• Chapitre 27

    Lyan voulut descendre se mettre au centre de la pièce, mais Vino l'en empêcha :

    -Cette partie est sacrée, allait plutôt devant la porte.

    Il obéit et fit face aux tribunes qui formées un demi-cercle et aux personnes dispersaient dessus.

    -Tout d'abord, je crois qu'il est important de faire un point sur les traîtres, comme Vigle le disait plus tôt.

    Lulienne demanda :

    -Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

    Algol répondit avant que Lyan ait pu ouvrir la bouche :

    -Ils ont réussi à s'enfuir, voilà ce qu'il s'est passé.

    Vino intervint :

    -Ils ont été aidé. De plus, nous chassons rarement le Tiark et ces bestioles semblent avoir un don pour perdre leur poursuivants.

    Azaque ricana :

    -Que voulez-vous, il faut bien que l'on survive.

    Titian ignora le Tiark pour demander à la sorcière :

    -Lorsque vous dites de l'aide, vous parlez de pirates ?

    -A ce que m'ont dit celles que j'avais envoyé, il y aurait eu des chevaliers aussi.

    Xilanos murmura, moqueur :

    -Et c'est aux Auriens que l'on ne peut pas faire confiance.

    Noré répliqua sur le même ton :

    -Tu as la rancune tenace.

    Il ricana et ils reportèrent leur intention sur la discussion. Algol lançait :

    -Si les sorcières doivent nous protéger avec la même efficacité, je me sens déjà rassuré.

    Nanz répartit :

    -Comment ont-ils pu vous échapper ? Vous pouvez voler, vous avez des inventions incroyables...

    Vino avait viré au cramoisi et Noré vit, sans difficulté, à quel point elle mourrait d'envie de les mettre tous dehors. Lyan reprit avec plus d'autorité :

    -Peu importe comment, ils se sont enfuis c'est tout ce que nous devons savoir. Maintenant que nous sommes tous informés de la situation, il est temps de nous préparer.

    Lulienne rappela :

    -N'oubliez pas, j'ignore ce qu'il en est des autres, mais ma famille n'a pas encore accepté de se joindre à vous.

    -Nous en avons conscience, mais nous espérons qu'en participant à la mise en place du plan d'attaque, vous serez plus convaincus.

    Meratir le fixa avec perplexité :

    -Elle est tordue votre idée. 

    Titian leva la main :

    -C'était la mienne.

    Xilanos se moqua de nouveau :

    -Tout s'explique.

    Dans son coin, Denelann accompagna cette remarque d'un ricanement cynique. Titian leur jeta un regard meurtrier :

    -Cela veux dire quoi ?

    Pakt tapa fortement dans ses mains pour les rappeler à l'ordre :

    -Donc, procédons par ordre, si vous voulez bien. Comment atteindre le siège ?

    Le père d'Hëdjik prit la parole pour la première fois :

    -Je pense que la première question serait plutôt, comment atteindre la Métane ?

    Lyan approuva :

    -Très juste. J'en avais déjà discuté avec Vino.

    Il fit un signe à la sorcière qui prit la parole :

    -Nous avons travaillé sur la question. Des bateaux sont en cours de fabrication qui vous mènerons où bon vous semblera.

    Titian se leva d'un bond, pâle comme un mort :

    -Attendez, si vous parlez de bateau, cela veut dire que nous partirons par la même baie d'où nous sommes partis l'autre fois ?

    -C'est exact. C'est le seul endroit qui permette d'atteindre et de quitter l'île.

    -Mais vous pouvez voler.

    Lyan intervint d'un ton rassurant :

    -Ecoute Titian, si nous venons en volant, on nous remarquera. De plus, les sorcières doivent se reposer régulièrement, on mettrait un temps fou à arriver et les Tiark, leur transport risque d'être laborieux.

    Azaque s'exclama d'une voix plaintive :

    -Je suis désolé !

    Lyan conclut :

    -La meilleure solution c'est par bateaux.

    Le pirate se tordit les mains, chercha un argument, se mordit la lèvre avant de, finalement, se rasseoir. Noré avait le cœur serré de le voir si effrayé. Elle fut tentée de venir près de lui, mais craignit qu'il ne se sente humilié si elle allait le consoler devant tout le monde. Xilanos murmura :

    -Qu'est-ce qui l'effraie tant ?

    -Un nuage bleu.

    Elle s'en voulut aussitôt d'avoir formulé sa réponse de cette façon et attendit les railleries de l'Aurien avec appréhension, mais il ne dit rien. Au contraire, il fixait Titian avec le plus grand sérieux :

    -Tu ne vas pas te moquer ?

    -Si Titian a peur de ce nuage, je ne vois pas en quoi cela pourrait me faire rire. Ce doit être quelque chose de terrifiant.

    Noré repensa à ce qui était arrivé à Titian une fois emporté par ce nuage sous l'eau et murmura :

    -Oui, ça l'est.

    Puis, elle changea d'avis, se leva, alla s'asseoir près du pirate et lui prit doucement la main. Pour une fois, il ne chercha pas à se débarrasser d'elle. Lyan avait repris :

    -Donc, des bateaux. Chaque navires vous emmènera auprès des vôtres où, selon votre décision, soit vous resterez, soit vous ferez embarquer votre peuple avant de nous rejoindre.

    Denelann demanda :

    -Vous rejoindre où ?

    Ce fut Pakt qui répondit :

    -Nous avons choisi le sud de l'île du siège.

    Lulienne dit à son tour :

    -Et traverser toute l'île à pied ?

    -Non, il y a un fleuve souterrain qui mène à la ville du siège.

    Meratir intervint :

    -Désolé, capitaine, mais si un tel fleuve existé, je pense que je le saurais.

    -Non, seul les troupes envoyaient en Terres Sanglantes sont au courant. Cela permettait de déplacer les hommes sans inquiéter la population.

    Le chevalier soupira pour lui même :

    -C'est pas juste. Maintenant, je commence à voir pourquoi Teruret a trahi.

    Lyan reprit :

    -Le lieu exact vous sera donné lorsque vous aurez pris votre décision.

    Lulienne demanda :

    -Toute ma famille est là, comment irons-nous en Métane, si toutefois nous acceptons ?

    -Sur le même navire que Noré, Titian et moi.

    Xilanos précisa :

    -Et moi aussi.

    Algol coupa :

    -Très bien, et ensuite ?

    Vigle poursuivit :

    -Il faut entrer dans le siège. Mais comment ?

    Denelann proposa :

    -Il faudra sans doute une diversion, une assez importante pour éloigner le plus de chevaliers possible.

    -Nous pouvons nous en charger.

    Ils se trouvèrent tous vers Vino comme un seul homme, surpris qu'elle propose son aide de plein grès. Pakt demanda :

    -Comment feriez-vous cela ?

    La sorcière prit un air mystérieux en disant :

    -Ce ne devrait pas être trop difficile, après tout... nous avons des inventions incroyables.

    Comme elle ne semblait pas vouloir préciser son idée, Eliana poursuivit :

    -Donc, les gardes sont peu nombreux, on entre et là, on se divise.

    Lyan approuva :

    -Nous attendons de voir qui nous joindra, mais oui, c'est cela.

    Xilanos demanda soudain :

    -Mais le but n'est-il pas de tuer l'empereur ? Qu'est-ce qui vous dis qu'il ne partira pas lors de la diversion ?

    Lyan sourit :

    -Parce qu'il saura que c'est une diversion.

    -Comment ?

    -Il s'en doutera, tout au moins, et son désir de voir accomplir la cérémonie le fera rester. S'il a la moindre petite chance d'attraper le lien et de le tuer, il le fera.

    Vigle resta perplexe :

    -Mais si les combats se déroulent à tous les étages, ne tentera-t-il pas de fuir ?

    -Pas s'il a une raison de rester.

    Là, Lyan, Titian et Pakt se tournèrent vers Noré.

    -Moi ?

    Titian expliqua :

    -Pendant que nous combattrons, tu te fraieras un passage jusqu'à la salle du sacrifice. Il y a de fortes chances que l'empereur y soit.

    Lyan tenta de la rassurer :

    -Je viendrais avec toi.

    -Mais, je ne vais pas tuer un homme ?! Je ne sais pas me battre.

    Noré avait l'impression que sa voix n'était qu'un murmure dans la salle. Xilanos la soutint :

    -Elle a raison. Si on veut être sûr de réussir, il faut un guerrier.

    -Non, il faut des personnes que l'empereur connaisse et qu'il ne craint pas. C'est pour cela que nous nous présenterons sans arme.

    Une vague d'indignation parcourut les personnes présentes et Noré n'appréciait guère la tournure de cette discussion. Vigle lança :

    -Vous n'espérez tout de même pas le tuer à main nu ?

    -Non, bien sûr que non. Mais il y a l'épée d'or que le sacrifice doit utiliser pour se tuer.

    Algol répliqua avec ironie :

    -Donc, vous entrez, vous vous jetez sur l'épée et vous espérez viser juste ? Je préfère vous dire, au cas où l'idée ne vous serez pas venu à l'esprit, que même s'il vous attend avec impatience, je ne pense pas qu'il sera seul. A moins qu'il ne soit complètement inconscient ou fou, il aura des gardes. D'autant plus, s'il se doute du but de votre visite.

    Cette tirade fit éclater de rire Azaque qui finit par se plier en deux, les larmes aux yeux. Il y eut un silence, durant lequel tous le fixèrent en se demandant s'ils devaient s'inquiéter de cette réaction. Noré le soupçonna d'avoir simplement réagit au mot fou et comme il retrouvait son souffle et son calme, Lyan reprit :

    -Il nous laissera entrer de toute façon puisque nous n'aurons pas d'arme. Pour le reste, eh bien, au cours de l'une de nos conversations, Vino m'a appris quelque chose d'intéressant.

    La sorcière prit la suite :

    -Il y a un pupitre qui fonctionne avec le bracelet. Après la mort de l'ancien empereur, la première mesure prise par l'empereur Daron fut d'améliorer ce pupitre. Afin de s'assurer le bon déroulement de la cérémonie à l'avenir, il a fait relier le pupitre à l'épée. Désormais, voici le fonctionnement. Le bracelet connecté au pupitre transmet les images des personnes à tuer pour la cérémonie. Puis, on isole un visage que l'on transmet à l'épée et celle-ci ne retombera qu'une fois le sang de cette personne sur sa lame.

    Lulienne demanda :

    -Vous dites que l'épée posséderait une volonté propre ? 

    -Non, pas exactement. Elle reste au sol, insoulevable par qui que ce soit hormis le sacrifice. Lorsque le lien s'empare du pommeau, le métal dorée dont est fait l'épée, reconnaîtra le métal argentée du bracelet et se collera, en quelque sorte, à la paume de la fille. Cependant, elle ne pourra être soulevé que si le pupitre lui transmet un visage. Le seul impératif c'est que la personne doit se trouver dans la même pièce.

    Xilanos intervint :

    -D'accord, ça nous mène où tout cela ?

    -Il suffira que Noré prenne l'épée, pendant que Lyan fixera le visage de l'empereur dans le pupitre.

    Meratir demanda :

    -Et où vous allez le trouver ce visage ?

    -Même ténu, le lien du bracelet avec Noré est encore présent. Lyan m'a dit qu'elle avait vu l'empereur, par conséquent, il doit à présent apparaître dans un carré rouge.

    Noré parla à son tour :

    -Mais comment faire pour fixer ça dans le pupitre ?

    -J'expliquerai à Lyan son fonctionnement, ce n'est pas long à faire. Si vous détournez l'attention de l'empereur, quelques secondes seront suffisantes.

    Algol lança :

    -Et toutes ses merveilleuses inventions l'épée, le pupitre, on les doit à qui ?

    Vino, qui sentait déjà venir le reproche, dit en soupirant :

    -Aux sorcières. 

    -Je retire ce que j'ai dit, je me sens vraiment en sécurité ici.

    Denelann revint au sujet :

    -Alors, l'empereur meurt et ensuite ? Comment rentre-t-on chez nous ?

    Pakt répondit :

    -Comme on est arrivé.

    Vigle fit remarquer :

    -Avec les morts et les blessés, j'en doute. Je ne sais pas comment on fait chez vous, mais les Alianis récupèrent au moins les blessés.

    Vino se fit de nouveau entendre :

    -Nous pourrons aller les chercher.

    Noré était vraiment surprise du sursaut de bonne volonté de la sorcière.

    -Du moins, si vous gagnez, bien sûr.

    Lulienne demanda :

    -Et comment vous mettra-t-on au courant ?

    Xilanos proposa :

    -Une fée. On enverra une fée. Si on perd, vous n'en verrez pas.

    Puis comme personne ne reprenait la parole, Lyan demanda :

    -Des questions ? Des suggestions ?

    Meratir en profita :

    -Les traîtres, que fait-on si on tombe dessus ? 

    Il y eut un échange de regard gêné. Meratir s'en rendit compte et lança d'un air sournois :

    -Venant de moi, vous vous doutez bien qu'il s'agit d'une question tout à fait innocente.

    Lyan se racla la gorge et répondit d'une voix qu'il essaya de rendre clair :

    -Nous avons pensé qu'il valait mieux les tuer.

    -Pourquoi ? Vous leur aviez révélé des parties du plan ?

    -Non, ils ne sont au courant de rien. 

    -Alors, pourquoi ?

    -C'est une question de prudence.

    -Je vois.

    Meratir observa chacune des personnes présentes et dit :

    -La prudence vous demande de ne rien tenter d'aussi stupide. Je me moque du Tiark...

    Azaque le coupa en criant d'indignation :

    -Oh, ça, c'est méchant !

    -Mais si vous croisez mon frère, faite-le prisonnier, je veux lui parler.

    Des regards furent échangés, puis ils hochèrent tous la tête pour montrer qu'ils étaient prêt à lui laisser cette chance. Enfin, Lyan résuma :

    -Donc, on se déplace avec les navires des sorcières, chacun chez soi. On se retrouve à l'entrée du fleuve souterrain, puis, une fois au siège, on attend que les sorcières fassent diversion et on entre. Chacun atteint son étage. Noré et moi on fonce au sommet, on tue l'empereur et on rentre.

    Algol conclut avec ironie :

    -C'est pourtant simple.

    En l'ignorant, Lyan dit :

    -Bon, on va vous laisser à vos réflexions, si vous n'avez rien d'autre à ajouter.

    Pakt de leva alors pour dire :

    -Moi, j'aimerais ajouter, afin que tous ici en ayez bien conscience, que temps que Daron régnera, aucun de vous ne pourra plus vivre en paix. Nous ne vous assommons pas de tous ces discours pour rien. Daron vous veut mort, presque autant que Noré, n'oubliez pas cela.

    La concernée laissa dévier son regard vers Xilanos. Elle ne lui avait pas dit pour le rituel, du moins pas qu'elle était censé y mourir et même lorsque Pakt avait abordé le sujet, le premier soir, il était resté assez flou sur le sujet. À présent, avec tout ce qui avait été dit, Xilanos et les autres personnes présentes avaient dut comprendre de quoi il retournait, même s'ils n'en laissaient rien paraître. Vino rejoignit Lyan près de la porte :

    -Si vous avez terminé, je vous demanderais de sortir. J'ai une cérémonie à préparer.

    Noré se souvint de ce que lui avait dit Bébé. Ce soir, il aurait son nom et serait un Invisible officiel. Comme il lui semblait étrange de penser que d'autre choses se déroulé qui ne soit pas lié à leur guerre. Elle quitta les lieux et s'éloigna le plus vite possible. Elle avait besoin d'être seule pour se faire à l'idée que, dans les jours à venir, elle devrait tuer un homme. Elle n'avait fait que quelques pas et savait déjà que cela lui serait impossible.

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