• XXV - Hiloy

    Hiloy Plilaz

    Rang : Or

    Héritier.ère de la grande famille Plilaz

    Héritier.ère de la charge de gardien

     

    Lae Cinquième était soulagé.e d'être avec Citseko qui ne semblait pas plus bavard qu'ellui. Au moins, iel n'éprouvait aucune gêne à rester silencieuse pendant que la partie continuait plus loin. Hiloy était aussi, en partie, soulagé.e que Falibi l'ait poussée à jouer, car cela lui permettait de se changer les idées. Cependant, ses pensées continuaient de se concentrer sur ce qu'iel avait l'intention de faire ensuite.

    La rumeur que l'on avait essayé de tuer lae Cinquième s'était bien sûr propagée comme une traînée de poudre. Hiloy ne se souciait pas des murmures et des regards qui lae suivait désormais. Iel était furieux.se que le directeur n'ait pas plus puni les coupables. S'il les a seulement trouvés. Iel le soupçonnait d'avoir menti sur ce sujet. Après tout, cela réglait toutes ses affaires. Il ne s'attire pas l'animosité des familles des assassins et fait semblant d'avoir rendu la justice... ou du moins, ce qu'il considérait comme une justice. Lorsque l’adolescent.e avait fait part de ses soupçons à Rafirin et Falibi, les deux héritiers d'argent avaient prétendu que cela paraissait exagéré, mais ils n'avaient pas non plus tenté de la détourner de cette idée. Hiloy avait bien sûr, réinterrogé Xutik sur la façon dont il avait bouclé sa propre affaire d'assassinat en début d'année. Celui-ci avait avoué qu'il avait simplement arrêté d'y penser, présumant que Gec-Nüj continuait d'enquêter. Il avait alors sous-entendu qu'iel ferait bien de garder un œil sur Falibi et Rafirin. Après tout, les héritiers d'argent n'étaient plus ce qu'ils étaient. Hiloy avait mis cette dernière réflexion sur l'amertume que Xutik portait à Gec-Nüj et n'en tenu pas compte. En revanche, iel aurait été intéressé.e par une discussion avec Elférad. Seulement, au moment où l’adolescent.e allait l'interroger, Falibi était apparue en demandant s'ils avaient l'intention de jouer à un jeu. Hiloy n'avait rien eu le temps de dire que les quatre garçons s'étaient illuminés à cette suggestion et lae Cinquième avait deviné qu'il était inutile de tenter un dialogue à cet instant. A moins que... Iel chercha Elférad du regard, puis guetta Bélera qui courait dans tous les sens. Iel se souvenait de Laxo disant que son héritière d'argent était rapide, mais iel ne s'était pas imaginé.e à quel point. Theaon finit par abandonner, alors que Bélera ralentissait. La voix puissante de l'héritière d'or traversa les airs :

    -On change de loup ! Un volontaire ?!

    Nsoah bondit pour prendre la relève, venant dans le dos de Bélera pour la toucher. La jeune fille se tourna aussitôt et le rattrapa avant qu'il n'ait trouvé un refuge. Le garçon éclata de rire avant de réussir à rattraper la fille. Même si ce rapide échange amusa tout le monde, Theaon finit par tonner :

    -C'est fini, oui ?

    Nsoah leva alors le bras :

    -Je suis le loup.

    Bélera en profita pour trouver refuge auprès de Neghttris que Nsoah avait laissé. Réalisant la situation, Theaon courut s'accrocher au premier duo qu'elle put trouver et Xutik se trouva à courir. En le voyant faire, Hiloy se demanda s'il trouvait seulement ce jeu amusant. L'adolescent courrait en tentant d'éviter Nsoah, mais c'était plus par forme que par amusement. En remarquant qu'il semblait se décider à prendre un refuge, Hiloy cria :

    -Xutik !

    L'adolescent se tourna vers ellui alors qu'iel désignait Citseko de la tête. Bien conscient.e que celui-ci comprenait ce qu'il se passait, Hiloy expliqua sur un ton d'excuse :

    -C'est pas que je m'ennuie, mais j'ai envie de me dégourdir les jambes.

    L'héritier d'argent se contenta d'un demi-sourire :

    -Pas de problème.

    Je me demande s'il existe quoique ce soit en ce monde qui puisse te poser problème. Hiloy se dit qu'il avait de la chance d'être capable de rester si serein. Sitôt que Xutik attrapa le bras de Citseko, lae Cinquième fonça droit sur Elférad, espérant de tout cœur de ne pas être attrapé avant d'avoir atteint son but. Hiloy tendit le bras, agrippa l'héritier d'or au moment où Nsoah la dépassait. C'était juste. Theaon n'eut pas le temps d'aller bien loin avant que l'adolescent ne la touche et la change en loup.

    -Faut que je te pose une question.

    Elférad se détourna des joueurs pour la regarder :

    -Oui ?

    -Est-ce que tu sais qui a tenté de t'assassiner ?

    Le garçon se crispa avant de secouer la tête.

    -Tu as des informations sur le coupable ? Vous avez trouvé quelque chose ?

    Elférad préféra demander :

    -C'est à cause de ce qui t'es arrivé.e ?

    Hiloy joua franc-jeu :

    -Oui.

    -Les coupables ont été virés... non ?

    Lae Cinquième devinait bien qu'il en profitait pour aller lui-même à la pêche aux renseignements et, même si Tefpiro aurait été scandalisé, iel ne chercha pas à dissimuler :

    -Je n'en suis pas si sûre.

    S'il avait été réticent à la discussion jusque là, Elférad se laissa entraîner à ces mots :

    -Comment pas sûr ?

    -Je ne les ai pas vu, personnellement. Le directeur ne m'a donné ni les noms, ni les clans.

    L'héritier d'or encaissa le coup, réalisant tout ce que cela pouvait impliquer :

    -Mais, il n'y a aucune preuve qu'il ne les ait pas renvoyé.

    -Et aucune qu'il l'ait fait.

    Elférad ouvrit la bouche la referma, tenta encore de parler avant de se rétracter. Hiloy appuya :

    -Pourquoi le ferait-il ? Est-ce que quelqu'un a déjà remis en cause ses actes ? Il gagne plus en gardant un maximum d'héritier qu'en les virant.

    L'adolescent finit par articuler :

    -Mais tu les reconnaîtrais, tu les as bien vus, ceux qui t'ont attaquée.

    Hiloy hocha la tête :

    -Oui, mais il y a combien d'élèves ? Il a pu les changer de classe pour éviter qu'on se croise.

    Elférad y réfléchit encore un peu avant de dire :

    -Je ne suis pas sûr. Il ne risquerait pas d'offenser l'un des Cinq pour maintenir des héritiers insignifiants dans l'école.

    Iel fronça le nez. Je reste persuadé.e que c'est une grande possibilité.

    -Ils en pensent quoi les autres ?

    Son air d'incompréhension l'obligea à ajouter :

    -Les cinq autres. Vous avez une alliance, non ? Ils sont d'accord avec toi ?

    Hiloy se mordilla l'intérieur de la lèvre :

    -Je ne leur en ai pas encore parlé.

    -Peut-être que tu devrais voir avec eux avant de faire quoi que ce soit.

    Lae Cinquième ne lui dit pas qu'iel n'avait pas la moindre idée de ce qu'iel avait l'intention de faire. Cependant, Hiloy revint à sa question de départ :

    -Toi, tu feras quoi quand vous trouverez le coupable ?

    Elférad inspira profondément, fixant un point au loin avant de relâcher son souffle en répondant :

    -Je ne pense pas qu'on le trouvera un jour.

    -Mais vous le cherchez, n'est-ce pas ?

    Il haussa les épaules :

    -Il n'y aura plus de tentatives. A moins que son clan soit particulièrement influent ou riche. Mais je ne vois pas pourquoi un clan de ce genre s'intéresserait à nous. On a rien à apporter.

    Hiloy réfléchit avec lui et dit :

    -Une autre option serait la rancune. Ton clan n'a pas d'ennemi ? Quelqu'un qui voudrait se venger ?

    L'adolescent ricana :

    -Non, ce serait plutôt...

    Son sourire disparut assombrissant son visage. Le voyant soudain silencieux, Hiloy demanda :

    -Qu'est-ce qu'il y a ?

    L'héritier d'or se tourna cherchant ses amis du regard, puis fixa le bâtiment du dortoir et iel l'entendit marmonner pour lui-même :

    -Il faudrait que... non... mais...

    Un regard vers Citseko et une lueur d'espoir passa furtivement sur son visage avant de disparaître :

    -Non, il ne voudra plus...

    Ses yeux verts glissèrent naturellement sur Hiloy qui l'observait en silence, attendant de voir si la discussion allait reprendre.

    -Je peux te demander un service ?

    Lae Cinquième pencha la tête :

    -Cela dépend de ce que c'est.

    Elférad sembla réfléchir encore avant de se décider :

    -Mon clan n'a aucun intérêt pour toi, n'est-ce pas ?

    -Pas vraiment non, sans vouloir te blesser.

    L'héritier d'or eut un mince sourire :

    -En l'occurrence, c'est une bonne nouvelle. Il faudrait que tu passes un message, mais personne ne doit être au courant.

    Hiloy haussa les sourcils :

    -Pourquoi tu ne peux pas le faire toi-même ?

    -Je crois qu'on m'espionne.

    Lae Cinquième jeta un regard rapide aux alentours par réflexe :

    -Celui qui a essayé de te tuer ?

    Elférad allait répondre avant de s'arrêter alors que Rafirin poursuivit par Mechem passait près d'eux.

    -J'en sais rien. Il faut que j'envoie un message à Gzadien et...

    -Ce ne serait pas plus simple de lui parler face à face ?

    L'adolescent soupira :

    -Si, c'est sûr, mais si l'espion nous voit ensemble, ça risque d'aggraver la situation. Il pourrait s'en prendre à lui.

    Hiloy dit :

    -Si ce n'est que ça. Je peux arranger le coup.

    Elférad ouvrit des yeux ronds :

    -Comment ça ?

    -Tu n'as qu'à aller dormir à l’hôpital cette nuit. Je viendrais te chercher.

    L'héritier d'or secoua la tête :

    -Ça ne change rien. L'espion me suivra.

    -Oui, mais il ne pourra pas entrer dans ma chambre.

    Falibi vint s'accrocher à ellui, mais Elférad ne bougea pas de suite, fixant Hiloy et analysant la possibilité qui s'offrait à lui. L'héritière d'argent lança :

    -Qu'est-ce que tu fais ? Cours, vite !

    Mechem le toucha en passant ce qui secoua l'héritier d'or qui se mit à courir lentement au départ, puis avec plus d'entrain. Bon, il ne m'a pas confirmé si mon idée l'intéressait. La partie se déroula jusqu'au dîner, moment où Elférad finit par lui faire un signe léger de la tête pour lui signifier qu'il voulait tenter le coup. Aussitôt, Hiloy tourna les talons pour chercher Gzadien.

    -Tu vas où ?

    Lae Cinquième s'arrêta, frappé.e par une nouvelle idée. Falibi en profita pour lae rejoindre et répéter :

    -Où tu vas ?

    Hiloy lui demanda :

    -Tu pourrais passer un message à Gzadien ? Vu l'intérêt qu'on me porte en ce moment, j'ai peur de ne pas passer inaperçu.

    Les yeux de l'héritière d'argent se mirent à briller :

    -Une mission secrète ?

    Rafirin grimaça :

    -Je ne pense pas que l'on puisse aller jusque là.

    Hiloy sourit :

    -Il faut juste lui dire qu'il ne reste pas dans sa chambre ce soir.

    -Il traîne dans l'étage abandonné.

    Les trois amis se tournèrent d'un bloc vers Xutik. Lae Cinquième n'arrivait toujours pas à s'habituer à la présence du garçon dans leur groupe.

    -Tu sais où il est ?

    L'adolescent hocha la tête :

    -Je pense pouvoir le trouver. Je lui passerais le message.

    Hiloy conclut :

    -On se retrouvera à l'étage abandonné. C'est le plus simple, je pense.

    Xutik acquiesça et s'éloigna.

    Falibi prit une mine triste :

    -Pas de mission secrète alors ?

    Rafirin lui tapota le sommet du crâne :

    -Ça va aller.

    Hiloy sourit en déclarant :

    -On va manger ?

     

    Xutik ne tarda pas à les rejoindre, à l'étonnement général. Falibi s'émerveilla :

    -Tu l'as déjà trouvé ?

    Le nouvel héritier d'argent se contenta de hocher la tête :

    -Il attendra dans le couloir de l'étage abandonné.

    Falibi se pencha vers Hiloy prenant un air de comploteur :

    -Pourquoi tu veux lui parler en secret à Gzadien ?

    Lae Cinquième répondit sur le même ton :

    -Je ne veux pas lui parler à Gzadien.

    Rafirin fronça les sourcils :

    -Pourquoi tu fais ça alors ?

    Xutik supposa :

    -Tu veux le laisser poiroter toute la nuit ?

    Hiloy le dévisagea avec perplexité :

    -Pourquoi je ferais ça ?

    Xutik haussa les épaules :

    -Il y en a qui trouve ça drôle.

    Lae Cinquième secoua la tête :

    -Non, c'est pas pour ça. Mais je ne sais pas si je peux vous en parler maintenant. Peut-être demain.

    Falibi lui jeta un regard soupçonneux :

    -C'est louche.

    Hiloy souriait toujours :

    -Pas tant que ça. C'est juste que c'est une décision qui ne m'appartient pas. J'ai oublié de demander la permission.

    Xutik ricana, mais avant que lae Cinquième put en demander la raison Rafirin déclara :

    -Tu es du clan Plilaz, tu n'as pas vraiment besoin de demander la permission pour faire quoi que ce soit.

    Iel hocha la tête :

    -Je sais. Mais je n'aimerais pas tellement qu'on raconte tout ce que je fais sans ma permission, alors je ne vais pas commencer à faire ça aux autres.

    Sitôt le repas terminé, iel se dirigea vers le dortoir des secondes années au lieu de se diriger vers sa chambre, les trois héritiers d'argent sur ses talons. Falibi ne tarda pas à poser une question familière :

    -Tu vas où ?

    Hiloy était tellement concentré.e sur ce qu'iel voulait faire qu'iel en avait oublié la présence des autres. Avec un sursaut, lae Cinquième se tourna pour répondre :

    -Je vais voir les jumeaux.

    -Pourquoi ?

    Iel répondit en reportant son regard vers l'avant :

    -Leur parler de ce qui m'est arrivée.

    Xutik s'étonna :

    -Ils ne sont pas au courant.

    Hiloy eut un petit rire crispé :

    -Sûrement que si et je vais me faire engueuler.

    Iel toqua timidement à la porte d'Oru, mais ce fut Tefpiro qui ouvrit :

    -Et ben c'est pas dommage. Non, mais je te jure.

    Il se tourna vers sa sœur, debout derrière lui :

    -Tu lae vois cellui-là ? Iel fait sa vie tranquille, iel se fout de ce qu'on lui raconte, iel ne veut rien faire comme tout le monde...

    Tandis qu'il continuait de parler, Oru le poussa pour sortir. Iel passa un bras autour des épaules d'Hiloy et lae conduisit vers les étages supérieurs. Tefpiro n'avait toujours pas reprit son souffle :

    -Iel se fait des copains, iel est content.e et BOUM qu'est-ce qu'il se passe ? Hein, on peut me le dire ? On tente de lae tuer. On pourrait croire qu'iel va venir aussitôt nous en parler, mais nooooon. Iel se prend un héritier d'argent et est-ce qu'on en parle de cette légère tentative d'assassinat ? Nooooon....

    Oru toqua à la porte portant le luth du clan Qorlia par petit coup irrégulier et le Second ouvrit :

    -Qu'est-ce qu'il y a ?

    Tefpiro réussit à s'arrêter pour répondre :

    -C'est Hiloy.

    Weikom sortit :

    -Ah bah quand même. Onfionne est là ?

    -Non, on va le chercher.

    Hiloy entendit Xutik alors qu'il murmurait à Rafirin :

    -Ils n'ont pas déjà traité le sujet ?

    Rafirin était aussi étonné :

    -Je pensais que si, mais...

    Tefpiro entoura leurs épaules de ses bras :

    -Ah, c'est que vous ne lae connaissez pas. Iel se fout de ce qu'on lui raconte, iel ne veut rien faire comme les autres, ellui.

    -Ta gueule.

    L'adolescent pinça les lèvres aux mots cinglants du Second. Hiloy vit la large silhouette de Onfionne. Tefpiro l'arrêta avant qu'il n'entre dans sa chambre :

    -On va voir le Premier.

    Le Troisième les dévisagea, soupira puis prit la direction de la chambre de Phirand. Le groupe suivit. Oru courut pour atteindre la porte la première et frapper son code. Son frère se moqua :

    -La chambre ne va pas s'envoler, tu sais.

    La voix du Premier se fit entendre :

    -Qu'est-ce qu'il se passe ?

    Weikom répondit :

    -C'est lae Cinquième.

    -Ah, c'est à propos de ce qu'il s'est passé durant le jeu du foulard.

    Onfionne laissa échapper :

    -C'est pas un peu tard ?

    Hiloy l'ignora pour annoncer :

    -Je crois que le directeur a menti. Je ne crois pas qu'il ait expulsé les coupables.

    Il y eut un silence avant que Phirand ne dise simplement :

    -Weikom ?

    Le Second se frotta la nuque de ses doigts de métal avant d'avouer avec une claire réticence :

    -C'est vrai.

    Falibi ne put s'empêcher de lâcher :

    -Tu le savais ?

    Les regards des Cinq lui firent baisser les yeux et murmurer :

    -Désolée.

    Rafirin la rapprocha de lui comme s'il s'inquiétait qu'on ne l'attaque pour ses paroles. Weikom acquiesça :

    -Évidemment que je le savais.

    Hiloy demanda :

    -Tu n'as rien dit ?

    Onfionne répondit avant que le Second ne le fasse :

    -Il ne t'aime pas tellement.

    Oru tapota la porte et Hiloy jeta un regard interrogateur à son frère. Celui-ci traduisit en fixant Weikom :

    -Elle dit que tu aurais dû nous le dire. L'union aurait dû le savoir.

    Le Second se redressa :

    -Me sort pas ça maintenant. On sait tous que cette union est faite pour qu'on ait la paix, pas pour se mêler des affaires des uns et des autres.

    Onfionne hocha la tête pour montrer son accord, mais le Premier intervint :

    -Pourtant, on s'est mis d'accord que la disparition de lae Cinquième nous poserait problème.

    Tefpiro eut un sourire en direction du Second :

    -On peut contrôler Hiloy, on lae connaît. Qui sait sur qui on pourrait tomber si un autre clan prenait sa place ?

    Hiloy eut un sourire aux paroles du Quatrième. Iel n'avait pas vraiment l'impression que qui que ce soit lae contrôlait.

    -On ne devrait pas parler de ça sans ses trois là ?

    Oru tapota la porte et le Premier déclara :

    -Ce sont ses amis et son héritier d'argent, n'est-ce pas ? Si iel leur fait confiance...

    Weikom s'insurgea soudain :

    -C'est des conneries ! Ce n'est pas parce qu'iel leur fait confiance qu'on doit se montrer aussi naïf qu'ellui.

    Phirand le fit taire en disant d'un ton sec :

    -Ne me coupe pas la parole.

    Onfionne claqua des doigts pour attirer l'attention de l'aveugle :

    -Tu as sûrement fait des recherches sur eux, qu'est-ce que tu as trouvé ?

    Weikom fit remarquer :

    -Tu crois que je réagirais comme ça si j'avais trouvé quoique ce soit d'encourageant ?

    La réflexion piqua la curiosité de Hiloy, mais c'est Tefpiro qui demanda :

    -Qu'est-ce que tu veux dire ? C'est des espions ? On doit les tuer ?

    Lae Cinquième allait réagir quand Oru envoya un coup de pied à son frère avec un air de reproche. Hiloy se tourna vers ses amis pour s'apercevoir qu'ils avaient pâli. Weikom ne leur jeta pas un regard en répliquant, reprenant le contrôle de lui-même :

    -Je les aurais déjà fait tuer s'ils avaient été un danger.

    Tefpiro se tourna vers sa sœur :

    -C'est une bonne nouvelle, ça, non ?

    Iel leva un pouce en acquiesçant. Le Premier reprit :

    -Que disais-tu concernant le directeur ?

    Weikom répondit :

    -Je disais qu'il n'avait pas renvoyé les coupables.

    Même si iel avait été presque sûre que ses doutes étaient fondés, Hiloy n'en resta pas moins surpris.e de voir sa supposition confirmée. Onfionne questionna à son tour :

    -Du coup, on fait quoi ? On lui casse la gueule ?

    Tefpiro proposa :

    -On peut buter les coupables. Tu dois savoir qui c'est du coup.

    Le Second croisa les bras en s'adossant au mur :

    -Oui, mais non.

    Le Premier intervint :

    -Je suis d'accord. On ne tue personne.

    Onfionne et Tefpiro demandèrent avec une pointe de déception :

    -Bah, pourquoi ?

    Phirand répondit :

    -Parce qu'on ne va pas commencer à massacrer tout le monde. On vaut mieux que ça.

    Là, même Weikom haussa les sourcils :

    -Ah bon ?

    Hiloy se tourna vers le Second :

    -Tu peux me donner les noms ?

    -Non.

    Phirand intervint de nouveau :

    -Weikom, donne-lui les noms.

    -Pas la peine. Je me suis occupé d'eux.

    Cela attira toute l'attention des personnes présentes. Hiloy imaginait déjà une série de corps enterrés dans le jardin quand le Second, réalisant ce à quoi ils devaient penser, reprit en secouant la tête :

    -Non, mais je les ai calmé avec des menaces. Je suis pas complètement taré non plus.

    Je ne suis pas sûr que des menaces soit la réaction d'une personne saine d'esprit non plus.

    -Ils ne sont pas expulsés alors.

    Weikom secoua la tête :

    -Non.

    Hiloy attendit une suite et finit par pousser :

    -Pourquoi ? Ils devraient être punis...

    Weikom lae coupa :

    -Ils l'ont été, crois-moi.

    Tu ne me fais pas confiance, pourquoi moi, je devrais te croire ? Onfionne sembla réaliser quelque chose :

    -Aaaah, c'est les gars que tu m'as fait taper ?

    Weikom corrigea :

    -Je ne te les ai pas fait taper, on a passer un accord.

    Hiloy intervint :

    -Je pense que je devrais avoir mon mot à dire, non ? Je suis quand même le premier concerné.

    Iel fut surpris.e d'entendre Phirand aller contre son avis :

    -Le problème est réglé. L'union s'en est chargée, c'est comme si tu l'avais fait. Passe à autre chose maintenant.

    Lae Cinquième plissa les yeux et tourna les talons en lançant :

    -OK. Bonne nuit.

    Les trois héritiers d'argent s'empressèrent de s'incliner devant les autres avant de lui courir après. Rafirin demanda :

    -Qu'est-ce que tu fais ? Ils ne vont pas t'en vouloir de partir comme ça ?

    Hiloy répondit sans énervement et sur le ton de la confidence :

    -Je sais pas vous, mais j'ai quand même l'impression qu'ils me cachent des choses.

    Xutik se permit de dire :

    -Tu ne fais pas partie de leur groupe. Pas vraiment.

    Hiloy acquiesça :

    -C'est un peu l'impression que j'ai aussi. En même temps, ils se connaissent depuis un an.

    Falibi appuya :

    -C'est vrai. Ils ont clairement un peu de mal à faire confiance.

    Xutik demanda :

    -Tu vas faire quoi alors ?

    Lae Cinquième réfléchit un instant avant de répondre :

    -Rien, je pense. S'ils disent qu'ils ont fait en sorte de régler la situation, je vais leur faire confiance. Comme ça, ils finiront peut-être par me rendre la pareille.

    Falibi fit remarquer :

    -Je suis d'accord. En plus, ils sont en secondes années. Ils ont sûrement des trucs qui se passent de leur côté dont ils ne te parleront pas. Une première année ne doit pas leur être très utile.

    Hiloy acquiesça :

    -Mais j'aurais quand même voulu les voir, ces coupables.

    Ne trouvant rien à rajouter, ils retrouvèrent leurs chambres en silence. Xutik finit par demander avant que lae Cinquième ne referme sa porte :

    -Tu veux que je vienne ce soir ?

    Hiloy sourit :

    -Non, merci. Ça va aller. Bonne nuit.

    Le garçon s'inclina rapidement avant de s'éclipser. Lae Cinquième régla son réveil tout en réalisant qu'iel n'avait pas donné d'heure à Elférad ou Gzadien. Je vais éviter de sortir trop tard alors. Hiloy attendit néanmoins encore deux heures après la fermeture avant de quitter sa chambre. Lae Cinquième monta d'abord à l'étage abandonné de crainte de trouver un Gzadien gelé dans le couloir. Au final, il n'y avait personne. Il est reparti ? L'adolescent.e s'avança, à l'écoute d'un bruit quelconque qui trahirait une présence. Iel se décida à appeler doucement :

    -Gzadien ? T'es là ?

    A force d'errer, Hiloy fini par entendre une porte s'ouvrir :

    -Je suis là.

    Le temps de se retourner et Gzadien se trouva à ses côtés. Il précisa devant son air surpris :

    -J'ai squatté l'ancienne chambre de Xutik. Je savais pas quand tu viendrais.

    -Oui, j'y ai pas pensé. Viens.

    Gzadien ne bougea pas :

    -Viens où ?

    -Dans ma chambre.

    Il ne bougea pas plus. Hiloy se dirigea tout de même vers le petit escalier :

    -T'inquiètes. C'est pour une réunion secrète.

    L'héritier d'argent resta fixe, méfiant :

    -Concernant quoi ?

    Iel l'attendit avant de descendre :

    -Je ne sais pas. Je n'ai pas vraiment posé de question.

    Hiloy se sentit devenir paranoïaque quand iel ajouta :

    -C'est une réunion avec un héritier d'or.

    Tefpiro finit par déteindre au final. Lae Cinquième sourit, amusé.e, mais espérant qu'il comprendrait à qui iel faisait allusion. Gzadien se mettait effectivement en marche, mais son manque d'enthousiasme lae laissa penser qu'il était plus poussé par la curiosité qu'autre chose. Lae Cinquième marqua un arrêt à chaque palier pour s'assurer qu'ils étaient seuls. Même si iel avait le sentiment d'en faire trop, l’adolescent.e préférait ça que de s'élancer sans faire attention. D'une part, depuis l'attaque qu'iel avait subi, Hiloy n'aimait plus tellement se balader seul.e la nuit. D'autre part, si Elférad pensait être espionné, il était probable que Gzadien le soit aussi. Et rien ne dit que les espions dorment la nuit. Ils atteignirent sa chambre sans encombre.

    -Entre, je reviens.

    Iel referma la porte et courut à l'hôpital. L'infirmier à l'accueil leva la tête à son entrée, mais avant qu'il n'ouvre la bouche iel lança :

    -Je vais au dortoir.

    Lae Cinquième monta les marches quatre par quatre et ralentit en passant la porte. Iel scruta la pièce, les quelques silhouettes étendues en cherchant à reconnaître Elférad. Au final, Hiloy entra, parcourant la salle sans oser s'approcher des lits. Je vais pas non plus brailler pour le trouver. Une lampe s'alluma qui l'aveugla.

    -Qu'est-ce que vous faites ici ?

    La question était murmurée, mais Hiloy l'entendit nettement. Iel avait sursauté en découvrant une infirmière au fond de la pièce. Ah, évidemment. Ils ne vont pas laisser des héritiers sans surveillance. Iel répondit de la même façon :

    -Je cherche quelqu'un.

    Sans hésiter, l'infirmière baissa sa lampe torche et alluma la salle. Celle-ci s'emplit soudain de râle et de grognement. Hiloy resta interdite, se couvrant les yeux de son bras.

    -C'est lui ?

    Lae Cinquième se retourna et vit un Elférad endormi qui s'approchait.

    -Oui, c'est lui. Merci.

    La femme éteignit la lumière et Hiloy dut attendre de s'habituer à la pénombre avant de se diriger vers la sortie. Iel maintint la porte ouverte pour Elférad qui avait du mal à émerger. Il grommela quand ils furent dans le couloir :

    -T'en as mis du temps. J'ai cru que tu m'avais oublié.

    -Mais non. J'attendais d'être sûre que tout le monde soit endormi. Il est déjà dans la chambre.

    Cela sembla le réveiller. Une fois devant sa chambre, iel dit en déverrouillant la porte :

    -J'attends là. Vous toquez quand vous voulez sortir.

    Elférad hocha la tête et se glissa à l'intérieur alors qu'Hiloy jetait un œil dans le couloir. Quelque chose a bougé non ? Iel referma la porte sans rien dire. Si un espion les avait effectivement suivi, il n'oserait probablement pas s'avancer en la voyant devant la porte. L'adolescent.e s'assit en tailleur, les yeux sur le bout du couloir.

    Une silhouette finit par apparaître. J'avais bien entendu quelque chose. Hiloy se leva, sur ses gardes. Iel détailla l'ombre qui approchait maintenant vers ellui.

    -Qu'est-ce que tu fais encore ?

    Hiloy aurait voulu se sentir rassurer d'entendre la voix du Second, mais ce ne fut pas le cas. A le voir dans l'ombre, iel ne le trouva que plus inquiétant.

    -Qu'est-ce que tu fais ?

    Lae Cinquième finit par répondre :

    -J'attends.

    Weikom insista :

    -Tu attends quoi ?

    Iel haussa les épaules ne voyant pas pourquoi iel devrait répondre à un interrogatoire au milieu de la nuit.

    -Je me demandais ce que lae Cinquième pouvait bien avoir à courir partout si tard.

    Hiloy ne bougea pas, scrutant la silhouette restée dans l'ombre. Comme iel ne voyait pas son visage, cela lui donnait l'impression qu'il pouvait s'agir de quelqu'un d'autre. Et le Second serait en fait derrière lui.

    -Quel est ton secret ?

    Encore avec cette histoire ?

    -Je n'ai pas de secret.

    -On a tous des secrets.

    On me l'a déjà dit ça.

    -Je connais tous les secrets.

    Hiloy se contenta de l’observer, peu désireux.se de reprendre cette discussion.

    -Tes amis ont des secrets et je ne les trouve pas non plus.

    Lae Cinquième espéra ne faire passer aucune émotion sur son visage. Le garçon était aveugle et pourtant, iel ne pouvait s'empêcher de s'imaginer qu'il lae voyait d'une façon ou d'une autre. Ce qui me fait penser...

    -Comment tu as su que je courais partout ?

    -J'ai des yeux.

    Oui, mais les yeux de qui ? Iel en profita pour contre-attaquer :

    -Et toi qu'est-ce que tu faisais debout si tard ?

    -Je savais que tu préparais quelque chose pour ce soir.

    Le rendez-vous ? Comment ? Les personnes au courant mis à part Gzadien et Elférad étaient Falibi, Rafirin et Xutik... sauf qu'Elférad a pu en parler à ses héritiers d'argent.

    -Ne te prends pas la tête. Tu ne pourras pas deviner qui m'en a parlé.

    -Les choix sont pourtant limités.

    -Crois-tu ?

    Bon OK. Le Second n'avait toujours pas bougé d'un muscle. Si ça se trouve, c'est un mannequin avec un magnétophone... Ah bah non, je l'ai vu bouger tout à l'heure.

    -Tu ferais mieux de m'en parler si tu connais leur secret. Pareil, tu ferais mieux de me dire ton secret.

    -Tu es venu pour ça ? Pour des secrets qui n'existent pas ?

    Weikom ne releva pas :

    -Tu fais partie de l'union. C'est en nous que tu dois avoir confiance avant eux.

    -Mais tu ne me fais pas confiance à moi.

    Le jeune homme acquiesça :

    -C’est vrai.

    Au bout d'un petit moment, Weikom reprit :

    -Pourquoi as-tu arrangé une réunion entre ces deux-là ?

    Ah, celle-là, elle est facile.

    -Parce que je les aime bien. Elférad et ses héritiers d'argent m'ont aidé après l'attaque.

    -Et ?

    -C'est tout. Je donne un coup de main en retour.

    Weikom se décala légèrement comme pour regarder la porte derrière Hiloy :

    -Et ils parlent de quoi ?

    -J'en sais rien. Ça me regarde pas.

    Le Second finit par soupirer en s’éloignant :

    -Bon, allez, on a plus de temps.

    Hiloy fronça les sourcils :

    -Comment ça on a plus de temps ?

    Un son brouillé vint du plafond. Les hauts-parleurs ? Le déclic des portes qui se déverrouillaient détourna son attention de l'adolescent. Qu'est-ce qu'il se passe ? Elférad manqua lui envoyer la porte dans la figure en sortant.

    -Qu'est-ce qu'il se passe ?

    L'héritier d'or ne prit pas le temps de s'arrêter :

    -C'est un Grand Jeu.

    Gzadien sur ses talons, ils coururent vers leurs chambres. Ce n'est qu'alors que lae Cinquième prêta attention au message du haut-parleur :

    -De trois à trois. Mettez vos uniformes et blasons.

    Hiloy rentra en lâchant un juron. Iel avait espéré pourvoir rester avec ses habits actuels. Quand iel se fut changé.e et qu'iel redressa le blason fixé à sa poche de poitrine, Hiloy pensa pour la première fois que ce petit objet pourrait bien provoquer sa mort. Depuis ce qui était arrivé lors du tournoi des foulards, lae Cinquième n'aimait plus tellement l'idée d'afficher son rang de cette façon. Encore moins dans un Grand Jeu.

    L’adolescent.e sortit et tomba aussitôt sur Falibi qui allait entrer. Sans rien se dire, le duo se dirigea vers le dortoir des garçons à la recherche de Rafirin. Celui-ci accrocha Falibi au passage alors qu'ils le dépassaient sans le voir.

    -Les surveillants sont déjà là.

    Hiloy et Falibi s’exclamèrent en chœur :

    -Quoi ?

    Agacé d'être bousculé, Rafirin les attira contre le mur :

    -Je les ai entendu en passant l'escalier...

    Les deux camarades tendirent l'oreille et purent saisir une voix d'homme par-dessus le brouhaha :

    -Veillez vous diriger vers la sortie, en ordre, s'il vous plaît.

    L'incompréhension se lut sur le visage de Falibi :

    -Mais, ils nous laissent un peu de temps normalement.

    Une vague d'angoisse tordit l'estomac d'Hiloy :

    -Je n'ai pas reçu le papier pour le code.

    Rafirin gardait un œil vers l'escalier en demandant :

    -Le code ?

    -Oui, tu sais. Le papier à remplir pour dire à qui je donne le code pour me retrouver. Je ne l'ai pas eu cette fois.

    Les deux héritiers d'argent ne surent quoi répondre. Lorsqu'un surveillant finit par atteindre le palier, Falibi proposa :

    -Demande-leur. Peut-être qu'il n'y avait pas besoin.

    Hiloy hocha la tête et se dirigea vers le surveillant :

    -Excusez-moi.

    Comme l'homme ne l'avait clairement pas entendue, iel répéta :

    -Excusez-moi.

    Le surveillant posa enfin les yeux sur l’adolescent.e, mais avant qu'iel n'ait pu ouvrir la bouche, il lae saisit à l'épaule et lae poussa vers un de ses collègues qui se tenait dans l'escalier :

    -Lae Cinquième. Sors-là.

    Hiloy tenta :

    -Attendez....

    Déjà , on la tirait vers la sortie. Hiloy put entrapercevoir ses amis qui l'avaient suivi avant que la foule des héritiers ne se referme sur eux. Lorsqu'iel fut dehors et qu'iel aperçut la voiture, lae Cinquième réitéra :

    -Attendez, je n'ai pas eu la feuille pour les codes....

    Le surveillant lae fit entrer dans un véhicule sans rien dire. A l'intérieur, un jeune homme lui tendait un bandeau :

    -S'il vous plaît.

    Hiloy l'ignora pour répéter :

    -Je n'ai pas eu la feuille pour désigner les personnes qui devaient avoir mon code.

    -Ces personnes sont-elles différentes que lors du premier Grand Jeu ?

    Iel secoua la tête :

    -Non.

    -Alors, ce n'est pas nécessaire. Ils recevront le code automatiquement.

    Soudain, un détail lui revint et iel s'empressa d'ajouter :

    -Mais j'ai un héritier d'argent maintenant. Il ne l'était pas lors du premier Grand Jeu.

    -Xutik Razaug ? Nous sommes au courant. Le code lui sera transmis. Si vous voulez bien mettre ce bandeau à présent.

    Cette fois, Hiloy obéit, sentant sa tension se relâcher un peu. Iel s'attendait à ce qu'on lui passe le bracelet et la tablette comme la première fois, mais c'est une piqûre qu'iel sentit à son bras. Comme lae Cinquième avait un mouvement de recul, le surveillant lae rassura en disant :

    -Ne vous inquiétez pas. C'est sans danger.

    En d'autres circonstances, la remarque l'aurait sans doute amusé.e. Hiloy ne tarda pas à s'endormir.

     

    Lae Cinquième ouvrit les yeux, son regard flou se fixant sur un brin d'herbe. Qu'est-ce que c'est ? Sa vision se clarifia peu à peu jusqu'à ce qu'iel réalise qu'iel était étendu.e dans un champ. Hiloy se redressa brusquement pour trouver son sac à côté d'ellui. La tablette bipa pour l'informer que son code avait été activé et iel soupira. Et c'est reparti. En se levant, Hiloy aperçut un mouvement sur sa droite et un soulagement l'envahit en découvrant Oru et Tefpiro qui passaient leur sac sur leurs épaules. Le jeune homme lui jeta un regard rapide :

    -Prête ?

    -Prêt.

    Hiloy allait demander pourquoi ensuite, mais s'arrêta à temps pour regarder sa tablette avant que Tefpiro ne l'accuse de poser des questions stupides.

     

    Trois au départ. Trois à l'arrivée. Vous n'êtes pas obligés d'arriver en même temps. Les points privilèges seront distribués en fonction de l'ordre d'arrivée.

     

    -On est dans la même équipe alors.

    Oru hocha la tête et Tefpiro ajouta :

    -Ne t'imagine pas que c'est un hasard.

    Hasard ou pas, je suis bien content.e d'être avec eux.

    -Est-ce que ça veut dire que toutes les secondes années et premières années sont mélangées ?

    Le garçon se mettait déjà en marche :

    -Exact.

    Oru saisit le bras de lae Cinquième pour l'empêcher d'être distancé.e. Cellui-ci continua de questionner :

    -Est-ce que ça veut dire qu'on a juste à se rendre au point d'arrivée, tous les trois ensemble ?

    Tefpiro rectifia :

    -Pas forcément ensemble à ce qu'ils disent.

    -Vous avez déjà eu ce genre de Grand Jeu ?

    Oru secoua la tête et son frère traduit :

    -C'est toujours à peu près le même truc. Se rendre au point d'arrivée. Il n'y a que les conditions qui changent.

    Hiloy navigua un instant dans les menus de sa tablette pour voir s'il y avait des choses nouvelles et découvrit que des armes étaient à disposition.

    -Les armes, c'est quoi exactement ? On les trouve où ?

    -Il y en a de toutes sortes. Elles sont cachées, mais la carte indique approximativement leurs positions. Ce qui est plus inquiétant, c'est qu'ils disent qu'il y a également des soins. Ils sont indiqués par un point gris.

    Hiloy vérifia sa tablette et trouva ce à quoi il faisait référence :

    -Pourquoi c'est inquiétant ?

    Tefpiro lui tapota le sommet du crâne :

    -Réfléchis. S'il y a des soins, ça veut dire qu'il y a du poison quelque part… entre autre...

    Hiloy se dégagea en lui jetant un regard mauvais. Oru claqua des doigts pour attirer l'attention avant de tapoter sur l'épaule de son frère.

    -Avant que tu ne poses la question, on peut être empoisonné par une arme ou par une Bestiole. Donc, ça va être comique.

    Hiloy grimaça en repensant à l'épisode du pont lors du premier Grand Jeu. Mais là, je suis avec des experts. Ça devrait aller. Iel se concentra sur ce que Tefpiro disait à sa sœur :

    -Il faut choisir. Armes ou soins.

    -Comment ça ?

    Il regarda lae Cinquième comme s'il fut étonné qu'iel soit encore là :

    -On doit choisir quoi chercher d'abord. Il vaut mieux qu'on ait une arme ? Ou des soins en prévision d'une attaque ?

    Hiloy demanda en retour :

    -On ne pourrait pas foncer sur la sortie et voir ce qu'on trouve en route ?

    Les jumeaux échangèrent un regard avant qu'Oru ne secoue la tête.

    -Elle a raison. Tout le monde ou au moins les trois quart vont foncer sur la ligne d'arrivée.

    Lae Cinquième ne voyait pas le problème :

    -Et pourquoi on ne ferait pas pareil ?

    -Parce que le premier arrivé aura plus de points privilèges que le second qui en aura plus que le troisième et ainsi de suite.

    Hiloy allait poser une autre question, mais Tefpiro parla plus fort pour signifier qu'il n'avait pas fini :

    -Cela veut dire qu'ils feront tout pour être dans les trois premiers. Cela veut dire que, avec des armes dans le jeu, quelques massacres devraient arriver. Cela veut dire que nous, qui n'en avons rien à foutre des points privilèges, on n'a pas à foncer là où tout le monde risque d'être en train de s’entre-tuer. Cela veut dire qu'on va chercher des armes, puis des soins. Excellente idée.

    Lae Cinquième avait soigneusement suivi le raisonnement et n'osa rien répondre. Il lui aurait paru incroyable d'imaginer des héritiers s’entre-tuer en début d'année, même après le premier Grand Jeu, mais depuis le tournoi, c'était une éventualité qu'iel envisageait avec moins de difficulté. Hiloy finit par demander :

    -Est-ce que l'on peut retirer nos blasons lors du Grand Jeu ?

    Tefpiro sourit :

    -Bien sûr, tu peux...

    Hiloy allait s'exécuter quand il ajouta :

    -Comme ça tu pourras galérer à expliquer à ceux que l'on croisera, pourquoi tu ne portes pas de blason.

    L'adolescent.e laissa son blason en soupirant. Au lieu de cela, iel contempla les alentours. C'était une prairie venteuse qui s'étendait à perte de vue. Les herbes leur arrivaient à la taille ce qui les freinaient dans leur progression. En attendant, si on se fait attaquer ici, on ira pas bien loin.

    -Ah, il faut que je trouve Falibi, Rafirin et Xutik aussi.

    Tefpiro poussa un grondement étonnant qui eut pour résultat de stopper Hiloy. Iel le regarda avec des yeux ronds avant d'interroger sa sœur du regard. Oru tourna l'index au niveau de sa tempe ce qui provoqua un rire chez lae Cinquième. Cellui-ci s'arrêta quand Tefpiro lui fit face :

    -On ne va pas chercher tes copains. S'ils veulent te trouver, ils viendront. Nous, on va chercher des armes.

    Hiloy grimaça et se décida à marcher en silence.

    Il leur fallut deux heures pour arriver à une zone représentée par un large cercle rouge. Tefpiro eut l'air satisfait :

    -Voilà. Ça, c'est une zone d'arme.

    Lae Cinquième fut un peu désespérée en voyant le diamètre du cercle :

    -Tout ça ? Mais les armes sont où ?

    Tefpiro soupira :

    -T'écoutes rien, c'est fou. Je t'ai dit que c'était caché.

    Hiloy ne voyait toujours que de l'herbe :

    -Ce serait enterré ?

    Le Quatrième haussa les épaules et continua d'avancer. Ils étaient officiellement dans la zone rouge sans que cela ne fasse aucune différence. Hiloy restait perplexe :

    -On va fouiller toute la zone ?

    Oru tapa dans ses mains pour attirer leur attention et pointa un point sur leur droite. Tefpiro plissa les yeux :

    -Il y a un truc là-bas.

    Hiloy dû fouiller un instant le paysage avant de voir des pointes sortir des herbes :

    -C'est quoi ? De la pierre ?

    Tefpiro bifurqua :

    -Je ne sais pas, mais ça me paraît un bon point de départ.

    Ils se rendirent compte en approchant que trois pieux de pierre sortaient du sol pour se croiser à la surface. Hiloy ne put s'empêcher de dire :

    -Est-ce que ce n'est pas un peu trop évident ?

    Iel en profita pour jeter un regard à sa tablette pour s'assurer qu'ils étaient bien encore dans la zone. Oru posa une main sur la pierre comme si iel s'attendait à une réaction, mais rien ne se produisit. L'adolescente se tourna vers son frère en haussant un sourcil. Celui-ci répliqua :

    -Qu'est-ce que j'en sais moi ? Faut peut-être voir dessous.

    Hiloy observa l'espace obscur sous les trois pieux avec réticence.

    -Tu y vas.

    Iel secoua fermement la tête :

    -C'est ton idée.

    Tefpiro ricana :

    -Je suis plus vieux et plus élevé que toi je te rappelle.

    Oru s'accroupit pour jeter un regard dessous avant de tendre le bras et tâtonner. Hiloy et Tefpiro se rapprochèrent.

    -Tu sens quelque chose ?

    La jeune fille secoua la tête. Chercha encore quelques secondes avant de retirer sa main. Hiloy leva les yeux vers les pointes en cherchant un indice, alors que Tefpiro prenait la parole :

    -Si ça se trouve, il n'y a rien du tout. C'est juste pour nous faire perdre du temps.

    Oru tapota son bras et il éclata de rire :

    -C'est vrai. Si ça se trouve, les armes sont juste gentiment posées au milieu de l'herbe.

    Hiloy sourit :

    -Ils peuvent vraiment faire ça ?

    Tefpiro leva un doigt :

    -Dis-toi qu'il n'y a rien qu'ils ne peuvent faire.

    Lae Cinquième pointa les pics :

    -Mais le fait qu'il y ait trois pieux et que l'on soit trois, ça ne pourrait pas être un indice ?

    Les jumeaux sourirent de toutes leurs dents :

    -Si. Ça peut. Reste à savoir comment.

    Oru reposa sa main sur la pierre et leur indiqua de faire pareil. Son frère était sceptique :

    -Tu crois vraiment que ce serait si simple ?

    Ils essayèrent tout de même, mais sans succès. Hiloy soupira en fixant la pierre et finit par proposer :

    -Peut-être que c'est les blasons qu'il faut poser.

    Cela pourrait expliquer qu'ils aient insisté pour qu'on les porte. Tefpiro haussa les sourcils :

    -Tu crois que ce serait sensible au métal ?

    Iel haussa les épaules et le voyant retirer son blason, prêt à essayer, iel l'imita. Oru fit de même. Rien ne se produisit. Tefpiro s'assit au sol :

    -Non, sérieusement. Si ça se trouve, c'est pas des conneries et c'est juste de la déco.

    Sa sœur fit la moue tout en le rejoignant au sol. Hiloy fit le tour tout en essayant de se rappeler de tout ce qui c'était passé lors du premier Grand Jeu. Iel s'exclama soudain :

    -C'est peut-être de l'eau !

    Les jumeaux lui jetèrent des regards interrogateurs et elle expliqua :

    -La dernière fois, il y en a de ma classe qui ont dû verser de l'eau sur le sol pour trouver un interrupteur. Ça a fait fondre la terre apparemment.

    Tefpiro l'invita à agir d'un geste de la main. Hiloy prit la bouteille dans son sac et en versa le contenu sur les pierres et le sol caché dessous.

    -Rien.

    Oru fronça les sourcils sous la réflexion, puis tapota le bras de son frère. Tefpiro leva les yeux vers les pointes :

    -Tu crois ?

    Hiloy suivit son regard :

    -Qu'est-ce qu'elle a dit ?

    -Elle dit que c'est peut-être le sang. Qu'il faudrait qu'on se pique le doigt aux pointes.

    Lae Cinquième se redressa :

    -C'est possible ? Ça vous est déjà arrivé de devoir utiliser votre sang ?

    Les jumeaux hochèrent la tête, se plaçant chacun devant une pointe. Hiloy les imita sans trop y croire. Iel appuya son doigt contre la pointe sans réussir à percer la peau. Tefpiro observa son doigt, perplexe :

    -Moins pointu qu'il ne semblerait.

    -Qu'est-ce qu'on fait alors ?

    Tefpiro proposa :

    -Bah, on se casse. Franchement, ça me gave.

    Oru rejoignit son frère en hochant la tête, mais Hiloy hésitait :

    -Peut-être qu'il faudrait regarder dedans avec la lampe.

    Les jumeaux échangèrent de nouveau un regard alors que lae Cinquième prenait les devants et glissait la tête sous les trois pieux. Iel alluma la lampe de sa tablette et chercha un quelconque signe dans l'espace exigu.

    -Non, je ne vois rien.

    Oru lui tapa la jambe pour qu'iel sorte. Hiloy brossa rapidement ses cheveux bleus pour en retirer les saletés :

    -Vous croyez vraiment qu'ils ont mis ça comme ça, sans raison ?

    Comme personne ne lui répondait, iel leva les yeux et se rendit compte qu'ils portaient leur regard ailleurs. En les suivant, lae Cinquième vit approcher un nouveau trio. Tefpiro fit remarquer :

    -Ils ne nous ont pas encore vu.

    Hiloy détailla le groupe de garçons portant tous l'argent des héritiers du commun. Ils s'arrêtèrent soudain et l'adolescent.e devina que cette fois, ils les avaient aperçus.

    -Bon, prenons nos précautions.

    Hiloy vit les jumeaux sortir une petite dague de sous leur veston et les présentèrent tranquillement aux nouveaux-venus. Malgré la distance, les adolescents purent voir le soleil se refléter sur les larmes et reculèrent doucement, levant les mains en l'air pour montrer qu'ils étaient inoffensifs. Hiloy trouva la réaction des jumeaux un peu exagérée, mais ne dit rien sur ce sujet, elle préféra demander :

    -Comment cela se fait que vous avez des armes ?

    Comme ils les rangeaient, elle put voir que plutôt que des dagues, il s'agissait de petites lames, un peu large, au bout desquelles deux cercles permettaient de glisser l'index et le majeur. Comme les jumeaux ne répondaient pas, Hiloy insista :

    -Les armes sont interdites dans l'enceinte de l'école. Comment vous avez passé les fouilles ?

    Tefpiro se boucha les oreilles :

    -Je renonce à te parler à toi.

    Oru montra son blason. On vous les laisse parce que vous êtes des Cinq ? Mais il n'ait pas supposé y avoir d'exception pour les Cinq sur ce plan. Hiloy ne pouvait s'empêcher de se sentir inquièt.e de voir les règles transgressées de cette manière.

    -On va par là.

    Tefpiro pointa une direction qui était à l'opposée de celle que les trois autres avaient empruntés en partant. Hiloy rechignait :

    -On va vraiment partir comme ça ?

    Le Quatrième marchait déjà :

    -Sauf si tu as une autre idée.

    -Non, mais ça sert à quoi d'avoir menacé les trois autres si de toute façon on s'en va.

    Oru lui envoya une tape dans le dos en lui signifiant d'avancer sans poser de question. Hiloy obéit en se demandant si, au final, être coincé.e avec eux était un si grand avantage que ça.

    -On continue de fouiller la zone alors ?

    Les jumeaux hochèrent la tête, mais Hiloy se sentit désespéré.e à tourner en rond. Les trois adolescents se figèrent quand un hurlement retentit. C'était un cri purement animal, un appel, un grondement. Rien d'humain. Hiloy sentit tous les poils de son corps se hérisser, tournant sur ellui-même pour tenter de deviner où se situait la Bestiole. Un autre rugissement retentit s'étendant dans la plaine. C'est plus proche, non ? Hiloy était incapable d'articuler un mot. Les jumeaux se mirent au pas de course et lae Cinquième les imita. Ils ignoraient exactement où se trouvait la Bestiole, mais ils courraient pour sortir de la plaine, trouver un abri quelconque. Hiloy maudissait les herbes hautes qui lae gênaient dans sa course. Des arbres épars commencèrent à apparaître et les jumeaux bifurquèrent soudain vers ce qui sembla d'abord à lae Cinquième, un amas de branches. En approchant, iel vit qu'il s'agissait d'un arbre aux branches si imposantes qu'elles en touchaient le sol. Les jumeaux glissèrent en-dessous, Hiloy suivit. Le sol s'inclinait légèrement vers le tronc ce qui leur permit de s’aplatir dans la pente, dissimulés par les feuilles, ils étaient invisibles depuis l'extérieur. Aucun son ne leur était parvenu depuis le deuxième rugissement, mais ils n'en restèrent pas moins immobiles sur le sol. Lae Cinquième écoutait le son de sa respiration, attendant un signe quelconque d'Oru, à sa droite, pour sortir.

    Un troisième rugissement retentit. Beaucoup plus proche que les deux premiers. Hiloy se tassa un peu plus sur le sol, le cœur battant. Brusquement quelque chose traversa le mur de feuillage s'arrêtant à quelques centimètres de leur tête. Un cri se coinça dans la gorge de lae Cinquième, puis iel réalisa que c'était un des garçons du groupe qu'ils venaient de voir. Terrorisé, les yeux exorbités, l'héritier eut le temps d'agripper le bras de Hiloy avant d'être brusquement tiré en arrière. Iel se trouva entraîné.e par le garçon hurlant. N'ayant pas le temps de réaliser ce qui lui arrivait, Hiloy se retrouva dans les airs. La voix coincée dans la gorge, iel vit le sol s'éloigner à grande vitesse, puis, des gouttes lui tombant sur le sommet du crâne lui firent lever les yeux. L'horreur lui glaça le cœur lorsque l'adolescent.e vit qu'iel se trouvait nez à nez avec le visage de l'héritier, alors que son corps disparaissait dans une gueule immense. Hiloy vit la conscience disparaître lentement de ses yeux pour ne poser sur ellui qu'un regard vide de vie. L'esprit vierge de toute pensée, lae Cinquième resta à dévisager la tête sans réagir.

    -Bouge, abrutie !

    Hiloy inspira soudain, battit des paupières comme pour se réveiller d'un cauchemar. Iel baissa les yeux et vit les jumeaux, lame en main qui se jetait sur le corps de la Bestiole. Lae Cinquième réalisa soudain ce qu'il se passait. Son bras était toujours piégé dans la poigne du cadavre. Sous les coups des Quatrièmes, la créature commença à réagir, poussant un grondement sourd. La tête énorme se baissa comme pour vérifier les actions de quelques moustiques. Hiloy se trouva au niveau du poitrail de la bête et s'agrippa aux longs poils poisseux. Quand iel se jugea assez sécurisé.e pour éviter la chute, lae Cinquième s'employa à essayer de se dégager du poing qui la retenait. Une main se refermant sur sa cheville, lae fit sursauter. Utilisant également le pelage de la Bestiole, Oru avait réussi à lae rejoindre et lui tendit sa lame. La Bestiole ne semblait pas se soucier du duo, sa curiosité était concentrée sur Tefpiro qui bougeait sans cesse pour tenter de la blesser. Maintenant armée de l'arme de la Quatrième, Hiloy se mit à couper le poignet du mort en évitant de lever les yeux vers le visage éteint. Instinctivement, lae Cinquième avait veillé à faire le moins de bruit et de mouvements possibles pour qu'il ne vienne pas à l'idée de la bête de finir sa bouchée. Le regard et l'esprit concentrés sur les mouvements de la lame et non sur la chair qui se déchirée et l'os qui bloqué. Quand la main se détacha du bras et qu'un contre-coup lae fit glisser contre le corps puant, iel retint son souffle, horrifié.e. Oru lui serra à nouveau légèrement la cheville pour lui indiquer qu'iel pouvait descendre. Les filles s'activèrent en évitant les mouvements brusques. Arrivées à une hauteur acceptable, le duo sauta au sol. Hiloy demanda aussitôt d'une voix tremblante et basse à Tefpiro :

    -Pourquoi elle n'attaque pas ?

    -On s'en fout, on bouge.

    Oru avait commencé à naviguer sur sa tablette. Son frère la saisit par la taille et la guida tendit qu'ils s'éloignaient à grands pas. Hiloy passait son temps à jeter des regards en arrière découvrant l'immense crapaud velu et cornu qu'était la Bestiole. Celle-ci les regardait s'éloigner sans réagir.

    -On court.

    Lâchant sa sœur pour la tenir au bras, le Quatrième se mit aux pas de course. Hiloy s'était préparé.e à une fuite effrénée, mais ils coururent à un rythme régulier qui permettait à Oru de continuer à fouiller sa tablette. Comprenant qu'elle cherchait le descriptif de la Bestiole, lae Cinquième se mit de l'autre côté pour aider au guidage. Derrière eux, la Bestiole les regardait toujours.

    Enfin, Oru arrêta de fouiller la tablette pour tapoter l'épaule de son frère. Hiloy le vit devenir livide alors qu'il se retournait.

    -Elle va...

    Un rugissement irréaliste s'échappa de la gorge de la Bestiole qui se tassa un moment avant de se détendre brusquement. Hiloy regarda bouche bée, l'immense masse bondir dans le ciel droit sur eux. Tefpiro cria à lae Cinquième :

    -Arrête-toi.

    Iel obéit et vit les jumeaux repartir dans l'autre sens. Suivant aussitôt le mouvement, lae Cinquième réalisa que la Bestiole ne pourrait pas changer de trajectoire en plein saut. Je ne crois pas que ce sera suffisant. Le choc de l'atterrissage fit trembler le sol. Étonné.e, Hiloy vit le sol se rapprocher. T'es sérieusement en train de tomber là ? Réalisant que c'était bien le cas, iel se réceptionna sur les mains et repartit, le coeur battant à ses tempes. C'est là qu'iel comprit que les jumeaux semblaient retourner vers les trois lances de pierre. Ils vont essayer de les récupérer ? Comment... ? Le ciel s'obscurcissant brusquement lui fit lever la tête. Oh non. La masse immense de la Bestiole qui lae survolait, dissimulée le soleil. Ses entrailles se crispèrent de terreur tandis qu'Hiloy se demandait si iel aurait le temps de changer de trajectoire. L'adolescent.e reçut un coup dans le dos avant de décoller. Tout en réalisant qu'iel venait d'être collé.e sur la langue du crapaud, lae Cinquième aperçut la gueule béante qui l'attendait. Hiloy commença à se débattre, n'arrivant qu'à battre l'air de ses pieds et mains. Je vais mourir ! Une vieille phrase que lui avait dit son tuteur rejaillit en réponse : Si tu paniques, oui ! Iel s'arrêta dès que cette pensée lui traversa l'esprit. A l'instant, Hiloy retrouva son calme pour rapidement réagir. D'abord, ne pas se faire avaler. Lae Cinquièmee planta la lame d'Oru, qu'iel avait encore en main, dans le palais de la Bestiole alors qu'il se refermait sur ellui. La créature hurla, repoussant Hiloy dehors. Maintenant, descendre. Toujours accroché.e à la langue, lae Cinquième réalisa que c'était son sac qui était collé. Si je me dégage à cette hauteur, c'est la mort. Quand la Bestiole entamée sa descente, Hiloy dégagea son bras armé, se retrouvant à demi dans le vide et tira sur son bras accroché pour poignarder la langue. Cela, dans l'espoir de pouvoir récupérer son sac au lieu de le sacrifier, lui et son contenu à la Bestiole. Iel avait à peine réussit à l'entamer, mais ce fut suffisant pour que la bête s'agite en tout sens. Finalement, le sac se trouva détachée de la langue, seulement pour apercevoir les trois pics de pierre au sol, pointant vers ellui. Son souffle se bloqua dans sa gorge, une pointe de douleur lui traversa le coeur et l'adolescent.e ferma les yeux, tandis qu'iel chutait vers un empalement certain. Oru apparut alors, courut sur l'un des pics, prit appui et sauta assez haut pour pousser le corps d'Hiloy de la trajectoire.

    Ils atterrirent violemment et roulèrent un moment avant de s'immobiliser. Hiloy grimaça en essayant de se relever, le corps parcourut de douleur. Incapable de focaliser son attention sur quoique ce soit, lae Cinquième réussit à s'agenouiller. Son regard se posa lentement sur la Bestiole qui se tordait de douleur, la langue pendante. Au moins on a son point faible. De l'autre côté des pieux de pierre, Tefpiro s'était arrêté. Cherchant ce qui attirait son attention, Hiloy réalisa que le pic sur lequel Oru avait couru était plus bas que les autres. Il a bougé. Le Quatrième se précipita au pied du pieu et commença à creuser. Ce serait aussi simple ? Juste ça ? Tellement habitués à devoir réfléchir à des moyens détournés pour obtenir ce qu'ils voulaient, qu'ils n'avaient même pas pensé à une chose aussi simple. Gardant la Bestiole à l’œil, Hiloy et Oru coururent le rejoindre pour creuser au pied des autres armes.

    Comme iel commençait à retirer la terre, lae Cinquième réalisa qu'iel avait les mains libres. Où est la lame ? Hiloy tenta de calculer mentalement le temps qu'il leur faudrait pour dégager les pieux, le temps que la Bestiole prendrait pour se remettre et le temps qu'iel pourrait mettre à retrouver la lame. Tout cela lae garda en hésitation sur la marche à suivre. Elle va déjà mieux, on aura jamais le temps de récupérer les pieux. L'adolescent.e jeta un regard à l'endroit où iel avait atterri plus tôt en espérant que la chance lui ferait apercevoir la lame. Il faut que tu te décides, on a pas le temps de creuser... bah alors, qu'est-ce que t'attends, va chercher la lame, arrête d'hésiter. Hiloy se releva d'un bond pour repartir et fouiller l'herbe frénétiquement, relevant la tête pour voir la Bestiole. Lorsque celle-ci s'ébroua et finit de se calmer, lae Cinquième réalisa qu'iel ne trouverait pas la lame à temps.

    Son regard se porta sur les jumeaux, toujours occupés à creuser. Si la Bestiole est attirée par eux, j'aurai peut-être le temps de trouver la lame. Une autre pensée lui vint dans le même temps, le fait que les jumeaux étaient bien trop proches de la Bestiole. Ils n'ont même pas l'air d'avoir remarqué qu'elle se remet. Hiloy observa encore le sol à ses pieds avant de se résoudre à l'idée que ce serait à ellui de jouer la distraction. Les membres tremblants, lae Cinquième resta sur place à fixer la Bestiole. Lorsque celle-ci fit un pas, Hiloy retrouva son souffle et courut sur le côté en espérant qu'un simple mouvement attirerait son attention. Ce fut le cas.

    La Bestiole se dirigea vers ellui pendant que l’adolescent.e s'éloignait à toutes jambes. Cette fois, si elle me chope, je suis foutu.e. Quoique si sa langue est bousillée, j'ai une chance. Lorsque le ciel s'obscurcit, réalisant ce qui arrivait, Hiloy tourna brusquement les talons pour revenir vers les jumeaux. Je me suis autant éloignée Abondamment trempée de sueur et les poumons en feu, iel se désespéra de se voir si loin. Le regard sur son but, l'adolescent.e pouvait voir que les jumeaux s'étaient relevés finissant d'arracher les armes de la terre.

    Le choc de l'atterrissage de la Bestiole manqua à nouveau de lui faire perdre l'équilibre. Hiloy entendit la course maladroite de la bête imposante derrière ellui. Relevant la tête, lae Cinquième aperçut les jumeaux, pic en main. Ah, ils les prennent en javelot. L'adolescent.e vit les traits partir, traverser les airs avant d'entendre un cri animal, un effondrement, puis le silence.

    A bout de souffle, Hiloy jeta d'abord un regard par-dessus son épaule, pour s'assurer qu'il n'y avait plus de danger, avant de s'arrêter. Lae Cinquième se laissa tomber à genoux, ses jambes ne la tenant plus, le cœur au bord de l'explosion. A quelques mètres d'ellui, la Bestiole s'était effondrée, un pieu dans chaque œil. Les jumeaux lae rejoignirent aux pas de course :

    -Puîné.e ? Ça va ?

    Hiloy qui n'avait toujours pas de souffle pour parler, répondit d'un signe de la main. Iel épongea la sueur qui lui coulait sur le visage avec sa manche, fermant les yeux en se retenant de s'affaler complètement sur le sol. Ils s'arrêtèrent à son niveau pour observer leur œuvre. Tefpiro crâna :

    -Bon, voilà qui est fait. On passe à la suite.

    Hiloy nota un manque d'assurance dans sa voix. Oru lui tapota l'épaule pour attirer son attention et lui désigner le pieu manquant. Lae Cinquième hocha la tête, respira profondément encore un instant avant de se relever. Ses jambes semblaient ne plus lui appartenir, récalcitrantes à bouger et tremblantes. Pendant que les jumeaux s'approchaient de la Bestiole pour récupérer leurs armes, Hiloy revenait vers celle qui restait. Une fois le pieu dégagé, ayant rejoint les Quatrièmes, ils cherchèrent la lame d'Oru pendant un moment. Quand la propriétaire fut de nouveau en possession de son arme, ils quittèrent l'endroit en silence, encore sous le coup des événements.

    Au bout d'un certain temps, Hiloy demanda :

    -On va où ?

    -On a des armes. Il nous faut des soins.

    Ils marchèrent droit devant, jetant des regards à leur tablette de temps en temps en espérant voir apparaître un refuge ou un point gris indiquant des soins cachés. Au fur et à mesure de leur progression le sol commença à changer de texture, devenant de plus en plus spongieux. Hiloy commença à hésiter lorsqu'ils commencèrent à patauger dans de véritables flaques d'eau.

    -C'est moi, ou le niveau d'eau augmente ?

    Tefpiro s'arrêta :

    -Là, oui.

    La plaine sur laquelle ils s'aventuraient depuis un moment était à présent recouverte d'eau dont s'échappaient des herbes hautes et des roseaux. Hiloy baissa les yeux sur ses bottes dont les semelles étaient noyées :

    -Vous croyez que ça devient plus profond ?

    Tefpiro haussa un sourcil :

    -On peut tirer au sort lequel jouera les éclaireurs.

    Hiloy en profita pour proposer :

    -Ou on peut faire demi-tour.

    Oru tapota l'épaule de son frère qui grimaça.

    -Qu'est-ce qu'elle dit ?

    Tefpiro répondit :

    -Qu'il y a peut-être des Bestioles là-dessous.

    Lae Cinquième attendit patiemment qu'il finisse par se décider à tourner les talons, mais Tefpiro déclara :

    -On va essayer de contourner.

    Hiloy l'arrêta en disant :

    -Je ne suis pas sûre que ça serve à grand chose. Lors du premier Grand Jeu, il y a un groupe de ma classe qui a passé je ne sais pas combien de temps à contourner une rivière.... si vous ne voulez pas faire demi-tour, il faut trouver le truc. Il y en a forcément un.

    Lae Cinquième scruta l'étendue devant eux, cherchant un indice avant d'ajouter :

    -Peut-être que c'est une manière de nous dire qu'il faut se diriger vers la ligne d'arrivée ?

    Le Quatrième se tourna vers ellui pour lui faire un sourire sarcastique. Je suppose que ça veut dire non.

    -Mais on ne va pas avancer dans la flotte. Je ne tiens pas à me faire attaquer en pleine nage.

    L'adolescent répliqua :

    -Tu exagères. Peut-être que ça n'arrivera pas à cette profondeur. Peut-être que ça nous restera aux chevilles.

    Hiloy eut un sourire peu convaincu quand Oru tapota l'épaule de son frère en tendant le bras dans une direction. Son frère traduisit en se tournant dans cette direction :

    -Il y a un chemin là.

    La jeune fille pointait un endroit où la terre émergée encore de l'eau en un passage étroit. Tefpiro sembla satisfait :

    -Eh bah, voilà. Tu vois, Hiloy, il ne faut pas désespérer.

    Il la poussa pour qu'iel s'avance en premier. Lae Cinquième retint un soupir avant de s'engager en lâchant tout de même :

    -C'est un cul de sac, si ça se trouve.

    Les jumeaux haussèrent les épaules sans ignorer que c'était effectivement une possibilité. Ils avancèrent toujours sur le même chemin qui se divisait parfois, mais leur permettant toujours de progresser. Tefpiro finit par dire à Hiloy qui avançait en tête :

    -T'as l'air de savoir où tu vas.

    L'adolescent.e répliqua :

    -C'est en forme de rayon de miel.

    -...que de quoi ?

    -En rayon de miel, tu sais comme les abeilles.

    -En alvéoles, tu veux dire ?

    -Oui, c'est ça.

    -Pourquoi tu dis pas alvéoles alors ?

    -J'avais plus le mot.

    -Y a pas que le mot que tu as plus.

    Iel tourna la tête pour le regarder :

    -C'est à dire ?

    -Je me comprends.

    J'en suis pas si sûre. Hiloy s'était assez vite fait une carte en tête, aidé.e par la symétrie des chemins. Iel commençait à croire qu'ils réussiraient à traverser sans trop de problème. Malgré tout, lae Cinquième passait pas mal de temps à jeter des regards sur les côtés pour essayer de deviner la profondeur de l'eau. Mais la végétation qui s'était étoffée ne permettait de voir la surface qu'avec difficulté.

    Le bras de Tefpiro jaillit soudain pour attraper son uniforme :

    -Stop.

    Ils obéirent et Hiloy chercha la raison de cet arrêt. Quand iel se retourna pour demander une explication au Quatrième, iel le vit sourire. Perdu.e, l'adolescent.e demanda :

    -Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

    -Rien, j'avais cru voir quelque chose.

    Hiloy croisa le regard d'Oru par-dessus l'épaule du garçon qui lui faisait signe d'avancer avec un air d'excuse. A peine quelques mètres plus loin, Tefpiro lança encore :

    -Stop !

    Hiloy obéit à nouveau, mais, cette fois, pour faire résolument face au garçon. Iel était fatigué.e, avait faim et soif. Étant au milieu de nulle part, lae Cinquième rechignait à entamer les provisions de son sac. Aussi était-elle passablement énervé.e contre Tefpiro et son sens de l'humour douteux :

    -Si c'est encore une blague...

    Oru lui fit signe de se taire et Hiloy regretta aussitôt d'avoir parler. Quelque chose est là ? Ça nous a repéré ? Tefpiro était de nouveau sérieux et guettait les alentours. Au bout de deux bonnes minutes, Oru tapota l'épaule de son frère.

    -C'est bon, elle avait cru entendre quelque chose, mais apparemment...

    Sa sœur le tira en arrière par son veston pour le mener dans un des chemins à proximité. Hiloy se retint de dire quoique ce soit, bien que la fatigue ait épuisée sa patience. Iel voulait sortir de cet endroit le plus tôt possible et pas s'amuser à faire des détours dans tous les coins.

    -Il est mort.

    L'affirmation de Tefpiro l'arrêta net. Au-devant des jumeaux, Hiloy aperçut une forme inerte. Iel plissa les yeux pour guetter un signe de vie chez l'adolescent étendu. Le Quatrième se tourna à demi vers sa sœur, comme s'il doutait soudain :

    -Il est mort, non ?

    Oru tapota son bras. Devant l'expression perplexe de l'adolescent, Hiloy demanda :

    -Qu'est-ce qu'elle a dit ?

    -Elle pense que c'est lui qu'elle a entendu.

    Au fur et à mesure qu'ils avaient avancé dans cet étrange labyrinthe marécageux, ils n'avaient croisé personne. Ce corps-ci était le premier depuis un long moment et il n'annonçait rien de bon. Les jumeaux s'étaient arrêtés en le voyant, gardant leur distance avec méfiance.

    -On devrait aller voir de quoi il est mort.

    Hiloy raconta :

    -Quelqu'un de ma classe a dit une fois que celui qui avait l'idée était celui qui devait agir.

    Tefpiro lui jeta un regard glacé. Lae Cinquième eut un léger sourire :

    -Je dis ça comme ça.

    -Toi, vas-y.

    Tefpiro fit signe à Hiloy de passer devant, mais cellui-ci recula d'un pas. Oru s'avança.

    -Bah, où tu vas ?

    La Quatrième fit une grimace pour lui montrer combien elle trouvait sa question stupide. Cependant, la jeune fille s'arrêta avant d'oser faire encore un pas. En apercevant le corps, ils s'étaient tous figés sur place comme si la distance et l'immobilité pouvaient les protéger. Faire un pas de trop serait comme briser un bouclier, les laissant face à une mort imminente. Oru n'hésita pas longtemps et Hiloy retint son souffle à chacun de ses pas. La Quatrième progressait silencieusement, à petites enjambées. Tefpiro ne tarda pas non plus à se mettre en mouvement. Si sa sœur devait faire face à un danger quelconque, il préférait autant ne pas être trop loin. Hiloy attendit de les voir proche du corps avant d'oser l'avancée à pas timides.

    -Alors ?

    Tefpiro confirma :

    -Mort.

    Oru fit un bruit de gorge qui attira leur attention. Attrapant le tissu du pantalon, elle sortit la jambe de l'eau ou du moins ce qu'il en restait. Tefpiro se leva d'un bond :

    -C'est pas vrai ! Ils ont vraiment foutu des Bestioles là-dedans ?

    Hiloy soupçonna que sa réaction était plus dû au choc. Il n'y avait aucune raison qu'ils y échappent, bien qu'ils aient tous secrètement espéré que ce soit le cas. Oru la pointa, alors, du doigt. Lae Cinquième se tourna vers Tefpiro d'un air interrogateur, mais il se contenta de garder les yeux sur sa sœur en fronçant les sourcils. Finalement, Oru se leva en tapotant sur sa tablette. Hiloy sursauta en entendant la sienne biper. Tefpiro gronda alors :

    -Weikom ne va pas être content.

    Sur son écran, lae Cinquième vit un numéro affiché avec une demande de confirmation. L'adolescent.e accepta et, aussitôt, sur sa carte apparut une flèche orange et deux points bleus à côté d'ellui. Oru envoya un coup à son frère pour qu'il explique. Récalcitrant, il râla :

    -C'est toi qui dira à Weikom que c'est toi qui lui a filé.

    Sa sœur lui fit un doigt d'honneur avant de lui envoyer une autre tape. Tefpiro s'exécuta :

    -Les points, c'est nous. La flèche, c'est là que l'on doit retrouver les autres.

    -Les autres ?

    Le Quatrième compléta :

    -Phirand a eu l'idée. Il a demandé à Onfionne de créer un code connu de nous seul nous permettant d'indiquer nos positions, mais aussi un lieu où l'on pourra se réunir. Il vaut mieux que les Cinq se serrent les coudes dans ce genre de Grand Jeu... c'est ce qu'a dit Phirand.

    Hiloy haussa un sourcil :

    -Et c'est Onfionne qui a créé ça ?

    -Son clan domine la technologie. On est quasiment sûr que ces tablettes sortent de chez eux, donc, évidemment, que c'est lui.

    Lae Cinquième était abasourdi.e :

    -Ah ? Je savais pas.

    Tefpiro lae fixa d'un œil sévère :

    -Le néant de tes connaissances m'engloutit un peu plus chaque jour.

    Sa sœur leva un pouce en l'air en souriant pour montrer son admiration sur la tournure de la phrase. Son frère lui fit un salut de la tête :

    -Merci, merci.

    Cependant, Hiloy attira leur attention :

    -Et Weikom ne voulait pas que je sois au courant ?

    -Il ne t'aime pas trop, trop. Enfin, il ne te fait pas confiance.

    Il m'agace un peu celui-là. Tefpiro continua :

    -Mais vu que nous discutons de manière décontracte près d'un cadavre, Oru a estimé qu'il valait mieux que tu es le code. Au cas où la situation ne ferait qu'empirer.

    Ah, parce que la Bestiole crapaud n'était pas assez ingérable ?

    Oru lui tapota l'épaule et il geignit :

    -Je sais qu'elle va empirer, laisse-moi rêver.

    Revenant à leur situation, Hiloy proposa :

    -On devrait prendre un autre chemin. Il doit y en avoir des dizaines qui vont dans notre direction.

    Le labyrinthe formait de puits hexagonaux s'était, en effet, jusque là, montré plus que prolifique en chemin. Ils n'eurent pas longtemps à marcher pour revenir à leur dernier croisement. Tefpiro commença :

    -On contourne plus loin...

    Le Quatrième disparu soudain dans l'un des gouffres remplis d'eau qui les entourés. Sa sœur s'étant raccrochée à lui par réflexe le suivit, laissant lae Cinquième seul.e et interdit.e. Il lui fallut un temps pour pouvoir se remettre en mouvement. Iel n'avait rien vu de ce qui avait entraîné les Quatrièmes au fond et aucun des deux ne semblaient capable de remonter. Hiloy fit un pas vers la surface opaque et encombrée de roseaux, avant de s'arrêter. Ne t'approche pas, regarde d'abord la tablette. Les points bleus étaient toujours là. Cela ne garantissait pas qu'ils fussent en vie, mais iel était au moins certain.e qu'ils se trouvaient au même endroit. Ok... et maintenant quoi ? Lae Cinquième se décida à ouvrir son sac à la recherche d'une corde ou d'un quelconque objet qui put lui être utile quand un clapotement lui fit lever la tête. Hiloy se retourna à temps pour voir surgir un caïman jaillir du gouffre d'eau derrière ellui. Dans un réflexe de surprise et de frayeur, iel tendit le bras pour le repousser permettant à la créature de refermer ses mâchoires dessus. Un hurlement déchira la gorge de lae Cinquième alors que la Bestiole lae tirait violemment dans l'eau.

    Les poumons plein d'eau, Hiloy chercha à se débattre, mais la créature l'entraînait toujours plus au fond. Dans un éclair de lucidité, iel retira son blason pour utiliser l'épingle comme arme. Lae Cinquième poignarda sans arrêt jusqu'à frapper un point sensible. La gueule s'ouvrit, lui permettant de remonter. Crachant l'eau qui lui emplissait le ventre, Hiloy se fraya un passage à travers les herbes dans l'espoir de retrouver le chemin qui ne devait pas être loin. Iel grogna de douleur quand iel s'appuya sur son bras blessé par inadvertance. Battant des pieds, tirant sur ses bras, lae Cinquième finit par sortir de l'eau. Une fois sur l'étroit banc de terre que formait le chemin, iel resta au sol, les bras autour de ses genoux, tremblant.e d'effroi. Respire, respire. Hiloy s'efforça d'agir. Iel observa sa tablette, le temps nécessaire pour voir que les points indiquant la présence des jumeaux avaient disparu. C'est pas possible. Ils étaient juste là. L'adolescent.e se leva pour parcourir les chemins alentours, mais il n'y avait aucun signe de leur passage. Même le corps qu'ils avaient trouvé avait disparu. Je ne suis pas sorti au bon endroit. C'est tout. Cette pensée ne réussit pas à convaincre Hiloy. Iel tournait encore et encore, ne faisant que se perdre d'avantage. Agacé.e contre ellui-même, lae Cinquième finit par énoncer à haute voix :

    -Stop, arrête-toi.

    Le son de sa propre voix lui parut rassurant dans le silence qui l'entourait. Iel continua à se parler pour se calmer, en profitant pour tenter de mettre les choses au clair :

    -Ils n'étaient pas loin.

    Hiloy regarda sa tablette :

    -OK, j'ai rien sur la carte, donc, ils ont finalement été emportés ailleurs, trop loin pour apparaître dessus... ou c'est moi qui ait été plus déplacé que je ne le pensais.

    Iel fouilla désespérément les alentours du regard. Et mon sac ? Il est où ? Hiloy claquait des dents à cause du froid et son corps restait crispé. Un instant hermétique à toutes pensées et à toutes idées d'action, l'adolescent.e resta obsédé.e par le froid qu'iel ressentait. Un frisson lae parcourut, lae sortant de sa torpeur. Bouge. Analysons. T'as plus de sac, plus d'arme... Tefpiro et Oru avaient leurs armes ? Je ne me souviens qu'elles soient restées sur le chemin... Dans tous les cas, il faut que t'arrêtes de courir n'importe où, comme un poulet décapité. Iel revint à sa tablette et repéra la flèche orange. Soyons réaliste, tu ne peux rien faire pour eux tant que tu ne sais pas où ils sont et s'ils sont encore en vie, ils iront sûrement au lieu de rendez-vous.

    -Je vais là-bas... et on verra bien, je suppose... et garde les pieds hors de l'eau.

    Hiloy croisa les bras dans l'espoir d'un peu de chaleur et avança en regardant dans tous les sens dans l'espoir fou que les Quatrièmes allaient ressurgir d'un moment à l'autre.

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