• CHAPITRE 14

    Noré se dégagea du cadavre de l'homme qui lui était tombé dessus, en demandant :

    -Mon frère ?

    -Oui, l'autre avec qui tu étais quand on s'est rencontré.

    Elle fixa Soria bêtement, encore sous le coup du spectacle qu'elle venait de voir. Puis, Titian lui revint en mémoire. Sans répondre, horrifiée de l'avoir oublié quelques secondes, elle se précipita vers la chambre, suivit de Soria. Les bruits de la lutte leur parvenait toujours. Lorsqu'elle entra, Titian était acculé à la table. Noré resta à l'entrée, voulant demander à Soria de l'aide, elle la vit passer à côté d'elle, sa vitesse et sa robe lui donnant l'effet d'un éclair rouge. La jeune femme prit appui sur le lit et sauta sur le dos d'un des hommes. Le pirate qui se tenait à côté, se détourna de Titian et réussit à attraper la Saldrian à bras le corps, il usa de toutes ses forces pour la décrocher de son camarade.

    Sans hésiter une seconde, Soria leva la jambe, la ramena à elle et fit tourner l'anneau, qui s'était libéré, sur la pointe de son pied. Lorsque le mouvement fut assez rapide, elle le lança en balançant la jambe. Le bracelet s'envola vers le plafond, puis descendit en flèche tuant le premier pirate. Il tourna ensuite et aurait probablement tuer l'homme qui la tenait si celui-ci ne l'avait pas lâché pour reculer d'un pas. L'anneau passa entre eux et Soria le saisit entre ses deux doigts. Vivement, elle se retourna et trancha la gorge de l'homme. Titian abattait le dernier et dévisagea la jeune femme :

    -On m'explique ou j'ai droit à un petit suspens ?

    La Saldrian l'ignora et ferma la porte :

    -Vous avez des problèmes ?

    Des éclats de voix leur parvinrent d'en bas. Noré se désespéra :

    -C'est pas vrai ! Mais, ils sont combien.

    Titian grimpa sur la table et se pencha par la fenêtre :

    -Innombrables.

    -Pourquoi ils ne viennent pas tous d'un coup, que ça se finisse.

    -Ils pensaient certainement en avoir envoyé suffisamment pour nous capturer.

    -Et ce n'est pas le cas.

    Soria se tenait les mains dans le dos, se balançant d'un pied sur l'autre, comme si tout cela était normal.

    -Tu vas me dire ce que tu fais là ?

    Elle ne répondit pas.

    -Va pour un petit suspens, alors.

    Il ouvrit la fenêtre :

    -On est au premier, ça devrait aller.

    Un coup violent fit trembler la porte. Ils se retournèrent tous en sursaut. Noré nota que Titian semblait inquiet. Il y avait peu de chance pour qu'il remporte un nouveau combat.

    -Il faudra bien que ça aille. Désolé, Saldrian, si tu veux vivre, tu dois nous suivre. Quoique je ne doute pas que tes charmants bracelets pourraient te sauver la mise encore une fois. Fais ce que tu veux.

    Tout en parlant, il passa les jambes par la fenêtre et se glissa, accroché au bord. Le pirate resta un moment suspendu avant de lâcher prise. Noré se pencha à son tour. La fenêtre donnait dans une ruelle sombre. Elle eut des difficultés à distinguer le pirate dans la pénombre. Un nouveau coup, la porte craqua. Soria recula et vint saisir la jeune fille par la taille pour l'encourager à sauter :

    -D'accord, pressons, pressons.

    Elle s'y prit de la même manière que Titian. Une fois suspendue, la jeune fille tâtonna avec ses pieds cherchant une prise et sentit les mains du pirate lui frôler les chevilles :

    -Lâche !

    Noré hésita une seconde encore et obéit. Il tenta de la rattraper à la taille, mais elle lui échappa et il resserra son étreinte, alors que ses bras arrivaient sous les siens. Cela provoqua une douleur dans les épaules de la jeune fille, qui grimaça sans rien dire. En haut, les coups redoublèrent, la porte craqua de plus en plus. Cela ne tenait qu'à peu de chose. Soria s'assit gracieusement sur le bord de la fenêtre :

    -Tournez-vous, jeune homme.

    -C'est une blague ?

    -Non. Même en situation de crise, je ne tiens pas à ce que l'on regarde sous mes jupes. Tourne-toi.

    Le ton s'était fait plus sévère, plus impérieux. Avec un râle d'impatience, il saisit Noré par l'épaule et l'entraîna, longeant les murs. Comme la situation semblait appeler à la discrétion, elle murmura :

    -On n'attends pas, Soria ?

    -Non, on a d'autre chose à penser.

    -Comme quoi ?

    Il faillit faire un bons en entendant la voix de la Saldrian à son oreille. Il posa son index sur ses lèvres d'un geste furieux. Ils arrivaient au coin du bâtiment. Le pirate se pencha dans la rue, qui longeait le côté de l'auberge. Il ne pouvait donc voir l'entrée du bâtiment, mais il espérait au moins apercevoir quelques pirates en mouvement.

    -Ils sont sortis !

    Le hurlement venant de la fenêtre était si puissant qu'il leur parvint. Dans la rue, une brusque agitation se fit entendre. Titian étouffa un juron et s'élança dans la rue en face sans attendre. Noré et Soria le suivirent. Ils n'avaient pas atteint le bout de la rue qu'ils entendirent un pirate hurlait derrière eux :

    -Ils sont là !

    Leurs pas lourds résonnèrent sur les pavés des rues désertes, criant pour indiquer leur position à leur camarades. Ils les poursuivaient. Titian bifurqua dans plusieurs rues, ses compagnes eurent du mal à le suivre. Il sauta par-dessus des tonneaux disposés à l'entrée d'une autre ruelle et s'assit derrière. Noré les escalada avec peine, ses gestes étant troublés par la peur. Soria bondit avec légèreté et atterrit de l'autre côté. Ils restèrent assis derrière, tandis que les pirates approchaient. Noré profita de cette pause pour reprendre son souffle le plus discrètement possible. Ils entendirent certains des hommes ralentirent.

    -Tu es sûr qu'ils sont passés par là ?

    -Bah, il me semble.

    Les voix venaient de plus loin dans la rue. Noré se blottit un peu plus, espérant être rendue invisible. La ruelle était un cul de sac. Ils étaient piégés. Cependant, cela ne sembla pas être l'avis de Titian, car il ne resta pas à attendre bien longtemps. Courbé en avant, les mains presque au sol, il s'avança dans la ruelle. Il se cacha sur un pas de porte, leva le bras pour essayer la poignée, rien ne bougea. Il jeta un coup d'oeil par-dessus les tonneaux qui cachaient Noré et Soria. Ne voyant pas revenir les pirates, il se remit à quatre pattes et avança dans la ruelle jusqu'au prochain pas de porte. Le jeune homme tenta d'ouvrir la porte sans succès et reprit le même manège.

    Noré était concentrée sur les allées et venues des pirates dans son dos. Ils avaient été tenté de revenir sur leur pas et la jeune fille avait retenu sa respiration, les yeux sur Titian qui se déplaçait. Finalement, un pirate qui avait continué dans la rue les appela. Ils étaient repartis, pensant suivre la bonne route, mais les pirates semblaient s'être arrêté au bout de la rue car elle entendait encore leur voix, peu sûr du chemin à prendre. Titian finit par atteindre le mur devant lequel était entassé des sacs de toile fermés à l'aide de corde et qui devaient contenir de la farine ou des céréales. Il les escalada sans hériter. De là, il lui suffit de tendre les bras pour attraper d'une main le bord du toit, de l'autre le sommet du mur. Le pirate se hissa, passa ses jambes de l'autre côté et disparu. Soria poussa Noré pour qu'elle suive l'exemple du pirate, mais celle-ci secoua la tête avec véhémence. Elle préférait attendre ici que les pirates s'ne aillent. La Saldrian lui serra fortement le bras et la jeta en avant. La jeune fille se résolut à avancer comme l'avait fait son compagnon. Elle atteignit le premier pas de porte sans encombre, jeta un regard en arrière, puis avança au second pas de porte. Toujours pas de pirates. Noré allait continuer sa progression, quand, du coin de l’œil, elle perçut un mouvement. Stoppant net, elle vit Soria, pointant du doigt, la porte qu'elle venait de quitter. S'était-elle ouverte ? Un regard en arrière l'informa que ce n'était pas le cas. Elle revint sur Soria qui désignait du pouce le tonneau derrière elle. Durant une seconde, Noré se demanda pourquoi elle lui montrait l'objet, quand un éclair de compréhension lui traversa l'esprit. La jeune fille se jeta en arrière et retourna se réfugier sur le pas de porte. Le plus discrètement qu'elle put, elle tenta de jeter un œil dans la ruelle. Soria avait ramené ses jambes sous elle. Plaquée contre le tonneaux, elle resta immobile lorsque les trois pirates passèrent derrière elle.

    -Mais je suis sûr moi, qu'ils sont par là.

    -Laisse tomber. Ils doivent être loi, maintenant.

    -A moins qu'ils ne soient pas du tout venu par là et qu'un autre groupe leur soit tombé dessus.

    -Espérons-le. Je voudrais pas être celui qui devra annoncer au capitaine qu'on les a perdu... encore.

    Soria ne bougea pas pendant encore quelques secondes. Quand les pirates se furent éloignés, elle se leva soudain et se mit à courir, saisissant Noré par le bras au passage. En quelques enjambées, elles furent au fond de l'impasse. Les filles grimpèrent sur les sacs. Soria souleva la jeune fille pour qu'elle puisse se hisser sur le mur. Une fois perchée à califourchon, Noré regarda en bas avec appréhension. Sa compagne grimpa et sauta sans prendre le temps de la réflexion. Une fois sur le sol, elle se tourna vers elle :

    -Dépêche-toi.

    Noré s'allongea sur le mur pour faire passer son autre jambe. Elle resta accrochée et fit glisser son corps. Quand il fut évident qu'elle n'irait pas pas plus bas, elle lâcha prise. Une douleur lui paralysa les chevilles à l'atterrissage. Sans rien en montrer, elle rejoignit la Saldrian :

    -Où est Titian ?

    -Ton frère ? Je n'en sais rien.

    -Mon...? Oh non, ce n'est pas mon frère.

    -Vraiment ?

    Soria haussa les épaules :

    -Cela vaut mieux, au fond.

    Puis, elle ajouta avec un sourire complice :

    -Pour toi, en tout cas.

    Elles avancèrent avec prudence. Noré ne put s'empêcher de se demander si Titian n'avait pas rejoint les pirates. C'est alors qu'il surgit au coin de la rue. Elles sursautèrent.

    -Ah, quand même.

    Noré demanda, inquiète :

    -Où est-ce que tu étais ?

    -Faire du repérage. Des pirates sont passés. Je ne sais pas en combien de groupe ils se sont divisés.

    -On va où, alors ?

    -On sort de la ville.

    Ce fut à Soria de murmurer :

    -Par le port ?

    -Non.

    Sans plus de précision, Titian fit demi-tour et s'éclipsa dans la rue d'où il venait. Elles le suivirent. Il s'était,en fait, arrêté juste au coin et elles manquèrent de lui foncer dedans. Immobile, le jeune homme semblait aux aguets. Noré comprit pourquoi en percevant des bruits de pas dans la rue parallèle à la leur. Cependant, ils ne semblèrent pas s'approcher.

    Le petit groupe reprit sa marche lente et silencieuse. S'arrêtant à chaque coin de rue, guettant le moindre son. Ils évitèrent de justesse deux groupes de pirate en se retranchant dans des coins sombres. Noré n'avait jamais été aussi heureuse que la lune soit noyée sous les nuages. Plus ils s'éloignaient de l'auberge, plus vite ils avançaient, les pirates ne s'étant visiblement, pas trop éloignés du bâtiment.  Finalement, ils se résolurent à marcher au milieu de la rue.Ils progressaient rapidement, jetant frénétiquement des regards autour d'eux. Leurs pas résonnaient si bien qu'il leur paraissait comme une évidence que les pirates finiraient par leur retomber dessus. Ce ne fut pas le cas et, au fur et à mesure qu'ils mettaient de la distance entre eux, Noré se détendit. 

    Si bien qu'elle finit par se rendre compte qu'elle avait froid. Elle rentra ses mains dans ses manches et croisa les bras, remontant les épaules.

    -Je pense que c'est bon.

    Titian avait murmuré et s'était retourné une dernière fois. Apparemment pas certain de ce qu'il venait d'affirmer, mais il se détendit un peu.

    -On continu comme ça et on sera bientôt sortie de la ville.

    Celle-ci paraissait interminable à Noré. La jeune fille voulut demander à Soria si elle voulait continuer avec eux, mais en la voyant dans sa robe rouge salie de boue noirâtre et pieds nus, elle s'écria :

    -Tu n'as pas froid ?

    La Saldrian regardait toujours autour d'eux avec méfiance. Elle répondit sans vraiment s'adresser à Noré :

    -Non, on ne ressent pas le froid ou le chaud. Tu es sûr qu'il n'y a plus de danger ?

    Titian la toisa :

    -Oui, mais tu n'es pas obligée de nous suivre.

    -Pour me retrouver seule face à cette bande de fou furieux ? Non merci. Qu'est-ce que vous leur avez fait pour qu'ils vous en veuillent autant ?

    -Ce sont des pirates.

    -Noré, ne perd pas ton temps, ça ne la regarde pas.

    -C'est la meilleur celle-là. Je vous ai aidé quand même.

    -On ne t'a rien demandé.

    -La petite serait morte.

    Celle-ci en profita pour intervenir :

    -Noré. 

    Soria lui sourit :

    -Enchantée.

    Puis, revenant à la charge :

    -Je lui ai sauvé la vie.

    -Non, ils nous veulent vivants. On serait mort si ce n'était pas le cas.

    -C'est vrai. J'ai entendu un des hommes dire ça. Pourquoi, Titian ?  Ça n'a pas d’intérêt.

    Soria leva la tête vers le ciel, marcha un temps ainsi, puis la rebaissa en s'exclamant :

    -Je sais ! Vous leur avez piqué des trucs et maintenant, ils veulent vous capturer vivant pour vous torturer.

    Noré lui répondit :

    -On a rien piqué.

    -Mais lui, c'est un second, non ? Avec ce tatouage au cou.

    -Lui, il te dit merde.

    Il n'y avait aucun doute que la présence de la Saldrian le mettait de mauvaise humeur. Malgré tout, elle insista encore :

    -Dites- moi ce qu'il se passe. Allez, de toute façon, ils pensent que je suis avec vous, maintenant. Ils me chercheront aussi.

    -Ils ne t'ont pas vu.

    -En es-tu si sûr ? Ils ont pu me voir à travers la porte à moitié démolie au moment où je sautais de la fenêtre, ou encore quand on était dans la rue et qu'ils ont donné l'alarme, ou quand on courait...

    -Ça va, ça va. J'ai compris.

    -Alors ? Tu me racontes ?

    -Non. La prochaine fois, tu sauras qu'il vaut mieux s'occuper de ses affaires.

    Noré les regardait dialoguer devant elle, côte à côte. Elle aurait voulu satisfaire la curiosité de Soria, surtout si cela la conduisait à vouloir les accompagner, mais, à nouveau, la jeune fille était à la merci des humeurs de Titian. Elle craignait qu'il ne parte de son côté si elle le contrariait encore plus. Ils marchèrent silencieusement. L'adolescente s'aperçut qu'elle avait complètement oublié les pirates. Cependant, vu que Titian et Soria parlaient sans crainte, alors que leurs voix se répercutaient entres les murs des maisons et semblaient partir en écho sur des kilomètres. S'il y avait encore des pirates dans le coin, ils leur auraient déjà sauté dessus.

    -Voilà, je crois qu'on arrive au bout.

    Noré porta son regard au loin. Les maisons commençaient à s'espacer avant de disparaître.

    -Bon, Sadlrian, je pense que nous nous séparons ici.

    -Hors de question.

    Titian s'arrêta net. Soria lui fit face, les bras croisés, menton levé, le regard provocateur :

    -Je te l'ai dit. Ils m'ont vu.

    -Non, ils...

    Elle leva la main d'un geste sec pour le faire taire :

    -D'accord. Il est seulement possible qu'ils m'aient vu. C'est déjà trop. Je ne vais pas me balader comme ça, avec la peur au ventre de me retrouver prisonnière ou morte, sans même en savoir la raison.

    Il sembla réfléchir à la question. Noré croisait les doigts. Elle sentait que Soria était à deux doigts de le faire flancher. La Saldrian attendit encore un peu qu'il se décide à parler. Il n'en fit rien. Elle soupira avant de poursuivre :

    -Ecoute, je ne vous demanderais plus ce qu'il s'est passé, d'accord ? Mais je reste avec vous. Sans me vanter, je suis bonne guerrière et de ce que j'ai vu, il se pourrait que je ne sois pas de trop.

    Noré appuya :

    -Elle a raison, Titian.

    Le pirate passa de l'une à l'autre et finit par hocher la tête. Soria lui offrit un sourire radieux et rassuré :

    -Merci.

    Ils se remirent en marche. Au loin, l'horizon s'éclaircissait. Une fois les dernières maisons passées, ils se trouvèrent sur un chemin qui traversait en ligne droite des champs cultivés. Titian marchait devant, puis Soria qui avait la gentillesse de se retourner de temps en temps pour voir si Noré arrivait à suivre. La jeune fille avait faim à présent. Ils étaient partis sans rien et elle se demanda si elle mangerait de la journée. Cependant, elle ne dit rien, se doutant que Titian devait avoir bien d'autre chose en tête.

    -Donc, tu as trahi ton capitaine, c'est bien ça ?

    -Tu as tenu quelques heures, bonjour l'exploit.

    Le chemin avait fini par les mener dans une montagne couverte de forêt. Sans trop savoir comment, le chemin avait fini par disparaître et ils s'étaient retrouvés à escalader un éboulis de rocher d'où jaillissaient plantes et racines. C'était les premières paroles qu'ils échangeaient depuis qu'ils avaient quitté la ville.

    -Rappelle-toi que j'ai bien voulu que tu viennes si tu ne posais pas de question.

    -C'est vrai, mais je me suis dis à quoi bon. C'est pas comme si c'était d'une importance capitale, n'est-ce pas ?

    -Alors, qu'est-ce que ça peux te faire de ne rien savoir ?

    -C'est ma curiosité qui parle.

    -Fait la taire.

    Soria s'arrêta pour souffler. Quand Noré l'eut rejoint, elle en profita :

    -Dis-moi ce que vous avez fait. Après tout, je risque ma vie autant que vous.

    Tout en montant,Noré se décida à parler. Maintenant que la Saldrian était embarquée avec eux, elle avait bien le droit de savoir. La jeune fille lui raconta, donc, leur fuite du bateau.

    -C'est tout ?

    Noré fronça les sourcils :

    -Comment ça, c'est tout ?

    -Eh bien, je sais que le pirate aux cheveux océan n'est pas commode, mais de là à perdre du temps et des hommes à rattraper un traître et une enfant, il doit sérieusement s'ennuyer.

    L'adolescente n'avait jamais vu les choses sous cet angle. C'était vrai. Pourquoi s'acharnait-il contre eux ? Ils n'avaient rien emporté. Un prétexte lui vint soudain :

    -Titian était son second. Il doit sûrement savoir des choses compromettantes comme des bases secrètes. Il pourrait livrer ses secrets au siège.

    Soria fit la moue, pas convaincue. Enfin, ils atteignirent un plateau. Des rochers étaient plantés ça et là, comme pour remplacer les arbres qui avaient disparu.

    -Ça y est, je sais tout.

    Titian qui les avait attendu, leva les yeux au ciel :

    -Qu'est-ce que tu lui as raconté exactement ?

    -Comment on s'est rencontré et comment on s'est enfui du navire.

    -Il n'y avait vraiment pas de quoi en faire un plat.

    -Tu vois que ce n'était pas la peine de nous tanner pendant des heures.

    -Excuse-moi, mais j'étais inquiète.

    -Inquiète ? Pourquoi ?

    -Parce que c'est toi qui prend la tête du groupe, que je ne te connais pas et que, sans vouloir te vexer, tu m'as l'air un peu fou.

    -J'ai l'air... quoi ?!

    Noré vint se mettre entre eux lorsque le visage de Titian vira au rouge, furieux.

    -On devrait continuer. Les pirates sont peut-être derrière nous.

    Il reprit la marche à grandes enjambées. Noré jeta un regard désapprobateur à Soria :

    -Quoi ?

    La jeune fille suivit le pirate sans rien dire. Décidément, elle avait le sentiment qu'il s'entendrait aussi bien avec Soria qu'avec Xilanos. Ils traversèrent le plateau et longèrent le flanc de la montagne en suivant un chemin sans doute fait par des animaux. Ils descendirent progressivement dans un vallon au creux duquel se nichait une rivière. Ils s'y arrêtèrent pour boire. Soria en profita pour se laver les bras, le visage et le cou. Noré trouva l'idée bonne et l'imita. Titian enjamba le cours d'eau et observa les alentours. Près de l'eau, l'herbe était plus tendre et plus verte. Des arbres bas aux branches étendues seraient suffisant pour les protéger d'une pluie éventuelle.

    -On va dormir ici ce soir. A l'abri des arbres.

    Noré regarda vers le ciel. Le soleil commençait à peine à descendre.

    -On ne devrait pas avancer encore ?

    -D'ici, on peut les voir venir et j'en ai marre de marcher.

    Elle n'avait rien à y redire. Ses jambes la faisait souffrir depuis des heures.

    -Je vais voir si je trouve de quoi manger. Vu les chemins qui couvrent la montagne, le gibier ne devrait pas être difficile à trouver.

    Soria bondit sur ses pieds :

    -Je t'accompagne.

    -Pas confiance ?

    -Oh, non, je ne voudrais pas que tu oublies qu'il faut manger pour trois et plus pour deux.

    Il se gratta la tête en baillant :

    -Sage décision. Noré, tu fais le feu.

    -Heu... Comment ?

    -Trouve.

    Soria lui chuchota à l'oreille rapidement :

    -Herbes, brindilles et grosses branches. Isole une zone avec des pierres en cercle.

    Noré aurait voulu quelques détails, mais déjà, ils s'éloignaient. Elle se leva, jeta un regard désespéré autour d'elle avant de se décider à agir. La jeune fille chercha des pierres qu'elle disposa en cercle. Puis, réunis des brindilles et des branches plus épaisses. Une fois la tâche achevée, elle s'assit et patienta jusqu'au retour de ses compagnons. Son esprit se remit à vagabonder et elle réfléchit à la façon d'agir des pirates. Pourquoi continuaient-ils à les pourchasser ? Sa théorie selon laquelle Titian devait savoir des choses capitales, ne lui paraissait pas complètement erronée. Après, pourquoi fallait-il qu'il la capture vivante elle aussi ? En fait, les tuer tous les deux étaient beaucoup plus simple. Vraiment, elle n'y comprenait rien.

    Ses compagnons revinrent avec des lapins. Titian tourna sur place, les yeux au ras du sol :

    -Il est où le feu ?

    -Je ne sais pas faire de feu.

    -Pourquoi tu ne l'as pas dit ?

    Soria lui fila un coup de coude et sourit à la jeune fille :

    -Je m'en occupe. Aide Titian avec le dîner.

    -C'est moi qui commande.

    -Oui, piraton. Allez, au travail.

    Noré entendit le pirate grommelait :

    -Piraton ? Cette fille est folle. Et pas moi. Moi, je vais bien, je ne suis pas fou. Un peu décalé, mais pas fou. Ah non, monsieur.

    Il s'assit tout en marmonnant tout seul, sortit son poignard, ouvrit le ventre des animaux et les donna à Noré pour qu'elle les vide. Puis, Titian les récupéra pour retirer la peau. Pendant que l'adolescente se lavait les mains dans la rivière, il lança les proies à Soria accroupie près du feu naissant. L'un d'eux lui tomba sur la tête et elle se protégea des deux autres avec son bras. Plutôt que se mettre en colère, elle rit. Un rire joyeux et enfantin qui fit sourire Noré. Il lui sembla même apercevoir les lèvres de Titian frémir avant qu'il ne réussisse à se contrôler. Sourire, c'était une victoire pour la Saldrian et, ça, c'était hors de question. Il alla laver sa lame et ses mains l'air de rien. Noré vint près de Soria. Celle-ci planta les lapins sur ses branches et en tendit une à la jeune fille qui plaça son dîner sur le feu. La Saldrian fit de même et Titian les imita en revenant :

    -Alors ? Où est-ce qu'on va ?

    -Au siège de la Métane.

    -Vraiment ? Ce n'est pas la première destination que j'aurais choisi en étant en fuite.

    La pirate, les flammes dansant dans ses yeux verts-doré, tendit le menton vers Noré :

    -C'est à cause d'elle.

    Soria rejeta sa lourde chevelure noir sur son épaule pour avoir une vu plus dégagé sur la jeune file. Répondant à son interrogation silencieuse, celle-ci répondit :

    -Je dois rencontrer un certain Lyan pour qu'il me renseigne sur la mort de ma mère et ce bracelet.

    Elle lui présenta son bras droit. L'anneau d'argent se mit à luire à la lueur du feu. L'adolescente poursuivit :

    -Apparemment, beaucoup de gens connaissent ce bracelet et ce qu'il représente, mais personne n'a voulu me l'expliquer clairement. Toi, tu sais quelque chose ?

    Soria fronça le nez en secouant la tête :

    -Désolée. Tu sais, les Terres Sanglantes sont coupées du monde. Nous ignorons tout ce qui se passe à l'extérieur.

    -Pourtant, vous êtes au courant de la guerre.

    -C'est seulement parce que la surveillance frontalière commençaient à se disperser. On s'est douté de quelque chose. Certains en profitèrent pour filer en douce.

    La malice se glissa dans ses yeux bleus qui tendaient entre l'azur et l'outremer. Noré rit malgré sa déception.

    -Dis-moi pourquoi ton peuple a été envoyé en Terres Sanglantes ? A cause de ce truc avec les températures ?

    -Les températures ? Oh, pas seulement. Il y a longtemps, les gens de mon peuple étaient vénérés comme des dieux sur quelques îles.

    Noré resta abasourdi :

    -Vraiment ? Pourquoi ?

    La voix morne de Titian s'éleva :

    -La beauté.

    Soria lui envoya une brindille :

    -Oh, mais tais-toi. C'est moi qui raconte. Oui, à cause de notre beauté. C'est ce qui a fait que nous avons été jugé inhumain et envoyé en Métane. Là, les îles qui nous vénéraient ont petit à petit eu peur de nous et on fait en sorte que l'on soit chassé dans les Terres Sanglantes.

    -Pourquoi ont-ils eu peur ?

    Elle haussa les épaules :

    -Je l'ignore.

    Titian intervint de nouveau :

    -Parce qu'ils sont humaines. Du moins, ils y ressemblent. A part qu'ils possèdent une beauté peu naturelle. Les ravages de la vieillesse se présentent plus tardivement chez eux, ce qui donne l'impression qu'ils ont la jeunesse éternelle. Sans oublier ce léger détail de ne pas sentir le chaud ou le froid. Ça fini par être effrayant.

    Soria se redressa :

    -Tant de connaissance sur mon peuple, je suis flattée.

    Noré était étonnée :

    -Effrayant ?

    -Oui, suffit de la regarder.

    La Saldrian sourit, s'assit sur le côté, appuyée sur son bras, tournée vers la jeune fille:

    -Si un jour je le tue, est-ce que tu te sentirais vraiment très triste ?

    -Fais gaffe à ce que tu réponds Noré, j'entends tout et je suis armé.

    La jeune fille se contenta de mordre dans son lapin. Elle mangea calmement, prise en exemple par ses deux compagnons. Quand ils eurent fini, le ciel s'obscurcissait. L'adolescente bailla :

    -On dort sous les arbres, alors ?

    -Je pense qu'il vaut mieux dormir près du feu.

    Titian quitta les flammes des yeux, papillonna des paupières pour clarifier sa vision :

    -Sous les arbres nous serions protégés de la pluie.

    -Près du feu nous serions protégés du froid.

    Noré s'allongea sur place, le visage vers les flammes :

    -Bonne nuit.

    Titian s'éloigna sous les arbres et ils se couchèrent. Ils s'endormirent. Mais au milieu de la nuit, le pirate se redressa. Il fixa les filles quelques secondes pour être sûr qu'elles dormaient, puis se leva et alla se glisser près du feu. Le pirate remit du bois dans les flammes mourantes, sans voir que ses mouvements avaient réveillé Soria. Celle-ci l regarda faire en silence. Au moment où il s'apprêtait à s'allonger, il capta le regard de la Saldrian sur lui. Ils se fixèrent, puis il murmura avec agacement :

    -Oh, ça va, hein.

    -Je n'ai rien dit.

    Il se coucha, s'étira et ferma les yeux.

    Le réveil fut beaucoup moins agréable. Noré frissonnait de froid et sentait l'impact de goutte d'eau sur elle. La jeune fille tourna son regard vers le ciel et l'une d'elle lui tomba dans l’œil. Elle se redressa, parfaitement réveillée, tout comme Soria et Titian. Le jeune homme se leva :

    -Je savais bien qu'il pleuvrait.

    La Saldrian répliqua :

    -Peut-être, mais on ne va pas rester sous les arbres toute la journée.

    Il se mordit la lèvre. Noré se demanda si c'était sous l'effet de la réflexion ou de la colère. C'est avec calme, cependant, qu'il décida :

    -Bon, on va essayer de rejoindre une route. Ce sera plus sûr que d'errer dans la campagne.

    Quelques minutes de marche et Noré comprit l'urgence de retrouver un chemin. La pluie se mit à tomber et l'orage gronda. Ils étaient trempés jusqu'aux os et ne voyaient pas à plus de quelques mètres. L'eau s'infiltrait sous ses vêtements et dans ses chaussures. Elle claquait des dents, la tête rentrée dans les épaules, les bras serrés contre son corps à la recherche d'une chaleur illusoire. Ses cheveux dégouttaient, son visage ruisselait. Cependant, devant elle, Soria marchait le plus naturellement du monde. Droite, une main en visière pour tenter de voir ce qui se cachait au loin. Sa robe rouge lui collait au corps et gênait ses pas. Malgré tout, elle n'était pas secouée du moindre frisson. Toujours en tête, Titian avançait avec prudence. Ses lèvres avaient bleui, mais il bougeait de manière détendue. Noré enrageait en se demandant comment il faisait pour supporter un froid pareil. Bien qu'elle se douta que la vie sur un navire devait habituer à subir ce genre de temps. La terre avait tourné à la boue. Ses pieds étaient gelés et les éclats de boue lui montaient jusqu'aux genoux.

    Enfin, la jeune fille entendit Titian criait :

    -Je crois qu'il y a un chemin devant. 

    En fait de chemin, il s'agissait d'une large route pavée. Bien que complètement frigorifiée, le fait de marcher sur quelque chose de solide redonna du courage à Noré. Elle accéléra le pas et ils se mirent à marcher tous trois de front. L'adolescente trouva le courage de demander :

    -Titian ? Tu sais où cette route mène ?

    -Non, mais je suis impatient d'y arriver.

    Un éclair jaillit au loin, la faisant sursauter.

    -Vous croyez que les éclairs peuvent nous tomber dessus ?

    Soria et Titian échangèrent un regard sans répondre.

    -Vous n'êtes pas très rassurant, là.

    L'orage ne sembla pas vouloir s'apaiser. Noré se consola en se disant qu'au moins, il n'y avait pas de vent. A l'allure où ils allaient, ils allaient bien finir par tomber sur une ville, un village au moins. Là, ils trouveraient un endroit où loger et dans cet endroit, il y aurait un feu et un repas chaud. Toute à ses pensées réconfortantes, elle mit un certain temps à remarquer que ses compagnons s'étaient arrêtés. Soudain inquiète, elle leur demanda :

    -Qu'est-ce qu'il y a ?

    Pour seule réponse, Soria tendit la main vers elle :

    -Reviens par là.

    Elle les rejoignit et, suivant leur regard, tenta de distinguer ce que tous les deux avaient déjà vu. Un nouvel éclair illumina la route pendant une fraction de seconde. La jeune fille sursauta.

    Une ombre avançait vers eux et vite. Bientôt, ils n'eurent plus besoin d'éclair pour la distinguer derrière le rideau de pluie. C'était un homme portant une cape noire, courant droit devant lui, tournant sans cesse la tête par-dessus son épaule. Noré se demanda si c'était parce qu'il était suivi et qu'il craignait de voir surgir ses poursuivants. Soudain, il stoppa net. Il avait sans doute fini par les apercevoir. Ils se fixèrent, immobiles sous la pluie battante. Son capuchon empêchait de voir son visage. Noré s'était rapprochée de Soria :

    -Qu'est-ce qu'il fait ?

    Avant qu'elle n'ai pu répondre, ils virent l'homme sortir sa main droite de sous sa cape. De là où ils se tenaient, ils purent distinguer un gant étrange, reflétant une lumière bleutée.

    -Il attaque.

    Sans attendre, Titian dégaina sa dague et se jeta sur lui. Le voyant arriver, l'homme évita le coup en se penchant vers la droite. Il saisit le poignet du pirate pour l'immobiliser et lui envoya son poing droit dans l’estomac. La lumière bleue sembla se propager sur le corps de Titian qui s'écroula face contre terre. Noré cria.

    Soria s'élança à son tour. En courant, elle lança anneau sur anneau. L'homme les évita tous, même lorsqu'ils revinrent. Noré était sûr d'avoir vu la lumière de son gant s'élargir et se diriger pour faire bouclier. Il avait à peine bougé le bras. La jeune femme récupéra ses anneaux et saisit le dernier entre ses doigts au moment où elle atteignait l'homme. Celui-ci lança son poing qu'elle évita en se baissant. Soria en profita pour saisir la manche de l'homme de sa main libre, puis, d'un bond vif, elle atterrit debout sur le dos de son adversaire, emmenant le bras avec elle. L'homme se retrouva bloqué, penché en avant et la jeune femme leva sa main gauche visant le cou. L'anneau s'abattit, mais l'homme se laissa soudain tomber. 

    Surprise, Soria faillit chuter. De justesse, elle conserva son équilibre. Brusquement, l'homme se releva en s'appuyant sur son bras libre Comprenant aussitôt, la jeune femme fit un bond en arrière, lâchant le bras qu'elle gardait prisonnier, avant que l'homme ne se roule sur le côté. Espérant agir assez vite, elle s'élança de nouveau sur lui, avant qu'il ne se relève. Mais l'homme fit une pirouette en s’appuyant sur ses deux mains pour se remettre debout, son gant le protégeant encore de l'anneau lancé par Soria. Celle-ci n'eut plus le temps d'éviter le coup. Il se jeta sur elle et la frappa au ventre. Comme pour Titian, la lumière se propagea et Soria s'écroula.

    Noré était restée à observer, pétrifiée de peur. Étaient-ils morts ? L'homme resta à l'observer, sans doute pour voir si elle l'attaquerait. Il se retourna du côté d'où il était venu et sembla guette. Soudain, il se remit à courir. L'adolescente, pleurant sans quitter des yeux ses amis inertes sur le sol, ne pensa même pas à s'écarter. En vérité, il n'existait plus rien pour elle que ces deux corps. Noré réalisa à peine qu'il lui saisissait le bras de sa main gantée et l’entraînait avec lui.

    C'est la douleur qui la ramena à sa situation. Le gant était en métal et lui broyait les os. Elle ne chercha pas à se défendre ou à le ralentir de peur qu'il ne serre encore son étreinte. Ils couraient sur la route, droit devant eux. Mais, petit à petit, à travers l'orage et la pluie, Noré crut distinguer le son des chevaux derrière eux. Ils avaient beau courir, le son se rapprochait. L'homme l'avait entendu aussi et profita que des buissons apparaissent le long de la route pour se jeter dedans. La jeune fille se retrouva égratignée de toute part par les branchettes pleines d'épines. Il la plaqua durement contre le sol en lui tordant le bras. Le bruit des chevaux se rapprocha. Elle concentra son attention sur la route, cherchant à distinguer les poursuivants. Soudain, une troupe de cavalier sembla surgir de nulle part. Ils passèrent en trombe, sans même ralentir, devant eux. Ils ne les avaient pas vu.

    Bien que le son du galop s'éloignait, l'homme resta couché sans bouger. L'orage gronda plus fort. Noré s'était remise à pleurer. Elle réussit à articuler entre deux sanglots :

    -Vous allez me tuer aussi ?

    -Je n'ai tué personne !

    Il avait presque crié.

    -Mes amis...

    -Ils ne sont pas morts. Ça les a juste assommé.

    Elle eut du mal à en croire ses oreilles. Cherchant quoi dire, elle regarda la route, s'attendant presque à les voir surgir à tout moment. Noré essuya son visage de sa main libre :

    -Il faut... Il faut retourner les chercher. Les chevaux les ont peut-être blessé et...

    -Non ! Je ne suis pas idiot. Il faut que je sache pourquoi vous m'avez attaqué. Vous me cherchez aussi, n'est-ce pas ?

    -Pas du tout ! C'est vous ! Vous avez sorti une arme sous vitre cape.

    Elle en profita pour jeter un regard inquiet sur le gant qui lui enserré le bras. 

    -C'est faux, ils m'ont sauté dessus... j'ai pas... ils ont....

    Il s'embrouillait de plus en plus. Sa voix était jeune, tremblante. Une évidence frappa alors Noré. Le garçon était effrayé. Pas seulement effrayé, il était terrifié. 

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