• XVII - Hiloy

    Hiloy Plilaz

    Rang : Or

    Héritier.ère de la grande famille Plilaz

    Héritier.ère de la charge de gardien

     

    Hiloy ouvrit les yeux sans réaliser ce qui l'avait réveillé. On a frappé ? Comme pour répondre à sa question, de nouveaux coups furent appliqués à sa porte. Iel grommela :

    -Rah, Falibi.

    L’adolescent.e rabattit sa couverture sur sa tête en râlant.

    -Hiloy ? Tu dors ?

    -T'as pas plus con comme question ?

    -On devrait revenir plus tard, non ?

    Lae Cinquième ouvrit de nouveau les yeux en essayant de savoir à qui appartenaient ces voix. Dans la même seconde, iel réalisa qu'ils voulaient lui parler. Merde. Iel se leva en panique, enfila rapidement pantalon, Tee-shirt et pull trop grands, passa ses doigts dans ses cheveux bleus pour les coiffer et ouvrit la porte. Le cœur lui battait encore si fort, qu'iel sentait ses veines battre dans sa gorge. J'espère qu'ils ne remarqueront pas que je viens de me lever. D'une voix qu'iel espéra normale, lae Cinquième dit simplement :

    -Oui ?

    Iel fut un peu surprise de voir que Citseko était avec les trois autres. Neghttris prit la parole :

    -Excuse-nous, mais on voudrait te parler de choses importantes.

    Lae Cinquième acquiesça :

    -OK, entrez.

    Iel ouvrit la porte en grand. Bien que Matior fit un pas pour entrer, Lyert l’arrêta et Citseko fit remarquer timidement :

    -On devrait aller dans un endroit plus neutre, non ?

    Hiloy retint un rire devant leur mines gênées. C'est vrai que si on voit sortir quatre garçons de ma chambre, ça va jaser. Iel imagina la mine de Tefpiro si ce genre de nouvelle venait à ses oreilles. Il serait furax. Lae Cinquième empêcha un nouveau rire de sortir et courut enfiler chaussettes et chaussures :

    -J'arrive.

    Iel glissa sa clé dans la poche de son pantalon avant de les rejoindre. Une fois la porte fermée, ils remontèrent le couloir jusqu'à l'escalier. Là, Lyert demanda :

    -On va où ?

    Neghttris proposa :

    -Notre salle commune ?

    Il y eut un murmure approbateur et c'est donc là qu'ils se rendirent. Le lendemain du jour où ils s'étaient battus, tout avait été remis en état. Ils rapprochèrent des fauteuils pour former un cercle avant de s'installer. Hiloy s'accroupit sur le sien :

    -Qu'est-ce qu'il se passe ?

    Les trois héritiers d'argent d'Elférad échangèrent un regard avec Citseko pour savoir qui se lancerait en premier. Finalement, Citseko se lança et raconta la façon dont il avait été attaqué, puis, la provocation en duel qui en avait résulté.

    -Un duel ? Mais entre des héritiers d'or, est-ce que ça ne risque pas de provoquer des tensions entre vos clans à l'extérieur ?

    Neghttris s'empressa de répondre :

    -Si, justement. C'est pour ça qu'on avait pensé que tu pourrais nous aider.

    Iel ne cacha pas son étonnement :

    -Moi ?

    -Oui. On pensait que tu pourrais leur parler, les persuader de renoncer au duel.

    Hiloy s'assit en tailleur :

    -Je comprends, mais je ne vois pas pourquoi moi. On se parle à peine, pourquoi ils m'écouteraient.

    Neghttris pencha la tête sur le côté :

    -Ben, à défaut d'écouter Hiloy, ils prendront au moins en considération ce que raconte la Cinquième.

    Iel extirpa une main de ses manches pour se ronger l'index. Après un instant de réflexion, l’adolescent.e demanda :

    -Mais comment vous expliquez la chaussure ? Vous croyez que quelqu'un à les mêmes ?

    Lyert répondit en fixant le vide :

    -Peu probable qu'il ait les mêmes chaussures et qu'il s'en prenne justement à Citseko.

    Neghttris soupira :

    -Je ne vois pas comment c'est possible. J'ai qu'une paire et je les porte toujours.

    Hiloy se repassa les événements que l'on venait de raconter jusqu'à demander :

    -Mais, le soir où Citseko s'est fait attaqué, ce n'était pas le soir du club ?

    Neghttris se redressa si brusquement qu'il manqua en renverser sa chaise. Lyert demanda :

    -Le club ?

    Lae Cinquième lui expliqua :

    -On a club de combat à mains nus ensemble...

    Neghttris acheva :

    -Et on doit laisser nos chaussures à l'entrée de la salle.

    Matior saisit le bras de Neghttris :

    -Tu crois que quelqu'un te les a piqué pendant que t'étais au club ?

    Lyert répondit :

    -C'est apparemment là où ça mène. Mais comment ils auraient su lesquelles étaient les tiennes.

    Parce qu'il est dans notre classe. Iel attendit de voir si cette pensée leur traversait également l'esprit, mais ils gardèrent le silence. Quant à ellui, lae Cinquième ne tenait pas à aviver de nouvelles tensions. A la place, eil parla de sa propre inquiétude :

    -Pour ce qui est d'aller leur parler, je ne pense pas que je serais convaincante.

    Matior dit :

    -Pas forcément besoin. S'ils voient que ça risque de leur apporter des problèmes avec toi, crois-moi, ils vont se calmer.

    C'est sûr. Hiloy laissa retomber sa main :

    -D'accord, je dois leur dire quoi ?

    Neghttris écarta les mains, plus décontracté :

    -Ce que tu veux. Dis-leur que tu désapprouves de les voir empirer la situation de la classe, par exemple.

    Wouah, va falloir que je me montre autoritaire alors. Iel grimaça. L'autorité, c'était pas son truc comme lui avait souvent fait remarquer son père. Une objection lui vint à l'esprit :

    -Mais, ils ne vont pas être furieux que vous m'impliquiez dans leurs histoires sans leur avis ?

    Lyert répondit :

    -Peut-être, mais en attendant, je préfère me faire engueuler que de les laisser déclencher une guerre.

    C'est sûr, vu comme ça. Citseko intervint pour la première fois depuis le début de la discussion :

    -Alors ? Tu vas nous aider ?

    Hiloy éprouva le besoin d'insister :

    -Désolé.e, mais je n'arrive pas à imaginer qu'ils m'écouteraient plus que vous.

    Matior ricana :

    -Oh, tu sais, vu avec quelle joie Elférad nous supporte ces derniers temps.

    Neghttris le défendit :

    -Il a des insomnies. Sois déjà content qu'il ne s'endorme pas en cours... à qui je piquerais les notes, sinon.

    Citseko demanda à nouveau :

    -Tu vas nous aider ?

    Hiloy tempéra :

    -Je veux bien essayer. Mais quand ?

    Neghttris proposa :

    -Maintenant ?

    Iel le dévisagea :

    -Maintenant ?

    J'ai faim, moi.

    -Ils sont réveillés ?

    Neghttris interrogea Citseko du regard :

    -Faut que j'aille vérifier.

    -Elférad le sera. J'en suis sûr.

    Lyert fronça les sourcils :

    -Il dormait quand tu es sorti, comment tu peux être sûr qu'il est réveillé maintenant ?

    Son ami leva les yeux au ciel :

    -Parce qu'il dort par tranche de deux heures.

    Matior sourit :

    -Wouah, c'est vachement précis.

    -A peu près ! Vous m'emmerdez, là. On peut se concentrer ?

    Les autres répondirent en cœur :

    -On peut.

    Hiloy coupa court en disant :

    -Donc, je vais d'abord voir Elférad.

    Neghttris se calma :

    -S'il te plaît.

    Au moins, ce sera fait. Et je serais deux fois plus content.e de manger si j'attends. Iel se déplia pour sortir du fauteuil :

    -C'est quoi la chambre déjà ?

    -Deux-cent-six.

    -OK. Vous venez ou ?...

    Neghttris se leva :

    -On te suit de loin.

    Ils la raccompagnèrent dans l'escalier.

    -Et ce que je peux quand même leur dire que c'est vous qui m'envoyez ?

    Les héritiers d'argent se concertèrent un instant avant que Neghttris ne réponde :

    -Si tu peux éviter, mais sinon, c'est pas grave.

    Matior marmonna :

    -Ce serait bien qu'on s'évite une nouvelle engueulade quand même.

    Hiloy s'avança dans le couloir en se remettant à ronger son ongle. Bon, je frappe et j'y vais au hasard. Au pire, il me met dehors. Iel toqua doucement à la porte. Une voix ensommeillée lui répondit :

    -Oui ?

    -C'est Hiloy. Je peux te parler ?

    Iel dut attendre bien cinq minutes avant que la porte ne s'ouvre. Elférad apparut vêtu d'un vieux pantalon et d'un vieux T-shirt marron :

    -Tu veux me parler ?

    Lae Cinquième acquiesça en pinçant les lèvres :

    -C'est urgent.

    Il lae dévisagea un instant le regard vague, puis se décida :

    -Entre.

    Eh bah, Neghttris plaisantait pas en disant qu'il était crevé. Hiloy ferma la porte derrière ellui, tandis qu'il allait s'asseoir contre l'armoire.

    -C'est à quel sujet ?

    Hiloy s'accroupit face à lui, les bras repliés contre ellui :

    -Il paraît que tu vas faire une duel contre Meb.

    L’héritier d’or eut un rire sans joie :

    -Ils sont pas venus avec toi ?

    -Qui ?

    -Les trois idiots.

    Iel sourit :

    -Ils attendent dans le couloir. Ils veulent pas se faire engueuler.

    Elférad posa ses coudes sur ses genoux :

    -Je sais que j'ai merdé en acceptant le duel.

    Eh bah, c'était facile.

    -Tu peux encore l'annuler. Il est pour quand ?

    -Quatre jours, je crois.

    Il leva la tête, fit un effort de concentration puis modifia :

    -Non, trois maintenant... Je sais plus.

    Hiloy le scruta avec attention alors qu'il passait ses mains sur son visage. Iel l'entendit renifler et devina qu'il pleurait. Cela ne dura que quelques secondes. Il se frotta les yeux sur sa manche en disant :

    -Désolé, c'est la fatigue.

    Hiloy sourit avec compassion en disant :

    -Neghttris a dit que tu ne dormais presque plus.

    L'héritier d'or hocha la tête :

    -Oui, presque.

    Dans l'esprit de lae Cinquième, des tas d'idées défilaient. Parmi ses apprentissages, son instructeur avait particulièrement insisté sur les poisons. Tu t'emballes peut-être.

    -Tu n'arrives pas à dormir en fait ? Tu devrais peut-être aller à l’hôpital, qu'ils te donnent quelque chose...

    Il la coupa :

    -C'est pas ça. Mes yeux ne veulent pas rester fermés. Plus le temps passe, moins je dors et quand je ferme les yeux, c'est comme si j'avais du sable sous les paupières.

    Hiloy élimina automatiquement tous les poisons qui ne correspondaient pas.

    -Est-ce que tu sens des démangeaisons dans tes doigts, parfois ?

    Le garçon la fixa :

    -Tu penses à quoi exactement ?

    Lae Cinquième s'assit au sol :

    -Je ne suis pas sûre. Tu as des démangeaisons ?

    Il hocha la tête.

    -Est-ce que tu connais le « lent sommeil » ?

    L’héritier d’or secoua la tête.

    -C'est un produit qui peut provoquer ce genre de symptômes.

    Elférad haussa un sourcil :

    -Un poison tu veux dire ?

    Iel fronça le nez, mais on ne pouvait pas vraiment l'appeler autrement.

    -Je vais mourir ?

    Hiloy s'empressa de répondre :

    -Non, non. Tant qu'on trouve ce qui t'empoisonne.

    -Comment ça ?

    Le Cinquième regarda autour d'ellui :

    -Eh bien, tu dois être en contact régulièrement avec ce poison pour que ça marche.

    Elférad proposa :

    -Ça peut être sur mes vêtements ?

    -Non, pas de tissu. C'est plutôt sur le papier qu'on le trouvera.

    Le garçon proposa encore :

    -Mes affaires de classe, alors ?

    Hiloy réfléchit :

    -Je ne sais pas. Ça me paraît un peu aléatoire.

    Elférad suggéra :

    -Sauf s'il y en a sur tous mes cahiers.

    Hiloy sourit :

    -Ce n'est pas possible. Il en faudrait une grosse quantité et c'est extrêmement cher.

    Il haussa les épaules :

    -Peut-être que la personne qui fait ça est très riche.

    Hiloy continua de sourire :

    -Très très cher.

    -A ce point-là ?

    Iel acquiesça.

    -Bon, peut-être que sur un cahier.

    Lae Cinquième précisa :

    -Un papier que tu touches régulièrement, comme tous les jours. Tu changes de cahier en fonction des cours, non ?

    -C'est vrai.

    Iel insista :

    -Il n'y a pas quelque chose que tu prends chaque jour ? Une lettre ?

    Un éclair passa dans les yeux du garçon :

    -J'ai peut-être une idée.

    -Ah.

    Il ajouta :

    -Mais pendant un temps, Gzadien y avait accès aussi et mes héritiers d'argent y ont touché.

    Hiloy demanda :

    -Au moins une fois par jour ?

    L'héritier d'or précisa :

    -Gzadien, oui et il n'a pas l'air malade.

    Je me serais trompé ? Inquiète, elle demanda encore :

    -Même maintenant ?

    Il répondit par la négative :

    -J'ai pris les papiers en partant.

    -Donc, ça fait un moment qu'il n'y a pas touché.

    Il acquiesça et iel ajouta :

    -C'est un poison qui s'accumule dans ton corps à force d'être en contact avec ta peau. Il suffit de ne plus toucher aux feuilles pour aller mieux.

    Elférad se redressa :

    -C'est tout ? T'es sûre ?

    Hiloy temporisa :

    -Je ne dis pas que tu iras mieux demain, il faudra des jours vu ton état, mais tant que tu ne retouches pas ces feuilles ou, en tout cas, pas à main nue, tu t'en sortiras.

    Il répéta, dubitatif :

    -T'es sûre ?

    Iel proposa :

    -Tu peux aller demander à l'hôpital. Ils auront peut-être des trucs pour aider ton corps à évacuer le poison, mais mon instructeur ne m'en a pas parlé.

    -Je te crois.

    Lae Cinquième sourit en se relevant :

    -Pour le duel...

    Il lae coupa :

    -Je l'annulerais.

    Cool. Cependant, soucieuse de tenir sa promesse à Citseko, iel demanda :

    -Tu veux que j'aille parler à Meb ?

    Elférad était perdu dans ses réflexions et iel dut l'appeler à plusieurs reprises pour qu'il relève la tête :

    -Quoi ?

    -Je vais parler à Meb.

    Il prit appuie contre l'armoire pour se relever :

    -Attends, je viens avec toi.

    Il prit des affaires et alla s'habiller dans la salle de bain.

    -Je t'attends dehors.

    -OK.

    Hiloy sortit et trouva les héritiers d'argent dans le couloir qui se jetèrent sur ellui :

    -Alors ?

    -On va parler à Meb. Elférad est d'accord pour arrêter le duel.

    Citseko en profita pour dire :

    -Il est levé. Je vais vous ouvrir.

    Matior glissa à Hiloy :

    -Tu lui as dit que c'était nous ?

    Elférad apparut à cet instant :

    -J'ai deviné.

    Les trois héritiers d'argent s'étaient crispés et baissèrent les yeux lorsqu'il passa devant eux. Hiloy le suivit de près. Quand Citseko les fit entrer, ils trouvèrent Meb assis sur son lit en train de lire. Il se mit debout d'un bond en les voyant :

    -On peut savoir ce que tu fous, Citseko ?

    L'adolescent ouvrit la bouche, mais Elférad l'écarta du chemin :

    -J'annule le duel.

    Meb éclata de rire :

    -Elle est bonne celle-là. Je suis le seul à pouvoir l'annuler. Si tu ne te présentes pas au lieu dit, ta réputation va en prendre un sacré coup.

    Hiloy se glissa doucement entre eux pour dire calmement :

    -Je ne sais pas si vous vous en êtes rendu compte, mais il se passe pas mal de chose dans la classe en ce moment.

    Le brusque changement de sujet leur fit tourner la tête. Iel continua :

    -Citseko dit que ce n'est pas Neghttris qui l'a attaqué, n'est-ce pas ?

    Celui-ci acquiesça. Meb intervint, un ton plus bas qu'il ne l'avait fait en s'adressant à Elférad :

    -Il a reconnu les chaussures.

    -Justement. On en a parlé. Ce soir-là, Neghttris était au club avec moi et on doit enlever nos chaussures pour entrer dans la salle. Quelqu'un les aura prise pendant qu'on s’entraînait.

    Meb considéra sérieusement cette option :

    -Mais comment il aurait su qu'il était là à ce moment-là ? Et comment il aurait su quelles chaussures prendre ?

    Citseko s'avança doucement :

    -Excusez-moi. On en a discuté avec Neghttris, Matior et Lyert pendant que Hiloy était avec Elférad. On pense que c'est quelqu'un qui le connaît. Quelqu'un de la classe.

    Lae Cinquième appuya :

    -C'est ce que je pense aussi.

    Meb croisa les bras :

    -Mais pourquoi faire cela ?

    Elférad avait eu un regard vide, fixé au sol comme s'il n'était plus présent dans la pièce, mais à la question de l'héritier d'or, il répondit :

    -Pour la même raison qu'Indilk se met soudainement à m'en vouloir. La même raison pour laquelle Qegh ne veut soudainement plus avoir de contact avec nous. Et probablement la même raison pour laquelle Tahiya s'est attaquée à Indilk.

    Hiloy fronça le nez :

    -Quelqu'un est en train de se foutre de vous.

    Ils lae dévisagèrent et iel haussa les épaules :

    -Je dis ça comme ça. Mais, sincèrement, c'est un peu gros pour n'être qu'un enchaînement de coïncidences.

    Meb était perplexe :

    -Pourquoi nous ? Pourquoi maintenant ?

    Il n'y eu pas de réponse à cela, mais Hiloy reprit l'air de rien :

    -Du coup, si vous allez jusqu'au duel, vous allez surtout rendre service à cette personne.

    Meb n'eut pas besoin de réfléchir pour répondre :

    -Non, on annule, bien sûr. Mais il faut trouver ce qu'il se passe, avant que la guerre interne ne soit générale.

    Ils approuvèrent tous, puis Hiloy proposa :

    -Je pense que l'on devrait retourner à nos affaires pour l'instant, non ?

    Elférad sortit sans rien dire. La Cinquième salua Meb et Citseko. Celui-ci lui lança :

    -Merci.

    Iel lui sourit :

    -J'ai pas fait grand chose.

    Une fois dans le couloir, Elférad lui attrapa le bras :

    -Je te remercie aussi. Je ferais ce que tu as dit.

    Hiloy parla suffisamment bas pour que personne d'autre n'entende :

    -Va quand même à l'hôpital pour être sûr.

    Il hocha imperceptiblement la tête, avant de rejoindre ses héritiers d'argent qui se tenaient encore le long du mur en l'attendant.

    -Eh ben, qu'est-ce que vous avez à faire ces tronches franchement ? Personne n'est encore mort.

    Les trois garçons se détendirent. Hiloy alla frapper chez Falibi pour lui proposer de manger ensemble. Ce fut la fille qui partageait sa chambre qui ouvrit.

    -Excuse-moi. Falibi est là ?

    -Elle est allée manger.

    -OK, merci.

    Lae Cinquième se rendit au réfectoire. Iel avait à peine passé la porte qu'iel entendit crier :

    -Hiloy !

    L’interpellé.e vit Falibi qui faisait de grands gestes des bras. C'est avec un regard approbateur qu'eil vit Rafirin à table. Cela faisait quelques temps que ses craintes avaient suffisamment diminué pour qu'il mange avec elles. Soit ça, soit il en a eu marre de se faire à manger dans sa chambre.

    -T'étais où ? J'étais venue te chercher, mais t'étais pas là.

    Hiloy soupira :

    -J'ai eu un imprévu.

    -C'est vrai ? Quoi ?

    Lae Cinquième dévisagea ses deux amis en réalisant qu'ielle n'avait pas demandé si les autres voulaient qu'iel garde le secret. Probablement.

    -Je ne pense pas avoir le droit d'en parler.

    Rafirin lae scruta d'un regard sévère :

    -C'est pas un truc dangereux au moins.

    Iel lui sourit :

    -Non. Pas de danger.

    Falibi plissa les yeux :

    -Tu nous en parleras quand tu pourras ?

    Elle hocha la tête :

    -Bien sûr.

    -Dans ce cas, j'ai un truc intéressant à vous dire.

    Rafirin et Hiloy étaient tout ouïe.

    -Vous saviez que Tahiya, Indilk et Qegh retournent en cours après demain ?

    Ils avaient tenu au courant le garçon des événements qui avaient bousculé leur classe depuis le Grand Jeu. Aussi, il vit cette annonce d'un mauvaise œil :

    -Déjà ? Et si la situation dégénère à nouveau ? Tu devrais peut-être songer à demander un changement de classe.

    Falibi le fixa avec un air de reproche :

    -Comment oses-tu ? Je ne vais pas abandonner Hiloy, non mais.

    Celle-ci demanda :

    -Comment ça se fait que Neghttris, Matior et Lyert ont pu revenir plus tôt ?

    Rafirin supposa :

    -Elférad a dû payer.

    Hiloy chercha confirmation auprès de Falibi qui se contenta de hausser les épaules. Lae Cinquième se mit alors à réfléchir à ce qui pouvait suivre. Qui que ce soit, il était en train d'étendre les malentendus. Si les héritiers d'or avaient refusé de parler, Meb serait maintenant impliqué. Qui sera le prochain ? Elle en avait discuté avec Falibi et elles avaient d'abord conclu que cela tournait autour d'Elférad. Après tout, mis à part Tahiya, les attaques revenaient toujours à lui. Pourtant, Hiloy se demandait maintenant ce qui empêcherait les choses de s'étendre au-delà ? Iel réfléchit à la façon dont les conflits pourraient atteindre les autres. Est-ce que je dois faire quelque chose ? Malgré ce que les héritiers d'argent lui avait dit, iel ne s'était pas senti.e particulièrement utile dans la matinée.

    -Les gars, si vous ne me connaissiez pas, que vous aviez des problèmes et que je m'en mêlais, est-ce que vous croyez que je pourrais vous influencer ?

    Rafirin demanda aussitôt :

    -Avec ou sans blason ?

    Hiloy précisa :

    -Vous savez qui je suis.

    Falibi répondit sans hésiter :

    -Alors, oui.

    Lae Cinquième croisa les bras sur la table :

    -Pourquoi ?

    Rafirin se permit de répondre :

    -Parce que si tu te mêles de ça, c'est que tu as, ou des intérêts ou des problèmes. Donc, on fera en sorte de t'être agréable en t'écoutant.

    Falibi ajouta :

    -Puis, vu ton clan, on évitera de te doubler. On ne tient pas à devenir tes ennemis.

    Hiloy sourit. Au final, ielle avait peut-être une chance d'y voir clair, de régler les choses. Il vaut mieux agir discrètement. Celui ou celle qui fout la merde n'hésitera peut-être pas à s'attaquer à moi ou, à défaut, à Falibi. Elle décida que cela valait le coup d'essayer.

    Après avoir mangé, lae Cinquième abandonna ses amis en parlant d'une affaire importante et passa par sa chambre pour prendre une douche et se laver les dents. Ensuite, l'adolescent.e se rendit auprès des seules personnes capables de lui donner conseil sur la marche à suivre.

    Les jumeaux étaient sur leur banc comme à leur habitude. Quand Tefpiro lae vit approcher, il lança en riant :

    -On t'a mangé les mains ?

    Hiloy leva ses manches dans lesquelles ses mains disparaissaient :

    -T'as vu ? Je me suis réveillée ce matin, zoup, plus de mains.

    Iel agita la manche pour saluer Oru.

    -C'est pour quoi cette fois ?

    -J'avais une question. Si je m'implique dans une certaine situation et que ça me retombe dessus, vous me protégerez, n'est-ce pas ? C'est ce que dit le papier de l'union.

    Tefpiro la regardait avec méfiance :

    -Si on regarde de loin, pourquoi ?

    Hiloy n'alla pas dans les détails et se contenta de dire :

    -Il y a quelques conflits dans ma classe et je veux aider à les régler.

    Tefpiro grinça des dents :

    -Pourquoi tu ne peux pas te contenter de t'occuper de tes affaires ?

    Les paroles de Rafirin lui traversèrent l'esprit et iel les remania pour donner :

    -Là, c'est une intervention nécessaire. Parce que pour l'instant, c'est que deux ou trois, mais si ça s'étend à toute la classe, je ne serais plus en sécurité. Et si je ne suis plus en sécurité, ça veut dire que vous allez de toute façon devoir m'aider.

    Tefpiro allait râler, mais sa sœur lui envoya un coup de pied dans la jambe :

    -Elle est ravie. Que veux-tu exactement ?

    Hiloy pinça les lèvres un instant :

    -Savoir comment me renseigner sans que tout le monde ne sache que je cherche ?

    -Pour ça, faut que tu vois Weikom. C'est lui qui contrôle tout ce qui est information.

    La jeune fille soupira :

    -Je sais, mais j'avais espéré qu'il y aurait un autre moyen.

    Iel n'avait rencontré le garçon qu'une fois, mais celui-ci ne lui avait pas adressé la parole et lui avait semblé en colère contre ellui.

    -Je crois qu'il ne m'aime pas beaucoup.

    Tefpiro eut un petit rire :

    -Pas du tout, tu veux dire.

    Lae Cinquième ne cacha pas sa surprise :

    -C'est vrai ? Pourquoi ?

    Oru tapota le banc et son frère traduisit :

    -Il n'aime pas ne rien savoir.

    Hiloy haussa les épaules :

    -Il doit savoir des tas de trucs, il sait tout apparemment.

    -Oui, mais, sur toi, rien de signifiant. Il ne fait pas confiance aux gens insignifiants.

    Charmant. Iel reprit :

    -Mais, du coup, il n'y a pas quelqu'un d'autre ?

    Oru tapota et Tefpiro retransmit :

    -Tu peux aller voir Phirand.

    -Je croyais qu'il ne sortait pas de sa chambre.

    Tefpiro répliqua :

    -C'est vrai, mais ça ne t'empêche pas d'aller lui parler. Je n'ai pas le souvenir que sa porte coupe le son.

    Hiloy hésita. Iel avait l'impression que de parler au Premier était comme parler au Roi et se sentait intimidée. Lae Cinquième s'était imaginé.e que la première fois qu'ielle rencontrerait le Premier, les autres seraient avec ellui.

    -Je dois lui parler d'une façon spéciale ?

    Tefpiro éclata de rire :

    -Quoi, tu veux l'appeler votre altesse ?

    Iel se défendit :

    -Je sais pas, moi.

    -Tu lui parles normalement. Oh et en frappant, tu fais trois, deux et un. Sinon, il ne te répondra pas. Avec ça, il saura que tu es l'une des Cinq.

    Hiloy se rongea un ongle, hochant la tête et réfléchissant à ce qu'iel devrait lui dire, puis, une fois qu'iel eut rassemblé assez de courage :

    -OK, j'y vais.

    Lae Cinquième espéra encore qu'ils proposent de l'accompagner, mais ils restèrent sur leur banc. Tout le long du trajet, Hiloy réfléchit à la façon dont elle devrait faire sa demande. J'ai juste besoin de récupérer des informations. Il n'y a pas trente-six façons de formuler la chose. Iel gravit les trois étages pour atteindre la chambre au bout du couloir portant le hibou aux yeux de diamant du Premier. Iel vit qu'une petite trappe avait été aménagée au milieu de la porte. Pour les repas et le courrier, sans doute.

    L’adolescent.e inspira profondément avant de toquer comme le lui avait dit Tefpiro. Une voix basse lui parvint :

    -Qui est-ce ?

    -Hiloy Plilaz. Je suis la dernière des Cinq.

    Iel entendit comme quelqu'un qui s'asseyait près de la porte :

    -Je sais qui tu es.

    Le réflexe voulant qu'iel soit à la hauteur de celui qui lui parlait et comme la voix lui venait maintenant du bas, lae Cinquième s'assit à son tour. Croisant les jambes, iel dit :

    -Je suis désolée de te déranger, mais c'est les jumeaux qui m'ont dit de venir.

    -Tu vas bien ?

    Hiloy s'étonna qu'on lui pose la question et bafouilla un peu en répondant :

    -O..oui, oui.

    Puis, se disant qu'iel devait rendre la politesse, l’adolescente demanda à son tour :

    -Et toi ?

    Le jeune homme ne répondit pas :

    -Vraiment ?

    -Heu... oui. Je vais bien.

    Comme il semblait décidé à mener la discussion, lae Cinquième le laissa continuer :

    -Comment tu t'en es sortie durant le Grand Jeu ?

    Iel répondit sans hésiter :

    -Bien. Comparé à d'autres classes. On s'en est tous sorti sans trop de blessure.

    -Des cauchemars ?

    Hiloy frémit :

    -Oui, pas mal... au début. Moins maintenant.

    Et comme si iel devait se justifier, lae Cinquième ajouta :

    -Mais je ne suis pas seul.e dans ce cas. On en a parlé avec Falibi et Rafirin.

    -Qui sont-ils ?

    Hiloy ne s'était pas attendue à cette question :

    -Eh bien, Falibi est dans ma classe et Rafirin est de son clan.

    -Ils sont fiables ?

    Cette fois, iel n'hésita pas :

    -Oh, oui. Je pense bien.

    -Tant mieux.

    Le silence se fit, alors Hiloy tenta :

    -Je suis venu.e pour te demander quelque chose, en fait.

    La voix douce et basse reprit :

    -C'est vrai. Je suis désolé. C'est pour quoi ?

    -Il y a quelques problèmes dans ma classe.

    Iel s'empressa d'ajouter :

    -Je me doute que toutes les classes doivent en avoir, mais là, c'est particulier. C'est comme si cela s'étendait petit à petit à toute la classe.

    -Raconte-moi comment ça a commencé.

    Hiloy s'exécuta avec le peu qu'iel savait.

    -Sais-tu pour quelle raison ce Indilk a attaqué Elférad ? Et pourquoi, celui-ci, c'est à son tour fait attaquer par la fille ?

    Lae Cinquième secoua la tête avant de se souvenir qu'il ne lae voyait pas :

    -Non. Je l'ignore.

    -Commence par ça.

    Hiloy soupira :

    -Oui, mais comment ? Il serait mieux que je n'attire pas l'attention.

    Iel crut deviner qu'il souriait en disant :

    -Évidemment. Ne t'adresse pas à ceux de ta classe. Parle à ceux d'à côté.

    Hiloy réfléchit. Je peux aller parler à Gzadien pour Elférad, mais Indilk ? Pour Tahiya, je peux essayer de parler à Nsoah.

    -Tu as des idées ?

    Iel se rendit compte qu'iel avait gardé le silence un petit moment :

    -Oui, je crois savoir à qui parler.

    -Quoi que tu fasses, veille à ne pas te faire tuer. Les choses actuelles nous conviennent. Les Cinq ne doivent pas tomber.

    Hiloy eut un sourire. Peut-être un peu dramatique comme garçon.

    -Oui, d'accord.

    Iel attendit un peu, pour s'assurer qu'il n'avait rien à ajouter, puis dit :

    -Je vais y aller. Merci d'avoir écouté et pour ton conseil.

    -De rien. La prochaine fois, tu devrais aller voir le Second. Je pense qu'il te sera plus utile.

    Hiloy se frotta la nuque, un peu gêné.e :

    -En fait, je ne sais pas trop, mais il n'a pas l'air de m'apprécier.

    Iel ajouta en marmonnant :

    -Les jumeaux me l'ont confirmé en plus.

    Le Premier rit doucement :

    -Il me l'a dit oui. Il ne te fait pas confiance, mais cela ne veut pas dire qu'il ne t'aidera pas.... Il demandera sans doute quelque chose en échange par contre.

    -C'est un peu ça qui m'inquiète aussi.

    -Je comprends.

    Hiloy attendit encore, puis le Premier demanda :

    -T'es parti.e ?

    Iel sourit :

    -Non, mais je vais y aller. Merci encore.

    Lae Cinquième se leva.

    -Hé.

    -Oui ?

    -Ne fais pas l'idiote. Trois têtes valent mieux qu'une.

    Hiloy sourit de nouveau :

    -Compris.

    Iel s'éloigna avec un pincement au cœur en pensant au garçon qui resterait enfermé dans sa chambre. Il faudrait que je revienne, mais pour l'instant... Iel dévala les marches, sortit du bâtiment et rejoignit ses amis dans le parc où ils traînaient les jours de beau temps.

    -Alors ? Comment vont tes affaires ?

    Hiloy prit un air mystérieux :

    -J'ai besoin de vous pour une mission secrète.

    Les yeux de Falibi se mirent à briller, contrairement à Rafirin qui grinça :

    -Oh non.

    Lae Cinquième le regarda en fronçant les sourcils :

    -Mais, enfin. J'ai encore rien dit.

    Le garçon répliqua :

    -Ouais, mais, qui dit mission secrète, dit danger. Une mission est rarement secrète si elle n'est pas dangereuse.

    Falibi fit remarquer :

    -Elle peut être secrète parce que les gens ne doivent pas savoir, pas parce que c'est dangereux.

    Rafirin la fixa avec le plus grand sérieux :

    -Si des gens ne doivent pas savoir, c'est qu'ils peuvent être dangereux et qu'ils peuvent s'attaquer à nous si on est découvert.

    Il se tourna vers Hiloy comme pour lae mettre au défi de démentir ce qu'il venait de dire, mais lae Cinquième confirma avec un léger haussement d'épaule :

    -Il a pas vraiment tort. Ça peut mal tourner, très vite.

    Falibi laissa échapper une exclamation :

    -On doit tuer quelqu'un ?

    Rafirin secoua la tête :

    -Falibi, franchement.

    Puis, il interrogea Hiloy :

    -On doit tuer quelqu'un ?

    Lae Cinquième se mit à rire :

    -Si c'était le cas, je vous aurais fait venir dans un endroit plus discret.

    Falibi regarda autour d'elle avec un sourire :

    -Au contraire. C'est l'endroit idéal. Personne ne soupçonnera que l'on a ce genre de discussion.

    Hiloy reprit son sérieux :

    -Concernant la mission.

    Ils étaient tout ouïe, lae dévisageant avec des expressions avides.

    -Ramener l'ordre dans notre classe.

    Falibi ouvrit la bouche en grand :

    -Wouah. Trop classe.

    Rafirin ne fut pas si enthousiaste :

    -Comment on fait ça ?

    Hiloy partagea le conseil du Premier :

    -Il faut que l'on trouve ce qu'il se passe vraiment entre ceux qui se battent. On va donc devoir interroger des gens mêlés à l'histoire, mais sans trop l'être.

    -Je te suis pas. Pourquoi pas parler directement aux concernés.

    Lae Cinquième eut une légère grimace :

    -Parce que je ne suis pas sûre qu'ils soient enclin à écouter quoique ce soit. Je pense qu'il vaut mieux s'adresser à des gens qui ont plus de recul, mais qui se sentiront néanmoins concernés.

    Comme ses amis acquiesçaient, iel récapitula :

    -Nous avons quatre personnes qui ont causé des problèmes dans la classe. Elférad, Indilk, Tahiya et Qegh. Donc, on va parler à Gzadien, Nsoah et l'héritière d'or de Qegh. Je ne sais pas qui on pourra interroger concernant Indilk.

    Falibi lâcha :

    -Il a une copine.

    Hiloy la fixa :

    -Comment tu le sais ?

    Iel haussa les épaules :

    -Je le sais.

    Rafirin fit un geste vers lae Cinquième :

    -Laisse, elle dira rien. Elle aime bien avoir l'air mystérieuse.

    Falibi rejeta sa longue chevelure dans son dos d'un geste ample de la tête :

    -Ça renforce mon charme.

    Hiloy rit :

    -OK. Mais tu sais où la trouver ?

    L'héritière d'argent se mordit la lèvre pour retenir un rire avant de pointer Rafirin du doigt :

    -Dans sa classe.

    L'adolescent sursauta :

    -Quoi ?

    -Et oui. Elle est dans ta classe. Une fille un peu forte, pas très grande...

    Hiloy glissa avec humour :

    -Comparé à toi, aucune fille n'est très grande.

    Falibi était ravie :

    -Merci.

    Elle reprit son sérieux :

    -Je sais qu'elle est dans ta classe, parce qu'un jour de perdition, je suis allé t'attendre devant ta salle. Tu te souviens ?

    L'adolescent hocha la tête.

    -Eh bien, j'ai vu la fille sortir. Indilk est apparu au bout du couloir et elle lui a sauté dans les bras.

    Hiloy était soulagé.e :

    -Cool, elle sera facile à trouver. Voilà ce que je pensais faire. On pourrait les rassembler et discuter...

    Falibi lae coupa :

    -Ils ne voudront sans doute pas agir dans le dos de leurs amis. Certains leur en parleront sans doute.

    Rafirin pencha la tête de son côté :

    -Elle a raison. Il vaudrait mieux leur parler séparément. Que chacun cherche ensuite à discuter avec ceux qui font problème.

    Falibi appuya cette stratégie, alors Hiloy demanda :

    -On commence par qui ?

    L'héritière d'argent réfléchit à haute voix :

    -Nsoah quitte rarement la chambre, il me semble. Il ne vaut mieux pas que l'on nous voit y entrer ou on peut être sûrs que Tahiya rappliquera. On peut essayer de trouver les autres, mais il vaut mieux éviter de leur parler dans les lieux trop... visibles.

    Rafirin compléta :

    -Les salles communes, le réfectoire...

    Hiloy intervint :

    -Ça ne nous laisse pas beaucoup de choix.

    Falibi abattit lourdement sa main sur son épaule :

    -Ne sois pas défaitiste. Il faut sauver la classe.

    Prenant un air combatif, elle se mit debout :

    -Allons-y. En exploration.

    Elle pointa le doigt dans une direction et partit dans l'autre sens. Rafirin leva les yeux au ciel :

    -Youpi.

    Hiloy riait.

     

    La chance ne leur sourit que dans l'après-midi. Lors d'un énième passage à la bibliothèque, Falibi saisit brusquement Hiloy et Rafirin pour les dissimuler derrière une étagère :

    -C'est elle.

    Par réflexe, lae Cinquième demanda :

    -Qui ça ?

    -La reine.

    Saisissant l'ironie, Hiloy continua :

    -Non, c'est vrai ?!

    Falibi réussit à conserver son sérieux :

    -Je te jure. Assise juste là.

    Rafirin passa de l'une à l'autre, l'air morne :

    -Sérieusement, les filles ?

    Le duo lui sourie, puis Hiloy risqua un coup d’œil. Sur une table, une fille aux cheveux bouclés, les épaules un peu large, était penchée sur un livre.

    -La copine d'Indilk ?

    Falibi leva le pouce :

    -Affirmatif.

    Hiloy était admiratif.ve. Iel aurait été incapable de reconnaître une personne après ne l'avoir vu qu'une fois. D'ailleurs, Rafirin lui demanda :

    -T'es certaine ? On ne peut pas dire que vous ayez fait connaissance.

    Falibi fit une moue vexée :

    -On va voir.

    Elle s'avança fièrement vers la jeune fille :

    -Excuse-moi.

    L'interpellée leva la tête :

    -Oui ?

    -Tu connais Indilk ?

    La jeune fille la dévisagea avec attention, avant de faire doucement basculer sa chaise en arrière pour apercevoir Hiloy et Rafirin qui était restés près de l'étagère. Lae Cinquième lui sourit, le garçon lui fit un petit salut de la main. La fille reposa son regard sur Falibi :

    -Je ne crois pas.

    Loin de se décourager, Falibi prit une des chaises et s'assit en croisant bras et jambes d'un mouvement magistral :

    -Je t'ai vue avec lui.

    -Pourquoi tu poses la question, alors ?

    Falibi pointa ses amis :

    -Ils ne veulent pas me croire.

    La fille semblait s'amuser de la situation :

    -Et tu veux que je dise oui pourquoi ? Gagner un pari ?

    Falibi lui saisit soudain le bras en disant d'un ton mélodramatique :

    -Il faut que tu nous aides à sauver notre classe. Tout dépend de toi... ou presque.

    La fille avait sursauté et fixé son interlocutrice avec des yeux ronds, ne sachant comment réagir. Hiloy estima qu'il était temps d'intervenir :

    -En fait, on est dans la classe d'Indilk. Et on aurait besoin d'aide, disons, pour ramener un peu de sérénité. Je ne sais pas s'il t'a raconté.

    La fille soupira :

    - Ça pour me raconter... Il rêve de mettre le feu.

    Falibi prit un air rêveur :

    -Quel romantique.

    Rafirin était resté à sa place :

    -Falibi, c'est sérieux. T'imagines s'il le fait vraiment ?

    Matharia affirma :

    -Il ne le fera pas... pour l'instant.

    Hiloy allait reprendre la parole, mais Falibi l'en empêcha en disant :

    -Les présentations d'abord. Bonjour, je suis Falibi du clan Féetérique. Lui, c'est Rafirin, même clan, garde du corps autoproclamé. Iel, c'est Hiloy Plilaz...

    -La Cinquième ?

    La fille avait pâli en prononçant ce mot. Falibi confirma, un peu surprise de cette coupure :

    -Le Cinquième aussi, mais oui, c'est ça. Iel est tout.

    Hiloy envoya un coup de coude à Falibi pour calmer ses élans dramatiques. Leur interlocutrice fixa sur ellui un regard inquiet avant de ranger ses livres :

    -Désolée. Je ne préfère pas m'impliquer plus que ça. Comme je l'ai déjà dit à l'autre garçon, je ferais en sorte qu'il n'agresse plus personne.

    Les trois amis lâchèrent en même temps des questions différentes :

    -Quoi ?

    -L'autre garçon ?

    -Tu pars ?

    La fille se leva, mais Rafirin bondit pour lui bloquer le passage et Hiloy tenta de rouvrir le dialogue :

    -Attends, c'est à cause de moi ? Si tu veux tu parles avec eux et j'attends plus loin.

    Falibi se leva pour passer les bras autour de son cou :

    -Ah non ! C'est ensemble ou personne.

    La fille ne put s'empêcher de sourire à la réaction de l'héritière d'argent, mais reprit son sérieux en croisant le regard d'Hiloy :

    -Je suis désolée. Indilk est mon héritier d'or. Je n'ai pas de problème à remuer la merde avec des héritiers d'argent, mais avec toi, c'est autre chose. Je ne vais pas prendre le risque de lui créer des problèmes avec lae Cinquième.

    Rafirin parla calmement :

    -On est justement là pour essayer de régler les problèmes.

    Elle le fixa :

    -Qui me dit que vos problèmes sont les miens ? Qui me dit que je ne risque pas de dire ou faire quelque chose qui ne vous plaira pas et que lae Cinquième ne nous tombera pas dessus.

    L'adolescent s'empressa de dire :

    -Iel n'est pas comme ça.

    Hiloy fut touché.e par ces paroles, d'autant que Falibi ajoutait en resserrant son étreinte autour de son cou et pressant sa joue contre la sienne :

    -Oui, iel est toute mignonne, comme un doudou.

    C'est pas comme ça que je vais m'imposer moi. Iel entendait déjà Tefpiro hurler pour s'être laissée traité de doudou devant témoins. En l'occurrence, ça lae faisait sourire. De plus, l’adolescent.e était bien content.e d'avoir suivi le conseil de Phirand. Si iel était venu.e seul.e, iel n'aurait jamais pu parler à cette fille. Celle-ci semblait détendue par les paroles de Rafirin et le comportement de Falibi. Elle hésita encore une minute avant de dire :

    -Je m'appelle Matharia, du clan Apluri.

    Rafirin relâcha son souffle qu'il avait retenu depuis une bonne minute :

    -Génial. Si on retournait s'asseoir.

    Matharia leva la main :

    -D'abord, je veux une garantie.

    Elle fixait Hiloy et celle-ci hocha la tête :

    -D'accord. Tout ce que tu veux.

    L'héritière d'argent lui fit face et dit d'une voix déterminée :

    -Je veux un papier signé disant que quoique je fasse ou dise, il n'y aura pas de retombées sur Indilk ou mon clan. Tu règles le problème avec moi et c'est tout.

    Hiloy fut soulagé.e. Iel s'était attendu.e à plus dur.

    -OK. J'ai pas mon sac...

    Matharia fouilla dans le sien pour lui tendre papier et stylo. Une fois la note rédigée, la jeune fille la glissa dans la poche de sa jupe après l'avoir relue :

    -Qu'est-ce que vous voulez faire exactement ?

    Hiloy lui répondit :

    -On voudrait comprendre ce qu'il se passe. On pense que si on sait d'où vient le problème, on pourra leur parler, apaiser les tensions.

    Rafirin intervint :

    -Mais peut-être qu'ils ont déjà essayé d'en discuter, non ?

    Il posait la question à Matharia et celle-ci répondit :

    -Elférad a envoyé ses héritiers d'argent, mais Indilk n'a pas voulu les écouter.

    Hiloy tenta :

    -Et, par hasard, tu saurais ce qu'il lui reproche exactement ?

    Elle lae regarda comme si la réponse était évidente et qu'elle ne comprenait même pas qu'on lui pose la question. Alors, Hiloy n'attendit pas :

    -Tu peux nous dire de quoi il s'agit ?

    Matharia inspira profondément avant de bloquer sa respiration en fermant les yeux. Quand elle les rouvrit et qu'elle lâcha son souffle, ce fut pour répondre :

    -Je ne crois pas pouvoir le dire. Mais si la situation de la classe vous inquiète, comme je l'ai dit à l'autre, je calmerais Indilk. Vous devriez peut-être voir avec les autres si vous voulez des détails.

    Falibi posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis quelques minutes :

    -Ah oui, ce garçon, c'est qui ?

    Elle fit un effort de mémoire pour répondre :

    -Je crois qu'Indilk l'a appelé Citseko.

    Rafirin et Falibi échangèrent un regard tandis qu'Hiloy demandait confirmation :

    -Citseko est allé le voir ?

    -Oui. Comme vous, il voulait régler le problème. Je crois qu'il s'inquiétait pour son héritier d'or.

    Falibi reprit :

    -D'accord, mais nous, on ne peut pas se contenter de ce genre de promesse. On doit savoir si on veut que la situation évolue.

    Hiloy approuva :

    -Elle a raison, Matharia. Si ça reste comme ça, on va tous finir par se taper dessus et on ne saura même pas pourquoi.

    La jeune fille allait répondre, mais Rafirin rajouta avant :

    -En plus, Indilk retourne en classe après-demain, qui te dit qu'il ne va pas péter un plomb une fois que tu ne seras plus là.

    Hiloy sauta sur l'occasion :

    -C'est vrai, ça. Il peut se sentir provoqué par quelque chose que dira ou fera Elférad et on aura aucun moyen de l'empêcher, si on ne sait pas ce qui peut le mettre en colère.

    Ce fut au tour de Falibi d'en remettre une couche :

    -C'est clair que ça n'arrangerait pas vos affaires non plus, s'il s'en prenait à nouveau à quelqu'un de la classe. Le principal va en avoir marre.

    Matharia leva les bras :

    -C'est bon. J'ai compris. On arrête.

    Elle posa ses mains à plat sur la table, reprit une profonde inspiration et menaça :

    -Si jamais ce que je vais vous dire s'étend en dehors de ce cercle, je vous jure que vous ne finirez pas l'année. Et ce, peu importe votre statut.

    Matharia posa un regard insistant sur Hiloy qui dit doucement :

    -On ne dira que l'essentiel à Elférad, promis.

    Les deux autres hochèrent gravement la tête et la fille reprit :

    -Le frère d'Indilk, son frère aîné, était là l'année dernière, en première année. Il est mort, assassiné. Indilk cherche l'assassin. Hors, on nous a apporté des preuves comme quoi, c'est le frère aîné d'Elférad qui l'aurait tué.

    Rafirin interrogea Falibi à voix basse :

    -Il a un frère aîné ?

    La jeune fille lui répondit :

    -Il est mort aussi.

    Dans le même temps, Hiloy demandait :

    -Quel genre de preuve ?

    -Des documents. Une lettre du clan Juéllit au frère d'Elférad demandant à ce qu'il exécute celui d'Indilk.

    Falibi fit remarquer :

    -Mais qui ferait ce genre de document ?

    Matharia répondit sans hésiter :

    -Un espion qui veut une garantie.

    Il y eut un blanc, puis Hiloy répéta :

    -Un espion ?

    Matharia confirma, mais Falibi chercha encore confirmation :

    -Le frère d'Elférad était un espion ?

    Voyant qu'ils avaient du mal à être convaincus, Matharia ajouta :

    -Indilk m'a dit qu'Elférad rechignait à parler de son frère. Vous ne croyez pas que c'est lié au fait qu'il fut un espion ?

    Hiloy répliqua :

    -C'est peut-être un faux.

    Matharia para avec :

    -Il y a le sceau du clan. C'est impossible à reproduire.

    Rafirin glissa doucement :

    -Rien n'est impossible à reproduire.

    La jeune fille haussa un sourcil. Falibi empêcha la discussion de déraper en disant :

    -Donc, c'est à cause de ça que Indilk a attaqué Elférad ? Mais, il n'a rien fait lui.

    Matharia eut un rire glacé :

    -Tu crois que tu ferais la différence si c'était ton frère ? Vous n'avez rien d'autre à me demander ?

    Hiloy réfléchit, jeta un regard à ses amis, puis répondit :

    -Non, je crois que c'est bon.

    -Dans ce cas.

    Elle les salua, reprit ses affaires et quitta la table. Quand l’héritière d’argent fut hors de vue, Rafirin reprit la parole :

    -Alors ? On va voir qui maintenant ?

    Hiloy se leva :

    -Gzadien, je pense. Il faut que l'on sache si cette histoire d'assassinat est vrai. Une fois tiré ça au clair, on trouvera peut-être un moyen d'apaiser Indilk.

    Falibi se leva à son tour :

    -Et ça, les amis, c'est ce que j'appellerais faire un grand pas en avant.

    Rafirin les imita :

    -OK. On le trouve où, Gzadien ?

    Hiloy n'en avait pas la moindre idée et Falibi se décomposa :

    -Pourquoi faut-il toujours que tu ne vois que le négatif ?

    Le garçon s'excusa :

    -Désolé. La question m'avait paru essentielle.

    Lae Cinquième se rassit, découragé.e :

    -On va encore devoir traîner dans tous les coins ?

    Falibi se mit, de nouveau, à réfléchir à haute voix :

    -Alors, si j'étais un Gzadien, où passerais-je ma journée de repos ?

    Hiloy se releva :

    -On se refait le parcours habituel ? Dortoir, salle commune, cour, parc, hôpital ?

    Ils acquiescèrent.

     

    Ils finirent par le trouver à l'heure du dîner, alors qu'ils avaient abandonné et s'étaient décidés à aller manger. L'adolescent se trouvait dans la grande salle, prêt à repartir. Hiloy abandonna son plateau pour le suivre. Ses amis en firent de même. Gzadien retournait, de toute évidence, vers sa chambre. Seulement, arrivé aux escaliers, il continua de monter sans s'arrêter à son étage. Hiloy jeta un regard interrogateur à ses amis qui ne purent que hausser les épaules. Gzadien les conduisit jusqu'au grenier. Comme il entrait, les trois adolescents restèrent devant la porte.

    -Qu'est-ce qu'il fiche là-dedans ?

    Nouvelle question qui appela un autre haussement d'épaule en réponse. Hiloy s'avança, mais Rafirin la retint :

    -Tu ne vas pas entrer ?

    -En fait, si. Quel meilleur endroit pour parler sans attirer l'attention ?

    Falibi ouvrait déjà la porte pour se glisser à l'intérieur :

    -Venez.

    Dans les couloirs sombres et poussiéreux, ils tentèrent de deviner de quel côté le garçon était parti quand il réapparut au détour d'un couloir. Hiloy le vit ranger rapidement une feuille dans sa poche.

    -Qu'est-ce que vous faites là ?

    -Nous avons quelques questions. Une, en fait.

    Gzadien resta à distance :

    -Oui ?

    Falibi dit directement :

    -On a parlé à la copine d'Indilk et on se demandait si c'était vrai que le frère d'Elférad avait tué celui d'Indilk l'année dernière, quand ils étaient en première année.

    L'héritier d'argent resta sans voix et Rafirin fit un pas en avant en espérant l'encourager :

    -On ne veut pas t'apporter d'ennuis. On essaie juste d'arranger les choses entre eux.

    Gzadien finit par répondre :

    -C'est pas possible.

    Hiloy s'approcha à hauteur de Rafirin :

    -Quoi donc ?

    -Le frère d'Elférad n'a pas pu tuer le frère d'Indilk.

    Falibi les rejoignit en disant :

    -Peut-être, ce n'est qu'une supposition, peut-être que tu n'es pas au courant. Apparemment, Indilk a trouvé une preuve que le frère d'Elférad était un espion.

    Gzadien répéta, toujours calmement :

    -Et je répète que ce n'est pas possible. Je dois y aller.

    Il se dirigea vers la porte, mais ils firent barrage. Hiloy demanda :

    -Tu peux nous dire pourquoi ?

    -Désolé, mais non. Elférad ne veut pas que cette histoire se propage.

    Rafirin jura, répétant ce qu'Hiloy avait dit à Matharia :

    -On ne dira rien que le nécessaire à Indilk.

    Falibi renchérit :

    -Oui. Il ne se contentera pas d'un simple : c'est pas possible.

    -Demandez à Elférad alors.

    Hiloy grimaça :

    -On essaie d'avoir des informations extérieures...

    Il lae coupa :

    -J'ai dit non.

    -Pourquoi ?

    -Parce qu'ils pourraient nous séparer.

    Et Rafirin de lâcher :

    -Mais, vous n’êtes pas déjà séparés ?

    Si les regards pouvaient tuer, l'adolescent se serait retrouvé raide mort. Hiloy se glissa entre alors que Gzadien faisait un pas vers Rafirin, poings serrés. Iel se tourna vers celui-ci :

    -Ça ne nous regarde pas.

    Puis, vers l'autre :

    -On n'est pas là pour ça. On veut juste une preuve que le frère d'Elférad n'est pour rien dans la mort de celui d'Indilk.

    Gzadien se contenta de lae contourner et de passer entre Falibi et Rafirin. L'héritière d'argent se tourna vers iel avec un soupçon de panique en le voyant partir :

    -On fait quoi ?

    Je n'ai pas vraiment le choix pour le coup. Iel répugnait à recourir à cela, mais le garçon ne lui laissait pas vraiment de possibilité :

    -J'ai une information grave concernant Elférad.

    Gzadien fit volte-face et lae sonda du regard pour voir si iel bluffait. Hiloy le rejoignit, en répétant :

    -J'ai une information sur Elférad.

    L'héritier d'argent se ressaisit au bout d'une minute :

    -En quoi ça m'intéresse. On n'est plus ensemble.

    Il avait dit cela sèchement en regardant Rafirin. Hiloy savait quoi dire :

    -Et pourtant tu me parais bien concerné. Tu refuses de partager une information qui pourrait vous séparer.

    L'adolescent se détourna une seconde, bien conscient de son erreur.

    -Dis-moi d'abord ce que tu sais.

    Hiloy croisa les bras :

    -Non. J'ai peur que tu ne sois plus en état de me raconter ce que je veux si je commence.

    Gzadien eut un léger sourire :

    -Mais rien ne me prouve à moi que tu as vraiment une information sur Elférad.

    Falibi glissa :

    -Il a pas tort sur ce coup-là.

    Rafirin bougonnait :

    -Ouais, mais il sait à qui il parle au moins ?

    Gzadien prit le parti de lui répondre, au lieu de l'ignorer :

    -Je sais à qui je m'adresse. Mais, je me moque bien que ce soit lae Cinquième ou la Première. On a juré qu'on en parlerait à personne et je ne vais pas rompre cette promesse pour des queues de cerise.

    Falibi tapa du pied :

    -Bien dit ! Non mais.

    Hiloy se retint de rire et décroisa les bras :

    -OK. Je vais commencer.

    Gzadien lae dévisagea avec impatience. Iel commença doucement :

    -Avant tout, sache que la situation est arrangée. Il n'y a pas lieu de paniquer.

    Le jeune homme hocha gravement la tête. Hiloy réfléchit à une manière de formuler les choses, mais ne voyait pas vraiment comment adoucir ce genre de nouvelle :

    -Elférad a été victime d'un empoisonnement.

    Iel vit que Gzadien avait arrêté de respirer et continua aussitôt :

    -Ce n'est rien de grave maintenant il sait comment arrêter le processus et il sait d'où ça vient, donc il va guérir. Il lui faudra du temps.

    Hiloy le vit porter instinctivement la main à sa poche, là où il avait glissé la feuille. Un message d'Elférad ? Pourquoi ils ne sont plus ensemble s'ils continuent de communiquer ? Pourquoi ici ? Ça ne te regarde pas. Sur cette dernière pensée, iel coupa court à son questionnement. Falibi avait fait un pas en avant :

    -Ça va ?

    Gzadien reprit son souffle comme un noyé qui manquait d'air. Il passa son regard sur les trois amis :

    -Il faut que je le vois.

    Rafirin intervint :

    -D'abord, tu dois nous dire pour son frère.

    Comme Hiloy le soupçonnait, il n'était pas en état de discuter et iel se tourna vers Falibi pour murmurer :

    -Comment on le calme ?

    Gzadien avait le regard perdu. Il se tournait vers la porte, puis revenait sur ses pas. Falibi s'approcha doucement :

    -Tu devrais peut-être t'asseoir. Hiloy a dit qu'il était hors de danger, hein ?

    Celle-ci confirma. Gzadien s'arrêta pour faire face à lae Cinquième :

    -Je vous raconte, si vous me donnez un coup de main.

    Rafirin s'insurgea :

    -C'est pas ce qui était convenu.

    Hiloy demanda pourtant :

    -Ça dépend de ce que c'est.

    -Je dois voir Elférad sans que personne ne le sache.

    Falibi fronça les sourcils :

    -Pourquoi personne ne doit savoir ?

    Gzadien l'ignora et Hiloy haussa les épaules :

    -OK. Tu as une idée en particulier ?

    Cette fois, Rafirin vint se placer à sa hauteur :

    -D'abord tu nous racontes.

    Gzadien acquiesça :

    -D'accord. Mais, j'ai ta parole, Hiloy.

    Lae Cinquième leva la main :

    -Juré.

    Cela suffit à le calmer. Gzadien retrouva une respiration plus régulière et se laissa tomber au sol comme pour se remettre d'une émotion violente. Hiloy s'installa en tailleur devant lui :

    -Alors ?

    Falibi et Rafirin s'assirent auprès d'eux, avides de savoir la suite. Gzadien prit encore une minute pour se calmer complètement, puis dit d'une voix basse, encore un peu tremblante :

    -Alors, le frère d'Elférad n'a pas pu tuer celui d'Indilk parce qu'il n'a jamais mis les pieds dans cette école.

    Falibi ne put s'empêcher de demander :

    -Comment ça ?

    -Parce qu'il est mort à neuf ans.

    Il y eut un silence. Rafirin fut le second à intervenir :

    -Je ne comprend pas bien ce qu'il se passe là. Pourquoi il ne l'a pas simplement dit à Indilk ?

    Hiloy rappela :

    -Parce que Indilk ne lui a pas dit que c'était lié à son frère.

    Falibi soupira :

    -La preuve qu'ils ont est fausse.

    Hiloy revint à Gzadien :

    -Tu as une preuve de ce que tu racontes ?

    Le garçon se frotta le front :

    -Pas vraiment. C'est tabou comme sujet.

    Falibi prit un ton de conspirateur :

    -Je suppose que l'on arrive à la partie à ne révéler sous aucun prétexte ?

    Gzadien ne goûta pas la plaisanterie :

    -C'est très sérieux.

    La jeune fille prit un air fasciné :

    -Je sais et j'adore avoir des secrets, alors, parle le cœur léger.

    Hiloy eut un sourire indulgent pour son amie en songeant, néanmoins, que l'adolescent venait juste d'apprendre que son ex avait été empoisonné :

    -Je crois qu'on devrait se taire, Falibi.

    L'héritière d'argent posa un doigt sur ses lèvres en retrouvant son sérieux. Gzadien demanda encore :

    -Personne ne doit savoir.

    Ils acquiescèrent.

    -Son frère a été assassiné. Comme souvent, aucune preuve concluante n'a permis d'exécuter les coupables.

    Rafirin ne put s'empêcher d'intervenir encore :

    -Mais vous aviez des suspects ?

    Gzadien leva la main pour se dénoncer. Il l'a tué ? Hiloy se glaça une seconde avant de calculer que si le frère aîné d'Elférad était mort à neuf ans, Gzadien et lui étaient des enfants. Iel se détendit tandis que l'adolescent reprenait :

    -Les preuves n’étaient pas concluantes, alors les parents d’Elférad nous ont exilé du clan. Le clan Juéllit n’était pas satisfait par ce châtiment et ils ont commencé à faire passer le mot, comme quoi nous étions des tueurs d'héritier. On a jonglé de clan en clan, bougeant au fur et à mesure qu'on a senti le vent tourner.

    Falibi leva timidement la main et comme Gzadien lui faisait un signe de tête, elle demanda :

    -Mais t'avais quel âge quand son frère est mort ?

    -On avait quatre ans.

    Rafirin imita Falibi en levant la main, attendant que l'adolescent lui donne la parole :

    -Mais, pourquoi ça ne doit pas se savoir ?

    Gzadien soupira :

    -Ce qui ne doit pas se savoir c'est que je sor...tais avec Elférad.

    -Mais pourquoi tu rechignes à en parler si vous êtes séparés ?

    Hiloy lui lança un regard pour le faire taire, mais Gzadien reprenait déjà :

    -Je n'ai pas besoin de vous dire que ma famille ne tient pas à rencontrer de nouveau le clan Juéllit et ceux-ci n'attendent probablement que le bon moment pour nous pendre, alors.

    Hiloy hocha la tête :

    -Donc, s'ils avaient appris que vous aviez une relation, ils vous auraient séparés, je comprends. Mais concernant l'assassinat, quelles étaient les preuves qu'ils avaient ?

    Gzadien haussa les épaules :

    -Je l'ignore. Mais Neghttris, Matior et Lyert sont au courant de l'histoire. Leur témoignage sera peut-être suffisant.

    Lae Cinquième réfléchit un instant. Il y a quand même une chance que ça suffise.

    -Merci, Gzadien. Tu peux être sûr que personne ne sera au courant.

    Iel allait se relever, mais il lui attrapa le bras :

    -Personne ne doit savoir pour ma famille. Je suis sérieux. On me fuit comme la peste parce qu'on change de clan, mais personne ne sait vraiment pourquoi. Si on apprend qu'on est soupçonné d'assassinat...

    Hiloy se rassit pour le fixer bien en face :

    -On ne dira rien du tout. On a promis.

    Iel posa son regard sur ses amis qui hochèrent vivement la tête. Cependant, Gzadien ne lae lâcha pas.

    -Tu as aussi dit que tu m'aiderais. Je crois que ça ne sert à rien de continuer à vous faire croire que l'on a rompu.

    Hiloy eut un petit sourire :

    -Comment on peut aider exactement ?

    Il fit une proposition qu'Hiloy écouta avec attention.

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