• Chapitre 7

    Charon ne saisissait pas. Les dieux mettaient un point d’honneur à transmettre leur savoir à leur successeur, pourtant, à en juger par les papiers qu’il avait devant les yeux, ceux-ci c’était arrêté sans raison pour raconter des choses insignifiantes. Il se laissa retomber sur son lit, se repassant le récit de Lutinor quand à son arrivée au temple. Les dieux avaient différents critères pour choisir leur successeur. Certains s’assurer une descendance auprès d’humains, d’autres prenaient le meilleur humain dans un domaine. Il était devenu très rare que des dieux découvrent des enfants abandonnés sur le seuil de leur temple. Il fronça les sourcils. Lutinor avait-il précisé que c’était au temple ou simplement dans le marais ? Si cela avait été au temple, ça signifiait qu’une femme croyait encore à la divinité à ce moment-là. Si elle était encore vivante, il pourrait savoir qui était ces croyants et l'identité du dieu.

    Il se leva d’un bond et courut dans la chambre voisine en hurlant :

    -Lutinor !

    Le petit dieu se redressa en criant, les cheveux en bataille :

    -Quoi ? Je n’ai rien fait !

    Charon secoua la tête :

    -Mais non, j’ai une question.

    Il bondit sur le lit pour s’attirer toute son attention. Lutinor grommela :

    -Et tu crois qu’en criant j’y répondrais plus vite ?

    -Concentre-toi.

    -Je veux bien, mais déjà au naturel t’es pas content de mes réponses alors au réveil. Tu n’as pas le droit de me taper !

    Charon le dévisagea d’un air blasé :

    -Lutinor, tu n’es pas concentré.

    -Si, mais c’est que j’ai la même tête.

    -Lutinor.

    Le petit dieu cessa de sourire en entendant l’énervement dans la voix de Charon et se focalisa sur lui :

    -Je suis prêt.

    Découpant bien chaque syllabe, afin de s’assurer d’être compris, le sans-âme demanda :

    -Où t’as trouvé ton maître exactement ? Quelque part dans le marais ou à la porte du temple ?

    Lutinor se concentra pour ne pas cligner des yeux et quand il fut sûr que la question était finie, il articula de la même façon :

    -Je n’en sais rien du tout.

    Charon s’affala sur le sol avec un soupir de désespoir. Il aurait dû s’en douter. Il fixa le mur un instant avant de se secouer :

    -Tant pis. Debout, on va s’entraîner pour tes prochaines rencontres. Au programme, la diplomatie des dieux.

    Lutinor donna des coups de pieds dans sa couverture pour s’en dépêtrer et courir après Charon qui se trouvait déjà dehors.

    -Tu vas m’apprendre à me battre ?

    Le sans-âme lui jeta un regard amusé par-dessus son épaule :

    -Bien sûr que non, les gardiens se battent, pas les dieux.

    -Je sais, mais imagine la surprise si moi aussi j’attaque. Yaha, et puis après le coup de pied invisible, youhou.

    Il se mit à tant gesticuler que Charon tapa violemment dans ses mains pour focaliser son attention :

    -Non, tu ne te battras pas, un point c’est tout.

    Lutinor se mit à bouder :

    -Mais, je veux faire ça moi.

    -Pourquoi ?

    -Pour t’aider dans les bagarres. Les autres dieux vont sûrement ramener leur gardien à chaque fois.

    Charon s’arrêta pour lui faire face :

    -Et je les battrais, les uns après les autres. Concentre-toi à devenir un dieu potable et on verra.

    -Parfois tu sais, t’es vraiment, mais alors, pas gentil du tout.

    -AHA !!!

    Charon et Lutinor se dévisagèrent en se demandant comment l’autre avait pu parler sans bouger les lèvres.

    -Tu es le nouveau dieu qui réclame ces terres ?

    Ils levèrent la tête pour découvrir un petit garçon à quelque mètre d’eux. Charon et Lutinor échangèrent un regard surpris. Puis, le petit dieu fit un signe de la main :

    -Je crois que c’est moi.

    Le garçonnet se mit soudain à hurler en lui fonçant dessus. Charon leva le bras et l’enfant se retrouva à flotter dans les airs.

    -Laisse-moi descendre et bats-toi comme un gardien.

    Le sans-âme haussa les sourcils, alors que Lutinor se penchait vers lui pour demander :

    -C’est normal, ça ?

    Charon réfléchit quelque seconde avant d’avouer :

    -Je crois bien que c’est la première fois que je vois ça.

    Le petit dieu s’approcha du garçon qui gesticuler la tête en bas :

    -Bonjour, pourquoi tu voulais me voir exactement ?

    -Je viens défier ton gardien pour que mon maître garde ses terres. Voleur !

    -Tu es un gardien ?

    Charon s’avança à son tour :

    -Qui est ton maître ?

    -La divinité Zerak.

    Il dit cela avec une grande fierté et Lutinor sourit :

    -Et c’est une divinité du coin ?

    Charon soupira, prit Lutinor par l’épaule et l’emmena à l’écart :

    -De toute évidence, notre action d’hier a déjà eu des échos. Si les divinités des environs commencent à s’inquiéter, les gardiens en manquent d’attention risque de débarquer sans arrêt.

    -En manque d’attention ?

    Le sans-âme hocha la tête en vérifiant que son sort tenait toujours :

    -Les dieux qui ont plusieurs gardiens finissent souvent par en délaisser certains au profit d’autres. De cette manière, ils savent que les gardiens abandonnés, effrayés à l’idée d’être renié, feront tout pour racheter leur faveur.

    -Comme venir ici ?

    -Si le gardien arrive à vaincre ton gardien, tu ne pourras pas aller voir la divinité pour réclamer des terres.

    Lutinor hocha la tête :

    -Qu’est-ce qu’on fait alors ?

    -Je vais le vaincre.

    Charon se dirigeait déjà vers le garçon quand le petit dieu l’arrêta :

    -Mais tu vas lui faire mal.

    -Évidemment.

    Lutinor se plaça entre le sans-âme et le petit gardien :

    -Et si tu le vaincs….

    Charon prit un air surpris :

    -Comment ça, si ?

    -D’accord, quand tu l’auras vaincu, il deviendra quoi ?

    -Sa divinité le rejettera certainement.

    -ça veut dire quoi exactement ?

    -Qu’il sera un rebut, un esclave inutile remisé dans un coin.

    Lutinor s’attrista :

    -Mais il veut juste se rendre utile.

    Charon lui lança un regard sévère :

    -C’est comme ça, c’est tout.

    Un nouveau geste de la main et le garçon fut libéré. Il se jeta sur eux, mais Charon pointa l’index vers le sol et le petit gardien se retrouva aussitôt face contre terre.

    -Voilà, on a gagné, rentre chez toi.

    Le garçon marmonna des paroles étouffées par le sol. Lutinor s’accroupit en espérant mieux entendre :

    -Il dit qu’il ne s’est pas rendu et que le combat doit continuer jusqu’à la mort.

    Charon tenta de garder son calme en levant brusquement la main vers le ciel. Le garçon se retrouva debout mais figé.

    -Attaque-moi alors.

    Le petit gardien lui jeta un regard noir, alors que Lutinor se mettait face à lui :

    -Pourquoi ta divinité ne veut plus de toi ?

    Charon se frappa le front de la main en désespoir, pendant que le petit corrigeait d’un air hautain :

    -Ce n’est pas qu’elle ne veut plus de moi, elle est juste occupé à former les autres. Moi, je suis déjà formé.

    Lutinor continua :

    -Alors pourquoi tu es là ? Charon m’a dit que c’est pour te montrer utile et Charon n’a jamais tort.

    Le sans-âme ne chercha pas à démentir.

    -Je suis là pour t’empêcher de voler les terres.

    -Tu sais, en fait, les terres sont à moi… c’est Charon qui l’a dit.

    Cette fois, l’intéressé intervint :

    -Tu n’essaierais pas de me faire porter le chapeau ?

    Le garçon se mit à hurler :

    -Libère-moi qu’on en finisse. Je vais te montrer ma vraie force.

    Lutinor ne put s’empêcher de rire en regardant Charon qui tournait les talons en lançant :

    -Pas aujourd’hui. Si tu ne veux pas t’avouer vaincu, installe-toi.

    Le petit gardien tenta de se libérer en vain. Lutinor lui tapota la tête avec un grand sourire :

    -Ne t’inquiète pas, je t’apporterais à manger.

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