• Chapitre 33

    Qoerus était assis contre le mur et fixait le corps de son basilic sans oser le toucher. Un sifflement lui vrillait les tympans et les sons lui parvenaient comme à travers un mur épais. Il était recouvert de poussière, un morceaux de verre plantait au-dessus de sa hanche. Il n'osait pas bouger, il n'osait pas chercher les membres de sa famille. Quand le plafond leur était tombé dessus, son basilic s'était retourné, jetant Qoerus à terre et le protégeant de son corps. Il n'avait plus bougeait depuis et le jeune voleur voulait croire que l'armure qui recouvrait le serpent l'avait protéger de graves blessures. Il se décida enfin :

    -Maître Ressi ?

    -Qoerus ? C'est toi ?

    C'était la voix de son frère aîné qui provenait de derrière le basilic. Plein d'espoir, Qoerus répondit :

    -Oui, je suis blessé. Il faut que tu m'aides.

    Il entendit comme un grattement, suivit d'un soupir :

    -Je n'y arrive pas, j'ai le bras coincé. Qu'est-ce que tu as exactement ?

    -Du verre dans le ventre.

    Il faisait de son mieux pour ne pas pleurer. Le garçon savait qu'il avait toujours été le plus faible de la famille, mais ce n'était pas le moment de se laisser aller. Comme s'il devinait ses pensées, son frère lui dit :

    -Ne bouge pas. Je vais essayer de trouver un moyen.

    Rien que le son de la voix de son frère le rassuré, car son aîné n'était pas bavard, la plupart du temps, il était même carrément muet. Puis, Qoerus entendit :

    -C'est toi, grand-mère ?

    Il y eut un bruit de pierre qui roule et Qoerus s'inquiéta :

    -Qu'est-ce qu'il se passe ?

    Pendant quelques temps, il n'entendit plus rien, puis son frère et sa grand-mère apparurent, déblayant les débris sur sa droite pour le rejoindre. Il crut bien mourir de soulagement en les voyant. La vieille femme, aussi silencieuse que son petit-fils, était une guerrière hors pair et un bon médecin. Elle se pencha sur la blessure et rassura Qoerus :

    -Ce n'est pas aussi grave que cela en a l'air.

    -Tu peux me l'enlever ?

    -Il vaut mieux ne pas y toucher jusqu'à l'arriver des sorcières, je n'ai rien pour te soigner correctement ici.

    Ils s'assirent de part et d'autre du jeune garçon qui observa le bras de son frère :

    -Tu es blessé ?

    -Il est cassé, je crois.

    Il se tourna vers sa grand-mère :

    -Si ce n'est pas si grave, est-ce que je peux me lever ?

    -Pourquoi ?

    -Pour vous aider à trouver les autres. Je me souviens que Lulienne était sur ma gauche quand tout s'est écroulé. Elle ne doit pas être bien loin, probablement assommée et papa et maman aussi. Ah, et l'oncle entré dans la pièce, il doit s'être réfugié dans la pièce d'à côté.

    Il essaya de se souvenir où pouvez se trouver son beau-frère et sa nièce quand il réalisa que ni son frère, ni sa grand-mère n'étaient décidés à bouger.

    -Vous voulez que l'on attende qu'il se manifeste ?

    Avec une grande douceur, sa grand mère le prit dans ses bras et lui fit poser la tête sur son épaule. Il entendit un reniflement à sa droite et il eut beau chercher, mais c'était bien la première fois qu'il voyait son frère pleurer. Alors pourquoi lui se retiendrait ?

     

    Qu'est-ce que c'était déjà ? Ce n'était pas une patte et, pourtant, plus Azaque essayait de le chasser, plus ce mot s'ancrait dans sa tête. Au prix d'un effort, chaque matin plus grand, plus épuisant, cela lui revint. Une main, sa main, il était homme. Quand cette vérité se fut enfin installée dans son esprit, il essaya de se souvenir ce qu'il faisait au milieu d'un tas de pierre. Il aperçut Cil allongée à quelques mètres de lui. Elle avait perdu sa patte, heu... son bras. Il devait traîner quelque part et Azaque se demanda si un de ces congénères ne l'avait pas mangé. Un rire irrépressible le secoua avant qu'il ne réalise qu'il avait peut-être perdu quelque chose lui aussi. Ses bras étaient là, sa tête, c'était évident et il observa ses jambes. Il était agenouillé et, visiblement, rien ne lui manquait. Il entendit un gémissement derrière lui, puis quelqu'un bougea à l'autre bout de la pièce. Peu à peu, les blessés reprenaient conscience, s'agitaient, criaient et Cil papillota des yeux et toussa à cause de la poussière. Puis, elle tourna la tête et aperçut Azaque qui lui sourit. Elle lui rendit son sourire en demandant :

    -Où est Qizorc ?

    -Je crois qu'elle est dans une autre pièce. Tu as perdu un bras.

    -Ah ?

    Elle tenta de se redresser, mais une douleur lui traversa les os et elle se rallongea en attendant qu'elle passe. La jeune femme tenta d'apercevoir son bras malgré tout et, pendant une seconde, elle se demanda où était passé sa fourrure. Se rendant compte de l'incohérence de sa pensée, elle se récita :

    -J'ai perdu un bras, les loups n'ont pas de bras, je ne suis pas un loup, je suis humaine.

    Puis, elle fronça les sourcils, quelque chose cloché et lorsqu'elle comprit, elle éclata de rire. Curieux, Azaque demanda :

    -Pourquoi tu ris ? Tu as mal ?

    -Non, mais regarde.

    Il leva les yeux et ne vit que le plafond et tandis qu'il se disait que Cil était plus folle que lui, il lui vint l'idée de se rapprocher. Il se leva avec précaution, comme s'il craignait de soudain se briser en mille morceaux et vint s'allonger près d'elle. Il vit alors qu'un pans de plafond et de mur manquait et à travers le trou ainsi perçait, les étoiles brillaient.

    -Il fait nuit.

    -Nous ne devrions pas être humain.

    Où qu'ils soient, les rayons de lune les trouvaient et les changeaient en loup, alors il était impossible qu'il fasse encore nuit et qu'ils soient humains.

    -Comment cela se fait ?

    -Je l'ignore et je m'en moque.

    Et tandis que partout sur tous les étages des cris de douleur et des pleurs se mettaient à résonner, les deux Tiark restèrent à admirer la nuit en souriant.

     

    Algol recomptait ses doigts pour la énième fois, pas ceux qu'il avait encore, mais ceux qui avaient été arraché et traîné sous son nez. A moins d'un mètre de lui, quatre des doigts de sa main gauche semblaient le narguer alors qu'il ne pouvait plus bouger. Allongé sur le ventre, il lui était impossible de discerner ce qui le bloqué exactement, mais il y avait un poids sur tout son corps et qui s'alourdissait. Pourtant, Algol pensait seulement à ses doigts et la fureur qui l'habitait. Une fureur qui ne l'avait pas quitté depuis la mort de son frère et il s'imaginait les milles tourments qu'il ferait subir à Noré s'il la recroisait. Bien sûr, il était fautif aussi. Il aurait dût les ignorer, refuser de s'engager dans la bataille, mais il avait voulu que son peuple retrouve sa paix. Ce n'était tout de même pas un crime, alors pourquoi fallait-il qu'il se retrouve encore dans une situation impossible. Cela ne serait jamais arrivé du temps de son frère, mais ne l'avait-il pas prévenu ? Ne lui avait-il pas dit qu'il aurait été incapable de gouverner comme lui ? Si, évidemment et aujourd'hui, il était dans de beaux draps et enragé par-dessus le marcher. Il serrait les dents, soulevant la poussière à chacune de ses respirations, enragé c'était le mot. Il aurait voulu se relever, repousser ce qui le bloquait, courir jusqu'à retrouver Noré et lui arracher les yeux. Il se reconcentra sur ses doigts en se demandant qu'est-ce que c'était qu'une main avec un pouce ? Il aurait mieux valu lui couper toute la main.

    Sur son dos, une poutre soutenait à grand peine un amas de roche et à chaque seconde, elle s'affaissait un peu plus. Algol allait mourir écrasé très lentement, mais pour l'instant, il était trop furieux pour s'en préoccuper.

     

    Soria n'avait pas bouger, simplement parce que les pointes de bois fichaient dans sa jambe et son épaule l'en empêcher rendant toute tentative trop douloureuse. Elle avait essayer de lever la jambe, mais la pointe avait refuser de bouger. D'une façon ou d'une autre, elle devait s'être fixé dans le sol. Alors Soria restait sagement sur le dos à regarder son frère étendu à côté d'elle. Des pierres le recouvraient jusqu'aux hanches, le visage vers elle, légèrement vers le bas, elle pouvait voir sa poitrine se soulever de façon irrégulière. Pourtant, il n'ouvrait pas les yeux et elle eut beau tendre le bras, elle ne pouvait l'atteindre. Elle refit pourtant une tentative, grimaçant de douleur, étendant le bras, les doigts, quelques centimètres et elle pourrait lui effleurer les cheveux. Finalement épuisée, elle laissa retomber son bras et appela doucement :

    -Denelann ? Denelann ?

    La poitrine se souleva encore, mais de façon presque imperceptible.

     

    Xilanos avait la tête au bord de l'explosion. Il suivait un chevalier dans un couloir quand le souffle l'avait projeter contre un mur. Cependant, le couloir n'avait miraculeusement subit que peu de dégât. Il se dégagea du mur, tituba, retomba, son épaule le faisait atrocement souffrir. Il chercha sa fée et aperçut la tête et le bras de la petite créature qui dépasser d'une pierre qui l'avait écrasé. Il resta sans rien faire, ignorant quoi dire. Il fit glisser une mèche de cheveux entre ses doigts et les découvrit noir. Il fut soudain rempli d'un vide étrange, c'était la première fois qu'il perdait sa fée. Elle l'avait suivi depuis qu'il était chez les Aurien et ils s'étaient toujours sorti de toutes les batailles ensemble. Il réprima des larmes et, de son bras valide, arracha un pans de chemise. Il retira la pierre, ramassa la fée et l'enveloppa dans le tissu qu'il glissa dans sa poche. Il se leva, resta sur place en attendant que les murs cessent de tourner et essaya de se souvenir de quel côté il venait. Il se mit en marche d'un pas chancelant tout en pensant qu'il aurait aimé partir à la recherche de Noré, mais il se reprit. Il devait d'abord trouver Eliana et voir comment se porter les Aurien.

    Le bout du couloir était bouché par un tas de gravas, mais par une simple poussée, il s'écroula. Xilanos eut du mal à reconnaître la salle qu'il avait quitté. Un grand trou se trouvait là où il y avait eu un mur. Il entra, enjambant les cadavres, cherchant des survivants. Il aperçut Pitan éventré, sa mère Alianis, à quelques pas de lui, avait perdu ses deux jambes. Il traversa la pièce, entra dans une autre où à son grand soulagement, il trouva quelques blessés encore vivant. Ils erraient hagards, tandis que certains, ayant repris leurs esprits et ayant miraculeusement échappé à des blessures trop grave, tentaient de leur venir en aide. Il s'approcha d'une Alianis qui tentait de consoler deux jeunes Aurien en pleur:

    -Vous n'auriez pas vu Eliana ou Vigle ?

    Du menton, elle lui montra une autre salle. Il traversa un couloir et tomba sur un nouveau carnage. Il ne tarda pas à trouver celles qu'il cherchait. Vigle avait eu le crâne défoncé et Eliana portait une blessure au ventre faite par une lame. De toute évidence, elle était morte avant l'explosion. Xilanos resta un instant à fixer le corps de la fillette en resongeant à ce que Noré lui avait dis.

     

    Jdosté était chancelant, l'air était saturé de poussière et il trébuchait sans cesse sur des pierres ou des cadavres. Il avait été blessé à la tête, mais la blessure ne semblait plus saigné. En revanche, son œil droit s'évertuait à rester flou. Il trébucha et se rattrapa à un mur en miette. De plus en plus d' ombres se déplaçaient, cherchant des amis, appelant. Lui-même cherchait Luse et son capitaine sans se soucier si les survivants qu'il croisait été allié ou non. Combien même cela aurait été des ennemis, ils avaient certainement autre chose à faire que de l'achever. Il tenter d'atteindre la partie gauche de la tour, lui et son groupe avait été envoyé dans les salles sur la droite. Néanmoins, il avait du mal à se repérer, l'explosion avait visiblement fais plus de dégâts sur la partie gauche. Des murs étaient éparpillés dans les pièces, à certains endroits le sol était éventré. Pourtant, il lui sembla reconnaître le couloir et les escaliers devaient se trouver sur sa gauche. Il prit donc à droite, puis passa à travers un mur troué. Il approcha un chevalier occupait à retirer un large morceaux de bois du genoux d'un de ses camarades :

    -Sais-tu où été Luse et le capitaine avant l'explosion ?

    -Le capitaine est partie dans la salle derrière, je ne sais pas pour Luse.

    Jdosté passa dans la salle désigné et eut le souffle coupé. La tour était ouverte sur l'extérieur, laissant apparaître l'océan et le ciel comme si ils étaient dans la pièce. Il n'y avait plus de murs sur plusieurs mètres, autant en hauteur qu'en largeur et sur la moitié de la salle le sol avait disparu.

    -Jdosté ?

    Il tourna la tête vers l'appel et aperçut son capitaine. Il se précipita vers lui :

    -Capitaine, vous n'avez rien ?

    -Ma jambe, je ne l'a sens plus.

    Il vit la jambe écrasait par un pan de mur et il y avait peu de chance pour qu'elle soit entière.

    -Vu ton silence, j'en déduis que ce n'est pas bon.

    -Désolé capitaine.

    Il eut un faible sourire :

    -Ne le sois pas. Va voir Luse, je discutais avec lui mais il est silencieux depuis quelques temps.

    -Où est-il ?

    -Derrière, je ne sais pas où, je n'arrive pas à me retourner.

    Jdosté releva la tête et vit aussitôt le chevalier. Il était affaissé contre le mur, sans bouger. Jdosté s'approcha, prit sa tête entre ses mains et la releva. Le mouvement fit reprendre conscience au jeune homme. La partie droite de son visage n'était qu'un amas de chair sanglante, son œil pendait hors de son orbite. Son plastron s'était plié et s'était fiché dans son corps juste sous son bras. Luse bafouilla quelques mots incompréhensible et sa tête retomba, mais Jdosté la redressa :

    -Luse, tu m'entends ?

    Il fixa Jdosté de son œil restant pour montrer qu'il écoutait.

    -On va attendre les sorcières. Elles vont bientôt arrivés, c'est sûr, alors ne t'inquiète pas.

    Il hocha la tête avec lenteur.

     

    Noré essaya d'inspiré profondément, mais sa poitrine se souleva à peine qu'elle se paralysa. Elle n'avait pas mal, le choc l'avait frappé en plein et elle avait supposé que cela avait comprimé ses côtes. Ses poumons ne pouvaient plus s'emplir complètement et elle avait conscience de suffoquer doucement. Elle s'était résolu au calme, fixant le plafond sans le voir, mais même ainsi, l'air lui manquait. Elle inspira par petits accoues, cela restait insuffisant. Cependant, se concentrer sur sa respiration la détourner du visage de son père dont elle sentait encore la chaleur dans son cou. Mais elle sentait son sang coulait sur elle, beaucoup trop de sang pour qu'il fut encore en vie. Puis, soudain, elle réussi à inspirer à fond et pendant quelques minutes elle ne fit rien d'autre que de respirer tout son soul. Lorsqu'enfin, elle fut certaine qu'elle respirait normalement, elle se décida à bouger pour chercher de l'aide. Elle tenta de repousser le corps de son père, sans succès. Elle insista en essayant de se soulever et se mit soudain à hurler.

     

    Soria entendit quelqu'un l'appelait. Elle ouvrit les yeux et tomba sur le visage de son frère qui n'avait pas bouger. Une main lui toucha le front et elle tourna la tête :

    -Titian ?

    -Oui, je suis là.

    Il était pâle et paniqué, mais elle lui demanda :

    -Va aider mon frère, il n'a toujours pas repris conscience.

    Il obéit, se pencha sur Denelann et posa sa main sur sa poitrine, puis dans son cou et jeta un regard attristé à Soria. Elle fixa le visage de son frère et dit avec tout le calme dont elle était encore capable :

    -Non, il respirait, je l'ai vu.

    -Cela ne fais pas longtemps.

    -Mais, il respirait, il allait se réveiller.

    Titian revint vers elle, posa sa tête sur ses genoux et lui saisit la main. Soria continua d'insister, répétant sans cesse qu'il respirait et il ne savait pas quoi dire. Il n'avait jamais su consoler les gens, alors il la laissa pleurer, appeler son frère en la gardant contre lui.

     

    Xilanos avait trouvé une fée et l'avait envoyé chercher les sorcières. A présent, il s'évertuait à grimper les étages, mi marchant, mi escaladant. A plusieurs endroits, les escaliers n'étaient plus soit des trous béants, soit des gravas. Il avançait avec lenteur à cause de son bras. Lorsqu'il se retrouva complètement bloqué, il pénétra l'étage en espérant trouver un moyen de monter. Il fit plusieurs salles au milieu des cadavres avant d'en trouver une dont le sol avait été défoncé par la chute du mur de l'étage supérieur, créant un tas de pierre. Il le grimpa avec précaution et atteint l'étage, mais alors il fallait s'y hisser. De son bras valide, il agrippa le sol, cherchant des anfractuosités, ses pieds glissant sur les gravas. Un chevalier apparut, il n'aurait su dire si il s'agissait d'un allié ou d'un ennemi. Il n'avait pas pris le temps de faire connaissance avec tous les hommes de Pakt. Toujours fut-il que l'homme l'aperçut et qu'il le fixa quelques secondes en se demandant sans doute ce que le garçon pouvait bien faire. Finalement, il lui saisit le bras et l'aida à grimper. Une affreuse balafre sanglante lui défiguré le visage, mais il tenait encore debout et s'éloigna sans rien dire. Xilanos ne s'attarda pas et repris sa marche, cherchant les escaliers pour continuer sa montée. Il enjamba les cadavres, escalada un mur en miette, avant de se retrouver à l'entrée d'une pièce.

    Il y aperçut le capitaine Pakt au sol, Jdosté accroupit devant Luse lui parlant à voix basse. Xilanos entraperçut les blessures du jeune chevalier, mais cela ne lui inspira aucune horreur. Après tout, au cours du chemin effectuait pour arriver jusqu'ici, il avait trouvé le corps de Hëdjik la partie gauche complètement arraché. Il avait du avancer avec précaution pour éviter les entrailles qui se déversaient sur le sol. Il avait vu un Rhosay encore bien conscient, alors qu'une pierre pointu était fiché dans son oreille. Une autre avait été coupé en deux, un autre broyé. Il prit le partit de laisser les chevaliers, il voulait retrouver Noré. Après les corps de sa fée, de Eliana et Vigle, il s'était sentit sur le point de craquer. Il devait la retrouver et la retrouver vivante ou il ne répondrait plus de rien. Sur sa gauche se trouvait la porte qui devait mener aux escaliers et se dirigea vers elle. Lorsqu'il fit jouer la poignée, elle refusa de s'ouvrir. Il donna un coup d'épaule sans plus de succès. Il remarqua alors que la porte était tordu, un obstacle devait boucher l'accès de l'autre côté. Il chercha un autre chemin et repensa à la salle à moitié démoli, où il avait aperçu les chevaliers. Il y entra, s'approcha du bord du trou qui s'ouvrait sur l'extérieur et regarda vers le haut. L'étage supérieur était visible, mais rien ne lui permettrait d'y grimper comme il avait pu le faire plus tôt. Sans compter que cette fois, le moindre faux-pas le dirigerais directement dans le vide. Il regarda autour de lui et retomba sur les chevaliers qui ne semblait pas s'être rendu compte de sa présence. Il appela Jdosté qui se releva :

    -Oui. Qu'y a-t-il Xilanos ?

    -J'aurais besoin d'aide. Je veux atteindre l'étage supérieur.

    -De l'aide ?

    Il jeta un regard à Luse, puis le rejoignit.

    -Comment veux-tu faire ?

    -Il faudrait que tu me portes, si tu le peux.

    Le sang qui avait rougis le visage du chevalier semblait avoir séché, mais sa blessure pouvait être plus grave qu'elle n'en avait l'air. Cependant, le chevalier vint se mettre au bord du gouffre, saisit les jambes de l'Aurien de ses deux bras et le souleva. Xilanos réussit à atteindre une pierre qui lui fit une bonne prise. Il bougea sa jambe, posa son genoux sur l'épaule de Jdosté et le pied de son autre jambe sur l'autre épaule. Puis, il se mit debout et de cette façon se retrouva à demi-passé.

    -Il faudrait encore me pousser.

    Jdosté glissa ses mains sous les pieds et poussa. Xilanos tira sur son bras, tout en souhaitant que le sol ne s'effondre pas sous son poids ou c'était la mort pour Jdosté et lui. Il réussit à se hisser enfin, remercia le chevalier et se releva. Il s'éloigna vite du vide et explora l'étage. Dans ce qui fut le couloir, les lustres s'étaient écrasés au sol, les portes de la salle du sacrifice avaient été projeté. Tous les murs de la partie gauche n'existaient plus et un vent aux effluves salines s'engouffrait dans la tour. Un regard sur ce qui restait du plafond et il ne douta pas que le toit risquait de tomber d'une minutes à l'autre. Sur sa droite, les restes d'un mur et il aperçut une grande salle au-delà dont les vitres avaient explosé. Il passa de l'autre côté et aperçut du sang et différentes parties de ce qui avait dut être un être humain. Il entendit un hurlement qui lui glaça le sang et finit par apercevoir Noré. Il se laissa glisser sur un tas de cailloux jusqu'à elle. La jeune fille fermer fortement les yeux, les dents serrés, des larmes coulant à flot sur ses joues, visiblement luttant contre un autre hurlement. Lyan n'avait plus de dos, la chair et les os étaient à vif et son cerveau apparaissait sur un quart de son crâne. Avec autant de délicatesse qu'il put, il déplaça le corps sur le côté pour dégager la jeune fille. Puis, il lui saisit le bras dans l'intention de la soulever, mais ce simple geste lui arracha un autre hurlement. Il la relâcha aussitôt. Elle était couverte du sang de Lyan, rendant difficile le repérage des blessures :

    -Noré ? Où as-tu mal ?

    Elle posa ses yeux sur lui et dit les seuls mots qui auraient pu le faire craquer :

    -Tue-moi. S'il te plaît, je n'en peux plus, j'ai trop mal. Tue-moi.

    Sa voix s'étrangla dans un sanglot et Xilanos fondit en larme. Noré referma les yeux, tentant encore de lutter contre la douleur. Le garçon ne se laissa aller que peu de temps, il fallait se ressaisir. Il essuya ses larmes et dit:

    -Non, non, on va attendre les sorcières. Elles vont arriver, j'ai envoyé une fée.

    Il n'osa plus la toucher et attendit près d'elle en se demandant, tout comme Soria, Titian et tous les autres survivants à cet instant, ce que pouvez bien foutre ces foutues sorcières.

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