• Chapitre 10

    -C’était vous ?

    Le directeur eu un sourire indulgent ;

    -Cela dépend du moment auquel tu fais référence. Je m’appelle Rorellien, je suis un ami de Phila.

    Fripon chercha à reconnecté toutes les informations, mais il en fut incapable tant la peur figeait ses pensées. Rorellien ajouta en espérant le calmer :

    -L’homme à la canne sur lequel j’ai tiré la dernière fois était le chef de ces hommes. Phila est venu me voir ce matin pour t’aider à libérer ton amie dans le cas où elle se trouverait là.

    -Phila…Phila est l’homme à la canne, c’est ce qu’il m’a dit.

    -Il l’est, mais pas tout le temps.

    Fripon tenta à nouveau de réfléchir quand Rorellien s’avança :

    -Allez, Fripon, on n’a pas plus de temps. Phila les a éloignées, mais ils vont revenir.

    Sans plus attendre, il sortit un couteau de sa ceinture pour couper les liens de Jolie-main, puis il saisit la jeune fille :

    -En route, faut pas traîner.

    Fripon acquiesça bien qu’il ne comprenait toujours pas vraiment ce qu’il se passait. Ils descendirent la dernière volée de marche avec lenteur avant de se retrouver dehors. Après avoir jeté des regards alentour pour s’assurer que les hommes ne revenaient pas, ils s’élancèrent aussi vite qu’ils purent en direction de la maison d’avenir.

    Quand ils franchirent les grilles, Fripon suivit Rorellien à l’intérieur. Les couloirs semblaient contre vide, mais c’est vers une porte du rez-de-chaussée que l’homme se dirigea.

    -Ouvre, s’il-te-plaît.

    Le garçon obéit et découvrit une petite pièce avec deux lits blancs, une armoire pleine de médicament et deux femmes qui discutaient à un bureau. Elles se levèrent en les voyant entrer. L’une était clairement plus vieille que la seconde et c’est celle-ci qui demanda :

    -Où l’avez-vous donc trouvé celle-là ?

    Rorellien posa Jolie-main sur un des lits en se contentant de dire :

    -Occupez-vous d’elle. Si elle se réveille et qu’elle cherche le petit, dite lui que l’on est dans la cave.

    Les femmes hochèrent la tête tandis que Rorellien entraînait Fripon à l’extérieur avant qu’il ne soit le temps de protester.

    -Elles vont faire quoi ?

    Tout en ouvrant une porte à proximité qui donnait sur un sombre escalier, Rorellien répondit :

    -Ne t’inquiète pas, elles sont là pour soigner les gens, elles s’occuperont bien de ton amie.

    -Mais… elle ne devrait pas être réveillée, déjà ?

    Rorellien s’accroupit pour être face à lui :

    -Cela dépend. Peut-être qu’ils lui ont donné un somnifère ou autre chose. Ne t’inquiète pas et suis-moi. Il faut que l’on t’explique certaine chose.

    Fripon hésita en le voyant descendre les escaliers. Il distinguait une lumière blafarde en bas, mais il aurait préféré savoir ce qui l’attendait en bas.

    -Pourquoi on doit aller là-dedans pour parler ?

    Rorellien leva la tête pour lui dire :

    -Parce que je ne tiens pas à ce que tout le monde soit au courant de ce que l’on va se dire.

    Fripon fit la grimace en regardant l’homme continuer sa descente. Il jeta un regard dans le couloir et reconnu la porte menant au réfectoire. Il s’y rendit en courant. Il n’y avait que peu de personne attablé sur les longues tables et personne ne fit attention à lui. Il suivit l’odeur de viande grillé qui venait de sur sa gauche pour trouver les cuisines. Deux hommes et une femme s’y affairé et Fripon en profita pour s’emparer d’un couteau pointu. Il s’éclipsa aussi vite qu’il était venu pour retourner dans le couloir. Rorellien était remonté pour le chercher et sourit en l’apercevant :

    -j’ai cru que tu t’étais encore échappé.

    Fripon que la présence du couteau dans sa main rendait plus courageux, lui répliqua :

    -Je ne vais pas laisser Jolie-main toute seule.

    L’homme sembla amusé en apercevant l’arme et se contenta de répondre :

    -C’est vrai. Viens, maintenant. Phila ne devrait pas tarder à nous rejoindre.

    Loin de rassuré le garçon, il resserra son emprise sur le manche du couteau avant de le rejoindre. Pour tenter cacher sa peur, Fripon demanda l’air de rien :

    -Si j’ai bien compris, il y a trois hommes à la canne, en fait ?

    La cave consistait en un petit espace vide au centre duquel le garçon découvrit un homme attaché sur une chaise. Le même homme qui, la veille s’était retrouvé inconscient sur le trottoir. Un autre jeune homme se tenait debout près de lui et se tourna vers les nouveaux arrivants alors que Rorellien répondait :

    -Disons plutôt quatre. Je te présente Fabrarol. Fabrarol, le fameux Fripon.

    Le garçon dévisagea le jeune homme dont il n’avait aperçu que les jambes quand il s’était rendu dans la ville claire. Fabrarol le salua d’un signe de tête avant de revenir à Rorellien :

    -Il se passe quoi exactement ? Desan n’a pas su me le dire.

    Rorellien soupira :

    -Oui, Phila a encore eu un plan très flou, mais qui semble avoir marché.

    Fripon se concentré sur l’homme à l’oreille manquante qui, bâillonné, dévisageait les deux hommes avec fureur.

    -Quand l’avez-vous récupéré ?

    Rorellien se tourna vers Fripon :

    -Cette nuit. Phila a eu un éclair de génie. Il est venu toquer à ma porte en me demandant de l’aider à descendre un homme qu’il avait assommé dans ma cave. Puis, il est revenu ce matin en me demandant de prendre la tenue pour jouer les grands chefs.

    Fabrarol eut l’air perplexe :

    -Pourquoi cela ?

    -Pour sauver le petit et son amie. Il est tombé dessus hier soir en venant me voir apparemment.

    -Pourquoi venait-il te voir ? il ne m’a rien dit.

    Phila dévala soudain les escaliers, essoufflé et en sueur.

    -C’est bon… tout est arrangé… et je l’ai trouvé en haut des escaliers…

    Jolie-main descendait les marches avec lenteur, visiblement aussi méfiante que Fripon. Comme il se penchait pour voir de qui il parlait, le garçon aperçut son ami et courut la rejoindre. La jeune fille lui ouvrit les bras en souriant. Ils restèrent enlacés un instant avant que Fabrarol reprenne la parole :

    -C’est très bien tout ça, mais je voudrais comprendre ce qu’il se passe exactement. Phila, est-ce que tu peux t’expliquer ? as-tu trouvé qui se fait passé pour nous ?

    -Vous êtes les trois garçons, n’est-ce pas ?

    Ils firent volteface aux paroles de Jolie-main qui tenait encore Fripon dans ses bras. Elle pointa Rorellien de son menton :

    -Lui, je le reconnais. C’est vous qui avait détruit l’ancien clan. On parle de trois garçons.

    Le regard de Rorellien s’était voilé en tombant sur le moignon de Jolie-main, alors que Phila ouvrait de grands yeux :

    -On est célèbre ? je croyais que plus personne ne se souvenait de l’ancien clan.

    Jolie-main ne put s’empêcher de sourire :

    -Je pense que les seul à s’en souvenir ce sont ceux qui s’y sont trouvé lié d’une manière ou d’une autre.

    Phila eut l’air déçu, tandis que Fabrarol reprenait la parole :

    -Ce qui importe pour l’instant est de savoir ce qu’il se passe. Qui s’en prend aux gamins ?

    Fripon tenta d’une petite voix :

    -Vous cherchez aussi ?

    Rorellien hocha la tête :

    -Bien sûr.

    -Je pensais que tout le monde s’en fichait.

    Les trois hommes sourirent, puis Phila se plaça devant eux :

    -Très bien, reprenons. Notre cher ami ici, pourra sans aucun doute nous donner quelques informations. C’est pour cela que je t’ai fait appeler Fabrarol.

    Le sourire de celui-ci s’agrandit :

    -Je m’en doutais.

    -Très bien. Pendant que tu t’en occupes, je suis sûr que Rorellien voudra bien nous offrir un petit-déjeuner.

    Rorellien soupira :

    -Allons-y.

    Fripon dut avouer qu’il était content de quitter l’odeur de terre humide qui régnait dans la cave et retrouva le réfectoire avec soulagement. Tout en mangeant, Phila expliqua :

    -Quand tu as dit à Fabrarol que l’ange de la quatrième ne s’était pas présenté à votre rendez-vous, on a commencé à enquêter.

    Le garçon fut étonné :

    -C’était Fabrarol ?

    -Oui, on change suivant nos occupations. On a effectivement remarqué que la fillette ne venait plus dans la quatrième et j’ai donc commencé à faire des recherches dans la ville sombre pendant que Fabrarol continuait à porter la tenue. J’ai fini par retrouver le corps de la petite avec une preuve assez évidente que son meurtre nous visé. Les doigts cousus dans la bouche faisait clairement référence à la torture des dirigeants pour les enfants récalcitrants.

    Son regard glissa rapidement vers Jolie-main qui se contentait de dévorer le contenu de son assiette. Il reprit :

    -J’ai donc laissé un message au cas où d’autres enfants viendraient dormir dans cet endroit afin qu’ils comprennent que ce n’était plus un endroit sûr. J’ai continué à chercher et est retrouvé les autres gamins les uns après les autres. On a alors décidé de mettre en sécurité ceux qui restaient et quel endroit de la ville sombre est plus sécurisant que la maison d’avenir ? enfin depuis que Rorellien s’en occupe.

    Celui-ci sourit avec gêne tandis que Phila poursuivait :

    -Là, tu nous as donné du fil à retordre.

    Fripon fixa son bol en rougissant, mais le jeune homme ne s’attarda pas :

    -La question que nous nous posions, c’était comment ils pouvaient savoir quels gamins viser et comment pouvaient-ils inspirer suffisamment de confiance pour que les gosses ne cherchent pas à leur échapper ? tu nous as donné un indice, Fripon, en évitant l’homme à la canne si assidument. Nos soupçons se sont confirmés avec le temps. Quelqu’un s’habillait comme nous pour attirer les gamins.

    Une question vint à l’esprit de Fripon qu’il posa spontanément en se tournant vers Rorellien :

    -Mais, quand vous avez tiré sur l’homme à la canne ? ça aurait pu être un de vos amis, non ?

    Rorellien secoua la tête :

    -Non, on se prévient pour savoir qui porte la tenue afin d’éviter que deux hommes se baladent dans la ville sombre. Je savais que c’était notre ennemi, de même que je savais qu’il avait éterti chez moi parce qu’il avait suivi quelqu’un. Et qui d’autre que le garçon qui continuait de courir ?

    Fripon rougit à nouveau. Il avait l’impression d’avoir créé plus de problème qu’il ne l’avait imaginé.

    -Bref, nous savions qu’un autre homme à la canne traîné dans le coin et notre but était donc de récupérer Fripon avant lui. Quand tu as atterri chez nous, c’était inespéré. Puis tu t’es enfui et Fabrarol t’a perdu. Par la suite, je me suis souvenu que Rorellien t’avait vu avec une fille. Je me suis donc dit que s’il pouvait me la décrire, on la retrouverait et toi avec. C’est quand je me rendais ici pour le voir que je t’ai vu à la prise avec notre ami dans la cave. Quand je fus certain que tu dormais et que tu ne t’enfuirais pas, je suis allé trouver Rorellien pour qu’il m’aide avec l’autre.

    Fripon demanda :

    -Comment vous avez pu me trouver ce matin ?

    Phila sourit :

    -Je ne dormais pas et je t’ai suivi. Puis, quand tu as dit que ton amie pouvait être dans le vieux bâtiment, je suis parti dire à Desan d’aller chercher Fabrarol et qu’ils nous attendant dans la cave avec notre nouvel ami. Puis, j’ai demandé à Rorellien de mettre la tenue. Pendant que j’attirerais les hommes dehors, il entrerait en se faisant passer pour leur chef au cas où ils auraient laissé des gardes à l’intérieur. Voilà.

    Phila semblait assez fier de son exposé et observa les réactions de ces interlocuteurs. Jolie-main s’était resservi et continuer de manger sans lever les yeux. Rorellien était perdu dans ses pensées et seul Fripon semblait intéressé par ce qu’il se racontait. Comme Pila prenait une mine déçue, il demanda :

    -QU’est-ce que vous avez fait aux dirigeants ?

    Rorellien tressaillit et Jolie-main leva les yeux. Phila hésita avant de demander :

    -Comment cela ?

    -Vous vous en êtes débarrassé ? c’est ce qu’on dit.

    Les deux jeunes hommes tournèrent leur regard vers Jolie-main qui les dévisagea à son tour sans bronché, attendant manifestement la réponse. C’est Phila qui répondit :

    -On ne les a pas tués si c’est cela la question.

    Fripon ne savait pas trop à quoi il s’étendait, mais il hocha la tête. En revanche, Jolie-main tiqua :

    -Et si c’était eux. S’ils essayaient de reprendre le pouvoir dans la ville sombre.

    Les deux amis échangèrent un regard avant que Rorellien secoue la tête et Phila expliqua :

    -Ils sont dût partirent. Ils savent que s’ils reviennent, on ne retiendra pas Fabrarol.

    La phrase semblait claire et Fripon ne trouva rien à redire. Jolie-main observa un point au-delà de l’épaule de Phila :

    -En parlant du loup.

    Le jeune homme se retourna pour apercevoir Fabrarol qui fit un geste à leur attention.

    -Si vous voulez bien nous excuser.

    Les deux jeunes hommes s’éloignèrent et Fripon en profita pour demander à Jolie-main :

    -Ils disent la vérité, tu crois ?

    La jeune fille les observa en pleine discussion puis hocha la tête :

    -Je pense que si on veut en finir avec cette histoire, ce sera avec eux.

    -Mais ils t’ont coupé la main tu as dit.

    Elle fronça les sourcils avant de sourire :

    -Non, ce n’est pas ce que j’ai dit. J’ai dit que Rorellien était là, mais il ne faisait rien.

    Fripon ne comprenait toujours pas :

    -C’est pareil, il aurait dû t’aider.

    Elle dit d’un ton indulgent :

    -Non, il ne pouvait pas. Tu ne sais pas ce dont les dirigeants étaient capables.

    Fripon finit par hocher la tête sans être convaincu. Il tourna son regard vers les trois jeunes hommes :

    -Tu crois qu’ils vont nous dire ce que l’autre leur a dit ?

    A cet instant, ils revinrent tout trois vers la table et Jolis-main se contenta de dire :

    -On va le savoir tout de suite.

    Phila se pencha vers eux :

    -On sait où se trouve l’imposteur.

    Fripon bondit de son siège :

    -On va aller l’attraper ? maintenant ?

    Rorellien fronça le nez :

    -Eh bien, il nous faut un plan, mais d’abord, il faut vous mettre en sécurité.

    Fripon allait protester quand Fabrarol intervint :

    -On pourrait avoir besoin d’un appât et il n’y a que le gamin qui puisse le faire.

    Jolie-main s’empressa d’ajouter :

    -Sans compté que l’endroit le plus en sécurité est avec vous, vous ne croyez pas ?

    Phila passa de l’un à l’autre avant de soupirer :

    -Bon, d’accord. On y va.

    Jolie-main et Fripon s’empressèrent de finir leur bol avant de les suivre.

    -Du coup, c’est quoi le plan ?

    Phila répondit à Fripon en continuant de marchait rapidement :

    -Comme Fabrarol l’a dit. Tu vas attirer son attention, l’isolé et on lui tombe dessus.

    Jolie-main et le garçon échangèrent un regard perplexe. Surprenant leur geste, Rorellien leur murmura :

    -Vous en faîtes pas, ça n’en a pas l’air comme ça, mais es plans marchent toujours.

    Le trajet se fit dans le silence. Fripon ignorait ce à quoi pensé ses compagnons mais en ce qui le concernait, l’excitation lui faisait battre le chœur. Bientôt, ce serait terminé. A cinq, c’était sûr qu’il ne pouvait que l’emporter. La vie reprendrait son cours. Il n’aurait plus peur d’être suivi où d’être assassiné.

     

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