• Chapitre 11

    Ils étaient arrivés devant une maison coincé entre deux grands immeubles. L’endroit était l’une des parties les plus éloignée de la ville claire. Là ou même Fripon évitait de se promener seul. C’était la fin de la ville sombre et les plus dangereux assassins et voleur s’y cacher.

    Un rideau tenait lieu de porte d’entrée à la maison aux fenêtres barricadées que Fripon fixait en frissonnant. Les odeurs dégoûts semblaient plus prenantes ici que partout ailleurs dans la ville sombre.

    -C’est simple, Fripon tu entres, il te voit, tu sors.

    Le garçon dut admettre qu’il n’était plus si sûr de vouloir le faire. Et s’il se retrouvé bloqué à l’intérieur pour une quelconque raison ? Ils étaient restés au coin de la rue, dissimulé par un mur, seul vestige d’une habitation qui semblait avoir brûlé. Fripon jeta un regard à Jolie-main qui se contenta de l’encourager d’un signe de tête. Il inspira avant d’avancer à petits pas dans la rue. Il crispa les poings pour empêcher ses mains de trembler, jeta un regard en arrière comme s’il craignait que les autres partiraient en courant et continua à avancer. Une fois devant le rideau, il sentit la panique le saisir, mais il refusait de tourner les talons. Pas alors que ses compagnons avaient les yeux fixés sur lui. Il se glissa derrière le rideau et fit la grimace. Une odeur de sueur et de moisissure le saisissait à la gorge. Il n’y avait pas de lumière à l’intérieur, mais il distinguait un bric-à-brac monumental. Fripon ne cessa de se répéter les paroles de Phila. Tu entres, tu sors, tu entres, tu sors. Il fit un pas et s’arrêta. Il préférait ne pas trop s’avancer, alors il saisit un objet qui se trouvait à portée de main. Il s’avéra que c’était une bouteille vide. Un coup d’œil alentours pour vérifier qu’il ne décelé aucun mouvement dans la pénombre et il lança la bouteille qui alla se briser un peu plus loin. Il attendit, le cœur battant la chamade, de voir si l’homme réagirait. Alors qu’il commençait à se demander s’il n’était pas absent, il perçut un mouvement sur sa droite à l’entrée de la pièce adjacente. Il y eut un instant figé, comme si le temps était en suspens. Fripon ne réalisa pas tout de suite qu’il était probablement en présence du dernier homme à la canne et lui, ne réalisait certainement pas qu’il se tenait face au gamin qu’il recherchait.

    Puis, le temps se remit en route. Fripon se jeta dehors tandis que l’homme se lançait à ses trousses. A peine avait-il mis un pied dehors que Fripon aperçut Jolie-main face à lui. De part et d’autre de l’entrée, Phila et Rorellien attendirent l’homme qui sortit en courant peu de temps après le garçon. Les deux lui sautèrent dessus et le maintinrent alors que Fabrarol l’assommé avec un morceau de bois trouvé à proximité. Une fois assuré que l’homme resterait inerte, Phila eu un grand sourire :

    -Et bah voilà, facile.

    Fripon s’approcha pour tenter d’apercevoir le visage de l’homme. Quelque part, il s’était dit qu’il devait avoir quelque chose de particulier, peut-être même qu’il le connaissait. Mais ce fut un banal inconnu qu’il découvrit. Il dût avouer qu’il était déçu.

    Personne ne leur posa de question quand ils les croisèrent, transportant le corps d’un homme inconscient. Il n’était pas vraiment judicieux de poser des questions dans la ville sombre et tout le monde le savait. Surtout pas dans cette partie de la ville. Ils regagnèrent donc la cave de la maison d’avenir sans trop d’encombre. Rorellien descendit une autre chaise pour la mettre à côté de l’autre homme passablement amoché. Phila tapa dans ses mains quand l’homme fut ligoté :

    -Bien, je crois que l’on devrait attendre à l’étage pour la suite.

    -Qu’est-ce que vous ferez ?

    Les regards se trouvèrent vers Fripon et c’est Jolie-main qui précisa sa pensée :

    -Une fois qu’il aura avoué, vous en ferez quoi ?

    Phila leur sourit :

    -Que voudriez-vous que l’on fasse ? qu’on le tue ? qu’on le livre aux gardes ?

    Fripon revit le corps de l’ange, la terreur de Beulk.

    -Je voudrais qu’il soit peur.

    Le visage de Fabrarol s’illumina d’un sourire carnaire :

    -Quelle chance, j’aime bien faire peur.

    Rorellien commença à monter les marches en lançant :

    -Je crois qu’on devrait le laisser s’amuser.

    Les trois autres le suivirent en silence. Comme il se dirigeait vers son bureau, ils allèrent au premier étage. Une fois dans la large pièce au grand bureau, Rorellien se tourna vers eux l’air surpris :

    -Vous n’êtes pas obligé de me suivre partout vous savez.

    Phila haussa les épaules :

    -Tu avais l’air tellement sur de toi. On n’a pas osé désobéir.

    Rorellien lui lança un regard désespéré avant de déclarer :

    -J’ai du travail figure toi. En attendant que Fabrarol en est fini, je vais en profiter.

    Phila hocha la tête :

    -Fais comme chez toi.

    -Vous pouvez aller patienter dans le salon si vous voulez. Demandez donc en cuisine qu’ils vous préparent du thé et des biscuits.

    Fripon ne se fit pas prier, bien qu’il ne soit pas friand d’eau chaude parfumée, mais peut-être qu’il y aurait un bouillon ou du lait. Il avait déjà bu du lait chaud au « Au fond du trou » mais ce n’était que lorsque le froid se faisait mortellement mordant que les deux sœurs s’accordaient cette dépense.

    Ils redescendaient au rez-de-chaussée quand il osa enfin demander :

    -Est-ce qu’il y aurait du lait, vous croyez ?

    Phila prit un air sévère :

    -J’espère bien tiens.

    Il ouvrit une nouvelle porte qui donnait sur un salon peuplé de fauteuil récupérer d’un peu partout vu leur dépareillement. Une large cheminée longeait le mur du fond où des flammes se berçaient doucement. Phila prit une voix guindée :

    -Je vous en prie, installez-vous confortablement. Je vais passais commande.

    Fripon courut se jeter dans un profond fauteuil tout près du feu et Jolie-main en fit autant. Ils échangèrent des sourires réjouis avant que la jeune fille prenne la parole :

    -Alors ? tu vas retourner à tes petits larcins en toute quiétude maintenant ?

    Le garçon hocha la tête quand Phila les rejoignit :

    -C’est en cour de préparation.

    Il avança un siège pour se mettre près d’eux. Il y eut un silence durant lequel ils profitèrent du feu. Puis, Jolie-main lança :

    -Pourquoi vous faites ça ? je veux dire, pourquoi avoir créé l’homme à la canne ?

    -Pour aider les gamins.

    Jolie-main eut un air amusé :

    -En leur faisant revendre des tableaux volés ?

    Phila eut un ricanement :

    -A la base non. On a rouvert la maison d’avenir mais personne n’avait confiance. Bien sûr, les plus désespéré ont commencer à venir, mais ce n’était pas vraiment ce que Rorellien avait voulu. Il fallait donc trouver un autre moyen pour aider les gamins sans qu’ils ne s’en rendent compte.

    Jolie-main fronça les sourcils :

    -Et si l’un d’eux se faisait arrêté ? Vous seriez vous révélé pour le secourir ?

    Phila ricana :

    -Cela était impossible.

    Fripon intervint :

    -Pourquoi ?

    Il lui sourit :

    -Parce qu’il n’y a jamais eu aucun vol.

    Jolie-main et le garçon échangèrent un regard incrédule alors sue Phila continuait :

    -Les œuvres existent bel et bien, mais on ne les vole pas. On envoie les enfants chercher des adresses et on les paie peu importe le nombre de renseignement qu’ils nous donnent. De cette façon, ils n’ont pas l’impresssion de faire l’aumône et ils ne craignent pas de se faire emprisonner.

    Jolie-main reprit la parole :

    -Mais, l’argent ? il vous a fallu de l’argent pour tout ça.

    Phila papillonna des yeux :

    -Nous travaillons ma chère.

    Elle plissa les yeux d’un air soupçonneux et il continua :

    -D’accord, nous avions… disons… quelques fonds.

    -D’où viennent-ils ?

    Phila poussa un soupir :

    -Nous avons récupérer la réserve des dirigeants après nous en être débarrasser. On a estimé que cela était le minimum pour nos traumatismes.

    Après un court silence, il ajouta le regard sombre :

    -Pour Fabrarol en particulier. C’était leur préféré.

    Il se perdit un instant dans de tristes souvenirs quand une femme entra, posant un plateau sur une petite table. Elle sortit sans un regard. Fripon ne put s’empêcher de se redresser pour tenter d’apercevoir le plateau par-dessus le dossier. Cela fit sourire Phila :

    -Tu peux y aller tu sais.

    Fripon n’attendit pas qu’il change d’avis. Son visage s’illumina en découvrant une tasse de lait chaud. Il s’en empara et inspira à fond pour que l’odeur emplisse ses narines. Une autre tasse de lait chaud se trouvait sur le plateau et un thé. C’est cette dernière tasse qu’il prit pour la portait à Jolie-main avant de s’empresser de revenir pour prendre une pleine poignée de biscuit. Phila le regarda faire avec amusement avant de se lever pour se servir. Ils durent attendre encore un moment avant que Fabrarol ne vienne les retrouver. En silence, il prit un siège à son tour pour se joindre au cercle avant de s’y enfoncer l’air soucieux. Finalement, Phila finit par demander :

    -Alors, tu l’as fait avouer ?

    Son ami eut un ricanement :

    -Pour qui tu me prends ?

    -Pourquoi cet aire boudeur dans ce cas ?

    Fabrarol le dévisagea avant de laissé paraitre un sourire sans joie :

    -Je lui ai fait confesser, mais plus que je ne l’avais espéré.

    Les trois autres le dévisagèrent avec intérêt jusqu’à ce qu’il se décide à dire :

    -Ce n’est pas lui qui dirige. Il a été payé pour porter la tenue et donner les ordres qu’on lui transmettait par message. Il n’a jamais vu qui l’utilisait.

    Un nouveau silence avant que Phila ne lâche dans un soupir :

    -Donc, on est de retour au point de départ.

    Phila se leva :

    -Je vais avertir Rorellien.

    Il quitta à pièce, laissant Fripon, Jolie-main et son ami plongés dans leur pensée. La journée fut morne et longue. La nouvelle semblait avoir abattu tout le monde. Peu de mots furent échangés durant le reste du jour. Quand le soir arriva, Rorellien invita tout le monde à rester :

    -Après une bonne nuit de sommeil, on pourra réfléchir à un moyen de trouver comment attraper le dirigeant.

    Jolie-main se tourna vers lui :

    -Qui était les dirigeants à l’époque ?

    -Pourquoi ?

    -Je sais que je me répète, mais, si c’était les même ?

    Fabrarol ricana :

    -Ils seraient facile à reconnaître. Je leur ai gravé quelques souvenirs sur le visage.

    Fripon imagina des cicatrices barrant entièrement la face de l’homme. Phila renchérit :

    -Et puis, ils ne reviendront pas, crois-moi. L’état dans lequel les a laissés Fabrarol ne leur permettrait pas.

    Jolie-main demanda :

    -C’est-à-dire ? ils seraient morts suite à leur blessures ? ou ils n’auraient plus les capacités physiques de se déplacer ?

    Fabrarol sembla sérieusement réfléchir à la question, mais Phila l’empêcha de répondre :

    -Allez, ça suffit. Tout le monde au lit.

    Fripon était exténué. Pourtant, quand il se retrouva dans un lit douillet emmitouflé dans de chaudes couvertures, il put fermer l’œil. Dehors, le tueur courrait toujours finalement. Des enfants qui avaient aidé l’homme à la canne est-ce qu’il ne resté que lui et Souil ? mais maintenant, il n’y avait plus le faux homme à la canne, donc, ces hommes se disperserait surement. Sauf si le dirigeant reprenait un nouveau pantin ou qu’il se mettait lui-même à commander directement. Jolie-main avait raison. Pourquoi faire appel à quelqu’un d’autre si ce n’est parce qu’il ne souhaitait pas être reconnu ? Fripon se redressa, laissa courir son regard sur les autres lits du dortoir avant de se laisser retomber en arrière en rejetant la couverture sur sa tête. Il ferma les yeux en s’efforçant de dormir.

    Il se réveilla en sursaut en se demandant pourquoi il y avait du soleil. Il ne dormait jamais si tard et pendant quelques secondes, il paniqua complétement. Puis, les événements de la veille lui revinrent en mémoire et peu à peu, son cœur repris un rythme normal. Voyant le dortoir vide, il dévala les escaliers. Il jeta un œil dans le salon au passage pour y apercevoir les trois jeunes hommes en pleine discussion. Intimidé, il continua à se diriger vers le réfectoire en espérant qu’ils ne l’avaient pas remarqué. Il fut heureux de retrouver Jolie-main assise à une des tables. Elle sourit en l’apercevant et lu tendis un bol plein quand il la rejoignit :

    -Je t’ai gardé ça. C’est froid, mais bon.

    Fripon mangea sans rechigner en demandant :

    -Qu’est-ce qu’ils vont faire ?

    -Je ne sais pas. Ils discutaient déjà quand je me suis levée.

    Ils restèrent sagement dans la grande salle en attendant que les trois amis viennent les retrouver. Quand ils le firent se fut pour dire :

    -Bon, nous sommes un peu dans le flou.

    Fripon prêta toute son attention à Phila qui continuait :

    -Sans son bras droit, car on suppose qu’il l’était, il y a des chances pour qu’il continue à chercher Souil et Fripon lui-même. On ne pense pas qu’il prendra le temps d’engager quelqu’un d’autre, mais ce n’est pas une certitude.

    Fabrarol secoua la tête :

    -Pour moi, c’est une certitude. Vous avez bien vu à quelle vitesse il a fait supprimer les gosses. Je pense qu’il est trop pressé d’en finir.

    Jolie-main ouvrit la bouche, puis la referma sans rien dire. Rorellien sembla deviner sa pensée et dit :

    -On ne pense toujours pas que ce soit les dirigeants qui veulent se venger.

    La jeune fille n’était toujours pas convaincue :

    -Qui d’autres ? qui saurait comment les dirigeants torturés les enfants ? qui pourrait vous en vouloir à ce point ?

    Ils réfléchir sérieusement à la question alors que Fripon fixait son bol vide. Il se sentait fatigué bien qu’il vînt de se lever. Cette histoire ne finirait donc jamais. Il se leva et se dirigea vers la sortie.

    -Où tu vas ?

    Le garçon se tourna vers Jolie-main :

    -Je vais faire une tour.

    Phila commença à se lever pour le retenir :

    -Non, ce n’est certainement pas une bonne idée. Il vaut mieux que vous restiez là tous les deux.

    Fripon haussa les épaules :

    -Je vais faire un tour dans la maison alors.

    Sans attendre leur réaction, il partit. Dans le couloir, il jeta un regard par-dessus son épaule pour s’assurer que personne ne le suive, puis quitta le bâtiment et son enceinte. Il retrouva le froid, les sons de la rue et quelque part, il se sentit mieux. Il marcha longtemps, perdu dans ses pensées. Il ne voulait pas passer sa courte vie à se cacher dans la maison d’avenir et il ne voulait pas passer des jours à essayer de deviner ce que ferait le dirigeant ensuite. Il alla se poser près de la baignoire pour repenser à l’ange de la quatrième. Il se rendit compte qu’il commençait à l’oublier et cela l’attrista d’autant plus.

    Il frissonna. En regardant les alentours, il vit que la baignoire s’était vidée de ses quelques visiteurs. Il soupira en songeant que Phila et les autres avaient raison. Bien sûr qu’il serait plus en sécurité à la maison d’avenir, il y avait pire comme endroit. De plus, Jolie-main voudrait sans doute y rester, au moins, il ne serait pas seul. En se levant, il choisit de continuer à marcher un peu avant de rentrer.

    Ses pas le menèrent naturellement vers le « Au fond du trou ». C’était peut-être la dernière fois qu’il y venait. Tout en s’en approchant, il essaya de se rappeler s’il avait déjà remercié les sœurs pour ce qu’elles aient fait pour lui. En entrant, il retrouva l’atmosphère chargé de voix tonitruantes, de rires. La chaleur qui émanait de la cheminée, les tables bondés et la foule qui se pressait. Fripon se fraya un passage vers le bar où il réussit à se hisser au bord en se soulevant avec les bras. L’aîné des sœurs qui s’agiter derrière l’aperçut et sourit :

    -Alors, petit Fripon, tu veux une soupe ?

    Le garçon hocha la tête. Il finit d’escalader le bar pour s’assoir dessus. De là, il pouvait voir toute la salle ou presque. En posant l’assiette près de lui, la sœur demanda :

    -Qu’est-ce qu’il t’arrive ces derniers temps ?

    Fripon avala la soupe rapidement avec un faible rire :

    -Trop de chose.

    Il leva la tête pour lui rendre l’assiette quand il se rendit compte que sa vision s’affaiblissait. Il sentit le plat lui échapper alors que le contrôle de son bras lui échapper. Il sentit la sœur le prendre dans ses bras et la dernière chose qu’il vit avant de perdre connaissance fut la porte de la cuisine qui se fermait sur la salle bruyante.

     

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