de dire que l’on doit faire les questions à deux.

    Et toi et tes amis êtes en nombre impair, c’est pas de pot ça quand même. Il sourit en montrant la place libre à côté de lui. Elle s’installa avec précaution et posa une feuille entre eux :

    -C’est les questions auxquelles on doit répondre.

    -OK.

    Nouphilo commença à lire tandis qu’elle reprenait :

    -Tu veux écrire ou j’écris ?

    -Il ramasse les copies ?

    Elle sourit :

    -T’as rien écouté ou quoi ?

    La remarque était faite sans méchanceté, plutôt avec amusement. Alors c’est avec humour qu’il répondit :

    -Je me penchais sur les mystères de ma vie.

    Elle rit :

    -OK, donc on écrit les réponses sur une feuille qu’il ramasse, après qu’il est interrogé différent groupe.

    -D’accord, écris.

    Il lui tendit une feuille blanche sur laquelle elle nota leurs noms avec application et il eut même la gentillesse de lui épeler son nom de famille et son prénom. Pour le reste, il n’eut pas grand chose à faire. La fille proposait des réponses qui lui paraissait juste, alors il se contentait d’approuver d’un hochement de tête. Qu’elle aille raconter après qu’il n’avait rien fait lors du devoir, Nouphilo s’en moquait complètement. Ce n'est pas comme s’ils allaient se reparler après le cours. Le temps fut écoulé et le professeur commença à les interroger, puis il ramassa les feuilles au moment où la sonnerie raisonnait. Nouphilo attendit que l'adolescente ait ramassé ses affaires avant de bouger. Lorsqu'elle se leva pour retourner à sa place, elle lui sourit en disant discrètement :

    -Salut.

    Le garçon répondit par un hochement de tête et la regarda s’éloigner vers ses deux amies qui l’attendaient en riant doucement. Nouphilo n’y prêta pas attention et rangea son sac, mais tandis qu’elles passaient près de sa table pour sortir, il entendit la fille murmurer :

    -Non, je vous jure, il est pas si taré que ça.

    Il sourit à l’idée que tout le monde le prenne pour un grand psychopathe. Cela aurait été bien si les quatre garçons de la nuit pouvaient le croire aussi. Cela simplifierait ses affaires.

    -Un appel pour Erlhas Moylin, veuillez vous rendre à l’accueil.

    Nouphilo écouta l’annonce et fut bien content que cela ne soit pas lié à lui pour une fois. Erlhas serait sans doute soulagé aussi. Il se diriga à pas joyeux vers le réfectoire, s’il faisait bien attention, il passerait une bonne journée. Bon, d’accord, l'adolescent faisait toujours attention, mais il le ferait deux fois plus à l’avenir.

    Sa boîte de déjeuner sous le bras, il partit se réfugier dans l’ancienne salle de musique. Une fois devant le piano, il positionna ses doigts avec précaution avant d’appuyer lourdement dessus en rythme :

    -Ce soir c’est le weewee, le week-end, on va faire dodo doooododoooo.

    Il massacra les touches durant plusieurs minutes en fredonnant les mêmes paroles, avant de manger puis de retourner en classe. À l’idée que le lendemain il pourrait traîner au lit, il se sentait d’humeur joyeuse.

     

    Une fois les élèves installés, le professeur commença :

    -Avant tout, je souhaiterais vous rappeler à ceux dont les parents viennent demain, d’aller en informer l’accueil.

    Ah oui, c’est demain. Nouphilo soupira, cela allait faire encore un sacré bazar. Une fois par semestre, les parents pouvaient venir passer une journée en compagnie de leurs enfants. Pour son plus grand soulagement, les siens ne faisaient pas partie du lot, donc il pourrait dormir, mais il y aurait de l’agitation partout. Tant pis, je sortirais que pour manger. Tel l’animal traqué. Il pouffa de rire avant de reprendre son sérieux alors que le professeur se tournait dans sa direction.

    La fin des cours arriva enfin. Nouphilo trépigna en attendant que tous sortent et que le couloir se vide. Lorsque, enfin, il put monter les escaliers menant au dortoir, une pensée le frappa soudain. Et si les quatre garçons avaient prévu une autre blague pour cette nuit ? Il cessa de fredonner et grimpa les marches pensivement. En arrivant à l’étage du dortoir, il se trouva face à la porte de la chambre de Erlhas. Est-ce qu’il a pensé à dire aux autres qu’ils avaient une heure de colle ? OK, c’est pas grand choses, mais quand même, ça peut les calmer. Enfin, s’il leur a dit, mais il a d’autre chose à faire aussi. On peut pas dire que pour lui ce soit d'une grande importance. Je devrais peut-être le lui rappeler, mais ça va peut-être l'énerver. En même temps, maintenant que tu t'es mis en tête qu'ils risquent de recommencer, t'es pas près de dormir. Il vaut mieux être sûr.

    Il ravala la boule d’angoisse qui lui serrait la gorge et toqua à la porte. Celle-ci s’ouvrit avec violence laissant apparaître un Erlhas furieux qui cria :

    -QUOI ENCORE ?!!!

    Nouphilo fit un bond en arrière alors que son cœur manquait un battement. Devant l’expression de colère de Erlhas, il hésita. Fous le camp, vite. Mais si je le dérange pour dire que finalement y a rien, c’est contre moi qu’il sera furax. Vaut mieux lui parler directement, qu’il croit pas que je l’ai dérangé pour rien.

    D’une petite voix, il demanda :

    -Je voulais juste savoir à quel jour était fixé les heures de colle des quatre autres là, ceux de cette nuit.

    Erlhas sembla un instant perdu, puis il se souvint :

    -Leur… oh, merde, j’ai oublié.

    Derrière lui, Sebizan apparut :

    -De quoi ?

    Sans lui répondre, Erlhas dépassa Nouphilo pour s’élancer dans l’escalier :

    -Bah je vais y aller maintenant, au moins ça va me défouler.

    Nouphilo se retrouva seul avec Sebizan qui avait l’air sombre. Il s’est passé un truc.

    -Il est désolé.

    Réalisant que c’était à lui que le garçon parlait, Nouphilo répliqua :

    -Pardon ?

    -Il est désolé de t’avoir crié dessus.

    De l’étage du dessous, une voix jaillit soudain :

    -Hé ! Sebizan !

    -Qu’est-ce que tu fous encore là toi ? T’avais pas des gars sur qui crier ?

    -J’y vais, file des bonbons à Nouphilo avant qu’il parte.

    Les pas s’éloignèrent de nouveau et Sebizan sourit faiblement :

    -Entre, je vais te donner ton dû.

    Nouphilo obéit et observa la chambre avec curiosité. C’était la première fois qu’il entrait dans une autre chambre que la sienne. Si on lui avait posé la question sur comment il imaginait la chambre de Erlhas et Sebizan, il aurait sans doute répondu que du côté du premier l’ordre devait régner à l’inverse du second. Il aurait été surpris. La chambre était rangée de façon raisonnable, rien ne traînait par terre. Les lits étaient fait à la va-vite, quant aux bureaux, ils débordaient de papier, crayons et livre de cours dans un désordre le plus complet. Nouphilo se demanda où ils faisaient leur devoir par conséquent.

    -Il a eu une mauvaise nouvelle.

    -Ah.

    Nouphilo n’ajouta rien de plus, bien qu’il fût curieux de savoir de quoi il s’agissait. Mais il partait toujours du principe que si une personne ne parlait pas, c’est qu’elle n’en avait pas envie. Alors pourquoi poser des questions ? Si Sebizan voulait en dire plus, il le ferait de lui-même. Cependant, il ne s’y attendait pas, après tout, cela ne le regardait pas.

    -La caverne au trésor se trouve ici, dit Sebizan en ouvrant le tiroir d’un des bureaux.

    Nouphilo s’attarda sur le bazar qui se trouver dessus pour apercevoir un livre qu’il avait lu récemment et appréciait.

    -Erlhas est en train de le lire ?

    Sebizan se redressa pour voir ce dont il parlait. Il rit en voyant le livre :

    -J’aimerais bien, mais il est pas foutu d’ouvrir un bouquin.

    Nouphilo fut sincèrement surpris :

    -Il ne lit pas ? Vraiment rien ?

    -Non, il a horreur de ça. Si les profs ne demandaient pas de lecture, il lirait vraiment jamais. Tiens.

    Nouphilo avait écouté en gardant les yeux sur le livre. Ça veut dire….

    -C’est toi qui lis alors ? C’est bizarre.

    Sebizan sourit, le bras toujours tendu pour lui donner le paquet de bonbon.

    -L’analphabète n’était pas celui que tu croyais, étonnant, hein ?

    Il se sentit gêné et baissa les yeux sans répondre.

    -Merci, murmura-t-il en prenant le sachet.

    Il s’empressa de tourner les talons et de sortir. Ah c’est malin. Il va le raconter à Erlhas à tous les coups. Franchement il va penser quoi ? Il imaginait facilement Sebizan se tordant de rire en racontant la surprise qui avait dut se lire sur son visage en apprenant que Erlhas n’était pas un grand lecteur. Lui-même lisait beaucoup et il s’était imaginait que l’élève modèle qu’était son chef de dortoir devait en faire autant. Il va peut-être penser que je le trouve stupide du coup. Il referma la porte de sa chambre et se raisonna. C'est pas si dramatique franchement, si cela se trouve, il ne s'en souviendra même plus d'ici ce soir. Après tout, pour lui cela avait probablement été une discussion insignifiante. C'est pas vrai, tu vas pas stresser pour un truc pareil. Il avait la gorge nouée, se sentait honteux. Bah si, tu stresses. C'était rien, abruti.

    Frustré de ne pouvoir se contrôler, il donna un coup de tête à la porte et laissa échapper un cri de douleur. Il se frotta le crâne en riant :

    -OK, ça c’était stupide. Aouch.

     

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