• Chapitre 12

    Il se réveilla pieds et poings liés, bâillonné, sur le sol dans un coin de la cuisine. Sa tête pesait lourdement et avec difficulté, il tenta de discerner ce qui l’entoure. Sur sa gauche, un meuble lui caché la vue de la porte. Il pouvait voir la cadette devant les fourneaux qui lui tourné le dos. Une petite table ronde était au milieu de la cuisine, couverte d’ustensiles. Fripon se ressaisit peu à peu et tenta de demander ce qu’il se passait. En entendant les mots étouffés par le bâillon, la femme lui jeta un bref regard avant de retourner à ses fourneaux :

    -Reste tranquille, on s’occupera de toi à la fermeture.

    Fripon n’arrivait pas à réaliser. Pourquoi l’aurait-il attaché ? qu’est-ce qu’elles lui voulaient ? la seule personne qui aurait voulu le capturé était le dirigeant. Les aurait-il engagés ? pourtant Phila avait dit que cela prendrait du temps. A moins qu’elles ne travaillent pour lui depuis le début, mais dans ce cas, pourquoi ne pas l’avoir pris plus tôt ? fripon fixa le dos de la femme. Phila avait aussi dit que le dirigeant pouvait décider de s’en charger lui -même. Ce pouvait-il que les sœurs soient les dirigeantes ?

    Fripon senti la peur le saisir tout en essayant de défaire le nœud qui lui lié les chevilles. L’aîné entra pour dire :

    -Viens, y a trop de monde.

    La cadette laissa ses fourneaux pour passer dans la grande salle. Fripon redoubla d’effort et réussi à libérer ses jambes et retira son bâillon. Il se leva doucement pour voir la porte. C’était la seule sortie à part une fenêtre crasse sur la droite. Le garçon tenta de distinguer les voix des sœurs dans la pièce à côté pour savoir si elles revenaient. Mais il ne put tire discerner. Le cœur battant, il fixa la petite fenêtre au-dessus d’un plan de travail le long du mur. Il retint sa respiration, s’élança, grimpa sur le plan de travail et tenta d’ouvrir la fenêtre. Le battant bloqué refusa de s’ouvrir. Fripon appuya, tira sans succès. Quand il dut se résoudre à la briser, il s’inquiéta du fait d’être entendu. Puis, il se dit qu’avec les voix de la grande salle, il y avait une chance pour que le choc passe inaperçue. Sachant que son temps était compté, il descendit pour regarder ce qui traîné sur la table. Il saisit une lourde casserole et remonta. Saisissant la casserole, il dût mettre toute sa force pour la soulever et frapper la fenêtre. Celle-ci ne tarda pas à se fissurer, puis se briser. Fripon prit un torchon pour retirer les échardes de verre, mais la porte s’ouvrit. Le garçon se retourna à peine pour voir qui entré et se jeta par la fenêtre. Il savait que personne ne pourrait le suivre étant le seul assez petit pour passer. Il réussit à s’extirper au-dehors, grimaçant de douleur en atterrissant sur l’épaule et roula pour se relever.

    Il s’éloigna du « Au fond du trou » en jetant fréquemment es regards en arrière. Quand la porte s’ouvrit à la volée, il prit ses jambes à son cou. Il prit la direction de la maison d’avenir sans hésiter malgré les pas qui le poursuivaient. Il était persuadé qu’il serait en sécurité une fois passé les grilles. Il n’était qu’à une rue de là quand il aperçut Jolie-main qui sembla soulagé de le voir :

    -On te cherche par…

    Fripon s’apprêtait à lui crier de courir quand le coup de feu retentit, le figeant sur place. Devant lui, Jolie-main eut un air surpris avant de s’écrouler. Le garçon se mit à hurler alors qu’on le soulevait de terre. La cadette des sœurs passa devant arme au point alors que Phila et Fabrarol surgissaient du coin de la rue. Ils s’arrêtèrent net en voyant le pistolet pointait sur eux et Fabrarol eut à peine le temps de saisir son ami et de retourner derrière le mur que le coup partait. Pourtant, Fripon ne l’entendit pas. Il continuait de pleurer en appelant Jolie-main qui restait inerte sur le sol. Il hurlait encore quand les sœurs le ramenèrent vers le « Au fond du trou » avant d’être finalement assommé.

    Lorsqu’il retrouva une demi-conscience, ce fut pour se rendre compte qu’il était ligoté à une chaise cette fois. Se souvenant peu à peu de sa situation, il garda les yeux fermés en espérant que cela retarderait le moment de la torture. Les deux sœurs discutaient dans la grande salle car leur voix était légèrement étouffée par la porte qui les séparé. Vu le silence qui les entouraient, elles avaient dû vider la place. Fripon écouta de son mieux alors que l’aînée demandait :

    -Pourquoi l’avoir laissé s’échapper au lieu d’envoyer un mot ?

    -De cette façon, on a pu en abattre au moins un. Ils vont réfléchir à deux fois maintenant avant de venir nous chercher.

    -Ils vont peut-être essayer de marchander.

    -Et si c’est le cas, tu sais ce que l’on veut.

    -Parfaitement.

    Fripon ouvrit les yeux doucement et remarqua qu’il n’était pas dans la cuisine comme il l’avait supposé, mais dans la grande salle. Il jeta de regards alentours pour essayer de trouver un moyen de couper ses liens, mais cette fois, les sœurs avaient veillé à ce qu’il puisse à peine bouger. Quand elles le rejoignirent, il n’avait pas pu esquisser un geste pour pouvoir se libérer.

    -Tu es réveillé ? tant mieux. Il va falloir que tu cris.

    L’aîné s’approcha avec un couteau, fixant les doigts du garçon. Celui-ci, prit de panique, s’écria :

    -Pourquoi ? pourquoi ? je n’ai rien fait de mal.

    La cadette eu un sourire :

    -Oh, mais on sait mon petit bonhomme, mais ce n’est pas important. L’important c’est que ces trois monstres paient pour leur mauvaise action.

    L’aînée s’était arrêté pour écouter ce qui se disait et maintenant que le silence revenait, elle saisit la main. Les yeux brouillaient de larmes, Fripon lança à nouveau :

    -Mais…mais… ils n’ont rien fait. C’est vrai, ils n’ont rien volé.

    Les deux sœurs partirent d’un grand éclat de rire :

    -Ce n’est pas cela qui nous intéresse.

    -Qu’est-ce qui vous intéresse alors ?

    Fripon retint un cri de soulagement en apercevant Phila qui entrait dans l’auberge. Aussitôt, a cadette le pointa avec son arme. Le jeune homme leva les mains pour montrer qu’il était inoffensif.

    -On se connait non ?

    La cadette eut un ricanement mauvais :

    -Oh que oui, réfléchissez donc.

    L’aînée avait saisi la main de Fripon, prête à trancher au moindre signe de sa sœur. De son côté, Phila fronçait les sourcils sous l’effort, essayant réellement de se souvenir d’où il connaissait les deux femmes. Voyant que cela prenait du temps, la cadette relança :

    -Vous ne seriez rien tous les trois, sans nous. Nous étions les premières…

    Phila se frappa le front :

    -Mais oui. Les deux sœurs favorites.

    -Avant que vous ne veniez nous prendre la place.

    Elle commença à jeter des regards alentours avec méfiance :

    -Où sont vos amis au fait ?

    -Eh bien, nous avons cru qu’il était préférable que je vienne seul. De plus, nous avons une jeune fille blessée sur les bras alors vous comprenez.

    Il lança un regard encourageant à Fripon qui pleuré en silence en fixant le couteau. La femme éclata de rire :

    -Penses-tu, je vais juste me contenter de te tuer en premier.

    Phila eut un geste de recul tout en lançant :

    -Attendez ! je ne comprends pas le problème. On n’a pas choisi d’être les favoris et puis, cela vous a libérée. Vous n’aviez plus à suivre les dirigeants partout, ni a torturé vos amis.

    L’aînée se détourna de Fripon pour fixer Phila avec colère :

    -Nous étions les favorites ! ils nous apprenaient tout ce qu’ils savaient, nous aurions été les prochains dirigeants !

    Phila eut l’air sidéré :

    -Vous auriez passé votre vie à couper des doigts, à terroriser des enfants…

    -Nous serions riches, les dirigeants étaient fiers de nous, mais vous les avez trahis.

    La rage commença à percer dans sa voix :

    -Après tout ce qu’ils pont fais pour vous ! vous les avez lacérés, abandonnés, rejetés.

    Phila secoua la tête :

    -Ouvrez-les yeux, ils étaient monstrueux ! ils nous utilisaient…

    Le coup de feu partit et Phila se retrouva au sol. Il tenta de se redresser, mais la cadette tira à nouveau et cette fois, le jeune homme retomba pour ne pas se relever. Fripon étouffa un sanglot alors que l’aînée s’approchait du corps obéissant à sa cadette qui ordonné :

    -tranche-lui la gorge, que l’on soit sûr.

    La cadette garda l’arme pointait sur Phila comme si elle s’attendait à ce qu’il se relève réellement. Fripon reniflait doucement quand un nouveau couteau apparut qui coupa ses liens. Le garçon tourna la tête pour apercevoir Fabrarol qui s’était glissé derrière la chaise. Comme les deux sœurs bloquaient l’entrée, le jeune homme saisit l’enfant et se précipita dans la cuisine. Surprenant le mouvement, la cadette poussa un cri rageur et tira alors que la porte se referme entre eux. Fabrarol laissa tomber Fripon au sol alors qu’il saisissait un buffet plein de casserole sur sa gauche pour bloquer l’accès.

    -Allez, gamin, la fenêtre.

    Il reprit Fripon au col, le souleva de terre comme s’il n’était qu’une plume pour le poser sur le plan de travail. Le garçon essuya ses joues avec sa manche en disant :

    -Mais, vous ne pourrez pas passer.

    -Je sais, dépêche-toi.

    Fripon hésita un instant avant de se glisser par l’ouverture. Sous la fenêtre, Rorellien semblait l’attendre et l’aida à descendre :

    -Ecoutes, tu rentres directement à la maison d’avenir. Jolie-main est en salle de soin. On s’occupe d’elles.

    Le jeune homme se dirigea alors vers l’entrée du « Au fond du trou ». Fripon était dépassé par ce qu’il se passait et ne put s’empêcher de suivre Rorellien pour voir ce qu’il se passerait. Par la porte ouverte, il découvrit que Phila s’était effectivement relevé pour désarmé l’aînée des sœurs et la menaçait à présent avec son propre couteau. Rorellien était arrivé à temps pour menacer de son pistolet, la cadette qui visait Phila. La porte de la cuisine s’ouvrit, permettant à Fabrarol de passer un bras autour du cou de la cadette. Phila sourit :

    -Je pense qu’il est temps de vous rendre, mesdames.

    A la surprise générale, les sœurs éclatèrent de rire. La cadette pointa son arme au ciel et tira les balles qui lui restaient. Fripon fut aussi étonné que les autres, mais des bruits extérieurs attirèrent son attention. Plusieurs personnes approchaient, de tout évidence ils avaient attendu à proximité avant de bouger. Une voix qui semblait répondre à une question posée plus bas dit :

    -Sûr que c’est le signal, le chargeur est vide.

    Fripon ne perdit pas plus de temps et détala à toute vitesse. Les sœurs avaient dû prévoir qu’elles ne pourraient vaincre les trois amis à elles seules et s’étaient assurés des hommes de main en cas de danger. Le garçon réalisa que Phila s’était trompé, elles ne semblaient pas se cacher de ces hommes-là sinon, ils ne leur obéiraient pas. Dans le même temps, il réalisa qu’il avait abandonné les trois amis sans les prévenir des hommes qui allaient leur tomber dessus. C’était trop tard maintenant, il continua sa course jusqu’à la maison d’avenir.

    Il passa les grilles, traversa la cour. Les poumons au bord de l’explosion, il entra dans la salle de soin d’où des voix sortaient. Il y aperçut Jolie-main que les deux femmes tentaient de garder coucher :

    -Mais, je vous dis que ça va. Je vais voir ce qu’ils font et je reviens.

    Les femmes refusaient de la laisser partir. En la voyant, le soulagement le submergea et il se mit à pleurer.

    -Jolie-main ?

    En l’apercevant, la jeune fille se dégagea pour tendre les bras vers lui :

    -Mon petit Fripon.

    Le garçon se laissa étreindre un moment avant que la jeune fille ne demande ;

    -Où sont les autres ?

    Fripon renifla avant d’expliquer ce qui était arrivé. Quand il eut terminé, Jolie-main se releva, fixa la porte, la fenêtre, sembla prête à parler puis sembla changer d’avis. Finalement, elle sortit de la pièce suivit de près par Fripon et les deux femmes qui la soignaient. Enfin, elle se tourna vers le garçon :

    -Il faut que l’on trouve la tenue.

    -La tenue ? pourquoi ?

    Sans écouter la question, elle s’élança vers les salles au premier étage. Renonçant à une explication et conscient que le temps compté, Fripon fit de même à la recherche de la chambre de Rorellien. Il semblait logique que la tenue s’y trouverait. Les deux femmes qui étaient chargés de soigner, échangèrent un regard en bas de l’escalier se demandant ce qu’elles étaient censées faire. L’une d’elle finit par retourner dans la salle en lançant :

    -Tu devrais faire ton sac. Si le directeur se fait tuer, allez savoir qui va récupérer cette baraque maintenant.

    Jolie-main et Fripon parcoururent les couloirs, ouvrant porte sur porte jusqu’à trouver la chambre du directeur. Elle était propre et rangé, mais contrairement à ce qu’ils s’étaient attendu, ils n’eurent pas à fouiller pour trouver la tenue. La cape et l’écharpe étaient posé sur le dossier de la chaise du bureau, la canne contre le mur et le chapeau se trouvait sur le haut d’une commode.

    -Qu’est-ce que l’on fait maintenant ?

    Jolie-main eut un sourire et s’empressa de ramasser les différents éléments avant de ressortir tout en s’habillant. Quand ils se retrouvèrent dans la rue, elle se tourna vers Fripon :

    -Alors ? c’est comment ?

    Sa voix était étouffée par l’écharpe et la cape trop longue cachée sa robe jusqu’à ses chaussures.

    -ça va, mais tu veux faire quoi ?

    -Il va nous falloir de l’aide pour sauver ces trois-là.

    Elle commença à s’éloigner en ajoutant :

    -Toi, tu devrais aller voir les filles avec un peu de chance, elles viendront.

    Fripon hocha la tête se mit à courir. Il n’était pas sûr que venir en force était un plan qui marcherait, ni s’ils arrivaient à temps, mais comme il n’avait pas de meilleure idée. Alors qu’il se dirigeait vers la maison de Jolie-main, il entendit le son de la canne battant le pavé.

     

    Fripon entra en trombe dans la petite pièce. Les filles encore présentes firent volte-face, couteaux au poing. Le garçon leva les bras en reculant d’un bond :

    -Attendez, attendez. C’est moi.

    Les filles n’en baissèrent pas pour autant leur bras.

    -C’est Jolie-main qui t‘envoi. Elle va attaquer les hommes qui l’ont enlevé, ceux qui ont tué vos amies.

    Le mensonge lui venait sans hésitation mais il savait qu’il visait juste. Les jeunes femmes s’entre-regardèrent avant que l’une d’elle lance :

    -Vas-y, montre-nous.

    Il les ramena vers la maison d’avenir pour découvrir que Jolie-main n’y était plus. Il hésita un instant sur la marche à suivre avant de décider de se rendre au « Au fond du trou ». C’était certainement là que Jolie-main avait emmené les enfants. Quand ils rejoignirent le bar, Fripon fit signe aux filles de se cacher. Il ignorait s’il n’y avait pas des gardes ou si l’une des sœurs guettaient par la fenêtre. Derrière une des vieilles maisons à proximité du bar, Jolie-main lui fit un signe de la main. Fripon lui répondit avant de se tourner vers les trois filles :

    -Je vais parler à Jolie-main, je reviens.

    Il courut rejoindre la jeune fille :

    -Qu’est-ce que tu as fait de la tenue ?

    -Je l’ai enlevé une fois ici pour expliquer aux gamins la situation.

    Fripon fut surpris :

    -Ils viennent quand même ?

    -Disons que je leur ai expliqué que s’ils espéraient continuer gagner de l’argent sans trop de risque, ils avaient intérêt à s’inquiéter du sort de l’homme à la canne.

    Fripon hocha la tête, mais ne sembla pas rassuré pour autant.

    -Qu’est-ce qu’il y a ?

    -Comment ils vont réagir, tous en voyant les sœurs ? ils ne vont pas nous croire si on leur dit que c’est elles qu’il faut arrêter.

    -On se chargera des sœurs, eux on les envoie sur les hommes de main.

    Nouveau hochement de tête et Jolie-main demanda :

    -Tu as réussi à ramener les filles ?

    -Je leur ai dit qu’elles pourraient venger celles qui sont mortes.

    Jolie-main ouvrit des yeux ronds, ouvrit la bouche, la referma et Fripon réalisa qu’elle ne devait pas être au courant. Il murmura des excuses en baissant les yeux. Ne souhaitant pas s’attarder sur le sujet, Jolie-main expliqua :

    -Il faut une diversion, pour voir s’ils sont armés et si on peut en faire partir quelques-uns. Ramène les filles par ici.

    Fripon obéit. Quand ils furent réunis, Jolie-main expliqua son plan.

     

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