• 5 - Bélera

    Bélera Maxanuel

    Rang : Argent

    Héritier de la famille Maxanuel au service du clan Saintirak

     

    que c’est que ça ? Bélera fronça les sourcils en lisant l’affichage. Après son petit-déjeuner, elle avait décidé de repartir courir. Intérieurement, elle était soulagée que Vish renonce à les accompagné. Il était frustrant de ne pas pouvoir aller à pleine vitesse. C’était les adolescents agglutinés devant la porte du bâtiment de l’accueil qui l’avait fait dévié de sa course. Leur présence laissait présager qu’il y avait quelque chose de nouveau dans le coin. Il doit y avoir un annonce sur le panneau. Elle s’était dirigée vers l’entrée, notant vaguement les premières années qui s’écartaient de son chemin. A cause de la fraîcheur des matins, la jeune fille avait pris sa veste d’uniforme où le brassard jaune était bien visible, même si elle l’avait noué autour de sa taille lorsqu’elle avait commencé à courir. Bélera ne tenait pas à leur faire subir le jeu des souhaits. L’héritière d’argent en avait assez souffert en première année. Cependant, Laxo aimait les défier à la course.

    Bélera avait atteind le large panneau sans difficulté et avait pu lire :

     

    Jeu des trois

     

    Un nouveau jeu ? Déjà ? Mais le jeu des souhaits n’est pas terminé. Perplexe, elle parcourut les listes de noms affichés. Ah, je suis là. Avec… ? Ora et … ? Cyrastès ? C’est qui çui-là ? Rien de plus n’était précisé quand aux règles ou le départ du jeu. On en parlera sûrement en classe. Elle se détourna pour repartir et nota la présence de Qegh en pleine discussion avec une des secrétaires. Une seconde, l’héritière d’argent hésita à aller lui parler avant de renoncer. Parfois, elle se demandait ce que la jeune fille avait ressenti après ce qui était arrivé à Lyert. Cependant, elles n’étaient pas proche et Bélera ne saurait pas quoi lui dire. C’est pourquoi elle ne lui avait toujours pas adressé la parole.

    L’adolescente se remit à courir sitôt la porte franchie. Elle se dirigea vers les bois. Cette histoire de cabane dans les bois l’avait interpellé. Bélera n’en avait pas parlé à Laxo et Falibi, mais lors de la première année, elle avait aperçu la fameuse bâtisse. Peu curieuse et concentrée sur sa course, la jeune fille n’avait pas pousser plus avant son exploration. Cependant, quelques jours après la rentrée et qu’elle avait voulu aller courir dans le même coin, des gardes avaient surgit de nulle part pour lui bloquer le passage. Ils lui avaient gentiment conseillé de changer de parcours dorénavant. Bélera n’était plus passée dans la forêt après cela.

    Bélera reprit donc ce chemin pour la première fois depuis le début d’année dernière. Elle partit donc à gauche à l’embranchement, s’éloignant de la zone des troisièmes années. La jeune fille n’avait pas parcouru une longue distance avant qu’un garde n’apparaisse.

    -Je suis désolé. Vous ne pouvez pas aller plus loin.

    L’héritière d’argent sentit sa gorge se serrer, intimidée par l’uniforme et l’arme du garde. Avec une voix un peu étrangler, elle demanda :

    -C’est pour le même truc que l’année dernière ?

    Le garde se contenta de lui indiquer le chemin :

    -Vous ne pouvez pas aller plus loin.

    Bélera salua et repartit sans insister. La cabane est par là-bas. Est-ce que c’est une coïncidence que les gardes soient dans le même coin ? Est-ce que Falibi et son groupe ont pu y aller alors ? Elle se rendit directement à la chambre de Falibi où elle toqua doucement. Celle-ci ouvrit et son visage s’illumina à la vue de son amie :

    -T’as fini l’entraînement ?

    -Oui. Je voulais vous parler de la cabane.

    Falibi ne cacha pas sa déception :

    -On a pas pu y aller. Il y a des gardes.

    Bélera demanda :

    -Mais, Hiloy…

    -Tu crois que parce que son père dirige la garde, elle aurait pu passer ?

    Bélera hocha la tête. Falibi avoua :

    -C’est ce que je pensais aussi. Mais non. Tu veux voir la veste que j’ai trouvé ?

    Pas vraiment.

    -Si tu veux.

    La jeune fille l’entraîna dans sa chambre avant même qu’elle ne finisse sa phrase. Falibi sortit une veste de sa penderie. Bélera la maintint étendu entre ses mains pour pouvoir l’observer dans son ensemble. Broderie d’or, pas de blason. Elle prêta attention au manche pour voir s’il y avait une marque de couture, qui pourrait indiquer qu’un brassard avait été enlevé. Falibi l’arrêta en pleine inspection :

    -Si tu cherches des marques, il n’y en a pas.

    -Ce ne serait pas à un espion ?

    Falibi soupira en se laissant tomber sur son lit :

    -J’y ai pensé un instant. Mais ils n’ont pas de broderie?

    -C’est vrai. A qui alors ?

    Falibi se racla la gorge avant de commencer :

    -J’ai enquêté. Je ne sais pas si Laxo t’as exposé le fruit de mes recherches déjà ?

    Sans doute, mais j’ai pas dû écouter.

    -Je ne crois pas.

    -J’ai fouillé au niveau des annonces d’objets perdus, des objets trouvés, des vieux de la salle des emprunts… j’ai rien trouvé. Personne… n’a... perdu... de veste.

    -…. et donc ?

    -Si tu perds ton uniforme, tu vas bien le chercher d’une manière ou d’une autre. T’en a pas dix-huit exemplaire sous la main, si ?

    Bélera ne put qu’acquiescer :

    -T’as quand même une idée du coup ? Ou pas du tout ?

    Falibi se pencha en avant comme pour faire une confidence, alors même qu’elles étaient seules dans la chambre :

    -Tu veux savoir ce qu’on a pensé tout d’abord, Hiloy, Rafirin et moi ?

    L’héritière d’argent était tout ouïe.

    -L’héritier du Roi.

    Bélera eut un mouvement de recul avec une moue dubitative :

    -Vraiment ?

    Falibi bondit sur ses jambes en s’exclamant :

    -Bien sûr ! Une cabane perdue dans les bois, des gardes qui cela pourrait être d’autre ?

    -Peut-être que la présence des gardes n’a rien à voir avec ça. Tu sais, l’année dernière, j’allais courir dans les bois et il n’y avait pas de garde. Ils sont venus plus tard.

    Falibi précisa alors :

    -Oui, parce que l’héritier du Roi a été intégré plus tard. Pour éviter qu’il ne se fasse attaquer. Les gardes sont forcément là pour sa sécurité.

    Bélera para sans problème :

    -Mais un élève qui entre après les autres, ça se saurait. Ça se verrait. Et puis, des gardes dans la forêt ? C’est pas discret.

    Falibi resta un moment sans voix, réfléchissant à d’autres options. Elle finit par demander :

    -Ce serait quoi du coup ?

    Bélera eut un petit sourire désolé :

    -Quelqu’un qui a oublié sa veste ?

    Elle vit bien qu’elle décevait la jeune fille, mais elle ne voyait vraiment pas pourquoi elle bloquait sur cette veste.

    -Donc, si on veut savoir qui c’est, il faut qu’on demande qui se baladait sans veste l’année dernière.

    Bélera ne put s’empêcher de rire, provoquant l’hilarité chez Falibi :

    -Bah quoi ?

    -On ne se balade pas tous, tout le temps, avec une veste.

    On toqua à la porte, ce qui coupa leur discussion. Seulement, lorsqu’elles découvrirent qu’Hiloy se tenait derrière, Bélera devina que l’argumentation allait reprendre. Lae Cinquième vit de suite la veste dans les mains de l’héritière d’argent et sourit aussitôt :

    -Elle t’a eu ?

    Bélera rit :

    -Je crois bien.

    Hiloy sourit à son amie :

    -Tu devrais laisser tomber tu sais.

    Falibi rejeta la remarque d’un geste théâtral :

    -Tu es d’un pessimisme.

    Lae Cinquième et Bélera éclatèrent de rire. Puis, Hiloy observa la veste, pour la énième fois avant de demander à Bélera :

    -Tu as trouvé quelque chose ?

    L’héritière d’argent secoua la tête :

    -Pour moi, c’est quelqu’un qui a oublié sa veste.

    Hiloy eut l’air moqueur :

    -Oublié ?

    Falibi prit un air hautain :

    -Ridicule, n’est-ce pas ?

    Lae Cinquième l’ignora pour informer Bélera :

    -On la trouver coincé entre le lit et le mur. Personnellement, je commence à penser qu’elle a été mise là exprès.

    -Exprès ?

    Falibi se glissa entre elles :

    -Il y a donc bien quelque chose de louche.

    Hiloy corrigea :

    -Pas forcément lié à la cabane. La veste est là pour nous faire perdre notre temps.

    Bélera réfléchit aux possibilités que cela impliquées :

    -J’ai supposé que les gardes n’étaient pas forcément là à cause de la cabane. C’est possible que les gardes aient fait ça pour que l’on se concentre sur cette cabane ?

    Falibi ouvrit des yeux ronds, surjouant le choc :

    -Serait-ce possible ?

    Hiloy se frotta la nuque :

    -J’en sais rien. C’est possible.

    Son amie passa un bras autour de ses épaules :

    -Tu ne pourrais pas envoyer un petit courrier à ton père ?

    Lae Cinquième leva les yeux au ciel :

    -Pour la énième fois, mon père ne me dira rien. Laisse tomber.si tu veux fouiller, il faudra que ce soit toute seule.

    Falibi prit un air malheureux :

    -Mais… tu m’aides un peu quand même, hein ?

    -J’ai peur de ne pas avoir le choix.

    L’héritière d’argent changea d’expression pour un air vexé :

    -Comment peux-tu me dire ça ? Comme si j’étais une déesse insupportable.

    Elle fit volte-face, faisant voler sa longue tresse qui alla droit dans la figure d’Hiloy. L’adolescent.e se contenta de fermer les yeux en se retenant de rire, alors que Falibi allait faire semblant de bouder dans un coin de sa chambre. Bélera demanda à voix basse :

    -Elle vient de s’appeler déesse ?

    Hiloy hocha la tête :

    -Oui. Elle est pire que l’année dernière.

    Bélera eut un rire :

    -Je ne crois pas que ce soit possible. Elle était déjà bien dramatique.

    Lae Cinquième eut un ricanement mauvais :

    -Pire.

    Iel lança ensuite à l’héritière d’argent, debout dans son coin :

    -Tu veux aller gronder Rafirin pour te défouler ?

    Falibi fit volte face, radieuse :

    -On parie quoi qu’il est déjà derrière la porte ?

    Hiloy pinça les lèvres :

    -Rien. Je suis sûr qu’il y est.

    L’héritière d’argent se précipitait déjà pour ouvrir. Bélera ne fut pas tellement étonnée de voir qu’il n’y avait personne. Ils s’attendaient vraiment à ce qu’il soit là ? Pourquoi ? Il devait venir ? Falibi se penchait dans le couloir et se mit soudain à crier :

    -Il est là-bas. Ça va ?! T’es pas pressé ! On peut crever, je vous jure !

    Bélera entendit des pas précipités puis la voix angoissée de Rafirin :

    -Qu’est-ce qu’il se passe ? On t’a attaqué ?

    Falibi croisa les bras :

    -Non, on a perdu un pari inexistant.

    -Quoi ?

    Hiloy passa entre eux pour sortir :

    -Allez, les enfants, à l’école.

    Falibi se mit à gambader :

    -Oui, l’école, l’école.

    Rafirin les poursuivit, toujours inquiet :

    -Attendez ! Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

    Bélera posa tranquillement la veste sur le lit de Falibi et ferma la porte en sortant. Elle arrêta son geste juste avant que la porte ne se referme. J’espère qu’elle a pensé à prendre ses clés. Hésitante, elle chercha les trois amis du regard, mais ils avaient déjà disparu dans les marches. Bon, tant pis, je ne peux pas laisser ouvert non plus. Au pas de course, la jeune fille rejoignit la chambre qu’elle partageait avec son héritière d’or.

    -Tu t’es fait manger par des loups ?

    Bélera rit à la remarque de son amie et répondit tout en se dirigeant vers la salle de bain :

    -Non. Y ‘avait des gardes dans la forêt. Il faut que je te raconte.

    Laxo leva la tête de son dessin :

    -Des gardes ? Comme l’année dernière.

    -Attends, je me douche et je te dis.

    Dès qu’elle ressortit de la salle de bain, les cheveux entortillés dans une serviette, Bélera raconta sa rencontre dans la forêt et sa discussion avec Falibi et Hiloy. Laxo resta concentré un bon moment avant de déclarer :

    -Il se passerait vraiment quelque chose dans cette forêt ?

    Bélera haussa les épaules :

    -Sais pas. Falibi continue d’y croire.

    -Et toi ?

    -Je crois que ces gardes ne sont pas là pour rien.

    Comme Laxo semblait toujours réfléchir à ce qu’elle venait d’apprendre, Bélera proposa :

    -Tu veux en parler avec eux ? De ce que j’ai compris, ils allaient réviser avec Rafirin. Il y aura probablement Xutik aussi.

    L’héritière d’or mima l’action de vomir :

    -Réviser, eurk, non merci. Je préfère compter sur ma bonne étoile.

    Bélera rit en s’installant à son bureau pour sortir son matériel de dessin.

    -Toujours le même modèle ?

    Au lieu de répondre, Bélera demanda :

    -Tu lui as dit ?

    -Pas pensé.

    Elles plongèrent dans le silence et leur activité.

     

    Dès que l’enseignante entra dans la salle le lendemain, ce fut pour annoncer :

    -Est-ce que certain d’entre vous on jetez un œil au tableau de l’accueil dernièrement ?

    Bélera manqua de sauter sur sa chaise. Merde, j’ai complémentent oublié ! Jugeant inutile de se faire remarquer pour une explication qui ne tarderait pas à venir, elle se ratatina sur son siège. Personne ne réagit donc à la question et l’enseignante reprit :

    -Vous y trouverez une liste de groupe. Les groupes sont de trois. Il y a deux personnes d’une même classe et une d’une autre.

    -Pourquoi ?

    Elle se tourna froidement vers l’élève :

    -Indilk. Si tu veux parler, tu lèves la main.

    Le garçon s’exécuta, mais la femme donna la parole à Redi :

    -Pourquoi pas les trois de différentes classes ?

    L’enseignante se contenta de baisser les yeux sur ses papiers :

    -Allez savoir. Ce n’est pas moi qui fixe les règles. Et en parlant de règles. Le but est simple. Vous vous verrez assigner des missions plus ou moins difficiles. Il faudra bien sûr, les accomplir en groupe. Lorsque vous en aurez terminé une, une autre vous sera assignée. Ceux qui auront terminé un maximum de mission, l’emporteront.

    Theaon leva la main :

    -Quelle récompense ?

    -Des points privilèges.

    Cela provoqua des réactions de surprise chez les élèves. Pendant un instant, le temps sembla suspendu. Bélera retenait son souffle sans même s’en rendre compte. Des points privilèges pour un simple jeu, ce n’était pas rien. Il y a quelque chose là-dessous. Quelque chose de louche. Ce fut à Tahiya de prendre la parole :

    -C’est quel genre de mission ?

    La question qui tue. Bélera avait repris son souffle pour mieux l’arrêter de nouveau. Tous étaient suspendus aux lèvres de l’enseignante, attendant sa réponse, le cœur battant.

    -Comme je l’ai dis, il y aura différent genre. Chercher un objet, répondre à une question, voler un autre groupe.

    Elférad leva la main à son tour :

    -Donc les groupes peuvent se confronter à un moment ou un autre.

    -Exact.

    Qegh enchaîna :

    -Mais si c’est quelqu’un de notre classe, en face. Notre héritier d’or ?

    L'enseignante prit un air mystérieux :

    -Exacte.

    Le silence retomba sur la classe. Le groupe ou le clan ? C’est ça le défi ? Ceux qui n’ont pas d’héritiers d’argent sont avantagés du coup… Il doit y avoir autre chose. Encore un test de classe ? Cela créera des tensions si on se retrouve à affronter ceux de notre propre classe. Ou voir si celui qui est seul face à deux de la même classe peut faire face ?

    -Si vous n’avez pas d’autres questions, nous allons pouvoir commencer le cours. N’oubliez pas d’aller voir vos groupes en sortant.

    J’en ai dix-huit milles de questions. Laxo lui donna un léger coup de coude pour attirer son attention :

    -Tu crois qu’on est ensemble ?

    Bélera écrivit dans la marge de son cahier pour lui répondre qu’elle en doutait. Vu l’air de la prof, sûr qu’ils vont tenter de séparer les membres d’un même clan au maximum. Bon, moi, je suis avec Ora. Ça pourrait être pire. Reste à savoir qui est ce Cyrastès.

    Ce fut une véritable ruée vers l’accueil dès que la sonnerie retentit. Laxo, Bélera, Falibi, Hiloy et Xutik rasèrent les murs pour éviter de se retrouver embarquer. L’air de rien, l’héritière d’argent se dirigea vers la partie du tableau où elle avait vu son groupe la veille. Si Laxo apprenait qu’elle avait oublié une chose si importante, l’héritière d’or ne cesserait de se moquer d’elle pendant des jours. Cependant, la jeune fille se figea devant les noms affichés. Bélera et… Citseko ?… attends, c’était pas Ora ? Elle se creusa la mémoire pour se persuader de ce qu’elle avait vu la veille. Pourtant, la jeune fille ne pouvait nier ce qu’elle avait sous les yeux. T’as dû rêver. Ou tu perds la boule, pour changer. Bélera se secoua pour se concentrer sur le papier. Donc, Citseko et Cyrastès. Bon, au moins un de bon. Un mouvement sur sa droite attira son attention. Meb et Citseko lisaient les panneaux avec attention. Bélera leur sourit :

    -T’es avec moi, Citseko.

    Le garçon s’inclina légèrement pour la remercier de l’information, alors que Meb continuait de chercher son nom.

    -Le troisième, c’est un dénommé Cyrastès. Je ne sais pas comment on va le trouver.

    Bélera s’arrêta, soudain inquiète. Citseko avait pâlit fixant son héritier d’or avec une angoisse apparente. Quand à Meb, ses mâchoires étaient si serrées que la jeune fille n’aurait pas été étonné de les voir exploser. C’est quoi le problème ? D’une voix hésitante, elle commença :

    -Heu… vous…

    Meb empoigna brusquement Citseko par le col et le traîna plus qu’autre chose, vers les bureaux du secrétariat. Il ne va pas le frapper quand même. Désemparée, Bélera les regarda fendre la foule. Dans son dos, Laxo apparut, les yeux rivés sur les listes :

    -Alors ? T’es avec qui ?

    Sans se retourner, l’héritière d’argent lui saisit le bras :

    -Viens.

    Laxo continua de chercher son nom sur la liste en se laissant entraîner et chantonnant :

    -Ooooooook.

    Bélera s’arrêta dans une zone moins peuplée. De là, elle put repérer les deux garçons et s’approchaient sans qu’ils ne la remarquent. Meb s’adressait à l’un des secrétaires d’une voix tremblante de colère :

    -Comment ça non ?

    L’homme lui répondit en essayant de garder son calme :

    -Non. Vous ne pouvez pas changer de groupe.

    Meb se pinçait tellement les lèvres qu’elles semblèrent disparaître. Citseko ne tentait pas de calmer son héritier d’or, au contraire, il fixait le sol comme s’il espérait devenir invisible.

    -Combien il vous a payé ?

    -Je vous demande pardon ?

    -Cyrastès Indidlam. Il vous a payé combien pour que vous le mettiez dans ce groupe ?

    -Je n’aime pas tellement…

    -Je vous paie le double pour le changer.

    Le secrétaire leva la main d’un geste autoritaire pour le faire taire :

    -Je n’aime pas vos insinuations. Vous ne pouvez pas modifier les groupes un point c’est tout. Veuillez partir.

    C’est alors que Citseko avança la main pour tenter de dissuader Meb d’insister. L’héritier d’or se dégagea brusquement avec un tel regard de fureur envers son héritier d’argent, que Bélera en fut choquée.

    -Il se passe quoi avec ces deux-là ?

    L’héritière d’argent secoua la tête :

    -Je sais pas, mais si je dois être avec Citseko, il vaut sans doute mieux que je sache.

    Elle se tourna vers Laxo :

    -Hein ?

    -Hein quoi ?

    -Il vaudrait mieux que je sache.

    Laxo lui saisit la main :

    -T’as raison. Allons-y.

    -OK.

    Laxo se glissa près de Meb :

    -Pardon, excusez-moi, pardon.

    Souriante, elle passa entre l’héritier d’or et le bureau afin de couper le contact visuel. Meb, qui avait recommencé à s’en prendre au secrétaire, croisa les yeux verrons de la jeune fille :

    -Qu’est-ce qu’il y a ?

    Le sourire de Laxo s’agrandit :

    -Pardon de déranger. Bélera vient de me dire qu’elle est dans le groupe de Citseko, mais il semblerait qu’il y ait un problème.

    L’adolescent se détendit :

    -Ah non, non, ce n’est pas lié à elle.

    Laxo glissa un regard à Citseko qui gardait les yeux au sol :

    -Super. Mais, du coup, c’est quoi le problème.

    Meb soupira en lançant un regard mauvais au secrétaire par-dessus l’épaule de l’adolescente. Bélera vint soutenir son héritière d’or :

    -Si c’est lié au troisième membre du groupe, il vaut mieux que je sache à quoi m’attendre, non ?

    Le secrétaire se pencha pour demander :

    -Est-ce que vous voulez bien ne pas rester dans le passage ?

    Meb grommela une insulte avant de se diriger vers la sortie. Une fois dehors et dans un coin isolé, l’héritier d’or se tourna vers les filles :

    -Ce Cyrastès est l’héritier d’un clan ennemi.

    Laxo demanda de but en blanc :

    -Pourquoi tu t’en prends à Citseko alors ?

    Meb croisa les bras en faisant signe à son héritier d’argent de s’éloigner. Le garçon obtempéra sans discuter. En revanche, les filles furent surprise de cette précaution. Cependant, la situation devint plus clair lorsque Meb déclara :

    -Il s’est rapproché de Citseko l’année dernière. Ce crétin n’a rien vu venir. Ils étaient quasiment amis à la fin.

    Laxo avait prit un air sérieux devant l’attitude de l’héritier d’or :

    -Donc, tu crois que ce Cyrastès a modifié les groupes pour être avec Citseko. Pour le manipuler ?

    -Je crois, mais c’est possible que Citseko soit complice.

    Bélera en aurait rit, tellement cela lui paraissait ridicule. Citseko qui fomente avec l’ennemi et puis quoi encore ? Pourtant, elle ne réagit pas, se rappelant soudain qu’en début de première année, elle aurait pensé la même chose de Neghttris, Lyert, Matior et Gec-Nüj. Les héritiers d’argent craignent un peu dans notre classe. Laxo chercha une solution :

    -Bon, vu que tu ne peux pas changer les groupes. Est-ce que Bélera peut t’être utile ?

    Bélera se redressa pour marquer qu’elle était volontaire à toute aide éventuelle. Meb ne mit pas longtemps à se décider :

    -Est-ce qu’elle pourrait garder un œil sur eux ? Voir de quoi ils parlent ? Me raconter ce qu’ils font ?

    L’héritière d’argent hocha nettement la tête, alors que Laxo affirmait dans le même temps :

    -Pas de problème.

    Meb les remercia en jetant un regard plein de colère vers Citseko. Laxo fit un signe de tête à Bélera pour lui marquer le départ.

    -A plus tard, Meb.

    L’héritier d’or les salua d’une voix fatiguée. Bélera se laissa traîné par Laxo en gardant un œil sur les deux garçons. L’humeur de Meb l’inquiétait pour Citseko.

    -Tu ne trouves pas qu’il exagère ?

    Elles étaient revenues vers les tableaux où l’espace avait commencé à se dégager. Laxo s’arrêta et lui fit face pour lancer :

    -Je trouve aussi, mais en même temps. Avec tout ce qu’il s’est passé l’année dernière avec les héritiers d’argent…

    Elle se mit à dévisager Bélera d’un air soupçonneux. La jeune fille lui rendit un regard morne :

    -Flûte, ma couverture est foutue.

    Laxo eut un large sourire :

    -Non, tu m’aimes trop.

    Bélera battit des paupières d’un air hypocrite.

    -Comment ne pas te faire confiance. Allez viens.

    Laxo lui reprit la main et l’héritière d’argent se laissa de nouveau porté :

    -Mais on va où en fait ?

    -Trouvez Falibi. S’il y a une embrouille au sein de la classe, je suis sûr qu’elle en connaît tous les détails.

    -Tu crois qu’elle en saura plus sur la situation de Meb et Citseko.

    -Je l’ignore, mais on ne peut pas te laisser au milieu de deux ennemis sans info plus complète.

    Bélera approuva ce raisonnement. A plusieurs mètres, elles aperçurent le quatuor de lae Cinquième. Laxo se mit à cirer en agitant le bras :

    -Youhou ! Les copains !! Youhou !! Par ici !!

    Les quatre adolescents se tournèrent dans la direction, mais seule Falibi rendit son geste à l’héritière d’or :

    -Youhou ! Nous sommes ici, très chères !! Youhou !!

    Hiloy éclata de rire :

    -Elles savent où l’on est. A qui crois-tu qu’elles parlent ?

    Falibi lui répliqua :

    -On n’est jamais trop sûr. Avec la distance.

    Laxo et Bélera, qui les avaient déjà rejoint, se joignirent à l’amusement, alors que l’héritière d’or et Falibi continuaient d’agiter la main pour se saluer. Lae Cinquième finit par demander à Bélera :

    -C’est quoi vos groupes alors ?

    -Je suis avec Citseko et Cyrastès.

    Laxo continua de saluer Falibi en répondant :

    -Je suis avec deux filles d’une autre classe. Et vous ?

    -On est ensemble.

    Cela eut le don de stopper la main de Laxo :

    -Comment ça ?

    -Rafirin, Falibi et moi.

    L’héritière d’or échangea un regard avec Bélera :

    -Tu as payé ?

    Hiloy secoua la tête. Comme elles se tournaient vers ses compagnons, Rafirin et Falibi répondirent par le même signe. Xutik en profita pour dire :

    -Moi aussi, je suis avec deux d’une autre classe.

    Laxo restait perplexe :

    -Mais c’est quand même pas un hasard.

    Falibi pinça les lèvres :

    -On pense aussi que c’est bizarre. Mais on ne va pas s’en plaindre.

    Bélera ramena gentiment la discussion sur Xutik :

    -Et toi ? Tu les connais ceux avec qui tu es ?

    Le garçon secoua la tête. Hiloy précisa :

    -On allait les chercher. Histoire de voir exactement à quoi s’attendre.

    Laxo pointa soudain Falibi du doigt :

    -Ah ! Faut qu’on parle !

    L’héritière d’argent sursauta :

    -Je croyais qu’on le faisait déjà.

    -Non, à propos du groupe de Bélera.

    Son héritière d’argent la retint :

    -On ne devrait pas trouver ton groupe d’abord ? Tant qu’il y a encore pas mal de gens dans le coin.

    Laxo passa son regard de Falibi à Bélera avant de décréter :

    -OK. On va chercher, mais il faudra qu’on parle.

    Falibi haussa les épaules :

    -On se voit en classe de toute façon.

    Les élèves avaient quitté le tableau et s’étaient éparpillés en cherchant à compléter leur groupe. Le duo s’éloigna. Après plusieurs minutes de recherche, elles finirent par trouver les deux héritiers d’or qui accompagneraient Laxo. Ces deux-là paraissaient tout à fait acceptables, ce qui rassura Bélera, cependant la discussion qu’elles eurent ensuite avec Falibi l’inquiéta. La jeune fille ne savait pas exactement ce qu’il s’était passé entre Meb, Citseko et Cyrastès, mais ce dernier avait récemment été accusé de meurtre et Meb avait refusé de laisser Citseko l’aider.

    Alors, quand Bélera s’était inquiétée. Vraiment inquiétée. Elle avait été mal à l’aise la première fois qu’elle s’était trouvée en présence de Citseko et Cyrastès. La jeune fille avait passé un sacré moment à se demander si elle devait avouer à l’héritier d’or le rôle que Meb lui avait confié. Son dilemme fut réglé aussitôt que Cyrastès était apparu. Après un bref regard à Citseko, il s’était tourné vers elle pour déclarer :

    -C’est toi le chaperon du coup.

    Les choses furent claires et posées dès la première minute. Suite à cela, Bélera avait sincèrement avait fait de son mieux pour saisir le moindre indice, le plus petit mot qui aurait pu justifier les craintes de Meb. Cela faisait des jours et il n’y avait rien. Citseko évitait même de regarder Cyrastès et celui-ci s’adresser à Bélera la plupart du temps. Les garçons étaient, de toute évidence, bien décidé à ne pas reprendre leur ancienne relation. Bélera était assez reconnaissante pour leurs efforts. Bien qu’elle n’avait rien à annoncé à Meb, ses journées étaient plus calmes que ce qu’elle avait craint. Tant qu’ils gardaient leur distance, ils pourraient se concentrer sur les missions.

    Bélera avait donc eu une autre raison de s’inquiéter. Ils étaient censés restés ensemble toute la journée en dehors des cours. Hors, la jeune fille courait tous les matins. Cela voulait-il dire qu’elle devait y renoncer ? Citseko n’avait pas tardé à remarquer qu’elle n’était pas très à l’aise et lorsqu’elle lui en avait révélé la cause, l’héritier d’argent s’était aussitôt proposé de venir avec elle. Cyrastès avait suivi tranquillement. En vérité, bien qu’il soit le seul héritier d’or du groupe, il n’appuyait pas tellement son autorité. Une autre chose qui soulagée Bélera. Sa crainte de ne pas être constamment avec son groupe s’était assez vite dissipé en rationalisant le fait que les surveillants n’avaient aucun moyen de les suivre toute la journée. De plus, même s’ils devaient être ensemble la plupart du temps, les adultes devaient bien savoir qu’ils ne pouvaient pas être réuni à chaque seconde en dehors des cours. Malgré tout, les garçons avaient continué de l’accompagner le matin. Et voilà comment on en est arrivé là.

    L’héritière d’argent tourna la tête sur la gauche où les garçons courraient à sa hauteur.

    -Vous ne voulez vraiment pas varier ?

    Bélera répondit à l’héritier d’or :

    -Le but, c’est de s’entraîner à la course. Je ne vois pas comment on peut le faire autrement.

    Cyrastès proposa :

    -On pourrait faire des pas chassés.

    -Cela n’aide pas à la course.

    -Non, mais on se ferait moins chier.

    Depuis des jours qu’ils l’accompagnaient à son entraînement matinal, Cyrastès ne s’était jamais montré très impliqué. Citseko se contentait de suivre en silence. Le tour terminé, ils s’arrêtèrent au niveau de Laxo qui arrêta son chronomètre :

    -Bon, tu ne vas pas plus vite, mais, au moins, tu tiens plus longtemps.

    Ils sont déjà assez sympas pour courir avec moi, je vais pas les crever en courant à fond. Les garçons étaient déjà pliés en deux pour tenter de reprendre leur souffle. Laxo leur tendit des bouteilles d’eau. Les adolescentes avaient pris l’habitude d’en prendre en se rendant compte que les garçons avaient bel et bien l’intention de venir chaque jour. Après avoir bu une longue gorgée, Cyrastès demanda :

    -Je me suis amélioré ?

    Laxo rit :

    -Je ne sais pas trop. Je me concentre sur Bélera. Je ne connais pas vraiment ton niveau de base.

    L’héritier d’or reprit une gorgée avant de demander :

    -Tu veux dire que je cours en rond comme un con depuis des jours pour rien ?

    -Je dis que si tu voulais avoir connaissance de tes progrès, tu aurais du me le dire. Mais on peut commencer maintenant, si tu veux. Bélera a l’habitude…

    -D’avoir l’air conne ?

    -Aussi.

    Ils rirent alors que Bélera envoyait un coup de poing dans le dos de son héritière d’or. Reprenant son sérieux, l’héritière d’argent proposa :

    -Mais elle a raison, si tu veux, on peut commencer à noter tes progrès.

    Cyrastès fit remarquer :

    -Sur quoi ? On a rien pour écrire.

    Laxo pointa sa tempe :

    -Je retiens. Les chiffres, c’est mon truc.

    Motivée, Bélera lança :

    -On peut commencer maintenant même, si tu veux.

    Cyrastès secoua la main :

    -Non. Manger. Météore, Flèche, en route !

    Bélera avait mit un petit moment à s’habituer à son surnom. On ne lui en avait jamais donné auparavant. Au début, en l’entendant appeler Citseko, Météore, elle avait pensé que c’était une preuve de leur proximité. Cependant, il lui avait assez vite donné son propre surnom, détruisant cette théorie. En fait, l’héritière d’argent ne se souvenait pas de l’avoir déjà entendu nommé quelqu’un avec son vrai nom. En même temps, il ne parle pas non plus de grand monde.

    Cyrastès se tourna vers Laxo, la pointant du doigt l’air concentré, avant de dire :

    -Mémoire ? Tu viens avec nous ?

    Et voilà. Laxo rit en entendant son surnom et répondit :

    -Et non. Je vais retrouver mon groupe. Bélera, Citseko, on se voit en cours. Cyrastès, à ce soir.

    -Pourquoi ce soir ?

    -Entraînement, bien sûr.

    L’héritier d’or dévisagea Bélera avec des yeux ronds :

    -Depuis quand ?

    -Aujourd’hui. Je n’aime vraiment pas mes dernières performances.

    Cyrastès fit judicieusement remarquer :

    -C’est quoi le rapport avec moi ?

    Laxo attrapa le bras de son héritière d’argent :

    -Tu avais l’air motivé de t’améliorer il n’y a pas deux minutes.

    -C’était y a deux minutes. Là, je suis motivé pour manger. Ce soir, je serai motivé pour dormir. Tellement de motivation en une journée, vous n’avez pas idée.

    Elle ne le connaissait pas depuis bien longtemps, mais Bélera savait déjà qu’on ne pouvait pas le forcer à faire ce qu’il ne voulait pas faire. Les deux filles haussèrent les épaules en échangeant un regard. Laxo demanda alors à Citseko qui s’était sagement tenu à l’écart jusque là :

    -Et toi ? Ça te dit de travailler ton endurance ?

    L’héritier d’argent éprouva le besoin de s’incliner devant l’attention qu’on lui accordait :

    -En fait, j’aimerais bien oui.

    Bélera sourit :

    -Tu viens se soir, alors ? On se retrouve ici.

    Citseko acquiesça. Satisfaite, Laxo tira son amie vers le réfectoire :

    -Super ! On va manger sinon vous n’aurez pas le temps de vous doucher avant les cours.

    Bélera nota que Cyrastès était devenu étrangement silencieux après l’intervention de Citseko. Pourtant, il n’a rien dit de spécial. Ou il y avait un code ? L’héritier d’argent évitait toujours le regard de Cyrastès et ils ne semblaient échanger aucun signe secret. Cependant, quelque chose avait plongé l’héritier d’or dans ses pensées sans que Bélera n’arrive à déterminer quoi. Il n’ouvrit pas la bouche alors qu’ils étaient tous trois autour de leur petit-déjeuner, Laxo ayant rejoint son groupe. Ce n’est que lorsqu’ils se dirigèrent vers leur chambre pour aller se doucher que Cyrastès déclara :

    -Donc, ce soir. On se retrouve directement à la sortie des cours ?

    Bélera s’arrêta net, étonnée :

    -Pour l’entraînement tu veux dire ?

    Cyrastès prit un air naturel :

    -Bah oui, pour quoi d’autre.

    -Je croyais que tu ne voulais pas venir.

    -Un nouvel élan de motivation. Alors ? Quelle heure ?

    -En sortant des cours, oui.

    Cyrastès rejoignit son étage, les laissant perplexe. Les deux héritiers d’argent échangèrent un regard avant que Bélera ne demande :

    -Quel genre d’élan de motivation ?

    Citseko haussa les épaules :

    -On ne sait jamais trop avec lui.

    Le garçon s’éloigna, laissant Bélera avec ses réflexions. Il vient parce que Citseko a dit qu’il venait ? C’est à ça qu’il réfléchissait ? Faire quelque chose qu’il n’avait pas envie de faire ? Bélera alla prendre une douche rapide et enfiler son uniforme en continuant de réfléchir. Il est prêt à se forcer pour quelque chose, parce que Citseko vient ? Pourquoi ? La réponse prit forme alors qu’elle se dirigeait vers la salle de classe. Laxo, assise au sol, dessinait en attendant le début des cours. Bélera vint s’asseoir à côté d’elle pour lui murmurer :

    -Je crois que Cyrastès va tenter quelque chose.

    Laxo leva la tête de son dessin et répondit sur le même ton en observant les adolescents déjà présent, s’assurant qu’ils n’étaient pas assez près pour les entendre :

    -Comment tu le sais ?

    -Il veut venir à l’entraînement, ce soir.

    -Il a changé d’avis ?

    Bélera acquiesça.

    -Et tu crois que c’est une raison suffisante ?

    L’héritière d’argent approfondit :

    -Je suis quasiment sûr qu’il vient parce que Citseko a dit qu’il venait.

    -Tu crois qu’il le surveille comme on les surveille ?

    Bélera rappela :

    -J’y ai pensé, mais il n’y a rien à surveiller du côté de Citseko. Tu l’as vu toi-même, il ne lui adresse jamais la parole. S’il avait voulu espionner, il ne nous aurait pas dit qu’il venait. Il nous aurait surveiller discrètement, voir si Citseko était plus loquace en son absence.

    Laxo approuva :

    -C’est vrai, mais du coup… ?

    -Du coup, je me demande s’il n’a pas un plan. Tu sais, on se disait que c’était bizarre que Citseko trahisse Meb aussi facilement… même si cela consiste juste à se rapprocher d’un ennemi.

    L’héritière d’or la coupa soudain :

    -Tu crois que tout vient de Cyrastès ? Qu’il va recommencer ?

    Bélera hocha vigoureusement la tête :

    -Citseko n’est pas vraiment sociable. Il n’a pas d’ami. Alors qu’elles sont les probabilités pour que le seul qu’il est soit l’ennemi de son héritier d’or ?

    -C’est terriblement triste dit comme ça.

    Bélera fit remarquer :

    -Ce n’est pas une tare de ne pas avoir d’amis, surtout qu’il n’en cherche clairement pas. Mais ce n’est pas le problème…

    Laxo termina :

    -Tu crois que tout est un plan de Cyrastès.

    Bélera acquiesça :

    -Oui et je crois qu’il va en commencer un autre ce soir.

    Laxo prit un air résolu :

    -On a qu’à le garder à l’œil. On ne dit rien à Meb pour l’instant, tant qu’on n’est pas sûr. Il risque de sauter aux conclusions et on ne tient pas à ce que la situation de l’année dernière se reproduise.

    Bélera approuva le choix de son héritière d’or. L’enseignante arriva et elles purent rejoindre leur place.

    Le soir, Cyrastès se présenta bien au rendez-vous. Laxo s’exclama, l’air réjouit :

    -Ravi de t’accueillir parmi nous.

    L’héritier d’or la salua :

    -Vous pouvez l’être. Ma présence est un cadeau pour ce monde.

    Les filles rirent en secouant la tête devant sa vantardise.

    -On fait quoi alors ?

    Laxo expliqua :

    -Vous allez courir séparément. Cyrastès, Citseko, Bélera. Vous courez aussi vite que possible, aussi longtemps que possible. On verra ensuite.

    Cyrastès soupira profondément regrettant clairement sa décision.

    -Prêts ?

    L’héritier d’or fit remarquer :

    -Tu n’es pas censé retrouver ton groupe ?

    Bélera se méfia pour la première fois depuis longtemps. Il espère l’éloigner ? Laxo se contenta d’affirmer :

    -Je vais y aller. Je lance juste l’activité.

    Cyrastès fronça les sourcils :

    -C’est bien ce que je me disais, mais qui note nos performances alors ?

    Bélera sortit un cahier et un crayon de son sac pendant que Laxo annonçait :

    -A l’ancienne pour cette fois.

    L’adolescent prit un air rusé :

    -Et si on triche ?

    Laxo leva deux doigts :

    -Deux choses. Une, ça ne sert à rien si le but est de progresser. Deux, Bélera part en dernière pour vous garder à l’œil.

    -Moi surtout.

    Les filles ne purent s’empêcher de se crisper une seconde sous la soudaine accusation, mais Laxo prit le partit d’assumer :

    -Exact. Toi surtout.

    L’héritier d’or sembla satisfait de cette réponse franche. Laxo passa son regard sur les trois adolescents en demandant :

    -C’est clair pour tout le monde ?

    Chacun hocha la tête et l’héritière d’or s’éloigna à reculons fixant Cyrastès et le pointant du doigt d’un air comique. Le garçon répondit de la même manière. A ce moment-là, Bélera eu du mal à croire que Cyrastès puisse vouloir du mal à qui que ce soit. Mais ne te fait pas avoir. Elle posa cahier et crayon au sol :

    -C’est le point de départ et d’arrivée. Je vous chronométrerais avec ma montre. Levez le bras quand vous passez ce point.

    Cyrastès demanda :

    -Et si tu es trop loin pour nous voir ?

    Bélera ne put s’empêcher de rire :

    -Je ne serais jamais assez loin.

    -Voilà qui est intéressant.

    L’entraînement se passa sans incident. En plus de compter les tours et de vérifier le temps de course, Bélera s’assurer que Cyrastès ne tentait pas d’adresser la parole à Citseko. Mais il n’y eut rien de la sorte. Il s’avéra qu’ils firent les choses sérieusement. Si bien qu’à la fin, Bélera nota dans le cahier les résultats et put annoncer :

    -Tu t’en sors plutôt bien Cyrastès.

    -Évidemment.

    Citseko tendait le cou, curieux de savoir ce qu’elle dirait sur lui. Bélera ne le fit pas attendre :

    -C’est pas mal non plus de ton côté.

    L’héritier d’argent eut un demi-sourire. Cyrastès s’amusa :

    -Tu dis ça à tout le monde, n’est-ce pas ?

    Bélera rangea ses affaires :

    -Vous allez vous améliorer de toute façon… si vous continuez à vous entraîner. Il y aura sans doute un club de course comme l’année dernière.

    Cyrastès eut un mouvement de recul :

    -Ouais, non. Ça ira. Le temps du jeu et, pour moi, c’est fini. C’est pas mon truc.

    Bélera plissa les yeux comme pour tenter de décrypter son expression, puis s’adressa à Citseko :

    -Et toi ? Ça ne te dirait pas ?

    L’héritier d’argent hocha la tête :

    -Si, je pensais faire ça, en fait.

    Rapidement, elle nota le visage de Cyrastès qui reprenait le même air que dans la matinée. Peut-être un changement d’avis à l’avenir ? Mais il y a une différence entre se forcer le temps d’un jeu et le temps d’une année. On verra où ça mène.

    -Douche, devoirs ?

    Les deux héritiers d’argent hochèrent la tête et Cyrastès annonça :

    -On se retrouve dans la salle commune, comme d’habitude ?

    Nouvel hochement de tête. Quand il fut partit, Bélera marcha aux côtés de Citseko :

    -Tu veux vraiment continuer la course après ?

    L’héritier d’argent fixait le sol en avançant, souriant à demi :

    -Oui, j’aime bien. Ça me vide l’esprit.

    -C’est vrai ?

    Citseko planta son regard dans le sien pour confirmer :

    -Vrai de vrai.

    Bélera ne dissimula pas sa joie de trouver quelqu’un qui partage sa passion :

    -On sera ensemble au club alors.

    Il hocha la tête, détendu devant la réaction de la jeune fille :

    -Oui. Je ne sais pas si on sera vraiment ensemble vu qu’on n’a pas du tout le même niveau.

    L’adolescente prit un air déterminé :

    -On a jusqu’au début des clubs pour te faire atteindre mon niveau. Facile.

    Toujours souriant à demi, Citseko répliqua doucement :

    -Je ne crois pas que ce soit si simple.

    -Mais si. Il faut y croire !

    -OK.

     

    Après les devoirs, ils se rendirent au réfectoire pour le dîner. Passant les plateaux sur les rails pour se servir, Bélera repéra assez vite les parts de gâteaux qui les attendaient pour le dessert. Malheureusement, le temps qu’ils arrivent à cette étape, il n’en restait plus que deux. OK, quelles sont les chances pour que Citseko ET Cyrastès veuillent du gâteau ? L’héritier d’or s’empara d’une des assiettes. OK, mais Citseko adore la salade de fruit. Hein, Citseko ? Tu aimes la salade de fruit, prends la salade de fruits. L’adolescent prit la dernière part de gâteau. La mine déçue, Bélera se retrouva devant une rangée de coupe de salade de fruits. Avec un profond soupir, elle se servit et rejoignit les garçons. Une fois installée, la jeune fille ne put s’empêcher d’attarder son regard sur le plateau de ses compagnons. Le remarquant, Cyrastès demanda :

    -Pourquoi t’as pas pris de gâteau ?

    Bélera commença à manger :

    -Il n’y en avait plus.

    Cyrastès se prit à rire :

    -Rapide avec les pieds, pas tellement avec les mains.

    Il prit un ton exagérément grave, qui fit sourire la jeune fille, pour ajouter :

    -Tu aurais dû te battre.

    Elle n’eut pas le temps de répondre que Citseko déposait sa part sur son plateau. S’en voulant aussitôt, Bélera repoussa l’assiette :

    -C’est gentil, mais ça va. Je m’en remettrais.

    L’héritier d’argent secoua la tête :

    -Non, non. Je n’ai pas si faim que ça de toute façon.

    Cyrastès prit le dessert et le remit sur le plateau du garçon :

    -Garde-la. Les fruits, c’est bon pour la santé.

    Bélera approuva l’acte de l’héritier d’or qui ajouta :

    -Sauf quand il y a du gâteau en option. Là, c’est dur.

    Citseko fit mine de vouloir retransférer le gâteau vers l’héritière d’argent, mais Cyrastès le devança :

    -Si tu tiens tellement à ce qu’elle ne mange pas de délicieux fruits, tiens.

    Bélera riait de bon chœur à tout ce manège. Maintenant qu’elle avait hérité de la part de l’héritier d’or, Citseko lui passait la sienne. Dans un même élan, Bélera et Cyrastès lui tendirent les desserts. L’adolescente tendit sa salade de fruits à l’héritier d’or :

    -Tiens, puisque tu sembles adorer les fruits. Citseko et moi aurons du gâteau.

    Cyrastès repoussa la coupe :

    -Sauf quand il y a du gâteau, j’ai dit.

    Citseko leur rendit à chacun, les desserts qu’ils venaient de lui offrir :

    -Ça va, je vous assure. Mangez.

    Cyrastès lui remit l’assiette sur le plateau :

    -Moi, je veux que tu manges du gâteau.

    -Donc, tu prends la salade de fruits et Bélera l’autre part.

    Les paroles de Citseko surprirent l’adolescente qui lui jeta un regard curieux. Depuis quand il parle comme ça à un héritier d’or ? Pas d’impertinence ou d’énervement, c’était simplement un commentaire un peu moqueur que l’on se permettrait avec un ami. Cyrastès grimaça :

    -Pourquoi c’est elle qui aurait le gâteau ?

    Citseko ne répondit pas, s’étant sans doute rendu compte qu’il avait légèrement dérapé. Bélera su que, pendant une seconde, elle avait aperçu ce qu’avait dû être leur amitié. Comme l’héritier d’argent se renfermait dans son mutisme, Cyrastès le laissa tranquille et revint à Bélera :

    -Pourquoi tu aurais le gâteau ?

    -Je viens d’avoir une idée folle.

    Les deux adolescents prêtèrent l’oreille. La jeune fille eut un sourire :

    -Enfin, folle, à partir du moment qu’on se renvoie des gâteaux depuis dix minutes, la barre est assez élevée. Bref, on pourrait….

    Elle se pencha en avant, les poussant à faire de même puis murmura :

    -Partager.

    Cyrastès ouvrit des yeux ronds :

    -Non.

    -Si.

    -Mais tu es folle. Nous sommes trois et il n’y a que deux parts.

    Bélera s’empara des deux assiettes :

    -Observez.

    Elle rassembla les parts et recoupa, la troisième part consistant en deux parts fines :

    -Et voilà.

    Cyrastès prit un air menaçant :

    -Sorcière.

    -Flatteur.

    Citseko ne pouvait s’empêcher de sourire en écoutant leur échange et annonça :

    -Je prends les deux petites.

    Cyrastès ricana :

    -On s’en doutait.

    L’héritier d’argent lui sourit spontanément avant de se souvenir qu’il n’était pas sensé être ravi de sa présence. Le voyant reprendre son expression terne et vide, Bélera se sentit attristée. T’es pas supposée avoir pitié. Tu devrais être plutôt contente même. En plus, si tout ça fait partie d’un plan de Cyrastès, c’est bien que Citseko ne se laisse pas amadouer si facilement. L’adolescente se ressaisit, consciente qu’elle aussi devait rester méfiante.

    Le lendemain, Bélera trouva deux feuilles glissées sous la porte de sa chambre. Elle les lut avant d’en poser une sur le bureau de Laxo. Comme l’héritière d’or sortait de la salle de bain, la jeune fille l’avertit :

    -Il y a des missions. J’ai mis la tienne sur ton bureau.

    -C’est quoi ?

    Bélera soupira :

    -Apparemment on doit récupérer un objet à l’un des groupes. Nous en tout cas. J’ai pas regardé la tienne.

    Laxo eut un rire sans joie en découvrant sa mission :

    -On doit prendre un objet et le garder coûte que coûte.

    -C’est quoi comme objet ?

    Laxo plaqua sa feuille contre son corps avec un air méfiant :

    -Tu crois m’avoir si facilement ? Qui me dit que l’objet que tu dois récupérer n’est pas celui de mon groupe ?

    Bélera hocha la tête en riant :

    -T’as raison. Désormais, on ne se connaît plus.

    Sitôt qu’elles se retrouvèrent au réfectoire pour le petit-déjeuner, elles se séparèrent pour trouver leurs groupes. Bélera s’installa face aux garçons, qui mangeaient le nez dans leur assiette, posant sa feuille sur la table :

    -Vous allez bien ?

    Ils levèrent les yeux et Cyrastès répondit :

    -Je vais pas te mentir que tant qu’il n’aura pas le droit de me parler, nos moments de solitude continueront à être étrangement solitaire.

    Bélera lui fit remarquer :

    -Je ne crois pas qu’il en aura un jour le droit.

    L’héritier d’or parut surpris :

    -Meb ne peut pas être en colère tout le temps, si ? D’accord, on s’est parlé deux trois fois l’année dernière, mais franchement, y a pas de quoi faire tant d’histoire.

    Bélera croisa le regard de Citseko en se demandant si Cyrastès était vraiment si inconscient de la situation. En espérant aider l’héritier d’argent, elle prit la parole :

    -Tu te rends compte que ce n’est pas vraiment le problème.

    Cyrastès eut soudain l’air inquiétant :

    -Je sais c’est quoi le problème. Ce que ce con devrait saisir, c’est qu’il n’y a pas d’autre problème que ceux qu’il crée.

    Citseko se tourna vers l’héritier d’or :

    -Dis pas ça.

    L’adolescent retrouva le sourire. Il voulait le faire réagir.

    -Dis pas quoi ?

    -N’insulte pas Meb. Tu ne sais pas combien c’est dur pour lui.

    Un éclair glacé passa dans les yeux de Cyrastès qui finit par lui concéder :

    -Je serai poli. Promis.

    Les deux adolescents se dévisagèrent un moment, si bien que Bélera commença à craindre qu’il n’arrive quelque chose de néfaste. Finalement, Citseko ajouta :

    -Je me doute que ce n’est pas facile pour toi non plus.

    Le sourire de l’héritier d’or flancha, puis il se tourna soudain vers Bélera pour dire :

    -Tu sais, l’année dernière, j’ai passé un sacré moment à me demander s’il était vraiment gentil ou complètement con.

    L’héritière d’argent se détendit :

    -Et ta conclusion.

    Il se contenta de sourire. Bélera hésita, se mordillant la lèvre, avant de demander :

    -Je peux vous poser une question ?

    Les garçons hochèrent la tête :

    -Qu’est-ce que vous avez fait exactement pour qu’il soit autant sur ses gardes ?

    Cyrastès se mit à rire :

    -Franchement ? Je sais pas. Je suis juste pas dans le bon clan.

    -Vous n’aviez pas l’intention de l’attaquer ou…

    -L’attaquer ? Pour quoi faire ?

    -Bah, pour prendre son clan.

    Cyrastès finit sa dernière bouchée :

    -J’ai assez d’emmerde comme ça.

    -Alors quoi ?

    L’héritier d‘or se contenta de jeter un regard à Citseko. Celui-ci prit alors la parole :

    -Je l’ai trahi. J’ai désobéi. C’est suffisant.

    Bélera vit que Cyrastès allait rajouter quelque chose, mais, devinant que l’héritier d’argent ne tenait pas à s’attarder sur ce sujet, elle l’empêcha en disant :

    -Bon, revenons à nos moutons. Cette mission. On a les noms des membres du groupe et on doit récupérer une branche coupée en quatre morceaux attachés avec quelque chose de rouge.

    Cyrastès saisit les papiers cartonnés :

    -Il faut qu’on retourne voir la liste des groupes. J’espère qu’on les connaîtra. J’ai pas envie de passer des jours à les chercher.

    Citseko demanda :

    -On fait quoi s’ils n’ont pas encore la branche ?

    Il y eut un long silence durant lequel chacun se plongea dans ses pensées sans savoir comment répondre à la question. Ils n’ouvrirent plus la bouche pour le restant du repas, puis Bélera tapa dans ses mains en se levant, pour les secouer :

    -Bon, allez, une petite course après, ça vous dit ?

    Ils se levèrent dans un même élan. Cyrastès demanda tout de même :

    -Je sais que ce n’est pas la première fois que je pose la question, mais, sincèrement, regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tu cours un jour de congé par plaisir.

    Bélera se prêta au jeu :

    -Cyrastès. Sincèrement, je te regarde droit dans les yeux et je te dis que je cours un jour de congé par plaisir.

    -Je ne te crois pas une seconde.

    Bélera haussa les épaules :

    -Comme tu veux. Tu viens Citseko ?

    L’héritier d’argent qui riait sous cape suivit la jeune fille. Cyrastès lança avant de leur emboîter le pas :

    -On pourrait au moins faire un autre parcours ?

    Bélera hocha la tête :

    -Ça, on peut faire.

    Ils firent un autre trajet qu’à l’ordinaire à la joie de l’héritier d’or. Par la suite, ils se rendirent aussitôt au panneau de l’accueil pour repérer le groupe qui les intéressé. Cyrastès poussa un cri de joie :

    -Je les connais. Enfin, les deux là.

    Bélera se sentit soulagée et pleine d’espoir :

    -C’est vrai ? C’est super, on a qu’à leur demander ce qu’on doit récupérer…

    Il leva un doigt qui la fit taire et elle sentit venir la mauvaise nouvelle :

    -J’ai dis que je les connaissais, pas qu’on était en bon terme.

    Bélera laissa échapper avec désespoir :

    -Oh, Cyrastès.

    -Quoi ? J’ai des relations compliqués avec tout le monde, qu’est-ce que j’y peux ?

    -Un effort ?

    -Trop fatiguant.

    Cyrastès tourna les talons :

    -Allez, venez. Ce n’est pas en restant là que l’on fera avancer les choses.

    Les deux héritiers d’argent lui emboîtèrent précipitamment le pas :

    -Tu sais où ils sont ?

    -Ces deux abrutis traînent toujours au même endroit. Ça vaut le coup d’essayer.

    Il les mena aux abords de la forêt derrière le dortoir des premières années. A peine avancés de quelques pas, ils arrivèrent dans un espace dégagé. Cyrastès les fit arrêter avant qu’ils ne soient à découvert :

    -Je pense qu’on devrait…

    Un trio apparut à l’autre bout de l’espace et, aussitôt, Cyrastès saisit les deux héritiers d’argent pour les tirer à l’abri derrière un tronc d’arbre mort.

    -Bon, il nous faut une stratégie.

    Comme l’adolescent murmurait, Bélera demanda sur le même ton :

    -Pourquoi on se cache ?

    -Pour chercher une stratégie.

    Citseko tenta doucement :

    -Mais on peut juste aller leur parler. En plus, ils doivent profiter d’être là pour trouver une branche à casser. On peut les aider. Comme ça ils nous la refilent directement et c’est terminé.

    Cyrastès eut un ricanement qui voulait tout dire :

    -Non, non, on ne peut pas non.

    Bélera ajouta :

    -Il a raison en fait. Je viens de me souvenir que la mission du groupe de Laxo, c’est de protéger leur objet à tout prix. Donc, il y a peu de chance qu’ils se montrent coopératifs.

    L’héritier d’or parut réfléchir une seconde avant de se décider :

    -Bon, j’y vais.

    Il y eut un léger cliquettement lorsqu’il se redressa. Bélera se disait que c’était une bonne initiative, mais elle en douta en voyant Citseko bondir pour s’accrocher au bras du jeune homme qu’il tira pour le faire rasseoir :

    -Tu les as encore, hein ?

    Cyrastès ne tenta pas de se dégager alors que l’adolescent garder les bras autour du sien :

    -Évidemment.

    -Tu ne peux pas les utiliser ici. Ils le diront.

    -Sérieusement, t’en ai encore là ?

    Sentant la tension, Bélera s’inquiéta :

    -Je peux savoir ce qu’il passe ?

    Avant que Cyrastès ne puisse répondre, Citseko lui apprit :

    -Il a des lames dans ses manches.

    -Des…

    Bélera mit une seconde à réagir. Bientôt, Cyrastès se trouva avec les deux bras emprisonnés. Il leva les yeux au ciel :

    -Ça devient ridicule.

    A cet instant, trois têtes apparurent par-dessus le tronc. Une héritière d’or demanda, assez perplexe :

    -Qu’est-ce que vous fichez ?

    -Salut, Cyrastès.

    L’héritier d’or grinça des dents pour toutes réponses. Bélera se releva précipitamment :

    -Heu, bonjour. En fait, on cherche comment faire l’objet que l’on doit garder.

    Les deux garçons qui accompagnaient la fille semblèrent ravi :

    -Pourquoi vous vous planquez alors ? On te fait peur Cyrastès ?

    Bélera n’aimait pas du tout la façon qu’ils avaient de s’adresser à l’héritier d’or et sans doute que Citseko non plus car il intervint :

    -Ça n’a rien à voir. On pensait que vous pourriez être le groupe qui doit récupérer notre objet.

    Bélera s’empressa d’ajouter feignant la crainte :

    -Si vous l’êtes, on a encore rien donc c’est pas la peine…

    La fille la coupa :

    -Non, on doit faire notre truc aussi.

    Bélera soupira :

    -OK, bon on vous laisse alors. Bon courage.

    L’héritière d’or les salua, avant de saisir un bras de chacun des garçons pour les forcer à partir. Ceux-ci étaient clairement trop occupé à narguer Cyrastès pour réaliser ce qu’il se passait. Bélera, Citseko et Cyrastès tournèrent les talons et après quelques pas, l’héritier d’or ronchonna :

    -On peut juste attendre qu’ils aient fini leur truc et on leur tombe dessus.

    Citseko glissa :

    -Je ne pense pas que l’on devrait être si impulsif. Il nous faut un plan.

    Il chercha du soutien auprès de Bélera qui restait de l’avis de Cyrastès. Mais niveau espionnage, on est pas au top. Même s’ils trouvent la branche maintenant, on ne sait pas s’ils ont quelque chose de rouge pour nouer les bouts.

    -Flèche, c’est quand tu veux.

    La jeune fille se secoua :

    -On devrait attendre demain. Histoire d’être sûr qu’ils aient tout fait correctement.

    Cyrastès laissa échapper un râle de frustration. Je sais bien, mais là, tout ce qu’il faut c’est...

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