• Chapitre 4

    La première chose qu’il vit fut un feu mourant dans la cheminée, la seconde fut le corps inerte sur le sol juste devant. La fillette était sur le dos, bras et jambes en étoiles. Tous les doigts de ses mains avaient été coupé et fourré dans sa bouche grande ouverte. L'adorable visage était figé dans une dernière expression d'horreur.

    Il fallut quelques secondes à Fripon pour fermer les yeux et sortir. L'image du corps de l'ange de la quatrième était figé sur sa rétine comme s’il l'avait fixé de longues minutes. Il voyait les yeux, le sang, les plaies à ses mains et ses doigts qui semblaient vouloir s'extirper de sa bouche. Il dévala les marches mi courant, mi trébuchant. Se rattrapant à la rambarde qui tanguait dangereusement sous son poids. Une fois au sol, il courut droit devant lui jusqu'à perdre haleine. Quand il fut hors de vue de la maison, il s'arrêta et le corps prit de soubresaut, il vomit son seul repas de la journée. Il tremblait, suant à grosses gouttes, mais se remit à marcher sans but. Pourquoi avait-on tué l'ange de la quatrième ? Elle pouvait avoir quelques économies, mais pas de quoi justifier qu'on lui coupe les doigts. Fripon se figea soudain. Et si l'assassin l'avait vu s’enfuir ? S’il s'était caché dans la pièce en l'entendant appelé ? Il n'avait aucun souvenir de ce qui se trouver dans la pièce mis à part la cheminée et le corps. Il jeta des coups d'œil frénétique derrière lui.

    Il faut que je m'éloigne, fut tout ce qu'il put penser. Les rues si familières lui semblaient soudain bien menaçantes. Chaque ombre le faisait frissonner, chaque bruit lui arracher un sursaut. Hors de question de rester seul ce soir. Il était inutile de retourner au navire. Ils ne l'avaient accepté que pour une nuit et tenté d’attirer leur pitié n'aurait aucun effet. De plus, être entouré d'inconnu n'étaient pas ce dont il avait besoin, non, Jolie-main seule saurait le rassurer.

    La première fois qu'il avait vu la jeune prostituée, il ne devait pas avoir plus de sept ans. Il avait erré dans les rues, plus glaciales en hiver. La baignoire avait complètement gelée, la neige recouvrait les toits et le verglas menaçait de faire tomber les passants sans arrêt. Il avait trouvé avec joie refuge au bar. Il était presque vide comme chaque fois en journée. Quelques âmes s’étaient retrouvés avec soulagement devant le foyer. Les seules voix à s'élever étaient celles de marins. Ils n'avaient sans doute pas pu partir à cause du temps et les huit hommes avaient décidé d'attendre là, entassé autour d'une table. Lorsque Fripon avait demandé une assiette, la sœur se rappelant de lui, car il était venu la veille, lui dit qu'il fallait ne pas avoir mangé pendant au moins trois jours pour y avoir droit.

    -En revanche, avait-elle ajouté pour le consoler, tu peux rester près du feu autant que tu veux.

    Seulement, il n'y avait plus de place devant la cheminée et en faisant le tour de la salle, il aperçut une enfant d'une douzaine d'année, assise seule devant une assiette. Il s'arrêta en fixant le moignon qui remplacé sa main gauche. Il n'y avait pas que sa main, la moitié de son avant-bras avait disparu et Fripon n'arrivait plus à en détacher ses yeux. Une main immense lui était tombé sur l'épaule :

    -Et alors ? On s'intéresse à la petite ?

    Le marin et ses compagnons rirent de bon cœur alors que Fripon murmurait de peur d’être entendu de la jeune fille :

    -Elle a plus de main.

    -C’est qu’elle l’a mangé, s’empressa de raconter un autre marin, elle avait tellement faim.

    Les autres ricanèrent devant le visage éberlué du garçon. Il avait très faim, lui aussi, mais de là à manger sa main :

    -C’est vrai ?

    -Demande-lui, surenchérit un autre, tu verras bien.

    Fripon déglutit en tournant son regard vers la fillette. Il fit quelques pas hésitant, jeta un regard vers les marins qui le fixaient, goguenards et continua. Arrivé près de la table, il se racla la gorge avant de parler :

    -Excuse-moi….

    La fille posa sur lui de beaux yeux vert-gris. Fripon hésita à continuer, si elle avait mangé sa main, qu'est-ce qui l'empêcherais de le manger lui ?

    -Qu’est-ce qu’il y a ? finit-elle par demander.

    Fripon se tourna de nouveau vers les marins qui l’encouragèrent de grands gestes du bras.

    -Votre main…. Vous l’avez vraiment mangé ?

    Elle jeta un regard vers les hommes qui les fixaient avec attention, retint un sourire et répondit :

    -Oui, c’est vrai.

    Fripon s’était sentit pâlir et s'était précipité vers la table des marins pour les informer de la réponse, provoquant l'hilarité général. De son côté, la fille rit aussi avant de lui faire signe de revenir. Ce que Fripon fit avec circonspection, il n'avait aucune envie de se faire manger :

    -C’était une plaisanterie, voyons. Tu ne devrais pas croire tout ce que l’on te raconte. Et puis, si vraiment j'ai faim je n'ai qu'à venir ici.

    Le garçon ne fut pas tout à fait convaincu, mais lorsqu’elle lui proposa de s’asseoir pour partager son assiette, ses craintes s’évaporèrent. Il escalada une chaise alors qu’elle faisait glisser le plat vers lui. Il ne restait pas grand-chose et il finit en deux bouchées.

    -J’ai tout mangé, dit-il d’un air désolé.

    -Ce n'est pas grave. Comment tu t'appelles ?

    -Fripon et toi ?

    -On m’appelle Jolie-main.

    -Parce que tu as qu’une main ?

    -Je suppose.

    Il eut bien envie de lui demander ce qui lui été arrivé, mais craignit de lui faire de la peine. Une des sœurs arriva portant deux assiettes qu'elle posa devant eux.

    -De la part des matelots.

    Ils se tournèrent vers les hommes qui les saluèrent en souriant avant de sortir.

    Après cela, ses souvenirs étaient flous. Impossible de se rappeler de quoi ils avaient parlé, ni ce qu’il avait pu faire le reste de la journée. Cependant, Jolie-main était devenue une amie précieuse, prête à partager un repas s’il en avait besoin. Et en cet instant, il n'y avait que prêt d'elle qu'il se sentirait en sécurité. Il se rendit donc rapidement dans le quartier des prostituées.

    Frissonnant autant de froid que de frayeur, il apostropha la première femme qu’il vit :

    -Tu sais où est Jolie-main ?

    La femme avait les cheveux rasés et des boutons lui défiguraient le visage. Lorsqu’elle posa sur lui son regard terne, ce fut pour répondre d’une voix fatiguée :

    -Plus loin, au coin de la sixième.

    Fripon remercia et s'éloigna à pas vif. A travers les bandes de brume, il finit par distinguer deux silhouettes. Il appela au hasard :

    -Jolie-main ?

    La plus menue des deux ombres se tourna vers lui :

    -Mon Fripon ? Qu’y a-t-il ?

    Il se rapprocha pour pouvoir mieux la voir. Elle fit de même et quand son client potentiel fit mine de vouloir la retenir, l’adolescente lui envoya un coup de genoux bien placé. Puis elle rejoignit le garçon, laissant l’homme plié en deux.

    -Que fais-tu ici ?

    En entendant la voix sereine et apaisante, en voyant les grands yeux tendres, Fripon fondit en larme. Il aurait voulu lui raconter, lui parlait de ce qui était arrivé à l’ange, mais ses sanglots ne lui permirent pas de prononcer un mot. Soudain inquiète, Jolie-main s’empressa d’essuyer ses larmes :

    -Là, mon Fripon. Ça va aller. Tu veux dormir chez moi cette nuit ?

    Le garçon secoua la tête à défaut de pouvoir parler. Elle lui prit la main et l’entraîna dans une ruelle. La grille qui la fermait à l’autre bout ayant un barreau manquant, ils se glissèrent dans le trou pour accéder directement à une autre rue. Ils marchèrent quelques minutes avant de s’arrêter devant une bâtisse à moitié en ruine. Jolie-main en ouvrit la porte et le fit entrer dans une pièce minuscule ne comportant qu’un lit. Partout sur le sol traîner des draps troués, sales. Elle partageait la chambre avec cinq autres filles, cohabitant avec les puces et les rats.

    -Tu as de la chance, ce soir c’est à mon tour d’avoir le lit.

    Elle le glissa sous la couverture et il la remonta jusque sous son menton. Les larmes s’étant taries et ayant retrouvé sa voix, il demanda :

    -Tu veux bien attendre que je m’endorme avant de repartir ?

    -D’accord, ferme les yeux.

    Il obéit et se laissa sombrer. La première chose qu’il vit fut l’ange de la quatrième tournoyant joyeusement sur les eaux de la baignoire. Lorsque leur regard se croisèrent, elle s’arrêta. Ses doigts se détachèrent soudain de ses mains pour ramper lentement vers sa bouche. Le visage de la fillette se défigura dans une horreur silencieuse. Ce n’est qu’alors que Fripon remarqua que l’eau de la baignoire était d’un noir d’encre que venait teinter le sang dégoulinant de ses mains. L’eau se glissa alors vers lui, emprisonnant ses jambes. Elle devint une silhouette glaciale et menaçante qui avançait bras tendus. Lorsque le contact de l’eau gelée lui étreignit le cou, Fripon réalisa qu’il allait mourir.

    Cette pensée lui fit ouvrir les yeux. Le jour se levait à peine et dans le silence matinal, seul les souffles réguliers des six jeunes filles endormis lui parvenaient. Il tourna la tête pour apercevoir le visage de Jolie-main reposant au-dessus de lui. Fripon se redressa, frissonna quand la couverture tomba et fixa la fenêtre brisée. La nuit devait porté conseil et pourtant, il n’était pas plus sûr de lui que la veille. Il hésitait à aller voir les gardiens de l’ordre pour leur parler du meurtre, mais soit ils ne seraient pas intéressés par la mort d’une fille des rues, soit ils l’arrêteraient lui, pour boucler l’affaire dans la minute. D’autre part, il commençait à se dire que l’assassin n’était probablement pas dans la pièce ou, s’il y était, il ne l’avait pas vu car Fripon n’était pas resté longtemps et il aurait pu l’attaquer tout le long du chemin s’il l’avait vu. Par-dessus tout, il se demandait ce qui avait pu pousser quelqu’un à tuer l’ange. Elle lui avait toujours semblait prudente, pas du genre à se mettre dans une situation dangereuse. Avait-elle eu affaire à un client mécontent ? Fripon secoua la tête. L’ange n’était pas une prostituée, elle se contentait d’attendrir les passants dans la rue, difficile de développer un lien menant à un meurtre dans ce cas.

    Le froid le fit frissonner à nouveau et il hésita à se blottir sous la couverture, mais s’il faisait cela il craignait de ne jamais plus pouvoir sortir du lit. Il soupira, s’extirpa de la petite chambre en évitant avec précaution les corps étendus au sol, puis, une fois dehors, il se mit à courir. Pourquoi avait-on tué l’ange de la quatrième ? A quoi s’était-elle mêlée qui aurait pu mener à son meurtre ? Le son de sa course résonnant dans les rues, ses joues froides et son nez qui coulait, son souffle irrégulier, les petits nuages de vapeur s’échappant à chacun de ses souffles, des petits détails qui ramenèrent son esprit au matin de l’appel. Il ne manquait plus que le son de la canne sur les pavés et la brume. Fripon sourit avant de se figer. La seule chose qui avait changé dans la vie de l’ange, la seule chose à laquelle elle s’était mêlée, c’était l’homme à la canne. Fripon se mit à réfléchir fiévreusement. C’était logique, mais pourquoi l’homme à la canne aurait tué l’ange ? Etait-ce vraiment lui l’assassin ?

    Essoufflé, il se mit à marcher tout en suivant sa pensée. Qu’avez-pu faire l’ange pour que l’homme à la canne veuille la tuer ? comment aurait-il été au courant ? fripon n’avait quitté la fillette que pour chercher des clients et quand il l’avait retrouvé, elle lui avait donné ses papiers, preuve qu’elle n’avait rien fais d’autre. Et si c’était un des clients qui avaient découvert que l’on cherchait à lui vendre de la marchandise volée ? non, il aurait probablement appelé la garde au lieu de courir dans la ville sombre à la recherche d’une fillette aperçu une fois. Le garçon s’arrêta. Pour trouver l’ange dans la vieille maison, il avait fallu que l’assassin soit très bien renseigné ou que lui-même soit de la ville sombre. L’homme à la canne aurait pu engager quelqu’un pour le faire, mais à nouveau, pourquoi ?

    Fripon ne se dirigeait pas au hasard. Il savait très bien où il voulait aller. La veille, il s’était enfui sans prendre le temps de réfléchir, mais au cours de la nuit, il s’ne était voulu d’avoir laissé l’ange comme ça. Il ne savait pas trop ce qu’il était censé faire du corps, n’ayant nulle part où l’enterrer, mais il ne voulait pas la laisser pourrir dans cette pièce. Il revint aux vieilles maisons alignées, à leur s escaliers et à leurs fenêtres barricadées. Sans peine, il retrouva celle qui ne l’était pas et commença son ascension en continuant de réfléchir à ce qu’il devait faire du corps. Les sœurs du bar l’aideraient surement en fait, elles adoraient le petit ange. Mais qui ne l’aimait pas, elle n’avait jamais fait de mal à qui que ce soit, n’avait causé aucun problème. Fripon sentit les larmes lui monter aux yeux et les essuya avec sa manche avant de passer la petite fenêtre.

    Rien. Le feu était éteint et le corps…n’était plus là. Pendant un instant, Fripon se trouva immobile, toutes pensées bloquées par le fait qu’il y aurait dû avoir un corps ici. Peu à peu, son esprit reprit le dessus. Quelqu’un l’avait trouvé et l’avait emmené, c’était tout. Au moins il n’avait plus à se préoccuper sur ce qu’il devait faire du corps. Malgré lui, il soupira de soulagement, mais quand il se tourna vers la fenêtre pour sortir, il s’arrêta. Une fenêtre si petite, qui aurait eu l’idée de venir voir ce qu’il y avait ici ? y avait-il une autre entrée ? fripon fit volte-face pour observer la porte. A bien y réfléchir, l’assassin avait sans doute dû passer par là, à moins que ce ne soit un gamin des rues. C’était une possibilité qu’il envisageait autant qu’une autre. Il avait déjà vu des enfants se battre pour une pièce et cela s’était fini lorsque l’un d’eux avait saisi un marteau et avait fracassé le crâne d’un de ses opposants. La garde était arrivée et l’avait emmené. Pourtant, ici, c’était différent. Fripon voyait encore nettement les doigts coupés rampant hors de la gorge de la fillette. Ce n’était pas un acte accompli par désespoir ou colère.

    Il avait commencé à traverser la pièce pour voir si la porte pouvait effectivement s’ouvrir, quand son regard fut attiré par un détail. Il baissa la tête vers la flaque de sang séché qui recouvrait le sol. Quelqu’un avait gratté le sang au couteau pour écrire quelque chose dedans. Ce n’était pas des lettres, non, mais un symbole. Fripon sentit son sang se glacer. La ville sombre grouillait de symbole, car presque aucun de ses habitants ne sait lire. Une gamelle d’où s’échapper de la fumée était gravé sur le mur du « Au fond du trou » pour montrer que l’on pouvait y manger gratuitement. Un symbole marquait un lieu où l’on était en sécurité, où l’on pouvait boire, manger, mais aussi prévenir si les gardes avaient visité l’endroit et en avait chassé les occupants. Il y avait des symboles pour les dangers. Trois pierres gravées disaient que la maison marquée était en train de s’effondré. Jolie-main lui avait appris que les prostituées avaient les leurs également. Un couteau au-dessus d’un corps étendu marqué les endroits à éviter, là où elles avaient retrouvé l’une des leurs égorgées ou pire.

    Quand ce n’était pas les rumeurs qui transmettaient le message, c’était les symboles. Plus sûr et plus clair que les bavardages et celui qu’il voyait là, le figeait sur place. Une petite silhouette se tenait d’un côté et de l’autre une grande silhouette, entre les deux, une autre petite silhouette tendait les bras vers la première. Fripon connaissait ce symbole propre aux gamins des rues, très rarement utilisé pourtant, mais essentiel pour dire aux autres que la garde rode. Un message qui n’était pas menaçant d’ordinaire, mais là, sur ce sol où gisait l’ange de la quatrième, gravait dans son sang, il saisissait toute l’ampleur du message : « Préviens les autres, l’assassin est proche ».

    Fripon réussi à inspirer profondément, alors même qu’il ne s’était pas rendu compte qu’il avait arrêté de respirer. Qui avait laissé ce message ? certainement pas l’assassin. La personne qui avait emmené le corps ? qui était-ce ? comment l’avait-il trouvé ? et comment avait-il su que Fripon passerais ? lui ou un autre gamin d’ailleurs. Fripon se décida à bouger. Il ne valait mieux pas qu’il reste là. Tout en ressortant, il reprit sa réflexion. Etait-il possible que cette personne l’ait vu venir la veille ? avait-il surpris l’assassin ? fripon ne savait plus quoi faire. Si quelqu’un courait après les enfants des rues, il ferait mieux d’effectivement les prévenir. Mais si c’était une ruse de l’assassin pour repérer ses prochaines victimes ? fripon s’arrêta et s’accroupit au milieu de la rue en se demandant en boucle ce qu’il devait faire. Pourquoi voudrait-on s’en prendre aux gamins des rues ? à moins que ce ne sois pas n’importe quels gamins. Il repensa à l’une des idées qui lui était venu sur le chemin. La seule chose qui avait vraiment changer dans la vie de l’ange, c’était qu’elle était entrée au service de l’homme à la canne. Etait-ce cela ? est-ce que finalement c’était bien lié à ça et qu’il était maintenant chargé d’avertir ceux qui avaient participé à la dernière mission ? le son d’une calèche en approche le fit se relever. Il s’écarta sur le bas-côté en attendant de la voir arrivé. Lorsque le véhicule, précédé de deux chevaux noirs passa devant lui. Le son des sabots sur les pavés, le choc des roues dans les trous boueux, le laissèrent songeur. Quand la calèche s’éloigna, Fripon s’était décidé. Il ignorait pourquoi toutes ces choses arrivées, ni s’il avait deviné juste, mais celui qui pouvait l’aider était surement Souil. Le garçon n’avait-il pas servi plusieurs fois l’homme à la canne ? peut-être que lui saurait dire s’il y avait eu quelque chose de différent cette fois-ci.

    L’enfant respira profondément, calmé, les idées plus claires, il se mit en quête de Souil. Bien sûr, sa première destination fut l’auberge des deux sœurs. En entrant, il trouva le lieu désert, ce qui n’avait rien d’étonnant étant donné l’heure matinal à laquelle il se montré. Encore occupées, l’une à arrangé la salle, l’autre à préparer la soupe, elles levèrent des regard étonnés en entendant la porte se refermer. Fripon ne perdit pas de temps :

    -Vous n’auriez pas vu Souil ces derniers temps ?

    Elles se redressèrent pour dire en cœur :

    -Souil ?

    -Oui, un garçon qui passe son temps à parler de l’homme à la canne. Vous savez, l’homme qui vole et revend des œuvres d’art.

    Celle qui était penché sur son chaudron, fronça les sourcils :

    -ça me dit quelque chose en effet. Par contre, le gamin je ne crois pas l’avoir revu depuis un moment ?

    L’autre sœur se contenta d’un haussement d’épaules et Fripon partit sans être plus avancé. De nouveau dans la rue, il regarda à droite, à gauche comme si le froid matinal et la brume pouvait l’inspirer sur l’endroit où chercher. Il opta pour la droite, partant à la recherche d’un refuge qu’il connaissait et que les gamins gardaient pour eux. Il passa entre deux maisons, un passage si étroit que, fluet comme il l’était, il tenait à peine de face. Au bout, une petite palissade de bois dont il fallait faire glisser les planches pour atteindre un terrain vague de l’autre côté. L’espace n’était pas grand, rempli d’ordure, mais protégé du vent par les bâtiments qui le cerné. Sans prendre de précaution, Fripon alla secouer une fille qui dormait sous une vieille bâche tendue entre deux roues de calèche brisées.

    -Hey, réveille-toi.

    Elle le repoussa d’un coup de pied qu’il évita de justesse :

    -Fous le camp, laisse-moi dormir.

    -Je veux juste savoir si tu connais Souil. Si tu l’as vu. C’est un garçon qui passe son temps à parler de l’homme à la canne.

    Sans même ouvrir les yeux, elle grommela :

    -Je connais, il vient plus ici.

    -Ah bon ? tu sais où il dort ?

    Elle soupira d’exaspération, mais répondit tout de même :

    -La dernière fois que je l’ai vu, il criait sur tous les toits qu’il allait trouver un travail grâce à la maison d’avenir.

    -Un travail ?

    Fripon fronça les sourcils en s’éloignant. Il ne connaissait personne qui se rendait à la maison d’avenir à moins d’être profondément désespéré et Souil, bien que peu prudent et trop bavard, n’était pas désespéré.

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