• Chapitre 3

    Lorsque le ciel se teinté d'orange, il estima avoir suffisamment rempli ses poches d'adresses pour s'arrêter. Il retourna à la grille par laquelle ils étaient venu au matin, car c'était là qu'ils avaient convenu de se retrouver. Il était le premier et attendit, sa patience s'envolant peu à peu avec le rafraîchissement de l'air. Il marcha pour tenter de se réchauffer, se frotta vigoureusement les bras et finit par s’asseoir contre le pilier de la grille. Il resta là, sans bouger, encore le meilleur moyen de se réchauffer. Le vent qui s'était calmé au cours de la journée, revenait sournoisement, faisant pleurer ses yeux et couler son nez. Il se recroquevilla d'autant plus. Enfin, il aperçut la petite silhouette de l'ange de la quatrième qui courait sur un des chemins. A son allure, elle courait depuis un petit moment et, de fait, elle s'arrêta devant lui à bout de souffle, les mains sur les côtés et penchait en deux. Fripon se releva, sauta sur place pour se réchauffer en la laissant tranquillement récupérer. Quand elle se redressa, ils reprirent leur route par là où ils étaient venus et en chemin il se renseigna :
    -Alors, comment ça s’est passé ?
    -Eh bien, comme je ne savais comment faire pour qu’il puisse les joindre, je leur ai demandé de me donner leur adresse.
    -J’ai fait pareil.
    Il sortit les quelques papiers de ses poches et les lui montra avec fierté, sentiment écourté quand il la vit en sortir le double de sa robe. Il remit les feuilles dans ses poches et la laissa continuer :
    -Tu penses qu’il est encore au rendez-vous ?
    -Non, il est trop tard. Ça ne coûte rien de regarder en passant, mais je doute qu'il soit là. Nous irons demain matin à la première heure. En attendant, on se sépare. Il faut que je rattrape le travail que je n'ai pas pu effectuer aujourd'hui.
    Elle repartit en courant et ne tarda pas à disparaître au coin d’une rue. Comme cela était un bon moyen de vaincre le froid, il se mit aussi à courir. Il traversa les rues, jongla entre les passants et arriva au pont, affamé, mais plus réchauffer. Il traversa en se demandant où il pourrait dormir ce soir. Il laissa ses pas le guider avant de réaliser qu’il l'avait mené devant le Au fond du trou. C'était un bar tenu par deux sœurs La plupart des boutiques, hôtels étaient des bâtiments achetés par les nobles de la ville clair. Cependant, trop méfiant envers les populations locales pour gérer leurs biens en personnes, ils engageaient des gens sur place. Bien sûr, ceux-ci ne tardaient guère à prendre possession de la boutique et finalement le noble la leur abandonnée. Les deux sœurs, elles, venaient de la ville sombre, y avaient grandis et avaient achetés elles-mêmes cette baraque qu'elles avaient changés en bar. C'était un lieu où la prostituée et l'assassin n'existaient plus. Aucune forme de violence n'y était permise et les sœurs veillaient. Ce qui intéressait surtout Fripon c'était qu'elles donnaient de temps en temps une assiette d'un petit quelque chose gratuitement. Des restes le plus souvent, mais tout était bon pour l'estomac affamé.
    Il y entra peu sur d’avoir droit à cette fameuse assiette, ne jeûnant que depuis une jour, mais au moins il aurait chaud. A peine la porte passé, une atmosphère étouffante de fumée et de sueur l’écrasa. Sous le coup, il arrêta de respirer avant de reprendre doucement pour s'habituer à l'odeur. Comme chaque soir, plus aucun siège n'était libre, ni les tabourets au bar, ni les chaises autour des tables. Certains buvaient à même le sol et ce malgré le fait que les planches de bois qui le recouvrait était collant de bière et de crasse. D'autre avait réussi à se hisser sur les bords des tables, le reste était debout. Les bavardages s'entremêlaient pour ne former qu'un gigantesque brouhaha qui ne tarda pas à donner un mal de crâne à Fripon. Cependant, la foule et le feu dans la cheminée, invisible d'où il se tenait, l'avait de suite mis au chaud. Il se faufila jusqu'au bar, se glissa entre deux gamins qui discutaient et se hissa sur la pointe des pieds pour espérer voir par-dessus le meuble. Les deux sœurs, deux vieilles femmes à présent, grandes et sèches, s'agitaient derrière entre assiette et verre.
    -Je reconnais cette tignasse, finit par lancer l’une d’elle en direction de Fripon.
    Pour soulager le garçon, elle vint se pencher par-dessus le bar, lui permettant de se remettre sur ses pieds.
    -Que veux-tu Fripon ?
    -Heu…. Est-ce que je pourrais avoir une assiette ?
    -C’est quand la dernière fois que tu as mangé ?
    Il haussa les épaules en baissant les yeux :
    -Hier, répondit-il et avant qu’elle n’ait le temps de lui refuser le plat, il demanda, Jolie main est là ?
    La jeune prostituée avait l'habitude de partager son repas avec lui s’il lui arrivait de ne pas avoir droit l'assiette. La vieille femme lui sourit :
    -Je ne l’ai pas vu, mais il y a tellement de monde.
    Il tenta de trouver son amie dans la foule, mais abandonnant, fatigué, il choisit de sortir. Après tout, demain il aurait de l'argent. Au moment où il allait passer la porte, la sœur lui cria au-dessus des conversations :
    -Fripon, si tu cherches où dormir, il paraît que le vieux Goulu est mort.
    Une place de libre sur le pont du navire échoué ? C'était un coup à tenter. Il se mit à courir aussitôt dehors. Le navire était un vieux bâtiment abandonné sur les bords de la baignoire. Des mendiants y avaient élu domicile, de nombreuses couvertures, tissus y avait été amené. Dès lors que l'un mourrait, il se trouvait remplacer par le premier venu. Fripon atteignit la passerelle à bout de souffle. Celle-ci était remonté, mauvais signe. Il héla malgré tout :
    -ho hé ! Il y a une place de libre ? On m'a dit que le vieux Goulu est mort !
    Une tête apparut
    -Et sa place est déjà prise, passe ton chemin !
    Fripon réfléchit, passant en revue tous les endroits où il avait passé la nuit ces derniers temps. Il y avait toujours derrière le barbier un buisson qui l’avait accueillie, trois nuits de cela. Un frisson le parcouru lorsqu'une brise vint lui lécher les jambes à travers son pantalon troué. Décidément, il ne tenait pas à dormir à découvert cette nuit, sûr qu'il ne se réveillerait pas demain.
    -Juste pour cette nuit ! tenta-t-il encore, je ne prends pas beaucoup de place !
    La tête reparut :
    -Va voir les sœurs, elles te diront où aller !
    -J’en viens, c’est elles qui m’envoient. S’il vous plaît, juste cette nuit ou je mourrais de froid.
    Au bout de minutes qui lui parurent interminable, la passerelle se mit en mouvement, descendit lentement avant d’atterrir sur les pierres avec un choc sourd. Fripon s’empressa de monter sur le pont pour découvrir le jeune homme au visage vérolé qui lui avait permis la montée. Il l'aida à ramener la passerelle et chercha autour un coin pour dormir. Tout le pont était recouvert de corps pelotonnés sous des couvertures. Déjà le jeune homme retournait sous la sienne sans lui adresser un mot. Fripon marcha avec précaution jusqu'à une porte. Le grincement qu'elle produisit en s'ouvrant lui tira une grimace. Il guetta le moindre mouvement alentour et comme personne ne bougeait, il descendit le petit escalier qui ressemblait à une échelle. Il atterrit dans un espace vaste tout aussi peuplé que le pont, à la différence qu'ici l'air était plus chaud. Il ferma la porte et plutôt que de chercher un espace libre à tâtons dans le noir, il s'assit en bas des marches. Il chercha la position la plus confortable et s'endormit.
    Il se réveilla parcouru de frisson. Un fin nuage s’échappa de sa bouche lorsqu'il souffla sur ses doigts. Il leva les yeux pour s'apercevoir que la porte était ouverte et remonta sur le pont. Celui-ci s'était vidé, la passerelle était toujours en place et il en profita pour descendre. Le jour était clair bien que le cercle blanc du soleil restât étouffée par les nuages. Il s'était réveillé trop tard, l'ange de la quatrième rue devait probablement déjà l'attendre au point de rendez-vous. Il s'y rendit au pas de course mais en arrivant, la place était vide. Il fit le tour du bosquet, traversa le pont, revint à son point de départ et décida d'attendre.
    Lorsque l’homme à la canne apparut, l’ange de la quatrième n’avait toujours pas montrer le bout de son nez. Le visage de l’homme était toujours aussi invisible que le jour où il l'avait rencontré.
    -Tu as quelque chose d’intéressant, mon garçon ?
    Fripon hésita, regarda une dernière fois alentours pour s'assurer que la fillette ne venait toujours pas et donna finalement ses papiers à l'homme. Il précisa les œuvres dont il avait parlé et lorsqu'il eut fini de parler, l'homme lui tendit ses pièces :
    -Très bien, voilà ta part.
    -J’ai une amie qui ne devrait pas tarder à arriver, vous pouvez l’attendre ?
    L’homme releva la tête vers la rue comme s’il s’attendait à la voir surgir :
    -Je ne peux pas rester très longtemps, désolé.
    Il s'éloigna sans que Fripon ne cherche à le retenir. Il n'était pas étonnant qu'un homme de son range ne veuille pas s'attarder dans la ville sombre même si c'était juste à sa frontière. Le garçon ne bougea pas, il fit les cent pas pour se tenir chaud, guettant toujours l'arrivée de la fillette. L'homme à la canne revint près du bosquet à intervalle régulier sans jamais lui adresser la parole. La faim finit par tordre l'estomac de Fripon et il regarda les pièces dans sa main qui pourrait lui acheter un repas. Après tout, l'ange de la quatrième devait savoir ce qu'elle faisait, en ne venant pas, à moins….
    -Je crois que tu ne devrais plus attendre, ton amie ne viendra pas, lui dit soudain l’homme à la canne.
    -Il a dû lui arriver quelque chose, elle avait dit qu’elle viendrait.
    -Il n'y a pas un endroit où elle pourrait s'être réfugié ? La maison d'avenir par exemple ?
    Fripon grimaça. La maison d'avenir avait été fondé au beau milieu de la ville sombre. Une grande bâtisse réaménagée avec un parc autour. Ils accueillaient tout le monde, leur apprenait à lire, écrire et formait à un métier simple. On pouvait y dormir et y manger. Elle était tenue par un noble de la ville clair à ce que l'on racontait et il y allait régulièrement pour en vérifier le bon fonctionnement. Cependant, peu de monde osait s'y rendre. D'autre maison du genre avait été fondé avant. L'une prostituée ses occupants, une autre les vendait en esclavage, une autre les utilisait en cobaye. Bref, cela avait été désastreux et le peu qui avait pu en réchapper s'empressait d'avertir ceux de l'extérieur. Si bien qu'elles avaient dû fermer pour manque d'occupant. Alors quand la maison d'avenir était apparue avec toutes ses belles promesses, personne n'y avait cru. Sûrement, l'ange de la quatrième n'aurait pas tenté l'aventure.
    Lorsqu’il se tira de ses pensées, il s’aperçut que l’homme à la canne avait disparu. Il sautilla d’un pied sur l'autre en attendant encore quelques minutes avant de se résoudre à partir. Il alla directement vers le Au fond du trou.
    Contrairement au soir, le jour voyait le bar quasiment vide. Un vieux mendiant dormait sur la table près de la cheminée au fond de la salle. Trois femmes riaient en partageant un plat et c’était tout. Fripon grimpa sur un tabouret et sourit aux deux sœurs
    -Alors Fripon, tu veux une assiette ?
    Il tendit fièrement une de ses pièces :
    -Oui, une grande.
    Elles lui sourirent et l’une prit la pièce, alors que l’autre passait dans une pièce attenante qui tenait lieu de cuisine.
    -Tu as pu avoir une place sur le navire ?
    -Oui, merci du tuyau. Dis tu n'aurais pas vu l'ange de la quatrième dans le coin ?
    -Non, elle n’est pas dans la ville sombre la journée.
    -Je sais, mais je devais la voir ce matin et elle n’est pas venue.
    -Elle aura oublié, dis l’autre sœur en déposant une assiette de potage où flottait un bout de viande.
    Le ventre de Fripon gargouilla alors qu’il portait à ses lèvres la première cuillère :
    -ça m’étonnerait, c’était pour recevoir de l’argent.
    Elle eut un regard méfiant :
    -De l’argent ? Vous ne vous êtes pas mêlé à de drôles de magouilles j’espère.
    -Non, non, répondit-il sans développer.
    Il mâchouilla longuement la viande jusqu'à ce qu'elle n'ait plus de goût avant d'avaler, puis il englouti le reste de potage et sauta au bas du tabouret. Il s'approcha des trois femmes :
    -Vous n’auriez pas vu l’ange de la quatrième par hasard ?
    L’une d’elle a qui il manquait la moitié des dents et dont le reste était marronnâtes lui répondit :
    -On ne l’a pas croisé en venant toujours.
    -Elle est sûrement dans la ville claire, ajouta une autre.
    Fripon les remercia, hésita à interroger le mendiant pour finalement y renoncer. Elles avaient sans doute raison. L'ange de la quatrième était parti faire ses petits tours, sans doute qu'après réflexion elle s'était dit que l'homme à la canne s'était moqué d'eux. Qu'il ne paierait pas. Ragaillardis par son maigre repas, il reprit la route du pont, évitant les flaques d'eau afin que ses souliers troués ne s'en remplisse pas. Il traversa, remarquant au passage que l'homme à la canne avait disparu. Il pénétra dans les rues si propres, renfonçant sa casquette sur ses yeux pour éviter de croiser le regard des gens. Il devinait leur mines dégoûtées en le voyant passé et les autres ne devaient même pas s'attarder à baisser le regard sur lui. Comme les sous gagnaient ne le dispensait pas de voler, il se mit au travail. Il chaparda le sac d'une femme qui l'avait négligemment posé sur le sol pour ne pas être gênée lorsqu'elle essaierait les bijoux présentaient sur une étale. Il repéra une bourse sur la hanche d'un homme très distingué mais soul à tomber par terre et la détacha sans problème. De nombreux larcins se succédèrent dans la journée et lorsque le ciel commença à s'obscurcir, il s'aperçut que ses pas l'avaient mené près de la quatrième rue.
    Il regarda s’éloigner l’homme qu’il avait prévu de dépouiller, hésitant, puis choisit finalement d’entrée dans la quatrième. Il la remonta puis la redescendis sans trouver trace de la fillette. Soucieux, il fit un tour dans les ruelles et les rues adjacentes sans trouver le moindre signe d’elle. Alors qu'il arrivait à un croisement, il entendit le pas lourd des gardes et s'éclipsa derrière des poubelles. Il resta accroupi là, à réfléchir à l'endroit où elle pouvait être. Le mieux était encore d'essayer de savoir où elle avait dormi. Il se releva, vérifia que la voie était libre et s'élança de nouveau vers la ville sombre. De l'autre côté du pont, il aperçut l'homme à la canne en discussion avec un Souil surexcité. Fripon passa près d'eux sans s'arrêter avant de changer d'avis et de revenir sur ses pas. Il attendit patiemment que la discussion s'achève et quand Souil s'éloigna, il interpella l'homme à la canne.
    -Est-ce qu’une fille aux cheveux bruns est venue vous voir ?
    -Ton amie ?
    -Oui.
    -Je n’ai rencontré aucunes filles aujourd’hui.
    Déçu, il s'éloigna en réfléchissant. Peut-être que les sœurs sauraient où elle dormait. Il dut retourner au « Au fond du trou » et le trouva un peu plus rempli. Il se glissa vers le bar et fit signe à l'une des sœurs :
    -Qu’y a-t-il pour ton service petit Fripon ?
    -Est-ce que vous avez vu l’ange de la quatrième ?
    -Toujours pas.
    -Vous savez où elle dort ?
    -Pas la moindre.
    Fripon réfléchit avant de demander :
    -Est-ce que vous pouvez demander si quelqu’un le sait ?
    Elle lui sourit d’un sourire édenté, se tourna vers la salle et cria à plein poumon :
    -Quelqu’un sait il où dors l’ange de la quatrième rue ?!
    Tous se turent un instant, puis les conversations reprirent progressivement, sauf un gamin assis sur un tabouret qui répliqua :
    -Moi, je sais.
    -Ramène-toi par ici !
    Il obéit docilement et vint se planter devant le bar. Fripon s'approcha :
    -Dis-moi où elle est.
    -J’y gagne quoi ?
    Fripon fouilla ses poches pour tomber sur une des pièces de l'homme à la canne. Il grimaça, c'était cher payé pour un renseignement. Pourtant, il finit par la lui tendre :
    -Tiens.
    Le garçon levait la main pour s’en saisir, mais Fripon fut plus vif et s’empressa de la remettre dans sa poche pour demander :
    -Comment sais-tu où elle vit ?
    -Je suis dans la maison juste à côté. Je la vois revenir presque tous les soirs.
    Fripon hésita encore avant de lui donner la pièce. Une seconde plus tard, elle avait disparu dans la poche de l'autre garçon. Il s'élança alors dehors, suivit de près par Fripon. De fins filets de brume s'étendait paresseusement dans les rues, pas suffisamment épais pour perdre de vue son guide. Connaissant toutes les rues par cœur, Fripon se repéra facilement. Il le fit d'abord revenir vers le centre de la ville sombre et passer devant la maison d'avenir. Il jeta un regard mauvais à la bâtisse qui s'élevait avec noblesse au milieu d'un décor de misère. Combien de pauvres âmes avaient été assez désespéré pour trouver refuge dans cet endroit ? Déjà son guide disparaissait au coin d'une rue. Il allongea le pas pour le rattraper. Ils s'éloignèrent du centre pour se retrouver à longer la baignoire. Puis retournèrent dans une ruelle, traversèrent un jardin empli de mauvaises herbes, sautèrent un mur en ruine avant d'arriver devant une ranger de vieilles maisons à plusieurs étages. Des escaliers extérieurs permettait l'accès à diverses fenêtres, toutes barrés de larges planches de bois.
    -Elle est sous le toit.
    Fripon leva la tête et il lui sembla effectivement percevoir une légère lueur passant par la seule fenêtre qui n’était pas barricadé. Il voulut remercier son guide, mais celui-ci avait déjà disparu. Alors il commença l’ascension, avançant avec précaution sur les marches de métal, rouge de rouille.
    -L’ange ? Appela-t-il tout en montant.
    Ne recevant aucune réponse, il continua à monter jusqu’à atteindre la petite fenêtre sous les toits. Il dut se plier en deux pour entrer.

    « Sénèque, J.du Lorens, Estaunie, Rvarol et ?Récapitulatif de la semaine du 30 décembre »

    Tags Tags : , , , , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :