• Chapitre 21

    Charon veilla à ne pas bouger quand il sentit le choc de la téléportation. Essayez de se libérer à cet instant était au risque de se retrouver perdu dans l'espace. Il ne voyait rien autour de lui et était ficelé par ces minces liens qui l'avaient saisis. Le froid était mordant, l'empêchant presque de respirer. Dès qu'il sentit la vibration provenant du retour au sol, il changea son corps en flamme, dissipant les ténèbres qui l'entouraient. Elles se déchirèrent dans un étrange hurlement et Charon jaillit avant qu'elles ne se referment. Il atterrit sur un sol de marbre et un bref coup d’œil alentours l'informa qu'il était encore dans la ville vieille. Mais à quelle distance de Lutinor ? Il se retourna pour faire face à la chose qui l'avait attrapé. Ce n'était qu'un immense amas d'obscurité. Charon n'avait jamais vu ou entendu parler d'une chose pareille. Il savait que des sans-âmes erraient dans les environs, mais ça...

    -Qu'est-ce que tu es exactement ?

    Sans surprise, la chose ne répondit pas et envoya de nouveau ses fils vers le sans-âme. Seulement, cette fois, il était prêt et les trancha en faisant sortir une lame de lumière de sa main mise à plat. La chose poussa un nouveau hurlement avant de reculer.

    -C'est ça, vas te planquer.

    Il observa les plate-formes et escaliers qui l'entouraient sans noter la moindre trace de vie.

    -Lutinor ?! T'es où ?!

    Il criait à plein poumons. Si les créatures étaient attirés par ses hurlements, c'était pas plus mal. S'en sera autant qui ne courront pas après Lutinor et Milen.

    -Viens ici tout de suite !

    Il se retint de rire en sachant que, probablement, aucun des deux ne pouvaient l'entendre. Dans son dos, la chose revenait doucement, préparant une nouvelle attaque, mais Charon lui jeta un regard noir :

    -Toi, ça suffit. Je suis occupé.

    Il n'était pas sûr que cela puisse comprendre ce qu'il disait, cependant, elle n'avança plus comme si le ton menaçant l’avait intimidée. Charon s'engagea dans un escalier qui le mena à une autre surface plate et sans murs.

    -Lutinor !

    A nouveau, il jeta des regards autour de lui pour voir s'il n'y avait pas de mouvement. Comme il ne voyait rien, il continua. Il avança longtemps, appelant régulièrement, prenant le temps de se repérer. Cela était assez difficile car rien ne ressemblait plus à un escalier qu'un autre escalier.

    Un grondement se fit entendre, forçant le sans-âme à s'arrêter pour savoir d'où cela venait. En fait, il n'eut pas à chercher longtemps car le grondement s'approcha de lui rapidement. Charon baissa les yeux à temps pour voir une ombre traversait le sol. Elle avait la forme d'un énorme poisson naviguant dans l'espace avec une énorme gueule tout en dent. Un poisson qui grogne ? J'aurais tout vu. La créature stagna face à lui, faisant trois fois sa taille. Quand le poisson ouvrit la gueule pour l'avaler, Charon s'enveloppa d'un bouclier sur lequel la chose se cassa les dents. Elle recula dans un nouveau grondement.

    Charon s'élança dans un autre escalier, mais le poisson suivit. Il a du flair l'animal. Sa propre remarque le fit sourire avant qu'il ne réalise ce qu'il venait de faire. Par les dieux, Lutinor déteint sur moi ?

    Le sans-âme était arrivé sur une plate-forme sans issu. Le grondement dans son dos l’informa qu'il n'avait nullement semé son poursuivant. Il approcha du bord pour se pencher au-dessus. En contrebas, il aperçu une passerelle assez large, mais éloigné. Charon jeta un œil par-dessus son épaule pour apercevoir l’énorme poisson spectrale traversait sol et murs comme s'ils n'existaient pas. Bon, je n'ai plus le choix. Charon sauta en visant le sol de sa main, créant un vent contraire qui ralenti sa chute. Le grondement se fit soudain plus puissant et la créature lui arriva droit dessus. Lâchant un juron, Charon utilisa son autre main pour envoyer une boule de feu qui travers le monstre sans qu'il ne semble rien sentir. Pour éviter la gueule ouverte qui s'apprêtait à le croquer, Charon stoppa le vent qui le freinait. Chutant soudain beaucoup plus rapidement, le poisson le rata de peu. Le sans-âme vit le sol s’approchait trop vite et tenta de ralentir à nouveau, quand le monstre le poussa d'un coup de nageoire. Le jeune homme n'eut pas le temps de se demander comment cet nageoire avait pu le toucher si l'animal n'était pas solide. Il dévia de sa trajectoire, se dirigeant vers le vide à côté de la passerelle. Un nouveau juron et Charon fit jaillir une corde de la paume de sa main. Il la lança pour qu'elle s'enroule à une colonne à proximité, mais le poisson le bouscula à nouveau, lui faisant rater sa cible. Il va me lâcher oui ?!

    Une lumière aveuglante jaillit soudain. Charon s'efforça de voir d'où elle venait alors même qu'il tombait toujours. Le poisson poussa un grognement sinistre avant de disparaître en fumée. Le sans-âme observa le phénomène avec surprise, puis il sentit une traction qui le faisait remonté vers la ville vieille. Il ne chercha pas à lutter, préférant voir d'abord de quoi il retournait. Le jeune homme fut soulagé de sentir à nouveau le sol sous ses pieds et en relevant la tête, il aperçut trois hommes qui lui faisaient face.

    -Qui êtes-vous ?

    Celui de gauche avait des yeux éteints en répondant :

    -Tu pourrais nous remercier.

    Charon admis qu'il n'avait pas tort :

    -Merci et vous êtes ?

    C'est celui au centre qui répondit cette fois :

    -Les sans-âmes.

    Charon se crispa en se préparant à se défendre :

    -Ceux qui ont été envoyé ici pour folie.

    Celui de gauche eu un rictus qu'il effaça à peine apparut :

    -Tu pourrais éviter d'être blessant.

    Celui au centre dit, en ignorant l'intervention de son camarade :

    -Que fais-tu ici si tu n'es pas fou ?

    Charon resta sur ses gardes :

    -Je ne suis pas fou, je suis ici avec des amis. On s'est perdu de vu.

    A gauche, il répliqua d'une voix morne :

    -Vous veniez faire un pique-nique ?

    Charon ne put s'empêcher de sourire en pensant que Lutinor aurait été capable de le proposer. Il reprit rapidement son sérieux :

    -Bien sûr que non. Nous cherchions quelque chose.

    -Quoi ? Demanda l'homme au centre.

    Cette fois, Charon ne répondit pas. A la place, il se tourna vers le sans-âme de droite :

    -Tu n'as pas de question, toi ?

    Celui de gauche répondit à sa place :

    -Il ne peut pas, il est fou.

    Charon fronça les sourcils :

    -Il ne peut pas quoi ?

    -Ce que tu as dis.

    Le jeune homme dévisagea celui de gauche, renonçant à insister car il sentait que la santé mentale de ces trois n'était pas très stable. Qui sait si à force de leur parler, il ne perdrait pas aussi la tête.

    -Je vais retrouver mes amis, si vous permettez.

    Il s'avança pour se diriger vers un escalier, mais les trois se décalèrent pour l'empêcher de passer. Charon se décala de l'autre côté et les trois suivirent. Il leur dit alors d'une voix posée :

    -Si vous ne voulez pas me laisser passer, il va falloir que l'on se batte.

    Celui du centre haussa les épaules :

    -On est trois.

    Le jeune homme eut un sourire mauvais :

    -Et je suis Charon.

    Ils le dévisagèrent de leurs yeux sans vie, sans montrer la moindre trace d'inquiétude ou de surprise. De toute évidence, ils ignoraient qui il était. Voilà qui est plutôt vexant.

    -Vous n'avez jamais entendu parlé de moi ?

    Silence.

    -Le passeur du Styx ? Gardien de Hadès ?

    Celui de gauche se contenta de demander :

    -Tu es fou ?

    Le centre lui répliqua :

    -Il a déjà dit non.

    Gauche haussa les épaules :

    -Peut-être qu'il a changé d'avis.

    Charon eu un ricanement crispé. Il faut que je me tire vite fait.

    -En résumé, je suis le gardien le plus puissant qui est jamais existé, alors vous feriez mieux de dégager le passage.

    Il exagéré sans doute un peu, mais il doutait que ces trois là prendrait le temps de vérifier ses dires. Nullement impressionné, le centre se contenta de dire :

    -Le gardien le plus puissant ne veut pas dire le sans-âme le plus puissant.

    Charon croisa les bras. Peut-être pas si fou que ça.

    -En fait, si, je suis également le sans-âme le plus puissant.

    Le jeune homme ne s'inquiétait pas de savoir s'ils finiraient par vouloir le tester. Le pouvoir qu'il percevait chez ces trois là était brisé, discontinu. Ils avaient dût unir leur force pour pouvoir le faire remonter jusque là.

    -Non, dit celui de gauche.

    Charon se tourna vers lui :

    -Non ?

    Je devrais peut-être pas l'encouragé à parler.

    -Non, répéta-t-il simplement.

    Charon attendit la suite un instant, hésitant à relancer, puis il finit par céder :

    -Non quoi ?

    Celui du centre répondit à la place de son camarade :

    -Tu n'es pas le sans-âme le plus puissant.

    Cette fois, le jeune homme eut un sourire amusé :

    -Ah non ?

    -Non, répéta encore celui de gauche.

    Il n'ajouta rien. Décidément. Charon se concentra sur celui au centre :

    -Pourquoi je ne serais pas le plus puissant des sans-âmes ?

    -Parce que c'est Dxaze le plus puissant.

    Charon sentit son cœur bondir dans sa poitrine.

    -Dxaze ?

    Les trois hochèrent la tête en chœur. Le jeune homme sourit largement :

    -Dxaze est ici ?

    Pour une fois, ils semblèrent décontenancés. Celui du centre demanda :

    -Tu le connais ?

    -Je le connais.

    Nouveau silence. L'homme se contenta de dire :

    -Il est ici.

    Charon se pencha légèrement en avant :

    -Vous pouvez me mener à lui ?

    Les trois continuèrent à le dévisager, puis celui de gauche prit la parole :

    -Pourquoi on ferait ça ?

    -Parce qu'on est ami.

    L'homme secoua la tête :

    -On peut pas être ami, on te connais pas.

    Charon se retint de montrer le moindre signe d'exaspération :

    -Non, pas nous. Dxaze et moi. On se connaît depuis longtemps.

    -Longtemps comment ?

    Il me cherche, c'est pas possible. Prenant le parti de l'ignorer, Charon revint à l'homme au centre :

    -Il sera content de me voir, je vous assure.

    L'homme sembla hésiter.

    -De toute façon, il n'a rien à craindre, n'est ce pas ? Il est le plus puissant.

    Les deux dire en chœur :

    -C'est vrai.

    Le troisième se contenta de hocher la tête. Charon insista :

    -Alors ?

    L'homme au centre tourna les talons :

    -Suis nous.

    Escorté par les trois sans-âmes, Charon se demanda comment les retrouvailles allaient se dérouler.

    « Jean de La Bruyère, Alexandre Dumas, Racine, Jackson Brown Jr., William HazlittDirecteur de l'école »

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